Avec sa nouvelle baguette magique, la fée Arno tape surtout sur les Roms. Ils « devraient s’abstenir d’avoir huit enfants, dit-il fin octobre. Ils doivent savoir que leurs enfants vont être pris par les mafias, mis sur le trottoir. C’est inconscient ». D’autant qu’ils « sont aussi victimes d’eux-mêmes, responsables de ne pas avoir su susciter une véritable élite qui ne soit pas cette ploutocratie qui vit de trafics et n’a pas intérêt à sortir son peuple de l’horreur ». Et en matière de ploutocratie, cet ami de Nicolas Sarkozy sait de quoi il parle.

En plaçant Arno Klarsfeld à la tête de l’OFII, le chef de l’État utilise un patronyme : celui de Beate et Serge, célèbres chasseurs de nazis. Aussi, quand le directeur de l’OFII explique que les Roms sont renvoyés « non pas vers la mort, non pas vers Auschwitz » mais « vers un pays où ils sont moins heureux qu’en France », il use d’une caution morale pour le moins discutable. Faudrait-il désormais, pour accepter les immigrés, mettre en place une échelle du malheur, dont la zone rouge serait atteinte avec les camps d’extermination ?

Vision pour le moins simpliste. Comme l’est celle de l’avocat sur le « lien évident entre immigration pauvre et délinquance ». La profondeur de ses arguments laissent sans voix : « Vous prenez les Etats-Unis : les Irlandais sont arrivés pauvres, ils étaient pour beaucoup des voyous, après ils sont devenus policiers ». Finalement, comme le résume Pierre Henry, directeur de France terre d’asile, tout cela « pourrait simplement prêter à sourire si l’immigration n’était un sujet sérieux qui requiert expertise, humanité et projet politique ».

Article paru dans l'Humanité du 24 novembre, dans son nouveau supplément Cactus.