Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
À Sevran (93) le 5 décembre 2018, soirée de solidarité avec la Palestine
mercredi 14 novembre 2018
Clémentine Autain, députée de Seine Saint Denis, a le plaisir de convier mercredi 5 décembre à Sevran pour une soirée de solidarité avec la Palestine, pour la justice et la paix. L’initiative se déroulera en présence de Leila Shahid, Elias Sembar, Elsa Lefort, Dominique Vidal et Jean-Paul Lecoq.
Rendez-vous
À Sevran (93) le 5 décembre 2018, soirée de solidarité avec la (...)
Le mercredi 5 décembre 2018 à 19h00
Gymnase Lemarchand
C’est un joli nom camarade – L’empreinte Ferrat illustre l’acuité de la plume et l’engagement visionnaire du poète disparu. Entretien avec Thomas Pitiot, initiateur de ce CD collectif.
Quel tendre et fort hommage rend à Jean Ferrat le CD C’est un joli nom camarade – L’empreinte Ferrat ! À la suite du succès du spectacle créé en 2014 au festival Aubercail, l’essentiel artiste Thomas Pitiot a initié cet album de reprises et réuni un collectif d’artistes, dont 14 interprètes (voir notre encadré), issus d’horizons divers, chanson, hip-hop, chant lyrique, etc. Un rock ouvert, chaleureux, embrasse ici une biguine et là le sensuel ondoiement d’une mélodie. Accordéon vagabond, palpitation urbaine, guitares fougueuses ou pop apaisée… La modernité musicale illustre l’universalité du répertoire. L’interprétation, les arrangements, tout met en lumière l’acuité éminemment actuelle de la poésie et de l’engagement de l’humble géant disparu en 2010. Merci, camarades artistes, d’attiser la flamme Ferrat, avec grâce et fulgurance.
Zora interprète En groupe, en ligue, en procession. Si Ferrat était encore là, soutiendrait-il, selon vous, les gilets jaunes ?
THOMAS PITIOT Impossible de savoir quelle position il aurait prise. Mais si je m’en tiens à ses propos sur les rapports de classe, je pense qu’il n’aurait pas méprisé les individus qui se rassemblent pour exprimer une colère. Parmi les gilets jaunes, il y a des tas de gens désespérés, égarés politiquement, prêts à céder aux analyses les plus grossières certes, et qui sont économiquement et socialement en souffrance. Il est question, même de façon désordonnée et parfois mal exprimée, d’une lutte contre l’injustice et la survivance des privilèges. Il me semble que Ferrat l’aurait interprété ainsi, en condamnant évidemment les actes racistes et les propos réactionnaires qui accompagnent ce mouvement portant en lui bien des contradictions, à l’image de ce qu’un peuple en mouvement donne à voir de sa complexité. Parmi les gilets jaunes, il y a à la fois du Sardou et du Ferrat. Faisons en sorte que le Ferrat l’emporte !
Auteur de La femme est l’avenir de l’homme (1975), chanson extraite de l’album studio éponyme, ici chanté par Florence Naprix, Ferrat n’est-il pas en totale résonance avec les mobilisations actuelles des femmes ?
THOMAS PITIOT Cette chanson n’est pas simplement une déclaration de bonne intention. Elle entre déjà dans le détail des revendications féministes, lorsqu’elle dénonce « les vieilles malédictions », c’est-à-dire la séculaire histoire du patriarcat et la façon dont les inégalités de genre sont profondément ancrées. Elle dit l’urgence de « réapprendre à vivre, d’ensemble écrire un nouveau livre ». Les hommes sont eux aussi victimes de cette éducation, il est indispensable qu’ils s’engagent dans ce mouvement. Être humaniste, c’est nécessairement être féministe.
Tedji reprend le Bruit des bottes. Aujourd’hui, aux quatre coins du monde, on entend retentir le bruit des bottes…
THOMAS PITIOT Encore une chanson très actuelle, dont le texte est signé de Guy Thomas, auteur important à mes yeux. Malheureusement, on voit les tendances autoritaires s’installer et perdurer sur tous les continents. Sans vouloir dédouaner les peuples qui portent au pouvoir des individus aux âmes de dictateurs, je pense que le système libéral a violenté les êtres humains à un tel point que nombreux sont ceux qui se sentent réconfortés par une autorité décomplexée. C’est le même problème que pour les gilets jaunes. Comment nous libérons-nous de l’oligarchie capitaliste ? Par l’intelligence collective ou l’autorité d’un individu ou d’un clan ? Le bruit des bottes est très présent en France aussi. Il n’y a qu’à lire le récent rapport d’Amnesty International. Les méthodes de répression s’intensifient et la surveillance des citoyens s’élargit. Le pouvoir sent la colère monter de toutes parts et s’organise militairement pour les années à venir.
Avez-vous rencontré Jean Ferrat ?
THOMAS PITIOT Francesca Solleville m’a présenté à lui en 2005, au festival de Barjac, dans le Gard, un lieu de résistance pour la chanson de caractère. Jean était parrain du festival. J’ai appris, au cours des années, à vite reconnaître les artistes qui sont les mêmes sur scène, dans leurs textes, et dans la vie. Ferrat était de ceux-là, sans aucun doute.
Entretien réalisé par Fara C.
C’est un joli nom camarade
Citons les artistes du superbe CD réalisé par Thomas Pitiot et Vincent Thermidor : au chant, Thomas Pitiot, Valeria Altaver, Nicolas Bacchus, Balthaze, Jérémie Bossone, Wally, Imbert Imbert, Jules, Florence Naprix, Julie Rousseau, Mao Sidibé, Tedji, Michel Bühler, Zora. Avec Viviane Arnoux (accordéon), Yvan Descamps (batterie), Michel Kanuty (claviers), Franck La Rocca (basse), Amen Viana (guitare). CD C’est un joli nom camarade – L’empreinte Ferrat (l’Océan nomade/l’Autre Distribution), www.thomaspitiot.net ; 4 décembre, Alhambra, www.alhambra-paris.com.
De tout le pays monte la colère populaire contre l’injustice sociale et fiscale. Qu’ils portent des gilets jaunes, des blouses blanches ou des robes noires, des millions de femmes et d’hommes n’acceptent plus le sort qui leur est fait. Ils le disent haut et fort: « Trop, c’est trop ! On ne peut continuer à vivre avec des salaires de misère, des pensions sans cesse rognées, des allocations sacrifiées sur l’autel de l’austérité. »
Nous sommes des leurs ! Ce gouvernement au service de la finance a multiplié les cadeaux fiscaux à une poignée d’ultra riches. De l’autre, il aggrave les difficultés et la précarité pour les salariés, les privés d’emploi, les jeunes, les retraités. Les femmes en sont les premières victimes. Nous disons que la transition écologique, vitale à l’heure où l’humanité est menacée de terribles catastrophes, ne peut être menée à bien sans progrès social et sans changer notre modèle économique.
Avec les femmes et les hommes mobilisés dans les rues, dans les entreprises, dans les quartiers, nous voulons une économie au service de l’humain. Il faut une autre utilisation de l’argent pour produire autrement, pour partager les richesses créées par le travail. L’heure est à la conquête de nouveaux pouvoirs, de l’entreprise à la République, jusqu’à l’Union européenne.
Il faut cesser de culpabiliser la majorité de notre peuple. Pour que chacune et chacun puisse vivre dignement, il y a besoin d’augmenter les salaires, les pensions, les minima sociaux. Il y a besoin de services publics réhabilités (école, écologie, recherche, système de santé, culture, accessibles à toutes et tous), d’investissements massifs dans les transports collectifs, la rénovation énergétique des logements. Les moyens pour y parvenir existent. Partons à leur conquête !
Le gouvernement doit répondre à la souffrance et à la colère du pays. Dès le 1er janvier 2019, l’impulsion doit être donnée d’une augmentation générale des salaires et des pensions, dans le public comme dans le privé : le SMIC doit être augmenté de 200 euros net. Les négociations doivent s’ouvrir au plus vite dans toutes les branches professionnelles comme dans la fonction publique.
Pour financer la transition écologique, d’autres choix fiscaux, budgétaires et financiers s’imposent, dès la loi de Finances 2019. Comme l’a fait notre chef de file pour les élections européennes, Ian Brossat, nous exigeons :
• de ramener le taux de la TICPE à son niveau de 2017 et l’affecter réellement à la transition écologique,
• une taxation exceptionnelle des 10 milliards de profits annuels des compagnies pétrolières,
• la taxation du kérosène,
• le maintien des lignes ferroviaires de proximité menacées de fermeture, le développement du fret ferroviaire,
• le retour à une TVA de 5,5 % sur les transports en commun.
Et revenir sur l’ensemble des mesures fiscales en faveur des plus riches et des profits (ISF…).
Solidaires de celles et ceux qui se mobilisent pour le pouvoir d’achat et contre l’austérité, engagé dans toutes les luttes pour les droits sociaux et pour l’emploi, appelant à faire un grand succès de la journée syndicale du 1er décembre, le Parti communiste français, réuni en congrès, est plus que jamais déterminé à faire monter cette exigence fondamentale : l’humain d’abord !
Voilà à quoi s'est livré Emmanuel Macron aujourd'hui dans un exercice poussif de communication dont il ne sort au final pas grand chose. L'enjeu écologique est posé sans vraie ambition et l'urgence sociale elle, est totalement passée sous silence. Le Président appelle en effet à se "désintoxiquer" des énergies carbonées mails il oublie le besoin indispensable de se "désintoxiquer" du pouvoir de l'argent. Pourtant les questions sociales et de justice fiscale sont au cœur des préoccupations et de la colère exprimées. Emmanuel Macron parle ainsi du consentement à l’impôt sans évoquer celles et ceux qui font tout pour y échapper et sans parler des 358 000 familles exonérées d’ISF alors qu’elles détiennent la moitié de notre PIB avec 1000 milliards d’euros. Il dit comprendre les fins de mois difficiles mais il ne parle pas une seule fois de la hausse du SMIC, des salaires ou des pensions pourtant seules décisions qui pourraient durablement augmenter le pouvoir d'achat des français. C’est pour cela que le PCF lance une campagne pour une augmentation du SMIC de 200 euros par mois dès janvier 2019 et pour l'ouverture de négociations salariales dans le privé comme dans le public.
Ce dont à besoin le pays, ce n'est pas de la pédagogie mais de mesures claires et ambitieuses pour le pouvoir d'achat et la justice
sociale.
Face à l'absence de réponse du président, le PCF soutient la journée de manifestation du 1er décembre à l'appel des organisations syndicales et appelle à amplifier la mobilisation contre la politique du gouvernement.
Alors que le président avait annoncé des mesures pour lutter contre l’augmentation du carburant et répondre à la colère sociale des gilets jaunes, tout en continuant la transition énergétique, son discours flou n’a clairement pas été à la hauteur des enjeux.
«Fin du monde» ou «fin du mois», «nous allons traiter les deux». Le discours d’Emmanuel Macron hier en marge de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie a tenté de concilier écologie populaire et colère sociale grandissante. Poussé dans ses retranchements par les manifestations des gilets jaunes dénonçant la hausse du prix carburant et la baisse du pouvoir d’achat, il a assuré maintenir son cap politique, tout en jetant quelques miettes de mesures aux manifestants.
Un mécanisme de modulation flou
Sous couvert de «construire une méthode pour rendre plus intelligente la taxe sur les carburants, aujourd’hui un peu aveugle», il propose de «d’avoir tous les trimestres un rendez-vous qui permette en quelque sorte d’atténuer l’effet pour nos concitoyens, s’il devait y avoir une envolée des cours mondiaux». Mais ce mécanisme de modulation des taxes en fonction du contexte international reste bien flou. Et pourrait même avoir des effets pervers. Selon Roland Lescure, député LaREM: «Cette taxe en forme d’escalier roulant sera aussi un escalier montant, car les prix doivent continuer de monter dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.» Ce qui laisse présager de nouvelles augmentations de l’essence pour l’avenir…
L’autre réponse consiste en l’ouverture d’une concertation d’une durée de trois mois. Méprisés depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, les syndicats, les élus, les associations sont désormais invités à discuter de la transition énergétique et sociale pour sortir l’exécutif de ce mauvais pas. L’idée serait de construire un nouveau modèle économique, social, territorial, en apportant des solutions, des méthodes d’accompagnement. Rien de bien précis donc. Si la CGT et la CFE-CGC ont d’emblée boycotté la présentation d’hier, c’est la désillusion pour les présents. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, déplore une «forme de déception de la faiblesse des mesures annoncées: il n’y a pas pour l’instant de réponses très concrètes». Même son de cloche pour le nouveau secrétaire général de FO, Yves Veyrier: «J’aimerais que le président de la République intègre un peu plus dans son discours syndicats et salaires, parce que l’augmentation des salaires n’est pas ennemie du climat.» Quant à Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, elle constate qu’«il n’y a pas de réponse au malaise qui s’exprime».
Du côté des hommes politiques, hors majorité LaREM, le discours présidentiel n’est clairement pas à la hauteur. Pour le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, si «l’enjeu écologique est posé sans vraie ambition, l’urgence sociale, elle, est totalement passée sous silence (…) Pourtant, les questions sociales et de justice fiscale sont au cœur des préoccupations et de la colère exprimées. Face à l’absence de réponse, le PCF soutient la journée de manifestation du 1er décembre à l’appel des organisations syndicales». Jean-Luc Mélenchon, député FI, dresse, lui, un parallèle historique. «Le président nous fait le même effet que de Gaulle en plein Mai 1968. Il ne prend pas la mesure de la gravité de la situation». L’écologiste Yannick Jadot, un des rares politiques à soutenir la hausse de la fiscalité des carburants proposée par le gouvernement, s’est dit «stupéfait» du manque d’annonces sociales.
Des accents de condescendance
Mais contre vents et marées, le président de la République a martelé qu’il ne changerait pas de politique, mais seulement de méthode, en incluant plus les corps intermédiaires et les Français. Car c’est à cause d’un déficit d’explication que les concitoyens auraient mal interprété certaines décisions… «Il faut ouvrir un nouveau chapitre, faire preuve de pédagogie. Il faut apporter des solutions pragmatiques au plus près du terrain. Pendant des années, on a considéré que vous (les Français) n’étiez pas assez importants pour participer aux solutions. Cette crise ne vient pas que des prix du carburant, il y a quelque chose qui vient de plus loin. Il faut donc bâtir un nouveau contrat social du XXIe siècle.» S’il tente de s’éloigner de son image de président hautain, le discours a parfois des accents de condescendance. «Le chèque énergétique, les gens ne savent pas ce que c’est, et moi non plus (sic). Si on n’est pas concret, simple, les gens ne l’utilisent pas», développe Emmanuel Macron.
Cette tentative de réconciliation avec les classes populaires, à mille lieues des déclarations insultantes de la majorité ce week-end sur les gilets jaunes, se double tout de même d’un avertissement. «Chaque citoyen est nécessaire, il n’y a pas de changement qui se fait en méprisant un seul citoyen. Ça suppose le respect. La décence commune s’impose dans le pays. Notre nation est plus grande que chacun d’entre nous. Cette France qui a peur des changements, on ne peut pas estimer qu’on les fera malgré elle ou sans elle.» Mais cette avalanche de bons mots n’a pas semblé convaincre les gilets jaunes. «Macron garde le cap, nous aussi», clamaient hier une cinquantaine d’entre eux, installés sur un rond-point de Trégueux (Côtes-d’Armor), entendant bien «continuer le combat, jusqu’à ce qu’il cède».
Climat: «un signal extrêmement négatif»
Ni la création d’un Haut Conseil pour le climat ni un slogan clinquant n’arriveront plus à masquer l’aveu de renoncement formulé hier: la France prévoit d’ores et déjà de dépasser de 6 % le budget carbone qu’elle s’était assigné pour 2023. Autrement dit, à cette date, ses émissions de gaz à effet de serre excéderont nettement ceux prévus par la trajectoire qu’elle s’est engagée à suivre dans le cadre de l’accord de Paris. La chose est actée noir sur blanc dans la nouvelle stratégie nationale bas carbone, présentée en même temps que la PPE. «À quelques jours de la COP24, cela envoie un signal extrêmement négatif aux autres pays», relève Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace. Ce n’est pas une première: en 2017, déjà, la France a dépassé de 7 % ses objectifs de réduction de CO2. Globalement, ses émissions repartent à la hausse depuis 2016
Il devait permettre à la France de s’engager sur la voie de sortie du tout-voiture en garantissant le droit à la mobilité pour tous. S’il avance quelques mesures encourageantes, le texte présenté hier en Conseil des ministres cale sur défaut de budget et incohérence globale.
Elle était attendue au printemps, la loi d’orientation sur les mobilités (LOM) a finalement été présentée hier, en Conseil des ministres. Dans un contexte social tendu, marqué par la colère des gilets jaunes contre la hausse des taxes sur les carburants, le texte porté par Élisabeth Borne a été soigneusement retaillé pour éviter l’embrasement.
Ainsi, l’exécutif a-t-il retiré dimanche soir de la mouture finale, la mesure instituant un péage urbain, officiellement pour ne pas «accentuer les fractures entre territoires». Idem pour la vignette poids lourds, reportée probablement sous la pression des transporteurs routiers qui refusent obstinément tout dispositif supplémentaire de mise à contribution.
Pour le reste, si les intentions étaient bonnes, marquées par le développement des mobilités propres, le renforcement du report modal de la route vers le rail et le fluvial, ou encore l’implication de toutes les collectivités dans les politiques locales de mobilités, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Plus gros point noir, le budget nécessaire à leur réalisation.
À deux pas de prendre le bon tournant
Première grande loi d’orientation sur la mobilité depuis 1982, la future LOM est censée permettre à la France d’amorcer un virage radical en la matière. Dans un contexte marqué par les inégalités territoriales tout autant que par la crise environnementale, l’enjeu est double: garantir un droit à la mobilité pour tous, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et de polluants imputables à la route.
En France, cette dernière recrache près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre nationales. La pollution de l’air est quant à elle responsable de près de 48000 décès. L’absence de moyens de transport, enfin, dans un paysage qui s’étale et voit s’allonger les distances quotidiennes, est depuis longtemps source d’exclusion. En 2017, près d’un quart des Français déclaraient avoir dû renoncer à un emploi ou à une formation faute de moyen pour s’y rendre.
Sortir les véhicules les plus polluants de la chaussée tout en proposant des solutions de mobilité aptes à répondre aux besoins de déplacements: telle est donc la vocation de la LOM.
Le texte proposé était à deux doigts d’y répondre, du moins dans la logique. Par exemple en proposant de généraliser l’autorité organisatrice de mobilité (AOM). Autrement dit, de transférer à 100 % des collectivités territoriales l’organisation de services réguliers de transport public urbain et non urbain des personnes. Ces AOM existent déjà – ce sont elles qui permettent aux territoires la mise en œuvre de transports publics. Mais elles ne concernent pour l’heure que les plus grosses agglomérations. «Elles excluent, de fait, 30 % de la population», rappelle Marie Cheron, responsable mobilité de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH). Généraliser ces compétences n’est donc pas un mauvais parti pris, d’autant que le gouvernement insiste: il ne s’agirait pas, pour les villes, uniquement de lancer des lignes de bus, mais aussi d’orchestrer l’émergence de nouveaux modes de déplacement, tels que le covoiturage ou les mobilités douces.
En la matière, le projet de loi prévoit également le déploiement de zones à faibles émissions dans les agglomérations les plus polluées et intègre le plan vélo présenté en septembre dernier. Reste que la mission confiée à ces AOM demeure encore floue. «Il faudrait, par exemple, que les collectivités se voient clairement confier celle de lutter contre l’étalement urbain», levier essentiel pour limiter les déplacements contraints, reprend Marie Cheron. Reste, surtout, que ce train de bonnes intentions cale sur plusieurs choses. À commencer le budget.
Panne sèche sur le budget
L’argent est le nerf de la guerre, et celle du macadam n’y échappe pas. Ainsi, les collectivités devront-elles se débrouiller pour ainsi dire toutes seules. Près à investir 13,4 milliards d’euros d’ici à 2022 dans sa mobilité, l’État met en avance un budget en hausse de près de 40 % par rapport au précédent quinquennat. Ce montant s’avère cependant nettement inférieur à ce qui avait été prévu par les précédentes moutures du projet. «On parlait de 18 milliards d’euros, soit 5 milliards de plus!» relève Jacques Baudrier, conseiller de Paris et responsable mobilité des élus communistes d’Île-de-France.
De fait, ces milliards en moins vont manquer. Au train, d’abord, quand SNCF Réseau annonce d’ores et déjà une réduction de ses investissements pour 2019 (lire ci-contre). Au vélo, également. La LOM lui accorde à ce jour un budget de 350 millions d’euros sur sept ans, soit de 50 millions par an. «Or, pour rattraper l’immense retard de la France en la matière, il faudrait investir pas moins de 500 millions d’euros», reprend Jacques Baudrier. Les ONG en réclamaient quant à elles au minimum 200 millions.
L’argent, pourtant, serait facile à trouver, relève-t-on de toutes parts. Cumulées sur cinq ans, les recettes attendues de la taxe carbone (gelées hier par le Sénat) étaient jusqu’alors estimées à 35 milliards d’euros. D’autres pistes avaient été soufflées au législateur, lesquelles auraient en outre eu l’avantage de ponctionner les plus pollueurs. Celle de la vignette poids lourds, bien sûr. Ou cette autre, formulée par les élus communistes de Paris, de taxer les grosses voiture de luxe, type Porsche ou 4x4. «En quelques années, le poids moyen des autos est passé de 900 kg à 1,2 tonne. Si cela, ce n’est pas à contre-courant de la transition énergétique…»
Si le report de la mise en œuvre de la vignette poids lourds est le recul plus emblématique, la loi LOM relève nombre d’incohérences qui ne lui permettent pas de répondre aux objectifs sociaux et environnementaux affichés.
Des nids-de-poule et des incohérences
Ainsi l’exigence d’un report modal de la route vers les transports plus propres – ferroviaires et fluviaux – n’y trouve pas de traduction concrète. Car «pour être 100 % compatible avec l’accord de Paris, il faut (entre autres) mettre un terme aux projets routiers qui n’ont pas leur place dans la transition», interpelle le Réseau Action Climat.
Or, une vingtaine de grands projets routiers demeurent au menu de cette loi d’orientation des mobilités. En matière de transport ferroviaire, si Élisabeth Borne assure que la rénovation du réseau existant et la «désaturation des grands nœuds ferroviaires» sont une priorité, «l’État n’a toujours pas donné de feuille de route précise à SNCF Réseau pour réhabiliter ces fameuses lignes de dessertes fines du territoire», se désole Jean-Luc Gibelin, vice-président (PCF) de la région Occitanie en charge des transports.
Pire, «rien ne permet aujourd’hui de déterminer ce qui, en matière d’infrastructures ferroviaires, relèvera de cette loi, de ce que le gouvernement préféra passer sans débat parlementaire via la réforme ferroviaire», poursuit l’élu. Plus globalement, c’est bien la vaste question de la fracture territoriale à laquelle ce projet de loi ne répond pas. «Le texte précise que les intercommunalités deviennent un nouvel échelon de décision et que, si elles ne menaient pas à bien tel ou tel projet, les régions pourraient reprendre la main. Cette absence de caractère obligatoire met en péril l’égalité d’accès des citoyens à la mobilité», estime Jean-Luc Gibelin. «Les risques d’incohérences entre les politiques des intercommunalités et des régions sont en outre démultipliés», poursuit l’élu. En somme, là où il était historiquement de la responsabilité de l’État de garantir ce doit à la mobilité, cette décentralisation aggrave son désengagement et, en l’absence de dotations supplémentaires, laisse les collectivités désarmées.
Sncf réseau: un budget surveillé de près par bercy
Alors que la ministre des Transports continue d’affirmer que la priorité du gouvernement reste la rénovation du réseau existant, la lettre spécialisée Mobilettre révèle que Bercy a mis sous «étroite surveillance» SNCF Réseau, chargé précisément d’organiser les travaux sur les voies. Ainsi, SNCF Réseau s’est vu «transformé par un simple acte administratif ou presque en administration publique (APU). Effet immédiat: chaque euro dépensé est un euro de l’État», explique Mobilettre, qui illustre cette mise sous tutelle par deux exemples précis. Premièrement, «la demande faite à Patrick Jeantet (président de SNCF Réseau – NDLR) de réduire de 200 millions d’euros les projets régionaux en 2019». Deuxièmement , «la demande faite à SNCF Réseau de financer sur ses fonds propres le programme d’équipement ERTMS (dispositif européen de signalisation – NDLR) de la ligne à grande vitesse Paris-Lyon». Montant de l’opération: 37 millions d’euros pour la seule année 2019, et plus de 100 millions par an jusqu’en 2023. Pourtant, souligne Mobilettre, «l’accord initial prévoyait que l’État contribuerait lui-même au programme, en échange d’une subvention européenne conséquente de 117 millions d’euros». Ce faisant, Bercy plombe un peu plus les possibilités financières de SNCF Réseau. Quid de la rénovation des «petites lignes»?