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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

5 février : le grand débat sur le bitume

29 Janvier 2019, 09:15am

Publié par PCF Villepinte

Pour répondre à l'urgence sociale, la CGT appelle à la grève le 5 février

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Loi pacte. La privatisation d’ADP est un « scandale d’État »

29 Janvier 2019, 08:59am

Publié par PCF Villepinte

Mardi, 29 Janvier, 2019

L'Humanité Marion d'Allard

Hier, les élus du groupe communiste au Sénat ont dénoncé la privatisation d’Aéroports de Paris. Une aberration économique et sociale au profit de Vinci, qui raflerait la mise.

Ils n’ont pas mâché leurs mots. Hier, les sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) ont une nouvelle fois dénoncé le «scandale d’État» qui se cache derrière la privatisation programmée d’Aéroports de Paris (ADP). Alors que le plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises – la loi Pacte – arrive aujourd’hui au Sénat après son adoption en première lecture par l’Assemblée nationale en octobre 2018, les élus progressistes affichent l’ambition de faire trébucher le gouvernement en faisant rejeter l’article 44 du projet de loi qui autorise l’État à céder les 50,6 % d’actifs qu’il détient dans la société Aéroports de Paris. «L’exécutif sait que son projet est loin de faire l’unanimité et il pourrait bien se dégager une majorité sénatoriale pour mettre en échec cette privatisation», a insisté hier Éliane Assassi, sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis et présidente du groupe. D’autant que «depuis le dépôt du projet de loi le 19 juin 2018, les lignes ont bougé et le mouvement social qui secoue le pays pousse désormais des élus de tous bords à déclarer publiquement qu’il ne faut pas reproduire l’erreur de la braderie des autoroutes en 2005», a fait valoir Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis. Le groupe socialiste s’est déclaré «formellement et frontalement» opposé aux projets de privatisation. Deux amendements de suppression ont par ailleurs été déposés par des sénateurs LR. Et ce n’est pas le seul argument qui pourrait faire basculer le Sénat. Autorisée par Emmanuel Macron, alors locataire de Bercy, la privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac «pour 400 millions d’euros à un investisseur chinois qui aujourd’hui se retire sans y avoir investi un centime» est un fiasco, a poursuivi Fabien Gay. Il note, en outre, que la vente des aéroports de Nice et de Lyon n’a jamais fait la preuve d’une quelconque amélioration sociale ou économique de leur situation.

Un cadeau de taille pour Vinci

Pour défendre sa mesure, l’État met en avant son fameux fonds pour l’innovation que la vente d’ADP est censée renflouer. Un argument qui ne tient pas la route, selon les sénateurs communistes, puisqu’une petite partie seulement de l’enveloppe estimée de 8 à 10 milliards d’euros servirait in fine à l’alimenter. Une fois payées les indemnités aux actionnaires minoritaires pour 2 milliards d’euros environ, la banque publique BPI France pourra alors investir les 6 à 8 milliards d’euros restant sur les marchés financiers. Il ne resterait finalement que 200 à 250 millions d’euros disponibles pour financer «l’innovation».

À qui profiterait alors cette privatisation? À Vinci, semblent s’accorder à répondre les connaisseurs du dossier. Et le cadeau est de taille. Car, non seulement le groupe, actionnaire minoritaire d’ADP (8 %) serait indemnisé par l’État au moment de la vente d’ADP, mais il cumulerait ces indemnités avec celles versées en compensation de l’annulation du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. De quoi racheter largement les parts publiques d’ADP. Et pour «habiller la mariée», Fabien Guillaud-Bataille, conseiller régional PCF et administrateur d’Île-de-France Mobilités, pointe les infrastructures de transport financées par l’argent public pour optimiser, entre autres, la desserte des aéroports parisiens.

Au scandale économique s’ajoute la menace d’un scandale social. En tout, 6600 salariés et près du double de sous-traitants travaillent pour ADP (selon le bilan social de 2016). «Déjà, l’ouverture du capital de la société en 2006 s’est traduite par la suppression de plus de 2000 postes alors que le trafic a doublé sur la période», a dénoncé hier Daniel Bertone, secrétaire général de la CGT ADP. Et la privatisation totale risque de dégrader encore les conditions de travail. «Les contrats de sous-traitance seront désormais renégociés tous les trois ans et on sait que ces passations de marchés se traduisent systématiquement par une remise en cause des accords d’entreprise existants. La pression sur les effectifs, la productivité, le turnover vont s’accentuer», poursuit le syndicaliste. Pression sociale et pression foncière, complète Charlotte Blandiot-Faride, maire communiste de Mitry-Mory. Selon elle, une telle opération risque d’impacter tout un bassin de population. «ADP y est propriétaire de centaines d’hectares et la perspective d’une privatisation est terrifiante», note l’élue qui redoute «l’absence d’un regard public sur l’aménagement du territoire».

Les sénateurs du groupe CRCE déposeront aujourd’hui une motion de rejet préalable à l’ouverture des débats au Sénat.

Marion d’Allard

 

Air France, victime collatérale

C’est l’une des conséquences de la privatisation d’ADP que personne n’est capable d’évaluer aujourd’hui. «Ce qui est sûr, c’est qu’une fois Aéroports de Paris privatisé, la redevance aéroportuaire que verse aujourd’hui la compagnie aérienne risque d’être revue à la hausse, ce qui fragiliserait encore la santé économique d’Air France», estime le sénateur Fabien Gay. À Bercy, Bruno Le Maire assure qu’ «il y aura dans le cahier des charges un contrôle des tarifs aéroportuaires» et qu’un contrat de régulation économique (CRE) sera signé entre l’État et le gestionnaire tous les cinq ans.

 

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Élections. Les communistes dévoilent leur liste pour les européennes

28 Janvier 2019, 09:31am

Publié par PCF Villepinte

Lundi, 28 Janvier, 2019

Maud Vergnol

Le conseil national du PCF a validé samedi sa liste pour le scrutin du 26 mai, conduite par Ian Brossat. Gilets jaunes, syndicalistes, féministes, écologistes: un «arc-en-ciel» de luttes pour une «Europe des gens, pas celle de l’argent».

«Des gens ordinaires qui ont accompli des choses extraordinaires.» C’est ainsi que Ian Brossat décrit la liste qu’il conduira pour les élections européennes, validée samedi par le conseil national du PCF, et qui sera soumise au vote des adhérents du 30 janvier au 2 février. «Sa composition est à l’image de notre diagnostic politique, explique l’adjoint au maire communiste de Paris. Le monde politique est à mille lieues de la réalité sociale, comme le rappellent les mobilisations des gilets jaunes. Nous cherchons à réparer cette fracture.

Notre parti pris, c’est donc d’avoir une liste à l’image de la vie réelle, du monde du travail tel qu’il est aujourd’hui.» Un choix qui s’affiche dès la deuxième position, avec la candidature de Marie-Hélène Bourlard, ex-syndicaliste CGT de l’usine textile Ecce, figure du documentaire de François Ruffin Merci patron! (voir son portrait dans notre édition du 15 novembre 2018). «Ça ferait beaucoup de bien d’avoir la première femme ouvrière qui rentrerait au Parlement européen», s’enthousiasme Ian Brossat. La liste comporte en effet 50 % de salariés et d’employés, soit la même proportion que dans la population active. En comparaison, l’Assemblée nationale ne compte que 4,6 % d’employés et aucun ouvrier. Suivent sur la liste en 3e et 4e positions les députés européens communistes Marie-Pierre Vieu et Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.

Trois candidats gilets jaunes sur la liste

Pour le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, «cette liste, c’est le rassemblement des luttes, c’est la France du monde du travail qui n’accepte plus ce qu’on lui fait subir, c’est l’arc-en-ciel des blouses blanches, des gilets jaunes, des cols bleus, des robes noires, des bottes vertes et des chasubles rouges, avec la très forte représentation du monde du travail».

Routiers, agriculteurs, cheminots, enseignants, aides-soignants, médecins… Les candidats de la liste proposée par le PCF représentent autant le secteur public que le privé. En 9e position, Arthur Hay, livreur Deliveroo de 28 ans, a créé le premier syndicat de coursiers à vélo de France. «Tous ces syndicalistes, qu’ils luttent dans le secteur public ou privé, se battent comme des lions», se félicite Ian Brossat. À l’instar de Franck Saillot, ouvrier de la papeterie Arjowiggins de Wizernes, dans le Pas-de-Calais, qu’il a occupée avec ses collègues durant trois ans, jour et nuit, pour en éviter la fermeture. Une lutte victorieuse qui a abouti à une reprise de l’activité à l’automne dernier, sauvant une centaine d’emplois.

Trois gilets jaunes, très investis sur les ronds-points, seront aussi de la partie. C’est le cas du champion de taekwondo Mamoudou Bassoum, qui, le 1er décembre 2018, était monté sur le podium des championnats d’Europe avec son gilet jaune sur les épaules en soutien au mouvement qu’il a rejoint, dès les premières heures, sur les ronds-points du Loiret. «L’humain d’abord, c’est ça mon credo», explique-t-il à l’Humanité. «Notre société a été complètement déshumanisée par la course au profit, à l’individualisme», déplore le sportif de 35 ans, qui dit s’être engagé «naturellement» aux côtés des communistes, «après avoir constaté le formidable boulot des élus PCF» dans son département.

Autre beau symbole: la candidature de Maryam Madjidi (n° 8), prix Goncourt du premier roman en 2017 pour Marx et la poupée, dans lequel on découvrait le parcours de cette fille de militants communistes de Téhéran à Paris, où elle enseigne le français à de jeunes mineurs isolés. «Pour moi les engagements artistique, social et politique ne font qu’un, explique-t-elle. Nous sommes dans un climat politique très particulier. Face à cette vague qui menace, il faut se mouiller et choisir son camp! J’ai été très sensible au courage politique du PCF de ne rien lâcher sur l’accueil des réfugiés quand la facilité populiste pousse d’autres à jouer avec les peurs.» Fort d’une liste dont «chaque nom est porteur d’une lutte, d’un engagement concret et d’espoirs largement partagés dans le pays», selon les mots de Fabien Roussel, le PCF, crédité jusqu’à présent de 2 à 3 %, compte se saisir de son avance pour remonter la pente.

«Nous lançons notre campagne, sans pour autant renoncer à tendre la main jusqu’au bout à ceux qui le souhaiteront», précise Fabien Roussel, alors que six listes de gauche sont déjà en lice, dont les scores additionnés n’atteignent pas les 30 %, selon le dernier sondage Elabe.

Maud Vergnol

élections européennes 2019

pcf

ian brossat

 

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Mobilisation générale pour L’Humanité

28 Janvier 2019, 09:14am

Publié par PCF Villepinte

Lundi, 28 Janvier, 2019

Patrick Le Hyaric

Appel. Nous appelons aujourd’hui à une mobilisation exceptionnelle. Par Patrick Le Hyaric Directeur de l’Humanité. Faire un don en ligne

Depuis plusieurs mois, nous ne cessons d’alerter sur les lourdes difficultés financières qu’affronte l’Humanité. Nous n’avons ménagé aucun effort pour les surmonter. Les lectrices et les lecteurs se sont levés en masse. En quelques semaines, plus d’un million d’euros ont été collectés grâce à leur si précieux engagement. Une nouvelle fois nous remercions celles et ceux qui y ont déjà participé et ceux qui s’apprêtent à le faire.

Cependant, nos actions n’ont pas permis jusque-là d’atteindre nos objectifs. Nous avons continué de nous heurter au refus de la mise en œuvre du plan global élaboré sous l’égide de l’État depuis la fin de l’année 2016. Aucune banque n’a voulu à cette heure s’engager à nos côtés. Dès la fin de la période des états généraux de la presse en 2015, un million d’euros ont été retirés à l’Humanité au titre de quotidien à faibles ressources publicitaires quand d’autres y accédaient sans augmentation des budgets du ministère de la Culture et de la Communication. Ces éléments ont contribué à dégrader la trésorerie de l’Humanité, notamment durant l’été dernier, alors que nous continuions à nous battre pour mettre en œuvre ce plan global. Malgré nos tenaces efforts, jusqu’aux premiers jours du mois de janvier, rien ne s’est produit.

C’est dans ces conditions que l’Humanité a été placée sous protection du tribunal de commerce la semaine dernière. Celui-ci statuera sur l’avenir de l’entreprise lors d’une audience qui se tiendra mercredi 30 janvier. Nous plaidons la continuité de l’exploitation de l’Humanité.

Il ne s’agit pas d’abord d’un enjeu comptable. C’est une question politique de premier ordre qui interroge une société soucieuse de l’expression du pluralisme des idées, de la démocratie. Au moment où tant de débats et d’inquiétudes s’expriment sur les «fabriques» de «fausses nouvelles», laisser mourir l’Humanité reviendrait à affaiblir la presse de qualité et à assécher encore plus le débat contradictoire. Au moment où les médias connaissent une telle crise de confiance, l’engagement constant de l’Humanité aux côtés des travailleurs, des milieux populaires, des «invisibles», des penseurs qui contestent le système, des créateurs qui portent haut la culture constitue un atout pour le journalisme et un atout pour l’exercice de la citoyenneté.

C’est aussi un enjeu de souveraineté pour le pays au moment où plusieurs journaux nationaux viennent ces derniers temps d’être rachetés ou recapitalisés par des groupes industriels et financiers étrangers qui lorgnent sur des activités productives de la France.

Il existe un chemin pour que vive et se développe l’Humanité. Durant l’année 2018, le nombre d’abonnés à l’Humanité et l’Humanité Dimanche a progressé et les ventes en kiosque en novembre et décembre sont bonnes. Le nombre d’utilisateurs de la plateforme numérique progresse. La Fête de l’Humanité a été un succès populaire et culturel.

Nous appelons aujourd’hui à une mobilisation exceptionnelle pour réussir.

Une multiplicité d’actions de solidarité peut être engagée dans les villes et villages, dans les entreprises, dans les universités: collecte de fonds, débats, banquets de soutien, animations de rue, campagne pour faire découvrir nos journaux…

Nous lancerons dans les prochains jours une grande campagne d’abonnements de parrainage sous le thème «À chaque lectrice et lecteur son nouvel abonné» à l’Humanité Dimanche et à l’Humanité des débats du vendredi, pour deux mois au prix de 27 euros.

Nous proposons aux élus progressistes et républicains de contribuer à donner leur juste place à nos journaux dans les bouquets de presse des bibliothèques et médiathèques, comme dans les lieux d’accueil au public.

Nous appelons l’État à prendre de nouvelles initiatives pour défendre le pluralisme de la presse, à augmenter l’aide aux quotidiens à faibles ressources publicitaires, à ne pas démanteler les fondements de la loi Bichet de distribution de la presse.

Dès maintenant, nous plaçons l’Humanité sous protection populaire et citoyenne.

Dans ce cadre, une grande soirée de mobilisation et de solidarité pour l’Humanité aura lieu le vendredi 22 février à la salle la Bellevilloise, à Paris. Une multitude de personnalités ont déjà annoncé leur participation en faveur de cette mobilisation.

Une grande bataille pour sauvegarder et développer l’Humanité doit s’engager. Une des composantes historiques de la presse française ne saurait disparaître.

Faire un don en ligne

Souscription pour L'Humanité

l'humanité

patrick le hyaric

 

 

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Gilets jaunes : gauche, mon (dés)amour

27 Janvier 2019, 09:42am

Publié par PCF Villepinte

 

Jeudi, 24 Janvier, 2019

L’Humanité Cédric Clérin

Mises au cœur du débat par les gilets jaunes, les aspirations sociales et démocratiques résonnent avec de nombreuses revendications des formations de gauche. Pourtant ces dernières ne semblent guère en profiter pour se refaire une santé. Les raisons d’un désaveu.

Hausse du Smic, rétablissement de l’ISF, renouvellement démocratique avec le référendum d’initiative citoyenne (RIC) sont au cœur du débat politique à la faveur, notamment, du mouvement des gilets jaunes. Autant d’items que l’on retrouve peu ou prou dans les programmes des formations de gauche. Dans une note intitulée « Les gilets jaunes ou le retour de la lutte des classes », Luc Rouban, politologue au Cevipof, écrit: « L’analyse sociologique et politique de ces soutiens montre que le mouvement des gilets jaunes s’appuie sur des catégories sociales populaires et moyennes qui partagent au moins deux caractéristiques. L’une d’entre elles est la critique du capitalisme. L’autre est la forte demande de démocratie directe. »

La tendance idéologique semble également favorable aux idées traditionnellement portées par la gauche. Ainsi, selon le baromètre annuel de la confiance politique réalisé par OpinionWay pour le Cevipof, 69 % des Français pensent qu’il faut « prendre aux riches pour donner aux pauvres », soit une augmentation de 14 points en un an! De même, 65 % (+ 9) des Français pensent qu’il faut donner la priorité à « l’amélioration de la situation des salariés » plutôt qu’à « la compétitivité des entreprises ». En décembre, un sondage commandé par « l’Humanité » révélait que 70 % des Français sont favorables au rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune, un chiffre qui monte à 78 % dans les classes populaires.

Malgré ce bain idéologique favorable, ni la gauche dans son ensemble ni aucune formation en particulier ne semblent en profiter. Aucune formation ne connaît un regain de sympathie, aucun leader ne se détache, aucune dynamique nouvelle ne semble venir de ce côté-là. Si l’on considère les intentions de vote pour les prochaines élections européennes, c’est même un reflux de la gauche qui semble être la tendance. Toutes les formations confondues étant à gauche ou s’en réclamant – NPA, FI, PCF, PS, EELV, Génération.s – recueillaient 31,5 % en août 2018, contre seulement 26,5 % dans l’enquête Ifop de janvier. Une chute de 5 points alors même que le mouvement des gilets jaunes a fait irruption entre-temps. Sur cette période, la France insoumise, force électorale dominante à gauche depuis 2017, paye le prix le plus élevé en passant de 14 % à 9,5 % des intentions de vote. De la même manière, alors que la FI était citée assez largement comme la principale force d’opposition en septembre (42 %), elle est désormais devancée par le RN (ex-FN, à 35 %).

Perquisitions
Pourquoi une telle chute? « On a senti un vrai trou d’air au moment des perquisitions (des locaux de la France insoumise – NDLR) en octobre », explique Éric Coquerel, député insoumis de Seine-Saint-Denis. Un événement ultramédiatisé qui a atteint la crédibilité du mouvement. « Le soupçon que cela instille nuit forcément et l’attitude de Jean-Luc Mélenchon a fait couler beaucoup d’encre », constate le député.

Les autres formations de gauche ne semblent pas en meilleure forme politique pour attirer l’électorat. Ni Génération.s ni le PCF ne voient leurs intentions de vote pour les prochaines élections évoluer (2,5 % chacun environ). Globalement, seuls 12 % des Français ont confiance dans la gauche pour gouverner le pays et 71 % disent n’avoir confiance ni dans la gauche ni dans la droite pour le faire. « La gauche est trop souvent réduite à l’expérience du quinquennat Hollande, à des déceptions », constate Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

Tout indique que c’est le Rassemblement national le principal bénéficiaire de la période. Il est vu désormais comme le meilleur opposant. Marine Le Pen est la seule à améliorer sa cote de confiance sur l’année 2018 (+ 5 points), si l’on en croit le baromètre du Cevipof, et à progresser dans les intentions de vote aux élections européennes, passant de 18 % à 24 % ces derniers mois.

Installer le RN, une stratégie

Comment expliquer une telle tendance? « Il y a une stratégie claire d’affaiblir la France insoumise pour installer le RN comme seul opposant, car c’est un opposant de confort », s’insurge Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France insoumise. Les insoumis citent spontanément les perquisitions du mois d’octobre comme le summum de cette stratégie. Plus clairement, les insoumis ont fait face à un tir groupé du gouvernement en début d’année. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait ainsi accusé Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise d’avoir quitté « le champ républicain » pour ne pas avoir condamné la violence des gilets jaunes. La même semaine, c’est Aurore Bergé, porte-parole du groupe LaREM à l’Assemblée nationale, qui accusait les insoumis d’inciter à la violence. Le « JDD » paracheva la séquence en commandant un sondage sur une improbable alliance entre Mélenchon et Le Pen rejetée par… 82 % des Français, dont les sympathisants insoumis et frontistes! Une stratégie qui pourrait s’avérer payante si on en croit le dernier test d’intentions de vote aux élections européennes d’Ifop, qui donne, contre toute attente, + 5 points à LaREM (23 %), visiblement crédible, pour une partie de l’électorat, comme rempart à l’extrême droite.

Les attaques extérieures à la FI font écho à des débats internes chez les insoumis qui oscillent entre deux stratégies. La rentrée de septembre avait ouvert une séquence rassemblement à gauche avec l’arrivée des ex-socialistes Maurel et Lienemann en vue des élections européennes. Celles-ci rassemblent traditionnellement un électorat plus politisé. Le choix de Manon Aubry, issue de l’ONG Oxfam, pour mener la liste FI aux européennes répond aussi au besoin de parler à un large public à gauche. Les gilets jaunes ont bousculé ce scénario et remis en scène la stratégie populiste au risque de brouiller le message. François Cocq, l’un des fondateurs du mouvement, a d’ailleurs dénoncé le changement de ligne avant d’être « banni » par un tweet de Jean-Luc Mélenchon, provoquant un vif émoi interne. « Il n’y a pas de changement de stratégie, on peut parfaitement lier les deux », argue, pour sa part, Manuel Bompard. Pas simple à comprendre pour les électeurs...

Une division entre 7 ou 8 formations

Si la France insoumise reste la principale force à gauche, le parti Génération.s, animé par Benoît Hamon, aimerait la concurrencer. L’ancien candidat socialiste à la présidentielle dénonce ainsi ce qu’il analyse comme une dérive du mouvement insoumis « qui a quitté les rives de la gauche ». L’ex-frondeur pointe également du doigt la responsabilité de Mélenchon dans l’actuelle montée du RN. « Quand Mélenchon parle, Le Pen récolte », accuse-t-il. De fait, la question de savoir si la stratégie populiste des insoumis ne profiterait pas aussi au RN est posée. « Je pense que Macron va s’effondrer et que ça finira au contraire entre eux et nous », veut croire Éric Coquerel.

Si les questions de fond existent à gauche, la division entre désormais 7 ou 8 formations n’aide pas à en faire un pôle dynamique. De l’autre côté, seuls Nicolas Dupont-Aignan et le RN se disputent les suffrages de l’alternative de droite.

Quoi qu’il en soit, la jonction entre gauche et un mouvement des gilets jaunes impossible à lire de manière unilatérale n’a rien d’évident. « La gauche n’est pas le débouché naturel du mouvement quand on regarde les historiques du vote des gilets jaunes: c’est l’abstention et l’extrême droite qui arrivent devant », explique Yann Le Lann, président d’Espaces Marx et membre de l’un des collectifs de sociologues qui ont étudié le mouvement. « Les organisations de gauche sont vécues comme démonétisées, décrédibilisées, qui ont été incapables d’améliorer les conditions de vie et de travail, quand bien même les convergences de fond sont évidentes. » Pour le sociologue, « le PCF ou la FI ont travaillé à montrer un regard bienveillant et de soutien, mais cette relation n’est pas totalement réciproque. La critique des organisations quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent est extrêmement profonde ».

«Ni de droite, ni de gauche»?

Depuis le début du mouvement, syndicats et partis ont du mal à trouver la bonne distance. Soutien sans participation? Participation active? Discours concret? Perspectives politiques plus globales? Le PCF semble axer sa stratégie sur le relais de revendications sociales, comme l’augmentation du Smic, et la FI sur le renouveau démocratique, sans qu’aucune des deux formations ne semble réellement reconnue.

Pour le sociologue Éric Fassin, « les caractéristiques du mouvement que sont l’expression d’un “ni de droite, ni de gauche”, ajoutée à un rejet de la représentation politique et syndicale », sont des ingrédients qui mènent rarement à gauche ». Le chercheur se dit inquiet, « non du mouvement lui-même, mais de ses conséquences ».

Sur le fond, une enquête sociologique, actuellement en cours, teste notamment le rapport au « patron » chez les gilets jaunes. Pour la grande majorité des enquêtés, ce rapport n’est pas « conflictuel », mais « amical ». Difficile à appréhender pour une gauche structurée autour de la lutte des classes. Ce sont d’ailleurs les riches qui sont pointés dans le mouvement, davantage que les capitalistes. Où aller chercher l’argent? C’est l’État et non l’entreprise qui est visé par la plupart des revendications.

« Beaucoup de revendications ne travaillent pas réellement le clivage gauche-extrême droite », constate Yann Le Lann, pensant notamment au référendum d’initiative citoyenne, populaire des deux côtés de l’échiquier. De même, la revendication d’une augmentation du « pouvoir d’achat » peut aussi bien recouvrir des augmentations de salaires réclamées par la gauche que des baisses de cotisations sociales, chères à la droite et à l’extrême droite.

« C’est une bataille idéologique qui se mène là. En même temps, pour être entendu, il faut que le mouvement social se poursuive, donc y participer », exhorte Fabien Roussel pour que la gauche retrouve son rang. Pour Sébastien Jumel, député communiste de Seine-Maritime, il faut faire déborder le grand débat: « Si nous sommes utiles, nous serons reconnus. »

gilets jaunes

grand débat national

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Droit de réponse du TRUC 1 (Terrain de rassemblement pour l’utilité des Clubs)

27 Janvier 2019, 07:38am

Publié par PCF Villepinte

 Nous, patients et soignants membres du collectif TRUC, sommes furieux du traitement médiatique qui a été réservé à la manifestation nationale de la psychiatrie « la psy en sandwich » qui s’est tenue à Paris le 22 janvier 2019. Nous avons en effet été pris en sandwich entre les annonces farfelues du Ministère de la Santé et les fausses solutions proposées par le fossoyeur de la psychiatrie qu’est le lobby FondaMental.

Depuis plusieurs mois, les professeurs Leboyer et Llorca et d’autres représentants de ce lobby surfent sur les mouvements sociaux des professionnels du soin psychique. Leur ouvrage « Psychiatrie : état d’urgence » est un scandale. Une fois de plus, les tenants de cette psychiatrie ont pris la parole en notre nom à toutes et tous d’une façon illégitime, infantilisante et paternaliste. Cette manipulation est intolérable pour nous qui souffrons de la maladie et de conditions de travail déplorables.

 Une fois de plus, la psychiatrie industrielle a confisqué la parole à celles et ceux qui crèvent de ne plus l’avoir. La récente mobilisation est partie du service public or, n’ont été invitées dans les médias que des personnes œuvrant à sa destruction et à sa privatisation. Nous ne sommes pas furieux pour rien. Nous sommes furieux car nous défendons un bien commun : le vivre ensemble dont la valeur thérapeutique est déniée par le miroir aux alouettes de FondaMental, par les pratiques asilaires et le management qui y sont associés. A cette parole manipulée, nous opposons donc notre parole TRUCée.

 Qu’est-ce qui soigne, qu’est-ce qui est thérapeutique selon nous ? Nous sommes sensibles et avons une vision poétique et politique du lien au monde. Nous rejetons le monopole de la vision biologique et réductrice de l’être humain dans des catégories neuronales et comportementales étroites. Au contraire, nous défendons et cultivons l’exigence d’un regard et d’un accueil plus complexe de l’être humain dans sa singularité et dans toutes ses dimensions.

 1 http://pagedutruc.unblog.fr/ Pour les membres du TRUC, les clubs thérapeutiques sont le métier à tisser d’un lien social mis à mal voire brisé. Ces espaces associatifs et citoyens organisent la vie quotidienne et les soins de façon paritaire entre soignants et soignés. Nous y inventons du commun, construisons, délibérons et décidons ensemble, faisant vivre une fonction démocratique permanente, en perpétuelle évolution. Dans cet espace club s’éprouvent chaque jour l’égalité, la solidarité et la transversalité. Nous respectons le rythme de tous et nous ajustons au plus près de chacun.

 La mise en avant de FondaMental dans les médias passe sous silence les pratiques que nous, patients et soignants, soutenons au sein du TRUC. Ces pratiques s’inscrivent dans une histoire de la psychiatrie fondée sur l’émancipation des personnes et la transformation des lieux de soin et d’accueil (Psychothérapie institutionnelle, désaliénisme, etc.). Elles s’appuient sur le potentiel thérapeutique de chacun.e.s quel que soit son statut, et se refusent à trier des personnes par pathologie dans des centres « experts diagnostics ».

Pas d’expert dans les clubs et au TRUC, mais un accueil inconditionnel de la parole, de l’humour, de la convivialité, de la déconnade et une attention particulière portée sur l’ambiance. Le TRUC, c’est de la recherche par expériences partagées. La psychiatrie plus humaine, ce n’est pas la psychiatrie du comprimé, de la contention et du reste. Ce sont deux visions FondaMentalement différentes voire opposées. Ce ne sont pas les mêmes mondes.

Ce sont d’humains soucieux les uns des autres dont nous avons besoin ! Transmettre, défendre et résister plus fort ensemble face aux attaques actuelles d’une société de plus en plus normalisatrice sont les maîtres mots de notre démarche. Rédigé lors de la réunion du Truc du samedi 26 janvier 2019 quelque part dans le monde Contact : letruc@riseup.net Site http://pagedutruc.unblog.fr/

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Mac Macron, moins président qu’énarco-technicien… 

26 Janvier 2019, 14:51pm

Publié par PCF Villepinte

 

LE BLOG DE JEAN-EMMANUEL DUCOIN


Com. Alors c’est donc cela, un chef de l’État? Ceux qui eurent la (mal)chance ou le devoir (professionnel) de regarder Mac Macron lors de ses deux premières prestations publiques restent incrédules quant à la nature du « grand débat » et, singulièrement, quant à la posture présidentielle dont l’incarnation jupitérienne absolutiste n’aura échappé à personne. À la faveur du premier round, Grand-Bourgtheroulde est ainsi devenue le nouveau lieu fétiche de toute la Macronie, comme s’il y avait désormais un «avant» et fatalement un «après», comme si, par sa seule ultraprésence, il avait aidé à redonner le moral à des troupes désabusées.

 Pour beaucoup, Mac Macron a réussi ce jour-là, durant six heures de rang, une «performance» capable de retourner bon nombre d’observateurs blasés – au point de la réitérer à l’identique trois jours plus tard, à Souillac. Entendons-nous bien. Le bloc-noteur ne niera pas la teneur de la «performance» susnommée, la maîtrise des dossiers comme leur amplitude en un temps record, par sa durée extrême, et pour tout dire, car n’ayons pas peur des mots, son incroyable faculté à avoir réponse à tout, mais vraiment à tout. Pour un peu, nous aurions voulu l’interroger sur nos cas personnels, nos déroutes intimes, nos problèmes de plomberie, nos ennuis de voisinage et même, tant qu’on y était, sur nos addictions et autres pathologies psychologiques… S’agissait-il de «savoir-faire», de «bonne préparation» ou de l’«excellence» de sa formation, ce qui lui octroie assez naturellement une aisance dans la repartie, sinon une dialectique qu’on pourrait presque lui envier? Qu’importe au fond: laissons la fascination à ceux qui ne s’interrogent pas sur les ressorts de la communication de groupe et se montreront toujours réceptifs aux spectacles de l’hypnotiseur Messmer.

Comme l’écrivait cette semaine dans le Figaro Guillaume Tabard (une fois n’est pas coutume), ce à quoi nous avons assisté ressemble à s’y méprendre, en effet, au «syndrome Questions pour un champion». À admirer la prouesse, il restera toujours l’admiration. Avec Mac Macron, écoutons «aie confiance!», chantons les louanges de «l’économie pour les nuls» et laissons-nous avaler par Kaa. 

Désillusion. À moins de se réveiller! Et les yeux grands ouverts, attentifs, que voyons-nous, qu’entendons-nous? Un énarco-technicien taillé pour cela. Rien de plus, rien de moins. Mac Macron prétend à lui seul relier tout, par la simple verticalité de son aplomb – et il peut se le permettre, d’ailleurs. Le problème, c’est qu’il nous récite de la technique quand nous voudrions qu’il parle politique. Or, la politique, elle, est à peu près reliée à tout: aux zones sombres, aux zones lumineuses, aux zones intermédiaires et intercalées. L’économie avec lui, puisqu’il n’a que cela à la bouche, n’est reliée à presque plus rien, qu’à ce qu’il y a de plus machinal, de plus prévisible, de plus mécanique chez l’être humain. Non seulement ce n’est pas une science, mais ce n’est pas un art non plus, encore moins de la politique, c’est en définitive à peu près rien du tout…

Piégé. Nous n’attendons pas d’un président de la République qu’il ait réponse à tout et que ses réponses soient assimilées à l’écoute d’une parole du sommet dévalé à la vitesse d’un skieur à Kitzbühel. Non, nous attendons d’un président – dans le cadre, pour l’instant, de ces institutions-là – qu’il fixe un cap, avec courage et audace en tant qu’horizon. Sachons-le définitivement : Mac Macron ne s’exprime pas en président, mais en représentant de l’entreprise France, avec les risques encourus.

 Car le «grand débat» est piégé, chacun le sait. La sous-évaluation de la question sociale en témoigne; elle est pourtant à l’origine et au cœur du mouvement des gilets jaunes. Dans peu de temps, la «performance» laissera place à la désillusion. Et bien d’autres se demanderont: c’est cela, un chef d’État? 

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité 25 janvier 2019.]

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TURQUIE/ La députée Leyla Güven (HDP) enfin libre !

26 Janvier 2019, 14:38pm

Publié par PCF Villepinte

Publié le 25/01/2019 par PCF

La députée Leyla Güven (HDP) enfin libre !

Leïla Güven vient d'être libérée après 79 jours de grève de la faim. Le mouvement d'ampleur dont elle a pris l'initiative, suivi par plus de 250 prisonniers politiques kurdes, visait à obtenir la fin de l'isolement du leader kurde A. Ocalan.

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Injustement arrêtée pour son engagement démocratique, comme d'autres parlementaires, maires et militants du HDP, Leyla Güven reste durement meurtrie par cette épreuve, mais elle a fait la démonstration, dans son absolue dignité, qu'il était possible de faire plier la tyrannie de Recep Tayyep Erdogan.

Le combat se poursuit dans le sillage ouvert par Leyla Güven. Elle incarne cette admirable lutte émancipatrice du peuple kurde pour faire prévaloir la justice, la démocratie et la paix en Turquie mais aussi au Rojava, menacé par la barbarie du régime turc et de ses supplétifs djihadistes.

La diversité des mobilisations, des grévistes de la faim de Strasbourg en passant par la mobilisation des communistes dans tout le pays doit nous conduire à amplifier la lutte. Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF, au côté de Sylvie Jan présidente de France-Kurdistan, est présente au tribunal de Diyarbakir ce jour de victoire pour exprimer le soutien inconditionnel du PCF au peuple kurde et à tous les démocrates de Turquie.

 

 

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Madame la ministre, arrêtez de faire des économies sur le dos de la santé des Français

25 Janvier 2019, 13:13pm

Publié par PCF Villepinte

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Venezuela. Le scénario du coup d’État était presque trop parfait

25 Janvier 2019, 08:16am

Publié par PCF Villepinte

 

Vendredi, 25 Janvier, 2019

L'Humanité Cathy Dos Santos

Le président de l’Assemblée nationale veut s’arroger le pouvoir exécutif avec l’accord des États-Unis et des gouvernements de droite du continent. L’armée réitère son soutien au président socialiste Nicolas Maduro. Le pire n’est pas à exclure.

Comment un illustre inconnu de la scène internationale peut-il jouir d’une telle reconnaissance mondiale, quelques instants seulement après s’être autoproclamé président du Venezuela ? Les historiens et politologues pourront plancher des heures durant sur les événements qui se déroulent dans la puissance pétrolière, en argumentant, s’il le faut, qu’un coup d’État suppose un recours à la violence.

Ils seront alors bien en peine d’expliquer les soubresauts que connaît l’Amérique latine depuis les putschs au Honduras, au Paraguay, au Brésil et désormais au Venezuela. Quant au scénario du pire, il n’est pas à exclure après cette journée du 23 janvier où le président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido, s’est auto-investi chef de l’État « en exercice » de la manière la plus illégale.

Personne ne peut croire que l’opposition de droite, pourtant morcelée, puisse s’adjuger le pouvoir d’un claquement de doigts sans le soutien de Washington ? Certes, elle manifestait ce jour-là en masse, tout comme les dizaines de milliers de partisans du président socialiste Nicolas Maduro, à l’occasion de l’anniversaire de la chute de la dictature de Perez Jimenez en 1958. Le tempo parle de lui-même.

Quatre petites minutes seulement après les déclarations de Juan Guaido annonçant la constitution d’un gouvernement intérimaire, les États-Unis s’empressaient de le désigner comme le président « légitime ». Trois minutes plus tard, c’était au tour de Luis Almagro, le secrétaire général de l’Organisation des États Américains – organisme créé sur mesure pour défendre les intérêts de la puissance états-unienne dans la région –, d’apporter sa bénédiction.

On rappellera ici que l’Uruguayen a été exclu de sa formation politique, le Front large (centre gauche), en raison de ses attaques répétées contre la souveraineté vénézuélienne. Puis, Mike Pompeo, le secrétaire d’État, et Donald Trump en personne ont donné le ton en exigeant de Nicolas Maduro qu’il abandonne son siège au nom de la « démocratie ».

Les lignes rouges ont été franchies

Dans une Amérique latine, portée désormais par une vague réactionnaire, les exécutifs de droite – Brésil, Chili, Argentine, Paraguay, Équateur, Guatemala – se sont aussitôt alignés. À vrai dire, sans grande surprise. Quant à l’Union européenne, le président du Conseil, Donald Tusk, a plaidé pour que « toute l’Europe» soit unie «  en soutien aux forces démocratiques». « Contrairement à Maduro, l’Assemblée parlementaire y compris Juan Guaido ont un mandat démocratique des citoyens vénézuéliens », a-t-il tweeté. Bruxelles emboîte ainsi le pas à la déclaration de guerre prononcée le 4 janvier par le groupe de Lima (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou), qui, réuni dans la capitale péruvienne, a annoncé qu’il ne reconnaîtra pas le nouveau mandat de Nicolas Maduro dont l’investiture a eu lieu le 10 janvier.

 Cette structure à laquelle n’appartiennent pas les États-Unis, mais qui y participaient par vidéoconférence, a accordé sa « pleine reconnaissance à l’Assemblée nationale élue, le 6 décembre 2015 ». Impressionnant hasard du calendrier, Juan Guaido était investi le lendemain président de l’Assemblée nationale, majoritairement dominée par la Mesa unidad democratica (MUD), une coalition hétéroclite de partis de droite qui a explosé en vol en raison de divisions internes sur la stratégie à adopter pour déloger le Parti socialiste uni du Venezuela (Psuv) du pouvoir.

 Qu’importe si ce parlement a été déclaré en outrage en mars 2017 pour avoir outrepassé les pouvoirs judiciaires et électoraux qui lui sommaient de procéder à de nouveaux scrutins à la suite de l’élection frauduleuse de trois députés. Fort de la déclaration du groupe de Lima, qui a exigé de Nicolas Maduro qu’il « transfère le pouvoir exécutif à l’Assemblée nationale », Juan Guaido a demandé à l’armée de se ranger de son côté, allant désormais jusqu’à offrir une amnistie à d’éventuels rebelles.

Depuis Paris, Emmanuel Macron y est allé de son couplet. « Après l’élection illégitime de Nicolas Maduro en mai 2018, l’Europe soutient la restauration de la démocratie », a-t-il tweeté en espagnol et en français. On peine à croire que le Quai d’Orsay ne soit pas au fait des événements depuis 2017, à la suite des violences meurtrières initiées par la MUD. Ce triste épisode avait ouvert la voie à un processus de dialogue entre l’opposition et l’exécutif chaviste afin de trouver une solution pacifique à la crise politique et économique. Plus de 150 réunions officielles et secrètes ont eu lieu. Grâce à la médiation du président dominicain, Danilo Medina, et de l’ex-premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, un pré-accord incluant une élection présidentielle a été trouvé en décembre 2017.

Tout était fin prêt pour la signature, jusqu’à ce que Julio Borges, l’ancien président de droite de l’Assemblée nationale, fasse marche arrière sur pression du secrétaire d’État américain (limogé depuis), Rex Tillerson, qui entreprenait une tournée en Amérique latine. L’ancien chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis à Caracas, Todd Robinson, a, quant à lui, exigé d’Henry Ramos Allup, l’un des pré-candidats de la droite à l’élection présidentielle du 20 mai 2018, de ne pas se présenter afin d’en discréditer l’issue.

En dépit de ces injonctions, trois formations de l’opposition ont concouru au scrutin, au cours duquel 46,07 % des électeurs se sont prononcés. Cette faible participation – qui n’est pas étrangère non plus à l’exaspération populaire consécutive à une économie en lambeaux et à une hyperinflation horrifiante – justifie-t-elle pour autant de renverser Nicolas Maduro, qui a obtenu plus de 60 % des voix, soit 30,45 % des inscrits? Les chancelleries devraient y réfléchir à deux fois. Car, pour mémoire, le très droitier président chilien, Sebastian Piñera, a été élu avec 26,5 % des inscrits; son voisin argentin Mauricio Macri, avec 26,8 %, et le chef de la Maison-Blanche avec 27,20 %. Quant à Emmanuel Macron, ses 18,19 % du premier tour ne lui permettent guère de fanfaronner.

Si on excepte quelques déclarations de bonne intention de l’ONU, la diplomatie semble se prendre les pieds dans la stratégie interventionniste de Washington. Depuis 1999, date de l’accession d’Hugo Chavez au pouvoir, elle a multiplié les entreprises de déstabilisation au Venezuela, pays aux insondables richesses naturelles. Mercredi, les lignes rouges ont été franchies. Le président élu Nicolas Maduro a ordonné aux diplomates états-uniens de quitter le sol vénézuélien. En vain, « les États-Unis ne reconnaissent pas le régime de Maduro (...) (Ils) ne considèrent pas que l’ancien président Nicolas Maduro a l’autorité légale pour rompre les relations diplomatiques », a rétorqué le département d’État qui entend gérer leurs relations « par le biais du gouvernement du président par intérim Guaido ».

« Jamais nous ne trahirons la volonté du peuple. Nous ratifions notre absolue loyauté à la Constitution et à notre commandant en chef, Nicolas Maduro! » a assuré le commandant général de l’armée bolivarienne, Jesus Suarez Chourio.

Outre la Chine ou encore la Russie, le dirigeant socialiste a reçu le soutien régional de la Bolivie, du Nicaragua, de Cuba, de l’Uruguay, ainsi que du Mexique qui avait déjà refusé de signer la déclaration commune du groupe de Lima au nom de la non-ingérence dans les affaires internes d’un pays tiers. « La dualité de pouvoirs, intentionnelle et, il va sans dire, bien méditée (...) est un chemin direct au chaos et à la destruction des ciments de l’État vénézuélien », a déclaré Moscou, en condamnant « ceux qui poussent la société à l’abîme d’un conflit sanglant ».

Depuis Davos, Patrick Pouyanné, le patron du géant pétrolier français Total, présent depuis un demi-siècle sur le territoire vénézuélien, a, quant à lui, estimé que les événements à l’œuvre étaient « probablement une très bonne nouvelle pour le peuple vénézuélien », sous couvert d’évoquer la « sécurité de (son) personnel (...) le difficile accès à l’eau, à l’électricité »...

Cathy Dos Santos

Le pcf et la fi dénoncent un putsch

Le PCF a dénoncé, jeudi, le soutien «scandaleux» d’Emmanuel Macron à la «tentative de coup d’État» que représente l’autoproclamation du président de l’Assemblée nationale du Venezuela, Juan Guaido, comme «président en exercice par intérim». De son côté, le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a fustigé sur Twitter la prise de position d’Emmanuel Macron. « Pas en notre nom! Car, pour Macron, une élection démocratique est “illégitime” et un coup d’État d’extrême droite soutenu par Trump et Bolsonaro “restaure la démocratie”. C’est trop!» Dans un tweet écrit en français et en espagnol, le président français avait en effet encouragé une Europe «soutenant la restauration de la démocratie» et salué «le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté».

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