Le gouvernement Ayrault part à la chasse aux dépenses publiques
Politique - le 29 Juin 2012
Le gouvernement Ayrault vient effectivement d’annoncer une baisse drastique des dépenses publiques. Dans certains ministères, 60% des départs pourraient ne pas être remplacés. Pourtant, lorsque le Figaro avait révélé l’information la semaine dernière, François Hollande avait fermement démenti.
C’est l’heure des lendemains qui déchantent pour le gouvernement Ayrault. Bye-bye les promesses, et bienvenue à la rigueur,
donc. Un mot qui ne plait pas au président de la république, lui préférant le terme d’« effort ».
A l’issue du séminaire concernant le projet budgétaire pour l’année 2013, lundi 25 juin, les
premières mesures commencent à tomber. Jeudi 28 juin, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a envoyé aux 38 ministres et délégués la liste du programme. Et il s’avère peu réjouissant : le
nombre de fonctionnaires doit diminuer de 2,5% par an entre 2013 et 2015, hors secteurs prioritaires (Education, Justice, police et gendarmerie), qui verront leurs effectifs augmenter de 65 000 postes durant le
quinquennat. Car Matignon poursuit un double objectif : stabiliser les effectifs publics d’ici 2017 tout en renforçant ces trois ministères.
Or, François Hollande avait promis durant sa campagne de ne pas revenir sur les engagements du précédent gouvernement. En
effet, Nicolas Sarkozy s’était engagé auprès de Bruxelles à ramener d’ici 2013 le déficit budgétaire à 3% du PIB -en 2012 il était de 4,5%- ; Il faut donc bien piocher dans certains
ministères pour redistribuer aux autres. Une logique implacable que le ministre du travail Michel Sapin a résumée prosaïquement : « Quand on a une priorité quelque part, ça veut
dire que dans les autres secteurs, on diminue les effectifs. C'est quand même simple à comprendre et je crois que les Français le comprennent très bien ».
Non-remplacement de trois fonctionnaires sur cinq dans certains secteurs
Le gouvernement Fillon a
supprimé 150 000 postes de fonctionnaires en cinq ans, grâce à la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, y compris dans l’Education et la police. En accordant un régime de
faveur aux trois ministères, celui d’Ayrault risque de voir cette règle passer à trois sur cinq dans certains secteurs.
Interrogé ce vendredi matin sur France Info, le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, pense que :
« Ce sont des orientations très négatives. Malheureusement, il semblerait que par anticipation, on donne des gages aux orientations du pacte budgétaire européen ». A l’heure même où
se tient le sommet européen, Pierre Laurent déplore la décision du gouvernement Ayrault : « Ca veut dire qu'on accepte par avance de s'inscrire dans le pacte d'austérité budgétaire
alors que François Hollande avait annoncé sa renégociation. C'est décidément très mal parti » a-t-il ajouté.
En dehors de ces coupes drastiques, c’est l’ensemble des ministères, prioritaires compris, qui devront désormais se serrer
la ceinture. Au menu : baisse des achats de fournitures, des dépenses consacrées à l’entretien des locaux, et des flottes automobiles. Actuellement, elles sont chiffrées à 12% du budget de
l’Etat. L’objectif est de les ramener à 7% en 2013, et à 4% en 2014 et 2015. Idem pour les aides et subventions, qui atteignent à ce jour 40% du budget.
Première étape du projet de loi de finances
Voilà pour les mesures annoncées par lettres de cadrage
jeudi. Matignon engage désormais les ministres à présenter leurs propositions lors d’une réunion prévue courant juillet. Le chef du gouvernement allouera ensuite à chaque ministère un budget
pour les trois prochaines années. Mais ces coupes dans les dépenses publiques ne représentent qu’un premier pas. En effet, le gouvernement travaille sur un projet de loi de finances (PLF) pour
2013, qui sera présenté au Parlement à la rentrée. Quant à la Cour des comptes, elle doit remettre son rapport sur les finances publiques lundi 2 juillet au matin à Jean-Marc Ayrault. Le
premier ministre ajustera ensuite les politiques budgétaires et fiscales d’après ses conclusions. Voilà qui devrait plaire à la Commission européenne et à la chancelière allemande Angela
Merkel, qui exigent de la France des réformes structurelles au plus vite. En plein milieu du sommet européen, cette annonce tombe vraiment bien…