Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
À l’appel d’une large intersyndicale départementale (FSU, CGT Éduc’action, SUD éducation, CNT), de nombreux enseignants du premier et second degrés sont en grève ce lundi 26 février. Alors que le gouvernement a annoncé 700 millions d’euros d’économie pour l’école, la communauté éducative, qui réclame des moyens humains et matériels pour le département le plus pauvre de France, est particulièrement remontée.
Pas de moyens, pas de rentrée. Face au manque de moyens pour l’éducation publique en Seine-Saint-Denis, l’intersyndicale départementale (FSU, CGT Éduc’action, SUD éducation, CNT) appelle, avec le soutien de la FCPE, tous les établissements scolaires à se mettre en grève. « Un coup de projecteur médiatique pour mettre en lumière les problématiques du département le plus pauvre de France », résume Marie-Hélène Plard, cosecrétaire de SNUipp-FSU 93.
Cette action s’inscrit dans la continuité du plan d’urgence réclamé depuis décembre par les enseignants, après que l’intersyndicale a rendu public une enquête montrant l’ampleur des besoins sur ce territoire où « l’école ne tient pas sa promesse républicaine », comme le soulignaient fin novembre les auteurs d’un rapport parlementaire sur la Seine-Saint-Denis. « À département hors normes, besoins hors normes », martèle Grégory Thuizat, l’autre cosecrétaire de SNUipp-FSU 93.
La manifestation nationale du 1er février avait constitué un premier rendez-vous de lutte. De source syndicale, le mouvement d’aujourd’hui s’annonce très suivi, notamment dans le secondaire, particulièrement impacté par la réforme dite du « choc des savoirs » et sa mesure phare, les très contestés groupes de niveau au collège. Mais le premier degré n’est pas en reste, remonté contre les injonctions pédagogiques du ministère. « Il y a une volonté des enseignants de reprendre la main », assure Marie-Hélène Plard.
Colère face aux coupes budgétaires
Dans ce contexte, le plan de 10 milliards d’économies et les coupes dans l’éducation (692 millions d’euros annulés dans le budget) ne passent pas. Alors que « nous sommes déjà sur des dysfonctionnements qui causent une grande souffrance aux élèves et aux personnels », souligne Marie-Hélène Plard, ces coupes « injustifiées » ont été vécues « comme un coup de massue par l’ensemble de la communauté », réagit Louise Paternoster, cosecrétaire de la CGT Éduc’action 93.
« Les annonces du ministère vont à rebours de la situation », poursuit la syndicaliste, qui dénonce « un choix politique ». « Les 10 milliards, on pouvait les trouver ailleurs, dans les cadeaux faits aux entreprises, dans les milliards fléchés pour l’uniforme à l’école, le SNU… »
La colère est profonde. « Nous avons à cœur d’accueillir nos élèves, mais la situation est tellement dégradée… Des élèves n’ont pas cours de physique-chimie depuis quatre mois », illustre Zoé Butzbach, cosecrétaire de la CGT Éduc’action 93. « S’il n’y a pas d’embauches, pour les groupes de niveau, on va se retrouver avec des groupes de 30 à 35 élèves. En plus de l’aberration pédagogique, car cette réforme va être un couperet pour les élèves, le collège va devenir une gare de triage social, où l’élève du groupe de niveau faible verra son avenir tout tracé… »
« Chaque année, les autorités académiques donnent aux établissements quelques heures pour aménager le désastre et répartir des moyens insuffisants. Avec ce plan d’économie, arithmétiquement, cela ne tient plus. L’école publique est en train d’être liquidée », renchérit Grégory Thuizat.
« Des annonces en décalage avec la réalité »
Particularité de ce mouvement, les parents d’élèves en sont partie prenante depuis le début de la mobilisation. Le désastre, eux aussi le constatent au quotidien. « Tous les jours, nous interpellons le rectorat, la DSDEN (direction des services départementaux de l’éducation – NDLR) sur le manque de professeurs, d’AESH, etc.
Toutes les annonces, que ce soit des réformes ou des coupes budgétaires, sont en décalage avec ce que nous vivons en tant que parents, témoigne Isabelle Lacroix, coprésidente de la FCPE de Seine-Saint-Denis. Depuis septembre, des élèves en terminal ST2I n’ont pas de professeur de physique-chimie. Nous savons que c’est la catastrophe partout, mais, dans ce département, c’est pire qu’ailleurs. Un enfant perd en moyenne l’équivalent d’un an de scolarité sur tout son parcours. Les parents qui ont les moyens paient des cours particuliers à leurs enfants, ce qui crée des inégalités. »
À la revendication d’un plan d’urgence pour le bâti et les moyens humains en Seine-Saint-Denis, l’intersyndicale ajoute également, entre autres, l’abrogation du « choc des savoirs », et une entrevue avec la ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet. Contre les « offensives contre-démocratiques, nous prônons un modèle éducatif émancipateur », assène Grégory Thuizat. Et autant dire que les enseignants sont déterminés.
Des rassemblements doivent avoir lieu dans de nombreuses villes du département avant un regroupement prévu à 14 h 30 non loin de la fameuse école Stanislas, à Paris. Des assemblées générales décideront de la suite du mouvement, avec en ligne de mire le mouvement national du 19 mars. Mais une reconduction de la grève demain, mardi 27 février, et les jours suivants n’est pas exclue. « On ne peut pas continuer à fonctionner dans ces conditions », conclut Marie-Hélène Plard qui prévient : « Si rien ne se débloque, on ne fera pas la rentrée 2024. »
des patients « souillés » dans les couloirs des urgences du Havre, alertent les syndicats
La semaine dernière, les syndicats CGT et SUD du groupe hospitalier du Havre alertaient sur un « danger grave et imminent » dû à l’engorgement du service des urgences. Selon eux, 33 patients ont été placés sur des lits de fortune au milieu des couloirs, en attente de transfert dans les services.
Aux urgences adultes de l'hôpital Jacques Monod, au Havre.
Un matin, au local de la CGT de l’hôpital Jacques-Monod du Havre, les syndicalistes reçoivent un appel à l’aide. Au bout du fil, le personnel soignant des urgences, éreinté, à bout de souffle, dépassé. Jennifer Dumont Bouder, cosecrétaire de la CGT Mict (médecins, ingénieurs, cadres et techniciens), décroche et constate « un sureffectif de patients installés sur des brancards ou des lits de fortune dans des salles de réunion et des couloirs. Cela dans des conditions déplorables ».
Ce mardi 13 février, ils sont 33 à être placés les uns derrière les autres, dans une file d’attente improvisée, selon les syndicats. Les malades errent dans les locaux des urgences « casés là où il y a de la place », en attente d’une hospitalisation en service.
Un des soignants, depuis sa prise de poste à 6 h 30, jusqu’à 9 h 30, a changé et nettoyé des patients « à la chaîne », trois heures durant. Leur intimité et leur pudeur ne sont que partiellement protégées à l’aide de simples paravents. Ne sachant que faire, les agents ont ensuite réservé un box et condamné une salle d’attente pour faire la toilette des patients placés dans les couloirs.
Dans une lettre adressée à la direction du Groupe hospitalier du Havre (GHH), le personnel déplore « des patients parfois » souillés » car nous sommes dans l’impossibilité de trouver une place isolée permettant de leur proposer un urinal ou un bassin pour leurs besoins élémentaires ». Une situation « inacceptable et indigne » qui a poussé les mandatés de la CGT et de SUD à déposer un « danger grave et imminent » (DGI – concept en droit du travail qui permet d’alerter en cas de situation pouvant causer des dommages).
« La hantise qu’un patient décède »
Jean 1, infirmier aux urgences et syndicaliste à la CGT, était de ceux qui travaillaient le mardi 13 février. La veille déjà, assigné au poste d’après-midi, il avait senti venir la crise et le surmenage. Il a « pris sur (lui), essayé de travailler plus vite » et réduit ses temps de pause. Le lendemain, les patients stagnaient dans les couloirs et les soignants subissaient « un manque de matériel (prise 02, prise d’air, sonnette, gestion des déchets, possibilité d’effectuer des soins d’urgence) et un manque de place ».
Selon le constat rapporté par le personnel, leurs collègues ASH (agents de service hospitalier), qui assurent l’hygiène des locaux, se sont retrouvés empêchés tant les couloirs étaient encombrés de lits, de chariots et d’ordinateurs. Jean témoigne également d’une difficulté à circuler, surtout en cas d’urgence où chaque seconde compte. « Si on avait dû courir ou transporter un chariot d’urgence, je ne sais pas comment on aurait fait pour se frayer un chemin… s’inquiète-t-il. Ma hantise était qu’un patient décède dans les couloirs. »
De son côté, la direction de l’hôpital reconnaît les difficultés de la « journée de tension du 13 février » mais se défend par les moyens mis en œuvre ce jour-ci : « L’organisation d’une cellule de crise et l’ouverture de lits supplémentaires ont permis de trouver, dans la journée, des solutions d’hospitalisation pour les 19 patients qui étaient en attente d’un lit au matin. »
Le directeur général de l’hôpital, Martin Trelcat, a suggéré une rencontre avec les soignants, en demandant explicitement qu’ils ne soient pas représentés par des organisations syndicales. Proposition refusée. Aurélien Le Brun, secrétaire adjoint départemental de SUD santé, fustige « un rejet profond des syndicats » et « une dégradation du dialogue social ».
Une situation récurrente ?
La direction se veut tout de même rassurante : « Cette situation de tension a duré 24 heures, et ne s’est pas renouvelée depuis. » Ce sont toujours 24 heures de trop, selon Rachel Gabbay, représentante CGT ouvriers et employés. Jean connaît la chanson, toujours le même refrain : « On nous dit que c’est temporaire mais ça se reproduit toujours. »
Le week-end, aucune sortie de patients n’est prévue et « chaque début de semaine, il y a un afflux de nouveaux arrivants ». C’est en cela que le personnel qualifie le service de « régulièrement défaillant ». Dans les locaux, des banderoles affichent les messages « personnel épuisés » et « patients en danger ».
Cette surfréquentation difficilement absorbée par les urgences du Havre est le symptôme d’un mal plus grave : celui d’une fragilité du système de santé de la région. La CGT et SUD s’accordent à penser que les déserts médicaux environnants, les patients sans médecin traitant et la fermeture des autres services d’urgences du département expliquent les 35 000 à 50 000 passages par an dans ce service. Depuis deux ans, la saturation est telle qu’il est nécessaire d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences du Havre.
À l’aune de son entrée au Panthéon, des professeurs se sont saisis de l’événement pour transmettre à leurs élèves la vie et les combats de Missak Manouchian. Ils ont organisé au Sénat une rencontre avec un passeur de mémoire, le vice-président communiste Pierre Ouzoulias.
Les lycéens du 18e arrondissement de Paris on pu découvrir et échanger autour de la mémoire de la résistance.
Ils sont nés plus d’un demi-siècle après l’exécution de Missak Manouchian. Ils ne sont pas tombés enfants dans la marmite du communisme qui cultive la mémoire du résistant. Ils n’ont pas été bercés par la voix de Léo Ferré déclamant avec ferveur les vers de Louis Aragon, propulsant le héros arménien à la postérité. Ils s’appellent Issa, Aude, Mame, Mendel, Justine ; ils ont entre 17 et 18 ans et sont lycéens à Paris.
Lorsqu’ils arrivent au Sénat, ce 2 février, ils ne connaissent que par bribes l’incroyable histoire de Manouchian et son funeste destin, survenu quatre-vingts ans plus tôt. Mais Aude, 17 ans, les cheveux relevés en chignon, a déjà une idée arrêtée de ce qu’incarne la figure du résistant : « La liberté, la mixité et la justice. Tout ce qui constitue en soi les valeurs de la France. »
« Pourquoi n’est-ce pas toute la Résistance étrangère qui entre au Panthéon avec Missak et Mélinée Manouchian ? »
Le sénateur Pierre Ouzoulias donne chair à cette histoire en confessant d’emblée aux élèves que, pour lui, Manouchian est une « histoire de famille ». « Mon grand-père, Albert Ouzoulias, colonel André de son nom de guerre, était l’un des dirigeants des Francs-Tireurs et Partisans. Il avait donc sous sa responsabilité le groupe Manouchian et il a mené la résistance en grande partie dans votre arrondissement », le 18e, porte de Clignancourt. C’est dans ce quartier populaire que vivent et étudient ces lycéens en classe de terminale.
L’initiateur du projet de panthéonisation poursuit : « Mon grand-père m’a toujours expliqué que si je pouvais parler aujourd’hui, c’est parce que Missak Manouchian n’avait pas parlé sous la torture. » Une question gagne alors les consciences dans l’assistance : qu’aurions-nous fait à sa place ?
À peine majeur, Issa, très à l’aise dans son survêtement gris, répond avec humilité : « Je ne peux pas m’imaginer trahir mon pays, comme je ne peux pas m’imaginer ne pas céder sous la torture. Manouchian, lui, a enduré une souffrance inimaginable, mais il a gardé le silence. Jusqu’à la fin, il s’est battu pour un idéal, pour ses idées communistes. »
Insatiable de savoir, une autre interrogation le taraude : « Pourquoi n’est-ce pas toute la Résistance étrangère qui entre au Panthéon avec Missak et Mélinée Manouchian ? » Aussitôt, il conclut finalement de lui-même : « Pour moi, Manouchian, plus qu’une personne, c’est un symbole. Il représente tous les immigrés qui se sont battus pour la France. »
Pour ces lycéens, c’est là le sens de cette panthéonisation. Avec l’Arménien apatride, c’est l’ensemble des étrangers morts pour la France qui entrent dans la crypte d’une République désormais reconnaissante. Cette portée historique, Mendel la trouve d’autant plus importante « dans le contexte actuel, juste après la loi immigration. C’est vraiment super ! Ça montre à tous les étrangers que, eux aussi peuvent être célébrés comme le général de Gaulle ».
Ce télescopage de l’actualité entre cette célébration et une loi criminalisant les étrangers a une résonance singulière chez ces jeunes. Leur établissement, le lycée Rabelais, a la spécificité d’accueillir en son sein de nombreux élèves dont les parents ou grands-parents sont issus de l’immigration. Mame, 17 ans, au caractère bien trempé et à la verve affirmée, se présente comme parisienne et « fière » d’être une « arrière-petite-fille de tirailleurs sénégalais ».
« La part des étrangers dans la construction de notre pays n’est pas encore assez reconnue, pas assez dite, ni racontée », estime-t-elle. Celle qui veut « devenir une grande militante contre le racisme » s’insurge face à « des droites qui disent que nous n’avons pas notre place ici ou qu’on ne mérite pas les mêmes droits que les Français alors qu’on fait partie de l’histoire française. Ça me révolte ! Le combat de Manouchian et sa panthéonisation m’inspirent dans ma lutte. C’est dans ces moments-là que je suis fière de mon pays. Peut-être qu’il n’était pas français, mais à travers ses actes, il est devenu plus français que certains Français ».
Dans les grands couloirs du Sénat où chacun avance à pas feutrés, intimidé par le prestige des lieux, la discrète Justine, arrivée très jeune en France du Portugal, est marquée par la figure de « Manouche », poète. À ses yeux, le communiste était « presque un philosophe ».
Un passage de la dernière lettre de Missak à Mélinée, son épouse, l’a particulièrement touchée. « Quand il écrit qu’il meurt sans haine, ça m’a fait un coup ! Tout le monde aujourd’hui semble avoir de la haine contre tout le monde : une bousculade et te voilà haï. Manouchian, lui, aurait pu détester les Allemands et malgré tout ce qu’on lui a fait, il n’a eu de haine envers personne. » La jeune fille exprime le souhait que cette leçon de vie irrigue la société.
Pour préparer la grève féministe du 8 mars #UnJourSansNous, la CGT vous propose de répondre à un quiz pour mesurer l'ampleur des inégalités femmes-hommes dans la vie comme au travail. ⤵️
Une négociation sur l’emploi des seniors et la pénibilité est en cours entre syndicats et patronat. Alors que patronat et gouvernement avancent main dans la main, la CGT se bat pour mettre fin aux licenciements massifs de seniors et garantir des aménagements de fin de carrières qui intègrent la reconnaissance de la pénibilité.
En 2023, la réforme des retraites a été promulguée par le président de la République sans négociations avec les organisations syndicales, contre l’avis de l’immense majorité des Françaises et des Français et sans passer par le vote de l’Assemblée nationale.
Obligé·es de travailler deux ans de plus, les salarié·es de plus de 50 ans sont particulièrement touché·es par le chômage de longue durée (seules 35 % des personnes de plus de 60 ans sont encore en emploi) et le gouvernement veut réduire leurs droits à allocations chômage ! Depuis la réforme des retraites de 2010, la probabilité d’être précaire après 60 ans est en augmentation constante.
À marche forcée
Alors que les timides mesures visant à améliorer l’emploi des seniors ont été censurées par le Conseil constitutionnel, le Gouvernement a décidé de renvoyer ce volet à la négociation, inversant l’ordre des discussions: d’abord, une réforme violente, ensuite, on s’interroge sur la façon dont les salarié·es pourront travailler deux ans de plus.
Des choix politiques
Au lieu de mettre le patronat sous pression en menaçant de prendre des mesures coercitives pour mettre fin aux licenciements et aux discriminations dont souffrent les seniors, le Gouvernement multiplie les annonces de remise en cause de nos droits, notamment au chômage… comme si c’était un choix de ne pas travailler!
D’autres choix sont possibles
Il est urgent de revenir à un âge légal de retraite à 60 ans pour permettre aux plus jeunes d’accéder à l’emploi et aux plus âgé·es de partir à la retraite en bonne santé, plutôt qu’en finissant leur carrière au chômage et dans la précarité.
Pour la CGT, traiter du sujet de l’emploi des séniors, c’est d’abord supprimer tous les dispositifs qui permettent aux employeurs de se séparer à bon compte des salarié·es de plus de 50 ans.
Des droits transférables.
Les propositions de la CGT s’inscrivent dans notre revendication d’une Sécurité sociale professionnelle pour toutes et tous afin qu’aucun·e salarié·e, tous statuts confondus, ne subisse plus de rupture dans ses droits, dans la reconnaissance de ses qualifications, dans la reconnaissance de ses acquis par l’expérience, cela même s’il ou elle est amené·e à changer d’emploi.
Les propositions de la CGT
La CGT continue de porter le vrai progrès social : la retraite à 60 ans à taux plein, anticipée pour les métiers pénibles.
Ouvrir et maintenir l’emploi
Empêcher les entreprises de licencier des seniors
Prévenir et sanctionner toute discrimination à l’embauche liée à l’âge, et sur la carrière
Rendre transparent l’emploi des seniors dans les branches avec des objectifs chiffrés au niveau des branches et des entreprises
Prioriser l’aménagement de fin de carrière
Rétablir l’entretien de seconde partie de carrière et adapter les moyens de formation.
Prévenir la pénibilité et l’usure professionnelle et aménager les fins de carrière
Réduire le temps de travail des seniors (avec notamment pré-retraite progressive, temps partiel dès 55 ans, cotisé 100% et sans perte de salaire)
Définir les métiers pénibles et permettre des départs anticipés en rendant obligatoires les négociations de branches sur ce sujet
Limiter l’exposition à la pénibilité: reclassements, travail de jour, télétravail…
Garantir la sécurisation des parcours de transition et de reconversion
Garantir le droit à la formation notamment avec 10 % du temps de travail annuel consacré à la formation, avec possibilité pour le ou la salarié·e de cumuler ce droit en permettant un contrôle par le CSE en matière de plan de développement des compétences
Développer le financement de la formation par les employeurs, notamment via une hausse du financement général à hauteur de 2 % de la masse salariale
Réaliser des entretiens de seconde partie de carrière dès 45 ans qui permettent d’envisager l’évolution professionnelle mais aussi d’améliorer et d’aménager les conditions de travail et prévenir la pénibilité.
Les Manouchian au Panthéon : l’aboutissement d’un long combat
Avec sa femme Mélinée, le résistant communiste arménien, entre le 21 février, à la nuit tombante, dans le sanctuaire des grands hommes. C’est l’aboutissement d’un combat de quinze ans. Et une (tardive) reconnaissance du rôle des communistes dans la résistance et des étrangers dans l’édification de la France.
Le secret n’en sera bientôt plus un. Dans deux jours précisément. Pour l’heure, en ce 16 juin 2023, le choix du président de la République ne doit pas « fuiter », comme on dit dans le jargon.
Seuls les six invités du jour – ainsi que quelques conseillers – qu’il reçoit dans son bureau, au premier étage de l’Élysée, ont la primeur de la bonne nouvelle : « Je veux rendre hommage à un étranger mort pour la France », lâche Emmanuel Macron. C’est décidé depuis de longs mois, avant même sa réélection en 2022, Missak Manouchian, résistant communiste arménien, doit entrer au Panthéon. Sa femme Mélinée, également engagée contre l’occupant, l’accompagnera.
Face au chef de l’État, Jean-Pierre Sakoun, président du petit comité et de l’association Unité laïque, Aline Girard, sa secrétaire générale, Pierre Ouzoulias, sénateur communiste, Nicolas Daragon, maire LR de Valence (Drôme), Denis Peschanski, historien, et Katia Guiragossian, petite-nièce du couple Manouchian, ne peuvent contenir un sourire. Leur combat, entamé collectivement en septembre 2021, aboutit enfin. Il fut à la fois si rapide et si long.
« Une reconnaissance attendue depuis longtemps »
Le 18 juin, au petit matin, la délivrance arrive officiellement par un communiqué de l’Élysée – « Missak Manouchian incarne les valeurs universelles portées par ces « vingt et trois qui criaient la France en s’abattant » et ce sont eux qui, avec lui, seront aussi célébrés » –, avant une cérémonie au Mont-Valérien. Là où, le 21 février 1944, le chef militaire des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) parisiens et ses camarades sont tombés, exécutés par les nazis. À l’issue de la commémoration, Emmanuel Macron prend le temps d’échanger avec le comité en aparté : « C’est vous qui l’avez amené jusqu’ici. »
Jour pour jour, 80 ans après son exécution, Missak Manouchian sera le premier communiste et le premier étranger à entrer dans le sanctuaire de la République. « Une reconnaissance attendue depuis longtemps pour ceux qui, au nom de notre idéal, ont fait le choix des armes afin de défendre notre liberté », salue Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. À la nuit tombante, la rue Soufflot verra le cercueil, recouvert d’un drapeau tricolore, remonter jusque dans la nef du Panthéon, où il sera accueilli par la musique du compositeur Pascal Dusapin.
Là, devant 1 200 invités, dont 600 scolaires, Emmanuel Macron prononcera l’oraison de ce « Français de préférence qui a choisi l’universalisme français », avance un de ses proches. Arthur Teboul, chanteur du groupe Feu ! Chatterton, reprendra le poème d’Aragon, « Strophes pour se souvenir », mis en musique par Léo Ferré dans « l’Affiche rouge ». Quand sonneront 20 heures, viendra le temps pour le résistant de rejoindre le caveau numéro XIII, où il reposera avec Mélinée, Joséphine Baker et Maurice Genevoix pour l’éternité. Les noms des membres du groupe Manouchian, ainsi que celui de leur chef, Joseph Epstein, seront rivés, en lettres de bronze, sur l’un des murs de la crypte.
Pierre Ouzoulias a une vue imprenable sur le Panthéon depuis son bureau de vice-président du Sénat. Le 22 février, au lendemain de la cérémonie, il regardera différemment le mausolée de la montagne Sainte-Geneviève. Avec le sentiment du devoir accompli. Car, pour l’élu des Hauts-de-Seine, « Missak » est avant tout une « histoire familiale » : son grand-père, Albert, était son supérieur dans la résistance communiste. « Il aurait pu tomber si Manouchian et Epstein avaient parlé sous la torture, raconte Pierre Ouzoulias. Il a toujours eu le sentiment d’être un miraculé, d’avoir échappé à une mort certaine. »
C’est pourquoi, dès la Libération, il décide de faire vivre la mémoire des 23. Jusqu’à faire renommer, en 1951, une place de la capitale, par le Conseil de Paris, en l’honneur du groupe. Un flambeau repris par le petit-fils qui, en 2017, au moment de son élection au Sénat, choisit d’œuvrer pour faire entrer le glorieux communiste au Panthéon. Il n’est pas le seul à en rêver puisque Jean-Pierre Sakoun, après le visionnage de « l’Armée du crime », de Robert Guédiguian, en 2009, a déjà ouvert, huit ans plus tôt, une page Facebook dédiée à cet ambitieux projet sans que l’engouement ne prenne.
« Si j’avais fait un deuxième mandat… »
Il faut attendre février 2014 pour que soit lancée une première initiative officielle par un député socialiste. Jean-Marc Germain veut faire transférer au Panthéon les cendres des membres du groupe Manouchian, « bien que communistes », écrit-il dans une tribune publiée par le Monde. François Hollande, alors président de la République, ne retient pas l’idée lorsqu’il annonce – affront ultime – la panthéonisation, le 21 février de la même année depuis le Mont-Valérien, de deux résistants gaullistes (Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Pierre Brossolette) et deux résistants de centre gauche (Germaine Tillion et Jean Zay).
Les communistes sont oubliés et Pierre Laurent, secrétaire national du PCF à l’époque, se dit « choqué ». « Dans ce moment de commémorations entre le centième anniversaire du début de la Première Guerre mondiale et l’anniversaire de la Libération, il fallait que je puisse faire un acte de panthéonisation, et un seul. Quatre, c’était déjà beaucoup. J’ai distingué autrement le groupe Manouchian, par une cérémonie à Suresnes, justifie aujourd’hui François Hollande auprès de l’Humanité magazine. Si j’avais fait un second mandat, il est tout à fait évident que j’aurais mis le groupe Manouchian aussi au Panthéon. »
« Il est temps que l’injustice de 2014 soit réparée », se satisfait Jean-Pierre Sakoun. Et Pierre Ouzoulias d’expliquer : « Emmanuel Macron, contrairement à François Hollande qui en a vécu en Corrèze, n’a pas connu de conflit avec les communistes. » Cette fois, la campagne sera la bonne. À condition de tirer les leçons des erreurs du passé : « Il fallait que la démarche ne soit pas vue comme celle des Arméniens ou des communistes, tout en les associant. De même, les 23 ne peuvent tous entrer au Panthéon. Manouchian devait apparaître comme le symbole de la résistance des étrangers », rapporte l’un des participants du comité.
En septembre 2021, le stratège Jean-Pierre Sakoun forme donc un groupe transpartisan, façon « Agence tous risques » : un communiste (Pierre Ouzoulias), un élu local de droite (Nicolas Daragon), une membre de la famille (Katia Guiragossian) et l’historien garant de la légitimité du projet (Denis Peschanski). Le tout avec la bienveillance de l’État arménien. « Il n’entre pas au Panthéon parce qu’il est communiste ou arménien mais parce qu’il est un héros de la Résistance. Et nous sommes fiers que ce héros soit arménien », félicite l’ambassadrice d’Arménie en France, Hasmik Tolmajian, alors qu’un hommage lui sera rendu, le 21 février, dans toutes les écoles du pays.
Régulièrement, la troupe se réunit, échange. Les coups de fil fusent. Se monte, en parallèle, un second « comité de parrainage » pour élargir le champ des soutiens, avec entre autres le plasticien Ernest Pignon-Ernest, la philosophe Claudine Tiercelin ou encore Alain Minc, fils d’un FTP. « Libération » publie alors une première tribune le 21 février 2022 : « Missak Manouchian, à quand la patrie reconnaissante ? » Puis les conseils régionaux d’Occitanie et d’Auvergne-Rhône-Alpes – l’un à gauche, l’autre à droite – votent à l’unanimité pour demander au président d’honorer cet apatride tombé pour la France.
En coulisses, Hasmik Tolmajian est missionnée pour faire ce qu’elle fait de mieux, de la diplomatie, auprès de certaines personnalités non associées au projet (les maires de Paris et Marseille, Anne Hidalgo et Benoît Payan) pour s’assurer de leur appui, mais également auprès de la communauté arménienne pour ménager les susceptibilités. « C’est le début d’une suite d’évidences », résume Nicolas Daragon.
Sur l’immigration, le « en même temps » macroniste
La démarche tape vite dans l’œil de l’Élysée, notamment du conseiller mémoire du président, Bruno Roger-Petit. Avec le commissaire Jean Le Roch, il reçoit discrètement la petite bande au Château, en mars 2022. Au nom de la famille, Katia Guiragossian s’engage à ce que les restes de Missak Manouchian soient transférés au Panthéon, à condition de ne pas séparer le couple. Le duo élyséen fait la proposition à Emmanuel Macron, qui l’accepte tout de suite. Et Denis Peschanski est chargé d’identifier les derniers FTP-MOI vivants pour les décorer.
Mais le spécialiste revient avec une surprise : tous les fusillés du Mont-Valérien ne sont pas reconnus « Morts pour la France », y compris dans le groupe Manouchian. Le 4 avril suivant, sur France Inter, le candidat à sa réélection est questionné sur le sujet par une Léa Salamé « subtilement orientée » par l’état-major macroniste. « Je pense que c’est une très grande figure et que cela a beaucoup de sens », répond-il dans un grand sourire. Et puis… silence radio. Plus de son ni d’image entre le comité et la présidence qui, empêtrée dans son absence de majorité parlementaire, laisse de côté ce dossier.
Pour autant, les six n’ont pas dit leur dernier mot et relancent, le 18 février 2023, la machine à l’occasion d’un grand colloque au Sénat, sous l’égide de Pierre Ouzoulias, avec l’espoir d’une annonce le 21 février. À cette occasion, la secrétaire d’État aux Anciens combattants, Patricia Mirallès, envoie un signal positif, en octroyant par décret la dignité « Mort pour la France » à Szlama Grzywacz, dernier du groupe Manouchian à ne pas l’avoir. « On a compris qu’on allait dans la bonne direction », se souvient Katia Guiragossian. Quatre mois plus tard, Emmanuel Macron révèle donc que Missak Manouchian deviendra le neuvième résistant à reposer parmi les grands hommes de la nation.
Pour autant, personne n’est dupe quant à la récupération politique qu’en fait le chef de l’État, toujours prompt à donner dans le « en même temps » avec les sujets mémoriels. Panthéoniser Manouchian, une contradiction avec la loi immigration ? « C’est l’inverse car totalement aligné, rétorque-t-on à l’Élysée. Dans cette loi, il y a un fort volet d’intégration sur la langue et la culture. On a toujours défendu que la France était un choix. » « Il s’agit d’une opération de communication visant à se laver d’avoir imposé une loi immigration au forceps, votée par l’extrême droite », tranche, de son côté, Fabien Roussel.
D’où le choix d’organiser, avant la cérémonie officielle, un « hommage populaire », commun au PCF et à la CGT, pour que la nation accompagne le résistant-poète-ouvrier jusqu’à sa dernière demeure. « Cette entrée au Panthéon est le plus bel hommage possible, conclut Katia Guiragossian. Missak et Mélinée n’ont pas eu d’enfant, mais ils ont beaucoup d’héritiers. »
Le budget bientôt examiné en CM sera encore contraint par les politiques d’austérité menées par le gouvernement, serviteur zélé des directives européennes, comme les agriculteurs l’ont démontré.
Les moyens pour répondre aux besoins des habitants sont réduits tel le budget du CCAS et nous avons dû mener bataille pour sauver le CS A.MALRAUX. Faute d’une politique de santé cohérente 21 % des patients n’ont pas de médecin traitant.
Nombre de logements demeurent inoccupés les loyers étant trop élevés et les salaires ou pensions amputés par le coût de l’énergie, des denrées alimentaires, des non-remboursements des frais de santé par la SS. Pourtant cela continue de construire partout sans que les équipements publics suivent!
Ne serait-il pas temps d'en finir avec cette politique pour les riches, 97.1 Md € de dividendes versés aux actionnaires du CAC 40 et mettre en oeuvre une politique pour l'humain accordant les moyens suffisants aux communes comme à Villepinte?
Groupe " La force citoyenne et écologique de gauche"
Nelly Roland Iriberry, Valérie Philippon-Vermond, Marie Cadaré, Claude Chirouse
Elle t’avait souvent parlé des gens de la campagne, des métiers de la terre bien plus rudes que le sien. Elle n’oubliait pas. Et se souvenait des mains calleuses de son père, de ses heures passées aux champs, à se lever très tôt le matin, simple ouvrier employé dans une ferme.
Tu voudrais ici rendre hommage aux gens de la terre, ces humbles acharnés au fond des campagnes. Ceux qui possèdent une petite exploitation, quelques arpents et animaux d’élevage. Qui vendent sur les marchés leurs produits frais. Qui se battent pour subsister et ne pas se laisser écraser par les chaînes de la grosse production. Eux, souvent délaissés.
L’époque reste, hélas, à l’éloge du mépris, sous ses airs de promesses. En attestent ces différents indices. Entre autres, cet interdit aux cultivateurs de réutiliser leurs semences, les variétés sélectionnées par eux-mêmes ou dans la lignée de l’héritage de leurs parents. On les oblige à se procurer les graines produites par les grandes firmes comme Monsanto la « dévastatrice » ou la française Limagrain. Leurs semences doivent être inscrites au « catalogue officiel » des espèces et des variétés.
Si ce n’est pas le cas, le droit de vendre, même sur le moindre petit marché, leur est refusé. Ces semences hybrides n’étant pas stables, elles sont inutilisables l’année suivante.
Prenons l’exemple de celui qui tenterait de semer à nouveau son blé : il obtiendrait pour sa prochaine récolte un peu de blé, beaucoup d’orge, de l’épeautre, voire peut-être quelques traces de seigle. Faute de pouvoir être trié, ce mélange serait invendable. Le paysan, ne parvenant donc plus à produire ses propres semences, se trouve contraint d’en acheter sans cesse de nouvelles.
De facto, les prix flambent régulièrement, au bon plaisir du semencier, c’est toujours la même logique qui se met en marche, le cercle est bien huilé. L’Institut national de la recherche agronomique a su développer des programmes de création variétale sur quantité d’espèces, organisant en parallèle des filières de semences professionnalisées, tout en incitant les agriculteurs à se procurer sur le marché des semences plus productives.
Cet essor de la grande culture au bénéfice toujours plus avantageux des industries agroalimentaires, les apports massifs d’engrais, les règlements drastiques, la conversion forcée des paysans aux cultures hybrides, cet inexorable étranglement finira par gagner.
Et la mort, déjà, de trop de petits exploitants. Mécanisation. Optimisation. Course effrénée au rendement. Produire, produire. Toujours plus. Et ceux qui se refusent à suivre la cadence, « les moutons noirs » du système. La pression des contrôles, la haute surveillance obligent, avec la bénédiction de l’État.
Si un cultivateur est pris en flagrant délit de vente artisanale d’un produit non déclaré au catalogue, il écopera d’une amende. D’un côté, les marges de profit des industries explosent ; de l’autre, les paysans isolés se battent à en crever contre la machine à rouleau compresseur. Et pourtant… sans les paysans, que serions-nous, gens de la ville ?
Les victoires ne sont pas légion pour la gauche européenne par les temps qui courent mais celle-ci est de taille : l’accession de Michelle O’Neill, vice-présidente du Sinn Féin, à la tête du gouvernement d’Irlande du Nord est un évènement de portée historique.
Non seulement elle met fin au blocage institutionnel provoqué par les unionistes ultra-conservateurs du DUP qui refusaient le résultat des élections législatives de mai 2022 (il y a 20 mois !) ; mais encore, eu égard à la popularité du Sinn Féin à la fois dans les six comtés du Nord qu’en République d’Irlande, les perspectives à moyen terme d’une unification de l’Irlande entrent dans le domaine du possible.
La présidente du Sinn Féin, Mary Lou McDonald, a déclaré que les « jours de la partition étaient comptés ». Et ce pour la première fois depuis le partage honteux de l’île sous pression de la puissance britannique en 1921.
Dans l’immédiat le gouvernement d’Irlande du Nord, qui comprend quatre ministres du Sinn Féin, devra faire face à des urgences sociales importantes qui concernent l’ensemble de la population : situation déplorable des services publics, manque d’investissement, crise du logement…
Autant de questions que l’administration directe depuis Londres sous laquelle vit la région et les unionistes ont méprisées, renforçant ainsi la crise sociale du Nord. En d’autres termes, il faut mettre fin aux politiques d’austérité des conservateurs londoniens et de leurs alliés locaux.
Il faudra également faire respecter le protocole irlandais annexé à l’accord du Brexit, établissant de facto la frontière douanière non pas entre les deux parties de l’Irlande, mais bien entre l’Irlande et la Grande-Bretagne, que les unionistes refusent, même dans sa version affaiblie par le cadre de Windsoradopté entre l’UE et le Royaume-Uni en mars 2023.
Pire, profitant du blocage institutionnel, les Torys britanniques ont adopté une « loi sur les troubles en Irlande du Nord (héritage et réconciliation) » qui empêche les poursuites judiciaires à l’encontre des soldats britanniques et des paramilitaires pour les crimes commis durant « les temps des Troubles ». 1 200 assassinats restent donc irrésolus ! Cette loi a été critiquée par le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. La victoire du Sinn Féin est aussi synonyme de justice.
Mais le Sinn Féin voit plus loin. Depuis plusieurs années, il développe une perspective transitoire pour conduire à l’unité de l’Irlande à travers une large union citoyenne irlandaise dépassant les divisions communautaires. Vingt-cinq ans après les accords de paix dits du Vendredi Saint, une nouvelle phase peut s’ouvrir.
Les services publics et l’égalité des droits sont pour le Sinn Féin le levier de la réunification : un seul système de sécurité sociale, un seul système éducatif pour tous les Irlandais permettraient de rendre concrets les bienfaits d’une république sociale irlandaise s’étendant sur l’ensemble de l’île. Bien entendu, il reste de multiples embûches sur ce chemin : en premier lieu le fait que Sinn Féin puisse arriver au pouvoir en République d’Irlande.
Les intentions de vote en vue des élections législatives prévues en 2025 sont très favorables. Les élections européennes de juin prochain devraient donner une première indication en envoyant à Strasbourg une délégation renforcée de députés européens du Sinn Féin.
Mais il faudra aussi, et surtout, compter sur les résistances britanniques, qui ne se laisseront pas aussi facilement déposséder d’un des derniers lambeaux de l’ex-empire britannique en Europe (l’autre étant les bases militaires extraterritoriales à Chypre). Enfin, les réactions de l’Union européenne sont plus qu’incertaines. La bataille est donc devant nous. Elle sera complexe, mais historique.
Car c’est bien une revendication légitime du peuple irlandais de vivre dans une république unifiée qui peut se voir réalisée au cours de la prochaine décennie. L’idée nationale portée par le Sinn Féin d’une nation civique, fondée sur une communauté politique dépassant les divisions de toute sorte, trouve ici toute sa force.
Ses racines historiques plongent dans l’héritage de la Révolution française qui a nourri les luttes du peuple irlandais contre le colonialisme britannique depuis la fin du XVIIIe siècle et la révolte des Irlandais Unis de Wolfe Tone (avec une aide militaire française), à l’insurrection de Pâques 1916 et à la proclamation de la République par Pádraig Pearse, aux apports de James Connolly qui allia émancipation sociale et politique et auxquels Michelle O’Neill a fait référence dans son discours d’investiture, aux luttes pour les droits civiques en Irlande du Nord et aux sacrifices des grévistes de la faim contre les conditions dedétention des prisons britanniques.
Une nouvelle étape s’ouvre aujourd’hui. Elle peut être décisive. Le PCF, comme il l’a toujours été, reste aux côtés du Sinn Féin et du peuple irlandais pour la réalisation de ses droits nationaux.
Comme le disait Bobby Sands, « notre vengeance sera le rire de nos enfants ».
Article publié dans CommunisteS, n°983, 14 février 2024.