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Logement. L’angoisse des mal-logés à l’approche de la fin de la trêve
Dans une circulaire adressée aux préfets, la ministre du Logement a précisé que les ménages fragiles doivent être épargnés. Une demande non contraignante. Diane Grimonet/Hans Lucas
L'Humanité Lundi 31 Mai 2021
En amont du 1er juin, un nombre croissant de personnes menacées d’expulsion, pauvres de longue date ou précarisées par la crise sanitaire, viennent chercher de l’aide à l’espace Solidarité Habitat de la Fondation Abbé-Pierre. REPORTAGE
Rafik pose sur la table une grande pochette jaune remplie de papiers administratifs et juridiques. Entre des fiches de paye et des quittances de loyer, il en sort le commandement à quitter son appartement, le 21 juin, qu’un huissier a déposé dans sa boîte aux lettres. « J’avais arrêté la cigarette, mais là, j’ai repris. C’est le stress. J’ai peur », glisse d’une petite voix l’homme d’une cinquantaine d’années. Le cou serré dans une minerve, il évoque les problèmes de santé qui se sont multipliés depuis qu’il vit dans l’angoisse d’être chassé de chez lui.
Alors que se profile la fin de la trêve hivernale, il est venu chercher de l’aide auprès des juristes qui assurent tous les matins une permanence à l’espace Solidarité Habitat de la Fondation Abbé-Pierre (ESH-FAP). Sa procédure d’expulsion avait démarré avant le Covid. « Vous savez pourquoi je vais être expulsé ? Moi j’ai toujours payé mon loyer. Mais la petite-fille du propriétaire a eu son bac et elle veut venir s’installer là. Ils vont me mettre dehors », explique-t-il en pleurant.
Accumulation de dettes
La situation locative de Rafik, déjà mal partie, a encore été aggravée par la crise sanitaire. Pendant dix ans, il a travaillé comme pianiste. Avec ses revenus et 350 euros d’aide au logement (APL), il parvenait sans trop de souci à acquitter les 871 euros de loyer de son 30 m2, dans le 14e arrondissement de la capitale. Mais, depuis mars 2020, tout s’est écroulé. « Avec le Covid, je n’ai plus rien fait. Je suis chez moi depuis un an. C’est la première fois que je me retrouve dans cette situation, c’est pour ça que j’ai commencé à faire chauffeur Uber », raconte-t-il. On lui fixe un rendez-vous pour faire une demande et obtenir le statut droit au logement opposable (Dalo). La bénévole tente de le rassurer : l’expulsion n’est pas pour tout de suite, il n’est pas en fin de procédure. « Vous avez un bon dossier », plaide-t-elle. « Merci beaucoup, vous me donnez un tout petit espoir. Une lueur », souffle-t-il, soulagé.
Les effets de cette crise vont se faire sentir pendant un certain nombre d’années, c’est certain. SAMUEL MOUCHARD Directeur de l'ESH
« Nous n’avons pas encore de chiffres, mais il y a plus d’appels que les années précédentes, souligne Samuel Mouchard, qui dirige l’ESH. Il y a des personnes en situation de précarité, comme avant la crise, mais s’y ajoute des locataires déjà fragiles qu’elle a fait basculer. Ceux-là, on commence tout juste à les voir : il y a un décalage entre le début du confinement et le moment où ils viennent demander de l’aide parce que les problèmes s’accumulent. Les effets de cette crise vont se faire sentir pendant un certain nombre d’années, c’est certain. »
50 appels par jour
Chargée de répondre au téléphone et de remplir les fiches de renseignements, parmi lesquelles les juristes vont prioriser les rendez-vous, Mirela Gheorghé confirme cet emballement : « Depuis deux mois, le nombre d’appels a doublé. En ce moment, j’en reçois 50 par jour. Et ce sont des appels pas faciles, qui nécessitent parfois de prendre du temps, parce que les gens sont très mal. »
Vincent fait partie de ce nouveau public que la crise du Covid a amené à pousser la porte de la FAP. « Je suis électricien. Depuis 2010, je travaille à Roissy, comme intérimaire. Mais, en février 2020, j’ai eu le Covid. Depuis, l’aéroport a fermé et l’activité s’est réduite », explique-t-il. Ses revenus sont brutalement passés de 1 900 euros à 900 euros et même 87 euros, certains mois, en raison des calculs de l’Assédic. Pas assez pour payer les 700 euros de loyer du HLM de 66 m2 où il loge avec trois de ses filles dont il a la charge.
Écouter, rassurer, guider
Les dettes se sont accumulées et, il y a deux mois, il a reçu un premier commandement à payer, suivi d’une convocation au tribunal pour le 4 juin. Avec un nouveau travail, qu’il a commencé il y a deux mois, sa situation pourrait s’éclaircir. Anne Caillet, la juriste qui travaille pour la FAP, lui indique les pièces à réunir pour faire une demande d’aide juridictionnelle et lui donne le contact d’un des avocats du réseau qui va l’assister pendant la procédure.
Les gens sont perdus. Le droit du logement est très compliqué.MARIE-MADELEINE Bénévole
Écouter, rassurer et surtout guider. « Il ne faut surtout pas arrêter de payer votre loyer. Versez au moins un tiers de vos revenus, pour prouver votre bonne foi », recommande Anne Caillet. « Ne vous inquiétez pas, l’huissier va venir, mais c’est juste pour constater que vous êtes encore là », dit-elle à un autre demandeur. En même temps que les démarches pour éviter ou ralentir l’expulsion, il faut parfois lancer des procédures pour dette auprès de la Banque de France, relancer la CAF pour les APL. Il y a un nombre sans fin de pièces à fournir et de démarches à faire.
Des situations ubuesques
« Les gens sont perdus. Le droit du logement est très compliqué », explique Marie-Madeleine, une bénévole qui assiste la juriste une matinée par semaine. L’objectif : gagner du temps pour trouver un relogement. « Le problème, c’est qu’il n’y a pas de solution de sortie, explique Samuel Mouchard. Les places d’hébergement sont saturées et les solutions de logement durables sont de plus en plus rares, parce que les taux de rotation dans le parc HLM ont baissé. Quant au privé, on ne conseille même pas d’aller voir de ce côté-là. Les ressources sont tellement déconnectées des prix des loyers à Paris… »
Certaines situations s’avèrent ubuesques. Le dossier de Khadija, une vieille dame un peu forte avec de grosses lunettes à double foyer et un hidjab rose, est si énorme qu’elle l’a apporté dans un chariot. En 1994, cinq ans après son arrivée en France, elle divorce et fait mettre à son nom le bail du studio qu’elle occupait avec son mari. À la mort du propriétaire, en 2002, elle cherche en vain un successeur pour continuer à payer son loyer. Mais en 2018, catastrophe, elle est assignée devant le tribunal. Elle découvre alors que son logement a été vendu en 1997, sans que jamais personne ne l’en ait avertie.
Pour la justice, elle est désignée comme squatteuse. Elle fouille dans son dossier, pleure, affolée. Le concours de la force publique pour son expulsion a été accordé dès le 31 mars 2020. Elle doit son sursis à la prolongation de la trêve pendant la pandémie. Cette fois, c’est fini. On lui propose un relogement en résidence sociale. Elle comprend maison de retraite et fond en larmes. « Moi, j’ai toujours compté que sur moi, j’ai trop travaillé », chuchote-t-elle. « Vous n’avez pas vraiment le choix, lui explique la juriste. Je vous mets la pression, je ne fais pas ça par plaisir, mais là, si vous refusez, c’est l’expulsion. »
« Je ne saurais pas vivre à la rue »
« Qu’est-ce que j’ai peur », murmure Patrick. Lui, ses problèmes ont commencé en 2012, quand il a eu son cancer. Médecins, hospitalisation, plus de travail, plus de revenus. L’ancien architecte, cheveux blancs mi-longs soigneusement lissés, n’a plus été en mesure de payer le HLM de Paris Habitat, où il habite depuis 1968 et qui lui a été transmis au décès de ses parents. Il a accumulé 10 000 euros de dettes et a reçu, le 22 mars, un commandement à quitter les lieux, effectif dès le 1er juin.
« Je suis au minimum vieillesse, mais j’ai un toit sur ma tête. C’est la seule chose que j’avais. Je ne saurais pas vivre à la rue », confie-t-il dans un sanglot. Il énumère ses problèmes de santé : nodules, rupture des tendons d’Achille, problèmes pulmonaires… À ses ennuis s’ajoute une dette qu’on lui réclame tout à coup, pour une société en faillite depuis 1992 et dont il n’était qu’associé. « Il faut être dedans pour comprendre ce que c’est, la misère. Ce que c’est que les gens qui ne peuvent même pas se soigner. Moi, les dents, je ne peux plus. » Il regrette d’avoir tardé à demander un logement plus petit : « Hélas, quand tout va bien, on ne sait pas, dit-il. On est égoïste. »
Vision Commune
Des milliers de personnes face au miroir du présent, venues honorer et célébrer, pour les cent cinquante ans, la trace unique de la Commune de Paris.
Au pied du Mur, nous vîmes des visages, des poings dressés, des paroles, des chants, de la joie retrouvée en partage et ces petits riens et ces grands touts qui témoignent de l’écume du temps. Des milliers de personnes face au miroir du présent, venues honorer et célébrer, pour les cent cinquante ans, la trace unique de la Commune de Paris, cette mémoire vivante des communardes et des communards qui tient une place à part dans nos vies.
Pas de nostalgie. À peine le souffle frissonnant de la mélancolie. Mais d’abord et avant tout, en pleine conscience, quelque chose qui dépasse la simple rêverie d’un monde meilleur rehaussé par l’Histoire avec un grand H: la permanence des idées, l’irascible lutte pour le bien social, le combat révolutionnaire!
Il fallait y être, samedi, dans cette «montée» républicaine vers le Père-Lachaise, puis dans cette pause groupée au Mur des fédérés, silhouettes agglomérées et soudain dressées «à l’assaut du ciel». Figures riantes et émues, aux yeux bordés de reconnaissance d’un bonheur collectif si puissant qu’un élan politique – un vrai – semblait remonter des tréfonds du peuple et de ses pas en avant.
Comprenons bien. Ce n’était pas le seul surgissement du passé qui réchauffait les cœurs jusqu’aux larmes. Non, c’était l’action d’aujourd’hui conjuguée au futur. Quand nous lisons : « J’aimerai toujours le Temps des cerises », en tant que permanence et inspiration.
Quand Louise Michel est citée : « Ce n’est pas une miette de pain, c’est la moisson du monde entier qu’il faut à la race humaine, sans exploiteurs et sans exploités. » Quand ces héros de justice nous parlent encore, nous obligent ici-et-maintenant, éclairés par le couteau bavard de leurs plaies.
L’héritage en ampleur s’impose à nous : ce besoin de création sociale plus que jamais. Ce devoir d’inventer un élan populaire qui relève l’ambition. Et savoir revisiter le creuset où naquirent des lois sociales, des institutions propres à décourager la lutte des places et les conflits d’intérêts, une démocratie dont les enseignements restent inépuisables.
Voilà l’honneur de la Commune, qui réside dans son actualité brûlante. Tout autant que l’Empire, elle est l’antithèse absolue de la France macronienne, en pleine dérive ultradroitière. Cette longue lignée du « peuple par le peuple » nous pousse dans le dos…
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 31 mai 2021.]
Publié par Jean-Emmanuel Ducoin
Des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres
Uber : Le marteau du juge a encore frappé !
La Cour d’appel de Paris vient de reconnaitre l’existence d’un lien de subordination entre la plateforme Uber et ses chauffeurs. Dans la droite ligne de l’arrêt rendu le 4 mars 2020 par la Chambre sociale de la Cour de Cassation, les juges réaffirment la qualité d’employeur de la plateforme Uber. Les discours de la compagnie américaine sur la pseudo-liberté laissée à leurs travailleurs ne prennent pas devant les juges : les chauffeurs VTC de la plateforme sont des indépendants fictifs.
Si les plateformes de travail comme Uber prétendent n’être que des intermédiaires entre des travailleurs dits indépendants et des clients, alors que ce sont elles qui pensent, dirigent, organisent et tirent profit de l’activité proposée en ligne, ce n’est que pour une chose : ne pas avoir à assumer leurs responsabilités d’employeur. Pas de respect du droit du licenciement, pas d’élus du personnel, de Comité social et économique ni de négociations collectives, pas de financement des cotisation sociales… Combien de temps allons-nous laisser faire ?
Ce n’est pas la première décision qui condamne l’entreprise Uber et ses comparses. En France et en Europe, une vague de requalification s’abat sur les plateformes de travail. Pourtant, elles continuent leurs activités comme si de rien était.
Pour que la surexploitation de ces travailleurs cesse, il est temps que le gouvernement agisse !
À l’image de ce que la ministre communiste du travail Yolanda Diaz a fait en Espagne pour les livreurs des plateformes, Fabien Roussel, candidat du PCF à l’élection présidentielle, propose d’instaurer une présomption de salariat qui contraindra les plateformes à respecter la législation sociale. Ces entreprises doivent cesser de résister au marteau du juge, et appliquer, comme toutes les entreprises et tous les citoyens, les lois de notre pays.
Barbara Gomes, conseillère PCF de Paris et Ian Brossat, porte-parole du PCF
NEET
Une étude de l’Insee parue le 26 mars détaille la situation des 15 à 29 ans sans diplôme, de plus en plus marginalisés sur le marché du travail.
Les jeunes sont les premières victimes de l’impact économique de la crise sanitaire. Entre 2019 et 2020, la part des 15-29 ans à n’être ni en emploi, ni en études, ni en formation, également appelés Neet (pour « neither in employment nor in education or training »), qui comptait déjà 1,5 million de personnes en 2019, a augmenté de 1,1 point.
Ils sont désormais 13,5 % de l’ensemble de cette classe d’âge, selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée le 26 mars. Cette hausse est due en premier lieu à la baisse du nombre de jeunes qui travaillent.
« Les chiffres montrent ce que l’on savait. La crise sanitaire a renforcé les difficultés d’entrée sur le marché du travail. Et, en période de crise, ce sont les jeunes, surtout quand ils sont sortis du système d’éducation sans diplôme ni formation, qui servent de variable d’ajustement », commente Antoine Dulin, en charge de la jeunesse au Conseil économique, social et environnemental.
Le déclin de la main-d’œuvre non qualifiée
Tous les Neet ne sont pas égaux. Leur proportion « croît fortement avec l’âge », souligne l’Insee. En 2019, ils étaient ainsi moins de 3 % avant 17 ans, en raison de la scolarité obligatoire, pour atteindre un jeune sur cinq entre 24 et 29 ans.
Cette augmentation au fil des années traduit l’enracinement dans le chômage des jeunes non diplômés, qui ont de plus en plus de mal à entrer dans un monde du travail où la main-d’œuvre non qualifiée est en déclin. L’entrée plus rapide en emploi de ceux qui sortent d’études après 20 ans est une autre donnée qui illustre la mise à l’écart des non-diplômés.
Les chiffres révèlent aussi la plus grande difficulté des femmes à s’insérer. « Jusqu’à 21 ans, les femmes, plus fréquemment scolarisées, sont moins souvent Neet que les hommes », note l’Insee.
En revanche, à partir de 22 ans, et malgré une scolarisation plus longue, les femmes sont plus nombreuses à appartenir à cette catégorie. Cette différence s’explique en grande partie par la naissance d’enfants, qui continue de les éloigner du marché du travail.
La chaîne de protection sociale a failli
Le gouvernement n’est pas resté inactif face à l’augmentation des difficultés d’insertion créées par la crise. Dans le cadre du plan « Un jeune, un emploi », un peu moins de 7 milliards d’euros ont été mis sur la table, en partie pour augmenter le nombre de bénéficiaires de la garantie jeunes, mais surtout pour aider les entreprises qui prennent des jeunes en apprentissage.
« Mais ces dispositifs sont éparpillés. Ça crée un effet mille-feuille peu lisible, qui ne facilite pas l’accès au droit. Du coup, on pourra déjà s’estimer heureux si on atteint le chiffre de 200 000 garanties jeunes annoncées. On aurait mieux fait de travailler sur une aide globale », estime Antoine Dulin.
Centrées sur le seul accès à l’emploi, les aides laissent aussi de côté tous ceux, le plus souvent issus des classes populaires, qui, faute de soutien familial, n’ont plus rien pour vivre. « L’exécutif s’est engagé dans des mesures conjoncturelles importantes, mais qui passent à côté de la massification du problème.
Il manque clairement un maillon dans la chaîne de protection sociale », souligne Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Cette extrême précarité à l’entrée dans la vie active risque pourtant de fragiliser durablement les parcours de ceux qui sont déjà en bas de l’échelle sociale. Avec comme conséquences un enracinement dans la pauvreté et un accroissement des inégalités.
INVITATION
Réforme des études de santé : un écran de fumée !
Publié le 26/05/2021 par PCF
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’est exprimée face au Sénat le mercredi 19 mai au sujet de la réforme des études de santé. Pour Frédérique Vidal, la réforme modifiant les conditions de passage en seconde année permettrait de mettre fin à un système qui conduisait à plus de 60 % des candidats et des candidates sans reconnaissance d’acquis après deux ans d’études. Si cette volonté peut paraître louable, force est de constater que dans les faits la réalité est tout autre.
Alors que le gouvernement avait annoncé la fin du “numérus clausus”, entre la première et la seconde année, au profit du “numérus apertus”, c’est une autre forme de sélection qui s’est mise en place. Ce sont les universités qui vont fixer localement le nombre d’étudiants et d’étudiantes sélectionnées pour la seconde année, en fonction du nombre de places dont elles disposent, en lien avec les besoins de l’Agence régionale de santé.
De plus, la fin du redoublement a été signée avec la réforme, nombre d’étudiants et d’étudiantes en première année de PASS seront forcés de se réorienter dans une licence ne correspondant pas à leur aspiration ou de changer d’université.
Le nombre de places en filière en études de santé n’augmente pas suffisamment. Le gouvernement a annoncé 16 700 places en seconde année d’études de santé, soit seulement 1 700 places en plus comparé à l’année précédente. Au-delà de ça, le nombre maximal d’étudiants et d’étudiantes redoublant de l’ex PACES qui pourront entrer en seconde année a été fixé à 6 511, soit un nombre dérisoire de deux places supplémentaires.
Les effets d’annonce sur la diminution des déserts médicaux et la volonté de mettre fin au manque de personnels soignants s’avèrent être un tissu de mensonges. Il faut aller plus loin que le simple remplacement des personnels de santé actuels.
L’UEC demande :
- L’ouverture de places supplémentaires par milliers dans les formations en santé et ce dès la première année, afin de former à grande échelle le futur personnel de santé de demain dont la société a besoin.
- Le droit au redoublement en PASS
- La construction de locaux et le recrutement d’enseignants et d’enseignantes afin de répondre à ce besoin d’ouverture de places dans les formations et fournir des formations
Défaite historique de la droite au Chili
INTERNATIONAL Publié le 26/05/2021 par PCF
Le processus électoral, entamé le 25 octobre 2020 avec le référendum qui avait massivement adopté le processus de réécriture de la Constitution par une assemblée constituante s’est poursuivi au Chili les 15 et 16 mai 2021.
Durant ce week-end, les Chiliens étaient appelés à voter pour leurs représentants à l’Assemblée constituante mais aussi pour l’élection des conseillers municipaux, des maires et des gouverneurs de région, pour la première fois élus au suffrage universel direct. Il faut se rappeler que ce processus électoral avait été obtenu après des mois et des mois de manifestations et de mobilisations sociales fin 2019.
La première « leçon » de ces scrutins des 15 et 16 mai est la défaite de la droite. En effet, malgré le rassemblement de tous les mouvements de droite et d’extrême droite, des ultra-libéraux aux nostalgiques de la dictature, « Chile Vamos » ne disposera pas du tiers bloquant à l’Assemblée constituante et ne disposera donc d’aucune possibilité de rejeter seul quelconque article de la nouvelle Constitution.
La deuxième « leçon » est l’avancée spectaculaire des femmes en politique avec une assemblée constituante totalement paritaire où les femmes ont été plébiscitées. D’ailleurs 11 femmes élues ont été obligées de céder leur place à des hommes pour permettre la parité de l’Assemblée. Cette obligation de parité avait été obtenue de longue lutte de la part des organisations féministes et étudiantes très présentes dans les mouvements sociaux.
La troisième « leçon » est la victoire des « indépendants », ces différentes coalitions qui rejetaient les partis politiques mais pour une grande majorité, issues des mouvements sociaux, de la mobilisation citoyenne de 2019. Des coalitions que beaucoup d’observateurs s’accordent à décrire comme des coalitions majoritairement de gauche mais qui refusent d’entrer dans les partis politiques existants.
La quatrième « leçon » est l’importante progression de l’influence du Parti communiste chilien avec sa participation dans la coalition « aprueba dignidad » avec le Frente Amplio (front large) et la CUT (une organisation syndicale). Coalition qui aura 28 sièges à la constituante et qui représente 18 % des voix. Un score qui les place première coalition de gauche devant la liste aprueba constituée des sociaux-libéraux et de la démocratie-chrétienne.
Cette assemblée constituante a maintenant au moins 9 mois de travail pour changer le Chili et en finir avec la Constitution de Pinochet. Ces élections marquent déjà un profond changement, la représentation directe du mouvement social, de la « société civile » organisée, des peuples indigènes, des représentants des partis politiques, d’organisations syndicales, et tout cela bouleversé par le rajeunissement et la féminisation des représentants.
La progression du Parti communiste chilien a été marquée par la réélection, avec plus de 64 % des voix, de Daniel Jadue comme maire de Recoleta, et l’incroyable victoire de Iraci Hassler, jeune femme militante communiste et féministe, nouvelle maire de Santiago, la capitale du Chili de près de 5 millions d’habitants.
Ce week-end marque inévitablement un virage vers la construction d’un nouveau Chili et une défaite historique de la droite. Ce long processus électoral va se poursuivre avec l’élection présidentielle le 21 novembre 2021.
Cécile Dumas
responsable adjointe du secteur international du PCF
Dettes. La limitation des déficits à 3 % enfin ébranlée
L'Humanité Samedi 22 Mai 2021
Dans une note du Conseil d’analyse économique, rattaché à Matignon, trois chercheurs proposent de changer les règles de résorption des déficits. Une idée qui pourrait inspirer la présidence française de l’Union européenne, début 2022, mais qui reste encore insuffisante.
La règle des 3 % n’a plus la cote, même chez les libéraux. Depuis le traité de Maastricht de 1992, les États membres de l’Union européennes sont tenus de ne pas avoir un déficit public excédant 3 % de leur produit intérieur brut et une dette publique supérieure à 60 % de ce même PIB. Des chiffres qui ont explosé à deux reprises, ces dernières années. D’abord, lors de la crise financière de 2007-2009, puis du fait de la contraction de l’activité économique consécutive à la pandémie de Covid-19. Cela fait dire aujourd’hui au Comité d’analyse économique (CAE), qui travaille pour le premier ministre français, que les règles européennes devraient être changées.
Donner des gages à l’Allemagne
Au moment où celles-ci ont été inventées, en 1992, il a fallu, alors qu’allait être introduit l’euro, donner des gages à l’Allemagne, pays qui refuse toute monétisation de la dette – c’est-à-dire que les banques centrales prêtent aux États. Selon Berlin, une telle monétisation risquait de nourrir l’inflation. Or, une forte inflation conduit à diminuer les taux d’intérêt réels, donc la rentabilité du capital. L’entourage de François Mitterrand avait alors arbitrairement fixé la norme de déficit à 3 % de PIB.
À lire sur le sujet : 10 mai 1981. À gauche, de l’espoir à la désillusion
Dans la note publiée par le CAE en avril dernier, les économistes Philippe Martin, Jean Pisani-Ferry et Xavier Ragot font valoir, pour proposer un changement, que l’état de la recherche en matière économique a changé. À l’époque, il existait un « doute quant à la capacité des politiques budgétaires à promouvoir la croissance nationale ». Aujourd’hui, plus personne ne refuse de renoncer à l’idée d’une relance budgétaire. Dès octobre 2019, le président français, Emmanuel Macron, déclarait dans un entretien à « The Economist » : « Nous avons besoin de plus d’expansionnisme, de plus d’investissements. L’Europe ne peut pas être la seule zone à ne pas le faire. »
L’autre « idée dominante », disent les auteurs de la note du CAE, était que la hausse du déficit budgétaire d’un pays de la zone euro faisait augmenter les taux d’intérêt dans l’ensemble des pays, pénalisant ainsi l’investissement. Là aussi, à l’heure où les taux d’intérêt sur la dette n’ont jamais été aussi bas, notamment grâce au rachat d’une part de la dette des États par leur banque centrale – environ 25 % pour la France –, et que l’inflation reste en deçà de la cible des 2 % annuelle, l’argument ne tient plus. « La charge d’intérêt nominale des pays de la zone euro, qui était voisine de 4 % du PIB en 1999, n’était que de 1,6 % du PIB en 2019 », font valoir les économistes.
Gagner en souplesse pour investir
Surtout, presque plus aucun État ne tient ses engagements. Dans la zone euro, selon Eurostat, le déficit public s’élève à 7,2 % du PIB et la dette publique, à 98 %. La note demande de n’enclencher une réduction de l’endettement que lorsque les pays auront retrouvé leur PIB par habitant d’avant la crise.
À l’avenir, il est proposé de trouver d’autres critères fondés sur la « soutenabilité de la dette ». Les États se verraient obligés de définir une cible de dette publique à cinq ans qui corresponde à leur capacité à empêcher qu’elle ne s’envole, en fonction de leur croissance potentielle, de leur solde primaire, du poids des charges d’intérêt sur le PIB. Les États gagneraient donc en souplesse pour investir. Ces critères permettront d’utiliser notamment les marges de manœuvre que sont les taux d’intérêt bas. Cette note pourrait inspirer la présidence française de l’Union européenne, de janvier à juin 2022. Pas sûr, toutefois, que Berlin accepte une telle évolution.
Il faut développer en grand les services publics, et soumettre l’investissement des entreprises au développement de l’emploi et de la formation.FRÉDÉRIC BOCCARA Économiste
Ce qui est proposé est un changement, certes, mais pas une révolution. Car demeure l’idée qu’il faut un frein à l’endettement, une limitation des investissements publics. De plus, qui dit dette dit « quelle utilisation ? » En France, en 2018, les entreprises ont bénéficié de pas moins de 37,1 milliards d’euros d’exonérations de charges diverses. Cela représente 62 % du déficit public de cette année-là, où il s’établissait à 59,6 milliards d’euros. Il faut, selon l’économiste communiste Frédéric Boccara, « une autre utilisation » de l’argent, « c’est-à-dire développer en grand les services publics, et soumettre l’investissement des entreprises au développement de l’emploi et de la formation ».
Qui dit dette dit également « comment la financer » ? Or, du fait du refus idéologique de la BCE d’acheter directement de la dette aux États, ces derniers se retrouvent à payer des intérêts exorbitants aux marchés financiers. « Actuellement, chaque année, l’État verse près de 40 milliards de charges d’intérêt, soit l’équivalent du budget de l’enseignement scolaire », estime l’économiste communiste. Payer ou enseigner, il faut choisir.