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politique

31 Janvier 2024, 08:12am

Publié par PCF Villepinte

 

Logement, santé, climat : ce qu'il faut retenir de la déclaration de politique générale très à droite de Gabriel Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce son discours de politique générale avant un débat à l'Assemblée nationale à Paris, France, le 30 janvier 2024. © REUTERS/Sarah Meyssonniere

Le premier ministre a tenu, ce mardi, sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale. Avec plusieurs annonces, en particulier sur le travail et la sécurité, et la réduction des droits comme ligne de conduite.

L'Humanité Florent LE DU

À droite toutes.

Après une longue et creuse allocution sans fond, bourrée de slogans vides – « La France ne sera jamais un pays qui subit », « France rime avec puissance » –, Gabriel Attal a finalement montré le cap qu’il comptait tenir. Celui d’une casse sociale appauvrissant toujours plus les plus démunis ; d’un autoritarisme marchant sur les pas de la droite et son extrême ; et d’une incapacité à prendre la mesure de l’urgence écologique.

« Gabriel Thatcher a pris la parole. Rien pour les travailleurs, rien pour les agriculteurs, rien pour les services publics. Rien pour alléger nos factures. C’est la France qui s’appauvrit », a réagi Fabien Roussel, secrétaire national du PCF à l’issue de cette déclaration de politique générale. « C’est un mix entre le libéralisme de Thatcher et le militarisme des anciennes dictatures de l’Est », abonde l’écologiste Sandra Regol.

Les quatre groupes parlementaires de gauche n’ont pas tardé à déposer une motion de censure. Pour la soutenir, ils ne manqueront pas d’arguments. Car, si les annonces du premier ministre en direction des agriculteurs ont été rares, Gabriel Attal a en revanche promis une quinzaine de mesures, qui font souvent froid dans le dos.

Travail : rendre les salariés corvéables

Une bonne partie de son allocution, Gabriel Attal s’est comporté en exécuteur testamentaire d’Emmanuel Macron, dressant un bilan laudateur de son action depuis sept ans. En particulier sur le travail, avançant un taux de chômage qui serait le plus bas « depuis vingt-cinq ans »… En omettant que le chiffre est le fruit des réformes de l’allocation-chômage retirant leurs droits à plusieurs milliers de sans-emploi. Et Gabriel Attal ne compte pas s’arrêter là.

Dans le but de « réinterroger notre modèle », il veut supprimer l’allocation de solidarité spécifique (ASS) qui prolonge l’indemnisation du chômage tout en cotisant jusqu’à la retraite pour les privés d’emploi les plus âgés. « Ce sont des annonces qui risquent de tiers-mondiser la France », alerte Fabien Roussel.

Une mesure terrible socialement, qui faisait débat au sein même de la majorité, dans les coursives de l’Assemblée nationale, mardi. Les quelque 400 000 bénéficiaires de cette ASS ne toucheraient alors plus que le RSA… Et devront travailler pour cela ! En effet, Gabriel Attal souhaite qu’en 2025, les allocataires du RSA soient, dans tous les départements, contraints à une activité de quinze heures hebdomadaires.

Par ailleurs, le premier ministre fait peser une nouvelle épée de Damoclès sur l’assurance-chômage, indiquant qu’en cas de trajectoire financière négative, il adresserait « une lettre de cadrage » aux partenaires sociaux. Une façon de tordre le bras à ces derniers pour réduire les droits des chômeurs. Enfin, le Code du travail pourrait encore perdre en épaisseur, Gabriel Attal promettant une « nouvelle étape » aux ordonnances de 2017, dont les effets sur la protection des salariés ont été destructeurs.

Autorité : la lune de miel avec le RN se poursuit

Clamant un « réarmement civique », Gabriel Attal se veut un chantre de l’autorité, enchaînant des slogans qui sentent bon la naphtaline et le paternalisme : « Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : ”Tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies ; tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter.” »

Il promet des « sanctions adaptées pour les mineurs de moins de 16 ans » en créant des « travaux d’intérêt éducatif », sorte de travaux d’intérêt général (TIG), qui ne peuvent être prononcés pour les moins de 16 ans. Des TIG qui pourraient en revanche être distribués aux parents d’enfants commettant des délits.

Un mépris du droit et de la morale. Comme une réponse uniquement autoritaire, jamais sociale, aux révoltes de juin 2023 après la mort du jeune Nahel à Nanterre. « Nous avons un gouvernement totalement déconnecté et qui a un rapport uniquement autoritaire avec la jeunesse », a ainsi fustigé l’insoumis Louis Boyard.

Logement : le social va perdre du terrain

En pleine crise du pouvoir d’achat, le premier ministre ne pouvait rester silencieux sur une dépense qui correspond à un tiers du budget des ménages : le logement. Il assure qu’il va doper l’offre par un choc des normes : « Revoir les DPE, simplifier l’accès à MaPrimeRénov’, faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage, accélérer les procédures. » Dans une vingtaine de territoires, les formalités seront accélérées pour créer 30 000 logements en trois ans, sur le modèle de ce qui a été fait à l’occasion des jeux Olympiques.

Mais, alors même que Gabriel Attal assure « soutenir le logement social », il prévoit de revenir sur le plancher de 25 % par ville, prévu par la loi SRU. Ce, au prétexte de « soutenir les couches moyennes » (dont beaucoup restent éligibles au logement social, comme 80 % de la population) en intégrant les logements intermédiaires à ce plancher de 25 %. Le tout en nourrissant un discours opposant ces dernières aux classes populaires.

Santé : régulariser les médecins, laisser tomber les malades ?

Tout en maintenant son cap droitier que « la lutte contre l’immigration illégale doit continuer à s’intensifier », Gabriel Attal veut régulariser nombre de médecins étrangers et même « nommer un émissaire chargé d’aller (les) chercher ». « Le comble du cynisme, dénonce le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Ne pas régulariser les travailleurs premiers de corvée et sans papiers, mais envoyer un émissaire dans les pays étrangers pour les piller de leurs médecins. »

D’autant que, dans le domaine de la santé et de l’immigration, Gabriel Attal veut aussi s’attaquer à un droit essentiel pour les exilés qui n’ont pas la chance d’être médecins, en réformant l’aide médicale d’État comme l’exigent LR et le RN.

Par ailleurs, le premier ministre n’a apporté aucune réponse aux hôpitaux publics saturés, aux déserts médicaux, à la pénurie de médicaments. Il a préféré taper sur les patients avec une mesure anti-lapins : « Je souhaite un principe simple : quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye. »

Climat : satisfait de son inaction, Attal tape sur les écologistes

Fustigeant ce qu’il nomme comme l’extrême droite « l’écologie punitive », Gabriel Attal assure : « On ne fera pas l’écologie sans le peuple. » Ce qui n’a pas posé de problème de conscience à l’exécutif au moment de réformer les retraites.

Faut-il en conclure tout simple que le gouvernement « ne fera pas l’écologie » tout court ? En assurant soutenir une « écologie des solutions », ou « écologie à la française », son objectif a surtout été de caricaturer la gauche et les écologistes qui voudraient, selon lui, « une écologie de la brutalité ».

Concrètement, hormis la création d’un « service civique écologique qui rassemblera 50 000 jeunes prêts à s’engager pour le climat » et un plan de réduction du plastique pour 50 groupes industriels, Gabriel Attal n’a fait aucune annonce précise. Préférant se réfugier derrière des slogans – « oui, nous ferons rimer climat avec croissance » –, qui dénotent surtout un grave manque d’ambition.

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Confirmation

31 Janvier 2024, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

Confirmation

Réarmer. Après Emmanuel Macron lors de sa conférence de deux heures trente, voilà le maître mot de son premier ministre, Gabriel Attal. Certes, il y avait, dans les premières minutes de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, des grands mots.

Affronter pour renforcer, vaincre le doute, reconquérir notre souveraineté… Il y en avait même tant que, pour reprendre un vers d’Aragon, « on ne savait lesquels croire ». Ah oui, 2024 sera une grande année avec la réouverture de Notre-Dame, l’anniversaire du débarquement de 1944, et l’accueil des jeux Olympiques et Paralympiques. Avec, à la manœuvre, l’actuelle ministre de l’Éducation nationale et des Sports ?

On ne saurait être déçus par le discours du premier ministre. À dire vrai, on n’en attendait rien. On eut en revanche une confirmation, celle de l’orientation très à droite de ce nouveau gouvernement. La France qui travaille, trop riche pour toucher les aides qui vont à ceux qui ne travaillent pas, mais pas assez pour vivre correctement.

L’extension du RSA sous condition, la poursuite de la réforme des allocations-chômage, le durcissement de la lutte contre l’immigration illégale, la réforme de l’aide médicale d’État, des sanctions renforcées pour les jeunes en perte de repères et leurs parents…

Tout ce que la droite et l’extrême droite entendent très bien, quand bien même elles feignent de ne pas avoir reçu les messages. Mais le premier ministre n’a pas parlé salaires, il n’a pas parlé inégalités, il n’a pas parlé dividendes ; sur l’environnement, il a choisi de stigmatiser ce qui serait une écologie punitive. Mais qui pollue le plus, des riches et super-riches ou des Français modestes ?

Il ne suffit pas de parler devant des bottes de paille et d’accélérer quelques aides pour que les tracteurs fassent demi-tour. On est loin du compte. Gabriel Attal s’est inscrit clairement, et de plus en plus à droite, on l’a dit, dans la continuité de la politique d’Emmanuel Macron depuis 2017.

Gilets jaunes, retraites, émeutes urbaines, révolte des agriculteurs, des riches toujours plus riches et des enfants dormant dans nos rues… Tout va bien, on réarme.

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Produire en France un véhicule électrique populaire

30 Janvier 2024, 08:21am

Publié par PCF Villepinte

Produire en France

un véhicule électrique populaire

Ce vendredi 19 janvier, Léon Deffontaines, tête de liste PCF aux européennes, et Jacques Baudrier, responsable de la commission Mobilités, se sont rendus devant l’usine Renault de Flins, dans les Yvelines, pour défendre la production en France de la remplaçante de la Twingo électrique, la « Twingo Legend ».

À l’instar de la Renault 5, le constructeur automobile continue de miser sur le « revival » des voitures populaires de la marque. La Legend sera produite en 2025-2026, au tarif plus accessible que la moyenne des prix des véhicules du marché. L’entreprise l’annonce sous la barre symbolique des 20 000 euros. C’est une étape importante vers l’adoption massive de l’électrique en France.

Nous défendons le passage dans les prochaines années de l’usage majoritaire du thermique à l’électrique. Même si la part de l’automobile dans les déplacements baissera à l’avenir du fait de l’augmentation des déplacements en train, produire en gros volumes des véhicules électriques à des prix très abordables est un objectif stratégique.

La Twingo Legend coche a priori toutes les cases : Un petit format, une voiture légère, une petite batterie pour soutenir une consommation annoncée très basse. Le hic : ces voitures seraient produites en Slovénie, dans les usines de Novo Mesto, là où est produite l’actuelle Twingo électrique et sa version thermique.

L’intensité carbone moyenne de la production est d’environ 150 kg eqCO2 émis pour 1 000 € de production en France. C’est environ le double en Slovénie, le triple en Slovaquie, Tchéquie ou Roumanie, et 5 à 6 fois plus en Pologne ou en Chine.

Le choix de Renault est incompréhensible, puisque la France est tout à fait capable de produire cette nouvelle voiture. La Zoé est produite à Douai, dans le Nord, et le reste des véhicules électriques à grosse marge est produit à Flins.

Il faut faire en Europe et en France ce que le Japon a su faire au sortir de la guerre pour des raisons différentes : promouvoir, avec l’appui de la puissance publique, la production de petites voitures qui couvrent les trajets quotidiens et limitent au maximum le recours à l’essence pour les grands trajets occasionnels. 80% des déplacements quotidiens en France font moins de 80 kilomètres.

L’implication de l’État dans l’évolution de l’industrie automobile doit essentiellement répondre à un objectif simple : promouvoir un véhicule électrique populaire et donc accessible, le moins polluant possible à l’usage comme à la fabrication.

Pourquoi défendre la production de cette nouvelle Twingo en France :

- Pour ne pas encourager la production dans des pays à forte intensité carbone, ce qui reviendrait à une pollution massive et un non-sens écologique.

-·Pour la perte de dizaines de milliers d’emplois dans la filière automobile sur les vingt dernières années.

-·Pour garder la main industrielle sur un des leviers les plus importants pour sauver le climat dans notre pays, et garantir aux classes populaires l’accès à une mobilité non polluante.

Jacques Baudrier

membre du CN

Article publié dans CommunisteS n°980, le 24 janvier 2024.

 

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Education nationale –

30 Janvier 2024, 08:17am

Publié par PCF Villepinte

 Un projet politique néolibéral

 

Maladresse, erreur, bévue, boulette, mépris, la nouvelle ministre de l’Éducation a réussi le tour de force de se mettre une très grande partie de la communauté éducative à dos dès sa première intervention. Mais doit-on vraiment parler de maladresse ? Ses propos ne révèlent-ils pas un changement de paradigme en cours depuis 2017 et la nomination de Jean-Michel Blanquer dont les enfants étaient également scolarisés dans le privé ?

Jusqu’ici, y compris les défenseurs de l’école privée, quand ils étaient au pouvoir, considéraient l’enseignement privé comme un enseignement dans lequel des familles pouvaient inscrire leur enfant au nom de la liberté de choix ; c’était le résultat d’un rapport de force dans la société ou une partie de la bourgeoisie a toujours considéré qu’elle pouvait choisir la nature des enseignements, de l’éducation que devait recevoir leur enfant.

Mais l’école publique restait malgré cela l’école de la République, la seule dont un ministre de l’Éducation nationale devait véritablement s’occuper. La tâche du ministère envers le privé sous contrat consistait à vérifier que justement ce contrat était bien respecté par les établissements.

Ce que dit la ministre est d’une autre nature. Elle considère visiblement, et le Président de la République l’a clairement énoncé lors de son intervention télévisée, que l’école publique et l’enseignement privé sous contrat sont les deux revers de la même médaille et font partie au même titre du système éducatif et républicain, qui au passage ferme les yeux sur les manquements criants à la laïcité concernant l’enseignement privé tout comme l’absence de mixité sociale.

Le public étant ainsi directement mis en concurrence avec le privé, les deux seraient ainsi complémentaires… Complémentaires dans un projet politique néolibéral, celui de l’instauration d’une école à deux vitesses, une école a minima pour les catégories populaires, laminée par la baisse de la dépense publique depuis plus de 15 ans, ayant vu les heures d’enseignements réduites pour les élèves au point qu’ils perdent entre une et deux années scolaires de temps d’enseignement sur toute leur scolarité.

Sans compter les heures non remplacées dont les premières victimes sont les élèves des quartiers populaires. Une école du tri, de la ségrégation, du séparatisme social.

De fait, pour madame Oudea-Castera l’école publique n’est pas l’école qu’il faut à ses enfants. Elle entendait ainsi s’adresser aux parents qui, voulant le meilleur pour leurs enfants, choisissent l’enseignement privé sous contrat au lieu de l’établissement de secteur.

La première raison du choix du privé aujourd’hui, c’est d’abord les conditions dégradées d’enseignement que l’on trouve dans le public du fait de politiques de baisse de la dépense publique en matière d’éducation. Les causes sont donc directement liées à la politique du gouvernement et de la majorité dont elle fait partie et qui est au pouvoir depuis 2017.   

Elles sont même plus anciennes, puisqu’en 15 ans les élèves ont perdu l’équivalent d’au moins une année scolaire, quand la dépense de l’État passait de 7,5 % du PIB à un peu plus de 6 % dans un moment où l’école accueillait les enfants du baby-boom de l’an 2000 et qui se sont vu imposer une gare de triage avec Parcoursup quand ils ont été en âge d’accéder à l’enseignement supérieur.

Les enseignants lui demandent des excuses publiques, mais ils appellent surtout de leurs vœux un véritable changement de politique, une ambition nouvelle en matière d’éducation. Peut-elle rester ministre dans ce contexte ? La question se pose.

Sébastien Laborde

Article publié dans CommunisteS n°980, le 24 janvier 2024.

 

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La production de médicaments symptomatique 
d’une UE enfermée dans le carcan néo-libéral

29 Janvier 2024, 07:50am

Publié par PCF Villepinte

La production de médicaments symptomatique 
d’une UE enfermée dans le carcan néo-libéral

L’Union européenne n’a pas de responsabilité directe en matière de définition des politiques de santé publique, ou dans l’organisation de la fourniture des services de santé et des soins médicaux, qui sont du ressort des États membres.

Cependant, l’UE dispose d’une compétence complémentaire, qui l’autorise à soutenir et à coordonner des actions, ainsi qu’à adopter des mesures législatives contraignantes dans certains domaines clairement définis, comme les médicaments et les dispositifs médicaux. Pendant la pandémie, c’est ce qui avait conduit la Commission européenne à négocier de façon groupée les vaccins.

Alors que l’investissement public avait permis la création de vaccins contre la Covid 19 en moins d’un an, la Commission européenne avait alors décidé de se soumettre totalement aux volontés des Big Pharmas, au lieu d’œuvrer à la levée des brevets pour faire des vaccins un bien public de l’humanité, qui aurait permis d’atteindre l’immunité collective au niveau mondial (1).

Depuis... rien n’a changé. Alors que plus de trente ans de politiques néolibérales en France, en Europe comme dans le monde, ont mené nos systèmes de santé dans une crise structurelle, rien n’a été fait depuis la fin de la pandémie pour inverser la tendance.

En 2022, la France a connu une pénurie de médicaments touchant 12,5 % des références à la mi-août, contre 6,5 % en janvier. Les alertes se sont multipliées sur la cortisone, des antidiabétiques et des antibiotiques. En janvier 2023, la situation était considérée comme critique dans la plupart des pays membres et un tiers des Français a été confronté à une pénurie de médicaments pendant l’année écoulée.

De l’aveu même de la Commissaire européenne en charge de la Santé, Stella Kyriakides, « les principales causes identifiées sont la forte augmentation de la demande due à la multiplication des infections respiratoires et à l’insuffisance des capacités de production ».

Pourtant la privatisation totale du secteur du médicament depuis les années 90 a entrainé une délocalisation de la production des actifs, ainsi qu’une soumission totale aux grands laboratoires pharmaceutiques qui privilégient évidemment la course au profit au détriment de la santé des populations.

En effet, avec son bénéfice net de 13,8 % en 2023, l’industrie pharmaceutique peut se targuer d’être un des secteurs les plus rentables du « marché ». Les plus gros laboratoires voient encore leur chiffres d’affaires exploser avec plus de 100,3 Mrds $ pour Pfizer ou 95,9 Mrds $ pour J&J ou 68,5 Mrds $ pour Roche, entre autres (2), en 2023.

Pour parvenir à ces résultats exorbitants, les Big Pharmas vont chercher les coûts de fabrication là où ils sont les plus faibles, c’est-à-dire principalement en Chine et en Inde. Ceux-ci fournissent à l’Europe 80 % des remèdes, ce qui peut causer des ruptures de stocks dues à leur transport ou à une meilleure offre commerciale d’un pays tiers.

Cette pratique commerciale qui nous rend extrêmement dépendants de ces pays et a évidemment un impact majeur sur l’emplois dans ces secteurs en Europe comme sur la maitrise de la santé publique.

Alors que la question de la relocalisation de la production de médicaments en Europe est plus que jamais d’actualité, la Commission européenne préfère en rester à des mesures « incitatives » comme le lancement d’un mécanisme européen de solidarité volontaire en matière de médicaments (octobre 2023), l’établissement d’une liste de l’Union des médicaments critiques (fin 2023), la mise en place de flexibilités réglementaires sur la péremption des médicaments ou encore l’élaboration d’orientations de l’UE sur les marchés publics de médicaments début 2024 (3). Résultat de ces bonnes intentions : début 2024 l’approvisionnement en médicament des pays européens est plus que jamais menacée !

En 2020, le président français Emmanuel Macron avait pourtant annoncé vouloir rapatrier la production de paracétamol en France. Pour cela, il a débloqué 200 millions d’euros de subventions, principalement au profit du géant pharmaceutique français Sanofi, sans aucune garantie sociale.

Cela n’avait donc pas empêché l’entreprise d’annoncer en 2021, au beau milieu de la pandémie, la suppression de 400 postes en France dans le domaine de la recherche et du développement. Si la fabrication de ce principe actif sur le territoire français avait été initialement annoncée pour 2023, on parle aujourd’hui de 2025 ou 2026 pour le lancement de la production.   

Pourtant d’autres choix sont possibles et existent au niveau international. Aux États-Unis par exemple, face au problème de la pénurie de médicaments, 800 hôpitaux ont pris l’initiative en 2018 de s’approprier l’achat et la production de leurs médicaments.

Pour cela, ils ont fondé l’organisation sans but lucratif Civica RX, afin d’éviter de dépendre de géants pharmaceutiques. L’organisation négocie des contrats à long terme avec une quinzaine de petits producteurs de médicaments génériques. Résultat : en deux ans et demi, les prix ont chuté de 30 % en moyenne (4).

En Europe aussi nous pourrions produire autrement. Depuis 20 ans, le PCF propose la création d’un pôle public du médicament à l’échelle nationale, européenne et mondiale en charge de la recherche, de la production et de la distribution des médicaments. Cela permettrait d’en faire un véritable outil de santé publique et d’innovation scientifique pour répondre aux grands enjeux de notre époque (5).

Pour cela, il est impératif de sortir du carcan néo-libéral qui, en faisant du médicament uniquement une opportunité économique et une source de profit, organise la spéculation au détriment de la vie des populations.

Charlotte Balavoine

responsable Europe du PCF

Article publié dans CommunisteS n°980, le 24 janvier 2024.

 

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Israël-Palestine: Le PCF salue la décision historique de la CIJ

29 Janvier 2024, 07:46am

Publié par PCF Villepinte

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La Cour de Justice Internationale, saisie par l’Afrique du Sud à propos de l’application de la convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, vient de se prononcer sur les mesures conservatoires à prendre pour que le droit international soit respecté à Gaza. 

Cette décision est historique car, pour la première fois, le gouvernement d’extrême-droite israélien et les responsables de l’armée israélienne sont rendues comptables de leurs actes devant la justice internationale et soumis aux décisions contraignantes rendues par cette dernière.

La présidente de la CIJ souligne les traumatismes importants infligés à la « majorité de la population » de Gaza citant les représentants de l’UNRWA. Elle rappelle que nul Etat n’est au-dessus du droit international et que « toutes les parties prenantes dans la bande de Gaza sont liées au droit international ». 

La CIJ exige que l’Etat d’Israël prenne les mesures nécessaires pour « prévenir toute incitation au génocide » et rappelle que le peuple palestinien doit être protégé. L’Etat d’Israël devra produire d’ici un mois devant la cour les mesures prises dans ce sens.

La cour exige également la libération immédiate et inconditionnelle des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza et l’apport d’une aide humanitaire immédiate.

Cette décision ouvre la voie à un processus au terme duquel les dirigeants israéliens actuels et ceux de l’organisation terroriste du Hamas devront répondre de leurs crimes devant la justice internationale.

La France, les États-Unis et la communauté internationale doivent tout mettre en œuvre pour que le gouvernement israélien se conforme à cette décision de justice. La France doit prendre l’initiative d’une résolution de l’ONU pour la faire respecter concrètement.

Avec les États qui s’y montreront disposés, la France doit faire monter la pression sur le gouvernement israélien pour le contraindre à un cessez-le-feu immédiat et permanent, pour l’ouverture d’un processus menant à une solution politique juste et durable.

Elle doit et peut agir auprès de l’UE pour la suspension de l’accord d’association liant cette dernière à l’État d’Israël et reconnaître l’État de Palestine comme premier pas vers une solution à deux États. La levée du blocus de Gaza, l'arrêt de la colonisation et la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens font partie nécessairement de la perspective de paix autour de laquelle il est indispensable que soit convoquée une conférence internationale.

Le PCF réaffirme sa solidarité avec le député communiste israélien Ofer Cassif, menacé de destitution de la Knesset pour avoir soutenu l’initiative de l’Afrique du Sud auprès de la CIJ. Le respect de la décision de la CIJ implique l’arrêt des répressions menées par le gouvernement Netanyahou envers le camp de la paix en Israël.  

Parti communiste français,

Le 28 janvier 2024.

 

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Société

19 Janvier 2024, 07:38am

Publié par PCF Villepinte

Syndicats et partis politiques de gauche se sont retrouvés, mercredi 17 janvier, sur la scène de la Bellevilloise, à Paris. Ils ont appelé à marcher, dimanche, contre une loi immigration inhumaine et contraire aux principes de la République.

L'Humanité Camille Bauer

Face à la catastrophe que représente la loi asile et immigration adoptée le 19 décembre 2023, les forces de gauche ont choisi de se rassembler. Ce mercredi 17 janvier, devant une salle de la Bellevilloise remplie d’un public jeune et enthousiaste, syndicats et partis politiques sont venus appeler chacun à se mobiliser, dimanche 21 janvier.

 « Il faudra être là pour refuser une France dominée par les marchands de haine et l’extrême droite », a résumé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, qui intervenait en duplex.

Sur le point de rencontrer le nouveau premier ministre, elle a promis de « lui demander de renoncer à promulguer cette loi inique ». Tous les intervenants, jusqu’à l’ancien défenseur des droits Jacques Toubon, qui avait envoyé un message, ont insisté pour dire que ce texte est contraire à la Constitution (saisi, le Conseil constitutionnel rendra sa décision sur sa régularité, le 25 janvier) et aux valeurs d’égalité.

Arrêt des allocations sociales pour les étrangers en situation régulière, fin du droit du sol, alourdissement des contraintes pour les étudiants étrangers sont autant de mesures qui mettent à mal les fondements mêmes de la République.

« La préférence nationale remet en cause l’universalité de la protection sociale et ce qui a été construit après la guerre par le Conseil national de la Résistance », a ainsi répété Gérard Ré, du bureau confédéral de la CGT, spécialiste des questions migratoires.

Les ravages de la politique migratoire

Avec cette loi, au-delà des principes, ce sont des millions de personnes dont les conditions d’existence vont se trouver menacées. Pour illustrer les drames humains à venir, les représentantes des syndicats étudiants, l’Unef et la Fage, ont toutes deux insisté sur la situation déjà très précaire de leurs collègues étrangers et mis en garde sur l’aggravation que va entraîner l’application de ce texte.

Autre incarnation, plus dramatique encore, des ravages de la politique migratoire, une dizaine de mineurs non accompagnés sont venus introduire les débats. Deux d’entre eux ont pris la parole pour raconter leurs mois de vie dans la rue, dans le froid et le ventre vide, le harcèlement policier. Rendre ces situations encore plus indignes est pourtant un objectif de la loi. Comme l’a rappelé le sénateur PCF Ian Brossat, « le débat visait une seule chose : pourrir la vie des étrangers qui vivent sur notre sol ».

Des mensonges véhiculés par les politiques, relayés par certains médias

Au-delà du combat contre cette loi, chacun a insisté sur l’importance de la bataille des idées. « Le plus alarmant, c’est que 70 % de la population se réjouissent de l’adoption de ce texte », a alerté Maëlle Nizan, de la Fage. Une partie de cette adhésion s’explique par les mensonges véhiculés à longueur de temps par les politiques, soutenus par une grande partie des médias, le tout avec la bénédiction d’un parti au pouvoir qui s’était pourtant présenté comme un rempart contre l’extrême droite.

 

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201 personnalités appellent à marcher contre la loi immigration

 

« Sur l’immigration, nous avons eu un débat sur des réalités alternatives », a analysé l’écologiste Yannick Jadot, parlant de « virage trumpiste ». Comme lui, Danielle Simonnet (FI) a mis en garde contre l’hypocrisie d’une classe dominante qui n’hésite pas à faire appel à des travailleurs immigrés… à condition qu’ils soient isolés et exploités, pour ne pas rejoindre un front uni de revendications.

Plus de 150 défilés prévus dans toute la France

Aux quatre coins du pays, quelque 151 manifestations sont prévues, ce dimanche.

À Paris, le cortège s’élancera à partir de 14 heures depuis le Trocadéro en direction des Invalides. Le carré de tête portera une banderole « Liberté, égalité, fraternité, non à la loi asile immigration » sans autres drapeaux, et comptera des signataires de l’appel des 201. Les associations, les syndicats puis les partis politiques suivront respectivement, sans ballons et avec uniquement trois camions sono communs.

Dans les autres grandes villes de France, il faut noter un rassemblement à 14 heures à Marseille à la porte d’Aix, à la même heure à Lyon, place Bellecour, ainsi qu’à Bordeaux, depuis la place de la Bourse. À Toulouse, le défilé partira à 11 heures de la chambre de commerce et d’industrie. Les rassemblements sont tous répertoriés par département sur le site 21janvier.fr. La liste sera mise à jour jusqu’à dimanche.

 

 

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Palestine :

19 Janvier 2024, 07:29am

Publié par PCF Villepinte

 le désastre se poursuit et s’étend

 

Depuis la fin de la trêve entre Israël et le Hamas le vendredi 1er décembre dernier, les bombardements pleuvent encore et toujours sur la bande de Gaza.

La région est devenue, selon les termes de l’Onu, « un lieu de mort inhabitable ». Le gouvernement israélien se targue d’y avoir achevé un nettoyage ethnique au nord. Au sud, les quelque 2,4 millions de réfugiés gazaouis n’ont toujours pas accès à l’eau, à des soins ou de la nourriture. Cette zone est la nouvelle cible des frappes israéliennes. On dénombre aujourd’hui 60 000 blessés, et déjà plus de 20 000 morts.

Les attaques se sont également étendues, comme en Cisjordanie, avec notamment l’organisation de raids, comme dans la ville de Jénine. Le conflit risque désormais un embrasement régional, avec les frappes d’Israël au Liban, contraires au droit international. D’autres pays, comme la Turquie, commencent à montrer des signes offensifs envers Israël et ses crimes. La région se trouve actuellement dans une situation de tension extrême, qui pourrait conduire au pire.

Les différentes forces progressistes palestiniennes et israéliennes, qui portent la volonté de lutter contre la politique de Netanyahou, pour la fin de la guerre et de la colonisation et pour la paix et la justice, doivent être entendues et soutenues par la communauté internationale.

Alors que les discussions sur “l’après” commencent, le MJCF réaffirme que la souveraineté du peuple palestinien doit être assurée sur ses territoires, y compris dans la bande de Gaza, conformément au droit international. Gaza ne doit pas devenir une colonie israélienne.

Dans la continuité de sa mobilisation pour la paix entre Israël et la Palestine, le MJCF réaffirme la nécessité de la fin des attaques, de la création d’un État palestinien et de la libération de tous les otages et des prisonniers palestiniens.

Il est urgent de mettre fin à la folie guerrière et colonisatrice du gouvernement israélien. La France a un grand rôle à jouer afin d’obtenir un cessez-le-feu et le respect du droit international.

Amado Lebaube

Publié dans CommunisteS, numéro 979 du 17 janvier 2024.

 

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Avec Manouchian

19 Janvier 2024, 07:24am

Publié par PCF Villepinte

 

Missak Manouchian entre au Panthéon

le 21 février prochain avec Mélinée.

C'est un événement dans notre pays en proie à l'oubli et aux fièvres xénophobes.

Oui, il n’y a pas si longtemps, notre pays a vécu à la première personne l’expérience des extrêmes droites au pouvoir avec Vichy et l’occupation nazie. Oui, face à ce flot d’horreurs, il est des hommes et des femmes qui ont bravé tous les dangers pour que reflue la nuit.

Nombreux parmi eux, les communistes ont été jusqu’ici méticuleusement effacés de la mémoire nationale : au Mont-Valérien, là même où la majorité des résistants fusillés étaient communistes, une immense croix de Lorraine gaulliste a été installée par le pouvoir, et jusqu’à l’œuvre récente de Pascal Convert, il n’y avait pas la moindre mention des résistants tombés dès lors qu’ils avaient au cœur cet espoir rouge d’émancipation.

Au Panthéon, la grande famille résistante restait privée de toute sa branche communiste, bien que celle-ci ne fût pas la plus mince aux temps décisifs. (Il est à noter que ces démarches d’exclusion se poursuivent tranquillement jusqu’au sein du service public.

Quand France Inter et Philippe Collin veulent honorer les femmes résistantes - démarche si pertinente au demeurant -, ils ne trouvent aucune adhérente du Parti communiste, comme si Marie-Claude Vaillant-Couturier n’était pas digne des ondes nationales, pas plus que Madeleine Riffaud par ailleurs toujours vivante et flamboyante.)

Injustice historique enfin réparée, la panthéonisation du couple Manouchian prend aussi (et peut-être surtout) un sens particulièrement important en ce qu’elle témoigne d’une dimension majeure de la nation française - et du meilleur de la nation française - : la place qu’y ont tenue, qu’y tiennent et qu’y tiendront les étrangers, amoureux de notre Grande Révolution et de ses idéaux. C’est un message essentiel à l’heure d’une xénophobie répandue à jet continu et dont les effets délétères se font sentir chaque jour davantage.

C’est ainsi, avec fierté et ambition, que le Parti communiste entend participer à la place qui est la sienne aux commémorations accompagnant la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian.

Dans tout le pays, des initiatives vont se tenir, mettant en avant des figures de résistants étrangers engagés parmi les FTP-MOI. À Paris, plusieurs événements sont prévus.

Le 5 février, l’exposition Manouchian (d’ores et déjà disponible pour toutes fédérations ou sections) sera inaugurée place du Colonel-Fabien lors d’une soirée qui rassemblera Fabien Roussel, Pierre Ouzoulias, Denis Peschanski, Jean Vigreux, Jean-Pierre Sakoun et Claudie Bassi-Lederman (suivie d’une projection du film consacré à la MOI, « Nous étions des combattants »).

Le 9 février, la Fondation Gabriel-Péri proposera au Sénat une grande initiative autour du secteur de la Main-d’Œuvre immigrée, en même temps qu’elle dévoilera son exposition virtuelle.

Le 20 février, place du Colonel-Fabien, une soirée mettra à l’honneur Manouchian poète, avec le concours de la revue Europe, avant de donner la parole à artistes, auteurs et historiens qui ont Missak au cœur (de Didier Daeninckx à Serge Wolikow en passant par Gérard Streiff). Le 21, les communistes seront présents en nombre pour cette journée d’hommage national qui parle d’hier mais qui parle tant d’aujourd’hui.

Guillaume Roubaud-Quashie

Publié dans CommunisteS, numéro 979 du 17 janvier 2024.

 

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Conférence de presse d'Emmanuel Macron :

17 Janvier 2024, 09:44am

Publié par PCF Villepinte

 Analyse d'une opération diversion

Le chef de l’État a reçu ce 16 janvier les journalistes à l’Élysée. Objectif : clore la séquence du remaniement qui s’est achevée par le crash médiatique de sa ministre de l’Éducation nationale.

L'Humanité Cyprien Caddeo

Emmanuel Macron a donné la sensation de brosser tous les sujets et de ne rien annoncer de saillant. © Christian Hartmann/Reuters

Le « grand rendez-vous avec la nation » promis par Emmanuel Macron en ce début d’année attendra. Le chef de l’État a donc d’abord pris rendez-vous avec les journalistes. Les rédactions de la France entière ont été conviées, ce mardi 16 janvier, à une grande conférence de presse à l’Élysée sous les lustres dorés du salon des fêtes. Un discours retransmis en simultané et en prime time sur six chaînes de télévision et plusieurs radios au lendemain duquel il a pris le premier avion pour la Suisse, où il était attendu au Forum économique de Davos.

Tout ça pour dire quoi ? « D’où nous venons et où nous allons. » De bien grands mots pour ouvrir sur quelques minutes d’autocongratulation et de poncifs bien à droite (« pour que la France reste la France, la nation du bon sens plutôt que des tracas (…) dans un monde en bouleversement », « la France du mérite »), avant, enfin, quelques annonces, sur le scolaire principalement.

L’électorat de plus de 65 ans est à l’évidence son cœur de cible. D’abord, avec la refondation de l’instruction civique à la rentrée 2024, avec le doublement du volume horaire consacré à cette matière, dans la perspective du « réarmement civique de la jeunesse ». L’uniforme scolaire sera expérimenté dans « une centaine d’établissements » avec pour objectif sa généralisation en 2026. Emmanuel Macron veut aussi des cours de théâtre au collège et des « cérémonies républicaines » de remise de diplôme après le brevet.

Une politique nataliste aux contours flous

Le chef de l’État veut aussi déployer une politique volontariste nataliste, avec un « nouveau congé parental », mais sans préciser les contours de son « grand plan de lutte contre l’infertilité ».

La suite du quinquennat débouchera également sur une nouvelle « loi pour la croissance » qui s’annonce douloureuse pour le Code du travail : « Je demande au gouvernement de supprimer des normes, réduire des délais, faciliter encore les embauches… » Ainsi, le président espère voir s’édifier une « France plus juste », avec moins de « déterminisme social » (« Je veux mettre fin à cette France du ”ceci n’est pas pour moi” »), mais aussi s’adresser aux classes moyennes, « qui gagnent trop pour toucher des aides et trop peu pour vivre décemment ».

Difficile de distinguer un avant – ou un après — Élisabeth Borne

Finalement, Emmanuel Macron a donné la sensation de brosser tous les sujets et de ne rien annoncer de saillant. Difficile de distinguer un avant — ou un après — Élisabeth Borne. Peu importe, il entendait surtout reprendre le contrôle de sa communication, après avoir laissé traîner la séquence du remaniement, dans l’espoir de faire diversion face aux questions sociales ou de la loi immigration, dont le sort est toujours entre les mains du Conseil constitutionnel. Deux semaines de rumeurs et de vide pour aboutir à un remaniement minimal. Et, surtout, à un crash médiatique : celui, dès le premier jour, de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, empêtrée dans la polémique sur la scolarisation de ses enfants dans un lycée privé catholique réactionnaire.

C’est dans ce moment délicat pour le nouvel exécutif qu’Emmanuel Macron a pris la parole. Quitte à télescoper l’agenda attendu de Gabriel Attal, son premier ministre, qui aurait dû logiquement prononcer son discours de politique générale à la reprise des travaux parlementaires, cette semaine. Le nouvel hôte de Matignon attendra finalement le 30 janvier. À voir ce qu’il lui restera à dire tant le président a empiété sur ce futur discours et s’il se pliera à l’exercice du vote de confiance, que sa prédécesseure Élisabeth Borne avait soigneusement évité, faute de majorité acquise.

Clinquant jargon élyséen

Tout se passe comme si Emmanuel Macron ne cherchait pas tant à dire quelque chose qu’à occuper le temps de cerveau disponible des Français. Avant le « grand rendez-vous avec la nation » dont on attend toujours de voir la couleur, il y avait eu l’« initiative politique d’ampleur », selon le clinquant jargon élyséen. En réalité, cela avait abouti aux piteuses « rencontres de Saint-Denis », une simple réunion du chef de l’État avec les principaux partis d’opposition qui a fait pschitt. Il en va de même pour la plupart de ses prétendues innovations démocratiques.

Il y a cinq ans, se tenait le « grand débat national », qui n’a débouché sur rien, si ce n’est des cartons de cahiers de doléances écrits dans le sillage des gilets jaunes qui prennent la poussière aux archives nationales et départementales. Idem pour la « convention citoyenne pour le climat », dont la plupart des propositions n’ont pas survécu au veto présidentiel. Ou encore le fumeux « conseil national de la refondation », sorte de Parlement ad hoc sans légitimité démocratique où on ne décide de rien, ou presque.

 

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