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L’Allemagne entre deux maux

31 Janvier 2015, 12:14pm

Publié par PCF Villepinte

L’Allemagne entre deux maux
L’Allemagne entre deux maux

Par Jacques Sapir

29 janvier 2015

On commence seulement aujourd’hui à bien mesurer ce que la victoire de SYRIZA peut signifier pour le zone Euro. En réalité, cette victoire met l’Allemagne au pied du mur et fait éclater son double langage quant à la zone Euro. Privée de marges de manœuvres néanmoins, l’Allemagne peut réagir violemment et provoquer, indirectement, la dissolution de la zone, même si elle en est la principale bénéficiaire aujourd’hui. Pour comprendre cela, il faut rappeler ici quelques points.

La victoire de Syriza

La victoire, véritablement historique, de SYRIZA en Grèce a propulsé son chef, le charismatique Alexis Tsipras sous le feu des projecteurs. Il convient de rappeler que ce parti est en réalité une alliance regroupant des anciens gauchistes, des anciens communistes, des écologistes, et des anciens socialistes. Ce qui a fait le ciment de cette improbable alliance, et qui explique son succès, avec plus de 36% des suffrages exprimés, est en réalité bien plus profond, mais aussi plus complexe, que la “question sociale”. Non que cette dernière ne soit importante, voire tragique. On comprend le refus d’une austérité meurtrière qui ravage la population grecque depuis 2010. Mais il y a aussi la question de la souveraineté nationale. Le refus de la soumission aux injonctions de Bruxelles et de la commission européenne, qui s’est exprimé dès le lendemain de l’élection, est une dimension très importante de la victoire de SYRIZA. La question sociale, sur laquelle se focalisent les commentateurs français, pour importante qu’elle soit, n’explique pas tout. En réalité, SYRIZA s’est engagé dans un combat pour le souveraineté du peuple grec contre les bureaucrates de Bruxelles et de Francfort, siège de la Banque Centrale Européenne. La victoire de SYRIZA annonce peut-être celle de PODEMOS en Espagne au début de cet automne. Et, tout comme dans SYRIZA, la composante souverainiste est loin d’être négligeable dans PODEMOS, ou encore dans le parti irlandais qui briguera lui-aussi la victoire au début de 2016, le SIN FEINN.

Au-delà du symbole, il y a des actes. Et les premiers actes de Tsipras ont été des signaux très forts envoyés aux autorités de Bruxelles. Tout d’abord, il a constitué son gouvernement en passant une alliance avec le parti des « Grecs Indépendants » ou AN.EL. Beaucoup considèrent que c’est une alliance hors nature de l’extrême-gauche avec la droite. Mais ce jugement reflète justement leur incompréhension du combat de SYRIZA et sa réduction à la seule question sociale. Ce qui justifie l’alliance entre SYRIZA et les « Grecs Indépendants », c’est justement le combat pour la souveraineté de la Grèce. Tsipras, dès son premier discours, a parlé de l’indépendance retrouvée de son pays face à une Union Européenne décrite ouvertement comme un oppresseur. Le deuxième acte fort du nouveau gouvernement, qui n’a eu aucun écho dans la presse française mais qui est fondamental, a été de se désolidariser justement de la déclaration de l’UE sur l’Ukraine. Une nouvelle fois, comme on pouvait s’y attendre, l’UE condamnait la Russie. Tsipras a dit, haut et fort, que la Grèce n’approuvait pas cette déclaration, ni sur le fond ni dans sa forme. Or, ce point va devenir de plus en plus important. La politique de l’Union Européenne concernant les affaires internationales est une politique intergouvernementale. Cela implique que les décisions soient prises à l’unanimité1. Le nouveau gouvernement grec reproche donc à l’UE cette décision car elle a été prise sans respecter les procédures internes à l’UE2. Il est désormais clair que l’UE ne pourra plus se comporter comme avant en ce qui concerne tant la Russie que l’Ukraine. Le troisième acte a été la décision du gouvernement, annoncée par le nouveau ministre des Finances M. Varoufakis, de suspendre immédiatement la privatisation du port du Pirée. Cette décision signifie la fin de la mise à l’encan de la Grèce au profit de l’étranger. Ici encore, on retrouve la nécessité d’affirmer la souveraineté de la Grèce. Mais, cette décision est aussi un coup très dur porté aux diverses compagnies qui s’étaient attablées devant ce marché.

Le dilemme allemand

Il faut alors chercher à comprendre la position de l’Allemagne. La déclaration du Ministre de l’Économie, M. Sygmar Gabriel est à cet égard éclairante. Il a ainsi déclaré qu’"il faut que soit respecté un principe de justice à l’égard de notre population"3. Il a souligné que ce fameux « principe de justice » devait s’appliquer à l’égard "des gens en Allemagne et en Europe (...) qui se sont montrés solidaires" [des Grecs]. En réalité, ces aides sont allées majoritairement aux banques européennes qui avaient acheté une grande part de la dette grecque. Il n’y a pas eu de « solidarité » avec le peuple grec, mais un principe bien compris de socialisation des pertes. Néanmoins, il faut s’interroger sur le pourquoi de cette déclaration.

L’Allemagne ne veut pas que la zone Euro se transforme en une “union de transferts”. C’est une constante depuis le début des négociations sur la zone Euro. On peut le comprendre, d’ailleurs, car si les principes d’un réel “fédéralisme” étaient appliqués (comme ils le sont à l’intérieur d’un État comme la France) l’Allemagne, “région” riche de la zone Euro, devrait contribuer à hauteur de 8-9% de son PIB par an sur une période d’au moins dix ans. On peut considérer que ceci aboutirait à casser les reins à l’économie allemande. Mais l’Allemagne veut – par contre – les avantages de la monnaie unique, et d’un taux de change inchangé avec ses pays “clients”. C’est ici que le bat blesse. En effet, soit l’Allemagne accepte une nouvelle – et très importante – restructuration de la dette grecque (ou un moratoire) et elle sera immédiatement saisie de demandes analogues par des pays comme le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie. Soit l’Allemagne adopte une position “dure”, en l’enrobant de pleurnicheries obscènes comme celles de Sygmar Gabriel (et en oubliant toutes les restructurations de la dette allemande qui ont eu lieu au XXème siècle) et provoque un affrontement avec la Grèce. Mais alors, le risque est important de voir la Grèce quitter l’Euro, et un processus de contagion se mettre en place.

De fait, et quoi que fasse l’Allemagne, elle sera confrontée à ce processus de contagion, soit à l’intérieur de l’Euro (et avec une pression de plus en forte pour voir augmenter sa contribution) ou à l’extérieur, avec une dislocation probable de la zone Euro. L’Allemagne a encore le choix, mais c’est un choix entre deux maux. Et l’on peut penser que, dans ce cas, elle choisira ce qui pour elle, ou plus précisément pour ses dirigeants, apparaîtra comme le moindre : la rupture de la zone Euro. Mais l’Allemagne ne peut pas, pour des raisons historiques, porter la responsabilité d’une destruction de cette zone. Elle devra, à tout prix, la faire porter aux Grecs, quitte a déployer des trésors de mauvaise foi.

Quoi qu’il en soit, l’avenir s’annonce sombre pour l’Allemagne qui se rend compte aujourd’hui qu’elle est dans un piège, ce piège même où elle avait cru enfermer les autres pays. Quelle que soit l’issue qu’elle choisira, l’Europe, qui est aujourd’hui une forme de propriété allemande, sortira affaiblie. Mais cet affaiblissement tire en réalité son origine du fait que l’Allemagne a sciemment pratiqué une politique de “cavalier solitaire” tout en prétendant adhérer à des mécanismes fédéraux. Le double langage se paye toujours, et dans ce cas il se payera à un prix particulièrement élevé.

Une anticipation par le BCE ?

Il faut alors revenir sur la conférence de Mario Draghi du jeudi 22 janvier. On a déjà signalé l’importance de la limitation à 20% de la garantie de la BCE sur les nouveaux achats de titres. Mais on peut se demander si, en réalité, Mario Draghi n’a pas anticipé la situation à venir, et une probable décomposition de la zone Euro. On peut lire sa politique, et ses déclarations comme le choix suivant : pas de mutualisation des dettes s’il n’y a pas de mutualisation économique (et en particulier budgétaire). Cette position est très sensée. La mutualisation des dettes n’aurait effectivement de sens que si l’on aboutissait rapidement à un système de mutualisation économique, et budgétaire. Or, Mario Draghi n’est pas sans savoir que l’Allemagne est fortement opposée à une telle mutualisation. Aussi est-il en train d’organiser le fractionnement monétaire du marché des dettes, et donc la renationalisation de ces dernières. Ceci pourrait bien être la dernière étape avant la dissolution de la zone Euro.

Mais, pour qu’il y ait une dissolution “organisée”, il faudrait que l’Allemagne reconnaisse le dilemme dans lequel sa propre politique l’a plongée. Il est très peu probable que les dirigeants allemands, qui ont tous – que ce soit la CDU-CSU ou la SPD – été connivents à cette politique, l’acceptent. Disons le tout de suite, c’est très peu probable. Le cheminement auquel nous devons nous attendre est donc celui d’une montée de l’affrontement avec la Grèce conduisant cette dernière à faire défaut sur sa dette et à se faire “expulser” de la zone Euro, non pas dans les formes (car rien ne permet de le faire) mais dans les faits. La BCE coupera l’alimentation de la Banque Centrale grecque et décidera que les “euros” émis en Grèce ne peuvent plus circuler dans le reste de la zone Euro. Notons que des mécanismes de ce type ont été en leur temps employés, pour une durée certes très courte, sur Chypre.

Il est aussi clair que le gouvernement grec se prépare à ce type de scénario. Il va réaliser un budget en équilibre strict, moyennant bien entendu l’affectation des dépenses prévues sur les intérêt de la dette à d’autres dépenses. Mais, si cette politique fait sens pour la Grèce, elle ne le fait nullement pour la zone Euro, qui devra alors affronter une crise de défiance massive, et une contagion rapide sur d’autres pays. Ce sera le scénario de “dislocation” de la zone Euro.

Il serait important que notre personnel politique commence à s’y préparer. Mais l’on peut craindre que, vivant dans une bulle et pratiquant une forme particulière d’autisme politique, il ne voit rien venir et soit confronté à la réalité de manière très brutale.

1.Gaspers Jan, « The Quest for European Foreign Policy Consistency and the Treaty of Lisbon », in Humanitas, Journal of European Studies, Vol. 2, No. 1, 2008. []
2.Voir le blog du Ministre des Finances M. Yanis Varoufakis :
http://yanisvaroufakis.eu/2015/01/29/a-question-of-respect-or-lack-thereof/ []
3. http://www.boursorama.com/actualites/berlin-la-grece-doit-etre-juste-envers-ceux-qui-l-ont-aidee-0ff393fe5dc32ad1f58ad5d344e137e6 []

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La France soutiendra-t-elle l’orientation anti-austérité portée par Syriza en Grèce?

27 Janvier 2015, 20:09pm

Publié par PCF Villepinte

Retrouvez en vidéo la question posée par François Asensi au gouvernement quant au soutien de la France à la politique grecque dans la perspective d’une victoire de Syriza:

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Grèce Syriza largement en tête vers une victoire historique

25 Janvier 2015, 19:30pm

Publié par PCF Villepinte

Grèce Syriza largement en tête vers une victoire historique
Syriza obtient entre 35,5% et 39,5% des suffrages et entre 146 et 158 sièges au Parlement, la majorité absolue étant de 151 sièges.

Syriza arrive largement en tête des élections législatives avec entre 35,5% et 39,55% des suffrages, selon les sondages sortis des urnes. En deuxième position la Nouvelle démocratie, auquel appartient le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, est crédité de 23 à 27%. La troisième place se joue entre le parti d'extrême droite "Aube dorée" et les centristes de to potami. La majorité absolue est à sa portée, Syriza aurait entre 146 et 158 sièges au Parlement, la majorité absolue étant de 151 sièges.

Pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, la victoire de Syriza « change le cours de l'Europe ».

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, était hier soir aux côtés des soutiens français de Syriza, à Paris. Pour lui, « cette victoire sans appel de Syriza change le cours de l'Europe, plus rien ne peut être comme avant. Un pays qui veut rester dans l'Europe propose une sortie solidaire de la crise, c'est une victoire contre le chantage des marchés financiers, contre les réponses racistes et xénophobes, contre ceux qui veulent exclure de l'Europe les peuples du sud, une victoire de la solidarité pour relancer l'Europe du progrès social et du développement économique. Syriza nous envoie un signal : tous ceux qui refusent les politiques d'austérité en France peuvent gagner. L'occasion d'ouvrir le débat européen a été gâchée par François Hollande en 2012, Syriza rouvre à nouveau la porte, il faut la pousser tous ensemble. Ce soir, l'espoir renaît en France ».

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Les Dingues et les Paumés ( Soleil Cherche Futur ).wmv

25 Janvier 2015, 13:21pm

Publié par PCF Villepinte

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Inégalités

25 Janvier 2015, 11:59am

Publié par PCF Villepinte

Nicolas SANSU

Député du Cher

Assemblée Nationale

Question au gouvernement

mercredi 22 janvier 2015 – 1ère séance

Monsieur le Premier ministre, les tragiques attentats de ce début d’année et la mobilisation citoyenne qu’ils ont entraînée exigent que nous fassions vivre nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité.

Ces valeurs universelles sont la grandeur de la France, à un moment où les tensions se nourrissent du culte de la concurrence, de la compétitivité et de la guerre économique – préludes à la guerre tout court…

Dans ce contexte, un rapport de l’ONG Oxfam confirme ce que chacun ressent, à savoir l’aggravation sans précédent des inégalités. En 2016, les 1 % les plus riches de la planète posséderont le même patrimoine que les 99 % restants. Déjà, les 85 personnes les plus fortunées possèdent autant que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres. Enfin, l’Organisation internationale du travail prédit 10 millions de chômeurs en plus dans le monde dans les cinq années à venir.

Ces inégalités indécentes ont leur source dans ce que le capitalisme financier a de plus destructeur : l’exploitation des femmes et des hommes et l’épuisement des ressources naturelles.

Ces inégalités croissent également en Europe sous l’effet des politiques récessives qui oublient les valeurs d’égalité et de fraternité. Elles entraînent la relégation de territoires entiers et le déclassement de nombre de nos concitoyens, trop jeunes, trop vieux ou victimes de discriminations.

Si nous voulons que le bonheur redevienne une idée neuve en Europe, nous devons, plutôt que de proposer à nos jeunes de devenir milliardaires en écrasant la majorité des autres, refonder le pacte républicain autour de ce qui nous rassemble et ce qui fait l’identité de la gauche, à savoir la solidarité et la justice sociale.

En effet, comme le disait Condorcet, «Il ne peut y avoir ni vraie liberté ni justice dans une société si l’égalité n’est pas réelle».

Monsieur le Premier ministre, alors qu’aux États-Unis Barack Obama annonce des mesures majeures de justice fiscale destinées à collecter, en dix ans, 320 milliards de dollars auprès des plus hauts revenus et des établissements financiers, quelles initiatives comptez-vous prendre pour promouvoir une répartition plus juste des richesses dans notre pays et dans le monde ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion.

Mme Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion. Monsieur le député, votre question évoque le rapport de l’ONG Oxfam portant sur l’accroissement des écarts entre les riches et les pauvres. Cette étude, sachez-le, est basée sur des données d’une banque, le Crédit Suisse, qui publie un rapport annuel sur la richesse mondiale.

Le Gouvernement est totalement engagé dans la lutte contre les inégalités.

Vous le savez, les inégalités ne sont pas une fatalité. Nous pouvons les combattre par des choix politiques et c’est ce que nous faisons, chacun et chacune d’entre nous, au quotidien.

En France, le taux de pauvreté est trop élevé, chacun le reconnaît, mais il n’augmente pas, contrairement à ce qui se passe dans les autres pays.

Car reconnaissez-le, monsieur le député, notre système de solidarité permet de protéger le plus grand nombre contre les situations de dénuement extrême.

Tous les jours et dans tous les ministères, nous luttons contre la pauvreté. Quand nous augmentons le RSA de 2 % chaque année, quand nous augmentons le nombre des bénéficiaires de la CMU et de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé, quand nous augmentons l’allocation de rentrée scolaire, quand nous augmentons le complément familial, quand nous augmentons l’allocation de soutien familial, quand nous voulons instaurer le tiers payant généralisé, oui, nous luttons contre la pauvreté !

Quand nous concentrons tous les moyens à l’école de la République, nous luttons contre la pauvreté ! Quand nous transformons le RSA activité en prime d’activité pour le rendre plus simple et plus accessible, nous luttons contre la pauvreté !

Nous entrerons très prochainement dans la deuxième phase du plan de lutte contre la pauvreté et, je peux vous l’assurer, nous annoncerons de nouvelles mesures dans tous les domaines, car au Gouvernement c’est tous les jours que nous combattons les inégalités, avec un objectif clair : que la pauvreté ne soit plus héréditaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

 

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Débat sur la fin de vie

25 Janvier 2015, 11:52am

Publié par PCF Villepinte

Jacqueline FRAYSSE

Députée des Hauts-de-Seine

Assemblée Nationale

mercredi 21 janvier 2015 – 1ère séance

 

Au nombre de ses soixante engagements pour la France, le candidat Hollande proposait que «toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité». C’est dans cette perspective que le Président de la République a chargé les députés Alain Claeys et Jean Leonetti de lui remettre un rapport sur la fin de vie, assorti d’une proposition de loi qui pourrait être examinée au printemps prochain.

Paradoxalement, la fin de vie est une préoccupation récente puisqu’il a fallu attendre 1999 pour qu’une loi ouvre l’accès aux soins palliatifs, loi complétée par celle de 2002 sur les droits des patients et celle de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, qui proscrit l’acharnement thérapeutique.

La situation actuelle n’est cependant pas satisfaisante. J’en veux pour preuve l’étude intitulée Mort à l’hôpital, publiée en 2008, selon laquelle plus des deux tiers des infirmiers considèrent les conditions de fin de vie des personnes qu’ils soignent et qu’ils accompagnent comme inacceptables pour eux-mêmes. Nos collègues Alain Claeys et Jean Leonetti abondent en ce sens quand ils font le constat d’un accès trop restreint aux soins palliatifs, de fortes inégalités territoriales, d’inégalités dans l’accès aux soins palliatifs selon les services hospitaliers, d’une offre insuffisamment développée dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les EHPAD, de la quasi-absence de soins palliatifs à domicile, d’une formation insuffisante des médecins et d’un cloisonnement entre les soins curatifs et palliatifs.

Face à cette situation, ils proposent des précisions, qui recoupent du reste les propositions du Comité consultatif national d’éthique et que, globalement, nous partageons – je pense notamment à l’administration d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès, qui doit devenir un acte obligatoire pour le médecin dans trois situations clairement définies, ou encore aux directives anticipées, actuellement non opposables et renouvelables tous les trois ans, qui s’imposeront désormais au médecin et ne seront plus limitées dans le temps. Nous sommes ouverts à ces propositions d’amélioration de la législation actuelle.

Cependant, ce qu’il est urgent de faire évoluer – comme le confirment tous les travaux sur ce sujet, y compris le rapport de nos collègues – n’est pas tant la loi que notre approche de la notion de soins palliatifs et les conditions de leur mise en œuvre. En effet, les soins palliatifs s’adressent par définition à tous les patients atteints d’une maladie grave et incurable, ce qui dépasse largement la notion de fin de vie et, dans le même temps, a une incidence directe sur elle dans un délai variable dont la durée, si elle peut être déterminée en moyenne, reste néanmoins inconnue pour chacun, ce qui ajoute à l’anxiété du malade et de son entourage.

Les soins palliatifs concernent donc, je le répète, des personnes atteintes de maladies incurables, graves, évolutives ou en phase terminale. Selon ces critères, le docteur Ferrand, responsable de l’unité mobile de soins palliatifs à l’hôpital Foch de Suresnes et chercheur en bioéthique, avec lequel j’ai longuement échangé, considère qu’entre les personnes en perte d’autonomie, les malades graves et incurables et les personnes en fin de vie à proprement parler, la part des patients suivis dans son établissement susceptibles de relever des soins palliatifs se situe autour de 40 %, avec bien sûr des différences d’un service à l’autre.

Dans la mesure où les soins palliatifs se définissent comme l’accompagnement psychologique, thérapeutique et social d’un patient auquel on vient d’annoncer qu’il est atteint d’une maladie grave, incurable et en cours d’évolution, leur mise en œuvre doit être immédiate, dès le diagnostic porté et annoncé, car c’est dès ce moment que les personnes malades et leurs proches ont besoin d’accompagnement et de soutien pour surmonter cette annonce et ce qui va suivre. Ils ont aussi besoin d’informations, tant sur les traitements envisagés que sur l’évolution prévisible de la maladie.

Plus les soins palliatifs sont mis en œuvre tôt, plus la survie est longue et de qualité, plus les conditions sont acceptables, et plus la fin de vie est douce, progressive. La culture palliative doit donc, non seulement être mise en œuvre dans tous les services hospitaliers, mais aussi sortir de l’hôpital et s’étendre à la médecine de ville, ainsi qu’aux établissements médico-sociaux.

C’est là, entre autres, l’objet des réseaux de soins palliatifs, qui sont pour la médecine de ville le pendant des unités mobiles dans les hôpitaux et qui interviennent auprès des médecins généralistes, des EHPAD et des maisons d’accueil spécialisées ou au domicile des personnes, y compris en fin de vie. Le rôle de ces réseaux, qui permettent de diffuser la culture palliative en la faisant sortir de l’hôpital, est insuffisamment connu et reconnu. Par ailleurs, lorsqu’ils existent, non seulement ils ne sont pas financés à la hauteur des besoins, mais ils voient leurs moyens subir une baisse constante. Parfois de tels réseaux n’existent même pas : c’est par exemple le cas dans le centre des Hauts-de-Seine – soit Boulogne, Suresnes, Rueil-Malmaison et une partie de Nanterre – où plusieurs centaines de milliers d’habitants ne peuvent s’appuyer sur aucun réseau de soins palliatifs en dehors de l’hôpital.

Les maisons de retraite et les EHPAD sont particulièrement concernés par cette question de la fin de vie, puisque 90 000 résidents décèdent chaque année en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, faisant de ces établissements, selon l’Ordre national des infirmiers, les plus grands centres improvisés de soins palliatifs.

Pourtant, 86 % des EHPAD ne disposent pas de personnel infirmier la nuit et 75 % d’entre eux n’ont pas la possibilité de joindre un professionnel infirmier en cas de complications. Or, l’absence d’un infirmier la nuit empêche de laisser fonctionner les pompes à morphine, par exemple, comme l’affirme le président de l’Ordre national des médecins dans un courrier que nous avons sans doute tous reçu.

Il conviendrait donc de rendre obligatoire la présence, le cas échéant mutualisée, d’un infirmier de garde dans ces établissements – qui se définissent, ne l’oublions pas, comme des maisons de retraite «médicalisées».

Enfin, pour diffuser la culture palliative, deux impératifs s’imposent : revoir la formation des médecins et mieux évaluer les pratiques, notamment en milieu hospitalier. En effet, trop peu sensibilisés à cette problématique, les chefs de service font intervenir trop tard les unités mobiles de soins palliatifs – à supposer même qu’ils le fassent.

C’est pourquoi l’évaluation de la mise en œuvre de la loi Leonetti est essentielle, notamment celle des lits identifiés, qui répondent à un cahier des charges strict, mais très insuffisamment voire pas du tout évalué. Comme cela a été fait dans le domaine de la lutte contre les maladies nosocomiales, dont on a pu mesurer l’utilité, il est indispensable de mettre en place des outils d’évaluation afin de faire connaître ces pratiques et, le cas échéant, de les faire évoluer concrètement.

Faut-il aller au-delà des recommandations du rapport qui vient d’être remis au Président de la République en légalisant l’acte de donner la mort, comme le suggèrent nos collègues et amis du groupe EELV ? Personnellement je ne le crois pas et c’est, à mon sens, prendre le problème à l’envers, car la demande d’euthanasie est moins une volonté profonde de ceux qui en expriment le désir que l’effet de souffrances insoutenables dues aux conditions indignes dans lesquelles on meurt en France.

L’euthanasie peut être vue comme l’une des options qui s’offrent à notre société et il est juste d’en débattre. L’autre option, proposée par le Comité national d’éthique, prend en compte la globalité de la personne humaine et préconise «la prise en charge financière et l’accompagnement humain des personnes malades et handicapées, l’accès équitable aux soins palliatifs, non seulement en fin de vie, mais chaque fois qu’un besoin de soulagement s’exprime, la mise en place des soins palliatifs à domicile, le développement de la formation des médecins et de la recherche dans le domaine de la fin de vie, l’attention portée à la place des personnes âgées dans la société et la vigilance à l’égard de leurs droits, et l’aide aux aidants familiaux et aux proches».

C’est cette dernière approche que je partage et que je soutiens. J’ai conscience que le choix de tout mettre en œuvre pour que les personnes en fin de vie n’en soient pas réduites à souhaiter que l’on précipite leur mort est l’option la plus courageuse. C’est la plus exigeante et la plus coûteuse en termes financiers, mais c’est la plus digne et la plus humaine, pour chacun d’entre nous comme pour la société tout entière. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs des groupes UDI et UMP.)

 

Débat sur la fin de vie

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NON ASSISTANCE AUX QUARTIERS POPULAIRES

24 Janvier 2015, 17:17pm

Publié par PCF Villepinte

NON ASSISTANCE AUX QUARTIERS POPULAIRES

Quand Manuel Valls évoque les inégalités et un "apartheid ethnique"...

 

Parfois les grands maux suscitent de grands mots. Il aura fallu de nombreux morts, le traumatisme d’une France noyée de chagrin et de sidération dans des mares de sang, puis des millions de personnes dans les rues exprimant la passion collective de valeurs durement attaquées, pour qu’un premier ministre parle des inégalités qui minent le pays dans lequel nous tentons de préserver un vivre-ensemble. De toute évidence, Manuel Valls a voulu sur-jouer, hier, lors de ses vœux à la presse, un élan de sincérité en reconnaissant l’existence de ce qu’il appelle un «apartheid territorial, social», promettant un combat «contre les inégalités» visant à refonder la «citoyenneté», un mot qu’il préfère à «l’intégration». Le constat, quoique tardif pour l’ancien maire d’Évry, mérite notre attention. À un détail près. Le chef du gouvernement évoque également un «apartheid ethnique». Vous avez bien lu: apartheid ethnique.


Que Monsieur Valls le sache une bonne fois pour toutes: il n’utilise pas l’expression appropriée, sauf à vouloir ramener des individus à leur appartenance, à leur couleur de peau, voire à leur religion.

S'il cherche à dénoncer les processus à l’œuvre depuis tant d’années, qui conduisent à l’atomisation de certains quartiers qu’il nomme lui-même «ghettos», il ferait mieux de dire la stricte vérité. Et cette vérité est simple: le problème majeur des quartiers populaires n’est pas l’islam mais l’épouvantable crise sociale, qui laisse sans emploi plus de 40% des 18-30 ans, sans parler des conditions d’existence, réduites à pas grand-chose, avec des services publics en perdition. En laissant des populations entières assignées à résidence, l’État ne remplit plus son mandat d’égalité. Combien de fois faudra-t-il écrire ce déterminisme-là pour qu’il pénètre les esprits et les cœurs? On dit souvent que les quartiers s’éloignent de la République, n’est-ce pas plutôt la République qui s’éloigne des quartiers? Il y a loin des mots aux actes. Car pendant ce temps-là, malgré l’urgence de populations en danger, Manuel Valls poursuit la même politique antisociale et austéritaire. Une forme de non-assistance. En tous les cas, une belle hypocrisie. Une de plus.

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 21 janvier 2015.]

Publié par J.-E. DUCOIN à 19:59 http://img1.blogblog.com/img/icon18_email.gif

 

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LOI MACRON Libérale et liberticide

24 Janvier 2015, 12:46pm

Publié par PCF Villepinte

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QUE LA GRECE GAGNE!

24 Janvier 2015, 11:20am

Publié par PCF Villepinte

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SENAT Groupe Communiste, Républicain et Citoyen http://www.groupe-crc.org/

23 Janvier 2015, 12:11pm

Publié par PCF Villepinte

SENAT Groupe Communiste, Républicain et Citoyen http://www.groupe-crc.org/

INSTITUTIONS, ELUS ET COLLECTIVITES TERRITORIALES

Les collèges sont avant tout des établissements de proximité

Nouvelle organisation territoriale de la République : article 12

Par Christian Favier / 19 janvier 2015

Je partage beaucoup des observations qui viennent d’être formulées. Dans ce projet de loi, le transfert des collèges aux régions est sans doute l’une des mesures les plus négatives

et l’une de celles qui inquiètent le plus nos concitoyens. En tout cas, elle inquiète énormément la communauté éducative. Les collèges sont (...)

http://www.groupe-crc.org/Les-colleges-sont-avant-tout-des.html

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