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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

5G : Remettons la mairie au centre du village

26 Septembre 2020, 07:48am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 23/09/2020 par PCF

La 5G est tantôt présentée comme la révolution technologique incontournable ou, à l’inverse, comme un danger apocalyptique pour notre santé, nos libertés et la planète. Les exagérations des uns nourrissent les outrances des autres et inversement.

Les révolutions technologiques comme des révolutions politiques ne sont pas prévisibles, elles ont des causes multifactorielles. Le smartphone couplé à la 4G, au streaming, au Wifi et au GPS a été une révolution que personne n’avait vu venir.

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La 5G se différencie de l’actuel standard de téléphonie mobile 4G par le débit (1), le temps de latence (2) et la densité du nombre de connexions simultanées (3).

La 5G utilise de nouvelles fréquences de transmissions demandant plus d’antennes, provoquant ainsi pour certains un risque accru de cancers, de dommages génétiques et neurologiques. D’autres soulignent que contrairement aux antennes 4G qui arrosent tout le monde sur une zone, une antenne 5G va se connecter et cibler uniquement les utilisateurs du service, ce qui limiterait fortement l’exposition aux ondes. Pour l’Agence nationale des fréquences, le niveau de l’exposition aux ondes est essentiellement fonction de la densité urbaine et non de l’emploi de la 4G versus celui de la 5G (4).

Il est plus facile de démontrer la toxicité d’une technologique qu’apporter la preuve son innocuité. Ainsi pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire (5), « on ne peut pas démontrer qu’il n’y a pas de risques, on ne le pourra jamais [...] la science ne peut pas donner une réponse totalement tranchée sur ces questions ». Elle indique que pour la 3G, 4G ou 5G, le danger principal ne vient pas des antennes mais des téléphones de par leur proximité du corps.

Il existe peu d’études sur la 5G et la santé, leurs conclusions varient selon leurs commanditaires ; mais une majorité avance une nocivité équivalente ou moindre à celle de la 4G. Comme pour toute technologie, il s’agit de voir où on place le curseur du principe de précaution, mais aussi de développer des moyens publics d’expertises et de surveillance réellement indépendants des lobbies en tout genre.

La 5G est énergivore et consomme des terres rares. Ce n’est pas propre à elle mais à tout l’éco système numérique. Cet impact brut du numérique sur le climat croît de manière exponentielle à cause d’une forte demande en électricité. Ce qui pose d’abord la question de la production d’électricité décarbonée et donc de suivre les recommandations du GIEC sur le nucléaire. Mais le numérique dans son ensemble devra faire des choix technologiques réduisant significativement son empreinte écologique.

Il faut nuancer l’impact brut du numérique sur le climat par son impact relatif, car ses usages permettent aussi d’importantes économies d’énergie, de matières premières, de ressources naturelles et de déplacement. On ne peut prendre en compte le numérique et la 5G de manière isolée. Si la 5G ne doit pas être déployée sans cahier des charges limitant drastiquement son empreinte écologique, elle n’est pas pour autant en elle-même écocide et peut même contribuer à une partie de la solution.

Les dangers d’un capitalisme de la surveillance sont déjà là avec l’usage des technologies actuelles, la 5G n’y apporte pas de changement qualitatif.

Les technologies 5G des États-Unis sont en retard par rapport à la Chine, la Corée du sud et l’Europe (Ericsson, Nokia-Alcatel). Pour gagner le temps nécessaire à rattraper leur retard, les États-Unis déploient une double stratégie d’influence : les Chinois sont accusés d’espionnage, et pour bloquer les Coréens et les Européens, on lance en sous-main des campagnes via des ONG et dans les médias accusant la 5G d’être toxique, écocide et liberticide. Les États-Unis entendent refaire leur retard et imposer leurs choix technologiques comme norme internationale.

Les gains de la 5G par rapport à la 4G devraient permettre l’arrivée des véhicules semi autonomes, une robotisation couplée à l’usage du big data et de l’intelligence artificielle, en particulier dans l’industrie et la santé (6)… Ce qui implique plus que jamais de légiférer afin de protéger nos données de santé et non de les offrir à Microsoft. Il est nécessaire aussi de légiférer à partir de l’impact écologique et social, de l’usage de la 5G et du numérique en général par les industries du divertissement et de la culture : jeux vidéo, e-sport, tourisme virtuel…

La 5G ne va pas changer le monde, mais sa combinaison avec d’autres technologies aujourd’hui bridées par les limites de la 4G peut être une révolution dans les entreprises, en particulier sur les interactions entre études, productions, services : le cloud distribué, le stockage et l’analyse des données au plus proche de l’utilisation et des besoins, les réalités augmentées et virtuelles, la robotisation liée à l’intelligence artificielle ainsi que l’industrie des objets connectés. Cette convergence pourrait apporter des usages et des progrès que nous ne pouvons pas encore imaginer dans les domaines de la santé, de l’énergie (7), de l’industrie (8), des déchets, des transports, de l’écologie…

Demain on voit mal une usine s’implantant dans un territoire non connecté à la 5G (9). Une renaissance industrielle de notre pays, assise sur des unités de production distribuées et adaptables aux besoins, ne pourra guère faire l’impasse de la 5G. Un tel choix d’aménagement du territoire ne peut être abandonné aux opérateurs privés et au marché. Ils nécessitent de créer une filière nationale dans le cadre de coopérations européennes autour des télécoms incluant opérateurs du service public, équipementiers, composants électroniques, cyber sécurité et applications.

Pour la 5G comme pour d’autres questions, l’État, les collectivités territoriales ne doivent pas mettre en œuvre les politiques publiques que les entreprises veulent bien leur vendre, mais au contraire il faut que les entreprises se mettent au service des choix politiques issus du suffrage universel.

La 5G, pour fonctionner, utilise des fréquences propriété de l’État qui seront mises aux enchères auprès des opérateurs de télécoms. On vend un bien commun public sans véritable contrepartie et sans cohérence de filière. La concurrence des opérateurs privés n’offre aucune garantie de couverture égalitaire des territoires. La valorisation maximum des fréquences primera sur l’aménagement du territoire.

Faute de vision stratégique, de maîtrise de la filière et d’outils publics comme un opérateur de télécoms nationalisé ou des régies de télécoms, la 5G, au lieu d’être un levier de résorption des inégalités territoriales, va creuser la fracture numérique.

Pour le PCF, la question n’est pas de s’opposer à la 5G en elle-même, mais de mettre son usage au service du développement humain sur les territoires, dans le cadre d’une maîtrise publique et citoyenne, intégrant une stratégie numérique globale bas carbone et le respect drastique des normes de rayonnement associé à une stricte surveillance des éventuels effets sanitaires.µ

Yann Le Pollotec, responsable collectif Révolution informationnelle et numérique

_____________________________

1. Augmentation en moyenne d’un facteur 10G.

2. Le temps de trajet d’une donnée entre l’émetteur/récepteur est fortement réduit par rapport à la 4G.

3. À terme un million d’équipements au km2, soit 10 fois plus que la 4G.

4. https://www.anfr.fr/fileadmin/mediatheque/documents/expace/rapport-paris14-v1.pdf

5. https://www.anses.fr/fr/content/d%C3%A9ploiement-de-la-5g-en-france-l%E2%80%99anses-se-mobilise-pour-%C3%A9valuer-les-risques-pour-la-sant%C3%A9

6. https://www.institutsapiens.fr/wp-content/uploads/2020/07/5G-au-service-de-la-sant%C3%A9-22-juillet.pdf

7. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0306261919316599

8. https://lindustrie40.fr/category/reseau-5g/

9. https://www.industrie-techno.com/article/dossier-comment-la-5g-veut-transformer-les-usines.58966

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Liquidons l’argent liquide ?

26 Septembre 2020, 07:36am

Publié par PCF Villepinte

Vers une société zéro cash -

 Par Eric Bocquet  / 18 septembre 2020

Dans certaines régions, il devient de plus en plus difficile de se procurer de l’argent liquide auprès des banques. En effet, les DAB (distributeurs automatiques de billets) petit à petit sur l’ensemble du territoire, disparaissent de nos villes, pas des villages évidemment puisqu’il n’y en avait pas. Les banques nous disent que ce système est ruineux… pour elles, il leur en coûte 89 centimes par retrait, les pauvres… Nous voilà coupables d’utiliser notre argent.

Conséquence, en toute discrétion, ce sont 5 000 DAB qui ont disparu en moins de 5 ans, près de 10% du parc, les banques préférant nous vendre des cartes bancaires nettement plus avantageuses, pour elles. Entre 0 et 350 euros par an. Elles leur permettent aussi d’encaisser 7 milliards de commissions des commerçants.

Après un long lobbying, les banquiers ont obtenu, en mai, l’augmentation du plafond des paiements sans contact de 30 à 50 euros. Résultat, une hausse immédiate de 20% du nombre de transactions. Au fond, dans notre vie quotidienne, nous constatons toutes et tous, la disparition progressive de l’argent liquide dans nos usages, cela correspond bien à un projet.

Dès 2018, le très officiel Comité Action Publique 2022, mis en place pour « réinventer le service public », et présidé par Edouard Philippe, préconisait « d’aller vers une société zéro cash ». Dans certains pays, comme la Suède, le nombre de paiements en liquide a baissé de 80% en dix ans et ne représente plus aujourd’hui que 2% des transactions.

L’Etat s’intéresse au sujet, toujours à la recherche d’économies. On nous explique que la fabrication de la monnaie a un coût parfois supérieur à sa valeur faciale. Les pièces de 1 et 2 centimes coûtent de 2 à 3 centimes à l’Etat. Pour économiser de l’argent il faudrait, en fait, n’imprimer que des billets de 200 euros ?

Les géants du numérique (tels Google et Apple) créent en même temps de l’argent électronique et ont même créé leur propre système de paiement. Facebook invente sa monnaie, le « libra » (joli nom pour une monnaie, non ?). On nous dit que les consommateurs sont ravis… soit.

Sans jouer les ringards, tous les sujets qui touchent à l’argent liquide ne sont jamais anecdotiques… ça coule de source !

 

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Paradigme(s)

25 Septembre 2020, 08:15am

Publié par PCF Villepinte

«L’après» est devant nous, très loin…

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Doutes. Souvenons-nous, c’était il y a six mois. Tout occupés que nous étions collectivement à franchir tant bien que mal la période de confinement, des milliers de discours fleurissaient, déjà, sur «l’après», ce qui adviendrait à la suite de la «crise», ou plus exactement comment il conviendrait de gérer les «catastrophes» provoquées par les circonstances. «Après la crise, plus rien ne sera comme avant», lisions-nous sous les plumes acérées de grands penseurs sur le retour.

«Après la crise, nous disait-on, il sera nécessaire de revenir aux fondamentaux.» On convoquait «le vivre ensemble en société», l’indispensable redéfinition «de la nation», de «sa souveraineté», du rôle «de la politique», bref, toutes ces supposées valeurs perdues en cours de route. Plus impressionnant, on nous affirmait même que le «quoi qu’il en coûte» de Mac Macron changerait tous les paradigmes en vigueur depuis des décennies.

Enfin, au moment où l’on annonçait l’effondrement-Covid du PIB, sachant qu’il faudrait une génération au moins pour s’en remettre, on oubliait surtout d’expliquer que, en capitalisme, ledit effondrement vaut effondrement de l’emploi et que ce désastre programmé s’abattrait sur une société rongée de précarité, d’angoisse matérielle et de doutes quasi anthropologiques. Résumons: nous n’avons encore rien vu…

Modèle. Convenons que la question du «comment se gouverne l’imaginaire des hommes?» est aussi importante que celle du «comment répandre de fausses espérances?», d’autant que la première croise assez souvent la seconde. En l’espèce, les puissants d’en haut, tout machiavéliques qu’ils soient, savent la même chose que nous: les secousses à venir vont être terribles. Non seulement cela va très mal se passer, mais n’excluons pas le risque que cela finisse très mal par ailleurs.

La furie de la précarité menace de se propager dans une intensité rare. La furie de la précarité: la furie du capitalisme. Argument facile et schématique, certes. Mais la gestion de la crise épidémique et économique continue de révéler de si lourdes failles et faiblesses que la nation tombe progressivement de son piédestal. Ce que les Français ont appris, en plus de la crise systémique du modèle libéral, tient en deux mots: désillusion, déclin.

D’un coup, nos concitoyens ont pris conscience de l’extrême vulnérabilité de notre système de fonctionnement collectif. Nous vivions sans aucune anticipation stratégique. Exemple le plus criant, notre système de santé, supposé être l’un des meilleurs du monde. Un autre élément fut également décisif pour la conscience française: la mesure du délabrement de l’État et, plus largement, de notre système de décision politique, complètement désarticulé. Ce fut un choc, une blessure narcissique profonde. Comme le réveil d’un somnambule.

Rebours. L’ampleur de la révélation est telle qu’il ne serait pas inutile de marteler une autre vérité plus fondamentale. Tout dans cette crise accuse le capitalisme au cœur, le néolibéralisme et toutes les politiques conduites depuis si longtemps qu’il est inutile d’en dater la genèse. Car nous ne sommes pas dans «l’après», sauf, bien sûr, à considérer que l’après tant rêvé est déjà là et se poursuit comme avant, mais en pire.

Une sorte de «continuité», mue par son implacable logique destructrice. En creux, forcément, se dessine une perspective à rebours de ce que nous vivons. Il suffit de se rappeler qu’il n’y a pas de solution ni de repos possible dans le système capitaliste actuel. L’instabilité de la globalisation néolibérale ne charrie que l’incertitude instituée. «L’après» est devant nous, très loin…

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 25 septembre 2020.]

Publié par Jean-Emmanuel Ducoin  

 

 

 

 

 

 

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États généraux de la paix – ARAC – Message de Fabien Roussel

25 Septembre 2020, 08:12am

Publié par PCF Villepinte

États généraux de la paix – ARAC – Message de Fabien Roussel

Message de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord, à l'occasion des États généraux de la paix organisés par l'ARAC.

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Le récent rapport au Parlement sur les exportations d’armes de la France en 2019 témoigne de notre scandaleuse contribution à l’armement de pays en guerre.

Cette politique, à rebours de nos idéaux de paix, se décline avec cynisme au nom de considérations purement commerciales. Au point de lui donner des airs de catalogue publicitaire, dédié à des «clients». «Le montant des exportations s’élève cette année à 8,33 milliards d’euros, écrit ainsi la ministre des Armées en introduction du rapport. Une offre appréciée, car elle sait s’adapter aux besoins des armées des pays clients et elle sait interagir avec les industries de défense étrangères.» De tels raisonnements mettent en péril la sécurité de la planète.

La France ne peut pas exhorter le monde à préserver la paix, comme elle le fit lors du centenaire de la Grande Guerre, et s’enorgueillir dans un rapport d’une place «dans le top 5 des exportateurs mondiaux d’armement, dont 45 % pour l’Europe.» Elle ne peut pas intégrer le Traité sur le commerce des armes et refuser de signer et ratifier le Traité du 7 juillet 2017 visant à interdire l’utilisation et la prolifération des armes nucléaires.

La pandémie mondiale de Covid-19, qui est venue aggraver une crise économique dévastatrice pour des centaines de millions d’êtres humains, a révélé les impasses et les faiblesses de l’ordre existant. La «guerre» impitoyable menée contre le virus nous rappelle que la sécurité sanitaire et la santé publique sont plus fondamentales que les quelque 2 000 milliards de dollars engloutis à l’échelle mondiale dans les stratégies politico-militaires. Elle renforce aussi la nécessité pour la France de quitter l’OTAN, dont les budgets de défense ont augmenté en moyenne de 5,7% entre 2018 et 2019, dans l’objectif affirmé d’y consacrer 2% du PIB.

Il est urgent de briser cette spirale infernale et de fixer à notre planète le seul horizon possible: la construction de la paix.

 

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Le peloton, la France… et la République du Tour

5 Septembre 2020, 07:29am

Publié par PCF Villepinte

 

par Jean-Emmanuel Ducoin 

 

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Dans la septième étape, entre Millau et Lavaur (168 km), victoire du Belge Wout Van Aert. En ce jour anniversaire de la naissance de la IIIe République, petit rappel historique de ce que le Tour doit à la République. Et vice versa.

Lavaur (Tarn), envoyé spécial.

Pourtant inventeur d’une singulière métronomie de lieux, de dates et de preuves légendaires, le Tour semblait en dehors de l’Histoire, ce 4 septembre – fait plutôt rare. Curieuse impression de petite trahison, que le chronicoeur refusa d’accepter. Par un jour de très fortes chaleurs, entre Millau et Lavaur (168 km), mangeant du regard – à bâbord du véhicule de l’Humanité – le parc naturel des Grands Causses puis celui du Haut-Languedoc, au cœur de paysages sublimes et revigorants, nous traquions du regard les drapeaux tricolores dressés par les spectateurs. Que les couleurs nationales arborent villes et villages au passage des héros de Septembre n’a rien d’inhabituel, évidemment. Mais celles-ci avaient aujourd’hui une valeur particulière, bien que peu de personnes connaissent la référence au 4 septembre 1870, il y a précisément 150 ans: l'avènement de la IIIe République et la fin du second Empire, deux jours après la bataille de Sedan et la capitulation de l'empereur Napoléon III, alias «Napoléon le petit», selon Victor Hugo.

Si le chef de l’Etat s’est fendu d’un discours au Panthéon le matin même, le patron du Tour, s’il avait un peu de Lettres et d’esprit, aurait certainement pris la parole au départ de l’étape pour dire quelques mots et expliquer ce que le Tour doit à la République… et vice versa. Qu’on ne s’y trompe pas. Si le Tour continue de nous troubler et de nous préoccuper en grand, ce n’est pas uniquement parce qu’il reste sans doute la plus ordinaire des aventures de l’extrême. Non, c’est aussi et surtout parce qu’il nous parle alternativement d’un pays proche – la France – et d’un monde lointain – l’idée républicaine universelle. Prenons bien la mesure. Si le Tour ne nous racontait que des histoires de sports et de sportifs, sa légende mythologique, qui a traversé bien plus d’un siècle et hanté bien des cerveaux humains les plus brillants, n’aurait pas atteint de semblables sommets. Et nous ne serions pas sur ses routes, cette année encore, à nous lamenter sur son sort, sur ce qu’il est devenu, ou sur la fin supposée et possible de son caractère légendaire. Surtout, le chronicoeur n’aurait pas lâché une larme, à Castres, au kilomètre 125, en passant à quelques mètres du Centre national et musée Jean Jaurès, antre magnifique qui retrace le parcours de l’immense homme politique, du philosophe, du tribun d’exception et du journaliste et fondateur de l’Humanité.

En traversant Castres, justement, à quarante bornes de l’arrivée, le peloton n’en était plus un depuis longtemps. Sous l’impulsion de l’équipe Bora du Slovaque Peter Sagan, engagé dans la bataille du classement à points, le gros de la troupe avait explosé dès la première côte, celle de Luzençon (troisième cat., km 9), et de nombreux sprinters, dont le maillot vert Sam Bennett, furent définitivement piégés. Pas d’incidence sur le sort de la victoire finale. Aucun des (vrais) favoris ne tomba dans le traquenard, ni dans la trappe d’une mémorable bordure, qui, dans un final très venteux vers Lavaur, scinda le groupe de tête en plusieurs morceaux. Principales victimes de ce train infernal: Pogacar, Landa, Porte et Carapaz. Après avoir signalé que le gain de l’étape revint au Belge Wout Van Aert (sa deuxième) et le paletot vert - évidemment - à Sagan, il était temps de s’installer de nouveau dans les pas de l’Histoire.

Le chronicoeur l’a déjà écrit (1), mais détaillons brièvement cette curieuse alchimie française. Si l’idée d’organiser un tour cycliste reliant Paris à Paris via les principales villes de France répond, en 1903, pour le journal l’Auto, à des impératifs commerciaux (relancer les ventes du quotidien), sa création concrète, replacée dans le contexte de l’époque, répond à une triple ambition: patriotique, morale et pédagogique. En faisant connaître la France aux Français et en suscitant partout l’émulation, de l’énergie et de la volonté, le Tour va contribuer à une sorte de «nationalisation» de la société française, lui conférant une image d’unité : une unification par le sol. Un sol-mémoire de la nation. Difficile d’imaginer de nos jours à quel point cette épreuve, au début du XXe siècle, contribua à sa manière à enseigner la France aux Français et à raffermir le sentiment d’appartenance collective au cœur d’un terreau politique où s’aiguisent les luttes sociales et où l’on croise quelques personnages haut en couleurs, Emile Combes, Jules Guesde et bien sûr Jean Jaurès, qui pense sérieusement à créer un journal.

Héritier d’une espèce de tradition des Compagnons, imprégné d’une culture patriotique inculquée par l’école républicaine, mais aussi d’essence barrésienne (son fondateur Henri Desgrange), le Tour, rapidement, imprègne la mémoire collective de générations entières qui, elles-mêmes, par la suite, en transmettrons l’essentiel aux générations futures, jusqu’à ce que la France offre au Tour l’une de ses plus belles conquêtes sociales: les congés payés. Depuis, le grand livre-mémoire du Tour se feuillette à distance et en songes, mélange de mélancolies et de joies, et devient l’une des pâtes indispensables à la fermentation des familles du XXe siècle. Cette généalogie, à la fois pieuse et ouvrière, parvient donc jusqu’à nous. Ce «nous», organiquement amoureux du Tour. Et pour cause: le Tour devint une institution, une République dans la République, au moins trois semaines par an durant lesquelles même De Gaulle cessait d’être l’unique héros national. Cela porte un nom : la République du Tour!

Les coureurs savent-ils que l’envoûtement diabolique de la Grande Boucle a, en apparence, quelque chose d’inexplicable? Car tout nous ramène aux hommes et à la France dans toute leur exception – à condition d’accepter qu’il y eut, dans l’idée même de l’édification de la France, une exception, et mieux encore, une exception républicaine. L’ordre épique, la géographie homérique, tout dans l’aventure du Tour conduit au mythe total, donc ambigu: tout à la fois un mythe d’expression et un mythe de projection. Réaliste et utopique. Et par dessus tout, un mythe populaire comme il y en a peu.

Samedi et dimanche, les deux étapes pyrénéennes détermineront peut-être du sort de la Grande Boucle 2020. Par ce beau week-end de septembre, nous guetterons la présence du Peuple. Et ce qu’il subsiste de la République Tour, quand elle s’élève vers les cimes et tutoie l’Histoire.

(1) Lire: Tour de France, une belle histoire, de Jean-Emmanuel Ducoin, éditions Michel de Maule (2008).

[ARTICLE publié sur Humanite.fr, 4 septembre 2020.]

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Plan de relance Macron-Castex : un seul choix, la relance des profits !

5 Septembre 2020, 07:04am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 03/09/2020 par PCF

Le plan de relance, présenté ce jour par le Premier ministre, confirme le choix du Président et du gouvernement de relancer les profits plutôt que de répondre aux défis des crises sanitaire, économique et écologique.

Les grands gagnants du « jour d’après » sont le capital, les actionnaires des grands groupes, les fonds de pension, les banques qui continueront d’agir contre l’emploi et la transition écologique pour que tout continue comme avant… en pire ! Alors que notre pays compte plus de 6 millions de privé·e·s d’emploi, l’annonce de création de 160 000 emplois en 2021 apparaît d’autant plus faible que la logique du plan gouvernemental ne peut en rien la garantir.

 

Après les milliards d’argent public versés à de grands groupes qui licencient, la baisse des impôts dits de production coûtera 20 milliards aux Français·es sans aucune garantie sur l’emploi privé, les jeunes ne reçoivent d’autre promesse que celle d’emplois précaires, aucune création de postes ou de mise en formation significative n’est prévue dans les services publics essentiels que sont la santé, l’éducation et la culture est le parent pauvre du plan. Quant aux PME, TPE, artisans, ils sont condamnés à subir les stratégies mortifères des grands groupes.

En matière de transition écologique, le gouvernement avait déjà envoyé le pire signal avec la levée de l’interdiction des néonicotinoïdes qui provoquera des dégâts irréparables. Les annonces du plan de relance en matière de transports, d’énergie, de rénovation thermique sont en contradiction avec le soutien du gouvernement à la baisse du soi-disant « coût du travail » dans les grandes entreprises publiques et privées de ces secteurs : à la SNCF, à General Electric, chez Air France, les suppressions d’emplois se poursuivent.

A l’inverse de ce plan, les communistes proposent aux Français·es de construire « le système d’après » !

L’heure est à une révolution sociale et écologique de la production et au développement des services publics. Pour cela, il faut sécuriser, non les profits, mais sécuriser l'emploi, au lieu de conforter le chômage, développer la formation et les compétences au lieu de favoriser le capital financier, en engageant la marche vers un système donnant le droit et la liberté à chacun et chacune d’alterner entre période d’emploi et période de formation avec des droits et des revenus garantis.

Cette sécurité de l’emploi et de la formation, mettons-la en œuvre toute de suite pour les jeunes de notre pays, à commencer par les plus de 700 000 jeunes arrivant sur le marché du travail. Garantissons à chaque jeune une sécurité professionnelle dès la sortie de ses études, avec un emploi, un salaire ou une formation professionnelle, et cela pour toute la durée de sa vie. C’est la proposition des communistes en cette rentrée : pas un seul jeune au chômage ! Priorité à la jeunesse !

Le PCF lancera lors de son conseil national du 5 septembre une campagne nationale pour l’emploi. Il appelle à participer massivement à la journée d’action interprofessionnelle du 17 septembre et organisera, le 10 octobre, des rassemblements dans tout le pays pour une alternative au plan de relance gouvernemental. Dans le cadre de cette campagne nationale, le PCF appelle à la création de comités locaux pour l’emploi réunissant salarié·e·s, acteurs économiques et sociaux, syndicats, associations, habitant·e·s et élu·e·s : pour demander des comptes sur l’utilisation de l’argent des banques, des grands groupes, et l'argent public ; et pour porter des objectifs précis, chiffrés, de créations d’emplois, de formation pour les jeunes et pour tous les travailleurs tout au long de la vie, de développement des services publics, de productions utiles sur le plan social et écologique. Ces comités pourraient préfigurer de nouvelles institutions locales, des conférences permanentes pour l’emploi, la formation et la transformation écologique des productions.

C’est à ces objectifs que la société tout entière doit exiger que soit consacré l’argent qui coule à flot aujourd’hui sur le capital, à commencer par les milliers de milliards d’euros que la BCE déverse en ce moment sur les banques et sur les marchés financiers.

 

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"Travail, Richesse, et Medef"

4 Septembre 2020, 11:35am

Publié par PCF Villepinte

 par Patrick Le Hyaric, L'Humanité

 

« La richesse d’un pays, c’est la quantité de travail par individu multipliée par le nombre de gens qui travaillent. Tout le reste c’est de l’idéologie ». Cette assertion martelée comme une évidence par le président du MEDEF, abondamment reprise par les grands médias sans qu’ils aient jugé utile de la commenter, est lourde de sens pour les travailleurs.

Elle est emblématique de la pure idéologie capitaliste. D’abord, elle néglige les millions de privés de travail qui ne demandent qu’à exercer une activité et que le même MEDEF cherche à faire passer pour des oisifs, des inutiles, des improductifs coupables d’être privés d’emploi, quand le chômage est le fruit des choix imposés par le capital. Et même quand le travail existe, comme à Airbus où l’on dénombre 308 commandes d’avions de plus qu’à la fin de l’année 2019, les adhérents du Medef ne se privent pas de licencier. Pire, ils le font avec le robinet ouvert de l’argent public. Remarquons ensuite que la disparition de l’esclavage et les réductions successives du temps de travail journalier comme l’interdiction du travail des enfants, conquises de hautes luttes, n’ont pas diminué les richesses produites. Bien au contraire ! La productivité du travail a été décuplée dans notre pays depuis les années 1960. M. Roux de Bézieux assimile donc le travailleur à un simple moyen de production au même titre que la machine qu’il conduit ou manipule. Dans cette « logique » effarante, l’enseignant, la soignante, ou le petit commerçant sont considérés comme des non-producteurs de richesses. L’argument sert à libérer le terrain pour les passer à la moulinette de la « réduction des dépenses publiques ». Ce raisonnement fait du travailleur, non plus un citoyen ou un être humain, mais une simple « force de travail » à « essorer » au maximum pour valoriser le capital. Car dans le capitalisme, l’augmentation du temps de travail est avant tout la principale manière d’augmenter la quantité de travail gratuit pour les propriétaires des moyens de production.

Mais de quelle richesse parle le président du MEDEF ? De la richesse sociale et socialisable ? Non ! Démonstration en a été faite lors de cette université d’été patronale. Le premier ministre – celui-là même qui refuse la gratuité des masques à l’école – s’y est rendu, les bras chargés de cadeaux dont celui d’une baisse des prélèvements sur le capital – déguisée sous ce nouveau mot sorti des bureaux bruxellois  d’ intolérable «impôt de production » –   de dix milliards d’euros servant à la vie des régions. Autrement dit pour les lycées, les transports et autres équipements. Dix milliards créés par le travail et qui ne serviront plus au bien public, mais qui tomberont à coup sûr dans l’escarcelle des actionnaires. La richesse créée est ainsi chaque jour un peu plus volée au travailleur et à la collectivité, mais accaparée par ceux qui décident des conditions de la production.

 

Il s’agit ici d’une vision particulièrement rétrograde du travail et surtout de l’être humain, considéré dans toutes ses dimensions et sur l’ensemble de sa vie. Les facteurs de production, les avancées technologiques comme le développement humain n’existent pour le grand capital que dans l’objectif de lui permettre de « maximiser » ses profits au détriment de la vie des femmes et des hommes, celle des animaux et  de la nature.

Cette conception va à rebours de l’histoire. Le développement capitaliste lui-même a pourtant bien eu besoin de travailleurs plus formés, plus cultivés, mieux soignés, mieux logés ou d’équipements comme les routes et les trains, l’électricité et l’eau, payés par la collectivité publique. Non seulement il ne veut plus payer cette part de dépenses pour la collectivité, mais il veut profiter de la pandémie pour les privatiser, et pour abaisser relativement la rémunération du travail, faire travailler les salariés jusqu’à 70 ans, revenir à la semaine de 45h et laisser les jeunes sur le carreau !

Le froid calcul des puissances d’argent n’intègre d’ailleurs jamais la durée de vie de « la force de travail » ni des effets pervers des stratégies patronales sur la terre, la biodiversité ou le climat. Ainsi, un ouvrier verrier vit sept années de moins que la moyenne des autres ouvriers et quatorze années de moins qu’un cadre. Dans ces conditions, quelle est donc la finalité de la richesse qu’il produit ? Le travail de générations de verriers de l’entreprise Verrallia en Charente, a été accaparé par un fonds financier Nord-Américain qui à la mi-juin verse 200 millions € à ses actionnaires, via une filiale basée dans le paradis fiscal du Luxembourg. Deux jours plus tard, le même licencie plus de 200 travailleurs et délocalise une partie de la production. On pourrait multiplier de tels exemples.

La crise sanitaire n’appelle donc pas « une relance capitaliste » mais une « bifurcation-reconstruction » sociale, écologique et démocratique. Retraite à 60 ans, 32h de travail hebdomadaire, impulsion des formations pour toutes et tous préparant la métamorphose  de la production industrielle et agricole, socialisation des richesses pour des services publics rénovés de l’école, de la santé, des transports, du logement et pour la sécurité alimentaire, et enfin des pouvoirs d’intervention et de gestion des salariés dans l’entreprise. Au-delà, l’enjeu de la propriété du capital dans plusieurs secteurs décisifs ne doit plus rester tabou. Le MEDEF a ouvert un débat de première importance sur ses intérêts de classe. Il faut l’affronter pour les combattre. La Fête de l’Humanité – dans une semaine – y contribuera.

 

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Réquisition et gratuité des masques !

4 Septembre 2020, 11:30am

Publié par PCF Villepinte

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L’or gris

3 Septembre 2020, 08:00am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 02/09/2020 par PCF

On les appelle les « rois de l’or gris ». Ce sont ces multimillionnaires qui, profitant de la défaillance de l’État en matière de maisons de retraite, ont multiplié les Ehpad privés dans les années 80/90. Ils s’appellent Yves Journel (Fabien Roussel en a fait état dans son intervention à Dunkerque), Dominique Pellé ou Jean-François Gobertier. Leur fortune personnelle s’élève respectivement à 750, 600 et 350 millions d’euros. La crise ? Vous avez dit la crise ? Un concept que ces gens semblent ignorer. Le dernier nommé, Gobertier, est connu pour collectionner les Harley, les voitures de luxe, les restaurants, les hôtels. C’est vrai qu’il accumule aussi les enquêtes préliminaires pour corruption, abus de biens sociaux et blanchiment. Remarquez : un roi de l’or gris, qui spécule sur les têtes blanches et soupçonné de blanchiment, on va dire qu’il y a là une certaine logique. 

Gérard Streiff

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Il y a urgence ! Le billet du Dr Christophe Prudhomme. Autoritarisme

3 Septembre 2020, 07:51am

Publié par PCF Villepinte

Jeudi 3 Septembre 2020

La question du port du masque et de son obligation continue à être le chiffon rouge agité par le gouvernement, accompagné de la menace d’un reconfinement généralisé. La stratégie du pouvoir depuis le début de la crise est erratique. Tout d’abord des mensonges pour cacher la pénurie, puis un débat ubuesque sur les lieux où s’applique l’obligation, utilisé pour échapper au vrai problème qui est la difficulté à se faire tester, pour arriver à une décision autoritaire et infantilisante de la généralisation de l’obligation, y compris dans la rue. Heureusement, nous avons échappé à l’aberration du masque pour les cyclistes et les joggeurs !

Si le nombre de personnes testées positives augmente fortement depuis deux semaines, il n’en va pas de même du nombre de malades. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas rester vigilant car nous en apprenons tous les jours avec cette épidémie et toutes les hypothèses, y compris les plus alarmistes, doivent être envisagées. Mais cela ne veut pas dire qu’il est nécessaire…

Face à une épidémie, il faut bien entendu prendre des mesures pour en limiter son extension, tout en restant humble, car c’est plus souvent son évolution naturelle plus que les mesures barrières qui aboutissent à son extinction. Aujourd’hui la stratégie doit être multifactorielle : bien entendu le masque mais avec ses limites, surtout les tests et l’isolement le plus rapide des personnes contaminantes et surtout une capacité du système de santé à pouvoir répondre aux besoins, tant en ville qu’à l’hôpital. Or c’est sur cette dernière question que le bât blesse et que les moyens ne sont toujours pas à disposition. Car il s’agit bien d’éviter que les gens tombent malades, mais surtout d’être en capacité de les soigner quand ils le sont. Or l’ampleur de la crise dans notre pays a été uniquement liée aux difficultés de nos hôpitaux à accueillir un afflux de patients, assez brutal dans le temps mais somme toute limité en nombre, car ils étaient exsangues du fait des politiques de restrictions budgétaires imposées depuis plus de 20 ans.

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Retrouvez son précédent billet, Vaccin, et l’ensemble de ses chroniques.

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