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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Oscar Niemeyer, créateur, communiste

30 Novembre 2022, 11:09am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 30/11/2022 par PCF

L’architecte Oscar Niemeyer, qui a conçu le bâtiment du PCF, est décédé le 5 décembre 2012, voici 10 ans. Il avait presque 105 ans.

De son vrai nom Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares, il aimait à dire : « Dans mon nom il y a quatre origines différentes... Je suis un métis et j’en suis fier. » Il portait en lui une ouverture sur le monde.

Au cours de sa vie, il a réalisé plus de 600 projets, aux quatre coins de la planète ; certains d’entre eux se matérialisent encore aujourd’hui comme à Brasília (2012), Leipzig (2020), Aix-en-Provence (2022).

Fidel Castro avait dit de lui en 1999 : « On se souvient de Michel-Ange, des grands peintres du monde, on se souviendra d’Oscar Niemeyer avec la plus grande admiration, un Niemeyer éternel pour son œuvre et ses nobles idées. »

De fait, il a été honoré, distingué dans une dizaine de pays (et d’académies). La France l’a élevé au rang de commandeur de la Légion d’honneur en 2007. Et le monde entier a rendu hommage à l’architecte et à son engagement communiste indéfectible, soulignant à la fois la sensualité des courbes de ses réalisations et la droiture de ses convictions.

Quelques citations. Dilma Roussef, ex-Présidente de la République du Brésil, déclara à l’annonce de sa mort : « C’est un jour de deuil. C’est un jour pour saluer sa vie. Niemeyer était un révolutionnaire, le mentor de la nouvelle architecture qui était belle, logique et, comme il l’avait définie lui-même, inventive. »

Pour Sergio Magalhaes président de l’Institut brésilien des architectes, « Niemeyer était un homme en avance sur son temps, il était solidaire des autres et il a été aimé comme peu de gens. »

Sergio Cabral Filho, gouverneur de Rio, a parlé de « génie de l’architecture mondiale, ferme dans ses convictions et aimé du peuple brésilien ».

Et Lula assura : « La monumentale Brasilia, où il a laissé la marque de son art et concentré ses rêves d’une ville qui puisse abriter avec tendresse et confort pauvres et riches, hommes communs et ordinaires, sera toujours l’expression maximum de son génie et de sa générosité. »

Architectes, artistes, journalistes, hommes et femmes politiques ont salué son engagement. Lucien Clergue, photographe, a pu dire : « Comme Picasso, Oscar avait ce sentiment de communisme, c’est-à-dire de confraternité, généreux et le sens du partage. »

Ils ont insisté sur le caractère novateur de son œuvre. Pour l’architecte Jean-Maur Lyonnet qui participa à la construction de notre siège : « Son architecture a apporté sur la scène européenne et nord-américaine vraiment un souffle tout à fait nouveau. » Paul Chemetov, qui contribua également à la construction du siège, insistait : « Il croyait en une architecture capable de transformer le monde. » Et Pierre Laurent notait : « Son œuvre est révolutionnaire parce qu’il aimait l’humanité et la vie qui n’a de sens que dans la solidarité et la fraternité du genre humain. »

Le siège du PCF était, avec la cathédrale de Brasilia, l’œuvre préférée de son créateur. Quarante-deux ans après l’inauguration de l’immeuble de la place Colonel-Fabien, et dix ans après la mort d’Oscar Niemeyer, ce siège, classé au patrimoine national, reçoit sept mille visiteurs aux journées du patrimoine.

Le bâtiment reste quasiment le seul siège politique d’origine à être encore la propriété de son parti. Construit vers la fin de la guerre froide par nombre d’architectes et d’ingénieurs communistes, il opposait fièrement son rideau de verre au rideau de fer. Il doit aussi beaucoup à l’implication militante des communistes, qui ont participé à la grande souscription nationale qui a permis l’achèvement des travaux, mais aussi aux nombreuses gardes pendant les travaux. 

Gérard Pellois

 

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Collectivités locales

30 Novembre 2022, 11:05am

Publié par PCF Villepinte

– Proposition de loi communiste

Les prix de l’énergie s’emballent et les citoyens comme nos collectivités locales voient leurs factures exploser. 345 € le MWh en août 2022 contre 38 € l’année dernière pour le gaz, 1 000 € le MWh contre 40 € au début de l’année 2021 pour l’électricité…

 

Comme les usagers, les collectivités risquent de se retrouver dans une précarité énergétique, face à des choix cornéliens : fermer des équipements, éteindre l’éclairage public, baisser le chauffage ou interrompre des services publics locaux.

Beaucoup d’élus s’y refusent, mais combien de temps tiendront-ils, alors que les budgets sont aussi impactés par la hausse des denrées alimentaires ou le coût des matériaux de construction que travaux et réalisations d’équipement de 30 à 50 %.     

Après plusieurs mois d’interpellation, le gouvernement a enfin consenti à mettre en place un « filet de sécurité » pour les collectivités, puis un « amortisseur », beaucoup d’entre elles ne pouvant pas bénéficier du bouclier tarifaire qui s’applique aux ménages car celui-ci est basé sur les tarifs réglementés de vente de l’énergie. Mais ces dispositifs sont de véritables « usines à gaz » et bien peu de collectivités vont pouvoir réellement y avoir accès.

Aujourd’hui, seules les communes de moins de 10 salariés ou 2 millions d’€ de recettes peuvent encore prétendre aux tarifs réglementés de l’électricité. Plus aucune à ceux du gaz, ces tarifs réglementés devant s’éteindre pour tous, y compris les particuliers, en juillet 2023.

La libéralisation du secteur de l’énergie, avec la construction du marché européen liant le prix de l’électricité à celui du gaz, nous conduisent à l’emballement des prix que nous connaissons aujourd’hui avec des augmentations comprises entre 30 à 300 %, pouvant aller jusqu’à plusieurs millions d’euros.

Cette situation est intenable. Face à ce raz-de-marée, il faut construire des digues solides en obtenant du gouvernement un soutien plus important et plus simple de l’État face à l’urgence budgétaire que connaissent les collectivités. En gagnant aussi des mesures structurelles.

Parce que l’énergie est un produit de première nécessité, il est impératif que les collectivités locales puissent revenir au tarif réglementé de vente de l’électricité et du gaz dont la première finalité était la protection des usagers, de tous les usagers.

C’est le sens du 1er article de la proposition de loi que les sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) mettent en débat dans le cadre de leur « niche », le 7 décembre prochain. Cela permettrait à l’ensemble des collectivités territoriales d’accéder au bouclier tarifaire, par l’accès à un tarif réglementé de vente de l’électricité décorrélé des prix du marché.

Nous proposons également, dans ce texte, d’abandonner l’extinction programmée du tarif réglementé de vente du gaz afin que chacun, citoyen comme collectivité, puisse en bénéficier.

Nous ferons ainsi entendre au Sénat la nécessité d’une intervention publique dans ce secteur hautement stratégique.

Céline Brulin

sénatrice de Seine-Maritime

 

 

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HAUSSE des TARIFS  des TRANSPORTS  PUBLICS en IDF

30 Novembre 2022, 10:53am

Publié par PCF Villepinte

Valérie  PECRESSE  et GOUVERNEMENT :

 ARRETEZ de FAIRE les POCHES des USAGERS des TRANSPORTS !!

      

Invoquant un manque de 750 Millions d’euros dés 2023 pour boucler le budget de fonctionnement des transports publics, Valérie PECRESSE, Présidente de la Région IDF et du CA d’IDF/Mobilités, propose de passer, entre autres, le PASS NAVIGO mensuel de 75,20 euros à 90 euros soit + de 20% et le ticket de métro à l’unité de 1,90 euros à 2,30 euros soit une hausse de 21%. 

Sans nier le contexte particulier dans lequel nous évoluons, nous considérons que la situation financière dans laquelle se trouve IDF/Mobilités relève de la seule responsabilité de la Présidente de Région et du Gouvernement !

Les usagers des transports n’ont pas à faire les frais des choix et des carences de gestion imputables à la Région IDF et au Gouvernement MACRON. La Présidente de Région a trop longtemps ignoré les propositions de nouvelles recettes et d’axes d’amélioration des transports du quotidien formulées par les associations et les partis politiques de Gauche au CA d’IDF/Mobilités.

Pour sa part le Gouvernement a refusé à plusieurs reprises de décider l’augmentation du Versement Mobilité, payé par les banques et les sièges sociaux des plus grandes entreprises, installées à Paris et à la Défense !

Face à cette incurie coupable, la Convergence Nationale Rail (CNR) en lien avec d’autres forces, demande, dans un contexte de dégradation du pouvoir d’achat et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, d’arrêter de ponctionner les usagers !  STOP aux hausses des tarifs envisagée ! Le remède proposé sera pire que le mal, accentué avec l’ouverture à la concurrence des transports publics en IDF !!

La CNR appelle à la manifestation  sous les fenêtres de l’Hôtel de Région à St OUEN (93) Mercredi  07 Décembre 2022  9h où la hausse des tarifs sera soumise au vote des élus-es.

 

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JEUNESSES

28 Novembre 2022, 10:18am

Publié par PCF Villepinte

Les jeunes,

moteurs de l’engagement citoyen

Lutte contre les discriminations, droits des femmes, préservation de l’environnement et de la biodiversité: ces thématiques mobilisent les 18-34 ans bien plus que leurs aînés. Les jeunes sont ainsi près d’un sur deux à agir au sein d’organisations collectives porteuses de ces valeurs.

L'Humanité Samedi 26 Novembre 2022

Eugénie Barbezat

Les jeunes se mobilisent davantage que leurs ainés en particulier sur les questions environnementales.

AFP

Selon le baromètre de l’engagement citoyen et solidaire publié le 25 novembre, la crise sanitaire a impacté négativement les pratiques associatives des Français (ils sont 52 % à avoir une activité collective contre 59 % en 2018). Mais ce sondage Opinionway pour la plate-forme d’accompagnement des associations, HelloAsso, montre surtout que si les seniors ont réduit leurs activités, l’engagement associatif des jeunes a fait un bond.

 «Leur degré d’engagement est plus fort que leurs aînés dans presque toutes les catégories testées», précise l’étude qui indique que 81 % des 18-24 ans et 69 % des 25-34 ans ont au moins un engagement collectif, alors que ce n’est le cas que pour 52 % de l’ensemble de la population.

Les différences générationnelles sont particulièrement prononcées concernant la lutte contre les discriminations avec 39 % des 18-24 ans qui se disent actuellement investis sur la lutte contre le racisme, contre seulement 3 % de leurs aînés.

Aussi, près d’un jeune sur deux est mobilisé pour la défense des droits des femmes et des personnes LGBTQI +  contre à peine 5 % des seniors. Des données qui illustrent la motivation des jeunes générations à mettre leurs sujets de prédilection sur le devant de la scène, notamment d’égalité́ et de lutte contre les discriminations, mais aussi bien sûr de changement climatique.

Génération engagée

Le baromètre de l’engagement citoyen et solidaire, confirme la prise de conscience des défis environnementaux (changement climatique et protection de la biodiversité) chez les jeunes, sur-représentés dans l’engagement pour l’environnement avec 27 % des 18-24 ans et 44 % des 25-34 ans investis contre 15 % pour l’ensemble des Français.

Fait notable, le souhait d’engagement sur les causes environnementales arrive aussi largement en tête parmi les classes populaires. «Cette dynamique est autant une bonne nouvelle qu’un défi pour les associations et les pouvoirs publics, estime Léa Thomassin, présidente et fondatrice de HelloAsso. L’appétence des plus jeunes pour l’action collective contredit le discours ambiant d’une génération désintéressée ou repliée sur soi.

Il ne s’agit pas seulement d’une “Génération Climat” mais d’une “Génération engagée”. Ce fort souhait d’engagement doit stimuler les acteurs de l’intérêt général, associations, fondations et institutions, pour offrir aux jeunes des formats et des modes d’actions en ligne avec leurs attentes.»

 Une gageure pour les pouvoirs publics, puisque le baromètre confirme aussi la désaffection (voire la défiance) des Français, et particulièrement de plus jeunes, vis-à-vis de la politique traditionnelle, l’item «parti politique» arrivant bon dernier de toutes les thématiques testées.

 

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Alimentation : pourquoi les prix explosent ?

28 Novembre 2022, 10:08am

Publié par PCF Villepinte

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Retraites :

28 Novembre 2022, 10:00am

Publié par PCF Villepinte

 Tromperie sur le marchandage

Réforme Alors que les négociations avec les syndicats et le patronat entrent dans leur dernière ligne droite, l’exécutif brandit des contreparties pour faire accepter le recul de l’âge légal de départ. Des avancées qui n’en sont pas.

L'Humanité Lundi 28 Novembre 2022

Cyprien Boganda

À Paris, le 17 décembre 2019. Agnès Dherbeys/Myop

copyright Agnes Dherbeys

La pilule sera-t-elle moins dure à avaler si on l’enrobe de sucre glace? Dès lannonce dun éventuel recul de l’âge de départ à 64 ou 65 ans (contre 62 aujourd’hui), Emmanuel Macron a promis des contreparties en matière de pénibilité et d’emploi des seniors.

Cette vieille méthode de la carotte et du bâton est régulièrement appliquée par les gouvernements à l’approche d’une ­réforme douloureuse: une avancée sociale digne de ce nom ne saurait être actée sans une régression au moins équivalente. En 2016, la loi El Khomri prévoyait une flexibilisation sans précédent du marché du travail, mais l’assortissait de nouveaux droits en matière de formation et de déconnexion.

En 2010, le passage de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans s’accompagnait d’une prise en compte de la pénibilité, permettant aux salariés suffisamment démolis par le travail de continuer de partir à 60 ans (à condition de justifier d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 20%).

Ce type de marchandage vise à redorer le blason de réformes majoritairement rejetées par l’opinion, tout en lézardant le front syndical. Pas sûr que l’opération fonctionne avec l’actuel projet gouvernemental, qui pourrait, selon des rumeurs persistantes, être saucissonné en deux: le recul de l’âge légal serait intégré à un projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale en janvier; les mesures «positives» étant inscrites dans un projet de loi classique à la même période. Penchons-nous sur ces dernières.

Pension minimale: un progrès en trompe-l’œil

Grand prince, le ministre du Travail a déclaré qu’il souhaitait améliorer sa proposition précédente qui prévoyait que tous les nouveaux retraités toucheraient une pension minimale de 1100 euros pour une carrière complète. Le diable se niche dans les détails.

Tout d’abord, cette augmentation n’a rien d’une avancée considérable: le gouvernement précise depuis le début vouloir garantir un minimum équivalant à 85% du Smic, une mesure déjà inscrite dailleurs dans la loi dès 2003, mais jamais appliquée. Le Smic ayant été récemment revalorisé en raison de l’inflation, il est logique que le minimum promis aux retraités suive le mouvement… À l’heure actuelle, si on tenait compte de cette revalorisation, il devrait être fixé à 1130 euros environ.

Par ailleurs, une spécificité de la proposition en diminue considérablement la portée: seuls les retraités pouvant justifier dune carrière complète y auront droit. Sur les 5,7 millions de personnes vivant avec des petites retraites (moins de 1000 euros de pension), soit le cœur de cible de la mesure gouvernementale, cela ne concerne que 32% de lensemble.

Près de 70% des retraités pauvres seraient donc abandonnés à leur sort: ce sont les travailleurs aux carrières hachées (pour cause de chômage, dinterruption de carrière pour garde d’enfants, maladie, etc.) qui perçoivent les pensions les plus faibles. Pour sa part, la CGT dénonce un chantage implicite: «Depuis le départ, laugmentation du minimum est conditionnée à la réalisation de la réforme, rappelle Régis Mezzasalma, conseiller confédéral. Pire, il est prévu que ce mécanisme n’entre pleinement en activité qu’au bout de cinq ans, c’est-à-dire lorsque l’âge de départ aura atteint 64 ans: cest une façon dobliger les salariés à bosser plus longtemps.»

Pénibilité: le compte ny est pas

À chaque réforme des retraites, son lot de mesures en direction des salariés amochés par le travail. Pourtant, si l’exécutif voulait vraiment adoucir la situation des travailleurs exposés à des métiers difficiles, il pourrait simplement commencer par renoncer aux 65 ans. 

«Sen prendre à l’âge légal plutôt qu’à la durée de cotisation est bien plus brutal, car cela concerne le bas de la hiérarchie sociale, souligne Serge Volkoff, statisticien et ergonome, spécialiste des relations entre l’âge, le travail et la santé. Les premiers lésés seraient les salariés qui ont commencé leur vie professionnelle tôt, qui occupent des postes peu qualifiés et qui sont plus susceptibles d’être exposés à de la pénibilité.»

L’exécutif assure néanmoins vouloir alléger la facture pour les métiers difficiles, en musclant le compte professionnel de prévention (C2P), aussi appelé «compte pénibilité». Le C2P ouvre la possibilité à des salariés de partir plus tôt à la retraite, à condition quils aient accumulé suffisamment de points, attribués en fonction de leur exposition à différents facteurs de pénibilité (travail de nuit, répétitif, températures extrêmes, etc.). Entré en application en 2014, ce dispositif a été torpillé sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, qui a supprimé quatre critères sur les dix prévus (agents chimiques dangereux, manutention de charge, postures pénibles et vibrations).

Dans un mea culpa qui ne dit pas son nom, le gouvernement promet de réintroduire trois des quatre critères disparus, mais en laissant le soin aux branches professionnelles de les appliquer à certaines professions. «Pour être honnête, je ne comprends pas du tout comment cela pourrait fonctionner, avoue un bon connaisseur du dossier. Cela voudrait dire que les employeurs définiraient des métiers pénibles en soi, ce qu’ils ont toujours ­refusé de faire. D’ailleurs, le patron du Medef a récemment redit son opposition, au prétexte que cela recréerait des régimes spéciaux!»

L’exécutif promet également de déplafonner l’acquisition de points et de permettre à ceux qui sont exposés à plusieurs risques simultanés d’en obtenir davantage. Mais il laisse dans l’ombre l’une des principales failles du compte pénibilité, c’est-à-dire la hauteur des seuils à atteindre pour en bénéficier.

Par exemple, il faut être exposé au moins 900 heures par an (environ 4 heures tous les jours) à des températures extrêmes (inférieures ou égales à 5 degrés ou supérieures ou égales à 30 degrés) pour y avoir droit. «À ma connaissance, il nest pas question dabaisser les seuils, ce qui est pourtant primordial, insiste Serge Volkoff.

 Aujourd’hui, 1,6 million de personnes se sont constitué un compte pénibilité, ce qui signifie que de très nombreux salariés occupant des postes dangereux à terme pour leur santé en sont exclus. Le gouvernement peut toujours supprimer le plafond de points, cela ne changera rien pour ceux qui seront sous les seuils.»

Emploi des seniors: la stratégie des tout petits pas

Le meilleur pourfendeur du recul de l’âge légal est encore… Emmanuel Macron. Du moins, le Macron de 2019, celui qui lâchait alors ces quelques vérités difficilement contestables: «Tant quon na pas réglé le problème du chômage dans notre pays, ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal. Quand, aujourdhui, on est peu qualifié (…), qu’on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans!»

 Du courage, il en faut effectivement: selon lOCDE, le taux demploi des seniors (55-64 ans) en France natteint que 56,8%, contre 62,6% pour la zone euro. Surtout, selon un rapport parlementaire de septembre 2019, les seniors en emploi sont cantonnés à des postes précaires: 88% des 55-59 ans et 90% des 60-64 ans sont embauchés en CDD. Par ailleurs, 1,4 million de personnes âgées de 53 à 69 ans, rejetées du marché de l’emploi et pas encore à la retraite, survivent avec les minima sociaux.

Pour y remédier, l’exécutif propose deux grands dispositifs: un «index emploi des seniors» et la possibilité donnée à un senior acceptant un travail moins bien payé de conserver une partie de son indemnité de chômage. Cette dernière proposition a suscité une levée de boucliers quasi unanime: elle reviendrait à garantir aux entreprises lembauche, à moindre coût, de travailleurs expérimentés. Un responsable patronal interloqué a reconnu que «même nous, nous naurions pas osé avancer une telle mesure» (le Parisiendu 11 octobre), soulignant en creux la violence de la proposition…

Quant à l’index emploi des seniors, il fonctionnerait un peu sur le même principe que l’index égalité hommes-femmes: les entreprises devraient renseigner plusieurs indicateurs dans un registre public (taux de recrutement des plus de 55 ans, dispositifs de formation, etc.). Mais le Medef a déjà refusé toute forme de sanction en cas de mauvaise pratique: si le gouvernement s’aligne sur ces desiderata – ce qui n’aurait rien de surprenant –, il videra­ du même coup le dispositif de sa substance.

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Rock. Bruce Springsteen, soul man dans l’âme

27 Novembre 2022, 08:52am

Publié par PCF Villepinte

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Étudiants salariés :

27 Novembre 2022, 08:47am

Publié par PCF Villepinte

 la vie au strict minimum de

Jordan, Wiam, Célestine et Paul

En France, 50% d'étudiants sont obligés de travailler. Un cumul trop souvent un facteur d’échec et d’abandon. À Besançon, dans le Doubs, nous avons rencontré des étudiants salariés. Ils racontent leur quotidien, mais aussi le syndicat qu'ils ont monté, car, en première ligne de la flexibilisation du marché du travail, «la plupart des étudiants ne connaissent rien à leurs droits.» TÉMOIGNAGES.

L’Humanité Rosa Moussaoui

Samedi 26 Novembre 2022

Jordan, Wiam, Célestine et Paul témoignent de leurs galères quotidiennes. © Laurent Cheviet

Avec ses hautes fenêtres en arcades, la galerie qui conduit à la bibliothèque universitaire donne des airs de cloître à l’UFR de sciences du langage, de l’homme et de la société. Paul, 24 ans, sweat lilas, lunettes dorées, yeux clairs et cernés de fatigue, y étudie l’anglais depuis l’an dernier. Il met un point d’honneur à ne rater aucun cours, à passer ses soirées libres à réviser.

Il lui faut pour cela étirer les journées: Paul est caissier chez Carrefour, il y travaille 16 heures par semaine, dont le dimanche matin. Cest plus que les cours une douzaine dheures par semaine, mais sans compter le travail à la BU , souvent de 16 heures jusqu’à la fermeture, à 19h45. «Jessaie de faire le maximum. Ça demande une certaine organisation. La fatigue, ça dépend de mon sommeil, je suis un peu insomniaque, sourit-il. J’aimerais bien être étudiant à plein temps, mais une bourse pour mon échelon, c’est 150 euros par mois, et de toute façon mon dossier n’a jamais abouti. Avec 150 euros par mois, tu ne vis pas. Je loge encore chez ma mère. Elle aussi est caissière. Je l’aide financièrement: je lui donne 200 euros par mois pour le loyer.» À la caisse, plaisante-t-il, il se trouve dans une position privilégiée pour scruter l’envolée des prix: «Les clients te le font bien sentir.»

Dans ce contexte économique difficile, il n’a pas pris un jour de repos cet été: «Je voulais bosser, mettre des sous de côté, j’étais volontaire pour les heures supplémentaires. Jai bossé 30 heures par semaine pour 1200 euros, cest raisonnablement payé. Maintenant jai un peu d’économies: en cas dextrême urgence, je peux taper dedans.»

Il y a bien le dos en vrac, les pieds endoloris, les horaires décalés, les tâches répétitives, mais il ne rate plus de cours, bénéficie d’une mutuelle, s’estime «traité correctement».

 Mieux, en tout cas, que dans son précédent petit boulot. Paul était auparavant livreur en scooter électrique chez Domino’s Pizza. Dangereux les soirs de pluie, pénible par temps froid. Avec son superviseur, il y avait de la tension.

Surtout, le planning ne faisait pas coïncider disponibilité et rémunération. «Quand j’étais censé commencer à 18 heures, je ne pointais pas à mon arrivée. Si la première commande arrivait une heure plus tard, je n’étais payé qu’à partir de 19 heures. On te faisait attendre sans te payer», raconte-t-il. C’est là, sur le conseil d’un ami, qu’il a pris contact avec la CGT, avant de rejoindre le syndicat formé dans le Doubs par des étudiants salariés, voilà quelques années. «Jy ai trouvé laide dont javais besoin, et des réponses à mes questions», dit-il.

Précarisation, répression, essoufflement

L’organisation compte aujourd’hui une quarantaine de membres, dispose d’élus dans les instances universitaires, travaille en articulation avec les syndicats actifs sur les lieux de travail, se bat pour la gratuité des transports en commun ou des protections périodiques, se démène pour faire respecter les aménagements prévus pour les étudiants salariés, comme la dispense de contrôle continu.

«Quand on est venus taper à la porte de la CGT, on a trouvé des oreilles attentives», sourit Wiam Bama, 25 ans, étudiante en master de sociologie, qui anime aujourd’hui cette structure. «On essaye de sadresser à ceux que le syndicalisme ne touche pas dhabitude, expose- t-elle. Les syndicats étudiants se sont un peu écroulés ces dernières années, en partie parce qu’ils ont occulté cette question du salariat étudiant. Et puis, les militants potentiels sont précarisés, la répression violente des mouvements sociaux depuis la loi travail a aussi contribué à cet essoufflement.»

Dans les locaux de l’union départementale CGT qu’abrite une bâtisse ocre de la vieille ville joliment rénovée, cette jeune femme aux cheveux châtains, les yeux noirs, maquillage discret, se tient droite, le verbe sûr, les convictions bien ancrées. «Jai toujours travaillé, depuis la terminale, pendant les vacances scolaires, puis en continu lorsque je suis devenue étudiante. Je navais pas le choix. Mon père est chauffeur de bus, ma mère femme de ménage», confie-t-elle.

Wiam a enchaîné les petits boulots: des ménages, de laccompagnement aux étudiants en situation de handicap au service de santé de luniversité, de la surveillance au musée Courbet à Ornans. Complètement autonome, elle travaille aujourd’hui comme assistante des élus de gauche à la municipalité de Besançon. Son engagement syndical s’est forgé dans le mouvement contre la loi travail: «On sentait que le gouvernement sattaquait à quelque chose de sacré: le Code du travail, qui nous permet de défendre nos droits en tant que salariés», se souvient-elle.

Lutter pour instaurer un revenu étudiant

En première ligne de la flexibilisation du marché du travail, les étudiants salariés – un étudiant sur deux en France – forment un précariat vulnérable, malléable, peu défendu, exposé à toutes les inconduites patronales. «La plupart des étudiants ne connaissent rien à leurs droits, certains ne savent même pas que l’établissement d’un contrat de travail est une obligation légale, témoigne Wiam. Cela fait des étudiants des salariés très fragiles. Pendant leurs études et même après, car ils intériorisent des pratiques illégales. Ça fabrique des salariés très dociles.»

Sur le versant universitaire, le cumul entre études et travail est trop souvent, assure-t-elle, facteur d’échec, de découragement, d’abandon: «Le temps passé au travail fait chuter les résultats. Tu te sens nul, tu as honte, tu finis par lâcher. Cest un engrenage: tu timpliques dans le travail salarié pour sortir de langoisse des factures prélevées, tu finis la semaine sur les rotules et les plus démunis lâchent, parfois dès la première année. Et leur départ ouvre la voie à une gentrification de l’université.»

Dans l’imaginaire collectif, le salariat étudiant est longtemps resté associé au job d’été pour se payer des vacances, se faire de l’argent de poche. Une vision que la pandémie de Covid et les confinements successifs ont fait voler en éclats quand la France a, tardivement, découvert l’ampleur du désastre social qu’a représenté, pour des centaines de milliers d’étudiants, la perte d’un emploi, d’une rémunération de survie.

Besançon, avec l’appui de l’union départementale, le syndicat des étudiants salariés CGT a organisé très tôt une collecte syndicale pour financer une distribution de produits de première nécessité, denrées alimentaires et packs d’hygiène, pour «attirer l’attention sur la condition d’extrême précarité et d’isolement des étudiants, alerter sur l’indifférence politique à leur sort». Après le déconfinement, la revendication d’une gratuité complète des transports a été combattue par les élus de droite de l’agglomération. La bataille a toutefois permis d’obtenir le demi-tarif.

Interpellée, la région Franche-Comté a fini, de son côté, par verser une aide ponctuelle aux étudiants salariés ayant perdu leur emploi. Insuffisant, jugent les jeunes syndicalistes, qui fixent l’horizon d’un «revenu étudiant sur la base de 1000 euros par mois pour se loger, se nourrir, étudier». «Ce nest pas une revendication hors-sol puisque ça existe déjà pour les étudiants de l’École normale supérieure», plaide Wiam.

Jordan, 30 ans, aujourd’hui professeur stagiaire de lettres, histoire-géographie en lycée professionnel, a réussi le CAPLP, l’an dernier, après deux tentatives infructueuses au Capes. Un tel revenu étudiant lui aurait changé la vie. «Jai passé le concours dinfirmier à 19 ans. À 22 ans, jai repris mes études car lhistoire me passionnait. Je travaillais à côté en tant qu’infirmier, raconte-t-il. Pendant les trois ans de préparation du concours, j’étais assistant d’éducation en internat la nuit dans la semaine, payé trois heures alors que j’étais mobilisé huit heures, et je travaillais ponctuellement à côté en maison de retraite. L’an dernier, j’y ai bossé tout l’été avant le concours.»

Une vie austère exigeant une organisation au millimètre, sans sortie, où les moments de décompression sont rares. «Une vie au strict minimum», observe-t-il. Impossible alors pour lui de compter sur un soutien financier familial: son père, postier, est décédé; sa mère, assistante de vie, est handicapée après une chute au travail en faisant le ménage.

 Socialement et politiquement isolés

Célestine, 22 ans, étudiante en troisième année de sociologie, reçoit, elle, avec un certain embarras, l’aide modeste de ses parents. «Je ne veux pas être une charge pour eux. À la retraite, ils nont pas de grands moyens, s’excuse-t-elle. Si je n’avais pas d’activité salariée, je ne pourrais pas faire face de toute façon, surtout en ce moment alors que tout augmente.» Avec un loyer de 458 euros une fois les APL retranchées, son budget est serré. Elle cumule chaque semaine 18h30 de travail comme assistante dans un lycée professionnel et 22 heures de cours. «Quand je suis en cours, je pense au travail ; à la fac, je ne suis jamais pleinement concentrée», soupire-t-elle.

Cette étudiante aussi s’est syndiquée à la CGT, tout comme Jordan. Ils y ont trouvé «une écoute sur des préoccupations quotidiennes», la possibilité d’épauler d’autres personnes à leur tour pour «défendre leurs droits, tout en ayant une voix qui peut compter».

Adjoint (PCF) au maire de Besançon en charge des quartiers populaires, Hasni Alem admet avoir été bousculé, pendant le confinement, par le sort de cette population nombreuse mais socialement et politiquement isolée, «invisible, qui passe sous les radars de la municipalité».

Lui-même, jusqu’à l’an dernier, est passé d’un boulot étudiant à l’autre – agent d’entretien, caissier, mécanicien – avant de devenir professeur, l’an dernier. «La solution la plus simple serait de considérer qu’étudier est un travail qui mérite quon y consacre du temps, de l’énergie, sans vivre dans l’angoisse permanente du lendemain, tranche-t-il. Cela implique un revenu. Il est possible de le financer en taxant les riches. Tout ce qui peut permettre aux enfants des classes populaires de faire des études en toute tranquillité d’esprit est bon à prendre.»

Sous les arcades de la faculté des lettres, rue Megevand, dans le vieux centre, Wiam est prise à partie par un petit brun à la démarche rigide, au ton goguenard: «Alors, la CGT?» Un militant de la Cocarde étudiante, groupe d’extrême droite très actif à Besançon, qui a fait campagne pendant l’élection présidentielle pour Éric Zemmour. La jeune femme ne se démonte pas, le fait taire d’un mot et d’un regard. «Défendre les droits des étudiants, fait-elle remarquer, cest une façon, aussi, de ne pas les abandonner à ces idées morbides.»

 

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JEUNESSES

27 Novembre 2022, 08:35am

Publié par PCF Villepinte

 «La jeunesse est plurielle et diverse»

À rebours des analyses simplistes qui évoquent le «vote des jeunes» comme un ensemble homogène, la jeunesse apparaît comme un électorat aussi divisé que les autres tranches d’âge (quand elle vote) mais qui se distingue par ses priorités. Entretien avec le sociologue Laurent Lardeux, chercheur à l’INJEP.

L’Humanité Cyprien Caddeo

Vendredi 25 Novembre 2022

Le vote des jeunes à l'élection présidentielle 2022 s'est réparti entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Emmanuel Macron ne fait que 13 % chez les 18-24 ans et 16 % chez les 25-34 ans. © Philippe Huguen/AFP

Une jeunesse plurielle et aussi polarisée que ses aînés, mais qui ne vote pas pour les mêmes raisons que les plus âgés. Voilà ce qui ressort de l’enquête Youngelect 2022, cordonnée par les chercheurs Vincent Tiberj, Amaïa Courty, et l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP).

Un des slogans de la présidentielle 2022, côté majorité sortante, était «Macron, président des jeunes». À la lumière de votre enquête, on en est bien loin

LAURENT LARDEUX

Sociologue

Emmanuel Macron obtient ses meilleurs scores chez les plus de 65 ans. Il ne fait que 13 % chez les 18-24 ans et 16 % chez les 25-34 ans. On a parlé à raison de tripartition des votes, à la présidentielle, entre trois candidats - Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon - ayant capté à eux trois 75 % des voix. On ne peut pas vraiment parler de tripartition, en revanche, quand on prend le vote des moins de 35 ans, on observe plutôt une bipolarisation du vote autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon (38 % chez les 18-24 ans, 30 % chez les 25-34 ans) et de Marine Le Pen (28 % chez les 18-24 ans, 33 % chez les 25-34 %). Les jeunes qui ont voté pour le président de la République sont un électorat très marqué socialement, plutôt avantagés socialement ou scolairement.

Comment expliquer cette bipolarisation?

Il faut d’abord garder à l’esprit que le vote ne veut pas dire la même chose selon la génération à laquelle on appartient. Notre enquête montre que les jeunes voient le vote davantage comme un droit que comme un devoir, alors que c’est l’inverse chez les plus de 65 ans. Cela a un effet sur leur rapport aux urnes et leur mobilisation électorale. Les jeunes peuvent aussi adopter d’autres modalités que le vote pour marquer leur opposition aux politiques menées, comme les marches, les pétitions ou les actions de désobéissance civile. Le taux d’abstention (22 % des 25-34 ans n’ont voté à aucun des deux tours de la présidentielle) montre cet éloignement, voire cette défiance vis-à-vis de la politique institutionnelle. Parmi ceux qui votent, elle s’incarne comme un vote plus «contestataire» vis-à-vis du pouvoir en place, soit dans le vote FI soit dans le vote RN. Le rapport de force et les dynamiques de vote utile ont ensuite renforcé cette bipolarité.

Est-ce une vraie rupture générationnelle?

Je parlerais davantage de renouvellement. Dans l’histoire, les jeunes ont rarement voté comme leurs aînés, les premiers étant plus souvent tournés vers des valeurs progressistes, les seconds sur des valeurs plus conservatrices. Ce n’est donc pas un fait nouveau. En revanche, il y a un renouvellement des valeurs, des oppositions sur les priorités électorales - les droits des immigrés, l’écologie, la tolérance vis-à-vis des minorités de genres -, et des attitudes face aux urnes qui peuvent créer d’importants clivages entre générations, mais aussi entre jeunes, d’où la bipolarité évoquée précédemment.

Justement, votre enquête met l’accent sur le rôle prépondérant de ces valeurs culturelles dans le vote. Avec une jeunesse progressiste, mais aussi une autre jeunesse qui s’inscrit en réaction à ces valeurs-là…

Dans notre enquête, le politiste Vincent Tiberj détermine deux systèmes de valeurs structurants du vote. Il y a les valeurs socio-économiques, d’abord: est-ce que les interrogés sont plutôt favorables à un État redistributif ou libéral? Pensent-ils quil y a trop ou pas assez de fonctionnaires? Ensuite il y a les valeurs culturelles, quon identifie à partir dune batterie de questions sur limmigration, les minorités sexuelles, le genre, lautorité.

En croisant ces deux grands axes de clivage, on se rend compte que les valeurs culturelles influencent plus fortement le vote des jeunes que chez leurs aînés. C’est particulièrement frappant dans l’électorat jeune de Marine Le Pen, quasi unidimensionnel dans son rapport à une société conservatrice, hostile à l’immigration. La question socio-économique est secondaire dans la détermination de leur vote.

Chez les deux autres principaux candidats, on observe davantage une combinaison des deux systèmes de valeurs: Emmanuel Macron séduit les «libéraux libertaires», qui affichent des valeurs progressistes et soutiennent l’économie de marché. Jean-Luc Mélenchon séduit des électeurs favorables à la redistribution, mais qui sont aussi progressistes et priorisent donc les questions écologistes, antiracistes, etc. Les électeurs opposés à l’économie de marché mais qui affichent des valeurs conservatrices ont fait défaut au candidat insoumis, au profit de Marine Le Pen notamment.

Le «vote des jeunes» est-il un bloc homogène, dun point de vue social?

Non, notre enquête montre au contraire que la jeunesse est plurielle et diverse: les variations de participation sont très liées au niveau de diplôme ou à la situation sociale. Parmi les moins de 34 ans, 80 % des Bac + 2 déclarent avoir voté aux deux tours de la présidentielle. On tombe à 60 % pour ceux qui ont un niveau de diplôme inférieur au Bac. Il y a, comme dans les autres tranches d’âge, un sous-vote des jeunes les plus précaires, parfois aggravé par le phénomène de mal inscription sur les listes électorales.

Quel est le profil sociologique des jeunes qui ont voté Mélenchon ou Le Pen?

L’électorat jeune de Marine Le Pen est socialement assez homogène et est quasiment le négatif de celui d’Emmanuel Macron. Il cumule des situations de relégation géographique, de précarité et de faible niveau de diplôme. C’est un électorat qui a pu se sentir méprisé, une corde sur laquelle Marine Le Pen a beaucoup joué. L’électorat de Jean-Luc Mélenchon est le plus diversifié des trois, avec des scores importants à la fois chez les plus diplômés et chez des niveaux inférieurs au Bac, à la fois chez des jeunes plutôt bien lotis socio-économiquement et chez la jeunesse précaire, celle issue de l’immigration d’ascendance africaine mais pas uniquement. Le candidat insoumis a quelque part réussi, concernant le vote des jeunes, l’équation entre fin du monde et fin du mois en réunissant des jeunes préoccupés par ces deux enjeux.

Le vote des jeunes est un éternel casse-tête pour les partis politiques, qui se demandent toujours comment toucher cet électorat. Quel conseil pourriez-vous leur donner?

Je ne pense pas avoir la solution magique (rires)! Pendant la présidentielle, les grands thèmes de la campagne ont été d’ordre socio-économique - la retraite, l’assurance-chômage, le RSA - ou très axés sur la sécurité et l’immigration. Même si ça peut paraître parfois contre-intuitif, ce sont des questions qui intéressent davantage les électeurs de plus de 65 ans que ceux de moins de 35 ans.

Les partis politiques peuvent toujours investir les réseaux sociaux, moderniser leur communication, s’ils ne parlent pas des sujets qui intéressent la jeunesse, ça risque surtout de les desservir.

Enfin, il y a sans doute des progrès à faire au niveau de l’institution scolaire. Elle transmet des compétences très classiques sur le fonctionnement de la démocratie. C’est nécessaire mais insuffisant. L’école reste frileuse à organiser des débats, à faire vivre la politique et les sujets qui intéressent la jeunesse en son sein. Alors même qu’on a des jeunes qui s’engagent de plus en plus tôt, dès 14-15 ans parfois, sur la question climat par exemple.

Enfin, il y a aussi le souhait affirmé de cette jeunesse de participer plus directement aux décisions en réduisant la distance entre les élus et les citoyens, avec des attentes fortes pour une démocratie renouvelée et la création de nouveaux espaces de participation, de négociation, d’implication où elle pourrait intervenir plus directement dans le champ politique.

Les jeunes, moteurs de l’engagement citoyen

Lutte contre les discriminations, droits des femmes, préservation de l’environnement et de la biodiversité: ces thématiques mobilisent les 18-34 ans bien plus que leurs aînés. Les jeunes sont ainsi près dun sur deux à agir au sein dorganisations collectives porteuses de ces valeurs.

 

Selon le baromètre de l’engagement citoyen et solidaire publié le 25 novembre, la crise sanitaire a impacté négativement les pratiques associatives des Français (ils sont 52 % à avoir une activité collective contre 59 % en 2018). Mais ce sondage Opinionway pour la plate-forme d’accompagnement des associations, HelloAsso, montre surtout que si les seniors ont réduit leurs activités, l’engagement associatif des jeunes a fait un bond. «Leur degré dengagement est plus fort que leurs aînés dans presque toutes les catégories testées», précise l’étude qui indique que 81 % des 18-24 ans et 69 % des 25-34 ans ont au moins un engagement collectif, alors que ce n’est le cas que pour 52 % de l’ensemble de la population.

Les différences générationnelles sont particulièrement prononcées concernant la lutte contre les discriminations avec 39 % des 18-24 ans qui se disent actuellement investis sur la lutte contre le racisme, contre seulement 3 % de leurs aînés. Aussi, près d’un jeune sur deux est mobilisé pour la défense des droits des femmes et des personnes LGBTQI +  contre à peine 5 % des seniors. Des données qui illustrent la motivation des jeunes générations à mettre leurs sujets de prédilection sur le devant de la scène, notamment d’égalité́ et de lutte contre les discriminations, mais aussi bien sûr de changement climatique.

Génération engagée

Le baromètre de l’engagement citoyen et solidaire, confirme la prise de conscience des défis environnementaux (changement climatique et protection de la biodiversité) chez les jeunes, sur-représentés dans l’engagement pour l’environnement avec 27 % des 18-24 ans et 44 % des 25-34 ans investis contre 15 % pour l’ensemble des Français.

Fait notable, le souhait d’engagement sur les causes environnementales arrive aussi largement en tête parmi les classes populaires. «Cette dynamique est autant une bonne nouvelle qu’un défi pour les associations et les pouvoirs publics, estime Léa Thomassin, présidente et fondatrice de HelloAsso. L’appétence des plus jeunes pour l’action collective contredit le discours ambiant d’une génération désintéressée ou repliée sur soi. Il ne s’agit pas seulement d’une “Génération Climat” mais d’une “Génération engagée”.

Ce fort souhait d’engagement doit stimuler les acteurs de l’intérêt général, associations, fondations et institutions, pour offrir aux jeunes des formats et des modes d’actions en ligne avec leurs attentes.» Une gageure pour les pouvoirs publics, puisque le baromètre confirme aussi la désaffection (voire la défiance) des Français, et particulièrement de plus jeunes, vis-à-vis de la politique traditionnelle, l’item «parti politique» arrivant bon dernier de toutes les thématiques testées.

Eugénie Barbezat

 

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FOOTBALL

26 Novembre 2022, 08:00am

Publié par PCF Villepinte

Une histoire de France en crampons 

Révélateurs

Le football, continent mémoriel aussi vaste qu’une Histoire des hommes presque bicentenaire, ne parle pas que de sport, de buts ou de dribbles. Il dessine aussi, avec une profondeur de champ assez phénoménale, les portraits intimes et collectifs de joueurs qui épousent, souvent, une forme de récit national.

Alors que les matchs se poursuivent au Qatar, et dans l’attente que cette infamie s’achève, le bloc-noteur propose un fabuleux pas de côté, sinon un contre-pied, avec la lecture fascinante d’ Une histoire de France en crampons (éditions du Détour).

L’auteur, désormais connu des lecteurs de l’Humanité, s’appelle François da Rocha Carneiro, docteur en histoire contemporaine à l’université d’Artois. Grâce à lui, puisqu’il en eut l’idée originale, nous avons réalisé notre hors-série intitulé Une histoire populaire des Bleus (en vente depuis début novembre). François da Rocha Carneiro, qui ne fait pas les choses à moitié, a sélectionné 23 matchs internationaux entre 1908 et 2020, qu’il relate magistralement, tous révélateurs d’enjeux politiques et sociaux. Nous y voilà.

Document Celui qui résume le mieux l’intensité du propos n’est autre que l’historien Patrick Boucheron, préfacier prestigieux de ce livre: «En historien averti des enjeux politiques de sa discipline, François da Rocha Carneiro excelle à faire de chaque récit de match une belle leçon dhistoire générale.

À le lire, on comprendra donc beaucoup sur l’histoire de France, de ses régions, de ses passions, de ses horizons.» Et il ajoute, élogieux: «Indemne de toute nostalgie, son écriture de lhistoire ne cesse au contraire de relancer lenthousiasme d’un regardeur de match qui ne conçoit pas son métier d’historien autrement que comme un art du récit.» François da Rocha Carneiro l’exprime à sa manière: «Nous sommes des esprits, des âmes, mais aussi des corps.

Et ces corps-là, que lon admire sur des terrains, disent quelque chose d’un pays. Un match nous informe par les hommes qui le composent, l’adversité proposée… C’est un document comme un autre pour écrire des histoires de France. Tout ce qui forge la trame de la vie collective d’une communauté.»

Héritiers Par ses choix, le livre nous permet de comprendre une certaine «permanence» autour de notre équipe nationale. Tout resurgit, la passion populaire plus ou moins fluctuante, la place prépondérante de la presse écrite au XX e siècle, sans rien omettre, bien sûr, des interrogations et autres errements sur les origines des joueurs – thématique aussi vieille que le ballon rond lui-même. Les héritiers de l’immigration que furent les «Polaks» ou les «Ritals», puis les Africains du Nord, sans oublier le choc politique que constitua le départ, en 1958, des joueurs algériens de l’équipe de France, qui décidèrent de rejoindre le FLN en pleine guerre d’indépendance (gloire à eux!).

Tous ces faits nous rappellent combien les polémiques très contemporaines sur une soi-disant «ascendance africaine» des footballeurs français puent toujours le racisme et la haine de classe. François da Rocha Carneiro ne néglige rien. Ni la place, peu fréquente, laissée aux mouvements sociaux, au temps du Front populaire (1936) comme à Knysna (2010); ni la complexité des relations internationales dans le chaos des guerres, des fascismes et du nazisme; ni les attentats de novembre 2015, dont un au Stade de France; ni l’épidémie de Covid.

Lauteur le répète: «LHistoire donne une autre dimension au présent, révèle une profondeur du temps. Cest valable pour un match de football, pour un hors-jeu qui est sifflé, ou un schéma tactique!» Ainsi pourrait-on évoquer une sorte d’«historicisation du temps sportif», ce qui permet dentrevoir, derrière la face visible, une réalité bien plus complexe. Du grand art.

 

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