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politique

Republique

7 Septembre 2024, 13:33pm

Publié par PCF Villepinte

De la dissolution aux suites de la nomination à Matignon : la longue apnée de la démocratie française

Depuis le mois de juin, la démocratie ne s’est pas noyée mais elle a sévèrement bu la tasse. La faute à un Emmanuel Macron qui, comme jamais dans l’histoire de la Ve République, refuse de reconnaître le choix des urnes et fait tout pour conserver le pouvoir.

L'Humanité Publié le 5 septembre 2024 

Aurélien Soucheyre

Emmanuel Macron sur le plateau de France 2, le 23 juillet 2024.
© Ludovic MARIN / AFP

Il n’y a pas meilleure saison que l’été pour enfoncer sous l’eau la tête de la démocratie. Notre société est ainsi faite : après une année de rude labeur, les citoyens qui ont les moyens de partir en vacances aspirent à s’évader, se reposer, se dépayser. La période estivale était déjà connue pour les coups bas et les décrets que les gouvernements signent en catimini.

Mais cet été, Emmanuel Macron est allé beaucoup plus loin. Comment peut-il seulement encore prétendre gouverner en ce mois de septembre alors qu’il a perdu les législatives du 7 juillet, remportées par le Nouveau Front populaire (NFP) ? La crise démocratique est telle que ce scandale absolu prend des airs de normalité. Il faut dire que le crime est presque parfait, malgré quelques couacs du côté de l’Élysée.

D’abord, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale au soir même d’un score historique obtenu par l’extrême droite lors des élections européennes du 9 juin. Un choix dangereux et un cadeau pour l’extrême droite qu’il est censé combattre. Un choix aussi inattendu que solitaire. Le président, avant de dissoudre, est tenu de consulter le premier ministre et les présidents des deux chambres.

Ils raconteront eux-mêmes avoir été « informés » mais pas « consultés ». Par ce geste fou, incompris jusque dans sa majorité d’alors, le pari du président était le suivant : « Si vous voulez sauver la démocratie, votez pour moi. »

La stratégie de l’autruche

Le président espérait effrayer le pays avec un Rassemblement national en pleine dynamique et prendre la gauche de vitesse en jouant sur sa division. Manque de pot (pour lui), face au danger de l’extrême droite, le NFP est né et a déjoué tous les pronostics, obtenant le plus important contingent de députés au Palais Bourbon.

La logique institutionnelle aurait alors été de nommer la gauche à Matignon. Mais l’hôte de l’Élysée, totalement hors de contrôle, s’est une fois de plus servi des institutions non pas pour protéger la démocratie, mais pour conserver son pouvoir personnel.

Ce qui tient du mini-coup d’État démarre le soir même du résultat des législatives. D’abord, Emmanuel Macron choisit la stratégie de l’autruche. Il ne dit rien, ne se livre à aucune déclaration concernant une élection qu’il vient de perdre. Il se cache. Et puis, le 10 juillet, plutôt que de choisir une de ces allocutions télévisées qu’il prise pourtant, le chef de l’État envoie une « lettre » aux Français publiée dans la presse quotidienne régionale, comme si l’événement ne nécessitait rien de plus qu’un petit mot.

Dans son courrier, le président franchit l’étape deux de sa stratégie : nier le résultat des urnes. « Personne ne l’a emporté », ose-t-il écrire. Certes, le NFP n’a pas obtenu de majorité absolue, mais il est indiscutablement arrivé en tête avec 193 députés quand l’ancienne majorité n’en obtient que 166. En 2022, alors qu’il bénéficiait d’une majorité relative, Emmanuel Macron avait nommé Élisabeth Borne à Matignon. Pourquoi ce qui valait alors ne vaudrait-il plus ?

Estimant qu’aucune force politique « n’obtient seule une majorité suffisante » pour diriger le pays, le président appelle à « bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle », et s’approprie peu à peu cette mission. C’était pourtant à la gauche, depuis Matignon, de constituer un gouvernement.

Mais Emmanuel Macron profite alors des difficultés du NFP à s’entendre sur un nom pour avancer ses pions. Le 8 juillet, il avait déjà refusé la démission de son premier ministre Gabriel Attal au motif qu’il lui faudrait « assurer la stabilité du pays ». Un argument qui reviendra ensuite comme une litanie.

Quelques jours plus tard, le 16 juillet, le président accepte finalement cette démission… tout en maintenant ses ministres démissionnaires en poste au sein d’un gouvernement intérimaire. La manœuvre permet à dix-sept ministres de devenir députés, tout en restant ministres. La confusion des genres est totale dans le cadre de la Ve République.

Et ces 17 députés-ministres vont d’ailleurs voter, le 18 juillet, lors de l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale ! Grâce à cette manœuvre, la macroniste Yaël Braun-Pivet est réélue avec 220 voix, contre 207 pour André Chassaigne, le candidat communiste désigné par le NFP, soit seulement… 13 voix.

Un gouvernement démissionnaire impossible à déloger

Mais cette entourloupe ne visait pas qu’à empêcher la gauche d’accéder au perchoir. Emmanuel Macron, passé maître dans l’art d’explorer à son seul profit les zones d’ombre de la Constitution, vient de trouver un trou béant : non seulement un gouvernement démissionnaire n’a pas de durée maximale légale, et peut donc être maintenu des années, mais il est en plus impossible pour les députés de voter une motion de censure visant à le faire tomber !

Peut-on trouver plus antidémocratique, dans le seul but de garder la main ? Comment les Français, certes divisés en plusieurs blocs politiques, pourraient-ils accepter pareille forfaiture et irrespect du résultat des urnes ?

Le président a une réponse toute trouvée : celle de la « stabilité ». Le 23 juillet, Emmanuel Macron retrouve le chemin des plateaux télévisés et annonce sur France 2 qu’il ne nommera aucun nouveau premier ministre d’ici à la fin des Jeux Olympiques de Paris, qui se sont déroulés du 26 juillet au 11 août. Les organisations du NFP ont pourtant annoncé peu avant s’être mises d’accord sur le nom de Lucie Castets pour Matignon. Le président fait la sourde oreille.

Les macronistes répètent tous en chœur qu’il serait irresponsable de changer de gouvernement et de ministre de l’Intérieur alors que la France accueille le monde et doit assurer la sécurité de l’événement. L’argument n’est pas dénué de sens, mais alors, pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il pas convoqué des élections législatives en septembre, une fois les épreuves terminées ? Ce qui aurait de plus permis une campagne démocratique sereine, alors que celle de juin et juillet s’est déroulée dans l’urgence…

Macron exclut la nomination de Lucie Castets

La France, qui avait déjà glissé dans la torpeur de l’été, va alors se passionner pour les Jeux Olympiques de Paris et vivre au rythme des exploits sportifs des athlètes internationaux et des médailles décrochées par les tricolores. Quelle belle fête ! Et quel dommage que, pendant ce temps, Emmanuel Macron en ait profité pour creuser toujours plus un fossé entre le vote des Français et leur représentant à Matignon.

Durant toute cette période, Lucie Castets, choisie pour être nommée à Matignon par le NFP, n’a pas ménagé ses efforts, se rendant partout dans le pays pour défendre les réformes qu’elle entend mener, pour rappeler que c’est à elle de constituer un gouvernement, et souligner qu’elle est prête à dialoguer texte par texte avec les députés qui ne siègent pas à gauche, consciente qu’elle ne dispose pas de majorité absolue.

Le 11 août, les JO se terminent. Mais Emmanuel Macron prend tout son temps et utilise une fois de plus les failles de la Constitution concernant la nomination d’un premier ministre pour ne rien faire, aucun délai ne le contraignant à agir. Sa pratique des institutions est telle que pour se prémunir contre de si machiavéliques personnages, les constitutions de demain devront peut-être envisager le moindre cas de figure, quitte à être encore plus longues et fastidieuses à lire que la garantie d’une machine à laver…

Sentant que la rentrée politique et sociale de septembre approche, le président, toujours enfermé dans son déni démocratique, reprend finalement l’initiative en convoquant une litanie de personnages à l’Élysée. Le 26 août, après avoir reçu les dirigeants du NFP, il annonce qu’il exclut la nomination de Lucie Castets, « au nom de la stabilité institutionnelle », estimant que la gauche se ferait censurer par l’Assemblée nationale.

Le non-respect de la démocratie

En résumé, le président qui nie le vote des Français lors des législatives sait déjà comment voteront les députés demain. Il sort de plus totalement de son rôle : si c’est à lui de nommer Lucie Castets à Matignon, il ne peut en aucun cas présumer des choix du Parlement pour empêcher la gauche de gouverner.

C’est à l’Assemblée, souveraine, et à elle seule, de se prononcer devant les projets de réformes du NFP. Pourquoi Emmanuel Macron s’y refuse-t-il ? Qu’a-t-il à craindre s’il est persuadé de l’échec du NFP ? La réalité, c’est que le président a peur que la gauche ne réussisse.

Ce qu’il a voulu empêcher, c’est que Lucie Castets et le NFP bénéficient tout au long de l’été du pouvoir politique et médiatique lié à la formation d’un gouvernement, ce qui leur aurait permis de promouvoir des réformes fondamentales en y associant les citoyens, en plus de les négocier au Parlement. Inimaginable pour Emmanuel Macron et ses soutiens patronaux.

Le chef de l’État a d’ailleurs fini par le reconnaître, fin août. « Si je la nomme, elle ou un représentant du NFP, ils abrogeront la réforme des retraites, ils augmenteront le Smic à 1 600 euros, les marchés financiers paniqueront et la France plongera », confie-t-il à un proche. Mais si le président dit craindre une crise économique liée à l’action de la gauche, c’est qu’il avoue donc qu’elle est en situation de gouverner !

Au final, Emmanuel Macron n’aura pas respecté les institutions et la démocratie parce qu’à ses yeux la gauche n’a pas gagné, alors que si ; parce qu’il y avait les JO, alors qu’ils sont terminés ; et enfin parce que le NFP serait tout à la fois incapable de gouverner mais capable de mener à bien des réformes… Allez comprendre. Reste que le comportement du président, gravissime et inédit dans toute l’histoire de la Ve République, constitue donc un double déni démocratique.

Non seulement le président refuse de reconnaître le résultat des élections et de nommer la force qui y est arrivée en tête, mais il le fait en plus en assumant une discrimination politique, au motif que le programme du NFP ne lui convient pas.

Il s’était pourtant engagé, pendant la campagne des législatives, à nommer Jordan Bardella à Matignon en cas de majorité relative obtenue par le RN. Sauf que c’est la gauche qui l’a emporté. Lucie Castets n’étant toujours pas nommée, Emmanuel Macron la considérerait-il plus dangereuse que l’extrême droite ?

Du front républicain à l’alliance avec le RN

Au lieu d’avoir un gouvernement de gauche tempéré par le bloc centriste, Emmanuel Macron rêve de se maintenir au pouvoir avec un bloc de droite tenu par son extrême. Car quel gouvernement peut-il espérer monter si ce n’est une équipe qui ne tiendrait que parce que le RN se refuse à la censurer ? S’il barre l’accès de la gauche au pouvoir, c’est qu’il préfère obtenir un accord tacite avec Marine Le Pen.

De ce point de vue, au cours de l’été, la France est passée d’un vote de barrage de la gauche et du centre contre le RN, à des tractations parlementaires entre Emmanuel Macron et l’extrême droite contre la gauche… « S’il n’a pas l’appui du RN (fût-ce par abstention), aucun gouvernement ne tiendra face à une motion de censure de la gauche », note d’ailleurs Jean-Luc Mélenchon, pour qui « la crise ne fait donc que commencer ».

Et la nomination de Michel Barnier, l’ex-commissaire européenn issu d’un parti, Les Républicains, qui a perdu les élections législatives, n’est que la consécration de cette stratégie.

 « Michel Barnier semble répondre au moins au premier critère que nous avions réclamé, c’est-à-dire, quelqu’un qui soit respectueux des différentes forces politiques et capable de pouvoir s’adresser au Rassemblement national, qui est le premier groupe de l’Assemblée nationale », s’est réjouie Marine Le Pen dans la foulée de la décision présidentielle, jeudi 5 septembre, quand le président de son parti Jordan Bardella a promis de « juger sur pièces ». Excluant de fait une « censure automatique » du gouvernement Barnier.

Le NFP, bien sûr, n’a pas dit son dernier mot. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, fustige un « vol du vote » et prépare la rentrée sociale. Insoumis et communistes appellent à manifester massivement le 7 septembre et le 1er octobre. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, interpelle Emmanuel Macron afin qu’il « accepte le changement » et souligne qu’il appartient à toutes les forces politiques, syndicales, associatives et citoyennes de faire front pour ne pas voir la démocratie confisquée.

La bataille, alors que sonne la rentrée, est loin d’être terminée. Selon les sondages, 49 % des Français soutiennent d’une part le projet de destitution d’Emmanuel Macron, quand 51 % attendent la démission du chef de l’État d’après une autre étude. Le président, s’il se cache derrière des institutions qu’il maltraite, est en réalité en position de faiblesse.

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PCF

2 Mai 2024, 09:31am

Publié par PCF Villepinte

De l’utilité du retour aux cellules de quartiers ou d’entreprises !

Publié le 24 avril 2024

La section PCF de Béziers, comme beaucoup d’autres en France, est persuadée que l’avenir du Parti communiste passe par la création ou la recréation de cellules de quartiers et d’entreprises qui organisent dans la proximité les gens, les ouvriers et employés sur les maux et les souffrances qu’ils vivent au quotidien.

Ainsi, pour faire court, nous sommes persuadés qu’il ne peut y avoir de parti révolutionnaire sans occuper le terrain avec une dimension organisationnelle et émancipatrice. Sans cela, pas d’espoir d’enrayer l’abstention ni la progression de l’extrême droite qui, elle, n’a que très peu de militants locaux. Notre travail doit donc consister à reconstituer le maillage politique et de voisinage du PCF en faisant vivre des cellules avec un militantisme de proximité.

C’est aussi une des solutions pour ne pas abandonner des électeurs abusés par les médias dominants et les abstentionnistes. De toute manière, l’équation est simple, sur une ville comme Béziers de 80 000 habitants, gérée par un maire d’extrême droite, député de la circonscription et sa femme, avec trois quartiers prioritaires de la ville et 20 militants actifs pour 140 adhérents, chacun comprendra que le défi est impossible à relever.

En partant de ce constat, en deux ans, nous avons recréé une cellule d’entreprise, les cheminots, et dernièrement une cellule de quartier qui prend toute sa place dans la campagne électorale pour la liste Gauche unie conduite par Léon Desfontaines.

En deux mois, la cellule est passée de 4 à 10 membres avec deux adhésions ; elle s’est trouvé un nom, Élise Carbonne, une résistante de Béziers complètement invisibilisée par une histoire dominée par les hommes après la Libération.

Et pourtant, Élise Carbonne fut responsable pour Béziers du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme en 1936. Elle déploya à ce titre une grande activité en faveur de l’Espagne républicaine, fut torturée dans la journée du 15 août 1944 et découverte pendue à un fil de fer, sans doute par ses bourreaux qui lui avait porté tant de coups qu’elle avait perdu l’usage de ses bras et de ses jambes. Une rue de Béziers, rue des Époux-Pignol, du nom de son mari, lui aussi résistant, perpétue leur souvenir.

Ainsi, les camarades de la cellule ont lié la question mémorielle à celle du féminisme. En deux sorties, dans une campagne qui démarre, en lien avec le plan de travail de la section, plus de 1 500 tracts ont été distribués par la cellule, des panneaux d’affichages ont été tenus, et des contacts pris pour renforcer le Parti, au plus près des citoyens, avec la pétition vie chère du PCF signée notamment devant l’école du quartier !

Imaginons un instant le résultat de l’activité militante si nous disposions d’une dizaine de cellules du même acabit sur la section !

C’est en cela une des voies, sinon la seule, que nous devons prendre afin de reconstruire une action collective de classe pour porter des solutions transformatrices et révolutionnaires, passer d’une classe en soi à une classe pour soi et forger la conscience de classe du prolétariat et la mobilisation populaire contre le capitalisme.

 

Jean-Marc Biau

P/ La section PCF de Béziers et la cellule Elise Carbonne

 

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André Chassaigne répond au discours de Gabriel Attal

1 Février 2024, 14:22pm

Publié par PCF Villepinte

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politique

31 Janvier 2024, 08:12am

Publié par PCF Villepinte

 

Logement, santé, climat : ce qu'il faut retenir de la déclaration de politique générale très à droite de Gabriel Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce son discours de politique générale avant un débat à l'Assemblée nationale à Paris, France, le 30 janvier 2024. © REUTERS/Sarah Meyssonniere

Le premier ministre a tenu, ce mardi, sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale. Avec plusieurs annonces, en particulier sur le travail et la sécurité, et la réduction des droits comme ligne de conduite.

L'Humanité Florent LE DU

À droite toutes.

Après une longue et creuse allocution sans fond, bourrée de slogans vides – « La France ne sera jamais un pays qui subit », « France rime avec puissance » –, Gabriel Attal a finalement montré le cap qu’il comptait tenir. Celui d’une casse sociale appauvrissant toujours plus les plus démunis ; d’un autoritarisme marchant sur les pas de la droite et son extrême ; et d’une incapacité à prendre la mesure de l’urgence écologique.

« Gabriel Thatcher a pris la parole. Rien pour les travailleurs, rien pour les agriculteurs, rien pour les services publics. Rien pour alléger nos factures. C’est la France qui s’appauvrit », a réagi Fabien Roussel, secrétaire national du PCF à l’issue de cette déclaration de politique générale. « C’est un mix entre le libéralisme de Thatcher et le militarisme des anciennes dictatures de l’Est », abonde l’écologiste Sandra Regol.

Les quatre groupes parlementaires de gauche n’ont pas tardé à déposer une motion de censure. Pour la soutenir, ils ne manqueront pas d’arguments. Car, si les annonces du premier ministre en direction des agriculteurs ont été rares, Gabriel Attal a en revanche promis une quinzaine de mesures, qui font souvent froid dans le dos.

Travail : rendre les salariés corvéables

Une bonne partie de son allocution, Gabriel Attal s’est comporté en exécuteur testamentaire d’Emmanuel Macron, dressant un bilan laudateur de son action depuis sept ans. En particulier sur le travail, avançant un taux de chômage qui serait le plus bas « depuis vingt-cinq ans »… En omettant que le chiffre est le fruit des réformes de l’allocation-chômage retirant leurs droits à plusieurs milliers de sans-emploi. Et Gabriel Attal ne compte pas s’arrêter là.

Dans le but de « réinterroger notre modèle », il veut supprimer l’allocation de solidarité spécifique (ASS) qui prolonge l’indemnisation du chômage tout en cotisant jusqu’à la retraite pour les privés d’emploi les plus âgés. « Ce sont des annonces qui risquent de tiers-mondiser la France », alerte Fabien Roussel.

Une mesure terrible socialement, qui faisait débat au sein même de la majorité, dans les coursives de l’Assemblée nationale, mardi. Les quelque 400 000 bénéficiaires de cette ASS ne toucheraient alors plus que le RSA… Et devront travailler pour cela ! En effet, Gabriel Attal souhaite qu’en 2025, les allocataires du RSA soient, dans tous les départements, contraints à une activité de quinze heures hebdomadaires.

Par ailleurs, le premier ministre fait peser une nouvelle épée de Damoclès sur l’assurance-chômage, indiquant qu’en cas de trajectoire financière négative, il adresserait « une lettre de cadrage » aux partenaires sociaux. Une façon de tordre le bras à ces derniers pour réduire les droits des chômeurs. Enfin, le Code du travail pourrait encore perdre en épaisseur, Gabriel Attal promettant une « nouvelle étape » aux ordonnances de 2017, dont les effets sur la protection des salariés ont été destructeurs.

Autorité : la lune de miel avec le RN se poursuit

Clamant un « réarmement civique », Gabriel Attal se veut un chantre de l’autorité, enchaînant des slogans qui sentent bon la naphtaline et le paternalisme : « Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : ”Tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies ; tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter.” »

Il promet des « sanctions adaptées pour les mineurs de moins de 16 ans » en créant des « travaux d’intérêt éducatif », sorte de travaux d’intérêt général (TIG), qui ne peuvent être prononcés pour les moins de 16 ans. Des TIG qui pourraient en revanche être distribués aux parents d’enfants commettant des délits.

Un mépris du droit et de la morale. Comme une réponse uniquement autoritaire, jamais sociale, aux révoltes de juin 2023 après la mort du jeune Nahel à Nanterre. « Nous avons un gouvernement totalement déconnecté et qui a un rapport uniquement autoritaire avec la jeunesse », a ainsi fustigé l’insoumis Louis Boyard.

Logement : le social va perdre du terrain

En pleine crise du pouvoir d’achat, le premier ministre ne pouvait rester silencieux sur une dépense qui correspond à un tiers du budget des ménages : le logement. Il assure qu’il va doper l’offre par un choc des normes : « Revoir les DPE, simplifier l’accès à MaPrimeRénov’, faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage, accélérer les procédures. » Dans une vingtaine de territoires, les formalités seront accélérées pour créer 30 000 logements en trois ans, sur le modèle de ce qui a été fait à l’occasion des jeux Olympiques.

Mais, alors même que Gabriel Attal assure « soutenir le logement social », il prévoit de revenir sur le plancher de 25 % par ville, prévu par la loi SRU. Ce, au prétexte de « soutenir les couches moyennes » (dont beaucoup restent éligibles au logement social, comme 80 % de la population) en intégrant les logements intermédiaires à ce plancher de 25 %. Le tout en nourrissant un discours opposant ces dernières aux classes populaires.

Santé : régulariser les médecins, laisser tomber les malades ?

Tout en maintenant son cap droitier que « la lutte contre l’immigration illégale doit continuer à s’intensifier », Gabriel Attal veut régulariser nombre de médecins étrangers et même « nommer un émissaire chargé d’aller (les) chercher ». « Le comble du cynisme, dénonce le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Ne pas régulariser les travailleurs premiers de corvée et sans papiers, mais envoyer un émissaire dans les pays étrangers pour les piller de leurs médecins. »

D’autant que, dans le domaine de la santé et de l’immigration, Gabriel Attal veut aussi s’attaquer à un droit essentiel pour les exilés qui n’ont pas la chance d’être médecins, en réformant l’aide médicale d’État comme l’exigent LR et le RN.

Par ailleurs, le premier ministre n’a apporté aucune réponse aux hôpitaux publics saturés, aux déserts médicaux, à la pénurie de médicaments. Il a préféré taper sur les patients avec une mesure anti-lapins : « Je souhaite un principe simple : quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye. »

Climat : satisfait de son inaction, Attal tape sur les écologistes

Fustigeant ce qu’il nomme comme l’extrême droite « l’écologie punitive », Gabriel Attal assure : « On ne fera pas l’écologie sans le peuple. » Ce qui n’a pas posé de problème de conscience à l’exécutif au moment de réformer les retraites.

Faut-il en conclure tout simple que le gouvernement « ne fera pas l’écologie » tout court ? En assurant soutenir une « écologie des solutions », ou « écologie à la française », son objectif a surtout été de caricaturer la gauche et les écologistes qui voudraient, selon lui, « une écologie de la brutalité ».

Concrètement, hormis la création d’un « service civique écologique qui rassemblera 50 000 jeunes prêts à s’engager pour le climat » et un plan de réduction du plastique pour 50 groupes industriels, Gabriel Attal n’a fait aucune annonce précise. Préférant se réfugier derrière des slogans – « oui, nous ferons rimer climat avec croissance » –, qui dénotent surtout un grave manque d’ambition.

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Confirmation

31 Janvier 2024, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

Confirmation

Réarmer. Après Emmanuel Macron lors de sa conférence de deux heures trente, voilà le maître mot de son premier ministre, Gabriel Attal. Certes, il y avait, dans les premières minutes de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, des grands mots.

Affronter pour renforcer, vaincre le doute, reconquérir notre souveraineté… Il y en avait même tant que, pour reprendre un vers d’Aragon, « on ne savait lesquels croire ». Ah oui, 2024 sera une grande année avec la réouverture de Notre-Dame, l’anniversaire du débarquement de 1944, et l’accueil des jeux Olympiques et Paralympiques. Avec, à la manœuvre, l’actuelle ministre de l’Éducation nationale et des Sports ?

On ne saurait être déçus par le discours du premier ministre. À dire vrai, on n’en attendait rien. On eut en revanche une confirmation, celle de l’orientation très à droite de ce nouveau gouvernement. La France qui travaille, trop riche pour toucher les aides qui vont à ceux qui ne travaillent pas, mais pas assez pour vivre correctement.

L’extension du RSA sous condition, la poursuite de la réforme des allocations-chômage, le durcissement de la lutte contre l’immigration illégale, la réforme de l’aide médicale d’État, des sanctions renforcées pour les jeunes en perte de repères et leurs parents…

Tout ce que la droite et l’extrême droite entendent très bien, quand bien même elles feignent de ne pas avoir reçu les messages. Mais le premier ministre n’a pas parlé salaires, il n’a pas parlé inégalités, il n’a pas parlé dividendes ; sur l’environnement, il a choisi de stigmatiser ce qui serait une écologie punitive. Mais qui pollue le plus, des riches et super-riches ou des Français modestes ?

Il ne suffit pas de parler devant des bottes de paille et d’accélérer quelques aides pour que les tracteurs fassent demi-tour. On est loin du compte. Gabriel Attal s’est inscrit clairement, et de plus en plus à droite, on l’a dit, dans la continuité de la politique d’Emmanuel Macron depuis 2017.

Gilets jaunes, retraites, émeutes urbaines, révolte des agriculteurs, des riches toujours plus riches et des enfants dormant dans nos rues… Tout va bien, on réarme.

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Conférence de presse d'Emmanuel Macron :

17 Janvier 2024, 09:44am

Publié par PCF Villepinte

 Analyse d'une opération diversion

Le chef de l’État a reçu ce 16 janvier les journalistes à l’Élysée. Objectif : clore la séquence du remaniement qui s’est achevée par le crash médiatique de sa ministre de l’Éducation nationale.

L'Humanité Cyprien Caddeo

Emmanuel Macron a donné la sensation de brosser tous les sujets et de ne rien annoncer de saillant. © Christian Hartmann/Reuters

Le « grand rendez-vous avec la nation » promis par Emmanuel Macron en ce début d’année attendra. Le chef de l’État a donc d’abord pris rendez-vous avec les journalistes. Les rédactions de la France entière ont été conviées, ce mardi 16 janvier, à une grande conférence de presse à l’Élysée sous les lustres dorés du salon des fêtes. Un discours retransmis en simultané et en prime time sur six chaînes de télévision et plusieurs radios au lendemain duquel il a pris le premier avion pour la Suisse, où il était attendu au Forum économique de Davos.

Tout ça pour dire quoi ? « D’où nous venons et où nous allons. » De bien grands mots pour ouvrir sur quelques minutes d’autocongratulation et de poncifs bien à droite (« pour que la France reste la France, la nation du bon sens plutôt que des tracas (…) dans un monde en bouleversement », « la France du mérite »), avant, enfin, quelques annonces, sur le scolaire principalement.

L’électorat de plus de 65 ans est à l’évidence son cœur de cible. D’abord, avec la refondation de l’instruction civique à la rentrée 2024, avec le doublement du volume horaire consacré à cette matière, dans la perspective du « réarmement civique de la jeunesse ». L’uniforme scolaire sera expérimenté dans « une centaine d’établissements » avec pour objectif sa généralisation en 2026. Emmanuel Macron veut aussi des cours de théâtre au collège et des « cérémonies républicaines » de remise de diplôme après le brevet.

Une politique nataliste aux contours flous

Le chef de l’État veut aussi déployer une politique volontariste nataliste, avec un « nouveau congé parental », mais sans préciser les contours de son « grand plan de lutte contre l’infertilité ».

La suite du quinquennat débouchera également sur une nouvelle « loi pour la croissance » qui s’annonce douloureuse pour le Code du travail : « Je demande au gouvernement de supprimer des normes, réduire des délais, faciliter encore les embauches… » Ainsi, le président espère voir s’édifier une « France plus juste », avec moins de « déterminisme social » (« Je veux mettre fin à cette France du ”ceci n’est pas pour moi” »), mais aussi s’adresser aux classes moyennes, « qui gagnent trop pour toucher des aides et trop peu pour vivre décemment ».

Difficile de distinguer un avant – ou un après — Élisabeth Borne

Finalement, Emmanuel Macron a donné la sensation de brosser tous les sujets et de ne rien annoncer de saillant. Difficile de distinguer un avant — ou un après — Élisabeth Borne. Peu importe, il entendait surtout reprendre le contrôle de sa communication, après avoir laissé traîner la séquence du remaniement, dans l’espoir de faire diversion face aux questions sociales ou de la loi immigration, dont le sort est toujours entre les mains du Conseil constitutionnel. Deux semaines de rumeurs et de vide pour aboutir à un remaniement minimal. Et, surtout, à un crash médiatique : celui, dès le premier jour, de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, empêtrée dans la polémique sur la scolarisation de ses enfants dans un lycée privé catholique réactionnaire.

C’est dans ce moment délicat pour le nouvel exécutif qu’Emmanuel Macron a pris la parole. Quitte à télescoper l’agenda attendu de Gabriel Attal, son premier ministre, qui aurait dû logiquement prononcer son discours de politique générale à la reprise des travaux parlementaires, cette semaine. Le nouvel hôte de Matignon attendra finalement le 30 janvier. À voir ce qu’il lui restera à dire tant le président a empiété sur ce futur discours et s’il se pliera à l’exercice du vote de confiance, que sa prédécesseure Élisabeth Borne avait soigneusement évité, faute de majorité acquise.

Clinquant jargon élyséen

Tout se passe comme si Emmanuel Macron ne cherchait pas tant à dire quelque chose qu’à occuper le temps de cerveau disponible des Français. Avant le « grand rendez-vous avec la nation » dont on attend toujours de voir la couleur, il y avait eu l’« initiative politique d’ampleur », selon le clinquant jargon élyséen. En réalité, cela avait abouti aux piteuses « rencontres de Saint-Denis », une simple réunion du chef de l’État avec les principaux partis d’opposition qui a fait pschitt. Il en va de même pour la plupart de ses prétendues innovations démocratiques.

Il y a cinq ans, se tenait le « grand débat national », qui n’a débouché sur rien, si ce n’est des cartons de cahiers de doléances écrits dans le sillage des gilets jaunes qui prennent la poussière aux archives nationales et départementales. Idem pour la « convention citoyenne pour le climat », dont la plupart des propositions n’ont pas survécu au veto présidentiel. Ou encore le fumeux « conseil national de la refondation », sorte de Parlement ad hoc sans légitimité démocratique où on ne décide de rien, ou presque.

 

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« L’exécutif doit retirer ce projet de loi immigration »

12 Décembre 2023, 08:58am

Publié par PCF Villepinte

Le secrétaire national Fabien Roussel fustige le climat politique autour du texte sur l’immigration. Il appelle à se mobiliser sur les questions de salaire et de pouvoir d’achat. Face à l’extrême droite, il défend une nouvelle union des forces de gauche.

L'Humanité 12 décembre 2023. Diego Chauvet                cactus Julien Jaulin

 Pour les européennes, la gauche part divisée. Vous avez tourné la page de la Nupes. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné selon vous ?

L’élection européenne est une élection à un tour, avec une liste. Chaque électeur peut choisir de voter pour la liste dont il se sent le plus proche et qui correspond à ce qu’il attend d’un député européen français. Sur l’Europe, nous avons des projets très différents entre forces de gauche.

Nous voulons défendre la souveraineté française dans une Europe plus juste, une Europe des nations qui coopèrent entre elles. Notre liste menée par Léon Deffontaines sera très ouverte à d’autres forces politiques, à des personnalités, à des syndicalistes. Ce n’est pas une liste soutenue seulement par le PCF mais aussi par des syndicalistes et d’autres communistes, mais une liste très large qui rassemble des forces de gauche partageant la même priorité : que la France reprenne la main sur ses choix. Nous voulons revenir sur les traités européens. C’est indispensable pour sauver la planète.

La Nupes, de son côté, a été discréditée par les propos tenus par Jean-Luc Mélenchon et ses lieutenants. La crise internationale, la construction de rassemblements très larges pour la paix en Israël et en Palestine auraient nécessité une union des forces de gauche. Malheureusement, ses choix ne l’ont pas permis.

Nous voulons construire une nouvelle union des forces de gauche, écologistes, républicaines. Avec la volonté de gagner les luttes et les élections, de redonner de l’espoir. Nous avons décidé de rencontrer toutes les forces d’ici à la fin de l’année. Nous le faisons en ce moment, et nous avançons sans communication pour pouvoir travailler sereinement, dans une nouvelle méthode respectueuse entre nous, sans hégémonie et sans insultes. C’est fondamental.

Lorsque la menace de l’extrême droite est si forte, que des milices défilent dans nos rues, que des médias sont en croisade contre les musulmans, il y a besoin de forces de gauche unies, capables de parler d’une même voix et de porter l’espoir d’une République démocratique et laïque.

 

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Ouvrons une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes !

16 Octobre 2023, 06:51am

Publié par PCF Villepinte

Les peuples du monde affrontent la conjonction de guerres et de crises sociale, écologique et démocratique inédites. La gravité de la situation internationale, comme en France, appelle la gauche à être à la hauteur de ses responsabilités. Malheureusement, elle ne l’est pas.

La Nupes, telle qu'elle a été constituée pour les élections législatives sous la volonté hégémonique de LFI, est devenue une impasse. Elle ne reflète pas l’immense travail que peuvent fournir les militant·es de toutes nos forces politiques pour construire un projet à la hauteur des défis de la crise du capitalisme, un projet de transformation sociale, écologique et démocratique majoritaire dans le pays.

Dans la dernière période, les insultes de dirigeants de LFI, comparant la direction du PCF à des collaborationnistes nazis sont à ce titre inadmissibles et ont indigné largement, car elles banalisent l’extrême droite et cherchent à diviser la gauche. Et le refus récent de qualifier d’actes terroristes les atrocités commises par le Hamas, délibérément à l’encontre de civils, affaiblit les rassemblements nécessaires pour la paix au Proche-Orient et la lutte contre les crimes de guerre de l’armée israélienne.

Nous voulons rassembler le peuple, le monde du travail, la gauche. Il est temps de construire un rassemblement qui soit utile, respectueux de nos différences et de toutes les forces vives de notre société, un nouveau front populaire qui porte les exigences du monde du travail pour battre la coalition présidentielle, les autres forces de droite et l’extrême droite et relever les défis de notre siècle. L’heure est à une riposte inédite contre les intégrismes et les fascismes.

C'est possible ! Soyons à la hauteur de notre histoire et des grandes conquêtes sociales auxquelles notre camp a contribué, prenons appui sur les rassemblements qui réussissent, comme c'est le cas dans de nombreuses majorités locales ou oppositions de gauche, où l’ensemble des forces travaillent ensemble.

Il est temps d’ouvrir une nouvelle étape pour la gauche avec un nouveau type d’union, permettant le débat entre nous comme avec les citoyen·nes et les organisations syndicales, avec un projet de transformation sociale, ambitieux, utile, à vocation majoritaire.

Nous voulons construire un rassemblement à l’image de l'intersyndicale qui a porté le mouvement contre la réforme des retraites et se poursuit aujourd'hui sur la base de principes simples : respect mutuel, pleine souveraineté de chacune des organisations, luttes et initiatives sur la base de combats et de projets partagés.

C’est pourquoi la direction du PCF, réunie ce jour en conseil national, lance un appel à toutes les forces disponibles, aux citoyen·nes, aux associatifs, aux syndicalistes, aux socialistes, écologistes et insoumis, aux radicaux et aux républicains de gauche qui partagent cette ambition pour le progrès social, pour la justice et pour la paix.

Avec notre secrétaire national Fabien Roussel, nous souhaitons rencontrer dans les prochains jours toutes les forces de gauche et écologistes et débattre publiquement des conditions et des contenus pour construire ce rassemblement dont le pays a besoin.

Ensemble, ouvrons une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes !

 

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les « Rencontres de Saint-Denis »

1 Septembre 2023, 06:30am

Publié par PCF Villepinte

 «J'ai demandé de bloquer les prix,

Macron a dit non»

Le secrétaire national du PCF revient sur l’échange de douze heures qui s’est déroulé entre le président de la République et les chefs de partis dans la nuit de mercredi à jeudi. Entretien.

L'Humanité Jeudi 31 août 2023

Aurélien Soucheyre

Après les «Rencontres de Saint-Denis», Fabien Roussel reste mesuré. © BERTRAND GUAY/AFP

Comment s’est déroulée la rencontre entre le président de la République Emmanuel Macron et les dirigeants des principaux partis politiques du pays?

Nous avons eu un échange franc, respectueux, et sincère. Nous avons tous pu dire ce que nous avions à dire. C’était important. Je l’ai vécu comme une sorte de séance de réparation après la terrible séquence des retraites. J’ai fait part de ma blessure profonde, encore vive, et de celle des Français concernant cette réforme imposée par le gouvernement contre l’avis général.

Nous avons demandé au président de la République de revenir sur ce texte. Mais il refuse et dit assumer cette réforme. En tout, l’échange a duré douze heures. Je veux redire que dans une société il vaut mieux débattre et dialoguer plutôt que de s’invectiver. Mais nous avons surtout besoin de réponse concrète derrière. Le président semble avoir entendu certaines propositions, il a fait preuve d’écoute. Mais l’avenir nous dira s’il s’agissait d’une opération de communication, car ce sont les décisions qui seront prises qui feront la différence.

Du reste, je ne sais pas si c’est un clin d’œil de l’histoire, mais chacune des deux salles où nous avons été reçus sont ornées de portraits de Napoléon. C’est étonnant. Certes, nous étions à la Maison des jeunes filles de la légion d’honneur de Saint-Denis, mais rester douze heures avec un hyper président très bonapartien, sous l’œil permanent de Napoléon, je me demande si c’est fait exprès ou non…

Quels messages avez-vous fait passer?

C’est seulement à partir de deux heures du matin que nous avons pu parler des gens qui ne vivent pas de leur travail. J’ai cité le cas des salariés de Clestra qui après 33 ans d’ancienneté gagnent 1 600 euros nets. C’est honteux qu’un travail soit si peu rémunéré. J’ai demandé l’indexation des salaires sur l’inflation, les autres forces de gauche aussi. Nous avons défendu la prise en charge des fournitures scolaires, le repas étudiant à 1 euro…

Dans sa réponse, le président a d’abord reconnu qu’il y avait un bien un problème de salaire. Je lui ai dit «le travail ne paie pas», il a répondu «oui le travail ne paie pas, oui les salaires naugmentent pas». Mais il a dit qu’indexer les salaires, selon lui, cela ne marche pas. Puis il a ajouté qu’il faut «un vrai dialogue social» pour que les salaires augmentent. Il n’a pas parlé de «conférence sociale» , mais s’il décide d’en faire une, je prends!

Enfin, Macron reconnaît qu’il y a une inflation forte et qu’elle n’est pas traitée, et que l’industrie a augmenté ses marges et contribue à l’inflation. Nous avons demandé de bloquer les prix, et il a dit non. Mais il a dit qu’il ferait appel à la «police des prix». On attend de voir ce que c’est. Je vais d’ailleurs rendre compte de ces échanges à Sophie Binet de la CGT et Marylise Léon de la CFDT, pour qu’elles soient associées et bien informées des questions et réponses.

Des demandes de référendums ont-elles été formulées?

J’ai demandé un référendum sur la réforme des retraites, et un autre sur le pacte budgétaire européen. Macron refuse. La droite et l’extrême droite veulent modifier les articles 11 et 89 de la Constitution afin d’organiser un référendum sur l’immigration. Ils souhaitent chacun un référendum sur leurs propres propositions de loi, sans que cela ne soit débattu au Parlement. Ce n’est pas respectueux.

Comment s’est déroulé l’échange autour de la thématique «faire nation»?

Nous avions plein de propositions, car «faire nation», cela passe pour nous par les services publics, le travail, la jeunesse, le combat contre les inégalités femmes hommes, les libertés syndicales Malheureusement, pour le président et sa première ministre, «faire nation» na été abordé que sous langle des événements tragiques de Nanterre.

J’ai rappelé le travail des maires, l’appel de Grigny et de Philippe Rio, car les propositions existent. Nous avons parlé de la police, de la sécurité, du racisme, car les noirs et les arabes se font contrôler 20 fois plus que les autres. La droite et l’extrême droite se sont relayées et n’ont parlé que de l’immigration comme responsable des violences urbaines. Je suis intervenu pour dire qu’il y a là erreur d’analyse. Je ne suis pas du tout d’accord, c’est se tromper de route. J’ai dénoncé la proposition de supprimer les allocations familiales.

En revanche, les services de la PJJ demandent plus de moyens pour faire appliquer les peines et accompagner les familles. Notre pays est en retard, il nous faut des moyens pour la justice, la prévention et l’accompagnement. Manuel Bompard, pour la FI, a rappelé des choses que nous partageons concernant le besoin de police de proximité, l’indépendance de l’IGPN, l’abrogation de la loi de 2017 sur l’usage des armes.

Et sur l’international?

Il y a presque un consensus sur l’Ukraine. Nous sommes tous d’accord pour dénoncer la violation territoriale par la Russie, pour soutenir l’Ukraine dans sa défense de son territoire. Chez nous personne ne défend la Russie. Mais il y a débat sur quelle pourrait être une initiative politique de la France.

Nous avons bien sûr échangé sur l’Afrique. Et j’ai parlé de la question palestinienne, en rappelant qu’il ne peut pas y avoir 2 poids 2 mesures. J’ai appelé à une initiative française. Il y a enfin consensus sur la défense des Arméniens du Haut-Karabakh.

 

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Dîner de rentrée à l’élysée : réponse de la NUPES à Emmanuel Macron

29 Août 2023, 11:42am

Publié par PCF Villepinte

Monsieur le Président,

Il y a quelques jours, nous avons appris par voie de presse votre souhait de rencontrer l’ensemble des forces politiques disposant d’un groupe au parlement. Vous nous avez transmis depuis un courrier comprenant une invitation à se réunir le mercredi 30 août à Saint-Denis pour une après-midi de travail et un dı̂ner.

Nous sommes interloqués par les termes de votre courrier. Vous y écrivez que depuis un an, vous déroulez “une politique d’indépendance et de justice”. Nous ne le croyons pas. Vous y indiquez avoir “su forger des compromis utiles” et avoir mis en place “des solutions concrètes pour notre école ou notre santé”. Nous ne les voyons pas. Vous y faites l’impasse sur l’immense blessure que vous avez infligée au pays en passant en force le projet de réforme de la retraite à 64 ans. Et pire encore, pour décrire une partie des citoyens de notre pays, vous reprenez à votre compte un terme, celui de « décivilisation », qui a été forgé par l’extrême-droite et qui appuie une analyse que nous combattons fermement.

S’agissant de notre état d’esprit, nous pensons que le pays a besoin de retrouver l’ambition et de consolider l’œuvre du Conseil National de la Résistance auquel vous semblez vouloir faire référence. Car les sujets ne manquent pas, qu’il s'agisse de donner à chacun les moyens de vivre de son salaire, d’apporter des réponses à la hauteur des défis écologiques, de consolider notre sécurité sociale en permettant l’autonomie des personnes âgées, d’assurer l’indépendance de la presse et des journalistes, de garantir l’indépendance de la justice...

Mais soyons francs : au vu du contenu de votre politique et des termes de votre invitation, nous ne nous faisons pas d’illusion sur vos objectifs. Nous sommes désormais habitués à vos opérations de communication sans lendemain et sans effets. Vous avez déjà enterré les conclusions du Grand Débat comme lessentiel des recommandations de la Convention Citoyenne sur le Climat. Nous ne voulons pas participer à nouveau à une mise en scène médiatique. Cest la raison pour laquelle nous ne participerons pas au dı̂ner que vous organisez en soirée et dont nous ne comprenons pas ce quil viendrait apporter à nos concitoyens.

Pour l’après-midi de travail que vous proposez, nous y porterons des propositions dans l’intérêt du peuple, et ce, alors que se profile une rentrée difficile. Ainsi, la rentrée scolaire approche et nous sommes inquiets des difficultés de recrutement dans l’Education nationale, comme du poids que fait peser sur les familles l’augmentation de plus de 11% du prix des fournitures scolaires. La rentrée étudiante aura également lieu et le coût de la vie étudiante atteint chaque jour des records. Le prix de l’électricité a augmenté de 10% au 1er août. Le prix du carburant est reparti à la hausse et l’inflation, en particulier sur les produits alimentaires, reste très élevée.

Cet été aura montré à nouveau les conséquences concrètes du changement climatique : record de chaleur mondial, feux, sécheresse... En France, début août, 85 communes navaient plus deau potable, et la semaine dernière des milliers de nos concitoyens vivant dans des passoires thermiques subissaient de plein fouet la canicule exceptionnelle.

Nous souhaitons donc que ces sujets d’urgence soient traités en priorité pour soulager les difficultés de nos concitoyens.

Pour le reste, puisqu’il semble que vous réfléchissiez à convoquer un ou plusieurs référendums, nous vous rappelons que nous en demandons un depuis plusieurs mois autour de votre projet de réforme des retraites. C’est pour nous aujourd’hui le seul projet de référendum qu’attendent les Françaises et les Français.

Recevez, Monsieur le Président, l'expression de nos salutations républicaines,

Manuel Bompard, Olivier Faure, Fabien Roussel, Marine Tondelier.

 

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