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politique

Politique

9 Décembre 2024, 08:36am

Publié par PCF Villepinte

Fabien Roussel :

« Nous appelons à un pacte social et républicain »

Reçu ce lundi à l’Élysée, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, explique le « pacte social et républicain » auquel il appelle, le rôle que peut jouer le parti communiste à gauche et les conditions qu’il souhaite poser à Emmanuel Macron en vue d’un « dialogue pour trouver des solutions collectives républicaines et donner une stabilité au pays ».

Publié le 8 décembre 2024 L'Humanité Gaël De Santis

Fabien Roussel constate que « personne n’a la majorité absolue à l’Assemblée » et se dit prêt au « dialogue ».
© Julien Jaulin/hanslucas

Fabien Roussel doit être reçu, ce lundi, par Emmanuel Macron à l’Élysée, avec André Chassaigne et Cécile Cukierman. Ils y défendront notamment plusieurs mesures d’urgence sociale alors que le président doit nommer très vite un nouveau premier ministre.

Pourquoi fallait-il censurer le gouvernement de Michel Barnier ?

Ce budget était dangereux pour la France et risquait de faire entrer notre pays en récession, d’aggraver les difficultés de nos services publics, de nos communes, de nos associations et de nos concitoyens. Il n’apportait aucune réponse à la vie chère, dans l’Hexagone comme en outre-mer, ni aux centaines de milliers de salariés qui subissent des plans sociaux.

Qu’irez-vous dire à Emmanuel Macron, ce lundi ?

Qu’il est urgent de sortir la France de l’impasse et d’ouvrir des perspectives aux Français, aux élus, aux salariés, aux TPE et PME. L’inquiétude et la colère montent très fort dans le pays. Y répondre est de notre responsabilité collective.  Nous sommes prêts à engager un dialogue pour trouver des solutions collectives républicaines et donner une stabilité au pays.

Le président souhaite un « gouvernement d’intérêt général ». Qu’en pensez-vous ?

Nous appelons, nous, à un pacte social et républicain. Social d’abord, parce qu’il y a beaucoup de réponses à construire face à l’urgence sociale. Je pense aux salariés qui craignent pour leur emploi, aux services publics, à notre industrie, aux retraités, au pouvoir d’achat, à la facture d’électricité.

Les politiques sociales et la question de l’emploi sont au cœur des préoccupations. Un pacte républicain, ensuite, parce qu’il ne faut rien céder sur les valeurs de la République. Il ne faut plus laisser l’extrême droite dicter sa politique au futur gouvernement.

Croyez-vous qu’il soit possible d’arriver à un tel gouvernement, voire d’y participer ?

Il faudra construire des majorités texte par texte, mais aussi construire un accord de non-censure pour pouvoir avancer. Nous avons bien conscience que la gauche n’a pas de majorité absolue. Mais personne ne l’a.

Pour garantir un minimum de stabilité, il faut que les forces républicaines trouvent un chemin et les moyens de se mettre d’accord en faisant chacunun pas vers lautre.  Pour cette raison, nous avons fait une série de propositions que nous mettons sur la table pour discuter. Nous agirons et ferons nos choix en fonction du gouvernement qui sera nommé et des décisions qui seront prises.

Le premier ministre doit-il être de gauche ?

C’est préférable, mais, surtout, le premier ministre doit être capable de construire avec la gauche et d’obtenir un accord de non-censure au-delà de la gauche. Pour les communistes, ce qui compte, c’est qu’il soit respectueux du Parlement, des forces républicaines et surtout – pour nous, c’est essentiel – des électeurs et de ce qu’ils ont voté lors des dernières élections.

Posez-vous des conditions ?

Gabriel Attal et les macronistes ont fait preuve de beaucoup de sectarisme. Ils ont dit cet été que si un gouvernement du Nouveau Front populaire était nommé, comprenant la France insoumise, ils le censureraient automatiquement. Et quand les insoumis ont dit qu’ils ne seraient pas une force de blocage, qu’ils pourraient ne pas participer au gouvernement, la Macronie a maintenu la censure automatique de tout gouvernement de gauche.

Nous ne sommes pas sectaires comme eux. Nous, nous censurons en fonction de la politique menée. Nous jugerons sur pièces. Pour garantir un minimum de stabilité, chacun devra faire un pas vers l’autre. Il faut avoir une capacité de dialogue.

L’abrogation de la réforme des retraites, l’indexation des salaires et des retraites sur l’inflation, la protection de l’industrie, de nos services publics et de nos communes, la justice fiscale, le poids des banques sont des éléments essentiels pour nous. Nous les mettons en avant pour discuter. Nous appelons les autres forces, notamment les macronistes, les centristes, le groupe Liot, le Modem, à regarder ce qu’elles sont prêtes à faire sur ces sujets. La seule chose qui compte pour nous est la politique qui sera mise en œuvre, nous nous déterminerons en fonction de cela.

Y a-t-il un risque pour la gauche à apparaître dans la période comme un élément de blocage ?

Si le pays est bloqué aujourd’hui, c’est le fait du président de la République et des députés de son camp refusant tout dialogue et tout compromis. Ce sont eux qui ont dit censurer, quoi qu’il arrive. Face à cela, j’appelle la gauche à être la plus unie possible pour peser. Ensemble, nous comptons 193 députés. C’est une force, la première coalition de l’Assemblée nationale.

La FI souhaite appliquer strictement le programme du NFP. Le PS semble prêt à des compromis. Cela ne risque-t-il pas de désunir la gauche ?

Ce qui compte, c’est comment nous parvenons à l’union du peuple de France, à mettre en place un rapport de force favorable aux intérêts du peuple. Chaque force politique de gauche est autonome mais nous devons travailler à cette union du peuple de France.

Peut-être certaines forces de gauche accepteront-elles de gouverner avec des macronistes ; d’autres ne le feront pas, et certains refuseront tout dialogue, comme la FI. Mais cela ne doit pas nous empêcher de trouver des solutions à l’Assemblée pour défendre les intérêts du peuple.

Quel doit être le rôle des communistes ?

Le rôle du PCF se résume en trois mots : unir, unir, unir. Car tout est fait pour nous diviser, opposer les Français entre eux. Je pense aux salariés rencontrés ces derniers jours : ceux d‘Arcelor, des Fonderies de Bretagne, de Michelin. Les angoisses sont fortes, les colères immenses.

Nous devons trouver des réponses et des solutions urgentes à tous ceux qui se battent. Pour cette raison, j’appelle les communistes, les élus, les militants, à être très présents dans les luttes, sur le terrain, à l’écoute et en même temps à faire mesurer la gravité de la crise.

Emmanuel Macron doit-il démissionner ?

Sa démission n’est envisageable que si lui-même l’envisage. C’est une décision qui lui revient. Nous ne considérons pas que c’est la priorité du moment. Et nous pensons même que provoquer une présidentielle maintenant ne résoudrait en rien les problèmes, puisque nous resterions avec la même Assemblée et la même incapacité de gouverner, sauf à refaire des législatives dès septembre 2025.

La France rebasculerait dans une période électorale. Cela ne résoudrait rien aux problèmes de nos concitoyens et on risquerait un an de plus d’immobilisme et de fractures. On risque surtout de creuser encore davantage le fossé entre nos concitoyens et les responsables politiques. Créons plutôt toutes les conditions pour que le Parlement joue son rôle et que le pouvoir ne soit plus à l’Élysée.

Pour 2027, Marine Tondelier et Lucie Castets souhaitent une candidature commune de toute la gauche. Jean-Luc Mélenchon propose la même chose en cas d’élections anticipées, mais sans les communistes ou l’aile droite du PS. Quelle est votre perspective ?

Nous sommes dans un moment où les Français sont inquiets pour l’avenir du pays, pour leur pouvoir d’achat. Franchement, quand je vois des responsables politiques obnubilés par la question des présidentielles, je pense que ce n’est pas le meilleur message que nous pouvons renvoyer. Au PCF, nous aborderons le sujet le moment venu. Notre projet de société qui s’attaque au coût du capital et place la paix au cœur de nos relations internationales est d’actualité.

Nous avons, de plus, des personnalités qui ont émergé ces dernières années et une culture du rassemblement que d’autres n’ont pas. Nous avons aussi toute légitimité à incarner une candidature de gauche, de rassemblement, lors de futures échéances nationales. Abordons ce débat, le moment venu, avec cela en tête, sans complexe.

Quels sont les enjeux de la conférence nationale des communistes qui se tient samedi ?

Elle doit faire le bilan des dernières élections. Beaucoup de communistes sont déçus par l’alliance conclue lors des législatives. Mais tout le monde veut aussi que la gauche gagne en étant unie et rassemblée. Beaucoup de fédérations veulent construire des candidatures de rassemblement plus en prise avec les réalités locales.

Il ne s’agit pas de tirer un trait sur le NFP et l’union, mais au contraire de construire des candidatures beaucoup plus efficaces et en capacité de l’emporter.  Enfin, nous devons nous projeter, nourrir et réaffirmer le projet communiste en tenant compte de ce qui se passe. Jamais le capitalisme na été aussi violent, guerrier, impérialiste et, dans beaucoup de pays, il a fait le choix du nationalisme et de lextrême droite.

Nous devons mesurer combien il est un danger pour la planète, pour l’Europe, pour la France. Face à cela, il y a nécessité de réaffirmer le projet communiste, le besoin de communisme, ce chemin que nous voulons prendre en construisant un socialisme à la française.

 

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Politique

5 Décembre 2024, 09:06am

Publié par PCF Villepinte

Après la censure, amplifions la mobilisation sociale pour un changement de politique !

Le gouvernement de Michel Barnier vient d’être censuré.

C’est la conséquence logique du choix irresponsable du président de la République et du Premier ministre de porter un budget contre le monde du travail et les catégories populaires, budget qui poursuit une politique massivement rejetée par le pays pour continuer à servir les hauts revenus et les revenus du capital.

Les forces du Nouveau front populaire et l’ensemble des forces de gauche ont la responsabilité de contribuer à une alternative politique qui s'appuie sur les exigences qui grandissent dans le pays en travaillant à la construction des convergences nécessaires avec les salariés et leurs organisations syndicales, le monde associatif et l'ensemble des forces vives du pays.

Le PCF appelle les travailleurs et travailleuses, les étudiants, la jeunesse, les retraités, les élus locaux engagés pour le service public, à agir ensemble, à refuser la dictature des marchés financiers et à construire des rassemblements populaires et majoritaires pour gagner un changement de politique.

Il appelle à participer massivement aux prochaines journées d’action syndicales : dès demain, le 5 décembre aux côtés des agents publics, les 9 et 10 décembre avec les dockers, le 11 décembre avec les cheminots, le 12 décembre avec les salariés mobilisés pour l’emploi.

Ensemble, mobilisons-nous pour battre la politique mise en œuvre au sommet de l’État par les forces de droite et d’extrême droite et gagner la mise en place d’un gouvernement capable de construire des majorités sur la base des propositions que le Nouveau front populaire a défendu pendant les élections et capables de conjurer la crise économique, de répondre aux exigences populaires et de relever les défis sociaux, écologiques, économiques, politiques et internationaux qui sont devant nous.

Dès maintenant, le PCF appelle à la prise de mesures d’urgence, fortes et indispensables, répondant aux attentes de nos concitoyens et concitoyennes :

Abroger la réforme des retraites

Augmenter les salaires et les pensions, garantir l’égalité professionnelle femmes-hommes

Un plan de pré-recrutement dans les services publics (santé, éducation, transports, sécurité, justice…)

Un plan d’urgence pour l’emploi et le développement de l’industrie française et de l’agriculture

Baisser de 30% le coût de l’énergie, geler les loyers et relancer les politiques climatiques

Renouer avec une action diplomatique de la France pour la paix.

Face aux dégâts des politiques capitalistes, une seule issue s’impose : émanciper nos économies de leur dépendance envers les marchés financiers en imposant une autre utilisation de l’argent des banques et des banques centrales, au service du développement des capacités de tous les êtres humains, et non plus de la rentabilité du capital.

C’est le chemin que propose le Parti communiste français pour faire refluer la résignation et la division du monde du travail, combattre l’escroquerie de la politique du Rassemblement national, aboutir à la reconquête d’une majorité politique de transformation sociale et écologique.

Paris, le 4 décembre 2024.

Parti communiste français.

 

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ASSEMBLEE NATIONALE

2 Octobre 2024, 10:40am

Publié par PCF Villepinte

Le premier ministre Michel Barnier, lors de son discours de politique générale, le 1er octobre 2024 à l'Assemblée nationale : « Réduire les dépenses, c’est renoncer à l’argent magique, au tout-gratuit », a-t-il affirmé.
© Alain Jocard/AFP

Nous combattrons de toutes nos forces le choix de l’austérité !

Fabien Roussel.

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre fait le choix de la poursuite de la politique du président de la République qui a échoué et a été massivement sanctionnée dans les urnes par les Françaises et les Français.

Une boussole est au cœur des annonces de Michel Barnier : mener une politique d’austérité confirmant que les deux tiers de la réduction du déficit public, plus de 20 milliards d’euros, seront assurés par la réduction des dépenses de l’Etat et des collectivités, affaiblissant ainsi les services publics de proximité et l’ensemble de notre économie. Il confirme ainsi un cap : servir le capital, au détriment du travail et de la réponse aux besoins des Français et des Françaises en métropole comme dans les Outre-Mer, des TPE-PME dont le nombre de faillites atteint un record, et des collectivités dont les ressources ne cessent d’être amputées.

Les salariés, leurs salaires et retraites, sont les grands absents de cette déclaration.

Des millions de salariés demandent de véritables hausses de salaire pour un travail qui paie, et ils obtiennent pour seule réponse une revalorisation minimale anticipée du Smic et les fausses recettes libérales que sont l’intéressement et la participation salariée.

Des millions de salariés demandent l’abrogation de la réforme des retraites, et celle-ci est rejetée par le Premier ministre qui confirme qu’aucun moyen supplémentaire ne sera dégagé au nom de « l’équilibre financier ».

Quant aux enseignants et soignants mobilisés au quotidien au service de nos concitoyennes et concitoyens, ils n’obtiennent rien d’autre qu’une vague promesse de renforts de bénévoles retraités !

Et aucune mesure n’est annoncée pour l’avenir de la jeunesse du pays, traitée sous le seul angle de la délinquance, celle-ci se voit stigmatisée et la justice des mineurs menacée de destruction.

En matière d’immigration, le Premier ministre cède à l’argumentaire du Rassemblement national, comme en témoigne notamment sa volonté de renforcer Frontex et ses pratiques contraires aux droits humains.

Pire, le Premier ministre décide d’aller plus loin dans l’austérité comme en témoignent les plafonds de dépenses prévus dans le cadre du budget 2025, en baisse de 10 milliards d’euros, touchant massivement le travail et l’emploi.

Au regard de ces choix, la surtaxe sur les grandes entreprises — qui n’est en fait qu’un retour, pour une petite minorité de grandes entreprises, sur certains cadeaux fiscaux accordé par Emmanuel Macron – vise à masquer cette nouvelle cure d’austérité. L’heure est à une remise à plat total de la politique d’exonérations et d’aides publiques aux entreprises, pour servir le progrès social et écologique.

Nous combattrons de toutes nos forces le choix de l’austérité. La France a besoin d’un nouveau mode de développement, éradiquant le chômage et  garantissant un emploi de qualité pour tous et toutes et la formation, davantage de dépenses orientées vers une nouvelle industrialisation sociale et écologique du pays et le développement des services publics. 

En matière de politique étrangère, la voix de la France ne sera pas plus forte avec Michel Barnier, alors même que la situation européenne et mondiale, les risques d’escalade en Ukraine et au Proche-Orient appellent plus que jamais une voix indépendante de la France et une diplomatie au service de la paix.

Aux côtés de nos parlementaires qui appellent à censurer ce gouvernement, le PCF salue les organisations syndicales qui ont organisé une première journée d'action interprofessionnelle. Il appelle à amplifier la mobilisation pour combattre la politique du gouvernement Barnier.

Paris, le 1er octobre 2024

Fabien Roussel,

Secrétaire national du PCF

 

 

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Motion de censure

23 Septembre 2024, 06:44am

Publié par PCF Villepinte

Si le PS a annoncé qu’il utiliserait ce levier à l’issue du discours de politique générale de Michel Barnier, la motion a peu de chance d’aboutir. Les cadres du Nouveau Front populaire espèrent en revanche que le gouvernement se casse les dents sur le budget.

Face à la nomination de Michel Garnier et la formation d’un nouveau gouvernement, la gauche organise sa riposte. Si la motion de censure a peu de chance d’aboutir, le gouvernement sera à l’épreuve sur la question du budget.
© Dimitar Dilkoff / AFP

Quatre-vingts jours d’attente, de tergiversations et de négation du verdict des urnes pour aboutir au gouvernement le plus conservateur depuis l’ère Sarkozy. Autant dire qu’à gauche, l’annonce des ministres du gouvernement Barnier, aux antipodes des espérances et des enjeux sociaux et écologiques portés par le Nouveau Front populaire (NFP), a provoqué consternation et sidération.

« Un gouvernement contre-nature et contre la nature… Qui aurait pu prédire ? » ironise, amère, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes. « Ce n’est pas un nouveau gouvernement. C’est un remaniement. Ce n’est pas une cohabitation. C’est une collaboration », écrit de son côté le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

La gauche organise la riposte

Mais, trêve de lamentations, la gauche organise la riposte. Et pour cela elle dispose d’un atout de poids : sa position de force au Parlement. Le PS, sous l’égide de son chef de file Olivier Faure, a dès le lendemain de l’annonce du nouveau gouvernement annoncé que son groupe à l’Assemblée nationale allait déposer une motion de censure immédiatement après la déclaration de politique générale de Michel Barnier, le 1er octobre.

Mais le socialiste reconnaît auprès de l’Humanité « qu’il n’a aucune assurance qu’elle puisse aboutir, Marine Le Pen ayant donné suffisamment de gages à Emmanuel Macron pour laisser penser que son groupe ne suivrait pas ». Car s’il suffit que 58 parlementaires signent le projet de motion pour que celle-ci soit mise à l’ordre du jour de l’Assemblée, il faut qu’elle recueille la majorité absolue, soit 289 voix, pour aboutir. Un seuil bien supérieur aux 193 sièges du Nouveau Front populaire.

Le bras de fer du budget

« Je ne crois pas non plus à la première motion de censure », renchérit Éric Coquerel, député FI et président de la commission des Finances. Selon lui, il faut juste s’armer d’un peu de patience, et attendre – paradoxalement – le dépôt du très austéritaire projet de loi de finances. « Cette année, les amendements de gauche ont beaucoup de chance d’être adoptés en commission, mais Macron ne voudra jamais les voir dans le projet de loi final », anticipe le député de Seine-Saint-Denis.

Le nouveau premier ministre pourrait donc, comme ses prédécesseurs, user pour la troisième année consécutive du 49.3, auquel cas les députés auront 24 heures pour censurer le gouvernement. Et cette fois-ci, la gauche pourrait tordre le bras à une partie des 126 élus du RN, et les pousser à voter la censure.

En position de force dans ce contrat léonin noué avec la Macronie, le parti de Marine Le Pen fait en effet du chantage sur les lignes rouges à ne pas franchir dans l’adoption du budget, et sur les propositions à adopter, telles que la baisse de la TVA à 5,5 % sur les énergies. « S’ils s’abstiennent, ils donneront la preuve que le RN ne suit en rien une ligne sociale et se satisfait d’une politique économique néolibérale », conclut Éric Coquerel.

 

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Republique

7 Septembre 2024, 13:33pm

Publié par PCF Villepinte

De la dissolution aux suites de la nomination à Matignon : la longue apnée de la démocratie française

Depuis le mois de juin, la démocratie ne s’est pas noyée mais elle a sévèrement bu la tasse. La faute à un Emmanuel Macron qui, comme jamais dans l’histoire de la Ve République, refuse de reconnaître le choix des urnes et fait tout pour conserver le pouvoir.

L'Humanité Publié le 5 septembre 2024 

Aurélien Soucheyre

Emmanuel Macron sur le plateau de France 2, le 23 juillet 2024.
© Ludovic MARIN / AFP

Il n’y a pas meilleure saison que l’été pour enfoncer sous l’eau la tête de la démocratie. Notre société est ainsi faite : après une année de rude labeur, les citoyens qui ont les moyens de partir en vacances aspirent à s’évader, se reposer, se dépayser. La période estivale était déjà connue pour les coups bas et les décrets que les gouvernements signent en catimini.

Mais cet été, Emmanuel Macron est allé beaucoup plus loin. Comment peut-il seulement encore prétendre gouverner en ce mois de septembre alors qu’il a perdu les législatives du 7 juillet, remportées par le Nouveau Front populaire (NFP) ? La crise démocratique est telle que ce scandale absolu prend des airs de normalité. Il faut dire que le crime est presque parfait, malgré quelques couacs du côté de l’Élysée.

D’abord, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale au soir même d’un score historique obtenu par l’extrême droite lors des élections européennes du 9 juin. Un choix dangereux et un cadeau pour l’extrême droite qu’il est censé combattre. Un choix aussi inattendu que solitaire. Le président, avant de dissoudre, est tenu de consulter le premier ministre et les présidents des deux chambres.

Ils raconteront eux-mêmes avoir été « informés » mais pas « consultés ». Par ce geste fou, incompris jusque dans sa majorité d’alors, le pari du président était le suivant : « Si vous voulez sauver la démocratie, votez pour moi. »

La stratégie de l’autruche

Le président espérait effrayer le pays avec un Rassemblement national en pleine dynamique et prendre la gauche de vitesse en jouant sur sa division. Manque de pot (pour lui), face au danger de l’extrême droite, le NFP est né et a déjoué tous les pronostics, obtenant le plus important contingent de députés au Palais Bourbon.

La logique institutionnelle aurait alors été de nommer la gauche à Matignon. Mais l’hôte de l’Élysée, totalement hors de contrôle, s’est une fois de plus servi des institutions non pas pour protéger la démocratie, mais pour conserver son pouvoir personnel.

Ce qui tient du mini-coup d’État démarre le soir même du résultat des législatives. D’abord, Emmanuel Macron choisit la stratégie de l’autruche. Il ne dit rien, ne se livre à aucune déclaration concernant une élection qu’il vient de perdre. Il se cache. Et puis, le 10 juillet, plutôt que de choisir une de ces allocutions télévisées qu’il prise pourtant, le chef de l’État envoie une « lettre » aux Français publiée dans la presse quotidienne régionale, comme si l’événement ne nécessitait rien de plus qu’un petit mot.

Dans son courrier, le président franchit l’étape deux de sa stratégie : nier le résultat des urnes. « Personne ne l’a emporté », ose-t-il écrire. Certes, le NFP n’a pas obtenu de majorité absolue, mais il est indiscutablement arrivé en tête avec 193 députés quand l’ancienne majorité n’en obtient que 166. En 2022, alors qu’il bénéficiait d’une majorité relative, Emmanuel Macron avait nommé Élisabeth Borne à Matignon. Pourquoi ce qui valait alors ne vaudrait-il plus ?

Estimant qu’aucune force politique « n’obtient seule une majorité suffisante » pour diriger le pays, le président appelle à « bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle », et s’approprie peu à peu cette mission. C’était pourtant à la gauche, depuis Matignon, de constituer un gouvernement.

Mais Emmanuel Macron profite alors des difficultés du NFP à s’entendre sur un nom pour avancer ses pions. Le 8 juillet, il avait déjà refusé la démission de son premier ministre Gabriel Attal au motif qu’il lui faudrait « assurer la stabilité du pays ». Un argument qui reviendra ensuite comme une litanie.

Quelques jours plus tard, le 16 juillet, le président accepte finalement cette démission… tout en maintenant ses ministres démissionnaires en poste au sein d’un gouvernement intérimaire. La manœuvre permet à dix-sept ministres de devenir députés, tout en restant ministres. La confusion des genres est totale dans le cadre de la Ve République.

Et ces 17 députés-ministres vont d’ailleurs voter, le 18 juillet, lors de l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale ! Grâce à cette manœuvre, la macroniste Yaël Braun-Pivet est réélue avec 220 voix, contre 207 pour André Chassaigne, le candidat communiste désigné par le NFP, soit seulement… 13 voix.

Un gouvernement démissionnaire impossible à déloger

Mais cette entourloupe ne visait pas qu’à empêcher la gauche d’accéder au perchoir. Emmanuel Macron, passé maître dans l’art d’explorer à son seul profit les zones d’ombre de la Constitution, vient de trouver un trou béant : non seulement un gouvernement démissionnaire n’a pas de durée maximale légale, et peut donc être maintenu des années, mais il est en plus impossible pour les députés de voter une motion de censure visant à le faire tomber !

Peut-on trouver plus antidémocratique, dans le seul but de garder la main ? Comment les Français, certes divisés en plusieurs blocs politiques, pourraient-ils accepter pareille forfaiture et irrespect du résultat des urnes ?

Le président a une réponse toute trouvée : celle de la « stabilité ». Le 23 juillet, Emmanuel Macron retrouve le chemin des plateaux télévisés et annonce sur France 2 qu’il ne nommera aucun nouveau premier ministre d’ici à la fin des Jeux Olympiques de Paris, qui se sont déroulés du 26 juillet au 11 août. Les organisations du NFP ont pourtant annoncé peu avant s’être mises d’accord sur le nom de Lucie Castets pour Matignon. Le président fait la sourde oreille.

Les macronistes répètent tous en chœur qu’il serait irresponsable de changer de gouvernement et de ministre de l’Intérieur alors que la France accueille le monde et doit assurer la sécurité de l’événement. L’argument n’est pas dénué de sens, mais alors, pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il pas convoqué des élections législatives en septembre, une fois les épreuves terminées ? Ce qui aurait de plus permis une campagne démocratique sereine, alors que celle de juin et juillet s’est déroulée dans l’urgence…

Macron exclut la nomination de Lucie Castets

La France, qui avait déjà glissé dans la torpeur de l’été, va alors se passionner pour les Jeux Olympiques de Paris et vivre au rythme des exploits sportifs des athlètes internationaux et des médailles décrochées par les tricolores. Quelle belle fête ! Et quel dommage que, pendant ce temps, Emmanuel Macron en ait profité pour creuser toujours plus un fossé entre le vote des Français et leur représentant à Matignon.

Durant toute cette période, Lucie Castets, choisie pour être nommée à Matignon par le NFP, n’a pas ménagé ses efforts, se rendant partout dans le pays pour défendre les réformes qu’elle entend mener, pour rappeler que c’est à elle de constituer un gouvernement, et souligner qu’elle est prête à dialoguer texte par texte avec les députés qui ne siègent pas à gauche, consciente qu’elle ne dispose pas de majorité absolue.

Le 11 août, les JO se terminent. Mais Emmanuel Macron prend tout son temps et utilise une fois de plus les failles de la Constitution concernant la nomination d’un premier ministre pour ne rien faire, aucun délai ne le contraignant à agir. Sa pratique des institutions est telle que pour se prémunir contre de si machiavéliques personnages, les constitutions de demain devront peut-être envisager le moindre cas de figure, quitte à être encore plus longues et fastidieuses à lire que la garantie d’une machine à laver…

Sentant que la rentrée politique et sociale de septembre approche, le président, toujours enfermé dans son déni démocratique, reprend finalement l’initiative en convoquant une litanie de personnages à l’Élysée. Le 26 août, après avoir reçu les dirigeants du NFP, il annonce qu’il exclut la nomination de Lucie Castets, « au nom de la stabilité institutionnelle », estimant que la gauche se ferait censurer par l’Assemblée nationale.

Le non-respect de la démocratie

En résumé, le président qui nie le vote des Français lors des législatives sait déjà comment voteront les députés demain. Il sort de plus totalement de son rôle : si c’est à lui de nommer Lucie Castets à Matignon, il ne peut en aucun cas présumer des choix du Parlement pour empêcher la gauche de gouverner.

C’est à l’Assemblée, souveraine, et à elle seule, de se prononcer devant les projets de réformes du NFP. Pourquoi Emmanuel Macron s’y refuse-t-il ? Qu’a-t-il à craindre s’il est persuadé de l’échec du NFP ? La réalité, c’est que le président a peur que la gauche ne réussisse.

Ce qu’il a voulu empêcher, c’est que Lucie Castets et le NFP bénéficient tout au long de l’été du pouvoir politique et médiatique lié à la formation d’un gouvernement, ce qui leur aurait permis de promouvoir des réformes fondamentales en y associant les citoyens, en plus de les négocier au Parlement. Inimaginable pour Emmanuel Macron et ses soutiens patronaux.

Le chef de l’État a d’ailleurs fini par le reconnaître, fin août. « Si je la nomme, elle ou un représentant du NFP, ils abrogeront la réforme des retraites, ils augmenteront le Smic à 1 600 euros, les marchés financiers paniqueront et la France plongera », confie-t-il à un proche. Mais si le président dit craindre une crise économique liée à l’action de la gauche, c’est qu’il avoue donc qu’elle est en situation de gouverner !

Au final, Emmanuel Macron n’aura pas respecté les institutions et la démocratie parce qu’à ses yeux la gauche n’a pas gagné, alors que si ; parce qu’il y avait les JO, alors qu’ils sont terminés ; et enfin parce que le NFP serait tout à la fois incapable de gouverner mais capable de mener à bien des réformes… Allez comprendre. Reste que le comportement du président, gravissime et inédit dans toute l’histoire de la Ve République, constitue donc un double déni démocratique.

Non seulement le président refuse de reconnaître le résultat des élections et de nommer la force qui y est arrivée en tête, mais il le fait en plus en assumant une discrimination politique, au motif que le programme du NFP ne lui convient pas.

Il s’était pourtant engagé, pendant la campagne des législatives, à nommer Jordan Bardella à Matignon en cas de majorité relative obtenue par le RN. Sauf que c’est la gauche qui l’a emporté. Lucie Castets n’étant toujours pas nommée, Emmanuel Macron la considérerait-il plus dangereuse que l’extrême droite ?

Du front républicain à l’alliance avec le RN

Au lieu d’avoir un gouvernement de gauche tempéré par le bloc centriste, Emmanuel Macron rêve de se maintenir au pouvoir avec un bloc de droite tenu par son extrême. Car quel gouvernement peut-il espérer monter si ce n’est une équipe qui ne tiendrait que parce que le RN se refuse à la censurer ? S’il barre l’accès de la gauche au pouvoir, c’est qu’il préfère obtenir un accord tacite avec Marine Le Pen.

De ce point de vue, au cours de l’été, la France est passée d’un vote de barrage de la gauche et du centre contre le RN, à des tractations parlementaires entre Emmanuel Macron et l’extrême droite contre la gauche… « S’il n’a pas l’appui du RN (fût-ce par abstention), aucun gouvernement ne tiendra face à une motion de censure de la gauche », note d’ailleurs Jean-Luc Mélenchon, pour qui « la crise ne fait donc que commencer ».

Et la nomination de Michel Barnier, l’ex-commissaire européenn issu d’un parti, Les Républicains, qui a perdu les élections législatives, n’est que la consécration de cette stratégie.

 « Michel Barnier semble répondre au moins au premier critère que nous avions réclamé, c’est-à-dire, quelqu’un qui soit respectueux des différentes forces politiques et capable de pouvoir s’adresser au Rassemblement national, qui est le premier groupe de l’Assemblée nationale », s’est réjouie Marine Le Pen dans la foulée de la décision présidentielle, jeudi 5 septembre, quand le président de son parti Jordan Bardella a promis de « juger sur pièces ». Excluant de fait une « censure automatique » du gouvernement Barnier.

Le NFP, bien sûr, n’a pas dit son dernier mot. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, fustige un « vol du vote » et prépare la rentrée sociale. Insoumis et communistes appellent à manifester massivement le 7 septembre et le 1er octobre. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, interpelle Emmanuel Macron afin qu’il « accepte le changement » et souligne qu’il appartient à toutes les forces politiques, syndicales, associatives et citoyennes de faire front pour ne pas voir la démocratie confisquée.

La bataille, alors que sonne la rentrée, est loin d’être terminée. Selon les sondages, 49 % des Français soutiennent d’une part le projet de destitution d’Emmanuel Macron, quand 51 % attendent la démission du chef de l’État d’après une autre étude. Le président, s’il se cache derrière des institutions qu’il maltraite, est en réalité en position de faiblesse.

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PCF

2 Mai 2024, 09:31am

Publié par PCF Villepinte

De l’utilité du retour aux cellules de quartiers ou d’entreprises !

Publié le 24 avril 2024

La section PCF de Béziers, comme beaucoup d’autres en France, est persuadée que l’avenir du Parti communiste passe par la création ou la recréation de cellules de quartiers et d’entreprises qui organisent dans la proximité les gens, les ouvriers et employés sur les maux et les souffrances qu’ils vivent au quotidien.

Ainsi, pour faire court, nous sommes persuadés qu’il ne peut y avoir de parti révolutionnaire sans occuper le terrain avec une dimension organisationnelle et émancipatrice. Sans cela, pas d’espoir d’enrayer l’abstention ni la progression de l’extrême droite qui, elle, n’a que très peu de militants locaux. Notre travail doit donc consister à reconstituer le maillage politique et de voisinage du PCF en faisant vivre des cellules avec un militantisme de proximité.

C’est aussi une des solutions pour ne pas abandonner des électeurs abusés par les médias dominants et les abstentionnistes. De toute manière, l’équation est simple, sur une ville comme Béziers de 80 000 habitants, gérée par un maire d’extrême droite, député de la circonscription et sa femme, avec trois quartiers prioritaires de la ville et 20 militants actifs pour 140 adhérents, chacun comprendra que le défi est impossible à relever.

En partant de ce constat, en deux ans, nous avons recréé une cellule d’entreprise, les cheminots, et dernièrement une cellule de quartier qui prend toute sa place dans la campagne électorale pour la liste Gauche unie conduite par Léon Desfontaines.

En deux mois, la cellule est passée de 4 à 10 membres avec deux adhésions ; elle s’est trouvé un nom, Élise Carbonne, une résistante de Béziers complètement invisibilisée par une histoire dominée par les hommes après la Libération.

Et pourtant, Élise Carbonne fut responsable pour Béziers du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme en 1936. Elle déploya à ce titre une grande activité en faveur de l’Espagne républicaine, fut torturée dans la journée du 15 août 1944 et découverte pendue à un fil de fer, sans doute par ses bourreaux qui lui avait porté tant de coups qu’elle avait perdu l’usage de ses bras et de ses jambes. Une rue de Béziers, rue des Époux-Pignol, du nom de son mari, lui aussi résistant, perpétue leur souvenir.

Ainsi, les camarades de la cellule ont lié la question mémorielle à celle du féminisme. En deux sorties, dans une campagne qui démarre, en lien avec le plan de travail de la section, plus de 1 500 tracts ont été distribués par la cellule, des panneaux d’affichages ont été tenus, et des contacts pris pour renforcer le Parti, au plus près des citoyens, avec la pétition vie chère du PCF signée notamment devant l’école du quartier !

Imaginons un instant le résultat de l’activité militante si nous disposions d’une dizaine de cellules du même acabit sur la section !

C’est en cela une des voies, sinon la seule, que nous devons prendre afin de reconstruire une action collective de classe pour porter des solutions transformatrices et révolutionnaires, passer d’une classe en soi à une classe pour soi et forger la conscience de classe du prolétariat et la mobilisation populaire contre le capitalisme.

 

Jean-Marc Biau

P/ La section PCF de Béziers et la cellule Elise Carbonne

 

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André Chassaigne répond au discours de Gabriel Attal

1 Février 2024, 14:22pm

Publié par PCF Villepinte

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politique

31 Janvier 2024, 08:12am

Publié par PCF Villepinte

 

Logement, santé, climat : ce qu'il faut retenir de la déclaration de politique générale très à droite de Gabriel Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce son discours de politique générale avant un débat à l'Assemblée nationale à Paris, France, le 30 janvier 2024. © REUTERS/Sarah Meyssonniere

Le premier ministre a tenu, ce mardi, sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale. Avec plusieurs annonces, en particulier sur le travail et la sécurité, et la réduction des droits comme ligne de conduite.

L'Humanité Florent LE DU

À droite toutes.

Après une longue et creuse allocution sans fond, bourrée de slogans vides – « La France ne sera jamais un pays qui subit », « France rime avec puissance » –, Gabriel Attal a finalement montré le cap qu’il comptait tenir. Celui d’une casse sociale appauvrissant toujours plus les plus démunis ; d’un autoritarisme marchant sur les pas de la droite et son extrême ; et d’une incapacité à prendre la mesure de l’urgence écologique.

« Gabriel Thatcher a pris la parole. Rien pour les travailleurs, rien pour les agriculteurs, rien pour les services publics. Rien pour alléger nos factures. C’est la France qui s’appauvrit », a réagi Fabien Roussel, secrétaire national du PCF à l’issue de cette déclaration de politique générale. « C’est un mix entre le libéralisme de Thatcher et le militarisme des anciennes dictatures de l’Est », abonde l’écologiste Sandra Regol.

Les quatre groupes parlementaires de gauche n’ont pas tardé à déposer une motion de censure. Pour la soutenir, ils ne manqueront pas d’arguments. Car, si les annonces du premier ministre en direction des agriculteurs ont été rares, Gabriel Attal a en revanche promis une quinzaine de mesures, qui font souvent froid dans le dos.

Travail : rendre les salariés corvéables

Une bonne partie de son allocution, Gabriel Attal s’est comporté en exécuteur testamentaire d’Emmanuel Macron, dressant un bilan laudateur de son action depuis sept ans. En particulier sur le travail, avançant un taux de chômage qui serait le plus bas « depuis vingt-cinq ans »… En omettant que le chiffre est le fruit des réformes de l’allocation-chômage retirant leurs droits à plusieurs milliers de sans-emploi. Et Gabriel Attal ne compte pas s’arrêter là.

Dans le but de « réinterroger notre modèle », il veut supprimer l’allocation de solidarité spécifique (ASS) qui prolonge l’indemnisation du chômage tout en cotisant jusqu’à la retraite pour les privés d’emploi les plus âgés. « Ce sont des annonces qui risquent de tiers-mondiser la France », alerte Fabien Roussel.

Une mesure terrible socialement, qui faisait débat au sein même de la majorité, dans les coursives de l’Assemblée nationale, mardi. Les quelque 400 000 bénéficiaires de cette ASS ne toucheraient alors plus que le RSA… Et devront travailler pour cela ! En effet, Gabriel Attal souhaite qu’en 2025, les allocataires du RSA soient, dans tous les départements, contraints à une activité de quinze heures hebdomadaires.

Par ailleurs, le premier ministre fait peser une nouvelle épée de Damoclès sur l’assurance-chômage, indiquant qu’en cas de trajectoire financière négative, il adresserait « une lettre de cadrage » aux partenaires sociaux. Une façon de tordre le bras à ces derniers pour réduire les droits des chômeurs. Enfin, le Code du travail pourrait encore perdre en épaisseur, Gabriel Attal promettant une « nouvelle étape » aux ordonnances de 2017, dont les effets sur la protection des salariés ont été destructeurs.

Autorité : la lune de miel avec le RN se poursuit

Clamant un « réarmement civique », Gabriel Attal se veut un chantre de l’autorité, enchaînant des slogans qui sentent bon la naphtaline et le paternalisme : « Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : ”Tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies ; tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter.” »

Il promet des « sanctions adaptées pour les mineurs de moins de 16 ans » en créant des « travaux d’intérêt éducatif », sorte de travaux d’intérêt général (TIG), qui ne peuvent être prononcés pour les moins de 16 ans. Des TIG qui pourraient en revanche être distribués aux parents d’enfants commettant des délits.

Un mépris du droit et de la morale. Comme une réponse uniquement autoritaire, jamais sociale, aux révoltes de juin 2023 après la mort du jeune Nahel à Nanterre. « Nous avons un gouvernement totalement déconnecté et qui a un rapport uniquement autoritaire avec la jeunesse », a ainsi fustigé l’insoumis Louis Boyard.

Logement : le social va perdre du terrain

En pleine crise du pouvoir d’achat, le premier ministre ne pouvait rester silencieux sur une dépense qui correspond à un tiers du budget des ménages : le logement. Il assure qu’il va doper l’offre par un choc des normes : « Revoir les DPE, simplifier l’accès à MaPrimeRénov’, faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage, accélérer les procédures. » Dans une vingtaine de territoires, les formalités seront accélérées pour créer 30 000 logements en trois ans, sur le modèle de ce qui a été fait à l’occasion des jeux Olympiques.

Mais, alors même que Gabriel Attal assure « soutenir le logement social », il prévoit de revenir sur le plancher de 25 % par ville, prévu par la loi SRU. Ce, au prétexte de « soutenir les couches moyennes » (dont beaucoup restent éligibles au logement social, comme 80 % de la population) en intégrant les logements intermédiaires à ce plancher de 25 %. Le tout en nourrissant un discours opposant ces dernières aux classes populaires.

Santé : régulariser les médecins, laisser tomber les malades ?

Tout en maintenant son cap droitier que « la lutte contre l’immigration illégale doit continuer à s’intensifier », Gabriel Attal veut régulariser nombre de médecins étrangers et même « nommer un émissaire chargé d’aller (les) chercher ». « Le comble du cynisme, dénonce le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Ne pas régulariser les travailleurs premiers de corvée et sans papiers, mais envoyer un émissaire dans les pays étrangers pour les piller de leurs médecins. »

D’autant que, dans le domaine de la santé et de l’immigration, Gabriel Attal veut aussi s’attaquer à un droit essentiel pour les exilés qui n’ont pas la chance d’être médecins, en réformant l’aide médicale d’État comme l’exigent LR et le RN.

Par ailleurs, le premier ministre n’a apporté aucune réponse aux hôpitaux publics saturés, aux déserts médicaux, à la pénurie de médicaments. Il a préféré taper sur les patients avec une mesure anti-lapins : « Je souhaite un principe simple : quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye. »

Climat : satisfait de son inaction, Attal tape sur les écologistes

Fustigeant ce qu’il nomme comme l’extrême droite « l’écologie punitive », Gabriel Attal assure : « On ne fera pas l’écologie sans le peuple. » Ce qui n’a pas posé de problème de conscience à l’exécutif au moment de réformer les retraites.

Faut-il en conclure tout simple que le gouvernement « ne fera pas l’écologie » tout court ? En assurant soutenir une « écologie des solutions », ou « écologie à la française », son objectif a surtout été de caricaturer la gauche et les écologistes qui voudraient, selon lui, « une écologie de la brutalité ».

Concrètement, hormis la création d’un « service civique écologique qui rassemblera 50 000 jeunes prêts à s’engager pour le climat » et un plan de réduction du plastique pour 50 groupes industriels, Gabriel Attal n’a fait aucune annonce précise. Préférant se réfugier derrière des slogans – « oui, nous ferons rimer climat avec croissance » –, qui dénotent surtout un grave manque d’ambition.

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Confirmation

31 Janvier 2024, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

Confirmation

Réarmer. Après Emmanuel Macron lors de sa conférence de deux heures trente, voilà le maître mot de son premier ministre, Gabriel Attal. Certes, il y avait, dans les premières minutes de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, des grands mots.

Affronter pour renforcer, vaincre le doute, reconquérir notre souveraineté… Il y en avait même tant que, pour reprendre un vers d’Aragon, « on ne savait lesquels croire ». Ah oui, 2024 sera une grande année avec la réouverture de Notre-Dame, l’anniversaire du débarquement de 1944, et l’accueil des jeux Olympiques et Paralympiques. Avec, à la manœuvre, l’actuelle ministre de l’Éducation nationale et des Sports ?

On ne saurait être déçus par le discours du premier ministre. À dire vrai, on n’en attendait rien. On eut en revanche une confirmation, celle de l’orientation très à droite de ce nouveau gouvernement. La France qui travaille, trop riche pour toucher les aides qui vont à ceux qui ne travaillent pas, mais pas assez pour vivre correctement.

L’extension du RSA sous condition, la poursuite de la réforme des allocations-chômage, le durcissement de la lutte contre l’immigration illégale, la réforme de l’aide médicale d’État, des sanctions renforcées pour les jeunes en perte de repères et leurs parents…

Tout ce que la droite et l’extrême droite entendent très bien, quand bien même elles feignent de ne pas avoir reçu les messages. Mais le premier ministre n’a pas parlé salaires, il n’a pas parlé inégalités, il n’a pas parlé dividendes ; sur l’environnement, il a choisi de stigmatiser ce qui serait une écologie punitive. Mais qui pollue le plus, des riches et super-riches ou des Français modestes ?

Il ne suffit pas de parler devant des bottes de paille et d’accélérer quelques aides pour que les tracteurs fassent demi-tour. On est loin du compte. Gabriel Attal s’est inscrit clairement, et de plus en plus à droite, on l’a dit, dans la continuité de la politique d’Emmanuel Macron depuis 2017.

Gilets jaunes, retraites, émeutes urbaines, révolte des agriculteurs, des riches toujours plus riches et des enfants dormant dans nos rues… Tout va bien, on réarme.

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Conférence de presse d'Emmanuel Macron :

17 Janvier 2024, 09:44am

Publié par PCF Villepinte

 Analyse d'une opération diversion

Le chef de l’État a reçu ce 16 janvier les journalistes à l’Élysée. Objectif : clore la séquence du remaniement qui s’est achevée par le crash médiatique de sa ministre de l’Éducation nationale.

L'Humanité Cyprien Caddeo

Emmanuel Macron a donné la sensation de brosser tous les sujets et de ne rien annoncer de saillant. © Christian Hartmann/Reuters

Le « grand rendez-vous avec la nation » promis par Emmanuel Macron en ce début d’année attendra. Le chef de l’État a donc d’abord pris rendez-vous avec les journalistes. Les rédactions de la France entière ont été conviées, ce mardi 16 janvier, à une grande conférence de presse à l’Élysée sous les lustres dorés du salon des fêtes. Un discours retransmis en simultané et en prime time sur six chaînes de télévision et plusieurs radios au lendemain duquel il a pris le premier avion pour la Suisse, où il était attendu au Forum économique de Davos.

Tout ça pour dire quoi ? « D’où nous venons et où nous allons. » De bien grands mots pour ouvrir sur quelques minutes d’autocongratulation et de poncifs bien à droite (« pour que la France reste la France, la nation du bon sens plutôt que des tracas (…) dans un monde en bouleversement », « la France du mérite »), avant, enfin, quelques annonces, sur le scolaire principalement.

L’électorat de plus de 65 ans est à l’évidence son cœur de cible. D’abord, avec la refondation de l’instruction civique à la rentrée 2024, avec le doublement du volume horaire consacré à cette matière, dans la perspective du « réarmement civique de la jeunesse ». L’uniforme scolaire sera expérimenté dans « une centaine d’établissements » avec pour objectif sa généralisation en 2026. Emmanuel Macron veut aussi des cours de théâtre au collège et des « cérémonies républicaines » de remise de diplôme après le brevet.

Une politique nataliste aux contours flous

Le chef de l’État veut aussi déployer une politique volontariste nataliste, avec un « nouveau congé parental », mais sans préciser les contours de son « grand plan de lutte contre l’infertilité ».

La suite du quinquennat débouchera également sur une nouvelle « loi pour la croissance » qui s’annonce douloureuse pour le Code du travail : « Je demande au gouvernement de supprimer des normes, réduire des délais, faciliter encore les embauches… » Ainsi, le président espère voir s’édifier une « France plus juste », avec moins de « déterminisme social » (« Je veux mettre fin à cette France du ”ceci n’est pas pour moi” »), mais aussi s’adresser aux classes moyennes, « qui gagnent trop pour toucher des aides et trop peu pour vivre décemment ».

Difficile de distinguer un avant – ou un après — Élisabeth Borne

Finalement, Emmanuel Macron a donné la sensation de brosser tous les sujets et de ne rien annoncer de saillant. Difficile de distinguer un avant — ou un après — Élisabeth Borne. Peu importe, il entendait surtout reprendre le contrôle de sa communication, après avoir laissé traîner la séquence du remaniement, dans l’espoir de faire diversion face aux questions sociales ou de la loi immigration, dont le sort est toujours entre les mains du Conseil constitutionnel. Deux semaines de rumeurs et de vide pour aboutir à un remaniement minimal. Et, surtout, à un crash médiatique : celui, dès le premier jour, de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, empêtrée dans la polémique sur la scolarisation de ses enfants dans un lycée privé catholique réactionnaire.

C’est dans ce moment délicat pour le nouvel exécutif qu’Emmanuel Macron a pris la parole. Quitte à télescoper l’agenda attendu de Gabriel Attal, son premier ministre, qui aurait dû logiquement prononcer son discours de politique générale à la reprise des travaux parlementaires, cette semaine. Le nouvel hôte de Matignon attendra finalement le 30 janvier. À voir ce qu’il lui restera à dire tant le président a empiété sur ce futur discours et s’il se pliera à l’exercice du vote de confiance, que sa prédécesseure Élisabeth Borne avait soigneusement évité, faute de majorité acquise.

Clinquant jargon élyséen

Tout se passe comme si Emmanuel Macron ne cherchait pas tant à dire quelque chose qu’à occuper le temps de cerveau disponible des Français. Avant le « grand rendez-vous avec la nation » dont on attend toujours de voir la couleur, il y avait eu l’« initiative politique d’ampleur », selon le clinquant jargon élyséen. En réalité, cela avait abouti aux piteuses « rencontres de Saint-Denis », une simple réunion du chef de l’État avec les principaux partis d’opposition qui a fait pschitt. Il en va de même pour la plupart de ses prétendues innovations démocratiques.

Il y a cinq ans, se tenait le « grand débat national », qui n’a débouché sur rien, si ce n’est des cartons de cahiers de doléances écrits dans le sillage des gilets jaunes qui prennent la poussière aux archives nationales et départementales. Idem pour la « convention citoyenne pour le climat », dont la plupart des propositions n’ont pas survécu au veto présidentiel. Ou encore le fumeux « conseil national de la refondation », sorte de Parlement ad hoc sans légitimité démocratique où on ne décide de rien, ou presque.

 

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