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tribunes et idees

Profit(s)

18 Janvier 2025, 12:48pm

Publié par PCF Villepinte

Profit(s)

 

 

Pendant ce temps-là, les actionnaires se gavent…

Rengaine « Dividendes : les groupes du CAC 40 n’ont jamais été aussi généreux ». Vous ne rêvez pas : ainsi titrait les Échos, ce mardi 14 janvier, avant même la déclaration de politique générale de François IV à l’Assemblée nationale. Même pour le quotidien économique appartenant à Bernard Arnault, les mots ont un sens : « Les 40 fleurons de la Bourse de Paris n’ont jamais redistribué autant d’argent à leurs actionnaires. »

L’année dernière, entre les dividendes et les rachats d’actions, ces groupes ont en effet reversé 98,2 milliards d’euros via des dividendes et des rachats d’actions, selon la lettre spécialisée Vernimmen.

Rassurons-nous,

il ne s’agit que d’une petite hausse de 1 % par rapport à 2023. Mais c’est un nouveau pic, un record. À titre de comparaison, les versements aux actionnaires sont désormais plus de 60 % supérieurs à leur niveau de 2019, juste avant le trou d’air de 2020 lié à l’épidémie de Covid.

D’où le titre de l’Humanité, le 15 janvier : « Le pactole à 100 milliards d’euros ». La financiarisation sans fin de l’économie se poursuit, comme si de rien n’était. Pendant ce temps-là, François IV vantait les mérites des multinationales qui, selon lui, « font honneur à la France et contribuent à sa richesse », jurant de les prémunir contre des « augmentations exponentielles d’impôts et de charges ». La même rengaine, toujours…

Riches

 Quand on entend « nouveau », traduire : « renouveau ». Émergence, résurgence. Rupture, enchaînement. Et ainsi de suite. Les ultralibéraux ne font que prendre la suite. Il n’y a que dans les feuilletons à l’ancienne qu’on pouvait lire « suite et fin ». Pas dans les conduites du capitaliste de base, du prédateur pour lequel le fric règne en maître absolu. Avec la décrépitude des colifichets honorifiques, l’argent pour l’argent est devenu la seule médaille pour de vrai, l’unique logique. Pas, ou peu, de concurrents.

Le flouze globalisé n’a plus grand monde en face. Ses rivaux, courage, savoir, abnégation, travail, culture, ont été relégués en coulisses. N’importe quel citoyen sexagénaire issu des classes instruites bénéficie encore d’une infirmité qui ne se reproduira plus de sitôt : avoir grandi dans un monde, celui des fonctionnaires et des professions libérales, où l’argent n’était pas une valeur. Et quasiment une antivaleur.

Chanceux que nous fûmes, d’avoir entendu un leader socialiste dire, il n’y a pas si longtemps que ça, en 2006, dans une émission de télé : « Oui, je n’aime pas les riches, j’en conviens. » Le même homme devint plus tard Normal Ier, accédant à la fonction suprême, en 2012. Oserait-il réitérer ces propos, aujourd’hui ? Chiche ?

Corollaire 

Ce qu’une culture tient pour sacré peut se définir, à toutes fins utiles, comme ce qui n’est pas à vendre. Panique chez les libéraux de tout poil quand ils viennent à buter sur de l’inaliénable et de l’inévaluable. Car, pour eux, tout est à vendre, à condition de réaliser des profits. Les lieux, les salariés, tout, même les actions en Bourse.

Résultats à deux chiffres obligatoires. Bien sûr, on parle de la Chine, des États-Unis, de la « mondialisation financière » un peu partout. Mais, à l’image de la France, l’Europe ne montre pas l’exemple.

Elle aussi vole de record en record. Après un millésime 2023 déjà exceptionnel, les groupes européens ont à nouveau versé un montant historique de dividendes à leurs actionnaires. Selon une étude de la société de gestion Allianz Global Investors, les groupes cotés du Vieux Continent ont distribué 440 milliards d’euros en 2024.

Vous avez bien lu.

Et ce montant progressera assurément dans les années qui viennent, préviennent les experts, qui, selon eux, augmentera de 4 % en 2025 à 459 milliards et frôlera les 500 milliards en 2026… Conclusion ? Mauvais temps pour le progressisme en Occident, tant il se vérifie que « l’oubli du passé est mortel au progrès ». Ce « progrès » tant vanté par Mac Macron II.

Alors, quoi ? Dans le recroquevillement du temps historique utile et nos horizons de mémoire en peau de chagrin, regardons le peu d’espace que l’omniprésence du présent laisse à la démangeaison prophétique, et à son corollaire, l’envie du Grand Soir… et de l’humain d’abord !

 

 

 

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Assiste-t-on à un renouveau de la pensée matérialiste ?

31 Décembre 2024, 07:37am

Publié par PCF Villepinte

Contestée dès la mort de Marx et d’Engels, la philosophie matérialiste a été considérée comme dépassée au tournant des années 1970-1980. Elle détient pourtant des clés essentielles à la compréhension du monde et des sociétés humaines.

L’ensemble des griefs se font sur un terrain purement théorique et visent les textes de Marx et d’Engels.
L'Humanité© Lionel Préau 19 décembre 2024

Contesté, dépassé, le matérialisme redevient-il un mode de pensée permettant d’expliquer le monde ? La directrice de la Fondation Gabriel-Péri, Louise Gaxie, interrogeait le philosophe Florian Gulli et le politologue Guilhem Mevel au Village du livre de la Fête de l’Humanité. Le premier signe un article dans la revue la Pensée, dans le dossier de son numéro 419 consacré au matérialisme de Marx et Engels, tandis que le second prépare une thèse sur le jacobinisme et le marxisme.

Pourquoi les analyses du matérialisme historique ont-elles pu être contestées ou considérées par certains comme dépassées ?

Florian Gulli

Professeur de philosophie et auteur de l’Antiracisme trahi (PUF, 2022)

Marx, Engels ou encore Lénine considèrent que la question philosophique fondamentale est l’opposition entre matérialisme et idéalisme. Cela peut sembler très abstrait, mais elle ordonne toute l’histoire de la pensée. Le matérialisme veut que, pour comprendre la réalité, il faille partir de la matière, d’en bas, de la vie matérielle pour expliquer la conscience.

L’idéalisme commence par la conscience qui produit la réalité. Typiquement, il s’agit de la pensée religieuse. On parle par exemple d’individualisme. On peut le comprendre de deux manières. Soit il s’agit du point de départ, c’est-à-dire que nous avons des représentations individualistes.

Soit on raisonne en matérialiste, et nous expliquons pourquoi nous avons l’individualisme dans la conscience. Ainsi, les pratiques de management dans les entreprises individualisent les parcours, séparent les travailleurs. Ou encore, la transformation des villes a déstructuré les quartiers, ce qui nous amène à être davantage individualistes.

Pour Marx et Engels, la vie matérielle qui détermine la conscience est constituée par le développement des forces productives, des techniques, des machines, et par les rapports de production, c’est-à-dire les rapports de classe. Les intérêts de classe permettent ainsi de comprendre une époque ou un mouvement historique.

Cela ne signifie pas que tout est rapport de classe et développement des forces productives. D’autres dimensions de la vie humaine entrent en jeu, mais celles-ci sont déterminantes en dernière instance pour le cours des événements.

Quelle est la nature de ces tentatives de dépassement du matérialisme? 

Guilhem Mevel

Politologue Doctorant chargé de cours à Sciences-Po

Concernant le marxisme, c’est un mouvement plus ancien que l’on imagine. La notion de crise du marxisme traverse son histoire, juste après la mort d’Engels. Elle peut désigner la crise de l’unité, théorique et politique, au sein du camp marxiste.

Mais aussi de la politique marxiste, une fois que des régimes qui s’en revendiquent ont pris le pouvoir. La crise spécifique de la théorie marxiste énonce que des failles et des limites figurent déjà dans les textes de Marx et d’Engels. Cette crise remonte à la fin du XIXe siècle.

En interne, elle vient du révisionnisme, notamment du social-démocrate allemand Eduard Bernstein. Il chemine sous l’influence de l’idéalisme de Kant vers l’idée réformiste. De l’extérieur, Tomas Masaryk, futur président de la Tchécoslovaquie, critique le marxisme en utilisant cette notion de crise. Elle connaît un nouvel élan après la révolution d’Octobre, au sein des mouvements de gauche opposants au régime bolchevik naissant. Dans les années post Mai-68 et Printemps de Prague, la crise du marxisme se développe.

En 1977, un colloque historique, organisé par le journal italien Il Manifesto, rassemble des dissidents de gauche issus du bloc de l’Est et des intellectuels. À cette occasion, Louis Althusser utilise le terme de « crise du marxisme » pour désigner la crise de l’unité au sein du camp communiste, mais aussi une crise théorique plus globale. Elle sera reprise par Chantal Mouffe et Ernesto Laclau dans les années 1980, à travers un livre intitulé Hégémonie et stratégie socialiste.

Ils intentent un procès au marxisme et au matérialisme historique, avec une conséquence politique immédiate. Les deux intellectuels contestent la centralité ontologique, c’est-à-dire le fait de s’adresser d’abord à la classe ouvrière. Ils intègrent des critiques venues de la droite du marxisme, réfutant son essentialisme, son déterminisme, sa vision historique.

L’ensemble de leurs griefs se font sur un terrain purement théorique et visent les textes de Marx et d’Engels. Le ver autoritaire serait déjà dans le fruit. Leur théorie a débouché sur une certaine fragmentation des clivages politiques, et même une acceptation résolue de la démocratie libérale.

Des événements historiques alimentent-ils cette contestation ?

Florian Gulli Comment expliquer que les classes ouvrières en Europe soient beaucoup moins combatives après la Seconde Guerre mondiale ? Dans la première partie du XXe siècle, on assiste à une énorme activité de grèves insurrectionnelles. Dans la seconde, beaucoup moins.

Les philosophes interprètent alors que le matérialisme ne peut l’expliquer. Les ouvriers ont les mêmes intérêts de classe qu’au début du siècle, donc pourquoi ne se révoltent-ils plus ? Il faut introduire de nouvelles données dans les analyses, pensent-ils, compléter le marxisme.

Au sein de l’École de Francfort, on explique par exemple que la socialisation dans la famille autoritaire de cette époque rend les ouvriers passifs au lieu d’en faire des révolutionnaires. On introduit des explications de type culturel. Ce n’est pas vraiment l’économie qui expliquerait la réalité, mais la culture. Au bout de ce processus, le matérialisme en philosophie est marginalisé, marquant le début d’un décrochage entre les intellectuels et la classe ouvrière.

On pouvait pourtant expliquer matériellement l’affaiblissement des révoltes ouvrières. Dans les années 1950, des ouvrages s’attellent à analyser ce phénomène par les intérêts matériels. Au moment où l’on reconstruit l’Europe, les ouvriers bénéficient des gains de croissance.

Ils trouvent un certain intérêt au système en place et sont moins enclins à le renverser. Dans les années 1970, alors que les gains de croissance ne sont plus là, la résignation et la difficulté à s’organiser collectivement les empêchent de défendre leurs intérêts matériels. Cela ne veut pas dire que tout le reste ne compte pas, mais la question économique est centrale.

Qu’est-ce que le postmodernisme ? Guilhem Mevel, pourquoi vous intéressez-vous particulièrement à Jean-François Lyotard ?

Guilhem Mevel Lyotard a posé une définition du postmodernisme, dans la Condition postmoderne, en 1979. Il y explique que les récits, typiquement celui sur le progrès, totalisateurs vis-à-vis de l’histoire, échouent face à la généralisation de la technique ou devant l’émergence de ce qu’Alain Touraine appellerait une « société programmée ».

C’est-à-dire une généralisation d’une société technicienne, de plus en plus hiérarchisée, avec une certaine relativisation chez Lyotard des différences que l’on observerait dans les systèmes industriels de l’Est et de l’Ouest à son époque. Comme un certain nombre d’intellectuels qui s’en détournent par la suite, il vient du marxisme, ou plus précisément du trotskisme.

J’ai essayé de retracer les points communs entre cette phase marxiste-spontanéiste et la phase postmoderne inspirée par Freud ou Nietzsche. Avant la Condition postmoderne, Lyotard écrit l’Économie libidinale. Il y détruit par provocation toute prétention scientifique à lire la réalité sociale en décomposant littéralement le sujet. C’est un geste, plutôt qu’un raisonnement en lien avec la critique de Marx.

La lecture qu’il en fait ramène le philosophe allemand à un schéma chrétien, porté par une vision rousseauiste, une idéalisation de l’accomplissement de l’homme dans la nature. Pourtant, chez Marx, il n’y a pas de concept de nature figée. Ainsi, on en compte deux dans ses textes. D’abord une nature objective, que le matérialisme ne peut renier. Ensuite une nature subjective, c’est-à-dire la transformation de la nature par l’homme.

C’est important pour penser l’émancipation. Là où Lyotard dit que Marx fantasme cette société primitive accomplie, il en conclut qu’il n’y a plus à changer le capitalisme mais à jouir des biens de consommation à disposition. L’avènement de la jouissance pure serait une manière de répondre à cet affaiblissement d’un horizon de dépassement du capitalisme.

L’idée des deux natures implique donc deux choses importantes : la réalisation de l’individu à condition qu’il permette le libre développement de tous, et la libre transformation de la nature. Ce qui nous renvoie à des débats contemporains, liés notamment à l’écologie.

Ce que suppose Marx, ce n’est pas maîtriser la nature pour la soumettre, mais, au contraire, renverser cette abstraction capitaliste, ce monde à l’envers où le profit domine les hommes, pour permettre une transformation de la nature moins écocidaire.

Florian Gulli, pourriez-vous nous expliquer les positions d’Engels sur l’oppression des femmes ?

Florian Gulli L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État est un ouvrage assez difficile à manier, que le philosophe a écrit en deux mois, à partir de brouillons de Marx, décédé quelques mois avant. Il travaille à partir de productions des ethnologues sur les sociétés anciennes.

C’est un savoir scientifique qui se périme avec les nouvelles découvertes, ce qu’il signale dans une seconde édition. Un siècle plus tard, c’est un livre curieux à lire. Il est néanmoins intéressant du point de vue du matérialisme. Il propose deux clés de lecture des sociétés humaines avec le travail et la famille.

Les Éditions sociales, dans l’édition de 1954 de l’ouvrage, annotent le passage où Engels fait cette proposition en affirmant qu’il se trompe… La famille compte autant, dans le développement historique, que le travail. La paternité, la maternité, la sexualité sont des déterminants à part entière du cours de l’histoire. Ils sont à la fois historiques et naturels.

Il n’y a pas seulement de la construction sociale, mais aussi une part qui relève de la nature des corps, par exemple la différence corporelle entre hommes et femmes. Cela correspond à un mouvement dans les sciences sociales d’aujourd’hui. Bernard Lahire considère ainsi que la sociologie a trop séparé l’analyse de l’homme de celle de l’animal.

Il faut, selon lui, intégrer tous les savoirs sur les animaux. Il existe un social naturel avant l’homme, chez les chimpanzés, les fourmis… Puiser dans ces savoirs permet de mieux penser le fonctionnement de l’homme. Il ne s’agit pas de remplacer la sociologie par la biologie, mais d’intégrer aux sciences humaines des savoirs venus des sciences de la nature.

En quoi vos relectures et ce travail théorique peuvent-ils aider à mener des luttes ?

Guilhem Mevel Rejeter le matérialisme conduit à des impasses politiques au travers d’un clivage ancré sur les identités plutôt que sur des rapports objectifs. Mouffe et Laclau ne lisent plus l’exploitation dans les structures objectives et les rapports de production, mais dans ce qui apparaît subjectivement conflictuel pour les gens. Cela produit une sectorisation des luttes.

Les luttes féministes, antiracistes, écologistes, qui ont toujours fait partie de l’histoire de la gauche, se trouvent d’elles-mêmes séparées. Il faudrait donc trouver du lien d’une manière ou d’une autre. Mouffe et Laclau développent une théorie à partir de l’exemple argentin du populisme de gauche.

C’est-à-dire celle d’un leader qui est capable de produire une synergie entre ces luttes séparées à partir d’un discours d’opposition peuple-élite, qui ne correspond plus à un schéma de classe. Il en découle plusieurs impasses politiques. Si c’est seulement le conflit qui entretient la lutte et non pas les intérêts objectifs matériels (le droit à un travail digne, par exemple), celle-ci ne vaut plus que pour elle-même.

Elle ne permet plus de penser l’avenir, le dépassement concret du capitalisme. Et cela pose un problème à la gauche de rapport avec sa propre histoire. Le post-marxisme présente ces enjeux comme radicalement nouveaux, là où ils se posent depuis déjà longtemps. Apparaît aussi une impasse stratégique d’efficacité des luttes sociales et politiques.

En quoi consiste alors cette impasse ?

Guilhem Mevel Si c’est le discours qui pose les antagonismes et non la production, on risque d’essentialiser, de sanctifier une lutte par rapport à une autre. De la même manière, la tactique du populisme de gauche conduit à considérer l’élection comme une fin et non plus comme un moyen.

Toute la lutte ne vaut que pour le moment sacré de l’élection et non pour les progrès en termes d’intérêts de classe qu’elle peut amener. On peut aussi sacraliser des pratiques beaucoup plus locales et alternatives, qui peuvent être intéressantes en soi.

Mais cette forme de micro-politique, en l’absence d’organisation plus vaste, a du mal à lutter contre l’État ou la finance. Enfin, il reste la réponse à la progression du fascisme. Une conception identitaire ou idéaliste est trop peu efficace pour contrer le brouillage des frontières de classe.

Avec l’ubérisation, nous revenons à des formes de travail à la pièce, beaucoup plus segmentées, qui avaient cours au XIXe siècle. Le lien avec les classes populaires est en question. Manuel Cervera-Marzal a montré, dans sa sociologie de la France insoumise, que les classes populaires ont tendance à être laissées de côté ou marginalisées au sein de l’organisation en termes de moyens techniques et financiers, au profit de la communication.

Le fascisme prospère aussi par le manque de sociabilité. Cet isolement créé par l’habitat pavillonnaire, le travail précaire, brouille les frontières de classe. Sans luttes qui créent des espaces pour se sociabiliser, le seul discours dispensé dans les médias contre plus difficilement ce terreau social sur lequel prospère le fascisme.

 

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Agriculteurs : les semeurs de colère espèrent une bonne récolte

2 Février 2024, 08:05am

Publié par PCF Villepinte

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republique

8 Janvier 2024, 07:51am

Publié par PCF Villepinte

201 personnalités appellent à marcher

contre la loi immigration

L’Humanité et Mediapart publient une tribune de personnalités de tous bords - de Sophie Binet à Jacques Toubon, en passant par Josiane Balasko, Fabien Roussel ou encore Marina Foïs -, appelant à manifester le 21 janvier pour exiger la non-promulgation de la loi immigration.

 

Des manifestants à Rennes, suite au vote de la loi immigration, le 20 décembre 2023.
AFP/Sébastien Salom-Gomis

Il serait faux de dire qu’Emmanuel Macron ne coalise pas. Seulement, le chef de l’État agrège contre lui, ses choix politiques et ses compromissions avec une droite qui n’a plus de républicaine que le nom et une extrême droite revendiquant sa « victoire idéologique ».

Preuve en est avec l’appel à manifester, le 21 janvier prochain, contre sa récente loi immigration, que l’Humanité copublie avec le site d’informations Mediapart. Au total, ce sont plus de 200 personnalités qui entrent ainsi en résistance devant ce « tournant dangereux de notre République » et un texte rédigé « sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de « préférence nationale » ».

Un « appel historique », selon le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, signataire du texte, puisqu’il rassemble amplement, au-delà des frontières de la gauche. Ce front du rejet unit du coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard à l’ancien ministre de Jacques Chirac et ex-défenseur des droits, Jacques Toubon, en passant par Marine Tondelier (Les Écologistes), Olivier Faure (PS), Benjamin Saint-Huile (Liot) ainsi que la députée apparentée Renaissance, Cécile Rilhac.

Mais il s’étend aussi en dehors des sphères politiques partisanes avec les représentants des principales centrales syndicales, dont Sophie Binet (CGT) et Marylise Léon (CFDT), des responsables associatifs comme Dominique Sopo (SOS Racisme), Henri Masson (Cimade) et Véronique Devise (Secours Catholique), des artistes (Josiane Balasko, Nicolas Mathieu, Marina Foïs…), des universitaires et intellectuels émérites (Valérie Masson-Delmotte, Cédric Villani, Pierre Rosanvallon…), et même des personnalités des trois grandes religions monothéistes.

« Si on veut mener le combat prioritaire des valeurs, contre l’extrême droite, il faut un large rassemblement, dépassant les différences politiques et d’engagement. Nous condamnons cette loi parce qu’elle porte atteinte à beaucoup de fondamentaux de notre République et de notre devise », rappelle Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme.

L’initiative, née au lendemain du vote de la loi immigration à l’Assemblée nationale le 19 décembre, aboutit autour d’un objectif : rassembler un maximum de personnes dans les rues pour demander à Emmanuel Macron la non-promulgation du texte. « Le président de la République a tout fait pour que cette loi soit « adoptée » avant les fêtes de fin d’année pour qu’on n’en parle plus, explique Fabien Roussel. Mais beaucoup de gens m’ont interpellé pour savoir comment nous allions réagir contre cette loi votée par le RN et qui n’apporte pas les réponses aux grands enjeux liés à l’immigration. »

« C’est un moment de clarification : cette loi est un révélateur, une frontière claire entre celles et ceux prêts à basculer et renier le programme du Conseil national de la Résistance jusqu’à reprendre les thèses de l’extrême droite, et les autres », estime la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

Fin de l’universalité des droits, introduction de la préférence nationale, remise en cause du droit du sol, restriction de l’accès au séjour… La députée de l’aile gauche de la Macronie Cécile Rilhac a tranché : « Ce texte grandement issu du Sénat est allé trop loin. J’ai beaucoup réfléchi et je voulais être en cohérence avec moi-même (en signant la tribune – NDLR). Il me paraissait important qu’au sein de la majorité à laquelle je suis toujours attachée, des gens continuent à dire que la loi n’est pas celle du gouvernement pour laquelle nous voulions légiférer. »

« Sous une apparence banale, ce texte me paraît, pour l’une des premières fois, mettre en cause des principes importants, des libertés et des droits sociaux dont tout le monde doit pouvoir jouir sur notre territoire, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Savoir si nous allons installer un système de préférence nationale me paraît valoir une prise de position », justifie Jacques Toubon.

« Il faut que nous soyons nombreux le 21 pour faire en sorte de protéger les potentielles victimes de ce texte », espère Marine Tondelier. Il s’agit là d’un enjeu important « pour remettre des points de repères dans le débat public face à l’obsession ethnicisante d’une partie du monde politique », selon Dominique Sopo, président de SOS Racisme. D’où le mot d’ordre de la manifestation du 21 janvier : « Marchons pour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité ».

 

 

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Deuxième convention du PCF pour l’art, la culture et l’éducation populaire.

19 Novembre 2023, 10:16am

Publié par PCF Villepinte

Quelle humanité voulons-nous être ?  

 

1er et 2 décembre 2023 – Espace Niemeyer. Place du Colonel Fabien Paris

BATAILLE CULTURELLE

Quelle humanité voulons-nous être ? – Deuxième convention du PCF pour l’art, la culture et l’éducation populaire.

 


Vendredi 1er décembre

18H – 20H - SÉANCE INAUGURALE

IMAGINAIRES, REPRÉSENTATIONSET POLITIQUE, QUELLE BATAILLEPOUR PARTAGER UNE CULTURE ÉMANCIPATRICE ?

« L’unique et la plus belle chose qu’une œuvre d’art puisse accomplir, c’est d’éveiller un autre état du monde » Heiner Müller

Tout concourt à fonder l’espérance du dépassement d’un capitalisme de plus en plus morbide : la misère qui s’étend, le dérèglement climatique, la guerre qui fait rage.

Mais    cest    limaginaire    réactionnaire,    conservateur,    nationaliste    et    xénophobe    qui    occupe    la    sphère médiatique et politicienne, tandis que les nombreux mouvements contestataires et alternatifs peinent à se faire entendre et à se coordonner dans une dynamique authentiquement révolutionnaire.

Les discours politiques dominants accompagnent ou attisent une profonde crise des représentations symboliques. Il n’est en revanche plus souvent question d’art ou d’éducation populaire, sauf sous l’angle de la crispation identitaire. À mesure que le langage est privé de crédibilité rationnelle et de puissance poétique, les lieux et temps du partage de la métaphore se raréfient.

Comment les artistes, les acteurs et actrices, les militantes et militants de l’action culturelle peuvent-t-ils contrecarrer leur paradoxale invisibilisation du champ de l’action publique et réenchanter les imaginaires ?

Cette convention, qui n’épuisera pas tous les sujets tant ils sont nombreux, a vocation à remettre l’enjeu culturel au cœur des combats communs. Il y a urgence.


Samedi 2 décembre

TROIS TABLES RONDES

9H30 - 10H30

LE TRAVAIL ET SA TRANSFORMATION : UN DÉFI CULTUREL

Les questionnements sur le travail n’ont jamais été si nombreux. Le travail est en crise. Il connaît une crise de sens. Il est trop souvent gâché, abîmé, méprisé.

Malmené par les injonctions à la compétitivité, à la productivité ou à la rentabilité, par le management toxique, il est entravé dans sa puissance émancipatrice. Pour continuer à s’en servir, les forces néolibérales nous servent le discours de la « valeur travail », ce fameux « goût de l’effort » et de la docilité.

La crise environnementale impose de repenser le rapport de l’homme aux activités humaines articulant des exigences sociales et écologiques. Libérer le travail est un gigantesque défi culturel.


11H - 12H30

LA CRÉOLISATION DU MONDE : UN ATOUT DE L’HUMANITÉ POUR UNE AMBITION COMMUNE

Face aux grandes peurs agitées par les droites extrêmes, les nationalismes racistes et guerriers partout dans le monde, il est primordial d’affirmer une humanité plurielle faites de cultures partagées et d’imaginaires ajoutés.

Pour cela il est Indispensable de construire les ponts qui relient les archipels plutôt que les murs qui isolent, enferment, empêchent les circulations, les échanges, les conversations.

Affirmer la créolisation du monde c’est tenter de mettre fin aux imaginaires de dominations et aux imaginaires impérialistes, aux fantasmes identitaires qui infusent dans les représentations du monde et hypothèquent l’avenir. C’est oser la fraternité et la sororité, l’égalité et la liberté.

C’est oser, en assumant les blessures de notre histoire coloniale, sortir de tous les néo colonialismes. C’est oser inventer un nouvel universalisme qui promeut des valeurs humanistes communes en valorisant le multiple, la relation et la coopération durable, solidaire et pacifique.


13H30 - 15H

L’HUMANITÉ FACE À SES LIMITES ET SES DÉFIS, QUELLE PLACE POUR L’HUMAIN DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN ?

L’humanité est confrontée à des défis vertigineux, angoissants parfois, qui placent l’idée même de progrès au cœur d’une discussion incontournable, entre fuite en avant et retour à la terre. Et qui travaillent nos imaginaires.

Le défi écologique nous confronte à la finitude de la planète et aux ravages que lui impose le capitalocène. Nous ne pouvons plus penser le progrès de la même façon. Et pourtant, il faut imaginer l’avenir.

La révolution numérique et son corollaire, l’intelligence artificielle, sont en train d’entrer dans nos vies sans même que nous en ayons totalement conscience. Il ne s’agit pas simplement d’une question technologique, c’est aussi et peut-être d’abord une question anthropologique.

Quelle place pour l’humain dans l’humanité de demain ?


15H30 – 17H    SÉANCE DE CLÔTURE

QUEL RÉCIT, QUEL CHEMIN, QUELS HORIZONS POUR DEMAIN ?

Citoyennes et citoyens de monde, artistes, intellectuels et intellectuelles, acteurs et actrices du secteur culturel, comment faire ensemble pour aller vers un monde de Paix, de Démocratie, de Liberté ?

Comment faire face à la montée des nationalismes et des populismes qui travaillent à imprégner les consciences ? Comment enclencher un mouvement pour inventer un monde des communs ? Quelles politiques publiques de la culture, de l’art, de la création et de l’éducation populaire ? Quels mouvements populaires ?

 

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CHRONIQUE

29 Avril 2023, 12:02pm

Publié par PCF Villepinte

Machine(s)

 

Vendredi 28 avril 2023

Jean-Emmanuel Ducoin

Révolution

 L’année 2023 file vite et l’IA, depuis l’apparition dans nos vies quotidiennes de ChatGPT, observe un bond en avant qui effraie autant qu’il fascine. Jusqu’à un certain point. L’Intelligence artificielle sort de la brume, malgré son concept encore flou pour le commun des mortels. Chacun a bien compris désormais, à la lumière de ChatGPT, que les robots en ligne allaient bouleverser l’agencement de nos intelligences au point que certains évoquent déjà une «révolution anthropologique». Pensez donc.

L’ IA dépasse dans nos fantasmagories tout ce que nous imaginions et permet à n’importe qui de rédiger à la vitesse d’un clavier au galop un poème, un devoir scolaire, une recette de cuisine, un rapport, une histoire pour endormir vos enfants, des lignes de code, de la musique, des photographies sorties de nulle part, bref, tout ce dont vous avez besoin. Ajoutons sans plaisanter: même un article

Photo 

Deux exemples dans l’actualité viennent littéralement de nous stupéfier. Évoquons, d’abord, le dernier lauréat 2023 du prestigieux concours Sony World Photography Awards. L’œuvre récompensée dans la catégorie «création» sappelle, en français, Pseudomnésie: l’électricienne. Ce magnifique cliché montre deux femmes l’une contre l’autre, de deux générations différentes. Unanimité du jury.

Problème, son auteur, l’Allemand Boris Eldagsen, a immédiatement refusé le prix. Avez-vous deviné pourquoi? Lhomme a reconnu que rien n’était réel dans cette image trompeuse mais d’une illusion parfaite. Elle n’était que le travail d’une intelligence artificielle.

Même les plus avisés peuvent tomber dans le panneau, la preuve, puisque, selon les spécialistes, rien ne «laissait supposer que cette photo nen était pas une», les coiffures, les vêtements, et surtout la plastique de l’image, au ton sépia, tout cela ressemblait à un document capté dans les années 1950 par un appareil photo argentique. Ayant minimisé l’ampleur de l’aide de l’IA, l’auteur a déclaré vouloir susciter «un débat». Limage primée a depuis été décrochée en toute hâte dune exposition officielle. Polémique.

Musique

Arrêtons-nous maintenant sur le second cas, non des moindres. Depuis le 14 avril, un clip musical posté sur le réseau TikTok connaît un succès retentissant: plus de 10 millions de vues. Attribué dans un premier temps aux artistes canadiens Drake et The Weeknd et intitulé Heart On My Sleeve , le morceau fait référence à la chanteuse et actrice Selena Gomez, avec laquelle The Weeknd a entretenu une brève relation sentimentale.

Nouveau problème, aucune des deux stars n’a participé à l’enregistrement de ce titre. Elles aussi sont tombées de haut: l’«œuvre» est le fruit dune intelligence artificielle, qui a réussi, et plutôt magistralement, à imiter leurs voix et leur style. Derrière la supercherie, un pseudonyme, Ghostwriter977.

Cet épisode montre à quel point le secteur musical, lui non plus, n’est pas à l’abri des technologies d’IA générative, ce qui pose des questions quasi existentielles quant au sacro-saint respect de la propriété intellectuelle et les possibilités inouïes de contrefaçons. L’usage de l’IA doit-il être prohibé pour la création musicale? Mais comment, et à quel titre?

Lineffable David Guetta a déjà utilisé ce genre doutil pour écrire une chanson dont les paroles reproduisaient le style et la voix du rappeur américain Eminem. De nouveaux styles naissent-ils – aussi – par les nouvelles technologies? Vaste débat. Information importante: avant d’être retiré, le morceau Heart On My Sleeve avait été publié sur plusieurs plateformes musicales et consulté des centaines de milliers de fois…

Cerveau Devons-nous avoir peur, ou non, de ces machines capables d’influencer nos comportements comme notre capacité à réfléchir, sans parler de notre libre arbitre? Avons-nous raison de craindre que cette technologie noctroie aux développeurs du capitalisme une puissance potentiellement démiurge sur toutes les sociétés de l’humanité?

Précision: inspirée de faits réels mais toutefois alimentée par quelques écrits, cette chronique a bien été pensée par un seul cerveau humain. Le bloc-noteur entre en résistance. 

 

 

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1er Mai un grand rendez-vous social et populaire

23 Avril 2023, 07:23am

Publié par PCF Villepinte

Plus personne n’écoute le président

L'Humanité Samedi 22 avril 2023

Fabien Gay

Concert de casseroles, à Marseille, pour protester contre l'allocution de Macron

AFP

Le Conseil constitutionnel a donc rendu ses avis vendredi 14 avril à 18 heures. L’instance y a relégué les «avancées sociales», gadgets de la droite, que sont lindex senior ou le contrat dernière embauche. On se demande même si ces mesures navaient pas été laissées exprès dans le texte, sachant que les «sages» allaient se charger de les supprimer – durcissant le texte au passage. Il ne reste donc que le volet le plus dur, cest-à-dire l’âge de départ à la retraite à 64 ans, promulgué à 3 h 29 comme une ultime provocation présidentielle.

À vrai dire, nous n’attendions pas grand-chose de la décision du Conseil constitutionnel ; mais il nous a quand même déçus. Il s’agit de juger en droit évidemment, mais l’interprétation par cette instance est foncièrement politique. Il aurait été possible par exemple de se référer aux principes du préambule de 1946 reconnaissant «aux vieux travailleurs la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs».

Pire, ce jugement conforte la méthode dun exécutif qui est passé par une loi de finances, qui n’écoute pas la majorité du peuple refusant de travailler deux ans de plus pour satisfaire les marchés financiers, qui humilie et bâillonne le Parlement en détournant des articles de la Constitution, qui piétine l’avis des syndicats unis et rassemblés.

Après le refus du premier référendum d’initiative partagée et dans l’attente du deuxième déposé par les parlementaires de gauche, la crise démocratique s’amplifie. Malgré une mobilisation historique, la loi passerait sans avoir été votée à l’Assemblée nationale et par un vote bloqué au Sénat.

Les idées majoritaires portées par les forces du travail, de la création, de la jeunesse ne trouvent aucun débouché dans les institutions. Si le gouvernement pense un instant qu’après quelques jours tout reviendra à la normale et qu’il pourra continuer le train des réformes, il se trompe. Sans changement d’orientation politique profond, le pays restera fracturé.

En plus d’avoir menti sur les chiffres et le montant des pensions, ce qu’a reconnu le Conseil constitutionnel, et refusé de répondre aux attentes populaires, le gouvernement s’est évertué à entretenir la division entre les travailleurs et un climat délétère en jouant la matraque dans un schéma de répression.

Des jeunes humiliés et violentés dans les manifestations, des violences policières légitimées au sommet de l’État, des menaces à peine voilées contre des organisations syndicales, la Ligue des droits de l’homme et l’opposition de gauche: le pourrissement est devenu la norme pour imposer un retour à «lordre» et discréditer toute critique. Mais, cette fois-ci, le ressort est cassé. Plus personne n’écoute le président et surtout plus personne ne le croit!

Trop de mépris, trop de provocations, comme cette invitation présidentielle aux forces syndicales pour discuter de l’après et poursuivre le «chemin démocratique». Cette première année de mandat sonne déjà comme une fin de quinquennat. Dès lors, que faire? Attendre la prochaine échéance présidentielle et suivre les points d’étape balisés? Assurément non, dautant que cela profitera surtout à Marine Le Pen.

La bataille actuelle contre la réforme des retraites doit se poursuivre, évoluer dans ses formes pour ne pas laisser retomber l’élan extraordinaire. Le projet de loi peut être retiré et le référendum instauré pour permettre de faire entendre l’expression populaire. L’unité syndicale, la majorité populaire en sont de précieux atouts.

Faisons du 1er Mai un grand rendez-vous social et populaire historique pour imposer un rapport de force populaire, seule issue démocratique à ces crises qui menacent notre pays.

 

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CHRONIQUE

21 Avril 2023, 07:19am

Publié par PCF Villepinte

Isolement(s)

La charge de Pierre Rosanvallon

contre Mac Macron II.

L'Humanité Jeudi 20 avril 2023

Jean-Emmanuel Ducoin

Barricade Attention, moment d’Histoire.

Quand les «modérés» prennent soudain la parole et se laissent guider par une forme de «radicalité» – non par effraction intempestive mais par intense réflexion –, il nest pas inutile de relayer ce quils ont à nous dire par temps de crises.

Ci-devant, Pierre Rosanvallon, historien et sociologue, éminent professeur au Collège de France, toujours directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et membre du très sélect club le Siècle, qui réunit représentants et pontes des milieux dirigeants de notre pays. N’en jetez plus! Ces derniers jours, Pierre Rosanvallon a ainsi décidé de sexprimer, dabord dans Libération, puis dans l’émission de télé Quotidien, sur TMC.

Du brutal, du sévère et, à la vérité, du réjouissant.

Selon lui, «Emmanuel Macron se barricade dans le château fort de sa position statutaire» conférée par l’élection présidentielle. Le spécialiste de la question sociale invite notre prince-président à «rompre» avec cet isolement, «faute de cela», prévient-il, «le temps des révolutions pourrait revenir ou bien ce sera laccumulation des rancœurs toxiques», qui ouvrirait «la voie au populisme dextrême droite». Voilà pour le constat de base, annonciateur d’une aggravation de la situation.

Crise

Sur le fond comme sur la forme, sur la réforme des retraites comme le (mal)traitement de la démocratie républicaine ou l’exercice du pouvoir depuis le palais, Pierre Rosanvallon ne prend pas de gants avec Mac Macron II, à tel point que le bloc-noteur signerait volontiers nombre de ses propos.

 «Le président ne voit pas la crise démocratique, pour lui il ny en a pas», assure-t-il, avant de déplorer que le chef de l’État ait perdu de vue «lesprit des lois», essentiel pour garder «l’esprit de la démocratie». Cet «esprit est bafoué!» assène-t-il.

Et il enfonce massivement le clou: «Nous sommes en train de traverser, depuis la fin du conflit algérien, la crise démocratique la plus grave que la France ait connue. Ce que nous vivons là, c’est la répétition des gilets jaunes, mais en beaucoup plus grave. Aujourd’hui, il y a ce même sentiment de ne pas être écouté. Nous sommes entrés dans une crise qui peut être gravissime parce que c’est une pente glissante.»

Arrogance

Le grand problème de Mac Macron II? «Il na quune expérience sociale et politique limitée, étant passé directement de lombre à l’Élysée», poursuit Pierre Rosanvallon, ce qui expliquerait son incapacité à trouver des «points darrêt». Plus grave encore: «Il lui a manqué la connaissance et l’expérience qui enseignent une chose importante: la modestie. Et lui, il nen a pas. Il est empreint dune arrogance nourrie dignorance sociale et de méconnaissance de lhistoire des démocraties.» 

Concernant les retraites, pas de doute.

«Il est clair quil doit faire demi-tour, reconnaît M. Rosanvallon. Nous vivons une situation de blocage démocratique relativement inédite dans l’histoire de la V e  République. Rarement un projet de réforme gouvernementale aura été aussi mal préparé et envisagé sur un mode aussi technocratique et idéologique. (…) La retraite, c’est le rétroviseur de la vie. Cette dimension existentielle n’est pas prise en compte dans le projet actuel.»

Souvenons-nous par ailleurs que Mac Macron II avait déclaré que «la foule qui manifeste na pas la légitimité» face «au peuple qui sexprime à travers ses élus»Réplique cinglante du sociologue: «Si cette formule avait été prononcée par un étudiant en histoire ou en sciences politiques, celui-ci naurait probablement pas eu une bonne note. Le professeur lui aurait expliqué qu’il n’a pas compris ce à quoi renvoie le terme de peuple. (…) Le peuple n’existe qu’au pluriel, et nul ne peut s’en prétendre le propriétaire. Il n’est donc pas “la foule”, une masse que l’on présuppose informe.»

Jugeant que, depuis 2017, «les contre-pouvoirs démocratiques ont fini par être atrophiés par le fait majoritaire», Pierre Rosanvallon espère l’activation d’une «démocratie plus délibérative». Et il s’interroge, pessimiste: «Encore faut-il que le pouvoir accepte le principe de linteraction avec la société.» À bon entendeur, salut et merci! À ceux à qui il reste des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et un esprit logique pour comprendre. 

 

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La tête dans le flux

21 Avril 2023, 06:53am

Publié par PCF Villepinte

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Macron, la matraque et le mensonge

6 Avril 2023, 10:06am

Publié par PCF Villepinte

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