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jeunesses

Réquisition des logements CROUS, 
une compensation qui passe mal

10 Novembre 2023, 09:15am

Publié par PCF Villepinte

100 balles et 2 places contre un logement

Alors même que le tribunal administratif de Paris avait suspendu en référé début septembre la décision du CROUS de limiter les baux d’occupation des logements étudiants au 30 juin, en vue des JO de Paris, la ministre de l’ESR, Sylvie Retailleau, propose en guise de dédommagement aux étudiants délogés une indemnité de 100 euros ainsi que deux places pour les Jeux dont les tarifs sont prohibitifs.

Outre le caractère dérisoire et infantilisant du montant de la compensation, celle-ci ne constitue nullement un filet de sécurité pour les étudiant·e·s soumis à cette mesure. En effet, les garanties de Mme Retailleau restent floues, n’indiquant pas où, comment et quand les étudiants concernés seront relogés.

Ceux-ci pourraient être relogés très loin de leur logement initial. Induisant alors des surcoûts qui resteront à leur charge alors même que les étudiant·e·s dans les CROUS sont souvent déjà les plus précaires. Par ailleurs, les places pour les Jeux rappellent que la majorité des jeunes n’y auront pas accès du fait des prix faramineux des billets.

Ces mesures cache-misère entérinent, enfin, la possibilité de faire des services publics pour les étudiant·e·s des services intermittents, qu’on peut détourner de leur mission au profit d’autres intérêts.

La pénurie structurelle de logements étudiants en France prive de nombreux étudiant·e·s de l’accès à des conditions d’étude de qualité. Les 175 000 résidences étudiantes publiques, pour près de 3 000 000 d’étudiant·e·s, représentent un logement CROUS pour 17 étudiant·e·s. Pourtant, le gouvernement fait encore une fois le choix d’utiliser le service public comme variable d’ajustement.

Ainsi, ce sont 2 200 étudiant·e·s que la réquisition de logements CROUS en Île-de-France mettra dans l’obligation de se reloger.

Un divertissement

Dans cette situation, il s’agit d’inféoder les CROUS, dont la mission de service public consiste à assurer aux étudiants une qualité de vie, aux intérêts des participants aux Jeux.

À la charité bien mal ordonnée du gouvernement, l’Union des étudiants communistes oppose la reconstruction d’un service public digne de ce nom.

La construction de 350 000 logements étudiants dans le parc public.

La rénovation thermique et structurelle des logements Crous existants.

L’accès au sport en tant que spectateur·trice, mais aussi en tant qu’amateur·trice.

Léna Raud

secrétaire nationale de l’UEC

 

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Parcoursup :

13 Juillet 2023, 07:52am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 12/07/2023 par PCF

 80 000 jeunes sans formation !

Alors que la phase principale d’admission de Parcoursup s’est terminée, les chiffres font état une nouvelle fois du caractère sélectif de la plateforme. À l’heure actuelle, près de 80 000 jeunes n’ont obtenu aucune proposition de formation.

Pour ces jeunes, c’est donc un été d’attente, de stress et d’angoisse qui s’ouvre, puisque ceux-ci peuvent attendre jusqu’à la mi-septembre pour obtenir une formation.

Dans ces conditions, la préparation de la rentrée, la recherche d’appartements, etc. deviennent ingérables, et pénalisent particulièrement les élèves des classes populaires.

La Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche a beau tordre les chiffres comme elle veut et mentir à propos d’une plateforme “qui marche”, les faits sont là : Parcoursup, c’est la sélection !

Le MJCF revendique l’accès à toutes et tous à l’enseignement supérieur sans autre condition que l’obtention d’un baccalauréat
Le MJCF revendique la construction d’universités et le recrutement d’enseignants pour accueillir tous les élèves
Le MJCF revendique la création d’un Service public de l’orientation pour accompagner chaque élève, régulièrement, dès l’année de sixième, dans la préparation de son avenir. 

Assan Lakehoul,
Secrétaire Général du MJCF

 

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Publié depuis Overblog

29 Mars 2023, 08:40am

Publié par PCF Villepinte

Non à la généralisation du SNU!

Le gouvernement semble se diriger vers une généralisation et une obligation du Service national universel (SNU). Le MJCF s’oppose fermement à ce dispositif et à sa généralisation.

Tout d’abord, il est inacceptable d’organiser ce SNU obligatoire sur le temps scolaire. Alors que nombre de professeurs ne sont pas remplacés, que des heures d’enseignements sont retirées dans les lycées professionnels et que les élèves ont subi des fermetures d’établissement liées aux confinements, retirer encore des heures de cours est une insulte à leur réussite.

De plus, cette généralisation procède d’un véritable chantage à l’encontre des classes populaires en promettant par exemple le financement du permis de conduire ou du BAFA aux jeunes engagés dans ce dispositif inutile et folklorique.

En effet, le MJCF s’interroge sur les objectifs réels du Service national universel.

Si le gouvernement souhaite développer l’engagement et la citoyenneté des jeunes, qu’il augmente le nombre d’heures de cours dédiées à l’EMC et qu’il recrute des professeurs. Qu’il cesse aussi de réprimer les jeunes dès qu’ils se mobilisent pour leur avenir.

Si le gouvernement souhaite que chaque jeune se sente appartenir pleinement à la nation, qu’il cesse les politiques de casse des services publics qui font de milliers de jeunes des Françaises et des Français de seconde zone, qu’il lutte efficacement contre les contrôles au faciès qui pourrissent la vie de nombreux jeunes.

Enfin, si le gouvernement souhaite favoriser l’accès aux loisirs des jeunes, qu’il finance à hauteur des besoins les associations d’éducation populaire qui se battent au jour le jour pour permettre à la jeunesse de partir en vacances, de faire du sport, de la musique. Qu’il cesse aussi l’asphyxie des collectivités locales qui les empêche de mener des politiques culturelles et sportives d’ampleur.

Finalement, le SNU n’est ni un service militaire ni un service civique. Ce service est un coup politique destiné à masquer l’incapacité du gouvernement à mettre en place la moindre politique jeunesse.

La généralisation du SNU revient à déléguer à l’armée la mise en place de politiques pour la jeunesse. De la même manière, le gouvernement délègue au patronat la formation des futurs travailleuses et travailleurs avec sa réforme du baccalauréat professionnel ou encore le financement massif de l’apprentissage.

L’armée ne peut se substituer au travail accompli par le corps enseignant et les acteurs associatifs. L’éducation citoyenne et politique de la jeunesse doit se nourrir de ses engagements, de l’apprentissage scientifique et de la critique.

Le MJCF affirme que c’est à un ministère de la Jeunesse et des Sports de plein exercice de développer des politiques publiques en faveur des jeunes.

Le MJCF revendique la suppression du SNU.

Le MJCF revendique des investissements massifs dans l’éducation, le secteur associatif, les loisirs et les transports, afin de permettre à chaque jeune de devenir un citoyen et un travailleur libre et émancipé.

Le MJCF se tient à disposition de la ministre pour discuter de la mise en place d’une véritable politique émancipatrice à destination de la jeunesse.

Léon Deffontaines

 

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Mobilisation lycéenne.

27 Mars 2023, 10:18am

Publié par PCF Villepinte

 «Cette jeunesse est le plus beau cadeau que ce pays peut faire à l’avenir»

Depuis le 31 janvier, les lycéens se mobilisent dans le cadre des journées de manifestation contre la réforme des retraites. Mais depuis le 49.3, leur engagement exprime leur colère devant une démocratie bafouée. Entretien avec Dominique Dupart, parent d’élève au Lycée Racine à Paris. Son fils a été en garde à vue le 7 février dernier, arrêté lors d’un blocus de son lycée.

L'Humanité Dimanche 26 mars 2023

Marie-José Sirach

© Emmanuel Dunand/ AFP

Au lycée Racine, les premiers blocus, dès le 30 janvier, ont été marqués par une présence des forces de l’ordre qui n’ont pas hésité à utiliser la force contre les lycéens. Le 7 février, un certain nombre d’entre-eux ont été embarqués devant le lycée et placés en garde à vue. Puis les gardes à vue se sont multipliées. A Paris, au lycée  Racine, Colbert...  

Comment expliquez-vous une attitude aussi répressive des forces de l’ordre à l’égard des lycéens, dès les premiers blocus le 31 janvier?

Le principe a été de bloquer immédiatement et le plus efficacement possible les expressions publiques de contestation: sans faire dans la dentelle alors quil sagissait, quil sagit toujours de mineurs qui commencent juste leur vie de citoyenne et de citoyen, donc pas très informés de ce qu’ils ont le droit de faire ou pas.

Au lycée Racine, comment réagissent les parents, les enseignants?

Tout le monde est main dans la main pour dénoncer le déluge de gaz lacrymogènes, de coups, d’étranglements, mais surtout scandalisés par les interpellations abusives.

De mémoire de parents de lycéens, des gardes à vue pour des blocus de lycées avec 3 poubelles, cela ne s’est jamais vu. Ensuite, tout le monde joue sa partition: un proviseur sous l’oeil du Rectorat ne réagit pas de la même manière qu’une maman de lycéenne de 14 ans qui passe la nuit au poste sans diner.

Le Collectif anti-repression Lycéennes et Lycéens Paris Ile-de-France a publié une tribune-pétition à l’adresse des ministres de l’Intérieur et de l’Education pour dénoncer les violences policières.  Quel est le rôle de ce collectif?

Nous nous sommes spontanément formés à partir du 7 février en réunissant nos forces de parents, d’enseignants et d’assistants d’éducation répartis sur plusieurs lycées dans la capitale.

Nous faisons de l’accompagnement de parents bouleversés par l’incarcération provisoire de leurs enfants  sans avoir droit de les voir, de rentrer même dans le commissariat. Il n’est pas rare que des larmes surviennent quand le gamin retrouve enfin la liberté.

Nous appelons à des rassemblements devant les commissariats dans lesquels les enfants sont parfois menottés au banc, mélangés avec des interpellés majeurs, fouillés au corps (jusque la main dans le slip pour les garçons).

On a reproché aux lycéens de manifester pour un sujet - les retraites - qui ne devrait pas les intéresser. Tout comme on les moque sur l’usage du blocus et l’utilisation des poubelles. Qu’en pensez-vous?

Les poubelles sont un cadeau du bon dieu de l’émancipation citoyenne – s’il existe! Elles permettent de rendre tangible un engagement de jeunesse enthousiaste et empathique, souvent très physique, et en même temps, comme elles sont sur roulettes et en plastique, elles ne provoquent aucun dégât.

Ce sont des blocus symboliques qui barrent le chemin de quelques voitures qui souvent, très souvent, klaxonnent en solidarité. Autour d’eux s’organisent des prises de paroles, des échanges entre enseignants, parents, élèves. Ce sont des cours d’instruction civique à l’air libre. Les diaboliser ou les ridiculiser n’a pas de sens.

Depuis le 49.3, le mouvement de blocus s’étend à d’autres lycées parisiens mais aussi partout en France, ainsi que dans les universités. Il s’exprime dans les manifestations nocturnes dans les rues de Paris. Comment analysez-vous cette mobilisation inédite, sous cette forme du moins? 

Nous sommes face à une jeunesse qui n’ a peur de rien justement parce que c’est la jeunesse! Cest une génération qui est très à laise avec la subversion et la carnavalisation des styles et des représentations. Ils ne sont pas doloristes.

Leurs slogans ont beaucoup d’humour. Ils ont soif d’agir et de se réunir après 3 années de Covid. Enfin les réseaux sociaux et leur génie d’association et de mise en relation débouchent sur des actions collectives concrètes: quelle joie pour eux! De plus, ils ont le tempérament épique. Ils sont heureux de se battre seulement en marchant, en chantant et abandonnant la place lorsqu’ils n’arrivent plus à respirer... en raison des gaz lacrymogènes.

Cette jeunesse est le plus beau cadeau que ce pays peut faire à l’avenir, c’est grâce à elle que nous ne finirons pas momifiés dans un monde sans eau, sans joie, aux bottes de l’élite capitaliste. Comme le dit un de leurs slogan: «Souvent en garde à vue mais jamais au garde à vous!» À nous, adultes, de nous inspirer de leur exemple.

Collectif anti-répression lycéennes-lycéens Paris IDF: @AntiRepLycees

 

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ENTRETIEN

15 Mars 2023, 10:21am

Publié par PCF Villepinte

 «Cessons de caricaturer

et d’exploiter la jeunesse»

 

À 27 ans, Salomé Saqué, journaliste, publie Sois jeune et tais-toi. Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse. Pour la journaliste, il est urgent de changer de regard sur la génération Z.

L'Humanité Mercredi 15 mars 2023

Nadège Dubessay

FRED SCHEIBER/SIPA

Lassée de voir les jeunes de sa génération qualifiés de «paresseux», «incultes», voire «égoïstes et individualistes», la journaliste de Blast a mené lenquête pour tordre le cou à ces jugements infondés.

À travers des témoignages et sa propre expérience, Salomé Saqué décortique les mécanismes d’une stigmatisation qui sert parfois de paravent à l’immobilisme des classes dirigeantes sur le changement climatique et à une vision utilitariste de la jeunesse, vue comme de la chair à stages et autres emplois sous-payés.

Quelle a été votre motivation pour l’écriture de ce livre?

Depuis longtemps, j’avais envie de me pencher sur l’incompréhension qu’il peut y avoir vis-à-vis des jeunes. C’est un sentiment que j’ai eu dès l’adolescence. Lorsque j’avais une opinion à donner, j’avais toujours la sensation que ma parole était moins écoutée que celle des adultes. Comme s’il y avait un discrédit immédiat.

Quand j’ai débuté dans le journalisme, le phénomène s’est intensifié. En tant que très jeune journaliste, je n’avais pas la même légitimité. Je me suis aperçue que nous étions plusieurs à ressentir cet agacement. J’avais commencé à faire des recherches, à recueillir des témoignages.

En mai 2022, quand un actionnaire de TotalEnergies, âgé d’une soixantaine d’années, a insulté une jeune militante pour le climat en la traitant de «connasse» et en lui crachant «crève et fais pas chier!», là, je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’y aille.

Vous avez rencontré une centaine de jeunes, dans toute la France, issus de toutes les catégories sociales. Qu’est-ce qui vous a le plus marquée?

Leur abattement, leur fatigue. Nous sortions à peine des confinements et le Covid a été une épreuve extrêmement rude pour eux. Y compris pour ceux issus de milieux favorisés.

J’ai aussi été frappée par leur inconscience des inégalités. Ceux qui galèrent le voient bien, mais ils ne savent pas exactement pourquoi et ont tendance à rejeter la faute sur eux-mêmes, à se dévaloriser. Beaucoup sont dans l’autoflagellation.

Vous expliquez que ces attaques ont gagné en intensité ces dix dernières années. Pourquoi?

Le traitement injuste réservé à la jeunesse résulte de la place donnée aux éditorialistes – qui sont souvent des hommes d’un certain âge – sur les plateaux de télévision et de l’augmentation des tensions sociales liées aux politiques néolibérales.

En 2012, l’Observatoire des politiques de la jeunesse avait publié une étude où les chercheurs expliquaient comment les médias n’avaient fait qu’accentuer cette tendance à diviser la jeunesse en deux: les dangereux, au premier rang desquels figuraient les jeunes hommes de banlieue, et les fragiles, à la dérive, quil fallait protéger et accompagner. Une image binaire qui manquait de nuances et, surtout, qui ne donnait pas la parole aux premiers concernés. Cette transformation du système médiatique laisse de moins en moins de place à des articles de fond et facilite la stigmatisation de la jeunesse.

Durant le Covid, les médias ont pourtant enfin reconnu la grande précarité des jeunes…

Oui, mais très tardivement. Au cœur de la crise, au moment où les jeunes avaient besoin de soutien, ils étaient, selon les médias, irresponsables, propagateurs du virus. On a vu cette traque, avec des articles entiers sur une fête dans un appartement…

La rave party en Bretagne a occupé la une des journaux en continu pendant des semaines, pour savoir si ces jeunes devaient être punis ou non… Huit mois plus tard, on s’apercevait qu’ils remplissaient par milliers les files d’aide alimentaire. Les politiques publiques sont arrivées à la traîne, et avec des mesures totalement insuffisantes.

Les jeunes sont plus diplômés, mais le taux d’emploi précaire des 15-24 ans est passé de 17,3% à 52,6% entre 1982 et 2020. Pourquoi les dispositifs ont-ils échoué?

Contrairement aux idées reçues, les jeunes travaillent. Ils sont pléthore dans des emplois extrêmement précaires, flexibilisés. Ce sont les premiers abonnés au statut d’autoentrepreneur. Avec l’apprentissage, les stages qui s’enchaînent, l’alternance… ils se donnent à fond et remplacent des emplois, sans aucun espoir d’embauche. Juste pour avoir une ligne en plus sur leur CV.

Ces dispositifs subventionnés par l’État coûtent cher. Mais les entreprises sont les premières à bénéficier d’une main-d’œuvre extrêmement peu coûteuse, voire gratuite. Arrêtons de croire qu’il s’agit d’améliorer les conditions de la jeunesse. On atteint des sommets avec le Service national universel, qui va coûter extrêmement cher.

Cette idée d’ordre, d’uniforme, plaît aux plus âgés, à l’électorat d’Emmanuel Macron. À côté, les besoins essentiels des jeunes – l’accès aux études, à l’emploi, au logement – ne sont pas pris en compte. Et l’ensemble des dispositifs jeunes de ces derniers quinquennats est de la même nature.

Selon vous, l’inégalité des chances s’est-elle accrue?

Ce qui est certain, c’est que l’accès au patrimoine s’est vraiment dégradé. Il est de plus en plus difficile d’y avoir accès par la force du travail. La richesse d’une vie est liée à l’héritage.

Aujourd’hui, les écoles privées fleurissent, le marché des cours particuliers explose. Alors, bien sûr, la reproduction sociale est extrêmement forte.

Difficile d’aborder la jeunesse sans parler des réseaux sociaux. Pourquoi parlez-vous d’«idéologie méritocratique»?

Internet est un produit du néolibéralisme dominé par les Gafam. Les jeunes sont nés avec cet espace extraordinaire, terrible aussi. Beaucoup voient dans leurs influenceurs préférés l’illusion d’une réussite possible.

Face aux difficultés qu’ils rencontrent, au pessimisme lié à la crise écologique, on leur propose un monde merveilleux, la possibilité d’une réussite fulgurante par la force du travail dans un domaine qu’ils aiment, alors que la réussite dans le monde traditionnel paraît difficile, voire impossible. Finalement, cette idéologie méritocratique ne leur fera que du mal.

Sans surprise, lorsque vous demandez aux jeunes ce qui les inquiète le plus, la crise écologique revient toujours…

Oui, quel que soit leur milieu social. Ils ne sont pas tous informés au même degré. Mais tous sont conscients de la gravité de la crise. Surtout, ils s’aperçoivent que les personnes censées la gérer ne prennent pas les dispositions nécessaires. Ils vivent les canicules, les incendies, les sécheresses…

Alors, soit ils s’impliquent et se disent qu’il faudra bien que quelqu’un écoute, soit – et c’est la majorité – ils rejettent un futur qui leur paraît si sombre. L’avenir terrible qu’on leur promet les paralyse. Ils n’ont que 18 ans. C’est effrayant.

Quelle forme prend leur engagement?

Il passe peu par les urnes. L’abstention reste le premier parti des jeunes. Quand ils votent, c’est pour des partis qui proposent une rupture avec le système politique traditionnel, et surtout pour l’élection présidentielle. La plupart ne connaissent pas toutes les élections et, surtout, ne voient pas leur utilité.

L’engagement politique devient de plus en plus ponctuel, dans des actions spécifiques, là où les jeunes pensent pouvoir avoir une influence. Ils ne vont pas voter, mais ils iront manifester.

Beaucoup de leurs luttes sont contre les discriminations, quelles qu’elles soient. On ne se bat plus uniquement pour ses propres droits, mais aussi pour ceux des autres. C’est particulièrement vrai dans les manifestations féministes, où de nombreux jeunes hommes sont présents. Même si la majorité ne va pas dans la rue, on observe un vrai changement de mentalité.

Vous dites qu’il est urgent de changer collectivement de regard sur la jeunesse. Qu’espérez-vous avec ce livre?

La population doit comprendre combien les décisions politiques prises aujourd’hui condamnent notre droit à un avenir désirable. Il ne suffit pas de gâter ses petits-­enfants ou ses enfants. La solidarité intergénérationnelle familiale ne nous sauvera pas de la crise climatique.

Si on continue à alimenter ce système productiviste dévastateur, destructeur de la planète, on va aller dans le mur. Ce sont les scientifiques qui le disent. Il faut arrêter de dire que les jeunes sont soit très cons, soit merveilleux, et qu’ils vont changer le monde. Ils ne détiennent pas les ressources de ce pays, ni le patrimoine, ils ne siègent pas dans les instances dirigeantes. On ne peut pas attendre qu’ils vieillissent. C’est maintenant qu’il faut agir.

Sois jeune et tais-toi. Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse, de Salomé Saqué, Payot, 320 pages, 19,90 euros.

 

 

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JEUNESSES

24 Février 2023, 10:55am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 22/02/2023 par PCF

Étude, travail, retraite, faut-il choisir?

Contre la réforme des retraites, travailleur·euse·s, étudiant·e·s, lycéen·ne·s manifestent ensemble pour faire plier le gouvernement.

Dans les universités, la mobilisation se met pas à pas en place et se développe.

Malgré ce que peuvent dire certains médias, les étudiant·e·s ont bien intérêt à se mobiliser contre cette réforme. D’abord, beaucoup d’étudiant·e·s doivent travailler pendant leurs études afin de subvenir à leurs besoins.

Pour celles et ceux dans cette situation, c’est la double peine. D’une part, ils et elles ne peuvent pas étudier dans de bonnes conditions. D’autre part, ces heures de travail ne sont pas prises en compte pour la retraite, car trop insuffisantes en nombre.

De plus, on nous pousse à faire des études de plus en plus longues sous prétexte d’obtenir un emploi qualifié à la sortie de celles-ci. Pourtant, si on regarde les chiffres, le premier emploi stable n’est obtenu qu’à 27 ans en moyenne. Cela fait donc au moins 4 ans après les études où les cotisations restent aléatoires entre emploi mal payé, stage, temps partiel, périodes de chômage…

Enfin, chaque année passée en étude est une année qui sera à cotiser plus tard. Donc, plus on étudie, plus on partira tard à la retraite.

Pourtant, ces études participent à l’élévation générale du niveau de connaissances de la population et à la production de celles-ci à travers le temps consacré à la recherche. Nous le savons, cette période de la vie dédiée aux études est nécessaire pour notre pays afin de faire face aux défis sociaux, économiques et écologiques.

C’est pour cela que l’Union des étudiant·e·s communistes revendique la prise en compte des années d’études dans le calcul de la retraite, afin que tous et toutes puissent partir en retraite à 60 ans maximum et à taux plein.

Alors, nous avons tout intérêt à nous mobiliser, pour retirer le recul de l’âge de départ, mais aussi pour faire gagner l’idée d’une prise en compte de nos études !

Léna Raud

 

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Réformes des retraites.

19 Janvier 2023, 10:12am

Publié par PCF Villepinte

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Léon Deffontaines, l’atout jeunesse du PCF

30 Décembre 2022, 08:55am

Publié par PCF Villepinte

 l’atout jeunesse du PCF

« Amiens, c’est une ville qui me prend aux tripes, une terre qui m’a façonné politiquement.» © Julien Jaulin/Hans Lucas

 

Veste de costume et chaussures de ville impeccables, Léon Deffontaines soigne la présentation lorsqu’il reçoit dans son bureau à Colonel-Fabien, dans le 19e arrondissement parisien. Un lieu à l’architecture grandiose – signé Oscar Niemeyer quil connaît comme sa poche puisque, malgré ses 26 printemps, il compte déjà pas mal dannées de militantisme derrière lui.

Depuis la campagne présidentielle, le jeune homme fait même partie des têtes émergentes de l’équipe de Fabien Roussel, sollicité lors de la présidentielle par le secrétaire national du PCF après près de dix ans sur le pont. D’une famille catholique, issue du monde paysan, c’est en 2013 que, lycéen, il adhère au Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF).

Il y débarque avec ses bagages, puis ses galères de travailleur-étudiant – dont ses 30 heures par semaine chez Subway. «La JC, cest une très belle rencontre, le premier espace de liberté où ma voix a compté en tant que jeune.»

 

 

Mobilisé de plain-pied contre les réformes de François Hollande, il devient vite secrétaire fédéral des Jeunes communistes de la Somme, avant d’adhérer au PCF en 2016. Après quelques années, il intègre la coordination nationale du MJCF, et finit par en devenir le secrétaire général. «Jai hérité d’une organisation très divisée, affaiblie», se souvient Léon Deffontaines alors que le mouvement est notamment bousculé par des affaires de violences sexistes et sexuelles.

 «Mon projet, c’était de rassembler.» Pendant son mandat, il lance des campagnes sur l’éducation, dénonce la réforme Parcoursup, celle du bac ou encore des lycées professionnels. «Cest un sujet essentiel et qui touche tout le monde, surtout les classes populaires qui subissent de plein fouet les inégalités scolaires», argumente-t-il, tout en rappelant que l’accès à l’emploi des jeunes fait également partie des priorités du MJCF.

Ferrailleur et gros bosseur

Depuis peu, Léon Deffontaines enfile aussi un autre costume, celui de porte-parole de Fabien Roussel. Un rôle qu’il assume déjà pendant la campagne. Avant la présidentielle, le jeune communiste plaidait pour une candidature de son parti. Une fois la course engagée, il s’y lance avec entrain. Débats électriques sur la manifestation policière devant l’Assemblée, la viande, Charlie Hebdo, les barbecues, le nucléaire…

Le jeune homme enchaîne les plateaux de télévision pour défendre son candidat, son programme. «Léon a appris à ferrailler contre les pires réacs», commente Ian Brossat, directeur de campagne du candidat PCF. « Il n’a pas peur des débats, d’aller à l’affrontement. En même temps, c’est un gros bosseur qui travaille avant d’aller dans une émission. Car il part du principe que la politique, c’est quelque chose de sérieux.» 

Le sort des jeunes n’en reste pas moins au cœur de ses préoccupations. Léon Deffontaines plaide pour la création d’un revenu étudiant, la gratuité du permis de conduire ou l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans. Des mesures qui trouvent un certain écho. «À la rencontre des Jours heureux à Poitiers, la proposition sur la gratuité du permis de conduire a beaucoup fait parler d’elle, on sentait un réel enthousiasme», raconte- t-il, le sourire aux lèvres.

«Pendant la présidentielle, nous avons semé beaucoup de graines autour desquelles la gauche doit se reconstruire», assure-t-il, désormais, se disant «très fier» du chemin parcouru pendant cette campagne aux côtés de Fabien Roussel. Au mois de juin, il passera la main à la tête du MJCF. La suite? Léon Deffontaines limagine loin de Paris, près de sa commune natale: Amiens. «Cest une ville qui me prend aux tripes, une terre qui ma façonné politiquement. À l’époque, jai beaucoup suivi la lutte menée par les ouvriers de l’usine Goodyear.»

Désormais, il envisage de se présenter aux élections municipales de 2026 pour contribuer à ravir cette ville, anciennement communiste, à la droite. «Amiens devrait être à gauche, cest une ville où la gauche na pas été à la hauteur, mais nous pouvons changer le rapport de forces», estime-t-il. Il plaide pour une «gauche populaire» qui défendrait «le mode de vie des classes populaires» avec l’objectif d’ «améliorer leur quotidien».

En attendant, il a publié aux éditions le Temps des cerises un livre intitulé Pour que jeunesse se fasse!, sorte de plaidoyer en faveur de l’émancipation des jeunes. Avec un objectif ambitieux: «Ce livre veut être un plan de bataille. Je veux montrer que nous pouvons transformer radicalement la société et la vie des jeunes, en partant de leurs préoccupations et en gagnant des combats, dès maintenant.»

 

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JEUNESSES

28 Novembre 2022, 10:18am

Publié par PCF Villepinte

Les jeunes,

moteurs de l’engagement citoyen

Lutte contre les discriminations, droits des femmes, préservation de l’environnement et de la biodiversité: ces thématiques mobilisent les 18-34 ans bien plus que leurs aînés. Les jeunes sont ainsi près d’un sur deux à agir au sein d’organisations collectives porteuses de ces valeurs.

L'Humanité Samedi 26 Novembre 2022

Eugénie Barbezat

Les jeunes se mobilisent davantage que leurs ainés en particulier sur les questions environnementales.

AFP

Selon le baromètre de l’engagement citoyen et solidaire publié le 25 novembre, la crise sanitaire a impacté négativement les pratiques associatives des Français (ils sont 52 % à avoir une activité collective contre 59 % en 2018). Mais ce sondage Opinionway pour la plate-forme d’accompagnement des associations, HelloAsso, montre surtout que si les seniors ont réduit leurs activités, l’engagement associatif des jeunes a fait un bond.

 «Leur degré d’engagement est plus fort que leurs aînés dans presque toutes les catégories testées», précise l’étude qui indique que 81 % des 18-24 ans et 69 % des 25-34 ans ont au moins un engagement collectif, alors que ce n’est le cas que pour 52 % de l’ensemble de la population.

Les différences générationnelles sont particulièrement prononcées concernant la lutte contre les discriminations avec 39 % des 18-24 ans qui se disent actuellement investis sur la lutte contre le racisme, contre seulement 3 % de leurs aînés.

Aussi, près d’un jeune sur deux est mobilisé pour la défense des droits des femmes et des personnes LGBTQI +  contre à peine 5 % des seniors. Des données qui illustrent la motivation des jeunes générations à mettre leurs sujets de prédilection sur le devant de la scène, notamment d’égalité́ et de lutte contre les discriminations, mais aussi bien sûr de changement climatique.

Génération engagée

Le baromètre de l’engagement citoyen et solidaire, confirme la prise de conscience des défis environnementaux (changement climatique et protection de la biodiversité) chez les jeunes, sur-représentés dans l’engagement pour l’environnement avec 27 % des 18-24 ans et 44 % des 25-34 ans investis contre 15 % pour l’ensemble des Français.

Fait notable, le souhait d’engagement sur les causes environnementales arrive aussi largement en tête parmi les classes populaires. «Cette dynamique est autant une bonne nouvelle qu’un défi pour les associations et les pouvoirs publics, estime Léa Thomassin, présidente et fondatrice de HelloAsso. L’appétence des plus jeunes pour l’action collective contredit le discours ambiant d’une génération désintéressée ou repliée sur soi.

Il ne s’agit pas seulement d’une “Génération Climat” mais d’une “Génération engagée”. Ce fort souhait d’engagement doit stimuler les acteurs de l’intérêt général, associations, fondations et institutions, pour offrir aux jeunes des formats et des modes d’actions en ligne avec leurs attentes.»

 Une gageure pour les pouvoirs publics, puisque le baromètre confirme aussi la désaffection (voire la défiance) des Français, et particulièrement de plus jeunes, vis-à-vis de la politique traditionnelle, l’item «parti politique» arrivant bon dernier de toutes les thématiques testées.

 

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Étudiants salariés :

27 Novembre 2022, 08:47am

Publié par PCF Villepinte

 la vie au strict minimum de

Jordan, Wiam, Célestine et Paul

En France, 50% d'étudiants sont obligés de travailler. Un cumul trop souvent un facteur d’échec et d’abandon. À Besançon, dans le Doubs, nous avons rencontré des étudiants salariés. Ils racontent leur quotidien, mais aussi le syndicat qu'ils ont monté, car, en première ligne de la flexibilisation du marché du travail, «la plupart des étudiants ne connaissent rien à leurs droits.» TÉMOIGNAGES.

L’Humanité Rosa Moussaoui

Samedi 26 Novembre 2022

Jordan, Wiam, Célestine et Paul témoignent de leurs galères quotidiennes. © Laurent Cheviet

Avec ses hautes fenêtres en arcades, la galerie qui conduit à la bibliothèque universitaire donne des airs de cloître à l’UFR de sciences du langage, de l’homme et de la société. Paul, 24 ans, sweat lilas, lunettes dorées, yeux clairs et cernés de fatigue, y étudie l’anglais depuis l’an dernier. Il met un point d’honneur à ne rater aucun cours, à passer ses soirées libres à réviser.

Il lui faut pour cela étirer les journées: Paul est caissier chez Carrefour, il y travaille 16 heures par semaine, dont le dimanche matin. Cest plus que les cours une douzaine dheures par semaine, mais sans compter le travail à la BU , souvent de 16 heures jusqu’à la fermeture, à 19h45. «Jessaie de faire le maximum. Ça demande une certaine organisation. La fatigue, ça dépend de mon sommeil, je suis un peu insomniaque, sourit-il. J’aimerais bien être étudiant à plein temps, mais une bourse pour mon échelon, c’est 150 euros par mois, et de toute façon mon dossier n’a jamais abouti. Avec 150 euros par mois, tu ne vis pas. Je loge encore chez ma mère. Elle aussi est caissière. Je l’aide financièrement: je lui donne 200 euros par mois pour le loyer.» À la caisse, plaisante-t-il, il se trouve dans une position privilégiée pour scruter l’envolée des prix: «Les clients te le font bien sentir.»

Dans ce contexte économique difficile, il n’a pas pris un jour de repos cet été: «Je voulais bosser, mettre des sous de côté, j’étais volontaire pour les heures supplémentaires. Jai bossé 30 heures par semaine pour 1200 euros, cest raisonnablement payé. Maintenant jai un peu d’économies: en cas dextrême urgence, je peux taper dedans.»

Il y a bien le dos en vrac, les pieds endoloris, les horaires décalés, les tâches répétitives, mais il ne rate plus de cours, bénéficie d’une mutuelle, s’estime «traité correctement».

 Mieux, en tout cas, que dans son précédent petit boulot. Paul était auparavant livreur en scooter électrique chez Domino’s Pizza. Dangereux les soirs de pluie, pénible par temps froid. Avec son superviseur, il y avait de la tension.

Surtout, le planning ne faisait pas coïncider disponibilité et rémunération. «Quand j’étais censé commencer à 18 heures, je ne pointais pas à mon arrivée. Si la première commande arrivait une heure plus tard, je n’étais payé qu’à partir de 19 heures. On te faisait attendre sans te payer», raconte-t-il. C’est là, sur le conseil d’un ami, qu’il a pris contact avec la CGT, avant de rejoindre le syndicat formé dans le Doubs par des étudiants salariés, voilà quelques années. «Jy ai trouvé laide dont javais besoin, et des réponses à mes questions», dit-il.

Précarisation, répression, essoufflement

L’organisation compte aujourd’hui une quarantaine de membres, dispose d’élus dans les instances universitaires, travaille en articulation avec les syndicats actifs sur les lieux de travail, se bat pour la gratuité des transports en commun ou des protections périodiques, se démène pour faire respecter les aménagements prévus pour les étudiants salariés, comme la dispense de contrôle continu.

«Quand on est venus taper à la porte de la CGT, on a trouvé des oreilles attentives», sourit Wiam Bama, 25 ans, étudiante en master de sociologie, qui anime aujourd’hui cette structure. «On essaye de sadresser à ceux que le syndicalisme ne touche pas dhabitude, expose- t-elle. Les syndicats étudiants se sont un peu écroulés ces dernières années, en partie parce qu’ils ont occulté cette question du salariat étudiant. Et puis, les militants potentiels sont précarisés, la répression violente des mouvements sociaux depuis la loi travail a aussi contribué à cet essoufflement.»

Dans les locaux de l’union départementale CGT qu’abrite une bâtisse ocre de la vieille ville joliment rénovée, cette jeune femme aux cheveux châtains, les yeux noirs, maquillage discret, se tient droite, le verbe sûr, les convictions bien ancrées. «Jai toujours travaillé, depuis la terminale, pendant les vacances scolaires, puis en continu lorsque je suis devenue étudiante. Je navais pas le choix. Mon père est chauffeur de bus, ma mère femme de ménage», confie-t-elle.

Wiam a enchaîné les petits boulots: des ménages, de laccompagnement aux étudiants en situation de handicap au service de santé de luniversité, de la surveillance au musée Courbet à Ornans. Complètement autonome, elle travaille aujourd’hui comme assistante des élus de gauche à la municipalité de Besançon. Son engagement syndical s’est forgé dans le mouvement contre la loi travail: «On sentait que le gouvernement sattaquait à quelque chose de sacré: le Code du travail, qui nous permet de défendre nos droits en tant que salariés», se souvient-elle.

Lutter pour instaurer un revenu étudiant

En première ligne de la flexibilisation du marché du travail, les étudiants salariés – un étudiant sur deux en France – forment un précariat vulnérable, malléable, peu défendu, exposé à toutes les inconduites patronales. «La plupart des étudiants ne connaissent rien à leurs droits, certains ne savent même pas que l’établissement d’un contrat de travail est une obligation légale, témoigne Wiam. Cela fait des étudiants des salariés très fragiles. Pendant leurs études et même après, car ils intériorisent des pratiques illégales. Ça fabrique des salariés très dociles.»

Sur le versant universitaire, le cumul entre études et travail est trop souvent, assure-t-elle, facteur d’échec, de découragement, d’abandon: «Le temps passé au travail fait chuter les résultats. Tu te sens nul, tu as honte, tu finis par lâcher. Cest un engrenage: tu timpliques dans le travail salarié pour sortir de langoisse des factures prélevées, tu finis la semaine sur les rotules et les plus démunis lâchent, parfois dès la première année. Et leur départ ouvre la voie à une gentrification de l’université.»

Dans l’imaginaire collectif, le salariat étudiant est longtemps resté associé au job d’été pour se payer des vacances, se faire de l’argent de poche. Une vision que la pandémie de Covid et les confinements successifs ont fait voler en éclats quand la France a, tardivement, découvert l’ampleur du désastre social qu’a représenté, pour des centaines de milliers d’étudiants, la perte d’un emploi, d’une rémunération de survie.

Besançon, avec l’appui de l’union départementale, le syndicat des étudiants salariés CGT a organisé très tôt une collecte syndicale pour financer une distribution de produits de première nécessité, denrées alimentaires et packs d’hygiène, pour «attirer l’attention sur la condition d’extrême précarité et d’isolement des étudiants, alerter sur l’indifférence politique à leur sort». Après le déconfinement, la revendication d’une gratuité complète des transports a été combattue par les élus de droite de l’agglomération. La bataille a toutefois permis d’obtenir le demi-tarif.

Interpellée, la région Franche-Comté a fini, de son côté, par verser une aide ponctuelle aux étudiants salariés ayant perdu leur emploi. Insuffisant, jugent les jeunes syndicalistes, qui fixent l’horizon d’un «revenu étudiant sur la base de 1000 euros par mois pour se loger, se nourrir, étudier». «Ce nest pas une revendication hors-sol puisque ça existe déjà pour les étudiants de l’École normale supérieure», plaide Wiam.

Jordan, 30 ans, aujourd’hui professeur stagiaire de lettres, histoire-géographie en lycée professionnel, a réussi le CAPLP, l’an dernier, après deux tentatives infructueuses au Capes. Un tel revenu étudiant lui aurait changé la vie. «Jai passé le concours dinfirmier à 19 ans. À 22 ans, jai repris mes études car lhistoire me passionnait. Je travaillais à côté en tant qu’infirmier, raconte-t-il. Pendant les trois ans de préparation du concours, j’étais assistant d’éducation en internat la nuit dans la semaine, payé trois heures alors que j’étais mobilisé huit heures, et je travaillais ponctuellement à côté en maison de retraite. L’an dernier, j’y ai bossé tout l’été avant le concours.»

Une vie austère exigeant une organisation au millimètre, sans sortie, où les moments de décompression sont rares. «Une vie au strict minimum», observe-t-il. Impossible alors pour lui de compter sur un soutien financier familial: son père, postier, est décédé; sa mère, assistante de vie, est handicapée après une chute au travail en faisant le ménage.

 Socialement et politiquement isolés

Célestine, 22 ans, étudiante en troisième année de sociologie, reçoit, elle, avec un certain embarras, l’aide modeste de ses parents. «Je ne veux pas être une charge pour eux. À la retraite, ils nont pas de grands moyens, s’excuse-t-elle. Si je n’avais pas d’activité salariée, je ne pourrais pas faire face de toute façon, surtout en ce moment alors que tout augmente.» Avec un loyer de 458 euros une fois les APL retranchées, son budget est serré. Elle cumule chaque semaine 18h30 de travail comme assistante dans un lycée professionnel et 22 heures de cours. «Quand je suis en cours, je pense au travail ; à la fac, je ne suis jamais pleinement concentrée», soupire-t-elle.

Cette étudiante aussi s’est syndiquée à la CGT, tout comme Jordan. Ils y ont trouvé «une écoute sur des préoccupations quotidiennes», la possibilité d’épauler d’autres personnes à leur tour pour «défendre leurs droits, tout en ayant une voix qui peut compter».

Adjoint (PCF) au maire de Besançon en charge des quartiers populaires, Hasni Alem admet avoir été bousculé, pendant le confinement, par le sort de cette population nombreuse mais socialement et politiquement isolée, «invisible, qui passe sous les radars de la municipalité».

Lui-même, jusqu’à l’an dernier, est passé d’un boulot étudiant à l’autre – agent d’entretien, caissier, mécanicien – avant de devenir professeur, l’an dernier. «La solution la plus simple serait de considérer qu’étudier est un travail qui mérite quon y consacre du temps, de l’énergie, sans vivre dans l’angoisse permanente du lendemain, tranche-t-il. Cela implique un revenu. Il est possible de le financer en taxant les riches. Tout ce qui peut permettre aux enfants des classes populaires de faire des études en toute tranquillité d’esprit est bon à prendre.»

Sous les arcades de la faculté des lettres, rue Megevand, dans le vieux centre, Wiam est prise à partie par un petit brun à la démarche rigide, au ton goguenard: «Alors, la CGT?» Un militant de la Cocarde étudiante, groupe d’extrême droite très actif à Besançon, qui a fait campagne pendant l’élection présidentielle pour Éric Zemmour. La jeune femme ne se démonte pas, le fait taire d’un mot et d’un regard. «Défendre les droits des étudiants, fait-elle remarquer, cest une façon, aussi, de ne pas les abandonner à ces idées morbides.»

 

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