Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
I should like to wish you a bright and Happy New Year when 2013 starts around the world on Jamuary 1st!
Take a listen to the late Louis Armstrong as he spreaks let’s us in on the meaning behind his song. “What a Wonderful World”.
L'Humanité hisse haut les valeurs de solidarité et de progrès social pour 2013. Un message d'autant plus nécessaire
après le rejet de la taxation à 75% des très hauts revenus.
A lire dans notre édition de lundi disponible aussi mardi:
Taxe à 75%: la droite offre de belles étrennes aux super-riches
Au Parlement, l'opposition est arc-boutée sur les privilèges
"Le gouvernement ne doit pas lâcher", le point de vue de Nicolas Sansu, député Front de gauche du
Cher
La "charge excessive", alibi de la censure
A découvrir aussi:
Double reportage: Solidarité, valeur d'avenir. L'Humanité est partie en reportage auprès des animateurs
du Fourneau, association d'aide aux sans-abri à Besançon et dresse le portrait de deux jeunes du Blanc-Mesnil et de Longjumeau qui ont choisi de s'engager pour les autres
Enquête: les Think tanks, une véritable sous-traitance de la pensée politique
Rue de Solferino, les voeux du PCF ont un goût amer
La survie de Virgin en jeu
Inde: une société face à sa violence
Vendée Globe: Gabart-Le Cléac'h, course-poursuite autour du monde
Culture: les expositions à ne pas rater au musée des Beaux-Arts d'Angers et au musée du Luxembourg à
Paris
A la demande du gouvernement, Syndicats et patronat ont engagé une négociation nationale interprofessionnelle. Les
conclusions, attendues pour la fin Décembre 2012, sont susceptibles d’être retranscrites dans une loi et donc un débat parlementaire au début de l’année 2013. Mais les dernières
propositions du Medef sont toujours une véritable provocation. Chacun d’entre vous peut mesurer qu’elles conduisent à une impasse économique et sociale, les salariés toujours plus
considérés comme variable d’ajustement des choix patronaux.
Après avoir touché 20 milliards d’aides publiques, le Medef en veut plus : licencier plus vite, plus
facilement, moins cher et sans contrôle.
Les positions du Medef sont à ce point inacceptables que, pour l’instant, tous les syndicats les ont rejetées. La
partie n’est cependant pas terminée, les négociations reprennent les 10 et 11 janvier 2013.
La CGT ne laissera pas faire, c’est votre avis qui doit compter dans cette négociation.
Face à l’urgence sociale nous proposons à la fois des mesures immédiates et d’autres de nature à transformer durablement le quotidien des salariés.
C’est une révolution dans le Code du Travail qui se prépare. La CGT vous informe et vous alerte. Prenez
connaissance de ce qui vous menace :
Le contrat de projet : nouveau contrat précaire
Il existe déjà une multitude de contrats de travail qui permettent une extrême souplesse pour les employeurs et qui
provoque une extrême précarité pour les salariés. (Temps partiel, CDD, contrats de chantier, saisonnier, intérimaire, aidé, intermittent, d’alternance,… bientôt contrat de génération et
contrat d’avenir.) Le Medef innove encore avec le contrat de projet : Votre employeur pourrait vous employer demain en CDI de
projet qui n’a de CDI que le nom puisque vous pourriez être licencié dès la fin de la tâche confiée. Cela pouvant se produire à tout moment et sans l’application des droits liés à un
licenciement économique. Vous n’auriez aucune indication précise sur la fin de votre contrat. Comment construire votre avenir, obtenir un logement ou un crédit bancaire face à une telle
incertitude ?
La mobilité… forcée
Votre employeur pourrait vous muter sur un autre site de travail situé à 50 km ou augmenter votre temps de trajet
de 45 minutes avec comme conséquences une forte amplitude de votre journée et des frais de transport accrus. En cas de refus de votre part, direction la porte ! Le chantage à
l’emploi, l’arme pour déréglementer Déjà aujourd’hui, au nom de la compétitivité et sous prétexte de crise, la plupart des entreprises, quelle que soit
leur situation financière, exercent le chantage à l’emploi (gel des salaires, augmentation des cadences et des amplitudes de travail, recours aux contrats précaires…) mais elles sont
obligées de respecter les clauses de votre contrat de travail.
Demain, le Medef veut se débarrasser des clauses individuelles du contrat de travail : dès lors qu’un accord
collectif serait passé dans l’entreprise pour soi disant « préserver l’emploi », tout salarié serait contraint d’accepter une baisse de son salaire, une modulation du temps de
travail, un changement d’affectation de son lieu de travail, une détérioration des conditions de travail…
Alors qu’aujourd’hui votre entreprise ne peut agir ainsi sans votre accord, demain en cas de refus vous seriez
licencié pour motif économique mais sans reclassement et avec des indemnités minorées. Vous seriez en plus privé de votre droit de recours devant un juge !
Droit du travail : la Jungle contre l’État de droit !
…Et si on pouvait faire travailler gratuitement !
Aujourd’hui, vous avez 5 ans pour réclamer les salaires payés ou contester tout manquement de votre employeur. Le
patronat veut ramener ce délai de prescription à 18 mois.
CE, CHSCT : des moyens d’intervention réduits
Aux yeux du Medef le comité d’entreprise et le CHSCT constituent une entrave à la liberté de gestion des
employeurs. Le Medef veut donc réduire leurs prérogatives.
Plus de chômeurs moins d’indemnités
Aujourd’hui, moins d’un salarié sur deux est indemnisé par l’allocation chômage, les femmes, les jeunes ayant peu
travaillé sont les plus pénalisés. C’est l’état, avec l’argent public, qui vient de plus en plus en aide aux chômeurs par l’attribution de diverses allocations : les entreprises
licencient, la collectivité paie ! Le patronat veut bien revoir le mécanisme d’indemnisation des chômeurs… mais à coût constant. Autrement dit, ceux qui sont indemnisés devront
accepter une diminution de leurs droits pour que d’autres en bénéficient. Pour le patronat, c’est aux salariés de se débrouiller des conséquences de la crise !
Pour la CGT : C’est NON ! Face à l’urgence sociale, à la précarité galopante, à l’explosion du
chômage ; il faut des garanties nouvelles pour les salariés, des emplois stables et bien rémunérés, des droits nouveaux d’interventions sur la stratégie des entreprises, un
parcours professionnel attractif et sécurisé, une protection sociale de haut niveau.
«Tournant» ou pas «tournant»? Depuis six mois, le gouvernement semble engager une « révolution copernicienne » qui
tourne le dos à une réelle politique de gauche. Un cap social-libéral qui s’aggrave avec le temps, trouvant son origine dans les contradictions du programme de François
Hollande.
C’était le 13 novembre dernier, à l’Élysée. Au détour d’une question, François Hollande lâche, lors de sa conférence de
presse : « Il y a toujours eu deux conceptions (du socialisme – NDLR). Une conception productive, on a même pu parler de socialisme de l’offre, et une conception plus traditionnelle, où on
parlait de socialisme de la demande. Aujourd’hui, nous avons à faire un effort pour que notre offre soit consolidée, plus compétitive et je l’assume. » La phrase n’est pas passée inaperçue.
D’aucuns y ont vu le signe indubitable d’un « tournant » libéral sur le modèle de la social-démocratie européenne, délaissant la redistribution des richesses au profit d’un renforcement de la
« compétitivité » des entreprises.
Les engagements ambigus du candidat Hollande
Au sommet de l’État, on s’en défend : la politique du gouvernement est conforme aux engagements de campagne de François
Hollande. Du côté du PS, aucun équivalent du congrès du SPD allemand de Bad Godesberg n’est en vue, qui entérinerait définitivement la mue sociale-libérale du réformisme français. Ce qui fait
dire à Emmanuel Maurel, chef de file de l’aile gauche du PS, au dernier congrès de Toulouse : « Ma candidature a incarné l’ancrage à gauche du parti. (…) Le débat sur l’Europe n’est pas soldé,
de la même façon que le vote sur le TSCG (le traité budgétaire européen – NDLR) n’éteint pas le débat sur la rigueur. »
La réalité est en effet ambivalente, et trouve sa source dans les engagements volontairement ambigus et contradictoires du
candidat Hollande, sous la pression d’une campagne formidablement difficile et conflictuelle. D’un côté, la nécessité d’une rupture nette avec le sarkozysme, sans laquelle le rassemblement
majoritaire de la gauche n’aurait pu voir le jour, le 6 mai : c’est le fameux discours du Bourget du 22 janvier, désignant la « finance » comme « l’adversaire ». Un plaidoyer marquant, pour le
coup, un vrai virage dans la campagne socialiste, traduisant un déplacement du centre de gravité du débat vers la gauche, sous l’effet du décollage de la campagne du Front de gauche et de son
candidat, Jean-Luc Mélenchon. Mais, d’un autre côté, le programme du candidat socialiste est resté fidèle à la matrice de sa campagne durant la primaire, le processus inédit de désignation
l’autorisant même à s’affranchir du projet du PS, qu’il entendait rendre « compatible avec les objectifs de réduction de la dette » (Michel Sapin, 25 octobre 2011).
Un refus de choisir théorisé en haut lieu
Ces ambiguïtés sur les ambitions réelles du candidat ont été entretenues durant toute la campagne : refus de la « règle
d’or » budgétaire constitutionnelle, mais « vote d’une loi sur le retour à l’équilibre des comptes en 2017 » ; embauches dans l’éducation nationale, mais compensées par une diminution dans les
autres ministères ; engagement de renégocier le traité européen, mais se limitant, en fait, à le « rééquilibrer » et à le « compléter » par un « pacte de croissance », etc. « Le programme de
François Hollande était traversé par une contradiction, en affirmant vouloir rompre avec la politique d’injustice sociale de Sarkozy sans remettre en cause les logiques d’austérité du traité
européen et de compétitivité prônées par les grands patrons », rappelle Pierre Laurent, dans l’Humanité du 12 novembre. « Depuis le début, nous répétons que c’est impossible. Entre les
exigences patronales et le redressement social de la France, il faut choisir. »
Ce refus de choisir, certains l’ont théorisé, tel Pierre Moscovici, qui se revendiquait, le 12 novembre, devant la
Conférence annuelle des entrepreneurs, « le ministre des entreprises, mais de toutes les entreprises et de toutes les parties prenantes : dirigeants et salariés, patronat et syndicats »,
refusant d’être « le prolongement de l’un ou des autres de ces intérêts ». Le patron de Bercy n’hésite pas à évoquer une « révolution copernicienne » à l’œuvre avec François Hollande, « inédite
dans l’histoire de la gauche » : celle « de l’engagement réformiste, de la voie sociale-démocrate ».
Baisse du coût du travail, hausse de la TVA, austérité budgétaire et, dernièrement, refus de nationaliser ArcelorMittal à
Florange : pour le secrétaire national du PCF, « il faut que toutes les forces sociales qui ont voulu le changement exigent une inflexion des choix, sinon le chantage du patronat continuera de
s’amplifier et le pays ira dans le mur. »
Les promesses d’un candidat
28 novembre 2011. Les étrangers pourront voter selon « les mêmes règles que pour les résidents européens ».
19 janvier 2012. « Le budget de la culture sera entièrement sanctuarisé. »
30 janvier 2012. « L’augmentation de la TVA est inopportune, injuste, infondée et improvisée. »
17 mars 2012. « J’aurai le devoir de renégocier ce traité » européen.
2 mai 2012. « J’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives. »
Les Chantiers navals STX France de Saint-Nazaire ont reçu un ballon d'oxygène avec la signature jeudi d'une commande historique pour la construction d'un paquebot géant
Après l'annonce du chiffre record du nombre de sans-emplois, hier, enfin une bonne nouvelle sur le front de
l'emploi avec la commande historique reçue par les chantiers navals STX de Saint-Nazaire d'un paquebot géant pour l'américain Royal Caribbean International, représentant plus d'un milliard
d'euros et près de 10 millions d'heures de travail pour les salariés.
Alors qu'ils n'avaient plus signé de nouvelles commandes d'ampleur depuis près de deux ans, les chantiers STX France (ex-Chantiers de l’Atlantique) ont remporté la mise face aux chantiers STX de Turku (Finlande), avec lesquels ils étaient en compétition,
pour construire le troisième et peut-être le quatrième exemplaire (une option a été posée) des "Oasis", les plus grands navires de croisière au monde. "Ce contrat supérieur à 1 milliard d'euros
représente plus de 10 millions d'heures de travail, réparties sur trois ans, pour les Chantiers de l'Atlantique et ses sous-traitants", a expliqué le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici
dans un communiqué commun avec la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq. "Le paquebot sera livré mi-2016. Le contrat dispose également d'une option pour un second
navire, à livrer au printemps 2018", ont-ils ajouté, saluant une commande qui place les chantiers dans "les meilleures conditions pour continuer sereinement leur démarche de
diversification".
La nouvelle est bienvenue pour le tissu économique nazairien, où STX emploie directement 2.100 personnes, et fait
travailler, à pleine charge, quelque 4.000 sous-traitants, mais, aussi plus largement à l'échelle nationale pour le secteur industriel qui, de l'automobile (PSA) à la sidérurgie (ArcelorMittal)
en passant par l'électronique (Alcatel-Lucent) a été marqué au cours des mois passés par plusieurs plans sociaux et restructurations douloureuses. "C'est une très très bonne
nouvelle", a déclaré Joël Cadoret pour la CGT de STX. "J'espère que cela va redonner de l'emploi à tout le monde, en particulier sur le plan local", a-t-il
ajouté.
Depuis un peu plus de six mois, les bureaux d'études et certains secteurs de fabrication étaient touchés par du chômage
partiel, tandis que selon les syndicats certains sous-traitants avaient commencé à licencier. Selon STX, "les études démarreront dès le mois de janvier 2013 pour un début de construction
programmé en septembre 2013". "Il va falloir compter 4 à 6 mois avant que le chômage partiel ne commence à se résorber", a néanmoins souligné Nathalie Durand-Prinborgne déléguée syndicale pour
FO, pour qui cette commande géante a bénéficié de l'intervention de l'Etat Français, actionnaire à 33% de STX France, tandis que STX Europe (filiale du sud-coréen STX Shipbuilding) en possède
66%. La commande du géant des mers devrait permettre de sauvegarder des centaines d'emplois notamment chez les sous-traitants.
En octobre dernier, les syndicalistes des chantiers navals STX France, lors d'une rencontre avec la ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, s'étaient déclarés plutôt
inquiets quant aux perspectives industrielles des chantiers : "On ne sent pas une réelle volonté politique de soutenir la construction navale" avait relaté le délégué CGT de STX, Joël Cadoret à
la sortie du ministère.
Le leader CFDT de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle) a dénoncé les "mensonges et absurdités" à propos de
l'aciérie lorraine, dans une lettre ouverte, que nous publions, adressée à François Hollande à qui il demande de ne "pas laisser les salariés être sacrifiés".
"On fait payer Florange. Ça fera du bruit, mais ça se fera quand même, pense Mittal. Dans notre système français, seul le
gouvernement peut l'empêcher. Le gouvernement laissera t-il faire ?", interroge Edouard Martin dans sa lettre que nous publions ci-dessous en intégralité. "Monsieur le Président, après vos
promesses, nous laisserez-vous être sacrifiés sans comprendre et arrêter cette mécanique à nous broyer ?", poursuit-il.
"Il n'y aura pas de plan social parce que la pyramide des âges de l'usine conduira au départ naturel de plus de 600
personnes en trois ans. Dès lors, faire un plan social coûterait plus cher à Mittal qui devrait payer les indemnités de licenciement", estime le leader syndical. "Ne pas avoir de plan social
est une bonne chose, mais ce n'est pas une victoire", souligne-t-il.
Professeur à Stanford University (États-Unis), membre de l’Académie française, Michel Serres est un des rares
philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture. Auteur de nombreux essais philosophiques et d’histoire des sciences, dont le dernier,
Petite Poucette (éditions le Pommier), vient de faire couler beaucoup d’encre…
Si l’on vous dit que beaucoup de personnes vous ont parfois confondu avec Lucien Sève, est-ce que cela vous
vexe ?
Michel Serres. Non, mais je n’ai jamais été marxiste et je vais vous expliquer pourquoi. J’étais à
l’École normale supérieure à l’époque d’Althusser. Je sortais moi-même d’une prépa sciences, et non pas lettres. Or, les marxistes, à cette époque-là, soutenaient en science des thèses
impossibles. Une sorte de déterminisme absolu (basé sur la physique quantique), et du coup « le principe d’incertitude », soutenu par Werner Heisenberg (physicien), était hors la loi… Je me
suis longtemps opposé à Althusser sur des questions scientifiques, pas politiques.
Pourquoi appelez-vous « Petite Poucette », cette génération née avec un téléphone mobile dans les
mains ?
Michel Serres. C’est parce qu’elle est très habile avec ses pouces pour écrire des textos, et parce que
c’est plutôt une fille entre un et trente-deux ans… Ce n’est pas la génération née « avec » le numérique, elle vit « dans » les nouvelles technologies. La population qui est extérieure à ce
phénomène, comme moi, elle travaille « avec » ces techniques. Eux vivent « dans ». Il y a là une différence de vision qui, à mon avis, va changer la face du monde. Il peut naître une nouvelle
démocratie. Les voies du virtuel sont ouvertes.
Pourquoi «Petite Poucette» au féminin ?
Michel Serres. J’enseigne depuis maintenant un demi-siècle et mon expérience d’enseignant m’a montré la
victoire des femmes. Elles sont plus travailleuses. Elles ont plus à montrer, prouver, dans une société qui n’est pas pour elles. Du coup, elles travaillent mieux, sont plus appliquées. Voilà
pourquoi, j’ai mis Poucet au féminin. Je suis féministe, du point de vue de la lutte des sexes. Elles prennent une place extraordinaire.
À rebours d’une idée reçue, selon laquelle les jeunes sont illettrés et qu’Internet nous tire vers le bas, vous
expliquez que, au contraire, nous n’avons jamais autant vécu avec les mots, l’écrit, les messages publicitaires ou politiques et que le savoir est enfin à la portée de toutes les
mains…
Michel Serres. La révolution numérique, qui date de trente ans environ, est la troisième révolution : il
y a eu la première, avant Jésus-Christ, lorsque l’oralité est passée à l’écrit. Tout a changé à partir de là, en politique, comme en économie (on peut faire des chèques, par exemple), et la
littérature est née (la poésie). Puis il y a l’imprimerie, à l’époque de Montaigne (avoir une tête bien faite plutôt que bien pleine). Nous sommes à la troisième où tout change. Les
historiens, comme Karl Marx, donnent beaucoup d’importance aux révolutions techniques « dures »… Les techniques industrielles. Mais cette fois-ci, c’est autre chose, on peut parler de
techniques « douces ». Mais elles ont réinventé beaucoup de choses.
Que répondez-vous à ceux qui accusent Internet de favoriser le nivellement par le bas (Marc Lévy = Gustave
Flaubert) et la paranoïa, voire de favoriser la théorie du complot, par le biais de documents falsifiés, tronqués…
Michel Serres. Je réponds qu’à l’époque de Gutenberg, déjà, il y avait autant de porno que de bibles !
Et de mauvais textes. Cette mise à égalité, elle a déjà eu lieu. Dans les bibliothèques et les médiathèques, les livres sont placés par ordre alphabétique, pas par ordre d’importance. Il faut
un professeur pour expliquer la différence entre Lévy et Flaubert. Et qui sont les imposteurs… Les mauvais faiseurs.
Il existe de nouveaux modes d’action, de lutte, d’engagement politique. Desquels vous sentez-vous le plus proche : les
Indignés, les Anonymous, les «pirates», les faucheurs d’OGM, ou Greenpeace ? Autrement dit, pensez-vous toujours que les organisations politiques et syndicales sont un peu
dépassées ?
Michel Serres. Je crois que oui, à moyen ou long terme. Je suis philosophe. Il y a deux sortes de
philosophes : l’engagé, au sens sartrien, qui va jusqu’à prendre sa carte au Parti. Et qui milite en suivant les directives du Parti, qu’il se trompe ou pas… Et il y a le philosophe qui
cherche à savoir qu’est-ce que c’est que le contemporain ? Mon engagement à moi est d’étudier le contemporain. En 1960, j’ai annoncé que la société de demain serait dirigée par Hermès et non
pas par Prométhée. Et je me suis fait vider par Althusser à cause de ça… Je disais que la communication serait plus importante que la production.
La société du spectacle, évoquée par Guy Debord…
Michel Serres. Et qui avait raison ? J’étais sur ce front-là depuis longtemps, puisque j’étais
épistémologue (l’étude des sciences – NDLR). Ça n’empêche pas d’utiliser l’intuition, n’est-ce pas…
Quelle est la devise de Petite Poucette ?
Michel Serres. Elle a appris le sens réel du mot « maintenant ». Main tenant… Tenant en main le monde.
Son téléphone mobile en main, avec son pouce, elle a un ordinateur, donc accès aux médias, à des lieux, via GPS, et Internet, des chansons, des images, Wikipédia, Google, Facebook,
Twitter, etc. Elle a quasiment accès à tous les lieux et tous les « hommes » du monde entier. Il existe un calcul : le « théorème du petit monde », qui pose la question suivante à quelqu’un
pris au hasard, dans la rue : en combien d’appels peut-il joindre un autre quidam, à San Francisco, par exemple ? C’était en sept appels avant les grands connecteurs comme Facebook.
Aujourd’hui, c’est en quatre appels… Petite Poucette lambda peut joindre n’importe qui dans le monde en quatre tentatives. C’est extraordinaire.
Beaucoup de petites filles, de l’âge de votre Petite Poucette, ont du mal à se concentrer au collège… N’est-ce
pas à cause du téléphone mobile et d’Internet ?
Michel Serres. La déconcentration vient de la télévision. Les messages publicitaires ont été imposés
exprès pour déconcentrer les gens, afin qu’ils consomment, achètent les produits présentés. Ces images passent vite. On a calculé qu’actuellement, lorsqu’on pose une question à quelqu’un à la
télévision, la durée moyenne de réponse est de dix secondes. Par conséquent, les gens ne se souviennent pas de ce que j’ai dit à la télé.
À part votre fameux : «Je suis pauvre et je vous emmerde !», qui est passé en boucle au zapping. C’était sur le
plateau de Ce soir ou jamais, animé par Frédéric Taddeï, sur France 3.
Michel Serres. Oui, ça, on l’a retenu ! (Il rigole – NDLR.) Mais la télé est faite pour supprimer
l’attention et faire de l’argent. D’autre part, Petite Poucette – votre fille – peut faire trois choses en même temps. C’est une performance nouvelle mais elle peut le faire. C’est
une intelligence supérieure. Ne confondons pas « faire trois choses en même temps » et « perte de concentration ». Quand on regarde la télé, on est en position « passager », avachi sur le
canapé. Devant l’ordinateur, on est en position conducteur, assis et attentif. La première position est passive, l’autre active. Ne confondons pas les médias de papa (voire de pépé) et les
nouvelles technologies : Petite Poucette est née « avec », n’oubliez pas. Observez un enfant d’un an devant un ordinateur ou un téléphone mobile…
Et le problème de l’addiction ? Facebook et Twitter sont addictifs, comme les SMS. On voit des adolescents, et
des adultes, marcher dans la rue comme des automates, des zombies hypnotisés, ou des couples, des amis, qui textotent au lieu de se parler à table…
Michel Serres. Ça me rappelle ma grand-mère, qui me disait : « Michel ! Tu es toujours plongé dans tes
livres… » J’étais drogué à mes livres. À chaque nouvelle révolution, il y a des nouveaux modes de comportement. On peut être addict à bien d’autres choses. C’est un vieux problème. Pas celui
des nouvelles technologies.
Aux «réactionnaires» qui répètent «c’était mieux avant…», vous répondez : 150 millions de
morts !
Michel Serres. Je les surnomme les vieux grognons. Il n’est pas prouvé que les révolutions du
« printemps arabe » sont arrivées grâce aux nouvelles technologies mais elles ont eu une influence évidente. Ce sont les jeunes, les Petites Poucettes, qui ont donné l’impulsion en diffusant
les images des violences et autres massacres, comme en Syrie actuellement. Ces nouvelles technologies ont été créées dans un monde qui n’était pas celui qu’il est devenu. Il y a donc un
décalage. Petite Poucette est l’héroïne du monde contemporain.
Vous vous dites fils d’Hiroshima…
Michel Serres. Oui, car ma question, plus jeune, était : jusqu’où la science peut-elle aller ?
Déontologiquement… Il fallait créer une éthique des sciences. C’est moi qui l’ai fondée. Aujourd’hui, il y a des comités d’éthique partout. Les meilleures innovations tiennent toujours compte
du passé et de la tradition. Petite Poucette n’est que la résultante des deux premières révolutions citées plus haut.
Vous êtes pour le métissage et la multitude. Et vous dites que les jeunes ne sont pas apolitiques mais politisés
différemment, à leur façon…
Michel Serres. Depuis trente ans, il y a un nouvel amphithéâtre mondial. Un amphi mélangé. N’oubliez pas
que j’enseigne à la Sorbonne également. Sont arrivés à mes cours, non plus des Français seulement, mais des Allemands, des Américains et aussi des gens d’Europe de l’Est et de l’Afrique du
Nord, etc. Tout à coup, mon amphi français est devenu multiculturel. Même chose à Stanford, aux États-Unis, avec un métissage plutôt du côté de l’Asie. J’ai assisté à des mélanges. C’est ce
qui se passe sur Internet et dans le monde.
Comment voyez-vous le monde actuel ?
Michel Serres. Tel qu’il est… Fou et merveilleux. La vraie révolution, c’est le célèbre tableau de
Michel-Ange sur la création du monde (le doigt de Dieu s’approchant de celui de l’homme – NDLR). Ce nouveau monde arrive par les doigts… de Petite Poucette, mais aussi par le codage
– c’est d’ailleurs la couverture de mon livre.
On a l’impression que le monde moderne accélère de manière exponentielle, de plus en plus vite…
Michel Serres. Comme des marées, il y a des hauts et des bas. La marée des trentenaires pousse la
génération d’avant : ils envahissent toutes les couches de la société, avec leur nouvelle manière d’appréhender le monde. Ils sont dans le marché du travail et les DRH ont du mal à les
comprendre. Mais ce n’est pas une lutte de générations, c’est une rupture historique. Les nouvelles vagues qui vont arriver ont « main tenant en main le monde ». Qui pouvait dire ça
autrefois ? Le richissime. L’empereur, l’homme de pouvoir. Or, maintenant, il y a 3 milliards 750 millions de Petites Poucettes qui sentent tenir en main ce monde.
N’oublions pas la grande partie de l’humanité qui n’a pas encore accès à l’eau…
Michel Serres. Bien sûr, mais les enfants de Calcutta apprennent à lire sur ordinateur ! La science,
c’est ce que papa apprend à Petite Poucette. La technologie, c’est ce que Petite Poucette apprend à son papa.
Votre livre a eu un succès d’estime et fait grincer pas mal de dents…
Michel Serres. Oui, les vieux ronchons, comme je les appelle, sont inquiets. Ils ont peur parce qu’ils
ne comprennent pas ce qui se passe.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Michel Serres. À une sorte de suite à Petite Poucette. Vous savez, les cordonniers font toujours des
chaussures…
Le philosophe des sciences. Né le 1er septembre 1930 à Agen (Lot-et-Garonne), fils de
marinier, Michel Serres entre à l’École navale de Brest en 1949, puis l’École normale de la rue d’Ulm en 1952, où il obtient l’agrégation de philosophie, en 1955. En 1968, il obtient un
doctorat de lettres. Il fréquente le philosophe Michel Foucault, qui enseigne comme lui à Clermont-Ferrand, puis part enseigner aux États-Unis (Stanford), tout en enseignant à la Sorbonne.
Il est l’auteur de nombreux essais philosophiques, dont Temps des crises (éditions du Pommier) et Musique (idem), largement salués par la presse. Ses chroniques sur France-Info sont très
écoutées et il fait le bonheur des plateaux de télévision quand on l’invite pour ses talents de pédagogue et de vulgarisateur de la philosophie.
En vidéo : "Je suis pauvre et je vous emmerde". Michel Serres à Ce soir ou jamais, sur France 3, le 3
avril 2012
Le secrétaire général de la CGT a déclaré ce matin sur le plateau de BFMTV que si "je n'ai pas de raison
de douter de l'engagement ou de l'objectif de François Hollande", "par contre j'ai des éléments qui me permettent de douter fortement de la perspective d'avoir un inversement de la courbe du
chômage en 2013 comme le président de la République l'a affirmé".
Selon le numéro un de la CGT, qui dénonce notamment les 20 milliards de crédits d'impôt "offerts aux entreprises sans
contrepartie", "il n'y a pas d'éléments sur les choix de politique économique et sociale du gouvernement qui laisse entendre qu'on va inverser la courbe du chômage". Alors que près de 30.000 demandeurs d'emploi sans activité supplémentaire
ont été recensés fin novembre, portant leur nombre à 3,13 millions, proche du record
historique de janvier 1997 (3.205.000), Bernard Thibault a rappelé que "ces chiffres ne représentent que la part de population qui
pointe à Pôle emploi". Il a estimé à entre 6 et 7 millions le nombre de personnes "qui n'arrivent pas à vivre décemment par leur emploi".
Le numéro un de la CGT également a prévenu que son syndicat serait "très mobilisé dès les premiers jours de janvier pour
empêcher tout accord générant plus de flexibilité dans le marché du travail", dont les partenaires
sociaux discuteront une nouvelle fois les 10 et 11 janvier. "Je voudrais être persuasif à l'égard du gouvernement et des parlementaires: non seulement ce ne serait pas une bonne solution pour
l'emploi, mais si des velléités de déréglementation se faisaient jour, la CGT s'y opposerait avec toutes ses forces" a affirmé Bernard Thibault.
"Le patronat s'est mobilisé pour convaincre le gouvernement", "si
j'avais un message pour 2013 aux salariés: Ne restez pas spectateurs, il faut nous-mêmes exercer une pression pour que soient prises les bonnes décisions", a déclaré Bernard
Thibault.
Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles et le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon ont dénoncé
vendredi la vigueur de la réaction du premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir à la diffusion de la vidéo du PCF fustigeant de façon sarcastique les sept premiers mois de François
Hollande à l'Elysée.
Dans un communiqué au ton particulièrement remonté, Harlem Désir a appelé jeudi le PCF "à cesser de se tromper d'adversaire
et à se garder d'une dérive contraire à sa tradition de responsabilité". Il avait en ligne de mire la récente vidéo du PCF, intitulé « 2013, rallumons les étoiles », moquant les promesses non tenues du
candidat Hollande devenu président. "Ce clip qui vise de façon inacceptable le président de la République et le gouvernement est de mauvaise foi, mensonger et
caricatural: il est une faute contre la gauche (...) et constitue "une honte pour ses auteurs", a accusé le responsable socialiste.
Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, s'est étonné vendredi dans un communiqué de la vigueur de la réaction de
Harlem Désir à la diffusion de la vidéo, la qualifiant de "totalement disproportionnée". "Notre clip (...), ne mérite en rien l'usage d'une artillerie aussi lourde", a-t-il
ajouté, en glissant au passage que la vidéo a connu "près de 200.000 visites dès les deux premiers jours". "2013 doit être une année de conquêtes, de luttes face aux puissances
de l'argent qui gouvernent", a souligné le porte-parole. "Mieux vaut user aujourd'hui d'un droit de critique, qu'être contraint à un devoir d'inventaire dans 5 ans", conclut-il.
De son côté le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui s'est félicité de la vidéo, a dénoncé vendredi les
"invectives" du premier secrétaire du PS et d'appeller "Harlem Désir à la retenue". "Les invectives du premier secrétaire contre le clip expriment une exigence de soumission et
de censure totalement inacceptable", a ajouté l'eurodéputé dans un communiqué. "Au lieu de vociférer, Harlem Désir ferait mieux de se demander quelle
part de vérité si évidente il contient pour que tout le monde rie de si bon coeur en regardant ce plaisant petit film", conseille Jean-Luc Mélenchon. "Le gouvernement et son nouveau
porte-parole feraient bien de cesser de se tromper d'adversaire", met-il en garde. "Il devrait se réjouir que cela soit fait avec humour et drôlerie plutôt que sur le ton arrogant et
sectaire avec lequel le PS croit possible de traiter les partis de notre gauche", conclut l'eurodéputé.
"C'est vrai que ce clip augure bien de la suite (...). On n'hésite pas, le PCF et nous, à parler d'une opposition à la
politique d'austérité du gouvernement", dit Eric Coquerel, responsable du Parti de Gauche, en rappelant que le Front de gauche mènera à partir de janvier une "grande campagne contre les
politiques d'austérité" du gouvernement.