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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

art et cuture

Des frites

31 Octobre 2022, 13:31pm

Publié par PCF Villepinte

Maurice Ulrich L'Humanité

Lundi 31 Octobre 2022

Mais qu’a donc fait François Bayrou pour que Paris Match lui consacre un portrait en quatre pages? On apprend dès la première phrase quil sait tout, «sur tout, toujours». On se demande si c’est ironique, mais non.

La preuve, il parle de géothermie avec des ingénieurs, puis d’un concours d’équitation, puis des palombes fumées au miel, puis d’Henri IV au point qu’il semble l’avoir connu… En plus de ça, il relit Nietzsche, la classe, et déteste Annie Ernaux, «dont il connaît peu l’œuvre». C’est plus sûr. Il mange avec les doigts des frites à la graisse de canard.

(Avec des protèges-doigts) 

Tout ça. Ah oui, on allait oublier. Président du Modem, il est aussi haut-commissaire au plan depuis 2020 et vient d’être nommé au poste prestigieux de secrétaire général du Conseil national de la refondation… Mais, surtout, on apprend à quel point Emmanuel Macron l’épate. Qu’il a pour lui un «immense respect» en raison de «sa capacité de lecture et danticipation, de ses intuitions formidables». Il est «hors normes». Quatre pages, c’est peu.

 

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Jean Ferrat - la Commune

16 Octobre 2022, 07:58am

Publié par PCF Villepinte

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Littérature 

7 Octobre 2022, 09:12am

Publié par PCF Villepinte

Annie Ernaux, le singulier universel

Récompensée pour «le courage et lacuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle», lautrice est la 17e femme à obtenir le prix Nobel.

Sophie Joubert L'Humanité

Vendredi 7 Octobre 2022

©Camille Millerand

On n’osait y croire, même si le nom d’Annie Ernaux, marraine des Amis de l’Humanité depuis septembre, figurait dans la liste des favoris. «Très heureuse» et «fière», comme elle l’a déclaré aux journalistes venus l’attendre devant chez elle, à Cergy, elle a confié à la télévision suédoise qu’il était de sa «responsabilité» de «témoigner () dune forme de justesse, de justice, par rapport au monde»

Rarement l’annonce d’un prix Nobel de littérature aura autant ému. Parce que son œuvre de mémorialiste subtile, initiée en 1974 avec les Armoires vides, fait entrer dans la littérature les classes populaires, explore l’injustice, la honte, l’appartenance sociale et la trahison. Parce que, à l’heure où le droit à l’avortement est remis en question dans plusieurs pays, dont les États-Unis, ce prix met en lumière le courage d’une femme, féministe, qui a toujours écrit depuis son expérience sur le corps des femmes, leurs désirs et les violences qu’elles subissent.

Dans les Années Super 8, le film qu’elle a écrit et réalisé avec l’un de ses fils, David Ernaux-Briot, on la voit jeune femme, mariée à Philippe Ernaux et mère de deux garçons. Sa mère, veuve, vit avec eux dans une maison près du lac d’Annecy. Si les images paraissent anecdotiques, elles disent à quel point Annie Ernaux a su capter ce que vivaient toutes les femmes de sa génération, l’aliénation et l’ennui dans le couple et la maternité.

On devine, derrière les sourires tristes et les regards fugaces à la caméra, l’abîme qui se creuse entre la vie et les désirs. Derrière l’épouse et la jeune professeure de lettres, se cache la «femme gelée», titre du roman qui signera la fin de son mariage et labandon prochain des doubles de fiction.

Car, depuis la Place, en 1984, Annie Ernaux a cessé d’écrire des romans et trouvé une forme singulière qui restitue au plus près le réel, à la croisée de l’intime et du collectif. «Quand mon père est mort (en 1967), jai ressenti un sentiment de trahison. Jai exploré la déchirure avec les Armoires vides, puis j’ai voulu parler. J’ai travaillé pendant dix ans sur la Place, le livre sur mon père, sorti en 1984.

Je voulais creuser l’injustice que j’avais vécue par mes origines. Le roman n’était plus possible et toute mon écriture en a été bouleversée, j’ai abandonné la fiction. (…) J’ai eu l’impression que l’écriture elle-même était une façon de me rapprocher du monde de mes origines. La réalité a un poids particulier quand on naît dans ce monde, on n’a pas sa place d’entrée de jeu», nous confiait-elle en 2016 .

Légitimer des mondes exclus

Ce monde, c’est celui du café-épicerie de ses parents, à Yvetot, en Normandie. Née Annie Duchesne en 1940, élevée comme fille unique (sa sœur aînée est morte avant sa naissance), elle grandit auprès d’une mère catholique pratiquante qui lui fait découvrir Margaret Mitchell et John Steinbeck. À 20 ans, après une première expérience sexuelle traumatique qu’elle racontera dans Mémoire de fille , elle commence à regarder son enfance avec une «certaine distance», à s’intéresser aux souvenirs comme matériau d’écriture. Tout se joue dans ces années où, après avoir quitté l’École normale d’institutrices, elle suit un double cursus de philosophie et de lettres. «Après ces deux années, il y aura dautres événements dans ma vie, dont l’avortement que j’ai raconté dans l’Événement, mais tout s’est joué là: mon désir d’écrire, d’être professeur de lettres», se souvient-elle. Irriguée par le thème de la mémoire, l’œuvre d’Annie Ernaux se divise en deux branches: dune part, les récits d’enfance et d’adolescence comme la Place et l’Événement ; d’autre part, les livres de l’âge adulte comme Passion simple et l’Occupation, descriptions cliniques et crues de la passion amoureuse et de la jalousie.

Écrire, pour Annie Ernaux, c’est légitimer des mondes exclus de la littérature, mettre au jour des tabous, le viol dans Mémoire de fille, l’avortement dans l’Événement, exhumer des secrets comme la mort de sa sœur aînée, dans l’Autre Fille. C’est aussi s’intéresser à la société de consommation, arpenter les allées des centres commerciaux (Regarde les lumières, mon amour), faire de Cergy, où elle vit depuis le début des années 1980, un matériau littéraire.

Un livre, peut-être, les contient tous: les Années (2008), où s’entremêlent les événements de sa vie personnelle et l’histoire collective en une traversée de la deuxième moitié du XXe siècle. Les Années, a écrit l’écrivain américain Edmund White dans le New York Times, «est un livre sincère, courageux, une Recherche du temps perdu  de notre époque contemporaine dominée par les médias et le consumérisme, pour notre époque de fétichisme absolu envers les produits de confort».

De son écriture, on a souvent dit qu’elle était blanche, sèche. Qu’elle raconte la maladie d’Alzheimer de sa mère dans Je ne suis pas sortie de ma nuit ou sa liaison avec un étudiant de trente ans de moins qu’elle dans le Jeune Homme, son dernier livre, elle n’élude rien, assume la frontalité, cherche la précision, la densité. «Jimporte dans la littérature quelque chose de dur, de lourd, de violent même, lié aux conditions de vie, à la langue du monde qui a été complètement le mien jusqu’à 18 ans, un monde ouvrier et paysan. Toujours quelque chose de réel. J’ai l’impression que l’écriture est ce que je peux faire de mieux, dans mon cas, dans ma situation de transfuge, comme acte politique et comme don», confiait-elle à Frédéric Yves-Jeannet dans l’Écriture comme un couteau.

Influencée par la pensée de Bourdieu, Annie Ernaux met au jour les silences et les mécanismes des dominations, au carrefour du genre et des classes sociales. «Jai toujours voulu que les mots soient comme des pierres, quils aient la force de la réalité. Tout le monde sait que cest une illusion mais les mots font agir», nous disait-elle encore.

Ces dernières années, elle est intervenue pour soutenir les gilets jaunes et ceux qui se battaient contre la réforme des retraites, pour les services publics ou, pendant l’épidémie de Covid, critiquer l’état d’urgence. Elle a évidemment accueilli le mouvement MeToo comme une «grande lumière, une déflagration». «On ne peut plus écrire de la même façon après Annie Ernaux», disait Édouard Louis, à l’occasion de la parution du Jeune Homme. «Quel grand jour pour la littérature de combat! » a-t-il réagi, ce jeudi. Une littérature de combat et une grande voix féministe qui résonnera à Stockholm, le 10 décembre, lors du discours de réception du prix Nobel.

Bibliographie sélective

Les Armoires vides, Gallimard, 1974; la Femme gelée, Gallimard, 1981; la Place, Gallimard, 1983; Passion simple, Gallimard, 1992; la Honte, Gallimard, 1997; l’Événement, Gallimard, 2000; lOccupation, Gallimard, 2002; les Années, Gallimard, 2008; l’Écriture comme un couteau. Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Stock, 2003; Écrire la vie, Gallimard, collection «Quarto», 2011, rassemble onze œuvres suivies dextraits de son journal intime, de photos et de textes; Mémoire de fille, Gallimard, 2016; le Jeune Homme, Gallimard, 2022.

 

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Opex, bouleversant hymne à la vie d’Arno

2 Octobre 2022, 09:28am

Publié par PCF Villepinte

Musique Le dernier album du chanteur belge sort ce vendredi, cinq mois après sa mort. Un disque rock qui conjugue irrévérence et lucidité. Et transpire l’urgence et l’amour.

Fara C. L'Humanité

Vendredi 30 Septembre 2022

Le 23 avril, à l’âge de 72 ans, le chanteur s’est définitivement tu. Dans son dernier album, il regarde la vérité les yeux dans les yeux. danny willems

Dans le sillage de son superbe disque en duo avec le prodigieux pianiste Sofiane Pamart, Arno continue, d’outre-tombe, de chanter pour nous, toujours mû par cette irrévérence pétrie de générosité qui le caractérisait. Avec son album posthume, Opex, qui sort ce vendredi 30 septembre, il offre un bouleversant hymne à la vie.

À ces agapes poétiques il n’hésite pas à convoquer la Faucheuse, comme pour l’apprivoiser ou, selon son humeur, la défier, avec humour. Il se savait condamné. Opex transpire l’urgence. «  Malgré la fatigue et la douleur, Arno voulait coûte que coûte faire ce disque, il avait conscience que ce serait le dernier, nous confie le bassiste Mirko Banovic, musicien de longue date du chanteur belge qui a coréalisé Opex avec lui. Arno était encore en studio, en mars, pour peaufiner le projet mis en route en 2021. Le 23 avril, il est définitivement parti à l’âge de 72 ans, soulagé d’avoir accompli son ultime mission.

Immédiatement après Vivre, disque acoustique et pudique mis en œuvre alors qu’il venait d’apprendre qu’il avait un cancer, et qu’était survenue la pandémie, Arno a tenu à parachever sa discographie en brandissant, haut et fort, l’oriflamme rock. «Dès lenfance, il s’était reconnu dans ce style musical, rappelle Mirko Banovic. Arno a voulu que figure, dans Opex, une reprise de One Night With You. Gamin, il avait découvert ce morceau popularisé par Elvis Presley et avait aussitôt su que, plus tard, il ne voudrait rien faire d’autre que de la musique. Depuis longtemps, il voulait l’enregistrer. À l’issue de la session, il était fier de l’avoir enfin fait.»

«embrasse le passé, il nexiste plus»

Sur One Night With You, grondent de grosses guitares hard rock, alors qu’elles se font plutôt folk, entre ombre et lumière comme un soleil couchant, dans le morceau  Take Me Back que l’Ostendais a signé avec Mirko Banovic. On a l’impression qu’il s’adresse à la maladie aux «baisers mortels». «Sil te plaît, ramène-moi et mets-moi en accord avec moi-même », psalmodie-t-il, rejoint par la supplique nostalgique d’un hautbois lointain.

En introduction d’ Opex ( la Vérité), puis en conclusion ( I’m Not Gonna Whistle), il a convié, pour la première fois, son fils Félix Hintjens, qui a imprimé un subtil cachet électro et qui a cosigné la musique des deux titres avec Mirko Banovic et Bruno Fevery (lui aussi fidèle musicien du leader). Dans le premier, Arno regarde la vérité les yeux dans les yeux: «Je vais me marier avec le vent/Je prends le soleil comme mon amant () Embrasse le passé, il nexiste plus/Hier, c’était le passé, aujourdhui la vérité.»

Dans I’m Not Gonna Whistle, comme dans Mon grand-père, Arno se saisit de son harmonica, dont il extirpe une complainte qui nous serre les entrailles. Pour I’m Not Gonna Whistle (« Je ne vais pas siffler»), il a également fait appel à son frère, le saxophoniste Peter Hintjens. « Pour cet album, Arno a souhaité réunir sa famille et ses proches compagnons de musique, souligne Mirko Banovic. Nous avons enregistré la majeure partie d’Opex ensemble, en condition live. Nous avions à cœur de l’entourer avec autant d’amour que celui qu’il nous donnait sans réserve.»

Arno a baptisé ce quinzième opus Opex en hommage au quartier populaire où il a grandi, à Ostende. «Mes grands-parents y tenaient un bar populaire et cest là que je suis allé à mes premiers bals avec mon grand-père», nous avait-il confié, en 2015, à l’occasion d’un concert au Festival Jazz Musette des Puces.

Le regretté troubadour manie avec maestria le paradoxe. Dans Boulettes, il célèbre jouissance et réjouissance. Un peu plus loin, dans Court-circuit dans mon esprit (déjà gravé pour le disque Santeboutique, 2019), composé par Mirko Banovic et magnifiquement interprété au piano par Sofiane Pamart, ses couplets crève-cœur parlent sans ambages de la vie qu’il a brûlée par les deux bouts et qui s’en va. « Maintenant je paie les conneries du passé/Il y a un court-circuit dans mon esprit/Save me save me…  »

 Inattendue, la seconde reprise du CD ( la Paloma adieu) invite Mireille Mathieu. Là encore, Arno donne la chair de poule, quand il formule, à la façon d’un slam: « Ma vie s’en va mais n’aie pas trop de peine/Oh mon amour adieu. » Un duo avec Mireille Mathieu, c’était un rêve de gosse. À sa sortie de studio, la chanteuse apprit que, pendant qu’elle enregistrait sa piste vocale, l’éternel enfant avait rendu son dernier souffle. 

Albums chez Pias Label/Pias Distribution: Arno, Opex (2022)  ; Arno & Sofiane Pamart, Vivre (2021).

 

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Souffle(s) Jean-Luc Godard et « nous ».

16 Septembre 2022, 09:22am

Publié par PCF Villepinte

 

Jean-Emmanuel Ducoin "La roue tourne"

Vendredi 16 Septembre 2022

Impensé Trop en dire – ou pas assez.

Il eût été commode pour le bloc-noteur, en cette semaine si particulière d’après Fête de l’Humanité, d’évoquer en mode «incarné» la richesse des moments partagés comme autant de joies profondes et despérances collectives. Sauf que, à peine les jours d’allégresse vécus, le monde de la culture – et de la politique – accusa l’un de ces deuils qui affaissent la volonté mais rehaussent nos consciences.

Jean-Luc Godard est mort: la phrase en elle-même, par son absurdité symbolique, contresigne l’impensé et dispense d’y croire vraiment. Le cinéaste en personne, à la question «Quelle est votre ambition dans la vie?», répondait: «Devenir immortel et mourir.» Pas donné à tout le monde.

Dès lors, que peut-on encore «écrire» sur l’insurgé du cinéma au génie subversif qui n’ait été déjà suggéré ou verbalisé depuis quelques jours? Attention, sil y a danger à parler des morts qui comptent aux yeux du plus grand nombre, il y a un danger tout aussi sérieux à parler de son propre rapport avec eux en offrant l’hommage en forme de témoignage personnel, toujours un peu réappropriant et qui risque toujours de céder à cette façon indécente de dire «nous», ou pire «moi».

Conscience

 L’oraison funèbre est un genre guetté de tous côtés par la mauvaise foi, l’aveuglement, et, bien sûr, la dénégation. Quand il ne s’agit pas de sombrer dans le pathos, qui ne peut être tempéré que par l’éventuel refus de parler de son rapport au disparu en faisant abstraction de toute différence et de tout conflit, de toute admi­­ration.

Comme pour se prémunir, et pourquoi pas l’appliquer à Godard pour en saisir le sens profond, voici ce qu’écrivit et lut Jacques Derrida aux obsèques de Louis Althusser: «Ce qui prend fin, ce que Louis emporte avec lui, ce nest pas seulement ceci ou cela, que nous aurions partagé à un moment ou à un autre, ici ou là, c’est le monde même, une certaine origine du monde, la sienne sans doute mais celle aussi du monde dans lequel j’ai vécu, nous avons vécu une histoire unique.» 

La disparition de Jean-Luc Godard, à l’instar des morts exceptionnels qui ont accompagné nos vies, emporte avec elle quelque chose qui s’arrache à la plus profonde conscience collective. La perte suscitée par l’un des plus grands cinéastes de tous les temps, avec ces secousses inouïes d’images et de sons que son œuvre réactive dans la mémoire de ses contemporains, avec une amplitude internationale incomparable, et une influence qu’aucun autre cinéaste français n’a jamais atteinte.

Romantique et révolutionnaire, moderne et classique, le réalisateur fut l’un des rares qui repoussèrent les limites esthétiques et narratives du 7e art. Créateur génial, provocateur et autodestructeur, adulé et honni, Godard apparaît comme celui qui entretenait le mieux ce feu sacré de la révolution permanente… poussant l’exigence jusqu’à imposer – à lui-même et aux autres – une rupture non moins permanente. Du grand art. Sans compromission.

Pensée

 Homme sans vraie descendance cinématographique ni véritables héritiers, Godard eut pourtant une influence essentielle, unique dans l’histoire du genre. On en voudra au bloc-noteur de cette tautologie ronflante, mais il n’est pas exagéré de prétendre qu’un seul film lui aura suffi pour se hisser à cette hauteur, À bout de souffle. Un avant, un après. Et une date, 1960, qui situe précisément le coup de tonnerre et la fulgurance du génie en plein surgissement imprévisible.

Le choc absolu.

Godard disait de ces temps immémoriaux de la nouvelle vague: «Nous étions des clichés ambulants, mais nous avions découvert un continent, où tous les gestes de la vie trouvaient leur place.» Un jour, il déclara dans le Monde: «Le cinéma, ce nest pas une reproduction de la réalité, cest un oubli de la réalité. Mais si on enregistre cet oubli, on peut alors se souvenir et peut-être parvenir au réel. C’est Blanchot qui a dit: Ce beau souvenir quest l­oubli.» L’artiste total de «la» pensée.

 

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Ainsi prêchait Zarathoustra

15 Septembre 2022, 08:37am

Publié par PCF Villepinte

Essai Le grand spécialiste des religions Michael Stausberg publie un ouvrage de référence sur le zoroastrisme en revenant aux grands textes perses.

L'Humanité Jeudi 15 Septembre 2022

Stéphane Floccari

Leemage via AFP

ZARATHOUSTRA ET SA RELIGION, DE MICHAEL STAUSBERG, ÉDITIONS LES BELLES LETTRES, 164 PAGES, 19 EUROS

Il suffit d’entendre prononcer son nom venu d’ailleurs pour penser à celui qui, près de nous, en fit le porte-­parole de son projet philosophique et s’engagea dans la plus féroce lutte jamais menée contre la morale. Comme si, sous Zarathoustra le Perse, depuis toujours pointait Nietzsche, un Allemand filant au Sud, pour y écrire, en 1883, «un livre pour tous et pour personne».

Comme si, malgré ses avertissements inactuels, on pouvait écrire l’Histoire en marchant comme des écrevisses, à rebours du chemin escarpé qu’il dessina sur les collines de Portofino pour proclamer la mort de Dieu. Comme si une parole humaine, trop humaine, ne nous parvenait que par la ventriloquie de celui qui s’en fait l’écho et la parodie pour briser le temps des hommes en un avant et un après.

Zarathoustra est pourtant, avec Jésus, Socrate, Confucius et quelques autres, un membre éminent du gotha des plus grands influenceurs de tous les temps, passés et à venir. En inventant l’opposition du Bien et du Mal, que Nietzsche fissura à coups de marteau et finit par faire exploser à grand renfort de dynamite par la main de son Surhomme, Zarathoustra posa les jalons des jugements de valeur les plus profondément ancrés dans nos consciences malheureuses, marquées au fer par ce qui «doit» ou non se faire, se dire, se penser, se perpétuer, etc.

C’est ce que rappelle avec beaucoup de clarté et de précision le grand spécialiste des sciences religieuses Michael Stausberg, qui enseigne à l’université de Bergen, en Norvège. Auteur d’une somme monumentale de plus de 1500 pages sur lhistoire de la religion, celle des communautés zoroastriennes actuelles dans les différentes parties du monde et les pratiques rituelles souvent méconnues qui les accompagnent, Stausberg éclaire d’un jour nouveau une religion très ancienne.

Ce faisant, il renouvelle les études parues en langue française sur la question, dont les plus sérieuses sont déjà relativement anciennes, notamment celles de Jean Varenne, Zarathushtra, qui remonte aux années 1960, et de Paul du Breuil, le Zoroastrisme, parue en 1982.

Comme toujours, l’innovation scientifique suppose une rupture dans la méthode et un changement de paradigme. Jusqu’à présent, tout reposait sur un comparatisme indo-européen largement dépendant du védisme pour établir une série de conjectures sur le zoroastrisme. Or, la démarche de Stausberg consiste à revenir aux textes iraniens avestiques et moyen perses, pour jeter un œil averti à l’intérieur des communautés liées au culte zoroastrien.

On y gagne une précieuse compréhension, documents écrits à l’appui, du culte d’Ahura Mazda (« Maître Sage» ou «Maître de Sagesse»), dieu créateur et ordonnateur dont les rois de lancienne Perse gravirent le nom sacré sur leurs tablettes.

Mais le plus fascinant dans cet ouvrage – qui se lit comme on écouterait une conférence aussi savante qu’agréablement formulée –, c’est de voir que, de Vancouver à Auckland en passant par Miami, Téhéran et Bombay, des femmes et des hommes ont formé des réseaux transcontinentaux pour penser à leur manière les questions du corps, de la mort, de la pureté, du sexe et de la morale.

 

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Un génie subversif

14 Septembre 2022, 07:25am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Jean-Pierre Léonardini

Mercredi 14 Septembre 2022

«Quest-ce que lart, Jean-Luc Godard?» rimait Aragon à la une des Lettres françaises, le 9 septembre 1965, pour la sortie de Pierrot le Fou. Godard n’a jamais répondu qu’en brouillant sans cesse les codes, comme on dit. Il a autopsié le cinématographe, pour voir et montrer ce qu’il avait dans le ventre.

De cette opération, un autre art du film est né, infiniment libre, coupant, monté cut, semblable à l’improvisation du jazzman ou à Picasso réinventant la peinture après l’avoir déconstruite. Truffaut, avant leur brouille, disait: «Godard a pulvérisé le système, il a fichu la pagaille dans le cinéma…» À bout de souffle a tout changé.

Il n’a jamais dérogé à sa règle d’«organisateur conscient du film», en maîtrisant tous les postes, de l’écriture à limage, au son, à la musique et au sens toujours surprenant, fertile dans la culture du paradoxe, ce synonyme poli de la contradiction. En lui, le poète visuel se double d’un théoricien averti, d’un dialecticien aussi surprenant que Brecht, par exemple.

En témoignent ses Histoire(s) du cinéma (1988-1998) éditées par Gallimard. Subjuguant son monde, il a été adoré et haï. Les maoïstes français n’aimaient pas la Chinoise ; les juifs américains le jugeaient antisémite parce qu’il prenait fait et cause pour les Palestiniens… Il faisait face à toute polémique de la même voix inimitable, étrangement grave, un peu suisse, semée de blancs dans le discours avec un rien d’insolence pince-sans-rire.

Nous traitons par ailleurs de son œuvre entier, fait de films phares et, à un moment donné, d’interventions d’agit-prop gauchistes. Rien à jeter, il faut tout prendre chez un artiste de cette trempe qui a su filmer avec une telle intensité les affres de l’amour et les vertiges politiques de la société de son temps.

La Suisse n’est pas que le pays des coucous et du chocolat au lait. Elle produit, de temps en temps, un Marat et un Godard. À l’ère du streaming et des blockbusters, l’effacement du génie subversif de Godard nous signale que le septième art du XXe siècle a définitivement mis la clé sous la porte.

 

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En direct de la Fête de l'Humanité

10 Septembre 2022, 06:43am

Publié par PCF Villepinte

 

Une nuit de fête... et ça continue

L'ESSENTIEL

Rendez-vous politique de toute la gauche, point de convergence des luttes socialescarrefour multiculturel, le premier jour de la Fête de l'Humanité a tenu toutes ses promesses.

Retrouvez ici en vidéo le débat "Fâchés pas fachos ? Ou vote d’adhésion aux idées du RN ?", avec Pierre Wadlow, docteur en sciences politiques, Bruno Nottin, responsable du PCF, François Ruffin, député Nupes/FI, Louise Gaxie, de la fondation Gabriel Peri, Violaine Girard, sociologue et Marine Tondelier, élue Europe Écologie Les Verts.

Retrouvez ici en vidéo le débat "Les Youtubeurs, nouveaux messagers de l’éducation populaire ?", avec Benjamin Patinaud de la chaîne Bolchegeek et Ludo d’Osons Causer. Et cette belle nouvelle qu'ils ont annoncé : ils vont chacun réalisé chaque mois une chronique vidéo pour l'Humanité, Bolchegeek dès le 18 septembre, et Osons causer dès le 2 octobre.

Retrouvez aussi l'inauguration de la Fête en vidéo et le discours de Fabien Gay, directeur de l'Humanité.

ET DEMAIN ?

Des débats à suivre en direct sur Humanité.fr

11 heures : les entretiens de la Rédaction avec Jean-Luc Mélenchon,

15 heures : le face à face Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et Roland Lescure, ministre chargé de l’industrie

16 heures : « La gauche est-elle prête à concquérir le pouvoir ? » avec Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, Olivier Faure, premier secrétaire du PS et Mathilde Panot, présidente du groupe des députés FI.

Les moments forts

Les concerts de Sexion d'Assaut, Ziak, Danakil, Sniper, Selah Sue et bien d'autres !

Le meeting politique sur la Grande scène Angela Davis

La soirée climat à l'Agora

Le nouveau spectacle décapant de Guillaume Meurice, où il incarne un candidat à la présidentielle 2027.

Les débats sur l'Ukraine et la toute prochaine présidentielle au Brésil.

La remise du prix Bulles d'Humanité

Et toutes les rencontres, anecdotes et coulisses racontées par nos journalistes !

Retrouvez ici tout au long de ce week-end des 9, 10 et 11 septembre toute l'actualité de la Fête de l'Humanité.

 

 

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BD. Cet été, bullez avec l’humanité ! #4

30 Juillet 2022, 07:03am

Publié par PCF Villepinte

Vingt bandes dessinées sur la ligne de départ, huit finalistes à l’arrivée. Le jury du prix de la BD citoyenne Bulles d’Humanité s’est arraché les cheveux pour trouver un successeur à « Révolution »« les Deux Vies de Pénélope » et « Fourmies, la Rouge », lauréats des trois premières éditions.

Le vainqueur 2022 de ce prix, remis en partenariat avec le Comité des travaux historiques et scientifiques, sera annoncé lors de la Fête de l’Humanité. Pour patienter, notre magazine consacre ses pages estivales aux huit albums encore en lice. Cette semaine,«Faut faire le million» fait entendre le cri de rage dun banlieusard quinquagénaire. Avec son ironie amère, Gilles Rochier est au sommet de son art.

Samedi 30 Juillet 2022

L'Humanité Lucie Servin

Faut faire le million, Gilles Rochier, 6 pieds sous terre, 96 pages, 18 euros.

Gilles Rochier en a marre. Tout l’énerve. Autour de la cinquantaine, il a passé l’âge de zoner dehors pour retrouver ses potes sur le même banc et entendre les mêmes vannes lancées pour conjurer la merde et le désespoir. Alors il part, il marche toujours plus loin pour ne plus voir personne et essayer de comprendre ce nouveau besoin de solitude qui le saisit au mitan de sa vie: ce drôle de goût, «un mélange de trouille et denvie den découdre, entre violence et fuite».

Depuis vingt ans maintenant, l’artiste se raconte en BD, lui, ses copains, son quartier, cette banlieue qu’il n’a jamais quittée. Des premiers fanzines à «Ta mère la pute», lalbum qui la fait connaître, et jusqu’à aujourdhui, cet autodidacte a trouvé dans les livres une porte de sortie où sublimer son ironie.

Le trait est âpre, dur, fragile aussi, comme une ligne tracée sur une corde raide, vacillante, qui penche toujours du mauvais côté du périph, mais à laquelle il s’accroche vaille que vaille. Sauf que rien ne va plus. Le corps s’use. Ras le bol, fatigue et lassitude: les angoisses prennent le dessus. À lheure du bilan dune existence passée à être honnête, responsable, «bon fils, bon père, bon républicain», il constate: «On sest bien fait baiser.»

Lexpression na rien de vulgaire. La franchise détonne, au contraire, dans cette capacité singulière à parler du vécu, à dire le lot des faibles, le quotidien des perdants qui ­regardent Paris brûler pendant une manifestation de gilets jaunes, des spectateurs cloués au bitume, exilés en haut d’une tour de béton. Comme eux, Gilles subit. Sa résistance s’exprime dans cette lucidité cinglante avec laquelle il observe cette réalité morose, monochrome, bleu-gris mélancolie.

Son style inimitable dit mieux que personne la banlieue fantasmée par les atermoiements misérabilistes des uns ou les frissons sensationnalistes des autres. Au fil des cases, du vrai, du banal, du terrible, de l’humour aussi. Il y a ceux qui font la manche, le mec en costard dans le métro, le toqué qui déclame devant la caméra de surveillance, celui qui pète les plombs, la sœur de son pote battue par son mari, les tarés qui rêvent de braquages, la foule des paumés, naufragés, radicalisés. Et puis l’électrochoc, un cadavre retrouvé dans une poubelle. C’est David, un ancien camarade d’école. En compilant ces instantanés de la folie ordinaire, Gilles n’épargne personne et surtout pas lui-même.

Découvrez en avant-première les planches de la BD, « René.e aux bois dormants », dans le N°816 de l'Humanité magazine

Coincé, il devient hargneux. Il disjoncte et fouille avec autodérision au-delà du malaise, aux racines d’une société du tout pour le fric. Triomphe du paraître, faillite de l’être. L’argent qui manque cimente les rêves de gagner au Loto. La dignité s’achète avec une paire de baskets. Le constat fait mal.  «Faut faire le million» témoigne de vies à crédit et donne rendez-vous au cimetière. Chaque planche bat la mesure de la colère, crie laveu dune impuissance où percent aussi, malgré le marasme et le dégoût, la confidence d’un humanisme sincère, la fraternité qui reste comme unique richesse.


PRIX DE LA BD CITOYENNE,  LES HUITS FINALISTES DE LA SÉLECTION 2022

« Une Révolte tunisienne », Aymen Mbarek, Seif Eddine Nechi, traduction Marianne Babut, Alifbata, 224 pages

« Des Vivants », Raphaël Meltz, Louise Moaty, Simon Roussin, Éditions 2024, 260 pages

« René.e aux bois dormants », Elen Usdin, Sarbacane, 272 pages

« Faut faire le million », Gilles Rochier, 6 pieds sous terre, 96 pages

« # J’accuse...!» de Jean Dytar, Delcourt, 312 pages

« Le Poids des héros », David Sala, Casterman, 176 pages

« Michel, la fin les moyens, tout ça », Pierre Maurel, L’employé du moi, 80 pages

« Le Roi des vagabonds », Patrick Spät, Bea Davies, Dargaud/Seuil, 160 pages

 

 

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Jacques Brel - "Pourquoi ont-ils tué Jaurès?" - 1977

29 Juillet 2022, 09:59am

Publié par PCF Villepinte

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