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Retraites Qui sème le 49.3 récolte la censure ?

20 Mars 2023, 09:05am

Publié par PCF Villepinte

Retraites. Qui sème le 49.3

récolte la censure?

Le devenir de la réforme et du gouvernement Borne se joue ce lundi 20 mars à l’Assemblée nationale. La Macronie s’expose à un désaveu cinglant sous la forme d’une motion de censure.

L'Humanité Lundi 20 mars 2023

Emilio MesletCyprien Caddeo

 

Dans les cortèges et sur les réseaux sociaux, les appels se sont multipliés ce week-end pour enjoindre aux députés de voter la censure. © Laure boyer/Hans Lucas

Le centième 49.3 sera-t-il celui de trop? Larme constitutionnelle du gouvernement pour forcer ladoption de la réforme des retraites pourrait bien senrayer et lui exploser au visage, ce lundi 20 mars. Élisabeth Borne, «fusible» assumé, a décidé dimbriquer son destin politique à celui d’un texte rejeté par le plus grand nombre.

Risqué, alors que des manifestations spontanées partout en France ont rythmé le week-end, réclamant le retrait de la réforme et la démission de l’exécutif. Les regards sont désormais tournés vers l’Assemblée. Élisabeth Borne doit faire face à deux motions de censure, l’une déposée par le RN, l’autre portée par le groupe central Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot) et l’intergroupe Nupes. Celles-ci devraient être mises en débat vers 16 heures. Si l’une des deux venait à être votée, le gouvernement devrait démissionner et la réforme serait enterrée. Peu importe l’issue, jamais un exécutif n’avait paru aussi isolé, sur le point de vaciller. Décryptage.

1. Le gouvernement Borne peut-il perdre son pari?

Esquiver un vote qu’il savait perdu: voilà le pari hasardeux qua pris, jeudi 16 mars, le gouvernement quand il a décidé de recourir à larticle 49.3 de la Constitution, qui lui permet dadopter un texte de loi sans vote du Parlement. À une nuance près: «Sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée», est-il inscrit dans le texte fondamental.

Deux motions ayant été dégainées par les oppositions, la tête de l’exécutif est maintenant dans les mains de la représentation nationale. Mais cette fois encore, il pense pouvoir sauver sa peau. De façon certaine, il gagnera au moins un vote: la plupart des députés refusent dapporter leurs suffrages à la motion du RN. Elle na aucune chance datteindre la majorité absolue, fixée à 287 voix avec la prise en compte des quatre sièges vacants.

Pour la motion transpartisane Liot-FI-PCF-PS-EELV, c’est une autre affaire. Portée par le groupe Liot, et notamment le très respecté centriste Charles de Courson, elle est bâtie pour agréger des députés de tous bords. Ce qui, sur le papier, ferait s’additionner les 20 parlementaires Liot avec les 149 de la Nupes, 5 non-inscrits et 88 élus du RN, qui ont déjà annoncé qu’ils la voteraient. Total: 262, à lhypothétique condition que tout le monde lapprouve.

Il manquerait alors 25 voix à aller chercher, pour une large part dans le groupe «Les Républicains», divisé sur la question. Officiellement, LR refuse de faire tomber Élisabeth Borne et ses ministres. Mais une dizaine de frondeurs ont prévu de désobéir, comme Ian Boucard ou Fabien Di Filippo.

L’avenir de l’exécutif pourrait se jouer à une quinzaine de voix. Elles pourraient provenir des LR, régulièrement qualifiés de traîtres par la Macronie depuis le 16 mars, ou, plus baroque, des rangs des soutiens au président, à l’instar de Richard Ramos (Modem), qui veut «un gouvernement qui rebatte les cartes, avec des ministres capables d’écouter le peuple français, et pas une bande darrogants qui expliquent aux Français pourquoi ils sont idiots». Chiche?

2. À quoi sert une motion de censure?

S’il fallait choisir un mot pour résumer la communication gouvernementale sur sa réforme des retraites, nul doute que le terme «enfumage» ferait figure de favori. Car, après avoir menti sur les pensions à 1 200 euros ou le dispositif carrières longues, l’équipe d’Élisabeth Borne interprète à sa sauce la Constitution. Le vote d’une motion de censure provoquerait le «désordre politique», d’après le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, et servirait même, selon son homologue du Travail Olivier Dussopt, à «voir sil existe une majorité alternative». C’est faux.

D’après la loi fondamentale, l’adoption d’une motion de censure consécutive à l’utilisation d’un 49.3 a deux conséquences: lobligation pour le gouvernement de remettre sa démission au président de la République et le rejet du projet de loi. Ni plus ni moins. Concernant les motions de censure du 20 mars, il s’agit donc du seul vote possible, par l’Assemblée nationale, sur la réforme des retraites. «Ce sera le vote de ceux pour ou contre la réforme», a même résumé, sur TF1 vendredi 17 mars, la première ministre.

3. Les Français y sont-ils favorables?

Durant le week-end, les appels directs ou indirects aux députés se sont multipliés, dans les cortèges et sur les réseaux sociaux, pour les enjoindre à voter la censure. Selon un sondage Harris Interactive, 71 % des Français souhaitent que la motion aboutisse et que le gouvernement démissionne. Sans surprise, une écrasante majorité de sympathisants de gauche comme du RN y sont favorables. Et même les soutiens de LR veulent à 53 % la chute du gouvernement. Comme 27 % des électeurs macronistes.

4. Que se passe-t-il si elle est votée?

Si une majorité de députés se prononce pour la censure, le projet de loi est rejeté et le gouvernement doit démissionner. Ce serait la première fois depuis 1962, et la première fois tout court qu’un gouvernement serait sanctionné par l’Assemblée pour avoir utilisé un 49.3.

La Macronie a beau agiter l’épouvantail du chaos politique, cela ne veut pas dire que la France serait un canard sans tête pour autant. Le président peut nommer un nouveau gouvernement. D’un point de vue strictement légal, rien n’empêche d’ailleurs Emmanuel Macron de refuser la démission, voire de l’accepter puis de garder les mêmes aux postes qu’ils occupent actuellement.

Toutefois, reconduire une équipe désavouée par les députés et l’opinion publique serait politiquement intenable. Rien ne lui interdit, non plus, d’agir en forcené et de proposer un nouveau projet de loi sur les retraites. Il faudrait alors reprendre à zéro le chemin législatif.

L’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée, menace brandie par l’Élysée en cas de censure, n’a rien d’automatique. En 1962, c’est ce qu’avait fait Charles de Gaulle. Le général était alors ressorti renforcé des nouvelles législatives.

Pour Emmanuel Macron, le contexte politique est autre: sa réforme a agrégé un large front du rejet et d’éventuelles élections risqueraient de se transformer en sanction collective pour tous les élus ayant défendu la retraite à 64 ans. Le crash politique serait alors complet.

5. Et si la motion est rejetée?

Si la motion de censure ne passe pas, la réforme des retraites est considérée comme adoptée. Mais pas encore promulguée: la bataille institutionnelle ne sarrêterait pas là. Le Conseil constitutionnel devra encore se prononcer sur les recours qui contestent le véhicule législatif choisi par le gouvernement (le PLFRSS et le fameux article 47.1) et l’insincérité des débats parlementaires (absence d’étude d’impact, mensonges sur les pensions minimales…).

Les juges constitutionnels pourraient, sur cette base, censurer tout ou partie du projet de loi. Parallèlement, la Nupes a annoncé vouloir lancer une campagne pour que la réforme fasse l’objet d’un référendum d’initiative partagée (RIP).

Le 17 mars, 252 parlementaires ont déposé la proposition de loi pour un RIP sur les retraites. Si le Conseil constitutionnel donne son feu vert, la gauche aura ensuite neuf mois pour recueillir la signature de 4,7 millions de Français (10 % du corps électoral) et faire advenir le référendum.

Une gageure, mais qui aurait le mérite de mobiliser sur la durée le mouvement social, tout en bloquant la réforme pendant neuf mois. Enfin, même en cas de promulgation du texte, Emmanuel Macron peut toujours, sous la pression, retirer sa réforme.

6. Emmanuel Macron peut-il tenir?

Bien qu’il puisse encore gagner sur le plan légal, Emmanuel Macron a déjà politiquement perdu sur tous les tableaux. Si la motion de censure transpartisane est adoptée, il sera contraint de se reconnaître battu et minoritaire, alors que moins d’un an après sa réélection, sa légitimité est plus que jamais questionnée.

Au point que des conseillers présidentiels anonymes envisagent, dans la presse, une possible démission du chef de l’État, qui ne désespérerait pas de revenir ensuite. Si elle n’est pas adoptée, une réforme largement rejetée pourrait être promulguée. Il lui resterait alors plus de quatre ans de mandat à traîner ce boulet.

Quatre années difficiles pour un président à la cote de popularité au plus bas (28 % d’opinions favorables seulement, d’après un sondage Ifop). Un niveau comparable à ce qu’il était en pleine crise des gilets jaunes. Preuve qu’on ne peut sans dommages gouverner contre son peuple.

 

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REPUBLIQUE ?

25 Février 2023, 07:49am

Publié par PCF Villepinte

Constituante(s)

L'Humanité Vendredi 24 février 2023

Jean-Emmanuel Ducoin

Institutions

 «Penser sans peur», disait Descartes ; «vivre pour la vérité», ajoutait Spinoza. Tout républicain digne de ce nom, qui tient à l’universel de sa patrie en agissant ici et partout à l’échelle du monde, doit désormais se poser une question simple mais lourde de signification: la V e République a-t-elle vécu?

Parvenu à ce point de crise démocratique et institutionnelle, regardons la vérité en face. Le régime du monarque-élu se trouve totalement à bout de souffle et, depuis l’arrivée de Mac Macron I et II, du haut de sa verticalité jupitérienne poussée jusqu’à la caricature, le sentiment de fracture entre le chef de l’État et les citoyens a connu une aggravation si inquiétante que tout retour en arrière paraît impossible.

Autant le dire, la défiance croissante n’atteint plus seulement l’Élu des urnes, quelles que soient les circonstances du suffrage, mais bel et bien «la» politique en général donc, en quelque sorte, tous les élus eux-mêmes, percutant de plein fouet cette sacro-sainte «représentation» qui leur est légitimement conférée.

Ne soyons pas naïfs, Mac Macron en personne y réfléchit. Raison pour laquelle, si lon en croit les dernières consultations au Palais, il songerait sérieusement cette fois à une «réforme des institutions», comme lassurent certains conseillers. Un chantier lancé à bas bruit. Mais pas moins explosif que celui des retraites

Constitution

 Aussi incroyable que cela puisse paraître eu égard au climat social et politique (sans parler de l’affaiblissement de la majorité au Parlement), Mac Macron voudrait en effet montrer qu’il n’a pas renoncé à un projet censé «redonner de la souveraineté populaire» (sic), idée qui figurait dans son programme.

Après avoir consulté Nicoléon et Normal Ier il y a quelques semaines , le prince-président réfléchirait au retour du septennat, au calendrier électoral, à la proportionnelle, voire à un nouveau redécoupage des super-régions. Mi-janvier, lors d’un dîner avec des éditocrates triés sur le volet, Mac Macron avait précisé sa pensée en ces termes: «Il faut se donner pour ambition de faire quelque chose de grand, sinon je ne suis pas pour le faire.» Dilemme.

Si le chantier ne saurait se résumer à un simple toilettage de la Constitution, comment le concevoir alors que le pays est sens dessus dessous et que les conditions à réunir pour une modification de la Constitution (qui doit être approuvée par les deux Chambres en vote identique, puis à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés par l’ensemble du Parlement réuni en Congrès) semblent inatteignables. Sauf par référendum. Solution improbable, évidemment, puisque l’auteur de la question deviendrait la cible – et sans doute la victime – de toutes les attaques.

Crise 

Mac Macron s’apprêterait donc à assumer un big-bang institutionnel? Attention aux mots, soyons sérieux. Il sagirait au mieux dun «accommodement». Car, de toute évidence, la Constitution, lorganisation des pouvoirs publics, la démocratie et donc la République ne correspondent plus aux attentes ni aux exigences de solidarité, de justice et à l’aspiration croissante à un nouveau mode de développement.

Nous voici parvenus à un point de non-retour dangereux pour les équilibres fondamentaux de la nation. Nous sommes au bout d’un cycle, celui d’une démocratie représentative pensée à la fin du XVIII e siècle, qui ne reconnaît au citoyen que la compétence d’élire des représentants qui vont vouloir pour lui. Un autre cycle s’ouvre et il ne réclame pas de demi-mesure: il a pour principe la compétence normative des citoyens, à savoir leur capacité dintervenir personnellement dans la fabrication des lois et politiques publiques.

À l’approche de son soixante-cinquième anniversaire, le régime fondé par le général de Gaulle est en voie de battre le record de longévité détenu jusqu’à présent, dans l’histoire constitutionnelle française, par la III e République (1870-1940). Un réajustement juridique, auréolé de la caution des experts et soumis à une représentation nationale contestée, serait insuffisant pour rénover la Ve République.

Seule une (r)évolution citoyenne pourrait permettre le vrai big-bang salutaire, par l’élaboration d’une Constituante, pleine et entière. Tout autre chemin nous conduit au chaos. 

 

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Réforme des retraites

20 Février 2023, 08:23am

Publié par PCF Villepinte

Canard sans tête

L'Humanité Lundi 20 février 2023

Sébastien Crépel

Du jamais-vu dans l’histoire parlementaire de notre pays. Une réforme des retraites présentée comme fondamentale est arrachée des mains des députés sans que la représentation nationale ait pu se prononcer sur celle-ci ni sur ses articles phares. Il n’y a aucun précédent connu.

Même le coup de force bien rodé de l’article 49.3 de la Constitution apparaît, au regard de cette pantalonnade, comme moins anti­démocratique. Dans ce cas, à défaut de vote, le texte est «considéré comme adopté» lorsque la première ministre engage la responsabilité de son gouvernement devant les députés, qui peuvent encore, en renversant ce dernier, rejeter le texte. Rien de tel ici. Quant à la pantomime de la motion de censure du RN, elle visait l’Élysée à travers les ministres, non le projet de loi.

L’Assemblée nationale n’a pas eu son mot à dire, mais la réforme poursuit quand même sa course folle comme un canard sans tête. Jamais, sans doute, les députés n’ont été pareillement bafoués. Et pourtant, ils en ont vu, en plus de soixante ans de présidentialisme écrasant.

On peut, bien sûr, regretter la partition finale du groupe de la France insoumise. Par le maintien de ses milliers d’amendements, il a décidé seul contre tous – PCF, PS, écologistes… – d’empêcher le vote de se tenir sur l’article 7 au sujet du recul de l’âge de la retraite à 64 ans, privant de la possibilité – qui sait? – de battre lexécutif et de mettre un point final anticipé à sa funeste entreprise. De toute façon, la limitation à lextrême par le gouvernement des débats au Parlement visait à empêcher la contestation de son projet de s’installer, avec ou sans vote.

À défaut d’avoir été retoqué ou approuvé, le texte sort de l’Assemblée dépourvu de toute légitimité. Comment les sénateurs vont-ils s’y prendre pour examiner à leur tour une réforme qui n’a jamais reçu le moindre aval des députés? Le cas est épineux et limpasse totale.

Si le chef de l’État ne respecte pas lavis majoritaire des Français, quil respecte au moins le bon fonctionnement des institutions dont il est le garant, et quil retire son projet. C’est la seule option raisonnable.

 

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Macron II,

28 Décembre 2022, 08:43am

Publié par PCF Villepinte

 Un début de quinquennat en cinq promesses non tenues

Élysée Mise en examen de hauts dirigeants, complaisance avec le Rassemblement national, multiplication des 49.3, inaction climatique... Depuis sa réélection, Emmanuel Macron n’a cessé de rompre avec ses engagements et de faire dérailler le récit d’un mandat placé sous le signe du renouveau.

L'Humanité Mercredi 28 Décembre 2022

Le 2 avril 2022, à l’Arena, Paris. Le candidat président lors de son grand meeting de campagne. Denis Allard/Leextra /opale.photo

 

Il avait promis de respecter les électeurs de gauche qui ont permis sa réélection. De s’ériger en rempart contre l’extrême droite. De faire de l’écologie la boussole de son action.

D’être exemplaire, de proposer une nouvelle méthode démocratique. En huit mois de nouvelle présidence, Emmanuel Macron a déjà passé par-dessus bord la plupart de ses engagements.

89 députés RN grenouillent dans l’Hémicycle et votent parfois ses textes, la catastrophe climatique est colmatée de quelques mesurettes de greenwashing, de nouvelles affaires éclaboussent l’Élysée dont des soupçons de fraude électorale avec le concours de McKinsey, et Élisabeth Borne est en pleine tentative de battre le record de 49.3.

Le tout en tentant de maintenir l’illusion de la «concertation» pour mieux imposer un programme intense de régressions, du refus de l’augmentation des salaires à la réduction des droits des chômeurs en passant par le report à 65 ans de l’âge de départ à la retraite ou le tour de vis contre les migrants prévus à la rentrée. Tour d’horizon des échecs jupitériens.

La bienvenue souhaitée au RN

«Ce vote moblige.» À ceux qui l’ont élu pour faire barrage à Marine Le Pen, Emmanuel Macron a fait une promesse, au soir du 24 avril. Le serment ne durera même pas jusqu’aux législatives. Craignant la gauche rassemblée, qu’elle caricature presque en sorcière rouge mangeuse d’enfants depuis la création de la Nupes, la Macronie renonce au barrage républicain qui l’a faite reine: «Face aux extrêmes, nous ne céderons rien ni aux uns ni aux autres», justifie la première ministre Élisabeth Borne, à propos des 59 duels RN-Nupes au second tour.

Résultat: 89 députés RN sinstallent au Palais Bourbon. Ils auront même bientôt les faveurs de la Macronie. Le 29 juin, pour la première fois sous la Ve République, lextrême droite obtient deux des cinq vice-présidences de lAssemblée. Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont récolté 290 et 284 voix sur 577: la majorité des députés Renaissance ont bien placé des bulletins RN dans lurne.

Le premier dune longue liste de renoncements. Un mois plus tard, la présidente de lAssemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a choisi une historique du FN, Caroline Colombier, plutôt qu’un député Nupes ou LR pour la délégation parlementaire du renseignement, soumise au secret-défense… La même semaine, Frank Giletti (RN) est nommé rapporteur du budget de l’armée de l’air, autre poste clé.

En quelques mois, Emmanuel Macron a fait du RN un adversaire parlementaire comme un autre, installé et légitime. Sur les textes de loi, si la ligne officielle est de ne travailler qu’au minimum avec l’extrême droite, Renaissance a pu compter sur les députés lepénistes pour retoquer les propositions de la gauche, en matière de pouvoir d’achat notamment, comme pour voter ses lois, sur la programmation du ministère de l’Intérieur, par exemple. Et la loi immigration, qui doit être présentée mi-janvier avec, pour mesure phare, le durcissement des expulsions, le retour de la double peine et des titres de séjour «métiers en tension» provisoires, pourrait faire sauter de nouvelles digues.

République exemplaire, vous dites?

Dans le royaume d’Emmanuel Macron, les conflits d’intérêts sont souverains. «Qui na pas de démêlés avec la justice ou la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) dans ce gouvernement?» a cinglé le patron du PS, Olivier Faure, sur Twitter, lors de la dernière affaire en date, celle de l’ex-ministre Caroline Cayeux fin novembre. Pour le député insoumis Ugo Bernalicis, c’est bien une «dérive mafieuse du pouvoir» qui se profile.

Des liens de proximité d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, avec une société pétrolière à la mise en examen du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, et du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, pour «prise illégale dintérêts», en passant par le scandale McKinsey, qui touche le chef de l’État lui-même, ce second quinquennat Macron est marqué par un festival d’affaires.

Et, avec ce nouveau quinquennat, tous, ou presque, restent en poste, puisque seule Caroline Cayeux fait figure d’exception. L’ex-ministre déléguée aux collectivités territoriales a fini par démissionner, après avoir été épinglée par la Haute Autorité pour «évaluation mensongère de son patrimoine» et «fraude fiscale».

Déjà en vogue lors du mandat précédent, les navettes public/privé les fameux pantouflages , elles, restent à la mode dans la Macronie avec de nombreux allers-retours entre cabinets, voire ministères et grandes entreprises. Un entre-soi et un mélange des genres propices aux conflits d’intérêts. «Un ministre doit quitter le gouvernement lorsquil est mis en examen», avait déclaré le candidat Macron en 2017. Cinq ans plus tard, la promesse d’une République exemplaire est définitivement partie en fumée.

Une «nouvelle méthode» toujours verticale

Celui qui disait en 2017 «assumer la verticalité du pouvoir» ne s’est pas renié en 2022, bien qu’il ait vanté une «nouvelle méthode de gouvernance» appelée, selon lui, par la majorité relative obtenue aux législatives. Résultat: dix 49.3 pour passer en force le budget et le financement de la Sécu. Et le gouvernement ne lésine pas pour en renvoyer la balle aux oppositions. Aux yeux d’Élisabeth Borne, voter contre la régression sociale et pour l’augmentation des salaires, ce serait ainsi sortir de «larc républicain». Jamais à court de cynisme, la première ministre leur a même lancé: «Pourquoi avez-vous si peur du débat?» avant d’y mettre un terme avec son arme constitutionnelle favorite.

Pour donner le change et corps au «dialogue», la Macronie multiplie les «concertations» qui se suivent et se ressemblent, avec les citoyens, les professionnels et les syndicats. Ce sont le Conseil national de la refondation (CNR), les consultations pour la réforme de l’assurance-chômage, pour laquelle les syndicats ont eu la surprise de découvrir des mesures encore plus régressives à la veille de Noël (lire page 10), ou encore pour celle des retraites…

Des instances qui n’auront suscité l’enthousiasme que de quelques thuriféraires macronistes. Comme lors de la convention citoyenne pour le climat et la promesse trahie d’une application «sans filtre» de ses propositions, la méthode macroniste reste la même: le débat est ouvert à condition de sinscrire dans le périmètre préétabli par la majorité. Le reste est lapanage des «extrêmes». Lexécutif, unique capitaine de son avion, continue de piloter seul.

Le sketch de la sobriété

Le candidat Emmanuel Macron avait promis: «Le quinquennat sera écologique ou ne sera pas.» Et si l’on se fie aux derniers mois, ce mandat relèvera, comme le précédent, plutôt du greenwashing. Le président de la République a pourtant assuré avoir mis «les bouchées doubles» contre le réchauffement climatique. La justice, elle, attend des preuves de cette action d’ici le 31 décembre, avant d’obliger (ou non) l’État à verser des astreintes.

Et qui dit écologie dit forcément sobriété. C’est l’enjeu prioritaire d’une époque percutée par la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en découle en partie. En la matière, la Macronie s’est voulue exemplaire l’hiver venu: Élisabeth Borne ne quitte plus sa doudoune, les ministres – à commencer par Bruno Le Maire – ont enfilé des cols roulés, le député Gilles Le Gendre «ne se sert plus du sèche-linge»

Voilà la planète sauvée, voudrait-on nous faire croire. Mais, fort heureusement, le gouvernement ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Le 6 octobre dernier, face au risque de coupures de courant, neuf ministres ont sonné la «mobilisation générale» lors de la présentation du plan sobriété. Quinze mesures pour «baisser de 10 % (par rapport à 2019 NDLR) notre consommation d’ici à 2024», selon les mots d’Élisabeth Borne. Résultat: un empilement de petits gestes qui traduisent labsence de planification écologique.

Le semblant d’organisation n’a même pas empêché la cacophonie au sommet de l’État, avec plusieurs ministres agitant le spectre des coupures. Mais, pour Emmanuel Macron, la coupe est pleine lorsqu’un responsable d’Enedis dit à la télévision que les personnes sous assistance respiratoire ne seraient pas «prioritaires». «Le rôle du gouvernement, des ministres, des opérateurs, c’est de faire leur travail pour fournir de l’énergie, c’est tout, rabroue-t-il. Ce n’est pas de commencer à faire peur aux gens avec des scénarios absurdes et des choses comme celles que j’ai entendues.» Preuve que, même en matière de communication, épreuve pourtant reine en Macronie, rien n’a été planifié.

Jupiter sur orbite internationale

Le président de la République se régale avec le régalien. Le signe d’un quinquennat raccord avec l’esprit de la Ve République? La réorientation de l’hyperprésident vers la politique étrangère ne date certes pas de sa réélection. Avec la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron s’est rapidement mué en chef diplomatique, délaissant en partie la politique nationale. Mais le semi-échec de Renaissance aux législatives a accéléré le processus.

Le nouveau jeu parlementaire et la majorité relative lui laissent un champ bien moins libre que lors du premier quinquennat – il laisse donc à Élisabeth Borne les affaires courantes et rêve, croit savoir le Canard enchaîné, d’un prix Nobel de la paix. «Là où je suis le plus utile, cest de mener un travail diplomatique. Et la diplomatie, cest de parler avec des gens avec lesquels on nest pas daccord et dessayer de réduire ces écarts, de faire œuvre utile», expliquait-il, en octobre, à France Inter, interrogé sur son maintien d’un canal diplomatique avec la Russie.

Algérie, Tunisie, Indonésie, Roumanie, Thaïlande, Albanie, États-Unis… en six mois, le président a brûlé du kérosène, avec une vingtaine de pays visités. En diplomate, mais aussi parfois en chef de guerre. Comme le 20 décembre où, faute de pouvoir parader avec la Coupe du monde aux côtés des Bleus, défaits au Qatar, il a enfilé l’uniforme de la marine pour s’offrir une séquence sur le porte-avions Charles de Gaulle, en mer Rouge.

Pour s’imprégner du général? Après tout, si lon prend à la lettre la Constitution, le président doit en effet tenir le rôle darbitre et de garant des institutions, se tenir au-dessus de la mêlée partisane, et laisser au premier ministre la politique nationale. Emmanuel Macron n’en est pas tout à fait là. À plusieurs reprises, il a rappelé à tous qui avait la main. Comme sur les retraites. C’est bien de l’Élysée qu’est venue l’annonce du report de la présentation de la réforme. Jupiter est peut-être sur orbite internationale, mais son regard ne quitte pas Paris.

 

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Emmanuel Macron,

20 Décembre 2022, 12:20pm

Publié par PCF Villepinte

 émir et images

Soutien infaillible à l’émirat, silence coupable et récupération... Celui qui exhortait à «ne pas politiser le sport» a eu tout faux sur ce Mondial, jusqu’à tenter de parasiter la détresse des Bleus en finale à son propre bénéfice.

l'Humanité Mardi 20 Décembre 2022

Cyprien Caddeo

Emmanuel Macron sur le bord du terrain, après la défaite de l'équipe de France le 18 décembre à Doha. Natacha Pisarenko/AP/SIPA

Il faut s’imaginer à la place de Kylian Mbappé. Vous venez de jouer 120 minutes d’un match de pure folie, sous la pression du monde entier. L’ascenseur émotionnel vous cisaille les tripes, la partie se rejoue dans votre tête: les soixante-dix premières minutes en dessous de tout, le doublé miraculeux, le troisième but en prolongations, la cruauté des tirs au but manqués. Vous êtes hors du monde et en même temps brutalement ramené au sol, vous avez besoin d’être seul… quand soudain, une main vient vous palper la nuque comme si vous étiez son fiston. C’est le président de la République venu picorer sur votre détresse quelques miettes médiatiques.

En choisissant, dimanche après la finale, de descendre sur la pelouse – la place du staff et des proches des joueurs, certainement pas du président –, Emmanuel Macron a commis une faute. Une de plus. Celui qui prétendait qu’ « il ne faut pas politiser le sport » a rendu visible à tous sa volonté totalement politique de récupérer l’événement.

Emmanuel Macron, milieu récupérateur

Le président de la Répu­blique aurait sans doute préféré que les Bleus décrochent une troisième étoile pour s’adjuger une sorte d’état de grâce qui, en 2018, n’a pas duré longtemps, l’affaire Alexandre Benalla éclatant à peine quatre jours après le sacre des joueurs de Deschamps. Le même Benalla qui avait précipité la célébration de l’équipe de France sur les Champs-Élysées sur ordre de l’Élysée pour que le chef de l’État puisse, déjà, parasiter au maximum la fête des Bleus.

L’amour du foot du président de la République, inconditionnel de l’Olympique de Marseille, est sincère. Mais la mise en scène de cet amour est, elle, savamment calculée. En bras de chemise à la tribune aux côtés de l’émir Tamim Al-Thani, souverain de l’État qatari, il a fêté les buts devant l’objectif de sa photographe Soazig de La Moissonnière, qui espérait sans doute réitérer la photo iconique de juillet 2018, prise à l’époque par un reporter russe. Mais la victoire s’est dérobée aux Français. Alors Emmanuel Macron a voulu s’accorder le beau rôle du père qui viendrait consoler les fils de la nation. Jusqu’à s’immiscer dans le vestiaire pour dire à des athlètes absents: «Il y en a qui sont très jeunes, qui vont en (remporter) beaucoup dautres, plus que moi comme président.» Comme s’il ne s’agissait, in fine, que de lui. La gauche n’a pas manqué de railler la séquence: linsoumise Danièle Obono évoque la «honte internationale» ressentie devant ce «moment inopportun et malaisant», selon le socialiste Olivier Faure. «Nombriliste et vulgaire», tance quant à lui le sénateur vert Guillaume Gontard.

«Le Qatar peut compter sur notre soutien»

Les mêmes avaient appelé, quelques jours plus tôt, le président à annuler son déplacement au Qatar pour ne «pas apporter de caution politique» à l’émirat. Car c’était dans un autre rôle que l’on attendait le président de la République. Le représentant élu de la «patrie des droits de lhomme» na rien trouvé à redire sur cette coupe du monde de toutes les aberrations (humaines, sociales, écologiques). Pourtant, Emmanuel Macron s’est entretenu à deux reprises, lors de France-Maroc puis en marge de France-Argentine, avec l’émir.

Au contraire, après avoir tenté de faire taire les critiques et appels au boycott, Emmanuel Macron a affiché son soutien au Qatar, faisant passer la gazo-dictature et ses 6500 morts sur les chantiers – selon le quotidien britannique The Guardian – pour un bon élève de la scène internationale: «Cette coupe du monde de football, la première organisée dans le monde arabe, témoigne de changements concrets qui sont à l’œuvre. Le Qatar sest engagé dans cette voie et doit continuer. Il peut compter sur notre soutien.» Et ce n’est pas la faiblarde réaction de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra (un appel à «utiliser des espaces de liberté» pour que les joueurs prennent position et un port timide d’un pull aux couleurs du drapeau LGBT en tribune lors de France-Angleterre), qui va compenser cela.

La France avait déjà, par l’intermédiaire de Nicolas Sarkozy et Michel Platini, largement contribué à ce que le Qatar obtienne l’organisation de la compétition contre toute raison. En se rendant deux fois à Doha, Emmanuel Macron a participé une fois de plus à légitimer le soft power de l’émirat. Il aurait peut-être pu être utile ailleurs, comme à la COP15 sur la biodiversité, qui se tenait en parallèle à Montréal. C’est ce qui s’appelle être hors jeu.

 

 

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Michel Barbier, un maire qui swingue

15 Septembre 2022, 08:43am

Publié par PCF Villepinte

Saxophone en main, il débarque à la Fête de l’Humanité avec son groupe de jazz. Édile PCF d’Eu, il est un de ces élus ruraux qui se battent pour préserver et dynamiser leur commune.

L'Humanité Jeudi 15 Septembre 2022

Florian Grenon

 

Quand on a proposé à Michel Barbier de jouer à la Fête de l’Humanité, il n’a pas hésité. «Cest un peu un rêve», explique le saxophoniste de jazz, également maire communiste, depuis 2020, d’Eu, en Seine-Maritime.

 «Cest un Parisien qui nous a entendus jouer dans notre commune et qui nous a proposé de venir», explique tout sourire l’élu mélomane, qui s’est produit sur le stand du PCF de Paris avec ses compères du groupe les Lombrics bleus, le batteur, Walter Boucher, Valentin et Jean René Martel, pianiste et trompettiste, le bassiste Arnaud Dujeancourt et le guitariste Johanny Giet. Il faut dire qu’avec la Fête, l’histoire d’amour est ancienne. Sa première, il s’en souvient encore, c’était en 1985. Et depuis, il n’en a raté aucune.

Si elle est placée sous le signe de la musique, la présence de l’élu à la Fête, ortho­phoniste dans le civil, est en parfaite cohérence avec son engagement politique. Entré au Parti communiste au début des années 2000, Michel Barbier est tombé dans la marmite dès l’enfance. Son grand-oncle Alfred Golliard, ancien préfet du Jura (1934-1940), a tenu tête au gouvernement de Vichy et est entré dans la Résistance en 1942. La mémoire de cet illustre aïeul arrêté, déporté puis assassiné dans les chambres à gaz du château d’Hartheim, en Autriche, s’est transmise dans la famille de génération en génération.

Ancien responsable syndical orthophoniste

C’est donc tout naturellement que Michel Barbier est entré en politique. Après avoir exercé dans les années 1990 des responsabilités au sein du syndicat professionnel des orthophonistes, il décide de se mettre au service de sa ville. En 2008, il rentre dans l’équipe de la maire socialiste comme adjoint à la culture.

Bouté hors de son poste par le retour de la droite, il revient en force en 2020 en unissant la gauche municipale sous sa bannière. Son score explose. Il est élu au second tour avec 49 % des voix, devenant le premier maire communiste de la ville. Le voilà désormais locataire du château où siège la mairie de la petite ville normande. En son temps, Louis-Philippe y invitait ses ministres.

II s’étonne encore d’avoir été élu . «Je nai pas cherché à être maire, cest venu naturellement», sourit l’édile. Sa recette: «Faire de la politique de proximité.» Dans une petite ville de 7800 habitants,  «on est proche des gens, cest très différent de l’échelle nationale ou des grandes villes», insiste-t-il. Son adjoint Sébastien Godeman appuie: «Tout le monde aime Michel, quelle que soit l’opinion politique.» D’ailleurs, cela explique que dans cette ville «traditionaliste», selon les dires de son ami , «l’étiquette communiste nempêche pas les gens de voter pour nous».

Le volontarisme de l’équipe municipale se heurte aux restrictions budgétaires. «Quand on est élu et quon a des convictions, cest frustrant davoir un budget restreint, on a peu de marge de manœuvre», explique Michel Barbier. Eu fait partie de ces villes chargées d’histoire qui doivent retrouver du souffle pour continuer à exister mais qui sont contraintes par manque d’argent.

La commune détient le troisième patrimoine de Seine-Maritime, avec de nombreux bâtiments classés. «Cest une ville très originale, on a le musée Louis-Philippe et deux théâtres pour les 7800 habitants», se félicite le maire. Mais, faute de moyens, «certaines propriétés sont en péril, se désole le communiste . On a un patrimoine qui se détériore et qu’il faut préserver. Il faut que l’État nous aide».

Comme si cela ne suffisait pas, la municipalité est confrontée à l’augmentation du prix de l’énergie, qui met ses comptes dans le rouge. Michel Barbier peine à boucler le budget. «Il y a des dépenses incompressibles», rappelle-t-il. Malgré tout, lui et ses équipes se démènent au quotidien pour dynamiser leur territoire.

Confrontés au manque de médecins après plusieurs départs récents à la retraite, ils ont mis en place une bourse d’aide pour les étudiants en médecine en échange de leur engagement à s’installer à Eu. Michel Barbier a également réussi, avec l’aide de la communauté de communes, à conserver l’hôpital de proximité de la ville et son service d’urgences.

Comme presque toutes les communes rurales, Eu est confrontée au vieillissement de sa population. Pour y remédier, Michel Barbier a mis en place «un conseil municipal de jeunes» sur lequel il compte beaucoup . Il met aussi un point d’honneur à partager le pouvoir avec ses adjoints, auxquels il donne beaucoup de liberté et de prérogatives . Et de conclure: «Je dis souvent: on est maire, et pas: je suis maire.»

 

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La patrie des Droits de l'homme face au RN...

2 Juillet 2022, 07:35am

Publié par PCF Villepinte

Apologie(s)

 

Civilisation.

 Quelque chose d’anormal dans un océan de «normalité» aussi écœurant qu’inquiétant. Depuis le second tour des législatives, tellement de digues ont sauté avec l’extrême droite que nous ne savons plus bien si la fameuse «banalisation» s’arrêtera – ou non – aux portes d’une certaine idée de la République, qui n’est pourtant pas négociable.

Après des jours et des jours d’atermoiements et de batailles parlementaires surréalistes, le bloc-noteur a sur le cœur une forme de ressentiment, sinon d’incompréhension. Dieu merci, nous ne sommes pas les seuls à nous interroger avec gravité.

Cette semaine, sous la plume de Françoise Fressoz, le journal le Monde expliquait ainsi clairement: «Le 21 avril 2002, la qualification surprise de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle avait créé l’effroi, suscité de puissantes manifestations et poussé les autres formations politiques à faire front pour défendre la République. Le 19 juin 2022, l’entrée surprise de 89 députés du RN à l’Assemblée nationale n’a pas provoqué le même sursaut.» 

Vingt-deux ans plus tard, en effet, une sorte de désolation mâtinée de résignation semble s’être emparée de la patrie des Droits de l’homme. Impossible de le passer sous silence, d’en rester là passivement. Régis Debray, qui n’a jamais manqué au combat, l’a souvent répété: «La pire faute en politique consiste à laisser en état ce qui doit disparaître alors même qu’on s’attache à détruire ce dont la permanence est la raison d’être et la marque d’une civilisation.»

Institutions.

 Jadis, de la gauche à la droite, l’affaire était entendue: le front républicain reposait sur l’idée indiscutable qu’il convenait de tenir aux marges de la République un parti qui, historiquement, l’a toujours menacée. Nous avons souvent alerté sur le danger majeur de «lhabitus» en tant que genre, même en politique.

Fifille-la-voilà a bien mené sa barque, jusqu’à apparaître «notabilisée». Doù la sidération devant la dernière séquence électorale. Jusqu’à présent, le lepénisme ressemblait à un problème ponctuel surgissant tous les cinq ans, mais que, collectivement, nous mettions plus ou moins sous le tapis – pas le bloc-noteur – tant la menace demeurait diffuse, improbable.

Cette fois, elle est bien là, nichée dans l’épicentre des institutions républicaines. L’habitude vient de se transformer en catastrophe. Le Monde le souligne justement: le RN dispose désormais «de 10 millions d’euros de financement public chaque année», de «la possibilité de recruter en masse des collaborateurs» et de «la certitude de peser dans un jeu parlementaire redevenu très ouvert».

L’incapacité de Mac Macron II à définir un projet qu’il annonçait «progressiste», porteur d’espoir pour nombre de citoyens qui se sentent relégués, a accéléré le processus de crise démocratique, quand il n’a pas lui-même déroulé le tapis rouge en cabossant tous les principes.

Crimes. 

Témoin de cette désagrégation, le discours inaugural de la session parlementaire, qui, par tradition, échoie toujours au doyen des députés. Par le hasard de l’âge et de la dernière élection, l’homme s’appelait José Gonzalez, élu RN de 79 ans. Et là, ce ne fut pas un simple dérapage de service auquel nous assistâmes: nous vîmes les vrais visages de l’extrême droite, ceux qui vont peupler le Parlement durant cinq longues années.

Sans scrupule, le nostalgique de la colonisation profita du Perchoir pour évoquer la mémoire des pieds-noirs à la fin de la guerre d’Algérie, puis, en marge de ce discours scandaleux, il ajouta: «Venez avec moi en Algérie, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous dire “Quand est-ce que vous revenez, vous, les Français?’”»

 Plus grave encore, alors qu’on lui demandait si la France avait commis des «crimes contre l’humanité» en Algérie, le représentant de l’extrême droite répondit: «Non, et certainement pas des crimes de guerre», avant d’affirmer qu’il n’était pas là «pour juger si l’OAS a commis des crimes ou pas».

Vous ne rêvez pas. Cette scène se déroula le jour de l’intronisation de la première femme au Perchoir. Depuis, l’odieux José Gonzalez a bien sûr reçu les félicitations de Jean-Marie Le Pen. Ça s’est passé en France, en 2022, dans le haut lieu de la représentation nationale…

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 1er juillet 2022.]

Publié par Jean-Emmanuel Ducoin

 

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Macron a-t-il le monopole de la République ?

1 Juillet 2022, 07:38am

Publié par PCF Villepinte

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Digue(s)

24 Juin 2022, 07:08am

Publié par PCF Villepinte

Désastre

Gaullistes, chiraquiens, séguinistes, transfuges du pseudo-socialisme vers les ors du pouvoir, macronistes sincères de la première heure, bref, républicains de droite comme de gauche: réveillez-vous, ils sont devenus fous!

Cette semaine, pour des raisons quaucune raison de l’éthique politique nexpliquera ­jamais, la dernière marche de la normalisation de lextrême droite a été allégrement franchie – piétinant au passage tous les principes qui furent, jadis, communs aux femmes et aux hommes de bonne volonté citoyenne.

Actons donc la terrible réalité: la digue républicaine nexiste plus. Ni sur le terrain, du côté des électeurs; ni dans les appareils de certains partis, jusqu’au sommet de l’État. Soyons honnêtes, jamais le bloc-noteur n’aurait imaginé devoir écrire semblable phrase un jour. Seulement voilà, à la faveur d’une élection sens dessus dessous, les faits sont têtus. Et le désastre moral considérable…

La main tendue des macronistes aux lepénistes est un ­révélateur si puissant et affreux qu’elle ne se résume, hélas, pas au sentiment de peur panique qui gagne Mac Macron II en personne. Non, ce «moment» tragique pour notre démocratie symbolise, en une séquence courte de notre Histoire, la logique qui prévaut ­depuis trop longtemps.

Mensonges

Mac Macron II reste bel et bien l’homme du chaos permanent. Ce chaos durable dont il entrevoit lui-même les effets en cascade. Nous ne soulignerons jamais assez sa responsabilité dans l’essor du Rassemblement national (RN) depuis cinq ans. C’était son assurance-vie pour la réélection. Le prince-président a également joué avec le RN comme on joue avec le pire des feux, celui qu’on ne devrait jamais allumer: poussant la gauche à voter pour lui au second tour de la présidentielle afin de barrer la route à Fifille-la-voilà, mais refusant quelques semaines plus tard, aux législatives, d’appeler à voter pour la gauche unie quand celle-ci était en balance avec le RN.

À force de jeter la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et l’extrême droite dans le même sac, le monarque élu, capable de tous les mensonges, a contribué à brouiller les lignes sans imaginer que cela pourrait se retourner, aussi, contre lui. Le résultat est connu. Alors que la Nupes a réuni plus de 6 millions de voix, contre seulement 3 millions au RN, les candidats d’extrême droite ont pourtant remporté 55 % des duels avec la gauche. Au passage, notons qu’il n’aura manqué au total que 16000 voix dans le pays, entre les diverses circonscriptions, pour que la Nupes obtienne une majorité relative devant les macronistes. Effrayante mise en abîme.

République

Nous y voilà, à ce point de non-retour à la fois symbolique et concret. Puisque le pouvoir ne peut gouverner faute de LR, et pour ne pas dépendre du seul bon vouloir de la droite, la Macronie cherche du côté du Rassemblement national des accointances utiles. Après avoir siphonné durant cinq ans une grande partie de la gauche libérale, Mac Macron II a allumé l’autre étage de la fusée, vampirisant toute candidature à droite, ultra-droitisant tous ses choix, et, bien sûr, choisissant son adversaire, Fifille-la-voilà, quitte à lui baliser la voie, lui dresser un pont-levis.

Au hasard d’un faux mouvement électoral, et désormais sans majorité absolue, les masques de la Macronie tombent. Ces beaux donneurs de leçons viennent de prouver qu’ils préfèrent les candidats du Rassemblement national quand l’occasion s’en présente. Cela ne vous rappelle rien? «Plutôt Hitler que le Front populaire», disaient certains de leurs aïeux durant l’étrange défaite. Le roi sans tête a perdu dans la ­bataille l’esprit de la France, celle des Lumières et de la grande Révolution. Rien d’étonnant en vérité. Sauf que, cette fois, la démocratie se trouve en péril, sinon la République elle-même.

 

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Soutien aux diplomates et agents du ministère des Affaires étrangères en grève

4 Juin 2022, 09:25am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 03/06/2022 par PCF

Le Parti communiste français (PCF) exprime son plein soutien aux diplomates et agents du ministère des Affaires étrangères en grève ce jeudi 2 juin 2022 contre la suppression autoritaire du corps diplomatique issue de la réforme de la haute fonction publique, décrétée par Emmanuel Macron en avril 2021.

 

Cette décision brutale vient après plusieurs vagues de coupes budgétaires qui ont déjà « réduit à l'os » les capacités du quai d'Orsay et des postes.

Cette orientation a entraîné une refonte dommageable du réseau diplomatique français portant atteinte aux conditions de travail de tous les agents du ministère, titulaires comme contractuels, à l'accès à leurs droits et services consulaires de nos compatriotes Français de l'étranger et a affaibli le rayonnement tant politique que culturel de notre pays.

Dans de nombreuses régions du monde, tous font chaque jour l'expérience pénible des insuffisances politiques créées, des difficultés matérielles générées pour les agents dans l'accomplissement de leur mission et de la rupture d'égalité devant la République pour les citoyens expatriés – tout cela, malgré les grandes compétences, et souvent le dévouement, des personnels du ministère des Affaires étrangères dans l'exercice de leurs fonctions.

Dans toutes les situations qu'ils et elles ont pu rencontrer comme dans le cadre de la coopération décentralisée, le PCF et ses parlementaires et élu-e-s peuvent témoigner des qualités professionnels et humaines des agents du ministère, que ce soit à Paris ou en poste.

Sur le fond, le choix fait par le président et ses gouvernements prolonge une orientation politique qui ne grandit pas la France, qui affecte son indépendance et ne contribue pas à faire de notre pays l'acteur majeur d'une politique internationale de sécurité humaine collective qu'il devrait être.

Les heures sombres que traverse notre continent depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie mais aussi les conséquences nationales et mondiales de la pandémie et de la crise sanitaire de ces deux dernières années qui sont venues s'ajouter à un contexte international marqué par l'explosion des inégalités et de la pauvreté et une crise climatique sans précédent...

tout, absolument tout, impose à la France, membre permanente du Conseil de sécurité de l'ONU et membre fondatrice de l'Union européenne, de changer de paradigme de politique internationale.

Pour construire les cadres communs de coopération, paix, solidarité et sécurité collective garantissant la sécurité sanitaire, alimentaire et climatique, nous aurons besoin de plus de représentations françaises et de plus de diplomates français-es en prise avec les réalités et les actrices et acteurs politiques et sociaux des 194 pays du monde pour contribuer à la redéfinir et à la mettre en oeuvre.

 

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