Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

ENTRETIEN « Les populations sans-papiers sont à la merci de tous les abus »

4 Juillet 2022, 09:22am

Publié par PCF Villepinte

L’ancien secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, représente les confédérations syndicales au conseil d’administration de la Solideo. Pour lui, refuser la régularisation de ces travailleurs, pourtant indispensables, laisse libre cours aux emplois non déclarés.

Publié le Lundi 4 Juillet 2022

L'Humanité Rosa Moussaoui

Bernard Thibault : « On estime en France le nombre de travailleurs sans papiers à plusieurs centaines de milliers, peut-être 500 000. » franck fife/AFP

 

BERNARD THIBAULT

Membre du conseil d’administration de la Solideo, représentant des confédérations syndicales.

Dans l’affaire des travailleurs sans papiers du Village des athlètes, qu’est-ce qui a justifié l’ouverture d’une instruction pour «travail dissimulé en bande organisée»?

Nous ne disposons pas de tous les éléments auxquels les enquêteurs ont accès, mais nous avons mis le doigt sur une structure assez complexe. Les ouvriers sans papiers de provenance malienne travaillaient sur ce chantier pour le compte d’un sous-traitant du groupe GCC qui a pour le moins fait preuve d’une grande négligence.

Tout passait par des intermédiaires, des personnes servant de boîtes aux lettres plutôt que de réelles entreprises. Ce réseau s’étend sur d’autres chantiers en Île-de-France. Il s’appuie sur des personnes originaires du même district en Turquie: un réseau de connaissances, d’affinités, où les entreprises tiennent lieu de façade. Certains ouvriers étaient utilisés comme payeurs, pour rémunérer leurs collègues.

C’est une structure pensée pour organiser le travail sous-déclaré, non déclaré, illégal. Le manque à gagner pour les caisses de Sécurité sociale est déjà évalué à plusieurs millions d’euros.

Pour quelles raisons des travailleurs de provenance étrangère se retrouvent-ils livrés à de tels réseaux?

Partout dans le monde, des mafias tirent profit de l’exploitation de la main-d’œuvre étrangère. Les populations immigrées fragilisées, qui n’ont pour seule ressource que le travail sous-payé, dans des conditions difficiles, aléatoires, sont à la merci de tous les abus. On estime en France le nombre de travailleurs sans papiers à plusieurs centaines de milliers, peut-être 500000. Et ils sont omniprésents dans le BTP, la restauration, lagriculture. Il faut sortir de lhypocrisie: leur travail est indispensable. Même des employeurs admettent que cette situation nest pas tenable.

Quelle est la responsabilité de la Solideo, chargée de livrer les équipements olympiques?

C’est une responsabilité de premier plan. La Solideo a été très claire dès le début pour des chantiers exemplaires sur le plan social et de la sécurité. Nous avons conçu un dispositif de permanences permettant aux représentants du Comité de la charte sociale où siègent les syndicats d’être présents chaque mois sur les chantiers.

Mais une fois les contrats signés, il appartient aux entreprises de contribuer à cet objectif. Certaines font clairement de la résistance. Les majors du bâtiment font très souvent appel à la sous-traitance en cascade, qui permet d’économiser sur la main-d’œuvre en alimentant les infractions à la législation du travail. Ce qui leur offre des marges de profit plus confortables. Au bout de la chaîne, il y a ces travailleurs sous-payés, privés de protection sociale et de droits. Voilà le réel des logiques de marché sans garde-fou.

Vous siégez au conseil d’administration de la Solideo. Quelle voix pouvez-vous faire entendre sur ces sujets?

Je m’y exprime au nom des cinq confédérations syndicales impliquées dans la préparation des JO. Je m’adresse à des interlocuteurs à l’oreille plus ou moins attentive. Parmi eux la préfecture de la Seine-Saint-Denis n’a pas toujours une approche très constructive. Nous plaidons pour qu’elle considère ces travailleurs sans papiers comme des victimes, pas des délinquants. Agir pour des JO socialement exemplaires, c’est un combat syndical parmi d’autres.

 

Voir les commentaires

Soutien aux travailleurs sans papiers

4 Juillet 2022, 09:18am

Publié par PCF Villepinte

Alors que des pans entiers de l’économie française ne fonctionnent que grâce aux travailleurs sans papiers, ceux-ci rencontrent d’énormes difficultés pour régulariser leur situation. Ces difficultés induisent de fait une inégalité fondamentale entre les travailleurs, qu’il est urgent de supprimer. La CGT soutient les travailleurs sans papiers, et se mobilise pour défendre leur cause. 

 

Mercredi 29 juin, un rassemblement a eu lieu devant la Direction générale des étrangers en France (DGEF) à Paris. Sept représentants d’unions départementales de la confédération ont été reçus par le directeur de cabinet du directeur général des étrangers en France. Ils ont pu faire part des réalités quotidiennes que vivent les travailleurs sans papiers.

« Nous avons été écoutés, ils ne nous ont pas contredits, mais nous n’avons obtenu aucune réponse précise » indique Marilyne Poulain, membre de la direction confédérale de la CGT.

Aujourd’hui, les travailleurs sans papiers sont soumis au double bon vouloir de leur employeur et de la préfecture. Si certains employeurs souhaitent régulariser leurs employés et se heurtent comme eux aux portes fermées, d’autres préfèrent profiter de leur vulnérabilité et s’opposent à toute démarche de régularisation.

La régularisation est elle-même soumise au bon vouloir du préfet.

La circulaire du 28 novembre 2012, qui fixe les critères de régularisation des travailleurs sans papiers, ne contraint pas les préfets, libres de l’appliquer ou non… En outre, depuis la Covid, il est désormais quasi impossible d’obtenir un rendez-vous rapidement et ces délais d’attente créent des situations d’irrégularité. Les logiciels de prise de rendez-vous sont saturés, et il se passe parfois un an avant que le travailleur puisse renouveler son titre de séjour, risquant ainsi de se trouver en rupture de droits et d’entrer dans l’illégalité.

Le conseil d’État a pris en compte la question de la dématérialisation et a reconnu la nécessité de créer des solutions de substitution quand la personne démontre qu’elle ne peut pas avoir accès aux services. Mais sa réponse est ambigüe puisqu’il ne remet pas en cause la dématérialisation et pousse aux solutions de substitution.

Les travailleurs sans papiers se heurtent aussi à la complexification des démarches, qui augmente les difficultés en matière de régularisation.;

« Le décret du 31 mars 2021 relatif à l’emploi d’un salarié étranger a durci les conditions d’obtention d’autorisation de travail » déplore Marilyne Poulain.

Alors qu’il fallait déposer une autorisation de travail durant les deux premières années de la carte de séjour, il faut dorénavant la renouveler à chaque changement d’employeur. Cela étend la démarche à des personnes en situation régulière depuis très longtemps, contribue à la précarisation des travailleurs, et, au vu des délais, recrée des travailleurs sans-papiers.

Pour la régularisation des travailleurs sans papiers, la CGT milite :

pour la réouverture des guichets physiques,

pour la simplification des démarches,

pour la régularisation de plein droit sur la base de preuves de travail (facture, fiches de paie, contrat, etc.).

Elle réclame la fin de cette injustice que constitue le bon vouloir des employeurs et des préfectures.

 

Voir les commentaires

Les Wampas Manu Chao Le Clip Video

3 Juillet 2022, 08:05am

Publié par PCF Villepinte

 

Voir les commentaires

Fête de l’Huma : pour reconstruire un espoir à gauche

3 Juillet 2022, 07:54am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 29/06/2022 par PCF

On a coutume de dire que la Fête de l’Humanité marque la rentrée politique et qu’elle représente un enjeu en termes de mobilisations politiques et sociales. Cette année c’est puissance 10.

À l’issue des présidentielle et législatives nous vivons une situation tout à fait inédite qui va nécessiter que s’ouvre un débat profond dans le pays pour qu’elle se traduise par la construction d’une véritable alternative politique de gauche aux politiques libérales menées depuis des décennies.

Certes, nous n’avons pas réussi à faire élire une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, mais la gauche sort renforcée de ce scrutin. C’est également le cas pour notre groupe. Et pour l’heure, le Président Macron n’a pas de majorité pour gouverner.

C’est un point d’appui extrêmement précieux pour résister aux politiques de régression sociale que le gouvernement entend poursuivre, c’est un point d’appui pour combattre le Rassemblement national et pour impulser débats et mobilisations populaires indispensables pour que cette situation se traduise par des ambitions majoritaires de transformation sociale.

Nous avons en tant que parti communiste un rôle déterminant à jouer pour que de cette situation renaisse l’espoir d’une véritable transformation du quotidien pour nos concitoyens, pour que s’ouvre les perspectives de changements profonds de la société répondant aux enjeux sociaux, environnementaux, démocratiques auxquels est confrontée notre société.

La construction de ce nouvel espoir à gauche va représenter un enjeu central pour combattre les idées du RN qui, dans la situation de désespérance que subit notre peuple depuis des années, occupe une place toujours plus importante et très inquiétante pour l’avenir.

Dans ce contexte, la Fête de l’Humanité prendra une importance toute particulière.    Premier événement politique de la rentrée 2022, elle doit être loccasion dinviter syndicalistes, progressistes, citoyens qui sinterrogent sur lavenir de notre société à venir débattre de cette alternative à construire.   

Cette édition de la Fête sera bien sûre festive et de grande qualité artistique, mais elle sera de toute évidence une édition très politique où peut se jouer, pour une part, l’avenir de notre pays.

Question de la retraite à 60 ans, de l’augmentation des salaires et des pensions, de l’hôpital public qui est à l’agonie… Ce sont autant d’occasions de débattre, d’agir, de construire des majorités d’idées et d’inviter à ce que ces batailles trouvent une prolongation politique à la Fête. 

Plus que jamais, la Fête de l’Huma 2022 peut devenir le lieu de la reconstruction d’un espoir à gauche qui fait tant défaut dans notre pays depuis des années. 

Nathalie Simonnet, membre de l’exécutif national

Amadou Deme, membre du conseil national

Co-animateurs de la diffusion du bon de soutien

 

Voir les commentaires

UN JOUR AVEC Jamal Jr, son combat pour libérer « Paps »

2 Juillet 2022, 07:54am

Publié par PCF Villepinte

Avec le collectif Love not Phear, le petit-fils de Mumia Abu Jamal, condamné à mort depuis 1982, organise ce dimanche des manifestations dans 40 villes des États-Unis pour exiger la libération de celui qu’il appelle «Paps».

Gaël De Santis L'Humanité

Publié le Jeudi 30 Juin 2022

Le 4 juin à Villjuif. Inauguration d’une fresque qui réclame la libération de Mumia Abu Jamal en présence de Jamal Junior. Julien Jaulin/hanslucas

 

Tel grand-père, tel petit-fils. Petit, son père le lui disait souvent: «Tu tiens ça de ton grand-père.» Pourtant, Mumia Abu-Jamal, il ne l’a connu qu’au parloir. Depuis un an et demi, Jamal Jr lui rend souvent visite: il est dans l’équipe légale qui assiste le journaliste africain-américain qui avait été condamné à mort en 1982. Loccasion de rattraper le temps perdu. «Jai plus vu Paps dans cette période que tout au long du reste de ma vie», soupire-t-il. L’occasion pour les deux de faire connaissance.

Quand nous le voyons en France, où il est venu inaugurer à Villejuif une fresque qui réclame la libération de son grand-père, Jamal Jr arbore un T-Shirt de Captain America, héros légendaire de la bande dessinée américaine. Il tient ça de son grand-père, chose qu’il n’a découverte que récemment. «Jamais je nai rencontré un fada des comics du même niveau que moi!» s’amuse-t-il.

Un jour, au détour d’une phrase, Mumia lui dit qu’enfant, il a eu en sa possession le premier numéro de Captain America. «Pour les fans, cest le Graal, ça vaut plus dun million, s’amuse Jamal Jr. Il avait même le numéro 1 de Superman !» À l’époque, les gamins s’échangeaient leurs vielles BD contre des nouvelles. Mais ce type de pièce de collection ne se troque pas: «Ça se conserve!»

 S’il n’avait pas croisé la route du policier Faulkner, dans une rue de Philadelphie, la nuit du 8 au 9 décembre 1981, et été accusé de l’assassinat de ce dernier, Mumia Abu-Jamal aurait-il été millionnaire? «Je lui ai demandé où étaient ces albums. Mumia ma répondu: Un jour, je jouais dehors, je suis rentré… Ils étaient à la poubelle. Et il a ajouté: Je navais pas fait mes tâches ménagères. Tu sais ce que sont les adultes, on ne peut pas les contester», raconte Jamal Jr. Enfant, Mumia a été privé de ses précieux comic books. Sa privation de liberté l’empêche de partager pleinement sa passion avec son petit-fils.

«lamour, la force la plus importante de lunivers»

Ce dernier est devenu l’un des piliers du collectif Love not Phear qui organise quarante manifestations, ce dimanche 3 juillet, aux États-Unis, pour marquer les quarante ans de l’entrée de Mumia Abu-Jamal dans le couloir de la mort. «Love» se traduit par «amour»; «Phear» signifie «peur», mais s’écrit normalement en anglais avec un «f»: «fear». «Ph fait référence à Philadelphie, là où cette campagne est partie, du fait du racisme qui y est très présent», traduit Jamal Jr.

C’est en effet à Philadelphie que Mumia a été arrêté. C’est là qu’il «  a été emprisonné par un juge raciste connu, Albert F. Sabo, sous le règne d’un raciste connu, Franck Rizzo», ancien policier devenu marie de la capitale de Pennsylvanie, ajoute Jamal Jr. «La peur de la répression ne devrait pas empêcher de dénoncer la corruption policière, la brutalité, ou de soutenir les prisonniers politiques. On défie tout cela avec lamour, la force la plus importante de l’univers», explique-t-il.

Jamal Jr est artiste. Mais «les journées ne font que 24 heures», s’afflige-t-il . Son grand-père Mumia, journaliste surnommé la «Voix des sans voix» pour sa défense des Africains-Américains, était obligé dêtre chauffeur de taxi pour pouvoir vivre; Jamal Jr, lui, travaille dans les nouvelles technologies, en Californie. «Dans ce monde, si vous n’êtes pas formé à la tech, vous navez probablement aucun futur», sourit-il. 

«Il est dur de produire de lart; il faut prioriser. J’ai l’impression que mon boulot doit être, 24 heures par jour, de me battre pour mon grand-père.» Un homme qu’il admire plus que tout. «Il fait toujours un effort pour être éducatif. Il aime écouter le point de vue des gens, même sil est incollable sur le sujet. Il demande: Dis-moi ce que tu en penses. Cest une façon géniale dapprocher toute situation: humble. Il écrit, il parle pour tout le monde. Il a un état desprit communiste.»

 Un état d’esprit à défendre. Et pour ce, une mobilisation à reconstruire. Car, en 2011, à la suite des irrégularités commises pendant le procès par le juge Albert F. Sabo qui a déclaré, selon une greffière, vouloir aider les jurés à «frire ce nègre», la peine de mort de Mumia a été commuée en prison à vie. «En conséquence, le soutien à Mumia diminue. Des gens me demandent parfois Il na pas été libéré en 2010 ou 2011?”» déplore Jamal Jr.

Ce dernier a 34 ans et des souvenirs du sinistre Sabo, qui appartient au même syndicat politico-mafieux que le policier tué, David Faulkner, l’Ordre fraternel de la police, et a écarté, en 1982, des jurés parce qu’ils avaient la peau noire.

Trop jeune, il n’a pas connu le procès de 1982, mais il était là quand une révision du procès a été réclamée lors d’une audience en 1995, date qui marque le début de son engagement pour la liberté de Mumia. «Javais 7, peut-être 8ans, se souvient Jamal Jr. Sabo a demandé à tout le monde de se taire. Ça a fâché le juge: jai rompu le silence par un Je taime, grand-père!” »

 

Voir les commentaires

BD. Cet été, bullez avec l’humanité ! #1

2 Juillet 2022, 07:46am

Publié par PCF Villepinte

Vingt bandes dessinées sur la ligne de départ, huit finalistes à l’arrivée. Le jury du prix de la BD citoyenne Bulles d’Humanité s’est arraché les cheveux pour trouver un successeur à «Révolution», «les Deux Vies de Pénélope» et «Fourmies, la Rouge», lauréats des trois premières éditions.

Le vainqueur 2022 de ce prix, remis en partenariat avec le Comité des travaux historiques et scientifiques, sera annoncé lors de la Fête de l’Humanité. Pour patienter, notre magazine consacre ses pages estivales aux huit albums encore en lice.

L'Humanité. Samedi 2 Juillet 2022

PRIX DE LA BD CITOYENNE,  LES HUITS FINALISTES DE LA SÉLECTION 2022

« Des Vivants », Raphaël Meltz, Louise Moaty, Simon Roussin, Éditions 2024, 260 pages

« Faut faire le million », Gilles Rochier, 6 pieds sous terre, 96 pages

« # J’accuse...!» de Jean Dytar, Delcourt, 312 pages

« Le Poids des héros », David Sala, Casterman, 176 pages

« Michel, la fin les moyens, tout ça », Pierre Maurel, L’employé du moi, 80 pages

« René.e aux bois dormants», Elen Usdin, Sarbacane, 272 pages

« Une Révolte tunisienne », Aymen Mbarek, Seif Eddine Nechi, traduction Marianne Babut, Alifbata, 224 pages

« Le Roi des vagabonds », Patrick Spät, Bea Davies, Dargaud/Seuil, 160 pages

 

Premier des huit finalistes de cette quatrième édition de notre prix, l’album que signent Seif Eddine Nechi et Aymen Mbarek : un retour dans la Tunisie des années 1980 vu par les yeux d’un enfant, quand les directives du FMI menaçaient d’affamer le peuple et mettaient le feu aux poudres.

 « Une Révolte tunisienne », Aymen Mbarek, Seif Eddine Nechi, traduction Marianne Babut, Alifbata, 224 pages

Ils se sont rencontrés au sein de Lab619, un collectif de bande dessinée né à l’aube du printemps tunisien. Seif Eddine Nechi et Aymen Mbarek ont ensuite fondé un blog de BD, soubia.com. Avec ce roman graphique, ils confirment l’émergence de la bande dessinée tunisienne, dont on connaissait surtout le personnage Willis From Tunis, créé par la caricaturiste Nadia Khiari.

D’emblée, en découvrant le titre, «Une révolte tunisienne, la légende de Chbayah», on pense au mouvement populaire qui a renversé Ben Ali en janvier 2011. Mais ce nest pas cette révolte qu’évoquent les auteurs. Il sagit ici des émeutes du pain qui, du 30 décembre 1983 au 6 janvier 1984, ont enflammé la Tunisie, rompant ainsi avec l’idée largement répandue, en France, d’une société atone et résignée jusqu’à 2011.

 À l’origine du mécontentement, l’application d’une directive du Fonds monétaire international qui impose la suspension des subventions aux produits céréaliers. L’explosion des prix alimentaires qui s’ensuit provoque une vague de manifestations dans le sud du pays. Largement réprimée, la protestation se mue en insurrection populaire. Telle est la toile de fond de cette bande dessinée.

Une radio pirate fait la nique à la police

Mais les auteurs nous surprennent avec un nouveau pas de côté, encouragé par un personnage anonyme devenu mythique. Au cours de ces émeutes, une radio pirate, animée par un certain Chbayah, le nom donné au petit fantôme Casper dans sa version arabe, asticote les autorités. Narguant les policiers, Chbayah diffuse de fausses informations sur leurs canaux, les envoyant à l’opposé des parcours des manifestations.

Pour la plus grande joie des habitants. Dans l’intrigue, il apparaît sous forme métaphorique et fantomatique auprès d’un enfant, Samir, objet des moqueries de ses camarades d’école. Un mois plus tôt, il a été victime d’un accident. Trop pressé d’accéder au cinéma affichant «la Fille de Trieste», le nouveau film avec Ornella Mutti, star italienne d’une grande beauté, il traverse la rue sans regarder. Renversé, hospitalisé, il est amputé d’une main.

«Je préférerais être mort», dit-il. Le fantôme, qui entre alors en scène, devient une sorte dami imaginaire. Cest un émeutier originaire de Douz, la ville méridionale où tout a commencé. Il a été abattu par un sniper au début du mouvement. En même temps qu’il lui montre sa ville, Tunis, Samir décide aussi de faire la révolution à sa manière. Le pneu crevé d’une voiture de police, et le voilà contraint de changer de tête afin d’éviter l’arrestation.

Intermèdes allégoriques

Certes, le scénario de cette bande dessinée a un côté foutraque. Mais, en revenant sur cette insurrection, les auteurs dévoilent un moment fondateur, les graines d’une révolte qui surviendra vingt-sept ans plus tard. Il y a quelque chose d’excitant à voir cette volonté émancipatrice et ce souffle révolutionnaire à hauteur d’enfant.

Et même si la naïveté du personnage amène une touche onirique, les auteurs se confrontent également au réel. La torture systémique, les relations avec l’ancienne colonie et la conscience de classe des prolétaires tunisiens alimentent sans cesse le récit. Le travail graphique est aussi remarquable. Des cases en bichromie viennent s’insérer au milieu d’autres cases en couleur.

Le dessin prend parfois un tour plus pictural dans des intermèdes allégoriques, rappelant la célèbre photo iconique de la guerre civile espagnole de Robert Capa, «Mort dun soldat républicain». Car la bande dessinée est, pour les auteurs, un moyen de rendre visible un pan d’histoire, d’inscrire la lutte politique et sociale dans un contexte plus large, avec une distance qui n’altère ni la cruauté du pouvoir, ni le jusqu’au-boutisme des forces de répression.

 

Voir les commentaires

La patrie des Droits de l'homme face au RN...

2 Juillet 2022, 07:35am

Publié par PCF Villepinte

Apologie(s)

 

Civilisation.

 Quelque chose d’anormal dans un océan de «normalité» aussi écœurant qu’inquiétant. Depuis le second tour des législatives, tellement de digues ont sauté avec l’extrême droite que nous ne savons plus bien si la fameuse «banalisation» s’arrêtera – ou non – aux portes d’une certaine idée de la République, qui n’est pourtant pas négociable.

Après des jours et des jours d’atermoiements et de batailles parlementaires surréalistes, le bloc-noteur a sur le cœur une forme de ressentiment, sinon d’incompréhension. Dieu merci, nous ne sommes pas les seuls à nous interroger avec gravité.

Cette semaine, sous la plume de Françoise Fressoz, le journal le Monde expliquait ainsi clairement: «Le 21 avril 2002, la qualification surprise de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle avait créé l’effroi, suscité de puissantes manifestations et poussé les autres formations politiques à faire front pour défendre la République. Le 19 juin 2022, l’entrée surprise de 89 députés du RN à l’Assemblée nationale n’a pas provoqué le même sursaut.» 

Vingt-deux ans plus tard, en effet, une sorte de désolation mâtinée de résignation semble s’être emparée de la patrie des Droits de l’homme. Impossible de le passer sous silence, d’en rester là passivement. Régis Debray, qui n’a jamais manqué au combat, l’a souvent répété: «La pire faute en politique consiste à laisser en état ce qui doit disparaître alors même qu’on s’attache à détruire ce dont la permanence est la raison d’être et la marque d’une civilisation.»

Institutions.

 Jadis, de la gauche à la droite, l’affaire était entendue: le front républicain reposait sur l’idée indiscutable qu’il convenait de tenir aux marges de la République un parti qui, historiquement, l’a toujours menacée. Nous avons souvent alerté sur le danger majeur de «lhabitus» en tant que genre, même en politique.

Fifille-la-voilà a bien mené sa barque, jusqu’à apparaître «notabilisée». Doù la sidération devant la dernière séquence électorale. Jusqu’à présent, le lepénisme ressemblait à un problème ponctuel surgissant tous les cinq ans, mais que, collectivement, nous mettions plus ou moins sous le tapis – pas le bloc-noteur – tant la menace demeurait diffuse, improbable.

Cette fois, elle est bien là, nichée dans l’épicentre des institutions républicaines. L’habitude vient de se transformer en catastrophe. Le Monde le souligne justement: le RN dispose désormais «de 10 millions d’euros de financement public chaque année», de «la possibilité de recruter en masse des collaborateurs» et de «la certitude de peser dans un jeu parlementaire redevenu très ouvert».

L’incapacité de Mac Macron II à définir un projet qu’il annonçait «progressiste», porteur d’espoir pour nombre de citoyens qui se sentent relégués, a accéléré le processus de crise démocratique, quand il n’a pas lui-même déroulé le tapis rouge en cabossant tous les principes.

Crimes. 

Témoin de cette désagrégation, le discours inaugural de la session parlementaire, qui, par tradition, échoie toujours au doyen des députés. Par le hasard de l’âge et de la dernière élection, l’homme s’appelait José Gonzalez, élu RN de 79 ans. Et là, ce ne fut pas un simple dérapage de service auquel nous assistâmes: nous vîmes les vrais visages de l’extrême droite, ceux qui vont peupler le Parlement durant cinq longues années.

Sans scrupule, le nostalgique de la colonisation profita du Perchoir pour évoquer la mémoire des pieds-noirs à la fin de la guerre d’Algérie, puis, en marge de ce discours scandaleux, il ajouta: «Venez avec moi en Algérie, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous dire “Quand est-ce que vous revenez, vous, les Français?’”»

 Plus grave encore, alors qu’on lui demandait si la France avait commis des «crimes contre l’humanité» en Algérie, le représentant de l’extrême droite répondit: «Non, et certainement pas des crimes de guerre», avant d’affirmer qu’il n’était pas là «pour juger si l’OAS a commis des crimes ou pas».

Vous ne rêvez pas. Cette scène se déroula le jour de l’intronisation de la première femme au Perchoir. Depuis, l’odieux José Gonzalez a bien sûr reçu les félicitations de Jean-Marie Le Pen. Ça s’est passé en France, en 2022, dans le haut lieu de la représentation nationale…

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 1er juillet 2022.]

Publié par Jean-Emmanuel Ducoin

 

Voir les commentaires

Macron a-t-il le monopole de la République ?

1 Juillet 2022, 07:38am

Publié par PCF Villepinte

Voir les commentaires

ISSUE DE SECOURS VILLEPINTE

1 Juillet 2022, 07:29am

Publié par PCF Villepinte

 

Voir les commentaires

Dégel du point d’indice : insuffisant !

1 Juillet 2022, 07:24am

Publié par PCF Villepinte

CGT PUBLIÉ LE 28 JUIN. 2022

Le ministre de la Transformation et de la Fonction publique a annoncé, mardi 29 juin, une augmentation de 3,5 % de la valeur du point d’indice applicable au 1er juillet. Pour la CGT, ce premier pas reste insuffisant au regard des pertes cumulées avec le gel du point depuis plus de vingt ans.

 

Avec une revalorisation de 3,5%, le gouvernement confirme que le seul moyen efficace d’augmenter les salaires de tous les personnels de la Fonction publique, c’est d’augmenter la valeur du point d’indice. Il reconnaît ainsi l’erreur profonde qu’a constitué le maintien du gel depuis le début de la présidence Macron. 

Il s’agit d’une véritable défaite idéologique, qui marque l’échec des politiques salariales fondées sur l’individualisation et la multiplication des mesures parcellaires.

Cette première brèche est à mettre au crédit des luttes menées par les personnels fonctionnaires et non-titulaires avec leurs organisations syndicales, dont la CGT qui a toujours porté la valeur du point comme une bataille centrale. 

Si les augmentations de plusieurs dizaines d’euros visibles sur les fiches de paye seront évidemment bienvenues, elles ne compensent pas les pertes cumulées par plus de vingt de gel du point d’indice. 

En effet, cette hausse est nettement insuffisante et ne permet pas une revalorisation à hauteur des qualifications ni de l’inflation. Le dégel du point d'indice permet tout juste de rattraper les minima des grilles salariales de la fonction publique au dessus du SMIC après les hausses automatiques en raison de l'inflation. Cette mesure appelle donc une revalorisation plus forte.

Certes, des mesures complémentaires ont été annoncées : reconduction de la GIPA en 2022, extension du forfait mobilité durable, augmentation de 7 % de la prestation restauration à l'État, revalorisation des premiers échelons de la catégorie B.

Le ministre s’engage également à ce que le projet de loi “pouvoir d'achat” permette d'honorer les engagements précédemment pris concernant l'extension du Complément de traitement indiciaire aux oublié·es du Ségur.

Fruits de la lutte des personnels et de la bataille syndicale, ces mesures ne suffisent bien sûr pas à rééquilibrer la situation salariale.

La CGT considère ces annonces comme un encouragement à poursuivre l’effort revendicatif, en vue notamment de la tenue de prochaines réunions salariales sur lesquelles le ministre s'est engagé.

La CGT maintient la revendication d’une première augmentation d'au moins 10 % de la valeur du point, avec effet rétroactif au 1er janvier et indexation sur l'inflation.

Aussi, la CGT des services publics a annoncé qu’elle poursuit la bataille salariale pour tous les agents fonctionnaires et non titulaires, mais aussi pour l'égalité professionnelle, pour un travail dignement reconnu et rémunéré dans la Fonction publique.

Dans un communiqué, la CGT appelle les personnels à débattre des premières mesures obtenues et de celles à conquérir. La CGT continuera d’œuvrer, dans l’unité syndicale la plus large possible, à construire le rapport de force pour gagner sur les revendications.

 


 

S'abonner à la newsletter

 

Voir les commentaires