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Une présidence hongroise de l’Union européenne doublement révélatrice
Publié le 10 juillet 2024
Du 1er juillet au 31 décembre 2024, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne sera assurée par la Hongrie. Son président, issu de la formation d’extrême droite Fidez, Victor Orban, dirigera la réunion des ministres de chacun des Etats membres de l’Union réunis dans des formations thématiques.
Dans le processus décisionnel cette fonction est importante. Le Conseil de l’Union européenne est, aux côtés du Parlement européen, le second législateur dans l’Union. La présidence du Conseil doit alors être comprise comme une présidence de Commission parlementaire permettant d’orienter les débats.
Mais plus qu’autre chose, une présidence du Conseil est l’occasion pour un Etat d’imprimer une marque, une ambition. En 2008, le Président Sarkozy avait voulu faire de la présidence française, celle de la mise en œuvre du Traité de Lisbonne. En 2022, Emmanuel Macron avait inscrit son mandat tournant dans la perspective d’un tournant géopolitique de l’Union.
Victor Orban ne cache pas, lui, sa volonté d’imprimer sa marque sur l’orientation politique de l’Union. C’est ainsi que le plagiat du slogan choisit, « Make Europe great again », constitue un clin d’œil direct à Donald Trump et au travers de lui à l’ensemble des extrêmes droites européennes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si un nouveau groupe d’extrême droite, « l’Europe des patriotes », comptant dans ses rangs le Rassemblement National, se constitue à l’initiative du gouvernement hongrois, concomitamment au début de sa présidence.
Mais au-delà de la symbolique, la présidence hongroise apparaît comme un double révélateur.
Elle rappelle d’abord que dans l’Union la puissance des Etats compte. La Présidence hongroise n’attire en effet que peu d’intérêt. Au-delà du voyage effectué par Victor Orban, au nom de la Hongrie et non de l’Union, à Moscou, la couverture médiatique reste faible, de même que l’agitation politique à Bruxelles. Cette tiédeur contraste fortement avec les récentes présidences française ou allemande. Pourquoi ? Car dans l’Union, les Etats puissants demeurent les plus influents.
Surtout, le programme révélé par la présidence hongroise vient rappeler qu’être « anti-système », comme aiment se décrire les forces d’extrême droite, ne signifie en rien affronter les logiques du capital, bien au contraire. La feuille de route du gouvernement hongrois pour sa présidence, regorgent d’exemples démontrant combien il agit au service des logiques fondamentales de l’Union et du capitalisme libéral.
Tout en reconnaissant l’importance du nucléaire la présidence hongroise s’engage à perpétuer le marché unique de l’énergie. Sur les retraites, elle vise à « permettre aux travailleurs les plus âgés d’accompagner leur pension d’un emploi salarié ». Sur l’internaitonal et la défense ? Il s’agit de reconnaitre « l’importance décisive et stratégique des relations transatlantiques avec l’OTAN » et de développer la militarisation du continent. Le droit des femmes ? Orban répond fertilité et natalité. L’élargissement aux Balkans ? La Hongrie propose de le continuer. La liste pourrait s’allonger.
Une chose est sûre, la gauche et le mouvement populaire sont forces de transformation sociale. Les « anti-systèmes », eux, s’en révèlent toujours les meilleurs ennemis.
Article publié dans CommunisteS, n°1004, 10 juillet 2024.
À une semaine des européennes, la tête de liste du PCF, Léon Deffontaines, revient sur les enjeux de la campagne, la situation à gauche, l’urgence climatique et le combat à mener contre l’extrême droite.
Le candidat des communistes pour le 9 juin, Léon Deffontaines, a réalisé une percée médiatique en mettant le RN face à la réalité de ses votes contre l’intérêt général. Il entend déjouer les pronostics le jour du scrutin et appelle la gauche à se rassembler sur la question sociale, en plus de défendre une « écologie populaire et rationnelle ».
Quel est votre principal adversaire pour ces européennes ?
C’est Jordan Bardella. Nous avons tous les deux 28 ans, et le duel pourrait s’installer dans la durée. Je veux montrer ses contradictions. Chaque fois qu’il peut défendre les travailleurs français, le RN vote contre leurs intérêts.
L’extrême droite a refusé l’indexation des salaires sur l’inflation, le rétablissement de l’ISF, et ce parti qui se dit défenseur de la ruralité s’oppose aux lois contre les déserts médicaux. Déconstruire le mythe du RN, défenseur des travailleurs français, est l’un des enjeux de cette campagne.
« À gauche, nous devons refaire de la question sociale notre priorité. »
Que répondez-vous à ceux disent qu’on n’a jamais essayé le RN ?
Que l’on est en réalité en train de l’essayer sur le plan économique et social. À l’Assemblée, la coalition gouvernementale et le RN votent systématiquement contre toute avancée pour les travailleurs. Leur projet est identique en la matière. Et le RN au Parlement européen vote majoritairement pour les traités de libre-échange.
Il faut bien sûr attaquer ce parti sur le caractère xénophobe, fasciste même, de son programme. Mais on s’évertue à le faire depuis quarante ans, et ce n’est pas suffisant. Le RN se dédiabolise sur la question sociale, et c’est sur cette supercherie qu’il faut l’attaquer.
Comment expliquer son niveau dans les sondages ?
L’extrême droite est épargnée. Le débat sur LCI (le 21 mai – NDLR) a été symptomatique. Les autres candidats avaient l’air tétanisés par Bardella. Personne n’osait l’attaquer. Il ne faut pas le laisser dérouler ses mensonges. Allons à l’affrontement ! D’autre part, nous n’avons pas été à la hauteur à gauche. Nous nous écharpons sur des questions de société et des sujets internationaux qui devraient nous rassembler. Nous devons refaire de la question sociale notre priorité.
Bardella n’avait rien d’autre à vous répondre que « vous êtes communiste », lorsque vous l’avez attaqué dans ce débat. Est-ce un problème d’être communiste ?
Quand on l’attrape sur le fond, Bardella est incapable de répondre. Il me renvoie donc à mon communisme comme s’il s’agissait d’une insulte. C’est révélateur de son absence de projet social. Mais si on veut nous renvoyer au passé, je suis fier d’être membre du parti de Missak Manouchian, panthéonisé cette année. L’histoire de mon parti, c’est la Résistance, le CNR, la Sécurité sociale.
L’héritage du RN, cofondé par un Waffen-SS, c’est la collaboration et Vichy. Le communisme aujourd’hui est synonyme d’espoir, de rupture avec une société capitaliste incapable de répondre à l’impératif environnemental et à nos aspirations à vivre mieux. Il s’agit d’aider chaque individu à s’épanouir pleinement, quelle que soit son origine sociale ou géographique. C’est le projet que je porte.
« Lorsque la gauche est capable de rassembler sur la question sociale, elle peut battre les lepénistes. »
Vous étiez en meeting à Avion (Pas-de-Calais), il y a une semaine, seule circonscription perdue par le RN aux législatives 2022, au profit du PCF…
Nous sommes la seule force politique qui a fait reculer l’extrême droite. Dans le Pas-de-Calais, nous avons aussi fait perdre trois cantons au RN. Lorsque la gauche est capable de rassembler sur la question sociale, elle peut battre les lepénistes. C’est mon ambition pour les européennes et au-delà.
Qu’avez-vous appris dans cette campagne au cours de laquelle vous avez sillonné toute la France ?
J’en retiens la beauté des paysages et la richesse de la population. Une campagne, c’est l’occasion de parler, de reconstruire du lien social. Depuis quinze ans, la gauche est captive de deux offres politiques : l’une outrancière et polémiste, l’autre libérale. C’est ce qui l’empêche d’aller à la reconquête de l’électorat populaire et de progresser.
On nous renvoie toujours à François Hollande et à Jean-Luc Mélenchon, sur les marchés. Ce sont les deux cailloux dans nos chaussures. Nous devons écrire une nouvelle page. C’est avec une gauche du travail rassemblée que l’on retrouvera un électorat populaire et que nous redeviendrons majoritaires dans le pays.
Vous avez 23 syndicalistes sur votre liste, un record. En quoi est-ce une force ?
C’est une chose de défendre le monde du travail. C’en est une autre de faire élire au Parlement celles et ceux qui en sont les premiers représentants. Sigrid Gérardin et Fabien Gâche, en 2e et 7e position sur ma liste, incarnent au quotidien ceux qui luttent contre les effets dévastateurs des politiques européennes libérales. Les élire, c’est les faire entrer dans l’institution probablement la plus antisociale de notre système politique. Ils peuvent y être le fer de lance de la lutte contre la destruction des droits sociaux.
Dans vos meetings, on vous entend dire : « Cette Europe, qu’elle crève ! » N’est-ce pas contradictoire ?
Les institutions européennes se sont construites avec le dogme néolibéral. Elles sont une machine à broyer l’avenir des jeunes, à détruire l’emploi. Si nous y envoyons des députés européens, ils seront un appui pour résister à la marche forcée du néolibéralisme. Je ne crois pas que l’UE sera, demain, un levier pour l’émancipation des peuples, parce qu’elle sera dominée par la droite et l’extrême droite. Mais, y envoyer des représentants du peuple sera un moyen de mener la résistance dans les travées du Parlement.
Vous êtes donné entre 2 et 3 % des intentions de vote dans les sondages. Que comptez-vous faire pour y remédier dans la dernière ligne droite ?
Il fallait que nous tracions notre sillon dans cette campagne, peu importent les sondages. Lors de la campagne de 2019, ils se sont lamentablement plantés. J’ai donc peu confiance dans ces enquêtes. Les Français font leur choix au dernier moment, et c’est encore plus vrai dans une européenne. Le niveau de participation peut tout changer.
70 % des 18 à 29 ans prévoient de ne pas aller voter le 9 juin. Que leur dites-vous ?
J’observe le décalage entre ce que nous vivons, nous, les jeunes, et les discours sur l’Europe. L’exemple le plus édifiant, c’est Erasmus, que l’on nous vante comme merveilleux. Mais seulement 5 % d’une classe d’âge participent à ce programme. C’est quoi, l’Europe, pour les 95 % restants ? C’est l’impasse écologique à laquelle l’UE est incapable de répondre en nous enfermant dans les énergies fossiles.
C’est la baisse du pouvoir d’achat, avec des jeunes particulièrement touchés, qui se tournent vers l’aide alimentaire. Que fait l’UE ? Les contrats précaires, la mise en concurrence des travailleurs, la difficulté à faire des études… Culpabiliser les jeunes pour les envoyer voter revient à les mépriser. Ce ne sont pas les jeunes qui se désintéressent de l’Europe, mais l’UE et les candidats qui se détournent d’eux. Moi, je veux parler de leur réalité, de leur quotidien.
L’écologie est la grande absente de cette campagne. Que défendez-vous ?
Je souhaite faire de ce combat une priorité, pour une écologie populaire et rationnelle. Il faut traiter le problème du réchauffement climatique sans dogmatisme. Si on veut atteindre la neutralité carbone en 2050, donc diminuer les émissions de gaz à effet de serre, il faut prioriser le fret ferroviaire et les transports en commun. Il faut aussi développer le mix énergétique entre nucléaire et renouvelable. C’est la seule façon de produire suffisamment d’électricité pour mener la transition écologique et industrielle. C’est ce discours raisonné, raisonnable, qu’il faut tenir.
« Notre projet politique repose autour des trois P : protection, production, planification. »
Pourquoi défendez-vous l’organisation de référendums avant toute nouvelle adhésion à l’UE ?
L’élargissement sans condition, ni harmonisation fiscale et sociale s’est traduit par un accroissement de la mise en concurrence des travailleurs au sein de l’UE. De nombreuses usines ont été délocalisées à l’est parce que la main-d’œuvre y est moins chère. Les Français doivent être consultés parce que les conséquences sont très concrètes sur leur vie.
Élargir l’UE à des pays où le salaire minimum est inférieur à 200 euros par mois entraînera encore plus de délocalisations et un nivellement par le bas des salaires et des conditions de travail. L’agriculture subirait la même concurrence déloyale. Il ne s’agit pas de refuser la solidarité, il s’agit même d’aider ces pays à se développer. Mais un élargissement dans l’état actuel, c’est non.
Les délocalisations se font à l’intérieur de l’UE, mais aussi vers des pays du monde entier…
Parce que l’Europe est incapable de se défendre. Il faut remettre en place des mesures protectionnistes. Notre projet politique repose autour des trois P : protection, production, planification. Il faut en finir avec les traités de libre-échange qui saturent le marché européen de produits fabriqués dans des conditions sociales et environnementales non conformes à nos réglementations. Nous devons contrôler nos ports et docks, instaurer des taxes douanières plus conséquentes et permettre à nos marchés publics de privilégier nos usines françaises.
Nous voulons créer des filières industrielles stratégiques pour permettre à la France de retrouver sa souveraineté dans les secteurs où elle l’a perdue. Enfin, si l’on veut réindustrialiser et répondre aux impératifs environnementaux, il faut créer de nouveaux droits pour les travailleurs. Ils sont bien souvent la clé pour la reconversion de leur entreprise. Leurs choix stratégiques sont toujours plus intéressants et plus vertueux que ceux des actionnaires.
Vous défendez un espace européen de coopération. Êtes-vous pour une UE qui accueille ou qui refoule ?
On peut à la fois plus accueillir et mieux accueillir. La politique migratoire de la France et de l’UE ne peut se contenter de délivrer ou non des titres de séjour. Elle doit permettre à chacun d’être intégré pleinement dans la société. Ceux qui travaillent et tiennent nos services publics à bout de bras doivent bénéficier des mêmes droits que les autres, ce qui passe par la régularisation des travailleurs sans papiers.
J’insiste également sur la coopération. Les gens n’émigrent pas de gaîté de cœur, mais pour fuir le sous-développement. Nous devons changer notre rapport avec l’espace méditerranéen et l’Afrique subsaharienne, et multiplier les aides au développement. On ne peut pas reprocher aux gens de fuir la guerre, la misère ou la galère, quand le taux d’électrification du Niger, par exemple, avoisine les 17 %… Nos relations actuelles sont très ascendantes, avec la France qui dicte et qui pille les richesses.
Dans une situation politique d'une extrême gravité, au regard des crises, du poids grandissant de l'extrême droite et de la faiblesse de la gauche, Léon Deffontaines vient de montrer une nouvelle fois l'importance de notre liste.
Sans notre liste, sans notre tête de liste sur le plateau hier, qui aurait parlé de la hausse des factures, du besoin d'augmenter les salaires, de développer l'emploi et les services publics en commençant par soutenir leurs agents ? Qui aurait porté la voix de la paix en Israël-Palestine sans complaisance avec les projets intégristes ? Qui aurait fait la démonstration de l'imposture sociale du Rassemblement national ?
Notre liste est unique à gauche. C'est la liste de la paye et de la paix. La liste de gauche unie pour répondre aux intérêts du monde du travail. La liste de gauche qui veut reprendre du terrain à l'extrême droite en montrant qu'eux ne défendent en rien les travailleurs et les travailleuses du pays. La liste de gauche qui ne se noie pas dans les eaux glacées du calcul identitaire ou dans les vieilles lunes fédéralistes qui ont toujours servi le capital.
Maintenant tout reste à faire dans les 18 jours qui nous séparent du scrutin le 9 juin prochain.
Notre tête de liste va prendre pleinement sa part du combat, mais seule la mise en mouvement du plus grand nombre possible de communistes peut nous permettre d'atteindre nos objectifs. À nous de prendre notre part partout en France dans les quartiers et les entreprises. Chacune, chacun de nos 81 candidats est un atout pour être visible et nous faire entendre dans les derniers jours. Chaque responsable national ou local du Parti peut impulser une initiative de proximité.
Et surtout, chaque adhérent et adhérente peut contacter ses proches, ses amis, ses collègues de travail pour les appeler à voter pour notre liste. Notre nombre, notre présence partout dans le pays, nos actions individuelles et collectives seront décisives pour le résultat final.
Portons les principaux axes de notre liste, valorisons nos candidats engagés dans des combats syndicaux et la diversité politique de notre rassemblement, rappelons qu'il n'y a qu'un seul tour et que 5 % pour notre liste c'est 5 députés en plus pour la gauche et 5 députés de moins pour la droite et l'extrême droite.
Jetons toutes nos forces dans la bataille, car c'est maintenant que nos concitoyens vont s'intéresser à l'élection, c'est maintenant que tout se joue !
Igor Zamichiei
Article publié dans CommunisteS, numéro 997 du 22 mai 2024.
Dans tous les pays de l’Union européenne, l’extrême droite progresse, emporte des élections, participe à des gouvernements, ou influe sur la vie et le débat politique dans de nombreux. Le risque est donc bien réel à l’échelle de l’Europe, et dans de nombreux pays dans le monde, de voir l’extrême droite conquérir le pouvoir.
C’est la raison pour laquelle le PCF a mis sur pied un groupe de travail d’analyse et de riposte, tant sur le fond, combattre les idées d’extrême droite, que sur les enjeux électoraux et politiques.
Cette montée de l’extrême droite, et les sondages concernant les européennes de juin prochain confirment cela, est d’abord à mettre en relation avec la crise sociale et économique dans laquelle les politiques libérales nous enfoncent.
La stratégie de l’extrême droite, en France mais partout en Europe, et y compris en Amérique du sud, repose sur deux piliers fondamentaux. D’une part, l’exploitation des crises économiques, sociales, sanitaire, et même climatique, en dévoyant la colère, la peur et les frustrations en direction de boucs émissaires. D’autre part, la construction d’un récit nationaliste et identitaire résumé par le concept de « préférence nationale » qui repose sur une conception ethnique de la nation.
Le rassemblement national travaille un tryptique : fermeté, justice, protection avec un État fort, autoritaire, censé protéger face aux désordres du monde.
Avec sur la forme une entreprise de banalisation de ses idées, et de quête de respectabilité qui porte ses fruits. Face à cela, il s’agit d’engager une riposte sur tous ces aspects et en évitant deux écueils.
- Le combat contre le RN ne se limite pas à la critique des idées du RN, au risque de rester sur une posture défensive. Mais c'est aussi notre propre action pour occuper, réoccuper, sur nos bases communistes, en termes d’idées, d'actions, de propositions, des terrains sur lesquels le RN est perçu comme seul à apporter des réponses.
- Il faut sortir de ce combat uniquement centré sur le terrain des valeurs et replacer la lutte contre l’extrême droite au cœur des enjeux de classes.
Il ne s’agit pas de ne plus dénoncer l’extrême droite de ces points de vue-là, mais de mesurer que ce n’est pas le seul ressort du vote RN et de noter que cette stratégie est un échec au regard de l’évolution du vote RN depuis 20 ans.
Le moteur principal du vote RN est le sentiment de déclassement avec le besoin d’être « protégé », et celui d’abandon avec le besoin de « se faire entendre », avec la désignation de l’immigration comme porteuse de menaces et de dangers. Nous avons toujours été du côté des salariés, du monde du travail, à nous d’incarner et de porter des solutions pour sortir de la crise.
Il s’agit d’abord de dénoncer l’imposture sociale que représente le Rassemblement national. De faire la lumière sur ses votes, à l’Assemblée et au Parlement, et de dénoncer le caractère néolibéral de son programme qui jamais ne pointe la responsabilité du capital dans l’aggravation des crises que nous connaissons.
C’est ce que nous faisons et que nous allons poursuivre dans les semaines qui viennent en direction de celles et ceux qui aspirent au progrès social et démocratique, qui sont en colère face aux politiques libérales menées en France et en Europe.
Il s’agit ensuite de développer des propositions qui unissent la classe travailleuse, sur les questions sociales, le développement des services publics, les réponses à la crise climatique, notamment à l’appui des luttes du mouvement social et de la jeunesse.
Enfin, la réussite du RN interroge notre capacité à mener ce qu’on appelait avant un « travail de masse », incluant l’implantation, le nombre, l’organisation et la structuration de l’activité communiste. En un mot, un parti en capacité de mener la bataille idéologique et politique.
La lutte contre l’extrême droite peut et doit être un motif d’adhésion et de renforcement de notre parti.
L’abstention, premier parti des jeunes aux européennes ? À moins de deux mois du scrutin, la probabilité de se rendre aux urnes plafonne à 30 % chez les 18-24 ans, selon une note de la Fondation Jean-Jaurès. Ils étaient déjà 62 % à s’abstenir en 2019, contre 50 % des Français en moyenne.
Mais pourquoi les jeunes boudent-ils autant ce scrutin ? S’agit-il d’une hostilité envers l’Union européenne (UE) ? Non : selon l’étude, seulement 2 % des jeunes souhaitent un Frexit, contre 12 % pour l’ensemble des Français. S’agit-il alors d’un manque d’adhésion autour du projet européen ? Non plus : 81 % des moins de 25 ans s’y disent favorables, ce qui en fait la tranche d’âge la plus enthousiaste sur le sujet. Et pourtant, 74 % des moins de 35 ans pensent ne pas aller voter le 9 juin, d’après une enquête Ipsos.
Des jeunes engagés, mais pas dans les urnes
« Les jeunes considèrent de moins en moins l’élection comme un moyen de répondre à l’enjeu climatique, à la précarité et l’insécurité », explique Brice Teinturier, directeur délégué général de l’institut Ipsos. « Les jeunes ne se désintéressent pas de la chose publique : si leur implication ne prend pas la même forme que celle de leurs aînés, elle existe bel et bien, de façon plus ponctuelle et autour de causes spécifiques », ajoute Christelle Craplet, autrice de la note.
De fait, 55 % des jeunes se disent « engagés » selon BVA et prêts à se mobiliser pour différentes causes. Mais ils sont 42 % à penser que les élections européennes n’auront aucun impact sur leur quotidien, 29 % à déclarer ne pas comprendre le fonctionnement des institutions européennes, et 49 % à estimer que les listes ne reflètent pas leurs opinions.
La gauche redouble d’imagination pour tenter d’enrayer ce phénomène. Et ce d’autant plus que les 18-24 ans, soit ceux qui s’abstiennent le plus, sont aussi ceux qui votent le plus à gauche. Dans cette catégorie d’âge, 52 % prévoient de voter pour cette famille politique (18 % pour Les Écologistes, 17 % pour la FI, 9 % pour le PS, 6 % pour le PCF, 1 % pour LO et 1 % pour le PRG). Soit des taux largement plus élevés que ceux pour l’ensemble des Français, selon les sondages.
« Depuis plusieurs mois, on se mobilise auprès des jeunes en organisant des diffusions de tracts, des moments conviviaux devant des campus, des IUT, des Crous à travers des apéros-débats, des goûters, notamment dans les villes moyennes et les campagnes, des espaces trop souvent délaissés par la gauche », souligne Assan Lakehoul.
Le secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF), investi dans la campagne du candidat PCF Léon Deffontaines, mesure néanmoins qu’il est « difficile de raccrocher les jeunes à ces élections, parce qu’ils considèrent l’UE comme une institution lointaine, alors qu’ils sont les premières victimes des politiques libérales. Notre force, ce sont nos militants de terrain, qui rappellent que ce scrutin concerne tout le monde ».
Elle aussi consciente qu’il s’agit d’un sujet démocratique et électoral, la France insoumise a organisé une campagne contre la « mal inscription », qui concerne 39 % des 18-25 ans. Les écologistes préparent de leur côté une campagne de lutte contre l’abstention, attendue pour fin avril. « Le vote des jeunes représente un enjeu clé du scrutin, à nous de les convaincre d’aller voter le 9 juin », insiste Annah Bikouloulou.
La secrétaire nationale des Jeunes écologistes entend « faire de la pédagogie autour l’UE » et « dire aux jeunes que leur destin se joue à l’échelle européenne, que nous pouvons changer les choses et enfin agir en faveur de la préservation de l’environnement. Les jeunes sont très attachés à cette thématique, donc nous essayons de les mobiliser autour de l’enjeu climat ».
Les propositions de la gauche mal identifiées par les jeunes
Lutte pour la sauvegarde de la planète, fin des accords de libre-échange, inscription de l’IVG dans la charte européenne des droits fondamentaux… Les candidats de gauche multiplient les propositions à destination des jeunes. Mais la plupart des candidats sont peu ou mal identifiés par cet électorat. À l’exception de Jordan Bardella, en tête des intentions de vote parmi les 18-24 ans (31 %), et dont la moitié des jeunes savent qu’il représente la liste du RN, selon la note de la Fondation Jean-Jaurès.
Le président du parti d’extrême droite, très actif sur les réseaux sociaux, est suivi par 1 million d’utilisateurs rien que sur l’application TikTok, loin devant ses concurrents. Si le total des voix de gauche chez les 18-24 ans atteint 52 %, les différentes têtes de liste, telles Marie Toussaint (EELV), Manon Aubry (FI) et Léon Deffontaines (PCF), sont pour le moment peu identifiés des jeunes, estime la Fondation Jean-Jaurès. « Nous avons encore beaucoup à faire », mesure Annah Bikouloulou.
À gauche, seul Raphaël Glucksmann jouit d’une forte popularité sur Instagram, avec un total de 782 000 abonnés. « C’est devenu un atout incontournable dans cette campagne pour s’adresser à un public qu’on aurait du mal à toucher autrement », précise Emma Rafowicz, présidente des Jeunes socialistes et candidate sur la liste PS-Place publique.
« Instagram ou Twitch nous sert à diffuser nos propositions, organiser des discussions en direct, mener la bataille d’idées, mais on tient aussi à être présents sur les marchés, les universités, etc. La stratégie numérique est complémentaire de celle menée sur le terrain », développe la responsable politique.
Mais alors que Raphaël Glucksmann est en tête des sondages à gauche chez l’ensemble des Français, il n’est crédité que de 9 % des intentions de vote chez les 18-24 ans, derrière Marie Toussaint (18 %) et Manon Aubry (17 %) et devant Léon Deffontaines (6 %). Preuve que la présence et l’audience sur réseaux sociaux ne font pas tout.
Sur cette tranche d’âge, la Macronie s’effondre complètement puisque Valérie Hayer (Renaissance) est donnée à 4 %. François-Xavier Bellamy (LR) est, lui, à 6 %, et Marion Maréchal (Reconquête) à 3 %. Chez les jeunes, la gauche domine donc, et l’extrême droite progresse. Mais c’est surtout l’abstention qui semble partie pour arriver en tête.
La campagne des européennes 2024 prend la suite de celle de 2019 et de celle de Fabien Roussel en 2022 en proposant une forme de rassemblement identifiant le PCF.
Elle peut contribuer à l’affirmation du rôle central du monde du travail dans le processus de rassemblement (pour une majorité populaire agissante) en s’appuyant sur les expérimentations menées en direction des entreprises en termes de structuration militante et d’initiatives politiques publiques.
En réalité, la conquête de nouveaux pouvoirs à l’entreprise, la puissance des mobilisations sociales, l’organisation d’un rapport de force politique et social permettant un monde du travail agissant conditionnent les résultats électoraux.
Rien d’automatique ou de mécanique : ce qui compte pour les communistes, c’est la recherche permanente de l’articulation entre discours et expérience, théorie et pratique.
Renforcer l’intervention du Parti dans les entreprises et les lieux de travail reste un déterminant majeur pour le redéploiement des idées communistes, et dans l’immédiat pour la réussite de la campagne elle-même.
C’est un identifiant pour nous différencier des autres listes, un identifiant de notre liste elle-même, un identifiant de notre intention politique, un identifiant marquant de l’actualité politique.
Les luttes pour les augmentations de salaires comme le grand mouvement contre la réforme des retraites ont permis de remettre la question sociale au premier plan. L’augmentation de la pauvreté (et du nombre de travailleurs pauvres), les hausses de prix, les dégâts de la désindustrialisation, le retour de l’austérité budgétaire à la faveur des critères européens constituent autant de réalités dont l’impact est perceptible dans la vie quotidienne.
Nous y opposons la constance des communistes dans l’affrontement avec une construction européenne contraire aux intérêts des travailleurs et des familles populaires, favorisant toujours un peu plus le capital contre le travail.
Dès lors, la force de la liste conduite avec brio par Léon Deffontaines réside dans une offre de rassemblement avec des candidatures de qualité enracinées dans le monde du travail et dans un projet construit à partir des revendications sociales.
Pour réussir dans une campagne difficile où l’abstention a toujours pesé lourd, nous avons besoin d’une campagne dans la plus grande proximité, d’une campagne précise faite de contacts et d’appels à voter. L’action à l’entreprise y est propice, avec des tracts et appels à voter s’adressant directement aux travailleurs selon leurs secteurs d’activité, devant leurs lieux de travail ou leurs restaurants d’entreprises.
Avec une grande soirée de mobilisation du monde du travail au siège national le 30 avril, avec un journal Agir Spécial européennes disponible dès le 1er Mai, avec un travail précis d’appels à voter convergeant vers un appel massif du monde du travail à publier en fin de campagne, la commission Entreprises propose un dispositif de campagne se voulant offensif et cohérent.
Si nous en faisons l’affaire du plus grand nombre de communistes, alors nous pourrons affirmer qu’avec Léon Deffontaines, ce sont les travailleurs et les familles populaires qui reprennent la main… Et qui pourront compter demain sur des député·e·s européen·ne·s défendant leurs intérêts face aux vents mauvais austéritaires comme autoritaires qui soufflent sur l’Europe.
Aymeric Seassau
membre du CEN
Article publié dans CommunisteS, n°992, 17 avril 2024.
Tout en se prétendant antisystème, les partis nationalistes poussent encore plus loin la soumission au modèle libéral. Comme le montrent les programmes du Rassemblement national, de l’Alternative pour l’Allemagne et des Frères d’Italie pour les élections du 6 au 9 juin.
Coutumier des coups d’éclat, mais pleinement intégré au système européen, le premier ministre hongrois Viktor Orban appelait, en mars, à « occuper » la capitale de l’Union.
Dernier exemple, cette semaine, avec la tragi-comédie autour de la National Conservatism Conference, d’abord interdite avant d’être autorisée par la justice, et à laquelle participait Éric Zemmour, le Britannique Nigel Farage et l’ancien premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Tous disent vouloir « changer » l’Union européenne. Ils en acceptent pourtant pleinement les règles, comme en attestent leurs votes au Parlement et les politiques menées lorsqu’ils sont au pouvoir.
Biberonnés au national-libéralisme, à la défense des intérêts du capital et à l’austérité, ils partagent quelques différences qui s’expriment dans la présence de deux groupes à Strasbourg : Identité et Démocratie (ID) – dont font partie le Rassemblement national et l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) – et les Conservateurs et Réformistes européens (ECR) – qui accueillent les Frères d’Italie de Giorgia Meloni.
Le RN ou la préférence patronale
Le mot « pouvoir d’achat » plein la bouche, le Rassemblement national a tout fait lors des campagnes électorales de 2022 pour marquer son opposition à Emmanuel Macron et se placer – malgré un programme quasi inexistant en la matière hormis quelques baisses de taxes – en défenseur des classes moyennes et populaires.
Le thème est beaucoup moins présent à quelques semaines des européennes. Comme un aveu ? Au Parlement européen, pour agir sur le « pouvoir d’achat », encore faudrait-il s’attaquer aux causes de l’inflation et des inégalités. Avec en premier lieu les bénéfices exceptionnels réalisés par les profiteurs de guerre dans les mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.
En septembre de la même année, l’Union européenne s’est concentrée sur ceux réalisés par les énergéticiens, les élus du Rassemblement national s’y sont opposés. « Nous, nous souhaitons que l’ensemble des grands groupes soient concernés », ose Jordan Bardella. Un discours de posture qui ne correspond pas à la réalité des votes.
Lorsque, le 5 octobre 2022, un amendement est déposé pour élargir la taxe sur les superprofits, « considérant que les bénéfices exceptionnels ne se limitent pas au secteur de l’énergie », les 17 parlementaires RN qui ont pris part au scrutin, dont Jordan Bardella, votent contre.
Adoptant l’élément de langage du « matraquage fiscal », l’extrême droite joue sur la confusion entre l’imposition des classes moyennes et populaires, qu’elle tente d’instrumentaliser, et celle des multinationales ou des ultrariches. Dans son discours, tout est mis dans le même sac pour mieux défendre les intérêts du capital. Comme pour les superprofits, le RN a ainsi voté contre des amendements ou résolutions proposant de taxer les grandes fortunes, les plus-values, de créer un taux d’imposition minimale sur les dividendes…
Adaptant sa ligne en fonction de son auditoire, il arrive tout de même que Jordan Bardella assume une politique fiscale axée sur le soutien aux entreprises. « Il n’y aura pas de montée en gamme de notre économie et il n’y aura pas de rehaussement général des salaires sans une politique ambitieuse de soutien aux entreprises », déclarait-il devant la confédération des PME, le 20 mars. Se veut-il encore plus généreux en cadeaux fiscaux que la Macronie ?
Au niveau européen, cette défense des grandes entreprises est particulièrement visible sur les textes liés au travail. Pêle-mêle, le RN a voté contre le revenu minimum européen, la démocratie en entreprise, le devoir de vigilance, l’exigence d’égalité salariale entre hommes et femmes… Sur la hausse des revenus, « pour nous, c’est très clair : nos entreprises sont les mieux placées pour cerner leurs besoins », a soutenu en plénière l’eurodéputée Dominique Bilde. Contre les travailleurs, le RN opte pour la préférence patronale.
Giorgia Meloni, bonne élève de l’austérité
La présidente du Conseil italien n’a pas tardé à abandonner son eurosceptisme. Giorgia Meloni (Frères d’Italie) est même particulièrement zélée. Elle a vite remisé au placard son tropisme pro-Russes, est régulièrement couverte d’éloges pour son engagement sans faille aux côtés de l’Ukraine et pour avoir claqué la porte des Nouvelles routes de la soie, rejoignant ainsi la compétition stratégique avec la Chine.
Ses postures atlantistes s’inscrivent en réalité dans une longue tradition initiée en 1951 par le Mouvement social italien des partisans de Mussolini qui y voyaient un moyen de lutter contre les communistes. En clair, la dirigeante italienne coche toutes les cases, y compris aux yeux de l’hyperprésidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui multiplie les poses tout sourires à ses côtés et voit en elle l’agent des politiques ordo-libérales décidées à Bruxelles. Engagée dans une campagne pour sa réélection à la présidence de la Commission, la dirigeante allemande cible l’extrême droite, qui devrait renforcer ses positions au Parlement, tout en épargnant Giorgia Meloni.
Depuis son accession au pouvoir en 2022, la cheffe de l’exécutif italien a conjugué la brutalité sociale à l’orthodoxie la plus stricte. Sans se priver d’agir sur les symboles. Le 1er mai 2023, elle annonçait ainsi la loi travail et la suppression du revenu de citoyenneté, plafonné à 780 euros par mois et qui bénéficiait à 1,6 million de foyers. « Nous réformons le revenu de citoyenneté pour faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas », disait-elle pour justifier le coup de boutoir au moment où l’inflation et la précarisation poussaient 3,1 millions de personnes aux portes des soupes populaires.
Sous sa botte, l’Italie n’a pas bouleversé les dogmes de la Banque centrale européenne (BCE). Une politique d’austérité qui s’accompagne de la casse des services publics : elle choisit la voie de la continuité avec son prédécesseur Mario Draghi, également président de la BCE, en envisageant une coupe budgétaire de 7 milliards d’euros pour les ministères et de 4 milliards pour les collectivités locales combinée à un plan de privatisation sur trois ans qui s’élèverait à 20 milliards d’euros pour la période 2024-2026.
Les citoyens ne sont pas oubliés avec le durcissement des conditions de départ à la retraite avant l’âge légal de 67 ans et la division par deux du fonds d’aide aux dépenses énergétiques pour les plus précaires. La cheffe du gouvernement est plus conciliante vis-à-vis des cadeaux fiscaux destinés aux riches comme l’illustre la suppression de la taxe sur les voitures de luxe et les subventions au secteur privé.
De quoi faire de Giorgia Meloni une partenaire respectable malgré son positionnement à l’extrême droite. Le temps où elle critiquait le carcan bruxellois paraît loin. Désormais coulée dans le marbre austéritaire et atlantiste, elle peut à l’envi se complaire dans la xénophobie et le complotisme, restreindre le droit à l’avortement, travailler à une Constitution bonapartiste, façonner des médias aux ordres ou redoubler d’initiatives anti-LGBT sans que ses alliés ne s’en émeuvent. Pas tant pour une supposée modération de Giorgia Meloni que par une conversion de la droite traditionnelle aux obsessions nationalistes.
L’AfD, consécration national-libérale du modèle européen
À l’opposé des clichés sur son caractère « antisystème », l’AfD représente elle aussi une consécration du modèle libéral européen. Une étude réalisée fin 2023 par l’institut de conjoncture berlinois DIW, intitulée « Le paradoxe de l’AfD », montre combien les électeurs du parti d’extrême droite seraient les principales victimes d’une application de son programme.
L’AfD qui s’installe dans le paysage politique allemand en seconde position derrière la CDU, avec un peu moins de 20 % des suffrages dans les sondages, recrute une bonne part de son électorat parmi des salariés confrontés à une précarité qui ne cesse de s’étendre ou à la peur du déclassement qu’elle inspire. Or l’application du programme de l’AfD donnerait encore plus de moyens aux détenteurs du capital pour renforcer cette « mal-vie ».
Si l’AfD s’imposait, une « aggravation de la redistribution des richesses dans ce pays du bas vers le haut » est à prévoir, relève l’économiste Marcel Fratzscher, patron du DIW. Le programme de l’AfD se signale par son « extrême néolibéralisme », relève l’un des chercheurs : « Baisse des impôts pour les plus riches et les sociétés, fin de tout droit de succession, renforcement du rôle du marché au détriment de l’État, suppression des protections des locataires, diminution du revenu minimum et des prestations accordées par la protection sociale. »
L’AfD, née en 2013, s’est fondée sur une dissidence au sein de la CDU et, dans une moindre mesure, du parti libéral (FDP). Imprégnés du monétarisme de la très influente école libérale de Friedrich von Hayek, ce dernier dénonce une dérive de l’Europe et de l’euro qui conduirait l’Allemagne à payer pour les irresponsables « cigales du sud de l’Europe ».
Il revendique une sortie de l’euro, dénonce une protection sociale « surdimensionnée » et s’insurge contre le poids des travailleurs migrants, qualifiés de « touristes de l’État providence ». Le tout constituant, explique l’ex-président de la plus grande organisation patronale, le BDI, Hans-Olaf Henkel, rallié au jeune parti, « des entraves insupportables au développement de la compétitivité des firmes allemandes ».
En onze années d’existence, l’AfD va rétablir le nationalisme allemand en mettant davantage l’accent sur son extrémisme, sur le mode libéral ou xénophobe selon les périodes. Sa co-présidente, Alice Weidel, synthétise cette dualité. Ex-adhérente du FDP, ex-représentante de la banque états-unienne Goldman Sachs en Allemagne, elle frise un wokisme bien établi quand, homosexuelle, elle élève avec sa partenaire deux enfants venus du Sri Lanka. La même cependant envoya récemment à Potsdam son bras droit à une réunion secrète des droites et extrêmes droites envisageant l’organisation d’une déportation massive des migrants. Ce qui a suscité la mobilisation de millions d’Allemands.
La force du nationalisme économique réside dans son voisinage avec le « modèle ordo-libéral », devenu référence de l’Allemagne unifiée puis de ses partenaires européens. Ainsi, aujourd’hui, l’AfD affiche-t-elle la plus grande conformité avec les règlements de « la Maison Allemagne » quand elle en appelle au respect du « frein à la dette ».
À l’instar du gouvernement tripartite (SPD/Verts et FDP) du chancelier Scholz qui a décrété, dans le contrat de gouvernement en 2021, sa soumission à cette règle d’or. Seulement, après trois années de suspension pour cause de Covid, la mise en œuvre de cette super norme (- 0,3 % au maximum de déficit public) passe par une super austérité en cette année 2024. Dans l’opposition, l’AfD peut ainsi faire preuve d’« exemplarité », tout en sachant que les coupes programmées vont accentuer le phénomène de précarisation sur lequel elle ne cesse de recruter de nouveaux électeurs. Le « paradoxe » repéré par l’étude du DIW n’a pas fini de s’étendre.
A la veille d’un nouveau sommet européen visant à discuter d’un nouvel élargissement de l’Union Européenne, le club des 27 se trouve à un nouveau carrefour de son histoire.
Le retour d’un conflit armé sur notre continent et l’accroissement des inégalités sociales éloignent les promesses de paix et de prospérité faites lors de la création de l’Union Européenne.
C’est dans ce contexte que le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel a indiqué que « l’Union Européenne devait être prête à intégrer de nouveaux membres d’ici 2030 » préconisant l’intégration de l'Ukraine, la Moldavie, l’Albanie, le Monténégro, la Serbie et la Bosnie-Herzégovine. D’autres pays comme la Géorgie et la Turquie pourraient également être ajoutés à cette liste.
Le prochain Conseil européen pourrait ainsi recommander l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie dès le 14/15 décembre prochain.
Une fois de plus, les peuples européens sont mis au pied du mur de décisions fondamentales dont ils sont dépossédés.
Comme citoyen français, engage de longue date pour faire respecter la souveraineté populaire et candidat aux élections européennes du 9 juin, Je suis pour ma part, catégoriquement opposé à ces élargissements.
L’intégration de nouveaux pays, minés par la corruption et des salaires indignes entraînera nécessairement dans tout l’Europe de nouvelles délocalisations et un nouveau cycle de destructions massives de nos emplois.
Les travailleuses et les travailleurs de notre pays en savent quelque chose, eux à qui la prospérité économique et sociale a été promise à mesure de l’intégration européenne et qui n’ont connu que l’impuissance des pouvoirs publics et les engagements sans lendemain des patrons voyous.
Écoutez la détresse et la colère des salariés de Whirlpool à Amiens, qui ont perdu leurs emplois suite à la délocalisation de leur usine en Pologne. Demandez aux ouvriers de Peugeot et de Citroën pour quelles raisons une partie de leur activité a été envoyée en Slovaquie. Questionnez les dirigeants de Total à propos du transfert des postes d’informaticiens en Roumanie, alors même que cette entreprise a réalisé des bénéfices record.
Il va sans dire que les travailleurs de ces pays ne sont pas les responsables de cette concurrence mortifère. La faute en revient au patronat et aux éminences grises de l’Union européenne qui ont en partage une vision du monde profondément utilitariste, dans laquelle l’homme est un loup pour l’homme, uniquement guidé par ses intérêts économiques. Pour les technocrates bruxellois, qu’importe si le travailleur moldave est payé une misère et si cela a pour conséquence d’envoyer un salarié français au chômage. Seule compte cette maudite course au profit, destructrice des femmes, des hommes et de la nature.
Un nouvel élargissement de l Europe, base sur une conception technocratique et ultraliberale du projet européen, n’est souhaitable ni pour les travailleurs français ni pour les travailleurs extracommunautaires concernés car cette nouvelle mise en concurrence entraînera inévitablement une révision à la baisse de leurs salaires et de leurs droits sociaux.
Mise en œuvre à grande échelle, l’orthodoxie ultralibérale a permis à l’Union européenne de devenir le paradis des vainqueurs de la mondialisation et l’enfer de ceux qui ont comme principale richesse leur force de travail. Depuis Maastricht, parfois seuls contre tous, nous contestons vigoureusement ce projet mortifère.
Fidèles à cet esprit, nous continuerons d’agir pour la sauvegarde de nos emplois, la dignité de nos salaires et la réindustrialisation de la France. Il est certain qu’une partie de la réponse tient dans le non-élargissement de l’Union européenne. Si la gauche entend véritablement défendre les classes populaires de notre pays, alors elle devra, sur ce sujet, comme sur d’autres, faire le choix de la clarté. Pour notre part, nous tiendrons bon.
Au cours des prochaines semaines, nous formulerons des propositions afin que le peuple français reprenne la main et retrouve sa souveraineté perdue. C’est le préalable à la construction d’un projet européen au service des intérêts des peuples de tout le continent.
Nous mettrons en chantier la construction d’une union de peuples et de nations européennes souveraines et associées, fondée sur des coopérations solidaires et sur l’alignement des droits sociaux vers le haut. C’est une Europe du progrès social et de la paix que nous devons bâtir.
Léon Deffontaines, tête de liste au Européennes et
et pétition contre le retour de l'austérité en Europe
Pour les salaires, l'investissement public et l'égalité entre les femmes et les hommes en France et en Europe, la CGT s'inscrit dans la mobilisation appelée par la Confédération Européenne des Syndicats.
La Confédération Européenne des Syndicats (CES) ambitionne de réunir des dizaines de milliers de manifestants de toute l'Europe le 12 décembre à Bruxelles, veille d'une réunion déterminante pour l'avenir de tous les pays membres, dont la France. Pour participer à cette mobilisation, rapprochez-vous de votre Fédération ou Union Départementale CGT.
Les décisions prises au niveau européen ont en effet des répercussions concrètes sur nos conditions de travail, nos salaires, notre protection sociale, notre gouvernance économique. Cette mobilisation permettra de mettre la pression sur les gouvernements afin que la voix des salarié·es soit entendue, même à Bruxelles !
Une autre Europe pour un autre avenir économique, social et démocratique
La CGT milite pour que les politiques européennes répondent d'abord aux aspirations et aux besoins du monde du travail et non à des idéologies libérales qui se sont révélées destructrices sur le plan économiques, social et environnemental. Plutôt que la concurrence généralisée, il s'agit de promouvoir la coopération et la solidarité.
Face au détricotage des services publics et des politiques industrielles et à l'accroissement des inégalités qui nourrissent la montée très inquiétante des forces d'extrême droite en Europe, les syndicats s'organisent avec la CES pour dénoncer les impasses des politiques européennes actuelles et l'imposture des fausses réponses de l'extrême droite partout en Europe.
L'urgence ? L'augmentation des salaires !
Dans toute l'Europe, l'inflation a grignoté nos salaires, sauf là où ils sont indexés sur les prix, comme en Belgique. Dans le même temps, les profits des entreprises continuent de capter encore plus de richesses crées et les gouvernements comme les employeurs refusent d'augmenter les salaires, ce qui accentue d'autant les inégalités entre les femmes et les hommes.
Avec son entêtement aveugle à vouloir limiter les dépenses publiques et se concentrer sur des politiques "de l'offre" qui ne favorisent que les banques et les marchés financiers et les marges des entreprises, l'Union Européenne se prive des moyens d'agir.
Le dérèglement climatique comme les destructions d'emploi ne sont pourtant pas des fatalités, mais bien les résultats de choix politiques. Le 12 décembre, à Bruxelles, les salarié·es peuvent changer la donne.
Ensemble contre l'austérité
Comment contribuer à la mobilisation ?
Nous avons tous besoin d'un accès à des soins de qualité, à l'éducation et à une sécurité qui nous soutienne en cas de besoin. Les négociations en cours à Bruxelles risquent de mettre à mal les éléments qui permettent à nos sociétés de prospérer. Nous ne pouvons pas laisser aboutir la tentative de ramener l'Europe à des règles strictes d'austérité.
Les personnes qui travaillent et leurs proches ont besoin d'investissements publics dans l'éducation, les soins de santé, les salaires et un avenir durable. Aujourd'hui, alors que le continent est confronté à une crise du coût de la vie provoquée par des profits records, les travailleurs refusent d'en payer le prix.
La réponse solidaire de l'Union européenne à la pandémie de Covid-19 a montré ce qu'il était possible de faire. Il était essentiel de libérer des fonds pour préserver l'emploi et les revenus des travailleurs. Nous avons besoin de plus de la même chose, pas d'un retour aux recettes ratées du passé.
Notre société est confrontée à de multiples défis; de plus en plus de gens n'y arrivent plus avec la flambée des prix de l'énergie, l'explosion des prix de l'alimentation mais aussi du logement avec des salaires et des pensions laminés par l'inflation., …..
Et parallèlement nous subissons les effets de la réduction de la dépense publique et un mouvement de financiarisation progressif du champ du social. C’est dire que la question de la défense de nos services publics est plus que jamais d’actualité, au niveau de la France mais aussi dans le cadre européen.
L’objet de la rencontre débat, que nous organisons avec d’autres organisations, est de mieux appréhender le contexte européen mais aussi d’engager une large discussion sur les enjeux qui nous devrons affronter dans les prochaines semaines pour mieux répondre à l’exigence de services publics en France et en Europe.
Cette rencontre se veut aussi être la première étape d’un processus qui se poursuivra dans les prochains mois.
Vous trouverez ci dessous le déroulement de la journée. Nous le compléterons dans une prochaine lettre en faisant état de la participation des nombreux responsables d’organisations, syndicales, associations et partis politiques.
Cette rencontre débat est ouverte à toutes et à tous
Inscription possible en fin de lettre
Déroulement de la journée
9h30-11h30 1ère table ronde : présentation des outils juridiques en œuvre dans la libéralisation des services publics en Europe animée par Claire Bornais avec
Benoît Martin, secrétaire général de l’UD CGT de Paris
Simon Arambourou de Nos services publics
Pablo Sanchez de l’EPSU (branche Services publics de la CES)
11h30-12h30 2ème table ronde- Comment l’Union européenne investit le secteur de la santé, animée par Michèle Leflon avec
Yves Hellendorf du Réseau européen santé
Anissa Amini de Sud Santé sociaux
Anne-Sophie Peltier, députée européenne
14h-16h30 3ème table ronde-:Quelle démarche pour la reconquête des services publics dans 2 secteurs dans l’œil du cyclone du néo-libéralisme animée par Isabelle Mathurin et Jean-Claude Boual
Le rail avec
David Gobé de ETF(Fédération européenne des travailleurs des transports)
Alex Gordon de la RMT (syndicat des cheminots britanniques)
L’énergie avec
Valérie Goncalves de Droit à l’énergie Sos Futur
un.représentant de la CGT Energie
Anne Debregeas de Sud Energie
16h30- 17h30 : Bilan de la journée: Quelles propositions mettre en débat dans la campagne des élections européennes, quels axes de travail à mettre en commun pour amplifier notre campagne pour un Nouvel Élan de nos Services Publics.(NESP)
Expositions et tables de documentation des organisations initiatrices de l'appel pour un Nouvel élan pour nos services publics