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logement

LOGEMENT DES ETUDIANT.E.S

18 Avril 2024, 06:40am

Publié par PCF Villepinte

Construire la réussite des étudiant.e.s, logement par logement

Le logement est un enjeu majeur de notre temps. Partout en France et plus largement en Europe les difficultés à se loger sont colossales.

C’est d’autant plus vrai pour les étudiant.e.s. Ils vivent à la fois l’absence d’autonomie financière et le début de l’indépendance. Cette situation ne leur permet pas de s’émanciper et de se stabiliser dans une perspective de réussite d’étude.

Nous disposons aujourd’hui d’un logement CROUS pour 17 étudiants.

Nous devrions ouvrir 546 000 places en CROUS pour que l’ensemble des boursier.e.s puissent être logés. Ce chiffre est monumental. Il est surtout le résultat d’une politique du pourrissement de la part des gouvernements successifs. Les solutions proposées, à coups de “grand plan de construction”, nous savons d’ores et déjà qu’ils seront insuffisants.

En attendant, ceux qui n’ont pas attendu le déluge pour investir dans le logement étudiant, c’est bien le secteur privé. Ainsi, nous voyons pousser partout des résidences à tarification pseudo-sociale. C’est notre avenir, celui de la société que nous laissons entre les mains de ces promoteurs profiteurs.

Le logement étudiant, ce n’est pas juste la construction, c’est aussi la rénovation. Comment bien étudier dans des logements rongés par la moisissure ou sans chauffage. Il y a encore peu de temps, à la demande d’étudiants d’allumer le chauffage en pleine vague de froid, le CROUS répondait : “vous n’avez qu’à mettre un pull”. Le mépris et l’ignorance ont assez duré.

Il faut passer aux actes et faire entendre nos revendications. Construire, rénover et encadrer. Voilà les mots d’ordre.

L’Union des étudiant.e.s communistes, dans son action, l’a bien compris. C’est pourquoi, durant une semaine, dans toutes les universités sont menées des référendums pour interroger les étudiant.e.s. Car si le gouvernement refuse de les entendre et de les écouter, nous, nous mettons un point d’honneur à le faire !

Léna Raud

secrétaire nationale de l’UEC

 

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Loi SRU :

8 Février 2024, 09:26am

Publié par PCF Villepinte

 Comment le gouvernement veut

torpiller la mixité résidentielle

Après avoir affaibli le secteur des HLM, le gouvernement s’en prend à la loi SRU, qui, depuis 2000, stimule la construction d’habitats sociaux et pousse à leur rénovation sur l’ensemble du territoire. Un cadeau à l’aile dure de la droite, en décalage total avec les besoins de la population.

L’Humanité Camille Bauer

À Bordeaux comme partout en France, la crise du logement prend de l’ampleur, alors que le gouvernement s’active en coulisse pour vider la loi SRU de sa substance.
© Philippe Roy / Aurimages

Après la politique migratoire, le logement. À nouveau, le gouvernement s’apprête à faire un joli cadeau à l’aile dure de la droite. Le 30 janvier, dans son discours de politique générale, le premier ministre a annoncé, sous couvert de simples mesures techniques, l’enterrement de la loi de solidarité et de renouvellement urbain (SRU).

Voté en décembre 2000, ce texte, porté à l’époque par le ministre de l’Équipement, des Transports et du Logement, le communiste Jean-Claude Gayssot, et son secrétaire d’État, le socialiste Louis Besson, est pourtant destiné, par son article 55, à favoriser « la mixité de l’habitat » en répartissant mieux les logements sociaux sur l’ensemble du territoire.

Il impose aux communes de plus de 3 500 habitants de se doter d’une part de 20 % de HLM – transformée en 25 % en 2012, sous l’impulsion de Cécile Duflot – et prévoit des sanctions à l’encontre des contrevenants. « C’est l’acte législatif majeur du début du siècle », résume le sénateur PCF Ian Brossat.

Intégrer les logements locatifs intermédiaires dans le décompte

Le premier volet du démantèlement annoncé de cette loi consiste à « ajouter les logements locatifs intermédiaires (LLI), accessibles à la classe moyenne, dans ce calcul », a indiqué Gabriel Attal. Il s’agit donc d’intégrer ces logements, dont les tarifs sont inférieurs à ceux du privé mais nettement supérieurs à ceux des HLM – le revenu maximum pour y accéder est de 90 000 euros par an pour un couple avec deux enfants dans une grande ville et jusqu’à 97 900 à Paris –, dans le décompte des 25 % de logements sociaux attendus sur une commune.

« Un triple camouflet », à l’égard des représentants de l’État qui se sont évertués à faire appliquer cette loi, des maires qui l’ont mise en œuvre et, enfin, « de tous les Français modestes qui espèrent un jour pouvoir se loger moyennant un loyer compatible avec leurs revenus », a réagi le maire PS de Chambéry (Savoie) et ex-président de la commission nationale SRU, Thierry Repentin.

D’autant que ce choix est en décalage avec les besoins. Dans un pays qui compte 330 000 sans-domicile, 2 000 enfants à la rue et plus de 4 millions de mal-logés, remplacer des logements abordables par une offre destinée aux cadres ou cadres supérieurs ne résoudra pas la crise. Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui regroupe l’ensemble des bailleurs sociaux, l’a souligné : les demandeurs de logements sociaux sont désormais 2,6 millions (+ 7% en un an), mais « seulement 3 % d’entre eux ont des revenus qui les rendent éligibles aux LLI ».

En outre, cette décision risque, contrairement à ce que prétend le gouvernement, de faire encore baisser une production globale de logements déjà en berne. Alors que la loi SRU a dopé la construction de logements sociaux – selon la Fondation Abbé-Pierre (FAP), 50 % l’ont été dans des communes dites « carencées » entre 2017 et 2019 (44 % entre 2020 et 2022) –, la possibilité de décompter les LLI conduira à une réduction des efforts fournis.

Cela « ne va pas augmenter la production de logements intermédiaires, cela va juste, par effet d’aubaine, diminuer celle de logements sociaux, rappelle Ian Brossat. Bon nombre de maires voyous vont voir leur situation » régularisée « par cette réforme ». Une très mauvaise nouvelle, alors que la production de HLM est déjà passée de 123 000 logements en 2016 à 82 000 en 2023.

Exclure les plus pauvres des HLM

Mais l’intégration des LLI n’est pas le seul acte de sabotage de la loi SRU. Le premier ministre a également annoncé qu’il allait laisser la main « aux maires pour la première attribution dans les nouveaux logements sociaux construits sur leur commune ».

« Cela voudrait dire que l’État se déferait de son contingent préfectoral, alors que c’est essentiellement par ce biais que sont relogés les ménages prioritaires, alerte Manuel Domergue, directeur d’études à la FAP. Les maires ont un ciblage moins social dans leurs attributions de logements sociaux. Ils n’en donnent pas aux personnes extérieures à leur commune. Cette » préférence communale « amoindrit les critères de priorité habituels. D’autant qu’ils ont peur d’accueillir les ménages “indésirables” – très pauvres, au chômage, venus de la rue, immigrés… »

Les deux mesures combinées se traduiront par une baisse du nombre de logements sociaux, dans la continuité des attaques contre le secteur, ponctionné de plus de 1,3 milliard d’euros par an depuis 2018, mais aussi par une diminution des attributions aux ménages les plus en difficulté.

Cette restriction des possibles pour ces familles s’ajoute à une autre, décidée fin 2023 sous le gouvernement Borne : l’interdiction de loger les ménages prioritaires au titre du logement opposable (Dalo) dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), où sont pourtant situés les HLM les moins coûteux, donc les plus accessibles. « Ils ne sont pas les bienvenus dans les quartiers pauvres, et on va laisser les maires des quartiers riches leur refuser l’accès à leur commune. Mais où vont-ils aller ? » s’inquiète Manuel Domergue.

De la guerre au consensus

Même en termes d’alliance politique, vider la loi SRU de sa substance semble à contretemps. « L’adoption de loi SRU avait donné lieu à une véritable guerre de tranchées, avec une argumentation à droite qui consistait à dire qu’il s’agissait d’une loi soviétique », rappelle Thibault Tellier, historien à Sciences-Po Rennes.

Cette hostilité s’est accompagnée de multiples tentatives de remises en question de ces principes, en proposant d’intégrer l’accession à la propriété dans le calcul des 20 % ou de faire passer le quota à l’échelle des intercommunalités.

Au point que, en 2006, juste avant sa mort, l’abbé Pierre s’est rendu au Parlement pour défendre sa loi. « Au fils des ans, les passions se sont apaisées, souligne Thibault Tellier. Seuls certains maires ont continué à faire preuve de résistance passive, estimant que le refus de HLM correspondait aux attentes de leurs électeurs. » Ce relatif consensus est d’ailleurs apparu en 2022, quand Emmanuelle Wargon, alors ministre du Logement, a obtenu sans grande résistance la pérennisation de la loi.

Pour les communes récalcitrantes, mille façons de contourner la loi

Si l’hostilité s’est réduite, c’est aussi parce que les maires ont usé et abusé des multiples possibilités de contournement qu’offre la loi. D’abord, les sanctions sont restées peu ou pas appliquées contre les villes récalcitrantes.

Dans son dernier rapport sur la question, la Fondation Abbé-Pierre observe que 64 % des communes soumises à la loi SRU n’ont pas atteint leurs quotas. Elles étaient 47 % sur la période 2017-2019. « Encore trop souvent, regrette l’association, les préfets refusent de prononcer la carence, avec des arguments peu pertinents. »

Par ailleurs, si l’hostilité envers la loi a baissé, c’est qu’il était possible de la respecter, tout en limitant le nombre de pauvres dans sa commune. Pour cela, deux techniques : ne construire que des HLM dans les catégories les plus chères ou bien des résidences seniors et étudiantes.

Mais l’outil le plus efficace reste la « préférence communale » dans les attributions, « dessinant les contours d’une discrimination invisible qui défavorise les ménages issus des quartiers ou des communes les plus pauvres », souligne un article du sociologue Fabien Desage. L’ensemble de ces stratégies explique que, si la loi SRU a permis une meilleure répartition géographique des HLM, elle a eu un impact limité sur celle des ménages modestes.

Réduire le rôle protecteur de l’État

« Le gouvernement veut faire plaisir à quelques maires de droite et au Sénat, parce qu’il cherche les voix des LR. Mais, en même temps, cela ne correspond à aucune demande. Il n’y a pas de mouvement de fronde contre la loi SRU », observe Manuel Domergue. Plus qu’un calcul politique, le détricotage de ce texte semble s’inscrire dans l’approche idéologique d’un pouvoir qui cherche à réduire, voire supprimer, le rôle protecteur de l’État.

De ce point de vue, il existe une certaine cohérence entre les annonces de Gabriel Attal, le rognage continu mais jamais proclamé de la capacité d’action des HLM et la défense réitérée depuis 2017 du logement intermédiaire. « Aujourd’hui, on n’attaque plus de front. Les débats ont évolué. La remise en cause est plus insidieuse, mais peut être plus dangereuse », note Thibault Tellier. L’abbé Pierre, pour qui « gouverner, (c’était) d’abord loger son peuple », doit décidément se retourner dans sa tombe.

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logement

9 Mai 2023, 06:09am

Publié par PCF Villepinte

Fin de bail

L'Humanité Maud Vergnol

C’est peu dire qu’Emmanuel Macron est attendu au tournant. À l’issue de six mois de concertations entre les acteurs de la chaîne du logement, les préconisations du Conseil national de la refondation seront-elles poliment jetées à la poubelle, comme le furent celles de la Convention citoyenne pour le climat?

Cest à craindre, après le report sine die de la réunion finale qui devait se tenir aujourdhui. Pourtant, lurgence est là: 12,1 millions de Français rencontrent des difficultés pour se loger ou vivent dans des passoires thermiques. Le nombre de personnes sans domicile fixe a plus que doublé depuis 2012: 330 000 sans-abri dans la 7epuissance économique mondiale!

À linverse, la propriété immobilière na jamais été aussi concentrée avec 3,5 % des ménages qui possèdent 50 % des logements en location sur le parc privé.

Tous les voyants ont beau être au rouge, l’action du gouvernement s’apparente à une page blanche. Pire, le premier quinquennat d’Emmanuel Macron a aggravé la crise en diminuant les aides à la construction, sabrant dans les aides personnelles au logement(APL), ponctionnant le budget des bailleurs sociaux.

La financiarisation du logement est incapable d’offrir un toit décent et abordable pour tous, alors qu’il s’agit d’un droit fondamental, inscrit dans la Constitution.

La situation est tellement alarmante, que même Geoffroy Roux de Bézieux évoque une «catastrophe à venir». Si le président du Medef s’inquiète, c’est que nombre de métropoles et zones touristiques, où l’inflation immobilière a été la plus spectaculaire et où Airbnb a fait des ravages, ne parviennent plus à recruter des salariés, faute de pouvoir les loger.

Au carrefour d’enjeux décisifs, économique, environnemental et social, l’habitat est un levier essentiel de progrès social. Une politique ambitieuse pourrait permettre de s’attaquer frontalement aux inégalités, garantir à chacun·e la sécurité, le bien-être, l’opportunité de se projeter dans l’avenir. «Gouverner, rappelait l’abbé Pierre, c’est d’abord loger son peuple.» On est – très – loin du compte.

 

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Le logement,

9 Mai 2023, 06:01am

Publié par PCF Villepinte

 une politique à rénover de toute urgence

Face à la crise profonde qui secoue le secteur, le Conseil national de la refondation a remis trois rapports au ministre du Logement. Au laisser-faire d’Emmanuel Macron, il oppose notamment une remise à plat de la fiscalité et un encadrement des prix beaucoup plus ambitieux.

L'Humanité Mardi 9 mai 2023

Camille Bauer

Fin 2022, le nombre de demandeurs de logement social en attente a atteint le chiffre record de 2,3 millions.© Remi decoster/Hans lucas

À croire que le logement, premier poste de dépense des Français, n’intéresse pas Emmanuel Macron… Tout ce week-end, les professionnels du secteur ont manifesté colère et désillusion après l’annonce, le 5 mai, de l’annulation de la réunion de conclusion du Conseil national de la refondation (CNR), prévue normalement aujourd’hui. «Est-ce que cest parce quils nont pas assez de choses à annoncer?» s’est agacé Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre (FAP), inquiet face au manque d’arbitrage budgétaire favorable.

« Tout le monde sait que le besoin est colossal »

Pourtant, depuis des mois, l’inquiétude face au manque de logements a dépassé le cercle des initiés. Début mai, la France a eu droit aux remontrances du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies. L’organisme a dénoncé l’augmentation à un rythme «soutenu» du nombre de sans-abri, alimentée par «la pénurie dhébergements durgence et de logements à long terme». Même Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, estime que le pays va «au-devant d’une catastrophe» et que le logement doit être «la grande cause du quinquennat».

Une crise profonde

Plusieurs crises se combinent. Côté structurel, un déséquilibre ancien mais croissant entre le manque de logements et une demande alimentée par la hausse démographique et les décohabitations. Les prix se sont envolés, à l’achat comme à la location (+ 11 % entre 2007 et 2020 ; + 61 % à Paris et + 36 % dans les dix plus grandes villes), quand les salaires, eux, ont stagné.

Aujourd’hui, la France compte 330000 SDF et plus de 4 millions de mal-logés. Pour ceux qui ont un toit, le taux deffort (la part du revenu consacrée au logement) est en hausse constante. Entre 2001 et 2017, il est passé de 16,1% à 19,7% pour lensemble de la population, mais grimpe à 32% pour les plus pauvres et même 45 % pour les locataires du privé. Cette hausse des prix a enrayé la mobilité résidentielle. La marche pour devenir propriétaire ou quitter son HLM est devenue trop haute pour beaucoup. Résultat: le nombre de demandeurs de logement social en attente a atteint le chiffre record de 2,3 millions fin 2022.

De l’autre côté du spectre, la hausse des taux d’intérêt (4 % contre 1% jusquen 2021) et la réticence croissante des banques à accorder des prêts mettent à mal la possibilité daccéder à la propriété. Les ventes s’écroulent (– 24% de logement neufs vendus à des particuliers en 2022), les ménages restent plus longtemps locataires, accroissant l’embolie d’un parc locatif déjà insuffisant.

Construction en berne

Le contexte économique impacte aussi la construction, déjà mal en point après un premier quinquennat marqué par des coupes dans le budget du logement. Le « choc de l’offre » promis en 2017 par le président Macron n’a pas eu lieu. Pis, il y a longtemps qu’on a aussi peu construit.

En 2022, malgré l’espoir d’un rattrapage post-Covid, les mises en chantier ont baissé de 14%. Si la situation n’évolue pas, ce recul pourrait atteindre – 25% entre 2022 et 2025, pour tomber à 274000 unités, selon la Fédération française du bâtiment. Quant au secteur HLM, dont la stabilité avait permis au bâtiment de se maintenir lors de la crise de 2008, grevé par 1,3 milliard deuros de coupes budgétaires depuis 2018, il est mal en point. «Il faudrait construire 150000 logements sociaux par an, quand nous peinons à en programmer 95000», constate Emmanuelle Cosse, la présidente de l’Union sociale pour l’habitat.

Réguler les prix n’est plus un tabou

Pour répondre à cette crise, le CNR, divisé en trois groupes de travail – «le pouvoir dhabiter», «réconcilier les Français avec la production de logements nouveaux» et «faire du logement lavant-garde de la transition écologique» –, fait plusieurs propositions, dont certaines marquent un vrai renversement d’approche. Encadrer le prix n’est plus un tabou.

En matière de loyers, même des municipalités de droite y songent. Le CNR propose d’aller plus loin que le système actuel, en autorisant les communes à «définir un loyer plafond au mètre carré». D’autres outils de régulation des prix sont évoqués, comme «limiter la plus-value sur les logements dont la valeur est directement liée à un investissement public».

Mais la vraie nouveauté est l’accent mis sur la régulation des prix du foncier, c’est-à-dire du terrain. «Il sagit dun signal extrêmement fort et ambitieux en direction de tous les acteurs, publics et privés, qui pratiquent la surenchère ou considèrent que la valorisation est inéluctable, légitime et peu partageable», souligne l’un des groupes de travail.

Sous ces aspects techniques, cette proposition est essentielle pour enrayer l’explosion des prix. Le foncier compte pour 20 à 50% du coût dun bâtiment et son prix a explosé ces vingt dernières années. «Dans la métropole lyonnaise, on est passé de 350 à 700 euros le mètre carré de terrain en 2009 à 2000 euros aujourdhui. Cest plus cher que le coût de construction», explique Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne et coprésident du groupe de travail «le pouvoir dhabiter».

Limiter la spéculation sur la terre

Cette hausse s’explique par la rareté dans les zones où les espaces pour construire sont limités, mais surtout par la spéculation. «Globalement, ce sont les opérateurs fonciers qui spéculent. Ils achètent, attendent et font la culbute», résume le maire socialiste. Cette logique est alimentée par la fiscalité, qui baisse avec le temps, encourageant la rétention de terrains pour des profits exponentiels.

Les acteurs du CNR proposent des dispositifs pour limiter cette spéculation, soit par le biais d’une inversion de la fiscalité, soit par un encadrement de ces prix, voir en utilisant les deux. Les acteurs publics sont aussi concernés. Ils se verraient interdire de vendre leurs terrains aux enchères pour en tirer un prix élevé, et encouragés à les mettre à disposition des organismes HLM pour y construire à moindre coût. Bien que contraire à la loi du marché, «lidée de réguler les prix des terrains à bâtir est un sujet qui ne semble plus effrayer les acteurs de la chaîne du logement», souligne un des rapports du CNR.

Réguler le terrain est aussi important pour la transition écologique. «Il y a une grosse différence entre du sol qui peut être bâti, qui coûte cher, et du sol agricole, qui nous nourrit mais ne coûte pas cher. Cette différence encourage l’étalement urbain.  En encadrant les prix du terrain à bâtir, on permet un rééquilibrage des prix, tout en dégageant des fonds pour dépolluer les sols ou transformer du bâti existant en logement.

Tous les rapports du CNR prônent également le développement des «baux réels solidaires» (BRS). Ce système permet à un particulier de devenir propriétaire en dessous du prix du marché, en n’achetant que les murs, le terrain restant propriété de la collectivité.

Un des rapports propose le rachat par un organisme de toutes les passoires thermiques pour les rénover et les mettre en vente en BRS. «Il faut transformer en BRS les 100000 logements en catégorie F et G, difficiles à commercialiser, pour faire un choc de loffre», estime Cédric Van Styvendael.

Adapter les taxes au projet social

Une partie de la réponse au manque de logements viendra du secteur privé. Mais, pour cela, il faut simplifier et stabiliser la fiscalité immobilière «autour dun principe simple de proportionnalité des avantages offerts par la puissance publique aux efforts consentis en termes de niveau de loyers et de qualité environnementale du bâti», indique le CNR.

Aujourd’hui, les nombreux dispositifs fiscaux soutiennent les investissements immobiliers sans trop se soucier de leur prix, leur localisation ou leur qualité. Par quoi remplacer ce système? Un statut de bailleur privé. Réclamé de longue date par les acteurs de l’immobilier, celui-ci facilitera cette unification et ce conditionnement des avantages fiscaux.

Le CNR propose aussi que la fiscalité soit utilisée pour encourager les «maires bâtisseurs». Avec la suppression de la taxe dhabitation, les élus locaux nont plus intérêt à accueillir de nouveaux habitants dans leurs communes. Depuis quelques années, l’hostilité des contribuables et de leurs élus est même devenue un facteur essentiel du ralentissement de la construction. Inciter financièrement les maires à construire est donc un outil indispensable pour relancer la construction.

«Quels que soient les moyens, il faut accroître lambition en matière de construction et de rénovation de HLM», explique Christophe Robert. La première condition est de revenir sur la ponction de 1,3 milliard d’euros par an réalisée sur le secteur. D’autant que la hausse du taux du livretA, sur lequel les bailleurs indexent leurs emprunts, va encore diminuer leur capacité daction

. «Il faut les aider sinon, on va détruire en dix ans ce quon a mis cent ans à construire», résume Cédric Van Styvendael. Pour mieux répondre aux besoins, un des groupes du CNR propose de faciliter la transformation de HLM de la catégorie la plus chère, qui ne trouvent pas toujours preneurs, en celle aux loyers moins élevés.

L’État doit reprendre la main

La politique du logement doit être mieux adaptée localement. Pour cela, des outils techniques sont suggérés, comme le remplacement d’objectifs nationaux de construction par des plans locaux, ainsi qu’une meilleure connaissance de la répartition territoriale de la demande. Mais attention à ne pas enlever à l’État son rôle central, prévient Christophe Robert: «Il doit garder le pilotage, limpulsion, le pouvoir de contrôle et être garant de la lutte contre les inégalités territoriales.»

Surtout, la question budgétaire doit être enfin prise au sérieux. «Si on veut accélérer la rénovation, répondre aux urgences, relancer des HLM accessibles, il va falloir remettre de largent sur la table», insiste Christophe Robert. Jusqu’à présent, la politique d’Emmanuel Macron s’est caractérisée par un désengagement sans précédent. En 2010, la part des dépenses publiques pour le secteur se montait à 2,2% du PIB. Un chiffre tombé à 1,5% en 2021, niveau jamais atteint jusque-là.

 

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Construction, rénovation, qualité de l'habitat : comment le logement doit se transforme

28 Février 2023, 15:49pm

Publié par PCF Villepinte

Comment relancer la construction de logements pour tous ?

Le secteur du logement entre dans la tourmente, voire en crise. Depuis un an, les prix ont augmenté de 4,6 % dans l’ancien et de 4,7 % dans le neuf, alors que le volume des transactions a baissé de 10,5 % sur la même période. Sur fond de renchérissement des taux bancaires, le nombre de prêts immobiliers signés s’est effondré : -35 %. Les promoteurs voient leurs programmes vaciller face à des coûts de construction qui ont pris 30% en deux ans. L’accession sociale ne se porte guère mieux. Alors que près de 2,2 millions de personnes sont en attente d'une place en HLM, la production stagne, voire chute. 94 000 agréments ont été comptabilisés en 2021, loin de l'objectif gouvernemental fixé à 120 000. Réticences de certains élus locaux, hausse des coûts de la construction, crainte de certains organismes HLM à investir alors que leurs finances ont été mises à mal... Les raisons de ce bilan sont multiples.

Le défi brûlant de la rénovation

À l’heure du défi climatique, l’enjeu de la rénovation des bâtiments est devenu crucial. Le secteur représente 40 % de l’énergie consommée en France et 20 % des émissions de gaz à effet de serre, mais compte également 5,2 millions de passoires thermiques et 12 millions de personnes en précarité énergétique. En quoi la rénovation est-elle une réponse pertinente au défi climatique et social ? Quelles sont ses limites aujourd’hui ? Quels moyens efficaces pour la développer ?  

Comment construire un habitat de qualité ?


 Face aux évolutions de nos sociétés, le logement change de nature. Que ce soit par le développement du télétravail au cours de notre vie active, par volonté de cohabiter pour briser les solitudes ou pour échapper à l’Ehpad, nos manières d’habiter ne cessent d’évoluer. Vers quel modèle d’habitat allons-nous aujourd’hui ? Comment trouver encore du foncier et jusqu’où ? Comment construire en favorisant la mixité sociale ?

 

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LOGEMENT

16 Décembre 2022, 07:27am

Publié par PCF Villepinte

Se loger n’est pas un crime !

PUBLIÉ LE 15 DÉC. 2022

Aujourd’hui, en France, plus de 300 000 personnes dorment dans la rue. Plus de 2 millions de personnes sont demandeuses d’un logement social, dont 1 million sont en attente depuis plus d’un an. La France traverse une crise du logement sans précédent malgré 3 millions de logements vacants.

Un projet de loi qui atteint les plus précaires

Retour en arrière : le 27 juillet 2017, Macron promettait : « la première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues ».  

Cinq ans après, le logement social est toujours le parent pauvre des politiques publiques. 

Fin novembre, la majorité présidentielle (Groupe Renaissance) a déposé une proposition de loi, visant à protéger les logements contre l’occupation illicite, soutenue par le gouvernement.

« Ce projet de loi ne vise qu’à une chose : criminaliser les occupations de logement vides par des squatteurs ainsi que les défauts d’acquittement de loyers par des locataires en difficulté » s’indigne Véronique Martin, Secrétaire confédérale en charge du logement.

Et cela dans un contexte d’inflation et de perte de pouvoir d’achat, hausse des prix de l’énergie, des produits alimentaires et de première nécessité.

Absence de réelle politique sociale

Faute d’augmentation et de revalorisation des salaires, les retards de paiement des loyers risquent d’exploser ; le montant des aides au logement n’a pas été revalorisé, le gouvernement refuse d’appliquer la loi de réquisition des logements vides ou d’appliquer à la baisse la loi qui encadre les loyers.

« Les gens en difficulté seront dans une difficulté encore plus grande» analyse-t-elle.

Ce projet stigmatise les plus précaires et durcit les sanctions et les peines à l’encontre de ceux qui ne peuvent pas payer leur loyer. Les peines encourues pourront atteindre jusqu’à 6 mois de prison et 45000 euros d’amende.

La mascarade du CNR

Cette proposition de loi arrive au moment où le gouvernement engage des discussions dans le cadre du CNR (conseil national de refondation) sur les questions du logement et vient contredire les intentions affichées : aboutir à l’élaboration d’outils et d’actions concrètes en faveur d’une politique du logement ambitieuse, soucieuse de la justice sociale et de la transition écologique.

Le gouvernement doit mettre en œuvre une vraie politique sociale avec :

  • une politique salariale qui permette de se loger dignement,
  • la construction de logement sociaux,
  • l’encadrement du montant des loyers à la baisse,
  • la réhabilitation des logements insalubres.

Les expulsions locatives sans relogement doivent cesser. Ce projet de loi a été adopté par l’assemblé, il arrivera en débat au Sénat courant janvier. 

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La question du logement

10 Mars 2022, 07:24am

Publié par PCF Villepinte

Retour sur le discours de Montreuil où Fabien Roussel évoquait la question du logement.

 

« Je voudrais, à ce propos, dire un mot sur un sujet majeur. Il touche à notre portefeuille, et pas qu’un peu, et pourtant c’est un grand absent de cette élection présidentielle. Je veux parler, ici, du logement, de ce qu’il coûte et de ce qu’il implique pour bien des familles.

Une majorité des Français consacrent désormais, grosso modo, 30 % de leurs revenus à leur logement quand ils sont dans le parc privé, parfois plus encore. Très concrètement, 30 %, cela veut dire quoi ? Ça veut dire que 30 % de notre temps de travail sert à payer le loyer ! Cela veut dire que nous travaillons chaque semaine, du lundi 9 heures jusqu’au mardi 16 heures, pour payer son loyer ou pour payer la banque et le prêt. Deux jours en somme, un tiers de notre temps de travail pour payer le loyer !

Mais ce n’est pas tout : Pourquoi, dans les zones tendues, dans les métropoles, vous payez plus cher votre café en terrasse ou vous payez plus cher vos courses au supermarché ? Parce que dans votre tasse de café comme dans votre caddie, vous payez, là encore, de l’immobilier ! Car il se trouve que le propriétaire du bar comme le propriétaire du Leclerc, eux aussi, doivent faire face à des loyers plus élevés. C’est un cercle vicieux qui plombe notre pouvoir d’achat ! Voilà les vraies charges qui pèsent sur notre économie – et ce ne sont pas nos cotisations pour notre retraite ou pour notre santé !

Le candidat Macron a un bilan terrible en la matière. Sa responsabilité est énorme. Il termine son mandat avec les pires chiffres de pouvoir d’achat et en matière de logement, le pire bilan. Il assume d’entretenir la spéculation immobilière pour son électorat, comme il a assumé de baisser les APL des plus modestes de 5 euros, en même temps qu’il supprimait l’ISF pour les plus riches. La crise du logement, c’est pourtant la crise de la dignité. Et l’on ne devrait jamais l’accepter !

Notre pays, sixième puissance économique du monde, compte près de 300 000 sans-abri. 300 000 femmes, hommes, enfants. Cela veut dire que, chaque soir, l’équivalent d’une ville comme Nantes ou Nice dort dehors ou dans une voiture. 300 000 personnes à la rue, c’est l’équivalent de la 5e ville de France.

Pour cela, je formule trois propositions : D’abord la création de 1 000 pensions de famille, des structures d’environ 25 logements qui permettront à des personnes dans la rue d’avoir non seulement un toit, mais aussi un accompagnement social de qualité; Deuxième proposition : relancer immédiatement la construction de logements sociaux pour atteindre 200 000 nouveaux logements par an, soit plus du double de la production actuelle. Cette proposition doit s’accompagner d’une loi pour l’encadrement des prix des loyers afin de le généraliser à toutes les communes. Vous faites d’ailleurs ici la démonstration que c’est possible.

Je propose aussi d’augmenter l’aide à la pierre des bailleurs sociaux, de leur rendre le milliard et demi par an que Macron leur a pris ; mais j’augmenterai aussi l’aide à la pierre pour construire des logements à loyers modérés dans les villages de moins de 3 500 habitants. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour eux ça veut dire beaucoup ! Ça veut dire qu’ils pourront offrir des logements à loyer modéré, en réhabilitant une ferme, une grande bâtisse et permettre à des jeunes, à des familles venant des villes, de pouvoir s’y installer et y vivre. C’est aussi comme cela que nous dégonflerons la spéculation immobilière.

La France des jours heureux, c’est démétropoliser la France tout en défendant un vrai droit à la ville pour tous. C’est redonner du pouvoir aux communes au lieu de le concentrer dans ces métropoles qui phagocytent tout. C’est revitaliser nos campagnes et réinstaller des services publics de qualité partout. C’est répartir l’activité économique sur tout le territoire.

Franchement, faut-il construire encore et encore des tours à La Défense ? Ne faudrait-il pas mieux développer d’autres pôles d’activités tertiaires ailleurs en France ? Ne faudrait-il pas réfléchir à déplacer des ministères en dehors de Paris et en profiter pour les renforcer plutôt que de les affaiblir ? Le ministère de la Mer n’aurait-il pas un sens au Havre, à Marseille ou dans l’un de nos ports ? Tout cela permettra d’abaisser le coût du logement dans notre porte-monnaie et donc de dégager du pouvoir d’achat. »

 

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Le logement s’invite dans la campagne

2 Février 2022, 23:11pm

Publié par PCF Villepinte

présidentielle À l’occasion de la présentation du 27e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre, les candidats sont venus défendre leurs propositions dans le secteur de l’habitat.

Publié le Jeudi 3 Février 2022 L'Humanité Camille Bauer

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. P. Villette

À presque deux mois de l’élection présidentielle, la Fondation Abbé-Pierre (FAP) a voulu « redonner au logement la place dans cette campagne qu’il a dans la société», selon son délégué général, Christophe Robert. À l’occasion de la sortie, le 2 février, de son 27e rapport annuel, la FAP a donc invité l’ensemble des candidats, à l’exception de ceux d’extrême droite, à détailler leur programme pour répondre à la crise du mal-logement qui touche 4 millions de personnes. Après Emmanuel Macron, venu le matin défendre son bilan pourtant très critiqué par la FAP, l’après-midi a vu défiler les principaux candidats de gauche.

Fabien Roussel, le candidat communiste, a ouvert le bal, rappelant que « la question du pouvoir d’achat est prioritaire et que, dans celle-ci, le logement pèse de plus en plus». Il a promis la construction de 200000 logements sociaux par an et plaidé pour une «démétropolisation» de la France. Son objectif est «laccès au logement social dans toutes les communes rurales», avec une loi SRU renforcée, qui viserait partout 27% de HLM dici à 2031.

Convergence pour un encadrement des loyers

Cette volonté d’augmenter le nombre de logements sociaux se retrouve chez le Vert Yannick Jadot, qui table sur 150000 supplémentaires par an pendant sept ans, quand ni la socialiste Anne Hidalgo ni Christiane Taubira nont donné dobjectif chiffré. La seconde a pris «lengagement que l’État soit stratège sur le sujet», alors que la première a plaidé pour que «les préfets se substituent quand les maires refusent dappliquer la loi SRU».

La baisse du taux d’effort des ménages est au cœur de beaucoup de projets. L’objectif de Fabien Roussel est que les loyers «ne représentent pas plus de 20% des revenus». Le projet de la socialiste est, lui, centré sur la mise en place d’un bouclier logement «actionné quand le loyer sera supérieur à 30% des revenus». Jean Luc Mélenchon, pour la France insoumise, a, lui, proposé une garantie logement, Christiane Taubira ayant pour sa part plaidé pour une hausse de 30% des APL.

Autre axe important, le contrôle des prix, via un encadrement des loyers renforcé. Pour ce faire, «il faut un pouvoir de contrôle et de sanction», a indiqué Fabien Roussel. Anne Hidalgo veut, elle, que celui-ci soit exercé par les maires. Pour Christiane Taubira, l’encadrement doit devenir «une règle dans les zones tenues». Le candidat insoumis s’est démarqué: «Je ne veux pas me contenter de contrôler les loyers, a-t-il déclaré , je veux les bloquer et même les baisser.»

 

 

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Enjeu de campagne. Le logement, la priorité oubliée du quinquennat

2 Février 2022, 07:36am

Publié par PCF Villepinte

PREMIER PLAN

Dans son dernier rapport, rendu public ce mercredi, la Fondation Abbé-Pierre dresse un bilan critique de la politique de l’habitat menée par Emmanuel Macron. Cinq années caractérisées par le désengagement budgétaire.

Publié le Mardi 1 Février 2022 L'Humanité Camille Bauer

Patricia, retraitée de 70 ans, vit dans un logement de 10 m2 pour un loyer de 680 euros. © Marta Nascimento/Rea

C’est le plus gros poste de dépenses obligatoires, et son augmentation pèse lourdement dans le niveau de vie des Français: les 10 % les plus pauvres y consacrent même 40 % de leur budget. Le logement est pourtant le grand absent de la campagne présidentielle. Il l’était déjà en 2017. À l’époque, Emmanuel Macron, alors candidat, s’était contenté de promettre de «libérer» les contraintes pesant sur la construction et de «protéger» les personnes à la rue. Ce désintérêt a perduré tout au long du quinquennat. «Le logement na jamais été une priorité de lexécutif au cours de ce mandat», souligne le 27e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre (FAP), rendu public ce mercredi 2 février.

 

À défaut d’ambition, c’est la logique d’économies budgétaires qui s’est imposée. En cinq ans, la part des aides au logement dans le PIB est passée de 1,82 % à 1,63 %, une baisse record. À force de coupes, le secteur est aujourd’hui incapable de répondre aux besoins des 4 millions de mal-logés. Mais, en vingt ans, ses contributions aux recettes de l’État ont néanmoins doublé, pour atteindre 79 milliards d’euros. Malgré la crise sanitaire, qui a rappelé l’importance de disposer d’un logement décent ainsi que la fragilité des locataires les plus pauvres, il n’y a pas eu de changement de cap. Le logement n’a bénéficié que des miettes du plan de relance. Et en dépit de la hausse continue des prix, l’encadrement du marché, contraire à la vision libérale du président, est, lui, resté au niveau minimal.

1. Des attaques multiples contre les APL

C’est une des mesures les plus emblématiques du quinquennat. À l’été 2017, sans concertation, ni préavis, le gouvernement annonce une baisse de 5 euros des aides personnalisées au logement (APL). Cette mesure contre les plus fragiles – le plafond pour bénéficier des APL est inférieur au Smic – va contribuer à forger l’image d’Emmanuel Macron en «président des riches». Elle est larbre qui cache la forêt. «Le gel, puis le quasi-gel des APL entre 2017 et 2019, a davantage diminué les APL que la baisse de 5 euros, note la FAP. Ce coup de rabot a davantage touché les ménages pauvres, puisque leurs APL sont plus élevées.»

L’encadrement du marché, contraire à la vision libérale du président, est resté au niveau minimal.

En 2021, nouvelle attaque. Cette fois, les APL sont «contemporéanisées», c’est-à-dire calculées sur les revenus des mois écoulés, au lieu de ceux perçus deux ans plus tôt. La réforme permet à l’État de faire 1,1 milliard d’euros d’économies. Et fait plus de perdants que de gagnants, générant une baisse sans précédent du nombre d’allocataires (5,7 millions en 2021, contre 6,5 millions en 2020). Au total, l’ensemble des mesures ont, selon la FAP, coûté près de 15 milliards d’euros aux plus modestes.

2. Haro sur les HLM

L’existence d’un secteur subventionné par l’État pour loger les catégories modestes et pauvres colle mal avec l’idéal macroniste de résorption des problèmes par la seule vertu du marché. Le logement social a donc fait l’objet d’une attaque en règle tout au long du quinquennat. L’aide à la pierre, qui avait déjà décru sous les précédents mandats, a été totalement supprimée en 2018, laissant aux bailleurs sociaux et à Action Logement (ex-1 % logement) la mission d’abonder seuls ce fond.

Mais le gouvernement a été au-delà du désengagement. Il a ponctionné le secteur via l’augmentation de la TVA et la création, en 2018, de la réduction de loyers de solidarité (RLS) – un dispositif reportant sur les bailleurs la diminution des APL des locataires du seul parc social –, dont le montant s’élève désormais à 1,3 milliard d’euros par an. «En cinq ans, l’État a pris aux HLM plus de 6 milliards deuros, les privant ainsi de la capacité de produire 200000 logements sociaux», résume Christophe Robert, délégué général de la FAP. Résultat, la production est passée de 124000 logements avant la présidence dEmmanuel Macron à un peu moins de 100000 en 2021. Même la promesse gouvernementale de réaliser chaque année 40000 Plai (prêts locatifs aidés dintégration), la catégorie de HLM aux loyers les plus bas, n’a jamais été atteinte. Les bailleurs sociaux ont aussi été poussés à compenser la baisse des aides de l’État par la vente de logements, au risque de réduire encore un peu plus l’offre, déjà très insuffisante au regard des 2,2 millions de personnes en attente d’un HLM.

À long terme, ces réformes d’apparence technique sont une menace sur la nature même du logement social. La FAP alerte sur le risque que certains organismes, confrontés à un fort endettement et privés de l’aide de l’État, «cherchent à attirer davantage de capitaux privés, au risque dune marchandisation». Parallèlement, le gouvernement a promu le logement intermédiaire, dont les loyers ne sont accessibles qu’ «à des classes moyennes supérieures». Seul geste en faveur des HLM et de la mixité sociale, le gouvernement a défendu la prolongation de la loi SRU, qui impose aux communes 25 % de logements sociaux.

3. Marché privé, une régulation à reculons

Le président n’a jamais caché son scepticisme face à la régulation du marché. Pour maîtriser les prix, il a préféré miser sur la hausse de l’offre. «Force est de constater que le choc de loffre annoncé par le candidat Macron, qui devait libérer la construction et faire baisser les prix, na pas eu lieu. Sous l’effet des coupes budgétaires, le bâtiment a connu des années de baisse, accentuées avec la crise du Covid. Au final, la production s’est affaissée, la pénurie dans les zones tendues a perduré, et les prix de l’immobilier ont continué à grimper», analyse Christophe Robert. En cinq ans, les prix dans l’ancien ont augmenté de 23 %. Les loyers, eux, ont connu en dix ans une hausse de 50 %, quand les salaires restaient plafonnés.

Dans les grandes métropoles surtout, ces tarifs prohibitifs rendent le logement inaccessible pour toute une partie de la population. Face à ces hausses, le gouvernement a opté pour «une politique très timide dencadrement des loyers», estime le délégué général de la FAP. La mesure a été autorisée par la loi Elan et devrait être prolongée dans la loi 3DS, mais à titre expérimental et pour les seules collectivités locales dont la demande a été acceptée par l’État. «Lapplication de la loi repose essentiellement sur les recours de locataires peu avertis et peu enclins à sen saisir spontanément», constate le rapport. L’adoption de sanctions contre les bailleurs contrevenants, légalement possible, reste boudée par les préfectures. Ainsi, à Paris, où plus de 30 % des locations ne respectent pas les plafonds de l’encadrement, le préfet n’a infligé que dix amendes depuis 2018.

Le gouvernement Macron a fait preuve de la même timidité vis-à-vis des plateformes de locations saisonnières. Il  a autorisé les villes à encadrer la pratique, mais de manière limitée. Pis, le gouvernement, en créant le «bail mobilité», «sest adonné à une forme de dumping réglementaire», estime la Fondation. Dans un contexte de rareté, ce contrat, d’une durée d’un à dix mois à destination des précaires, vient, comme airbnb, concurrencer les baux classiques et limiter encore le nombre de logements pérennes présents sur le marché.

4. Sans-logis : grands besoins et petits pas

S’il y a un point sur lequel Emmanuel Macron a pris des engagements, c’est celui de la lutte contre le sans-abrisme, avec notamment la mise en place du plan «logement dabord», qui consiste à fournir un logement pérenne aux ménages à la rue ou en hébergement durgence. Mais, là aussi, le bilan est en demi-teinte. «À la fin de lannée 2022, à peu près 300000 personnes seront passées de la rue au logement. Cela va dans le bon sens. Mais 300000 personnes sont encore sans domicile», rappelle Manuel Domergue, directeur des études à la FAP. Des efforts ont cependant été faits: le nombre de places mobilisées dans le privé, via le système d’intermédiation locative, est passé de 5000 à 40000; davantage de pensions de famille ont été créées, même si seulement la moitié de lobjectif chiffré en début de quinquennat est atteinte; quant à la part de HLM attribués à des SDF, elle est passée de 4 à 6 %.

Mais ces progrès sont court-circuités par d’autres choix politiques: baisse du nombre de HLM, refus dallocations pour les moins de 25 ans, mais aussi expulsions locatives à répétition des habitants de lieux informels, absence de politique de prévention des expulsions, etc. Autant de points qui limitent l’impact de la stratégie du «logement dabord», en faisant grossir les rangs des sans-domicile. Avec, pour résultat, une pression accrue sur le secteur, pourtant coûteux et parfois indigne, de l’hébergement d’urgence. Malgré la pérennisation des places (40000 créées lors de la pandémie) par le gouvernement, ce dernier na toujours pas les moyens de résorber lensemble des demandes de mise à labri des personnes à la rue.

12 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique

5. Une rénovation énergétique en trompe-l’œil

Là encore, les promesses étaient ambitieuses. Le président s’était engagé à rénover 500000 logements et à éradiquer en dix ans les 5 millions de passoires thermiques. Mais, à l’heure où 12 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique, le gouvernement a préféré une politique d’affichage. Il a choisi «des dispositifs daides qui gonflent les chiffres du nombre de travaux enclenchés en ciblant de simples gestes de rénovation, peu efficaces s’ils restent isolés, au détriment de la performance à long terme», déplore la FAP.

Autre obstacle, les aides sont attribuées sans ciblage, et l’importance du reste à charge pour les ménages (39 % pour les très modestes et 56 % pour les modestes) rend ces travaux souvent inaccessibles. L’accompagnement et l’information, indispensables pour les bénéficiaires confrontés à des aides évolutives et à un secteur de la rénovation encore mal encadré et opaque, ne sont pas non plus à la hauteur. Selon une étude menée par la FAP, début 2021, 40 % des appels au réseau Faire, service public d’accompagnement à la rénovation énergétique, sont non décrochés, et 62 % ne permettent pas d’obtenir des avis adéquats dans les délais requis.

 

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Logement. À Aubervilliers, les plus modestes refusent de faire les frais des démolitions

30 Octobre 2021, 08:36am

Publié par PCF Villepinte

Le quartier de La Maladrerie, à Aubervilliers, est l'un de ceux menacés par les projets de la municipalité. PHOTO PATRICK GELY

Vendredi 29 Octobre 2021

L 'Humanité Camille Bauer

Près de deux cents personnes se sont réunies le 28 octobre, devant l’office HLM de la ville de Seine-Saint-Denis, pour demander l’ouverture d’un dialogue et refuser la destruction ou la vente de l’habitat social.

D’une main, Ali Bechou tient la poussette de sa petite dernière, de l’autre, il brandit une pancarte sur laquelle il a écrit: «Le quartier, on y vit, on y reste. Pas de privatisation». Il est venu se joindre aux près de deux cents personnes réunies ce 28 octobre au soir devant l’Office public de l’habitat (OPH) de la ville d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). La découverte presque fortuite de la volonté de la municipalité de détruire et de vendre des centaines de logements HLM, dans le cadre d’un programme de rénovation urbaine de trois grands ensembles, lui fait craindre le pire. «Je suis très, très inquiet», explique ce père de famille, qui peine déjà à joindre les deux bouts comme conducteur de VTC. Le quartier, il y habite depuis vingt ans. Quand sa femme a été enceinte de leur premier enfant, il a pu déménager dans un appartement plus grand. Il paye actuellement 780 euros pour 80 mètres carrés. « Dans le privé, je devrais payer plus de 1000 euros. Ce nest pas possible» calcule-t-il.

La volonté de rénover ces trois quartiers, La Villette, Émile Dubois et La Maladrerie, n’est pas nouvelle. Cela fait plus de dix ans que l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) a des projets qui impliquent la destruction d’une partie de ces habitations dont certaines sont anciennes et en mauvais état. La rénovation de la Maladrerie, une cité construire dans les années 1970 par Renée Gailhoustet, dont les immeubles sont dotés de terrasses de terre pleine, d’appartements lumineux de tailles et de formes diverses, est une question sensible. Les habitants de cet ensemble architectural unique veulent préserver ce symbole d’un habitat populaire de qualité. Dans les années 2010, ils ont gagné un précédent bras de fer contre l’Anru qui voulait faire passer une route dans le jardin de leur cité, mais ont du coup été privés de rénovation.

La nouvelle direction de l’OPH met en avant les économies réalisées

Pour les trois cités, «il y avait eu des négociations, et on était arrivé à un accord global. Il y avait un schéma de rénovation progressif. Mais la nouvelle mairie a interrompu les négociations et veut désormais tout faire en même temps sans même recevoir les associations», explique André Narritsens, qui représente le PCF dans l’association Jardins à tous les étages. La nouvelle maire, l’UDI Karine Franclet, qui a pris la ville aux communistes aux élections municipales de juin 2020, semble cette fois décidée à faire table rase. L’OPH dont elle est présidente annonce la couleur dans son rapport de présentation de projet. Pour La Villette, un peu moins que les 302 logements prévus initialement seront détruits, et entre 50 et153 seront privatisés. À Émile Dubois, il y a aussi un peu moins de destructions que prévues initialement, 313 contre 388, mais au nom de la mixité, une partie du terrain devra être vendue pour y ériger 810 nouveaux logements en partie privés. Quant à La Maladrerie, c’est 363 logements qui doivent être vendus, dont 60 au privé.

L’avenir des habitants des logements concernés est des plus incertain. «Il était prévu quils soient relogés au Fort dAubervilliers, dans lequel 40 % des logements devaient correspondre à la tranche basse des tarifs HLM. Mais il nest plus du tout garanti que cette proportion soit maintenue», explique Antoine Wohlgroth, chargé de mission de la Confédération nationale du logement (CNL) à Aubervilliers. Si rien ne peut être proposé dans la ville à un prix accessible, il faudra aller plus loin. «On ne sait pas ce quon va devenir. Déjà quil y a la crise du logement», s’inquiète Lou Anna, une jeune photographe de 27 ans. Elle et sa sœur, graphiste, sont précaires. Elles habitent encore dans la maison de leur mère à La Maladrerie. «  On est très attaché à cet endroit, on y tient. La qualité de vie y est incroyable» explique la jeune femme. Ce lien affectif, Fatima, salariée de l’éducation nationale, l’évoque aussi. «  Ça fait trente ans que je suis là. Dans cet appartement, il y a une histoire. Ma mère y est morte, mes enfants y ont grandi. Je ne veux pas le quitter», explique la petite femme en pull rose.

Pour justifier ce projet radical, la nouvelle direction de l’OPH met en avant les économies réalisées. «La nouvelle maquette financière permet une baisse de 73 % du reste à charge OPHA qui passe de 191M€ à 51,9M€», se réjouit en lettres grasses sa plaquette de présentation. À sa décharge, les questions financières sont réelles. La réhabilitation de La Maladrerie, très complexe en raison de l’irrégularité du bâti, pourrait s’élever à près de 80000 euros par logement. À cela sajoute le manque de fonds propres dont souffre tout le secteur HLM. Depuis la loi Elan de 2018, le gouvernement y prélève plus dun milliard par an, en invitant les bailleurs sociaux à compenser ces pertes par la vente de logements. Mais le problème est aussi politique. «La nouvelle maire UDI est dans la lignée de Valérie Pécresse, hostile aux HLM. Derrière cette histoire de mixité, il y a la volonté de changer la population de la ville», analyse Antoine Wohlgroth. Un mauvais calcul, selon Soizig Nedelec, ancienne ajointe PCF au logement à la mairie, et aujourd’hui élue municipale d’opposition: «Si, comme le veut la maire, on vend les logements à la découpe, beaucoup de locataires modestes vont sendetter ou se saigner pour acheter leur appartement, mais ils n’auront pas forcément les moyens de financer les travaux d’entretien et de rénovation nécessaires. À terme, d’ici dix à quinze ans, on se retrouvera avec une explosion du nombre de logements très dégradés et insalubres. C’est le cas dans d’autres villes qui ont fait ce choix court-termiste de vendre et en subissent les conséquences aujourd’hui».

Une absence totale de dialogue

Alors que le prix de l’immobilier dans la Petite couronne autour de la capitale continue de flamber sous l’impulsion des travaux du Grand Paris, les associations déplorent, dans une lettre à la maire et présidente de l’OPH, «les injonctions que lAnru, cet outil de l’État essentiellement pensé pour gentrifier nos quartiers, fait peser sur notre commune». «Il y a 8000 personnes en attente de logements très sociaux à Aubervilliers, note Soizig Nedelec. Or il n’est plus légalement possible de construire dans notre ville de nouveaux logements financés par le prêt locatif aidé d’intégration, destinés aux locataires en situation de grande précarité. Si on détruit ceux qui existent, on va se retrouver avec des milliers de personnes sans solution», déplore celle qui représente désormais l’opposition au conseil d’administration de l’OPH.

Mais ce qui révolte le plus les habitants réunis, c’est l’absence totale de dialogue. Fatima ne décolère pas: «Il ny a aucune concertation, aucune communication. Cette rénovation est revenue sur le tapis à l’occasion d’un conseil d’administration de l’Office, et nous avons été au courant uniquement parce qu’il y a eu des fuites». «Quand on en parle aux gens, la plupart sont abasourdis. Cest nous qui leur apprenons l’existence du projet. Cette façon de faire reflète une politique verticale, qui ne prend pas en compte les premiers concernés», renchérit Anna Agneb-Porterie, d’Alliance citoyenne, une autre association présente sur le quartier. En cœur, la foule entonne d’ailleurs: «Oui à la concertation, oui à la rénovation, non à la démolition». Reste à construire le rapport de force. Un travail de porte-à-porte a commencé pour informer les habitants, en espérant faire monter la mobilisation. Olivier Roy, de Réactions internationales, une association qui travaille surtout contre les multinationales, se veut optimiste: « Il y a deux semaines, nous étions quarante, aujourdhui, nous sommes deux cents. Et il y a une marge de progression»

Camille Bauer

 

 

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