"Les derniers discours du Premier Ministre et du Ministre de la Ville repoussent la réforme de la Politique de la Ville à
2014 et en réduisent dramatiquement les ambitions.
Les inquiétudes exprimées depuis plusieurs mois par les habitants, les élus, les professionnels et les associations sur la
dégradation de la situation des quartiers en politique de la ville et sur la spirale négative dans laquelle sont entrainés de nombreux territoires ne font que se renforcer.
L’enquête annuelle menée par l’IRDSU auprès de professionnels du DSU le confirmer.
L’IRDSU pense qu’il n’est pas possible de repousser à nouveau une réforme de la Politique de la Ville plus urgente que
jamais ! La nomination d’un Ministre de la Ville « de plein exercice » doit au contraire être l’occasion de remobiliser le gouvernement dès 2011 sur ces enjeux, autour de cinq
priorités :
1‐ une véritable remobilisation des services publics de droit commun dans tous les
quartiers,
2‐ une attention particulière pour les territoires les plus en difficulté,
3‐ la prise en compte par l’Etat de la capacité des acteurs locaux à construire leur projet
et la relance d’une démocratisation de l’action publique
4‐ la remobilisation des services de l’Etat local sur la plus value des projets de
territoire
5‐ un engagement prioritaire sur l’articulation entre les différents axes de la Politique de
la Ville ; l’urbain et le social, mais aussi l’économique et l’environnemental
Nous pensons que c’est ainsi que nous pourrons faire face aux difficultés actuelles et poursuivre avec tous les acteurs
concernés une réflexion active sur l’avenir des politiques de développement territorial durable que mettront en oeuvre les élus locaux après 2014.
Dans son discours du 8 novembre dernier à Garges‐les‐Gonesse, le Premier Ministre François Fillon justifiait la
« prolongation » des CUCS jusqu’à fin 2014 par le « besoin de stabilité, de continuité » de la Politique de la Ville. Il raccrochait cette décision aux
« préconisations » du Conseil National des Villes et du rapport de Gérard Hamel et Pierre André.
Le discours du nouveau Ministre de la Ville, Maurice Leroy, à Gennevilliers le 6 décembre, ne fait que confirmer ce
calendrier et fixer des objectifs plus que modestes à la Politique de la Ville.
Les avis du CNV, comme ceux des associations d’élus et de professionnels, appellent effectivement à ce que la future
génération des contrats soit articulée avec les mandats des élus locaux. Mais ils appellent surtout à ce que le gouvernement, dès 2011, se réengage fortement pour les quartiers, afin de faire
face à leurs difficultés.
Tous partagent le constat des limites actuelles de la Politique de la Ville pour faire face, seule, aux questions de
société et dénoncent le décalage grandissant entre les enjeux et les réponses de toutes les institutions publiques. C’est le même décalage que l’on a pu observer entre un « Plan Marshall
pour les banlieues » toujours attendu et une « Dynamique Espoir Banlieue » dont les limites ne sont plus à démontrer.
L’enquête annuelle sur la situation dans les territoires que vient de mener l’IRDSU auprès des professionnels de la
Politique de la Ville et du Développement Social Urbain confirme ces inquiétudes :
‐ la dégradation de la situation socio‐économique pour les habitants des quartiers, accentuée fortement depuis le début de
la crise en 2008
‐ le recul organisé des moyens budgétaires et humains des services publics de droit commun (éducation, santé, justice,
police, insertion,…), qui se ressent encore plus que les restrictions sur les moyens spécifiques de la Politique de la Ville
‐ la perte de crédit et de légitimité de « l’Etat local », réduisant ses interventions à un « dialogue de
gestion » avec les collectivités locales et ayant perdu son rôle d’incitateur ou de « co‐pilote » des projets locaux
‐ le renforcement des déséquilibres entre les grandes collectivités et les territoires qui « décrochent », villes
petites et moyennes, dans des bassins en grande difficulté. Elles sont confrontées aux difficultés grandissantes de leur population mais aussi à la dégradation de leur capacité financière et à
leur déficit en matière d’ingénierie de développement, d’outils d’observation ou d’évaluation
‐ les difficultés persistantes à articuler le social, l’urbain, l’économique et l’environnemental et à se projeter dans
« l’après‐ANRU » pour les sites concernés.
‐ et enfin, le recul de la démocratie participative à mesure que des habitants, des élus et des techniciens se replient sur
eux‐mêmes dans des stratégies défensives et que le tissu associatif est frappé de plein fouet par les politiques de rigueur budgétaire."
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l’intégralité du communiqué - Voir la synthèse de l’enquête