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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte
Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Affaire McKinsey :
"toute la lumière doit être faite"
Par Éliane Assassi / 25 novembre 2022
Communiqué d’Arnaud BAZIN et Éliane ASSASSI, président et rapporteure de la commission d’enquête du Sénat sur les cabinets de conseil.
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Arnaud BAZIN et Éliane ASSASSI prennent acte de l’ouverture d’une information judiciaire pour « favoritisme » et « financement illégal de campagne électorale », impliquant le cabinet de conseil McKinsey.
Ils ont toute confiance en la justice pour mener cette enquête. Toute la lumière doit être faite sur cette affaire, qui revêt une importance majeure pour notre vie démocratique.
Cette affaire s’ajoute aux constats alarmants dressés par la commission d’enquête du Sénat :
- les dépenses de l’État en cabinets de conseil ont plus que doublé entre 2018 et 2021, pour dépasser le milliard d’euros ;
le cabinet McKinsey n’a pas payé d’impôts sur les sociétés pendant au moins 10 ans.
- Toutes ces affaires ont un point commun : le manque de transparence de l’État dans ses relations avec les cabinets de conseil, qui jouent pourtant un rôle déterminant dans les politiques publiques.
Le 18 octobre dernier, le Sénat a voté à l’unanimité une proposition de loi pour en finir avec toute cette opacité. L’État aurait par exemple l’obligation de publier la liste de ses cabinets de conseil et aurait l’interdiction de recourir à des prestations gratuites (pro bono), ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Arnaud BAZIN et Éliane ASSASSI déplorent que le Gouvernement n’ait pas souhaité inscrire ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, alors qu’il est plus que jamais nécessaire.
Il faut agir rapidement pour mieux encadrer l’intervention des cabinets de conseil.
Transports collectifs
Un amendement pour un Navigo à 75 €
23 novembre 2022
En réponse aux échanges de patate chaude entre la Région Île-de-France et le Gouvernement, qui se renvoient la responsabilité de la hausse programmée du passe Navigo à 90€ ou 100€, les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE agissent et déposent un amendement pour maintenir l’abonnement à 75€ par mois.
Entre les hausses du coût de l’énergie et des investissements à apporter aux infrastructures, il y a des dépenses incompressibles que le réseau de transports en commun francilien, à travers Île-de-France Mobilités, va devoir porter.
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A l’heure où la crise économique frappe durement le budget des ménages et des collectivités, les ambitions écologiques et l’interdiction des véhicules polluants ne peuvent être acceptables qu’en soutenant l’accès aux transports publics.
Les transports représentent 30% de nos émissions de CO2, principalement du fait des véhicules thermiques individuels, c’est-à-dire de la plupart des voitures et poids lourds. Il est donc inaudible d’afficher la réduction des émissions de CO2 comme un objectif, tout en rendant plus cher l’utilisation du réseau RATP, avec une hausse de l’abonnement de plus de 33%.
Avec 12 millions de voyageurs par jour, le groupe CRCE considère ce réseau de transports comme essentiel dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et pour le droit à la mobilité.
Dans la continuité des revendications portées par les élus communistes à la Région, qui voteront contre la hausse du prix du passe lors du conseil d’administration du mois de décembre, les sénateurs du groupe CRCE proposent d’augmenter la participation des entreprises situées dans les zones économiques les plus développées et les mieux desservies en transports publics. Le versement mobilité sera ainsi revalorisé pour le secteur de La Défense et les communes alentours ainsi que les arrondissements parisiens les mieux dotés économiquement, pour permettre de dégager 1 milliard d’euros supplémentaires
Cette proposition a été formulée par le groupe CRCE dans un amendement au projet de loi de finances 2023, et sera défendue dans les prochains jours.
En attendant, les sénatrices et sénateurs du groupe communiste républicain citoyen et écologiste appellent à faire prendre de l’ampleur à la mobilisation pour donner des moyens aux transports publics, en signant la pétition sur stopgalere.fr et en la diffusant.
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Etat-capital, la nouvelle alliance
Publié le 23/11/2022 par PCF
« la nouvelle alliance
de l’État et du capital »
La fondation Gabriel-Péri et la revue Économie et Politique ont organisé le 8 novembre un séminaire sur « la nouvelle alliance de l’État et du capital ». Ci-dessous, un résumé de l’intervention d’Évelyne Ternant.
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Trois périodes sont identifiables dans les relations entre l’État et le capital ; elles correspondent aux grandes évolutions structurelles du capitalisme depuis la Seconde Guerre mondiale.
La période dite de la « sainte alliance », jusqu’à la fin des années 60, est celle que Paul Boccara a qualifiée de « capitalisme monopoliste d’État social ». Elle se caractérise par une dévalorisation du capital de grande ampleur, notamment par le biais d’entreprises publiques qui fonctionnent à taux de profit faible, nul ou négatif, comme EDF-GDF et la SNCF. Le capital privé réalise de ce fait des taux de rentabilité très élevés.
C’est l’ère du keynésianisme triomphant qui pensait avoir trouvé la clé d’un capitalisme sans crises. Mais c’était oublier la logique implacable d’une croissance qui surdéveloppe le capital matériel au détriment des dépenses humaines, à un moment où précisément la révolution technologique exige au contraire le déploiement des capacités humaines car les informations deviennent un vecteur essentiel des processus de production. La mécanique du « capitalisme sans crise » se grippe à la fin des années 60, avec une montée du chômage et de l’inflation, en réaction à la baisse de rentabilité du capital suraccumulé.
Une deuxième période s’ouvre dans les relations entre l’État et le capital, avec l’arrivée des politiques libérales de déréglementation, privatisation, et mondialisation financière. Elles aplanissent les obstacles pour permettre au capital en mal de rentabilité de se déployer de par le monde, s’investir dans les marchés financiers et s’incruster dans les niches rentables du secteur public.
Les politiques des pays capitalistes déréglementent tous les marchés ; le marché du travail est flexibilisé, précarisé ; sur le marché des biens et services, les grandes entreprises publiques désintégrées et mises en concurrence ; sur le marché international, le libre-échange ouvre la voie à une mondialisation des chaînes d’activité et des chaînes de valeur des multinationales. Les marchés financiers exercent une dictature sur les gestions d’entreprises et les politiques publiques vouées à l’austérité.
Les entreprises sont assujetties à des exigences de rentabilité financière incompatibles avec le temps long de l’innovation et les conditions sociales du salariat, ce qui participe grandement à la désindustrialisation. L’accumulation considérable de capitaux financiers, adossés à un empilement de dettes alimentées par la création monétaire des banques, débouche sur la crise financière de 2008, où on frôle une faillite bancaire mondiale.
Cette période, où le périmètre du secteur public se réduit et ses moyens d’action s’affaiblissent, est en réalité celle « d’un engagement suiviste derrière les choix du capital ». Les aides directes et exonérations sociales et fiscales aux entreprises s’accroissent, les critères de gestion capitalistes se répandent, y compris dans le secteur resté public, avec l’adoption des méthodes managériales.
C’est une troisième période qui s’ouvre avec la crise de 2008 ; celle d’une longue crise systémique multiforme, faite d’un enchaînement et d’une imbrication d’épisodes multiples, dont les derniers en date sont la crise sanitaire et la crise énergétique mondiale. L’intervention publique devient massive, au coup par coup, en pare-feu lors des risques majeurs pour sauver le capital. Cette alliance actuelle « du sauve qui peut » entre l’État et le capital présente un double paradoxe :
- Le soutien financier d’une ampleur inédite et sans conditions sociales et écologiques du « quoiqu’il en coûte » se conjugue une à attaque frontale contre les dépenses sociales. Ce cocktail rend les politiques macro-économiques budgétaires et monétaires inaptes à répondre aux besoins de la société.
L’inflation mondiale, qui démarre avant la guerre en Ukraine, résulte du fonctionnement spéculatif des marchés et de la surabondance des capitaux financiers. Pour la combattre, les dirigeants capitalistes ont fait le choix de la récession, donc d’aggraver le chômage, la désindustrialisation et le malaise des services publics.
Le retour d’entreprises dans le giron de l’État, comme EDF, n’est pas associé à une stratégie industrielle de reconquête, mais à la poursuite du démantèlement et de la privatisation. Enfin, la collusion entre les dirigeants politiques et les milieux d’affaires est patente ; en témoignent l’affaire Uber-files en France, où E. Macron est directement impliqué, ou l’ingérence des marchés financiers dans le choix du personnel politique en Angleterre et en Italie.
- Le deuxième paradoxe de la « nouvelle alliance » tient à l’évolution des fonctions de l’État : de larges pans des fonctions économiques sont délégués à d’autres échelons institutionnels, tels l’Europe et les régions. C’est par un activisme politique et militaire croissant que l’État national défend aujourd’hui sa base économique.
La crise systémique du capitalisme prend aujourd’hui une dimension géopolitique intense liée à la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la récession mondiale qui arrive. Dans une fuite en avant vers une économie de guerre, le « sauve qui peut pour le capital » se traduit par une montée des tensions interétatiques et le renforcement d’une hégémonie américaine qui exacerbe les rivalités intereuropéennes.
Une transformation radicale de la société est urgente pour construire le développement souhaité par les citoyens, respectueux des êtres humains, du vivant et de la planète. Il ne se fera pas sous la férule du capital et de ses logiques de marché prédatrices. Reprendre la main sur l’utilisation de l’argent, notre argent, celui des banques, des entreprises, l’argent public, nécessite des conquêtes de pouvoir des salariés et des citoyens.
Le projet de sécurité d’emploi ou de formation et ses multiples dimensions est un axe fort de la transformation sociale, non seulement parce qu’il conduit au dépassement du marché du travail, mais parce qu’il porte aussi la question du temps libre du hors travail.
Il fait ainsi la jonction entre les mobilisations sociales et les aspirations sociétales émancipatrices qui montent dans le mouvement féministe, chez les jeunes générations dans leur rapport exigeant au travail, ou encore dans la société tout entière lorsqu’elle refuse de se voir voler du temps de retraite disponible pour des activités familiales, sociales, culturelles, politiques, qui sont vitales pour faire société.
Évelyne Ternant
membre du Comité exécutif national
Sortir du joug patriarcal
25 novembre journée internationale
contre les violences faites aux femmes.
En 1960, les sœurs Mirabal sont assassinées parce que femmes et militantes féministes en République dominicaine. En 1999, l’Assemblée générale des Nations unies proclame le 25 novembre journée internationale contre les violences faites aux femmes.
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Cette journée donne de la visibilité à la lutte contre les violences : féminicides, violences conjugales, violences sexistes et sexuelles, prostitution, exploitation sexuelle et reproductive, interdiction d’accès à la contraception et à l’avortement, mutilations génitales, mariage forcé, etc.
La violence socio-économique et les inégalités salariales et professionnelles sont des violences qui pérennisent la précarité des femmes et nous confrontent encore à l’assignation à résidence, au plancher collant et au plafond de verre.
Les intégrismes religieux, l’extrême droite et les politiques conservatrices, la crise sanitaire, les crises migratoires et les guerres renforcent ces violences. Nous soutenons les femmes en lutte partout à travers le monde : états-uniennes, ukrainiennes, afghanes, iraniennes… La solidarité féministe et sororale ne connait pas de frontières.
En France, la prétendue grande cause du gouvernement cause toujours. Les associations exercent toujours, souvent bénévolement, des missions de service public auprès des femmes victimes de violences. Les lieux d’écoute, de conseil, d’orientation, d’hébergement et de prise en soin sont trop peu nombreux et inégalement répartis sur le territoire.
La justice peine à être rendue aux victimes. Le Haut Conseil à l’Égalité mettait en lumière une réalité alarmante : 5 ans après le mouvement de libération de la parole #MeeToo, l’impunité reste la norme. Seules 10 % des victimes portent plainte et 80 % des plaintes sans classées sans suite, ne donnant ainsi pas lieu à un procès. Seul 1 % des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation pénale. Ces chiffres découragent les femmes victimes de violences à demander justice.
En octobre, le Sénat rendait un rapport inédit « Pornographie : l’enfer du décor » auquel participait la sénatrice PCF Laurence Cohen. Des procès historiques se tiennent en France contre les responsables de cette industrie patriarcale qui banalise la culture du viol et sexualise la violence sexiste, raciale et lgbtphobe. Le lien avec la pédopornographie/pédocriminalité et la prostitution des mineur·e·s est également saillant.
L’industrie porno-criminelle réalise ses profits sur la précarité de ses victimes. Les jeunes filles issues des dispositifs d’aide sociale à l’Enfance et/ou ayant subi des violences intrafamiliales (y compris sexuelles et incestueuses) sont des cibles privilégiées de ces réseaux, dans une logique de continuum des violences, d’exploitation de la précarité et de la fragilité sociale.
Nous militons pour une société libérée des rapports de domination et d’exploitation, afin d’émanciper les femmes et la société tout entière du joug patriarcal nous faisant collectivement progresser vers plus d’égalité, de liberté et de droits.
Shirley Wirden
Membre du Conseil national
Mali
Des viols de masse et des exécutions
dans l’impunité
Un rapport de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), dont nous nous sommes procuré des extraits, sera dévoilé ce jeudi. Il témoigne des exactions commises par toutes les parties du conflit. Les femmes en sont les premières victimes.
Benjamin König L'Humanité
Jeudi 24 Novembre 2022
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Le camp de M’Berra accueille des réfugiés fuyant des violences attribuées aux djihadistes, aux forces maliennes et à des membres du groupe Wagner. Guy PETERSON / AFP
« Exécutions sommaires », « massacres de masse », « viols de masse » : la guerre dans son acception la plus crue, voici ce qui ressort des 84 pages de ce rapport d’enquête publié ce 24 novembre par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), qui tient ce jeudi matin une conférence de presse à Dakar.
Intitulé « Dans le centre du Mali, victimes et bourreaux vivent ensemble », le document permet de donner un nouvel aperçu, une « actualisation, cette année 2022 étant particulièrement dangereuse », relate L., un membre de la société civile malienne, dont l’anonymat est requis pour préserver sa sécurité. Il rappelle que ce nouveau rapport « vient s’ajouter à d’autres depuis 2012, d’ONG ou de l’ONU avec la Minusma, qui ont démontré des exactions commises par toutes les parties ».
Voici dix ans que ce conflit meurtrier a déstabilisé le Mali, marqué par deux interventions militaires françaises, « Serval » et « Barkhane », opérations dont Emmanuel Macron a acté l’échec en février dernier sur fond de tensions avec le nouveau régime malien.
Ce dernier – une junte militaire parvenue au pouvoir après deux coups d’État en 2020 puis 2021, renommée « régime de transition » avec à sa tête le colonel Assimi Goïta – a opéré un virage à 180 degrés dans la lutte contre des forces djihadistes affiliées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim). Et a lancé une opération baptisée « Kélétigui », avec à ses côtés des paramiliciens du groupe russe Wagner, malgré le fait que, « du côté des autorités, la présence de militaires russes n’est toujours pas reconnue », indique L.
L’influence des groupes djihadistes « va bien au-delà de la ligne de front qui prévalait en 2012 », écrivent les auteurs du rapport, qui parlent aussi de « milicianisation du conflit », notamment à la suite des opérations françaises et de la constitution de groupes armés d’autodéfense « sur la base de critères ethniques », à savoir Dogons, Bambaras ou Peuls, ces derniers étant souvent assimilés aux djihadistes.
Le rapport documente donc ce « retour violent de l’État à travers l’intensification des opérations militaires des FAMa (forces armées maliennes – NDLR) et de leurs partenaires du groupe Wagner d’une part, et de la concurrence entre les milices d’autodéfense communautaires et insurgés djihadistes affiliés au Gsim d’autre part ». C’est dans le centre du pays, dans les régions de Mopti et Ségou, que les affrontements et la hausse des violences sont les plus marqués comme le rapport le décrit, via « une centaine de témoignages » recueillis « entre 2021 et 2022 ».
Deux fosses, 475 cadavres
Une partie du document est consacrée aux « violences sexuelles liées au conflit », avec des témoignages de nombreuses femmes. Groupes djihadistes, milices d’autodéfense, armée malienne ou supplétifs de Wagner, tous les groupes se livrent à des actes de violences sexuelles : viols parfois comme arme de guerre, enlèvement, esclavage sexuel, mariage forcé. Des crimes difficiles à quantifier en raison de l’opprobre jeté sur ces femmes et des zones reculées où ils sont commis.
Plusieurs témoignages décrivent notamment les exactions commises par les FAMa et Wagner lors du massacre de Moura, entre le 27 et le 30 mars 2022. Qui a commencé par une rafle suivie de meurtres de masse : « Nous avons dénombré 89 cadavres jonchant le sol dans le marché et dans la rue – ils ont fini dans la fosse commune. Il y avait deux autres fosses – l’une creusée par les FAMa contenant 213 cadavres, et l’autre 262 », témoigne S. V., expliquant qu’aucune victime n’était armée.
Pour le régime malien, les personnes tuées étaient toutes des « terroristes ». Or, selon les éléments récoltés par la Fidh, « environ 30 djihadistes ont été tués durant le massacre, et des centaines de civils exécutés ». Souvent, l’appartenance ethnique ou le port d’un pantalon court – l’habit imposé aux hommes par les groupes djihadistes – suffisent pour être désigné comme terroriste.
D’autres récits relatent ensuite les nombreux viols commis, une fois les hommes raflés ou tués, comme cette femme nommée D. A., 25 ans : « Le mardi soir (29 mars – NDLR), sept soldats sont entrés chez moi, cinq étaient noirs de peau, deux étaient blancs. Ils ont emmené quatre femmes chez nous et chez nos voisins et les ont violées sous l’abri dans notre cour. Vers 23 heures, ils m’ont violée en dernier. »
Une autre femme de 22 ans, M. T. U., parle également d’un « soldat blanc tatoué (qui) m’a agrippée par les mains et m’a amenée dans ma chambre, où il m’a violée ». Mais elle témoigne aussi des soldats qui « ont amené toutes les femmes sur les rives du fleuve (le Niger – NDLR) », où selon elle « 26 femmes ont été violées ». Selon L, « il existe toujours un déni sur les violations des droits humains par les FAMa, y compris dans la population ».
Des populations prises en étau
Les violences commises par les djihadistes sont elles aussi documentées, bien qu’elles soient plus ardues à recenser. Le rapport pointe ce « possible déséquilibre » en raison des « difficultés d’accès aux localités de Macina, Nampalari, Seno et Hayre », des « zones occupées par les djihadistes, où se concentrent potentiellement une large part des exactions qui leur sont attribuables ».
Mais plusieurs récits ont été recueillis, comme celui de Q. P., une jeune femme de 17 ans, originaire du cercle de Douentza, qui relate comment elle a été enlevée « avec une amie par quatre hommes à moto » alors qu’elles « ramassaient du bois de chauffage ». Leur captivité a duré cinq jours, dont quatre au cours desquels elles ont subi des viols de la part de « trois hommes qui pouvaient avoir 35 à 40 ans » et qui les « menaçaient de mort ».
Le 18 juin, les djihadistes de la Katiba Macina, un groupe salafiste affilié au Gsim apparu en janvier 2015, ont attaqué trois villages au sud-est de Mopti, avec « plus de 100 motos » comportant deux hommes sur chacune. Un témoin nommé T. F. parle du meurtre de « 132 personnes, tous des hommes, dont 67 à Diallassagou, 56 à Diamweli et 9 à Deguessagou ».
Prise en étau entre, d’une part, les forces armées maliennes et leurs supplétifs du groupe Wagner, et, d’autre part, les groupes djihadistes ou d’autodéfense, la population est en première ligne de cette « spirale de violences qui facilite le recrutement par les groupes armés ». Pour casser cette spirale, « la première arme, c’est la lutte contre l’impunité », affirme L. La Fidh émet plusieurs recommandations en ce sens. Mais pour L., ce qui est en jeu, au-delà de « la sécurisation, ce sont les vraies causes du conflit ; le chômage, qui permet aux groupes armés, notamment djihadistes, de recruter ».
Bamako interdit les ONG françaises
Le ton monte entre le régime malien et le gouvernement français. Mardi 22 novembre, la junte a annoncé l’interdiction des activités des ONG financées par la France, nouvelle étape de la forte tension entre Paris et Bamako.
Une décision en forme de représailles après la suspension, par le gouvernement français, des financements de l’aide publique au développement en direction du Mali, y compris ceux qui transitent par des organisations humanitaires. Le vice-président communiste du Sénat, Pierre Laurent, a interpellé le ministère à ce sujet, évoquant « une fuite en avant extrêmement préjudiciable pour les peuples malien et français ».
États-Unis :
Une vague bleue républicaine évitée,
mais quoi d’autre ?
Les élections étatsuniennes de mi-mandat se sont tenues le 8 novembre dernier. Il est désormais possible d’essayer d’en tirer les enseignements les plus marquants, même si les derniers résultats ne sont pas encore connus. La « vague bleue » rêvée par les Républicains n’a pas eu lieu, même si les partisans thuriféraires des idées et pratiques de Trump, le milliardaire porte-drapeau de la « réalité alternative » et du suprématisme blanc américain, sont même plus nombreux dans la nouvelle Chambre.
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L’autre grand signe d’espoir est le vote des jeunes, une participation la plus importante depuis 30 ans.
S’il est de « tradition » que les scrutins de « midterm » soient défavorables au Président en fonction, Joe Biden, dont le parti démocrate perd la majorité à la Chambre des représentants, peut se targuer d’un « succès », les pertes étant de loin moins importantes que la moyenne de celles habituelles lors des « midterm ». Ce sont les jeunes, notamment ceux de la « génération Z » nés après 1995, qui ont permis cette résistance.
Les midterms – multiplicité des scrutins
Les Étatsunien·ne·s sont nationalement appelé·e·s aux urnes tous les deux ans. Le chef de l’État est élu tous les quatre ans et le Sénat (100 membres) par tiers tous les deux ans, les députés les 435 membres de la Chambre des représentants doivent se soumettre au vote populaire tous les deux ans. Le scrutin de mi-mandat du 8 novembre dernier est celui qui se tient à la moitié du mandat quadriennal du Président. Il sert traditionnellement de jugement de la politique de la majorité en place.
Ce « contrôle populaire » peut paraître le summum de la démocratie parlementaire, mais il a pour inconvénient de rendre tout·e élu·e particulièrement vulnérable, notamment les nouveaux arrivants pour qui l’apprentissage des modalités complexes de fonctionnement et la tutelle des « anciens », donc de l’appareil du parti, sont des freins redoutables dans ce pays-continent composé de cinquante États fédérés jaloux de leur autonomie.
Les électeurs sont aussi appelés à élire, conjointement avec le scrutin fédéral, selon le cas, leurs assemblées parlementaires d’État, leurs gouverneurs (dans 36 États cette fois-ci), leurs assemblées municipales et leurs maires, une partie de leurs instances judiciaires, leur chef de police et diverses autres instances dans les comtés (que l’on pourrait comparer à nos départements) et communes, comme par exemple les conseils des écoles – élus par les parents d’élèves, etc.
C’est aussi l’occasion de référendums sur des questions diverses. Les bulletins de vote – sur papier ou dématérialisés – sont une longue liste de cases à remplir selon son choix. Le vote – ou plutôt la réception officielle des bulletins – a lieu nécessairement – selon un choix datant de 1792 – un mardi entre le 2 et le 8 novembre, jour ouvré et travaillé. Mais le dépôt de bulletins peut aussi être anticipé (dans des boites installées à cet effet) ou par correspondance : des formules souvent utilisées par des salariés et des électeurs éloignés des bureaux de vote, parfois de plusieurs dizaines de kilomètres.
C’est ainsi que sur 112 millions de votants, 40 millions avaient déjà voté le dimanche précédant le scrutin. Une même diversité de pratiques concerne la preuve de l’identité de l’électeur, la carte d’identité nationale n’existant pas aux États-Unis. Parfois il s’agit de présenter sa carte d’assurance santé, ou son permis de conduire ou, le cas échéant, toute autre pièce pouvant tenir lieu de justificatif. Cela permet à des États comme le Texas de recourir en toute « légalité » à des pratiques antidémocratiques : la carte d’étudiant n’y est pas reconnue tandis que toute pièce prouvant la propriété d’une arme à feu est, elle, admise…
20 millions de non-inscrits – fractures multiples et accrues de l’électorat
Sur 233,7 millions d’Étatsuniens de plus de 18 ans, 213,7 millions se sont inscrits sur les listes électorales, soit 20 millions de personnes non-inscrites, auxquelles il faut ajouter au moins 4 millions de citoyens privés de droit de vote, soit parce qu’elles sont en prison (environ 2 millions) ou condamnées pour des délits mineurs. 8,3 millions de jeunes ont accédé à la majorité depuis 2020 (4,5 millions de Blancs, 2 millions de Latino-Américains et 1,2 million d’Afro-Américains), 30 % d’entre eux ont voté.
La fracture entre les minorités qui ont majoritairement voté démocrate, et les Blancs, s’est aggravée. Alors qu’ils ne représentaient que 67 % des votants en 2020, 73 % des votants du 8 novembre dernier sont des Blancs, dont 58 % ont voté en faveur du camp républicain. Celle entre femmes et hommes est, elle aussi, importante : alors que 53 % des électrices ont voté pour les démocrates, seulement 42 % des hommes ont fait ce choix.
Les votes latino-américains traditionnellement favorables aux démocrates se sont légèrement érodés : 60 % en 2022 contre 66 % en 2018. Le vote des Afro-Américains (11 % des votants) est allé à 88 % aux démocrates.
63 % des hommes blancs ont voté Républicain ainsi que 53 % des femmes de ce même groupe, tandis que 82 % des hommes et 88 % des femmes afro-américain·e·s ont voté Démocrate.
Une autre fracture se fait également sentir : Les électeurs des villes de plus de 50 000 habitants (31 % de l’électorat) ont voté en majorité Démocrate, 58 % des votes contre 41 % en faveur des Républicains. Ces proportions s’inversent dans les banlieues (52 % des électeurs) avec respectivement 46 et 52 %, et, surtout en ce qui concerne les petites localités et les cités rurales (17 % de l’électorat) avec respectivement seulement 34 % de votes Démocrates et 63 % Républicains.
Ces chiffres sont révélateurs : jamais depuis des décennies les États-Unis ne sont apparus – en tant qu’entité – aussi nettement divisés entre deux camps politiques, une division avec laquelle se conjugue celle entre femmes et hommes. En revanche, une tendance inverse se fait jour en ce qui concerne les jeunes générations et notamment les 18-29 ans : 63 % d’entre eux ont voté Démocrate contre 34 % seulement en faveur des Républicains contre 50 % en 2018. Dans cette tranche d’âge aussi, les jeunes femmes ont voté à 71 % pour les démocrates, alors que seulement 53 % des jeunes hommes en ont fait de même.
Le vote Démocrate est aussi majoritaire chez les 30-39 ans – 54 % contre 43 % – et il devient minoritaire à partir des 40 ans et plus qui représentent 73 % des votants¹.
Celles et ceux que l’on a vu affluer en nombre à partir de l’après-midi du 8 novembre font partie de la génération de ces centaines de milliers de jeunes lycéens qui, en mars 2018, ont marché contre la prolifération mortelle des armes à feu. Ce sont aussi celle de ces millions de jeunes citoyens qui espéraient pouvoir bénéficier de la remise partielle (10 000 dollars) de la dette contractée pour payer leurs études (1 600 milliards de dollars, une bulle aussi dangereuse que celle des subprimes en 2008) décidée par Joe Biden et qu’un juge fédéral – nommé par Trump – a annulée, répondant à une « plainte » d’un comité activé par le géant de la fourniture d’équipements intérieurs « Home Service ».
Et c’est cette nouvelle génération qui a crié dans les rues de nombreuses villes, « Black Lives Matter ». Plus largement, il s’agit aussi des salariés qui se sont battus pour gagner le droit de se syndiquer, chez Amazon, ou encore chez Starbucks.
L’argent, agent électoral tout puissant
La Cour suprême des États-Unis a décidé en 2010 que tout groupe d’intérêt privé, entreprise, banque, etc., pouvaient financer, sans limites, la promotion de programmes politiques. Dans son argumentaire, le juge Anthony Kennedy (nommé en son temps par le président Ronald Reagan) expliquait que les entreprises doivent être considérées comme des personnes et qu’elles ont droit de ce fait aux mêmes libertés individuelles d’expression et de choix politique. On a ainsi ouvert à l’argent sans limites, ce que ce juge a appelé « le marché des idées »².
Les dépenses totales de propagande électorale pour les primaires et les élections de mi-mandat de cette année se sont élevées à 17,7 milliards de dollars – soit 8,9 milliards pour les scrutins fédéraux (Chambre et Sénat) et 7,9 milliards pour les multiples scrutins des États. En 2018, 13,7 milliards avaient été dépensés en campagnes électorales pour les mi-mandat. L’argent a pris un tel poids décisif que ceux des candidats qui défendent des idées et projets véritablement progressistes n’ont d’autre solution que de lancer des appels à dons – entre 1 et 25 dollars en moyenne – sur les réseaux sociaux ou au porte-à-porte de militants.
Il y a là sans doute une des raisons essentielles du fait que les élus démocrates « modérés » (centristes ou même conservateurs) sont proportionnellement plus nombreux par rapport à un électorat souvent plus à gauche qu’eux, que ne le sont les progressistes qui ont déjà eu une difficulté plus importante à passer victorieusement le cap des primaires – face à un puissant « establishment » de parti. Ceci semble fonctionner en partie inversement chez les Républicains où ce sont les plus extrémistes, les plus tonitruants qui sont parvenus à se faire élire lors des primaires. En revanche ce sont les plus camouflés « en complet-veston » qui ont été élus, tout en prônant des politiques aussi conservatrices et réactionnaires.
Les inquiétudes des citoyens
À cela se combine, il ne faut pas l’oublier, le racisme structurel américain qui pousse nombre d’électeurs blancs à préférer des candidats de même « couleur » nonobstant leur choix politique.
Les sondages de sortie des urnes sont révélateurs. 79 % des personnes interrogées ont placé en premier l’inquiétude quant à la situation économique. Certes, le chômage est officiellement à un niveau bas, 4 %. Mais depuis la pandémie, la structure même de l’emploi s’est modifiée : les « petits boulots » se sont multipliés au point qu’il n’est pas rare qu’il faille avoir trois emplois différents à la fois.
Les femmes sont les plus touchées par cette crise : plus de 2 millions d’entre elles n’ont pas retrouvé leur emploi d’avant Covid. Dans le même temps de puissantes grèves ont eu lieu ou sont actuellement en cours dans les grandes entreprises, comme ces jours-ci la relance du conflit dans les chemins de fer. Une partie des syndicats ont accepté une hausse des salaires de 24 %, mais ceux notamment des conducteurs de train ont refusé de signer la convention car ils exigent de meilleures conditions de travail et plus que les trois jours de congés payés par an pour raison de santé payés.
La deuxième plus importante des inquiétudes, pour 70 % des Étatsuniens concerne l’avenir de la démocratie. Les appels à la haine de la mouvance trumpienne – notons que 30 % de la population croit effectivement que la présidentielle de 2020 était truquée, et ils sont encore plus nombreux à croire à l’existence d’un pouvoir invisible – le « deep state » – gouverne le pays.
Sans compter les autres délires complotistes puissamment alimentés par les réseaux sociaux qui pourrissent les relations sociales. La prolifération des milices d’extrême droite comme celles qui ont envahi le Capitole en janvier 2020, prête à mener des attaques terroristes, la panique entretenue quant à l’existence d’un complot « communiste » mettant en danger le pays lui-même, celui que Trump veux « rendre formidable à nouveau », sont autant de facteurs d’angoisse de masse.
En troisième position, 64 % des sondés s’inquiète de l’état de l’éducation – qui s’est fortement re-ségréguée entre école publique pauvrement financée pour les enfants les plus pauvres et une floraison d’établissements privés privilégiés avec, au nom de la liberté du choix, d’importante aides fédérales ou des États.
63 % des sondés s’inquiètent de l’état de la protection sociale et de la santé. L’ « obamacare », soumettant les assurances privées à des régulations plus strictes n’a que partiellement encadré les dépenses de santé des assurés ; ajoutons à cela le grand désordre qui a présidé à la gestion erratique au gré des choix politiques de la pandémie du coronavirus qui s’est soldée par la mort d’au moins 1 million de citoyens.
En 2021, plus de 100 000 personnes sont mortes d’overdose d’opiacés et autres produits plus ou moins frelatés souvent prescrits médicalement en succédané de soins antidouleur trop coûteux pour les patients. L’espérance de vie à la naissance a encore baissé en 2021, passant de 77 à 76,1 ans, la plus forte baisse depuis les années 1920, classant ce pays derrière le Mexique. En France, si l’on a connu une forte baisse avec la pandémie, la reprise de l’augmentation est constante depuis, atteignant 82,5 ans en 2021. La décadence étatsunienne est due, avant tout à la mauvaise qualité de la santé d’au moins un tiers de la population victime d’obésité, de diabète mais aussi des coûts exorbitants des soins notamment hospitaliers et des médicaments et vaccins.
La folle hausse des prix de l’énergie est une source de préoccupation sérieuse pour 61 % des personnes interrogées. Dans un contexte d’une inflation de plus de 8 % (légèrement en baisse ces derniers jours) les prix des carburants – essence et diesel – ont explosé en dix mois (une hausse moyenne de 70 %) dans un pays aux grandes distances où les transports en commun sont peu développés et modernisés.
Les États-Unis sont certes autosuffisants en hydrocarbures et gaz depuis l’explosion du nombre de forages par fragmentation, les propriétaires des terrains sont propriétaires de leur sous-sol et le louent aux pétroliers, ce qui a déstabilisé partiellement l’agriculture. Mais dans le même temps, au pays du « marché libre », les pétroliers se sont alignés sur les prix mondiaux.La criminalité violente et la prolifération des armes à feu sont inquiétantes pour près de 60 % des citoyens : Le nombre de victimes mortelles est passé de 33 000 par an en 2018. Il dépasse les 40 000 depuis la mi-septembre de cette année. Près de 80 % de ces décès ont lieu en milieu familial.
Pour 56 % des personnes interrogées (hommes et femmes) la défense du droit à l’IVG est source d’inquiétude (74 % chez les femmes interrogées).
Si la question du contrôle de l’immigration est évoquée par 54 % des interrogé·e·s, elle est devenue un enjeu de confrontation directe entre le « Sud profond » et le Nord. Ainsi, le Texas a transféré plus de 13 000 migrants vers des États (démocrates) du Nord où, jusqu’à présent, ils sont bien accueillis. De son côté, Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, a envoyé un charter d’immigrés au Delaware, l’État de Joe Biden, ainsi que sur l’île de Martha's Vineyard (Massasuchetts), où se trouve la résidence secondaire privée du Président.
Le thème du dérèglement climatique n’a été cité que par 38 % des sondés. Le trumpisme, là encore, a fait des ravages avec le reniement de Cop 21. Outre une certaine « habitude » des tornades et des tempêtes de neige habituelles dans certaines régions, la méconnaissance encore grande des données scientifiques les plus basiques, à laquelle s’ajoutent les contes les plus fantastiques sur l’histoire de la vie sur terre qui pour un tiers de la population est apparue il y a quelques dizaines de milliers d’années seulement, voire seulement il y a 5 000 ans pour les 25 % de personnes adeptes des cultes évangéliques.
Selon les derniers décomptes et projections, il y aura 221 élus républicains et 214 démocrates (avec une marge d’erreur de plus ou moins deux sièges) à la Chambre des représentants. La présidente démocrate de la législature sortante, la toute-puissante Nancy Pelosi, aujourd’hui âgée de 82 ans et élue sans discontinuité depuis 35 ans, troisième personnage de l’État selon la coutume, a démissionné de sa présidence, toute en demeurant députée de Californie.
Quelles colorations idéologiques du Congrès ? Progressistes contre trumpistes.
Le constat le plus surprenant tient à la composition idéologique de la nouvelle Chambre et même celle du Sénat. Deux surprises ont contredit les prévisions des « experts ». En premier lieu, le groupe d’élus progressistes à la Chambre des représentants s’est nettement renforcé. Les membres du « Squad » original ont été brillamment réélues. Alexandria Ocasio-Cortez l’a été avec 71 % des voix ; Ilhan Omar a été élu avec 75 % des voix ; Ayanna Pressley avec 85 % ; Rashida Tlaib (la seule élue d’origine palestinienne) 71 %, malgré la campagne calomnieuse et hargneuse menée contre elle par le lobby pro-israélien dominé par les amis du Likoud ; et l’infirmière militante de Black Lives Matter du Missouri, Cory Bush, 73 %.
Plus largement, le « Progressive Caucus » de la Chambre dépassera sans doute les cent membres. Au Sénat, Bernie Sanders rejoint par deux compagnons sera sans doute élu en janvier prochain à la tête de la puissante commission sénatoriale de la Santé, de l’Éducation, du Travail et des Retraites (Senate Committee on Health, Education, Labor and Pensions). Des victoires qualifiées de « progressistes » ont aussi été signalées à travers le pays, dans les États du Texas, de l’Illinois, du Michigan, de Floride, d’Hawaï, de Californie, de Pennsylvane et du Vermont.
Dans quelques États des référendums ont permis la préservation du droit à l’IVG, le droit de créer des syndicats ou encore la mise en place de mesures en faveur d’un salaire minimum de 15 $ l’heure. Plus étonnant : à l’instar de près d’une moitié d’États de l’Union qui l’ont déjà voté, dans l’Oregon, le Tennessee, l’Alabama et le Vermont, les électeurs ont majoritairement et définitivement « aboli » l’esclavage : le XIIIe amendement de la Constitution l’a certes aboli en janvier 1865 « si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dûment convaincu ». Ce qui permettra aux détenus dans ces États de refuser le travail forcé ou d’exiger une rémunération.
L’autre surprise concerne le choix des Représentants républicains. Les médias avaient prédit que les partisans affirmés de Trump, ceux qu’on appelle les « deniers » car ils nient la validité de scrutin de 2019 ayant porté au pouvoir Joe Biden perdront des sièges. Or il s’avère que l’on a dénombré 145 « deniers » qui prétendaient que le scrutin de novembre de 2019 avait été truqué par les Démocrates. Ils n’étaient « que » 139 auparavant. Il en va de même au Sénat avec notamment les nouveaux élus de l’Ohio et de la Caroline du Nord. Ceci entre en contradiction directe avec le message de « modération » qu’ont exprimé majoritairement les électeurs, démocrates mais aussi républicains, par le choix de leurs élus.
Ici et là l’on entend déjà évoquer des projets tels la dissolution de la commission d’enquête sur les émeutes du Capitole et le rôle qu’y a joué Trump. On parle aussi de la création d’une commission d’enquête portant sur les liens troubles qu’aurait Hunter Biden, le fils du Président, avec des affairistes ukrainiens et d’une complicité éventuelle de son père. La nouvelle majorité républicaine, même si elle est modeste, pourrait également projeter de casser les grands plans d’investissements sociaux et productifs (Affordable Care Act et Inflation Reduction Act) de Biden, déjà largement écornés par leur complice démocrate au Sénat, Joe Manchin. La capacité de nuisance d’une Chambre républicaine est théoriquement efficace pour bloquer tout projet présidentiel, tant en politique nationale qu’étrangère.
Un autre événement inattendu de ces élections a été la confirmation d’une majorité démocrate au Sénat. Les élus démocrates sont au nombre de 50 face à 49 Républicains et ils espèrent pouvoir faire élire un des leurs en Géorgie d’ici la fin décembre, lors d’un deuxième tour local, une particularité de cet État, aucun des deux candidats n’ayant obtenu la majorité d’au moins 50 % lors du premier tour.
La bonne nouvelle est venue de Pennsylvanie où le démocrate John Fetterman, malgré des séquelles d’un AVC, a battu le « docteur » Mehmet Oz, un « denier » star télévisuelle vantant les mérites des médecines dites alternatives, comme une tisane soignant le Covid, à défaut de chloroquine qu’il a prescrite à son ami Donald Trump.Fetterman était le vice-gouverneur de l’État (13 millions d’habitants) et en tant que tel responsable de la commission des grâces. Il a fait de sa petite ville de Bradock (moins de 2 000 habitants) un modèle de justice sociale, contribuant à une baisse importante des crimes et délits. Considéré comme « progressiste » il a effectivement réduit des durées de peines pour des détenus pennsylvaniens.
C’est sur ce terrain qu’il a été attaqué par Oz. Lors de l’unique débat avec son adversaire, Mehmet Oz, s’est présenté en compagnie de Maureen Faulkner, la veuve du policier que, contrairement à toute vérité, Mumia Abu-Jamal aurait tué. Une belle mise en scène, utile d’ailleurs aux deux candidats. Jacky Hortaux, animateur du Collectif français « Libérons Mumia », nous a confirmé que « l'alternance politique en Pennsylvanie est une constante sans que cela se traduise par une évolution positive pour Mumia, et cela dure depuis 40 ans.
(…) John Fetterman (…) n'est pas un petit nouveau en politique car il est, entre autres, le bras droit du gouverneur de Pennsylvanie en sa qualité de lieutenant-gouverneur. À ce titre, il n'a jamais levé le petit doigt pour Mumia, pas plus qu'il ne l'a fait durant sa campagne électorale. »³ Un autre démocrate a été élu gouverneur, Josh Shapiro. Plus de 312 millions de dollars ont été dépensés en Pennsylvanie pour les campagnes électorales.
Dans deux ans se tiendront des élections générales, dont celle du président des États-Unis. Joe Biden vient de célébrer ses 80 ans et semble vouloir se représenter sans que cela ne soulève l’enthousiasme dans son parti, mais la relève ne s’est pas encore présentée. Chez les Républicains, Trump a déclaré sa candidature, mais une concurrence possible apparaît avec celle de Ron DeSantis, le gouverneur – bien plus présentable et plus jeune que Trump mais aussi réactionnaire et populiste que lui – de l’État de Floride.
Malheureusement, il est un domaine où les choix se ressemblent fortement : la politique internationale, fondée sur la volonté hégémonique, la course aux armements et l’explosive rivalité avec la Chine.
Michel Muller
Membre de la commission des Relations internationales du PCF
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1. Voir le sondage « sortie des urnes » réalisé par la chaîne NBC :
https://www.nbcnews.com/politics/2022-elections/exit-polls
2. « La couleur du marché – racisme et néolibéralisme aux États-Unis », de Sylvie Laurent. Éditions du Seuil, 16 €.
3. www.mumiabujamal.com
Contre « la France des allocations », Roussel maintient ses propos
Contre « la France des allocations », Roussel maintient ses propos
Article de Par LePoint.fr • Il y a 15 min
Sa petite phrase avait fait du bruit lors de la dernière Fête de l'Humanité. Il ne change pas d'avis. Ce mercredi 23 novembre, le secrétaire national du Parti communiste a répété son envie de « défendre une France du travail [plutôt] qu'une France des allocations » au micro de BFMTV et RMC. Alors qu'il se dressait contre la réforme de l'assurance-chômage, l'élu communiste du Nord s'est dit « prêt à défendre le travail et à l'ériger en priorité nationale, pour reconstruire une France du travail ».
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Contre « la France des allocations », Roussel maintient ses propos© olivier corsan / MAXPPP / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
Le 11 septembre dernier, le patron du Parti communiste avait opposé la « gauche du travail » à « celle des allocations », en marge de la Fête de l'Humanité organisée dans le département de l'Essonne. Dans le même temps, il avait expliqué vouloir permettre aux Français d'avoir « un travail et un salaire » afin de « sortir d'un système de revenus de substitution, de RSA et d'allocations-chômage ». Des phrases qui sont loin d'avoir fait l'unanimité au sein de la gauche et de l'alliance électorale de la Nupes. Le secrétaire national d'EELV de l'époque, Julien Bayou, avait critiqué cette sortie. Il accusait alors Fabien Roussel de « reprendre les mots de l'adversaire ». Des critiques semblables à celles formulées par Sandrine Rousseau, sur la valeur travail ou Olivier Faure.
« Un gouvernement qui préfère taper sur les chômeurs »
Sur BFMTV-RMC, ce mercredi, le député PCF explique défendre « un choix de société » en maintenant cette position. « J'assume. Je préfère défendre une France du travail qu'une France des allocations. Quand je disais cela [à la Fête de l'Humanité], je parlais de ces revenus de substitution tels que le RSA », a-t-il martelé. « Cela fait quarante ans que l'on a installé le RSA, alors que cela devait être temporaire pour sortir des gens de la pauvreté », a-t-il rappelé. Un objectif initial loin d'avoir été rempli, selon le parlementaire.
Prenant les devants pour éviter d'être accusé de se rapprocher de la majorité présidentielle, Fabien Roussel critique les décisions récentes de l'exécutif. « On a un gouvernement qui préfère taper sur les chômeurs et qui leur dit : ?Acceptez ces boulots sous-payés, sinon on ferme le robinet [des indemnités].? », s'est-il emporté. « Je souhaite que la gauche reprenne [son] combat pour le travail. ». Quelques secondes plus tôt, Fabien Roussel ? au sujet de la réforme des retraites qui doit bientôt faire son entrée au Parlement ? avait taclé « un moyen de faire pression sur les salariés sans augmenter les salaires », « sans améliorer les conditions de travail ».
L’odieux business du médicament
Maud Vergnol L'Humanité
Mercredi 23 Novembre 2022
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Nos vies ne valent pas plus que leurs profits. Les mastodontes de l’industrie pharmaceutique, dont le chiffre d’affaires annuel oscille en moyenne entre 50 et 70 milliards d’euros, dominent la fabrication de la majorité des médicaments dans le monde. En dépit des scandales révélés au grand jour par la pandémie de Covid, les Big Pharma ont toujours les mains libres pour agir en toute impunité, jusqu’à pouvoir décider, in fine, des politiques de santé des gouvernements.
Le cas du médicament Sovaldi est emblématique. Traitement très efficace contre l’hépatite C, la molécule qu’il contient, le sofosbuvir, avait suscité en 2013 un immense espoir pour lutter contre cette maladie qui tue 700 000 personnes chaque année dans le monde. Espoir rapidement douché par la rapacité du laboratoire américain Gilead.
Protégé par un brevet, le Sovaldi est vendu à un prix exorbitant, 41 000 euros en France, privant de nombreux malades d’un traitement qui pourrait pourtant leur sauver la vie ! Devant un tel scandale, Médecins du monde avait lancé, en 2015, une procédure juridique pour casser ce brevet et permettre la production de génériques beaucoup moins chers. L’Office européen des brevets, basé à Munich, pourrait trancher ce mercredi sur l’annulation du brevet, ce qui représenterait une première victoire et enrayerait la toute-puissance des Big Pharma.
Cette décision est d’autant plus attendue qu’on ne pourra pas compter sur le pouvoir macroniste pour reprendre la main sur les labos. Au début de la pandémie, en mars 2020, le président de la République affirmait la main sur le cœur que la santé devait être « placée en dehors des lois du marché ». On sait aujourd’hui ce qui fut de cette promesse, comme des mauvais traitements infligés à l’hôpital public et à l’ensemble de notre système de santé.
La même année, trois sénatrices communistes présentaient une proposition de loi visant à créer « un pôle public du médicament et des produits médicaux ». Rejetée. Celle de la députée insoumise Caroline Fiat avait connu le même sort. Deux ans plus tard, à la veille de l’hiver, faute d’avoir repris la main sur la production, la France vient d’annoncer une pénurie d’antibiotiques.
Le billet de Gérard Streiff
Publié le 23/11/2022 par PCF
Sinécure -
Après le préfet Lallement nommé secrétaire général à la mer, Emmanuelle Wargon à la Commission de régulation de l’énergie, Jean Castex à la RATP, Brigitte Bourguignon à l’Inspection générale des affaires sociales, Bérangère Abba au Comité national de la biodiversité, voici l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner promu en même temps, comme dirait le Président, président du Grand Port de Marseille et de la Société du tunnel du Mont Blanc. (Ce dernier job est une parfaite sinécure.)
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L’Élysée recase à tout-va, l’État Macron se déploie, la liste est longue des obligés du pouvoir. On parle même de Blanquer pour la présidence du château de Versailles. Info ou intox ?
Gérard Streiff