Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

feminisme

droit de vote des femmes

22 Avril 2024, 07:01am

Publié par PCF Villepinte

Mariette Sineau, sociologue :

« Le droit de vote des femmes n’a pas suffi à créer les conditions de leur émancipation »

Elles peinent à être investies par les partis politiques et donc à se faire élire tant au Parlement que dans les assemblées locales.
AFP

 

Il y a 80 ans, le 21 avril 1944, une ordonnance signée par le général de Gaulle après un amendement du communiste Fernand Grenier octroyait enfin aux femmes le droit de vote en France. Mariette Sineau, co-autrice du livre Femmes et république (documentation française, 2021) revient sur les réticences qui ont amené, à gauche, à repousser pendant de longues années l’universalisme réel du suffrage. Politologue au Cevipof, elle observe également les différences de genre dans le vote depuis 1945, et les combats qu’il reste à mener pour une vie citoyenne et politique plus paritaire.

Mariette Sineau

Directrice de recherche honoraire CNRS/Sciences Po, co-autrice de Femmes et République (La Documentation française, 2021).

Le 21 avril 1944, une ordonnance octroyait enfin le droit de votes aux femmes en France. Comment est-il possible que cela soit arrivé aussi tard ?

La France a été le premier pays, en 1848, à établir le suffrage universel masculin et parmi les dernières nations européennes à accorder aux femmes le droit de vote et d’éligibilité. Ce droit a été le fruit d’un long combat mené dès 1789 par les féministes.

En 1791, Olympe de Gouges publie sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne pour dénoncer le faux universalisme de la Déclaration de 1789 et réclame le droit pour les femmes de voter et d’être élues. Plusieurs autres occasions ont été manquées comme en 1848 ou après la première guerre mondiale, qui voit plusieurs nations européennes accorder le droit de vote aux femmes, dont l’Allemagne en 1918, le Royaume-Uni en 1928.

Comment les responsables politiques de l’époque le justifient-ils ?

Cette revendication vient plutôt de la gauche même si certains à droite la soutiennent. Cependant, les Radicaux-socialistes au pouvoir sous la IIIe République refusent les droits politiques aux femmes, au prétexte que celles-ci voteraient « sous influence » de l’Église et en faveur de la réaction royaliste. C’est la raison pour laquelle les radicaux, majoritaires au Sénat, ont refusé toutes les propositions de loi adoptées par la chambre des députés visant à admettre les femmes dans la cité politique.

Après la victoire du Front populaire en 1936, Léon Blum, renonçant à affronter les Radicaux sur la question du vote des femmes, s’en tient à une mesure symbolique : il fait entrer trois femmes au gouvernement au rang de sous-secrétaires d’État. Les communistes, bien que soutenant le droit de vote des femmes (le PCF a même fait élire plusieurs femmes aux municipales de 1925, scrutins annulés par les préfectures ou le Conseil d’État, NDLR) n’ont pas davantage fait pression, dans le Front populaire, pour que ce droit advienne.

En 1944, le droit de vote des femmes ne figure pas même au programme du Conseil national de la Résistance. Ce droit fut finalement « octroyé » par ordonnance et non voté par le Parlement. Des réticences liées à l’orientation du vote des femmes subsistent surtout chez les Radicaux.

Quant aux gaullistes, ils voient souvent l’élargissement du suffrage aux femmes comme un rempart face à un possible raz-de-marée communiste. C’est pourtant grâce à l’amendement du communiste Fernand Grenier – âprement combattu, notamment par les Radicaux – que les femmes deviennent « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » (article 17 de l’Ordonnance).

Est-ce que, justement, il existe un « vote de genre » ?

Dans l’après-guerre, les femmes sont plus nombreuses parmi les abstentionnistes et votent plus souvent à droite. Sous la IVe République, un partage d’influence s’établit entre, à droite, le Mouvement Républicain Populaire (MRP), d’obédience chrétienne, qui a la faveur des femmes et, à gauche, le Parti communiste qui a celle des hommes. Sous la Ve, on observe un sur vote des femmes en faveur de Charles de Gaulle, puis en faveur de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d’Estaing. À tel point que François Mitterrand s’est plu à rappeler que si seuls les hommes avaient voté, il aurait été élu en 1965 et réélu en 1974

« Fait parlant : à la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen n’aurait pas été qualifié pour le second tour si seules les électrices avaient voté. »

L’orientation plus droitière des femmes, bien qu’en perte de vitesse, se maintient jusqu’en 1981. Ce n’est qu’au milieu des années quatre-vingt que les électrices votent autant à gauche que les électeurs voire davantage, tout en participant autant qu’eux aux scrutins. L’évolution du vote féminin reflète le nouveau visage des Françaises, plus souvent diplômées et qui font leur entrée en masse dans les emplois salariés. Il se produit ainsi une sorte d’alignement du vote des femmes sur celui des hommes.

À une seule différence mais capitale : les femmes accordent moins souvent leur suffrage à Jean-Marie Le Pen, candidat portant haut une rhétorique volontiers machiste et violente. Fait parlant : à la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen n’aurait pas été qualifié pour le second tour si seules les électrices avaient voté.

Au-delà de cette évolution socioculturelle, y a-t-il d’autres explications du sur vote à droite des femmes entre 1945 et 1981 ?

Les femmes de cette époque s’affirment plus souvent comme catholiques pratiquantes régulières. Or, c’est une règle intangible en science politique, plus on est intégré à la religion catholique plus on a tendance à voter à droite. Mais aujourd’hui le facteur religieux est en perte de vitesse, à la mesure du déclin de l’Église catholique en France.

Avec le temps le gender gap s’est mué en un gender génération gap : chez les jeunes, les femmes tendent à voter plus à gauche que les hommes tandis que chez les seniors, elles émettent un vote plus conservateur qu’eux. Les femmes étant en surnombre dans l’électorat âgé, les seniors femmes peuvent faire pencher la balance. Ainsi, la défaite de Ségolène Royal en 2007 s’explique en partie par cet effet « « genre génération » : elle s’est vue rejetée par les femmes âgées, qui ont massivement voté en faveur de Nicolas Sarkozy.

Avec l’octroi du droit de vote, les femmes ont automatiquement acquis leur place dans la vie politique et citoyenne ?

L’entrée officielle des femmes dans la cité en 1945 n’a pas suffi à créer les conditions de leur émancipation. Une fois de plus elles sont les grandes oubliées de l’Histoire. Elles peinent à être investies par les partis politiques et donc à se faire élire tant au Parlement que dans les assemblées locales.

Sous la IVe République, les législatives de 1946, qui se déroulent à la proportionnelle de liste voient élire plus de 5 % de femmes, part réduite à 3 % à celles de 1953. Sous la Ve République, les femmes connaissent une longue « traversée du désert » : au gouvernement, au Parlement et même dans les assemblées locales, elles sont réduites à la portion congrue. Le retour au scrutin uninominal pour élire les députes – système favorisant les notables en place – leur est fatal. En 1978, après 20 ans de Ve République leur place à l’Assemblée nationale n’atteint pas 4 %.

Majoritaires dans les partis politiques et dans les assemblées, les hommes ont aussi « confisqué » l’agenda politique. C’est l’élection du président de la République au suffrage universel qui permet aux femmes de « casser » le jeu des partis et de se rendre visibles et audibles comme sujets politiques.

Elles ont pour elles la force du nombre, représentant quelque 52 % des électeurs inscrits. Les campagnes présidentielles sont vite utilisées par les féministes comme caisse de résonance pour obtenir des droits nouveaux. De leur côté, les candidats à la présidentielle comprennent que les électrices peuvent faire la décision. Ainsi, en 1965 le candidat François Mitterrand met dans son programme la « régulation des naissances », soit la légalisation de la contraception.

En 1974, Giscard d’Estaing, prenant conscience du « big bang » MLF, fait voter, une fois élu, nombre de revendications féministes : légalisation de l’IVG, remboursement de la contraception, divorce par consentement mutuel… Il crée en outre un secrétariat d’État chargé de la Condition féminine. Les féministes continueront d’utiliser la présidentielle comme d’une tribune pour se faire entendre : ainsi la campagne de 1995 a permis la mise sur agenda de la parité, qui sera votée 5 ans après.

Dans la vie citoyenne et politique aujourd’hui, quelles sont les avancées qui restent à conquérir pour les femmes ?

Les différentes lois sur la parité ont permis une grande avancée des femmes dans les diverses assemblées élues, tant au Parlement que dans les assemblées locales. À l’Assemblée nationale, les législatives de 2017, qui ont suivi l’élection d’Emmanuel Macron, ont vu les femmes occuper 38,7 % des sièges de députés, leur part ayant un peu régressé à 37 % après les législatives de 2022.

Pour la première fois de l’histoire une femme préside l’Assemblée nationale. Les femmes occupent désormais une place centrale dans les institutions. Toutefois, la parité numérique ne vaut pas toujours parité « qualitative ». Si le gouvernement de Gabriel Attal formé en janvier 2024 comprend quelque 54 % de femmes on n’en compte 89 % parmi les secrétaires d’État, 56 % parmi les ministres délégués, mais seulement 38 % parmi les ministres de plein exercice, aucune n’occupant d’ailleurs de ministère régalien.

Si les conseils régionaux, départementaux et municipaux sont à parité ou s’en approchent, si la composition des exécutifs de ces mêmes assemblées sont paritaires, ce sont bel et bien les hommes qui président aux destinées des assemblées territoriales : 80 % des maires sont des hommes, de même que 80 % des présidents des conseils départementaux.

Le taux de masculinité atteint près de 89 % parmi les présidents de Conseils communautaires pour redescendre à 69 % parmi les présidents de pouvoirs régionaux. La rhétorique sur l’égalité hommes/femmes se trouve encore souvent démentie par les faits.

 

 

Voir les commentaires

droit de vote des femmes

20 Avril 2024, 07:19am

Publié par PCF Villepinte

1944-2024 : 80 ans du

droit de vote des femmes

L'Humanité 19 avril 2024

Des droits à défendre et de nouveaux pouvoirs à conquérir pour les femmes !

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges (1791)

 



Les femmes obtiennent progressivement le droit de vote dans la majorité des pays autour des XIXe et XXe siècles.

En 1925, alors que les députés se sont prononcés favorablement pour le droit de vote des femmes mais pas encore les sénateurs, le PCF est le seul parti à présenter des candidates aux élections municipales.

 A Douarnenez, l’ouvrière Joséphine Pencalet qui a pris part à la grève des sardinières pour leurs conditions de travail et leurs salaires (une grève victorieuse dont nous fêterons cette année le centenaire), est élue. Mais son élection est annulée suite à l’opposition des sénateurs.

C’est seulement en 1944, quand la France se libère de l’occupation nazie et de la collaboration, que les femmes deviennent électrices et éligibles. En mars, l’Assemblée constituante provisoire, installée à Alger, leur accorde d’abord le droit de vote.

Puis le 21 avril 1944, l’amendement du député communiste Fernand Grenier modifie l’Ordonnance portant organisation des pouvoirs publics du Comité français de libération nationale pour qu’elles soient électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.

 Ce droit de vote et d’éligibilité est enfin confirmé par le Gouvernement provisoire de la République française le 5 octobre de la même année et mis en pratique en avril 1945 lors des élections municipales.

Tout est à reconstruire et les communistes prennent une part active dans l’édification de la société de l’après-guerre (Sécurité sociale, droits nouveaux pour les travailleuses et les travailleurs dans les entreprises…). Comment dès lors ne pas reconnaître, enfin, ce droit civique aux femmes, dont l’action dans la résistance ne fut pas de moindre importance que celle des hommes ?

Depuis, de nombreuses lois (14 !) ont consacré la parité en politique mais la progression vers plus d’égalité n’est ni linéaire ni irrésistible : les freins sont nombreux, aujourd’hui encore. Les inégalités, justifiées par des différences biologiques, qui assignent les femmes à la maternité et aux métiers du soin et du lien les maintiennent dans un état de minorité permanent.

La sphère publique ne peut pas échapper aux inégalités observées dans le monde du travail où elles sont le résultat de la logique capitaliste : la division du monde du travail permet de mieux capter les richesses qu’il produit, le genre servant à justifier des salaires en moyenne inférieurs.

80 ans après, il est donc impossible de dire que l’égalité femmes-hommes est pleinement réalisée.

Les chiffres montrent au contraire que les femmes sont loin de représenter la moitié du corps politique ni, au sein de celui-ci, la moitié des plus hautes fonctions : 37 % de députées (un chiffre en recul pour la première fois depuis 1988), 36 % de sénatrices, 45 % de conseillères municipales mais à peine 17 % de maires et le plus souvent de petites communes (25 femmes maires seulement dans les 100 plus grandes villes de France), et 20 % de présidentes de conseils départementaux. Derrière la parité quantitative se joue aussi la parité de responsabilité. Or les femmes occupent des fonctions moins élevées que les hommes.

Alors que c’est encore très majoritairement sur les femmes, à plus de 85 %, que reposent les tâches domestiques et la charge de la famille et de la parentalité, qu’elles subissent de façon ultra majoritaires des temps partiels et donc des salaires partiels, il leur est difficile, voire matériellement impossible, d’imaginer se projeter dans un engagement civique et politique.

Pour permettre aux femmes de disposer de leur temps et ainsi être en capacité de participer pleinement à la vie publique et politique, il faut s’attaquer à réformer structurellement le monde du travail, augmenter les salaires des métiers à prédominance féminine, légiférer pour indexer les salaires sur l’inflation, diminuer le temps de travail de toutes et tous pour travailler mieux et atteindre le plein emploi.

Et en amont, dispenser des enseignements non-sexistes à l’école afin que les petites filles et les petits garçons ne soient plus enfermé·es dans des stéréotypes de genre qui formatent leurs choix scolaires.

De telles avancées sociales bénéficieraient à toutes et tous : les conquis féministes ont en effet un impact sur le progrès social en général. Que les femmes occupent plus de place en politique, pèsent dans les décisions et le débat public, ne doit pas être considéré comme une défaite pour les hommes : ce sont des défaites pour le patriarcat.

L’égalité est notre affaire à toutes et tous, femmes et hommes.

Cet anniversaire doit être l’occasion de faire le bilan des progrès et des reculs documentés, notamment par les rapport annuels du Haut Conseil à l’Égalité.

Il doit aussi être l’occasion de célébrer les conquêtes sociales du mouvement ouvrier et de ses élu·es mais surtout, au regard des reculs et des menaces qui pèsent sur les droits humains, d’exprimer le besoin d’en conquérir de nouveaux partout dans la société, particulièrement dans la sphère structurante du travail.

 

Parti Communiste Français
19 avril 2024

 

Voir les commentaires

8 mars

8 Mars 2024, 07:55am

Publié par PCF Villepinte

À l’appel du collectif unitaire « Grève féministe » et de l’intersyndicale, le PCF se mobilise ce 8 Mars sur l’ensemble du territoire pour porter nos revendications, manifester, se rassembler et faire la grève en cette journée internationale des droits des femmes.

L’égalité salariale et professionnelle est au cœur des enjeux du 8 Mars. Temps partiels imposés, discriminations, salaires inférieurs à compétence égale, dévalorisation des métiers à prédominance féminine via l’absence de reconnaissance de leurs compétences et de la pénibilité, le chantier de l’égalité est encore colossal.

Travailler à la mixité des métiers et défendre le service public sont deux conditions de possibilité nécessaires à une perspective d’égalité entre les femmes et les hommes sur le plan salarial et professionnel. On le sait, trop de femmes sont par exemple contraintes de rester à la maison par manque d’un service public de la petite enfance ou de transports publics. Le service public lui-même est un vivier d’emplois important pour les femmes qui y sont majoritaires.

Ainsi, nous portons un ensemble de propositions à retrouver dans notre tract mais aussi dans nos textes de Congrès et le programme des Jours heureux. Ce 8 Mars s’inscrivant dans la campagne des élections européennes, nous avons choisi de mettre en avant des propositions ayant une portée européenne avec plusieurs de nos candidat·es proposé·es au vote des communistes. Nous avons besoin d’élu·es communistes pour défendre les droits des femmes au Parlement européen.

Nous nous inscrivons ainsi dans la démarche de la clause de l’Européenne la plus favorisée, afin d’harmoniser les droits des femmes par le haut.

Enfin, le 8 Mars est aussi le moment de réaffirmer que la lutte pour les droits des femmes porte le progrès social ainsi qu’une culture de la paix.µ

Shirley Wirden

membre du CEN

Article publié dans CommunisteS, n°986, 6 mars 2024.

 

Voir les commentaires

Égalité femmes - hommes

20 Février 2024, 08:06am

Publié par PCF Villepinte

Égalité femmes - hommes : le quiz

 

CGT PUBLIÉ LE 15 FÉV. 2024

Dans le cadre de la grève féministe du 8 mars #UnJourSansNous, la CGT vous propose de répondre à un quiz sur les inégalités femmes-hommes.

8 mars 2024 : #UnJourSansNous

Pour préparer la grève féministe du 8 mars #UnJourSansNous, la CGT vous propose de répondre à un quiz pour mesurer l'ampleur des inégalités femmes-hommes dans la vie comme au travail. ⤵️

 

Testez vos connaissances  Accéder au quiz 

 

https://www.egalite-professionnelle.cgt.fr/egalite-femmes-hommes-le-quiz/Faire le quiz

 

 

Accéder au dossier "8 mars : grève féministe"

Voir les commentaires

Féministes de tous les pays

2 Mars 2023, 08:51am

Publié par PCF Villepinte

Féministes de tous les pays

Avec le Parti de la gauche européenne s’organise « l’Assemblée féministe », avec des camarades féministes des partis membres du PGE, et bien au-delà. Cette assemblée s’adresse aux femmes, féministes, militantes, des pays européens pour mobiliser et organiser les manifestations du 8 Mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

En Europe et dans le monde, les femmes sont diverses, mais quelles que soient les réalités géopolitiques, elles ont en commun de vivre de manière systémique des situations d’oppressions. Tout comme les personnes LGBTQI, dont les féministes sont solidaires des combats émancipateurs pour toutes et tous.

De grandes avancées existent, le mouvement contre les violences en France continue de marquer les esprits et de pousser pour faire évoluer les institutions dont la justice et la police. En Espagne surtout, de grandes avancées sont à l’œuvre contre les violences faites aux femmes avec des lois contraignantes et financées, ou encore avec la mise en place d’un congé menstruel récemment, une première en Europe !

Mais si des avancées existent grâce aux mouvements féministes, la réaction et les mouvements masculinistes eux sont au pouvoir dans de nombreux pays, comme en Italie...

En plus du sexisme latent partout, l’extrême droite, les extrémistes religieux et le système libéral profondément patriarcal ont un agenda commun. En Europe, la réaction s’organise. Les droits fondamentaux sont attaqués, comme par exemple le droit à l’avortement qui est même pénalisé dans de nombreux cas. La récession européenne, déjà engagée, renforce les périls sur la santé publique, sur l’accès à l’éducation, à la protection sociale… qui sont tant nécessaires dans la vie des femmes.   

L’idéologie masculiniste nie les inégalités femmes-hommes. L’idéologie masculiniste promeut un discours qui nie les inégalités et les violences dont souffrent les femmes parce qu’elles sont femmes, tout en générant de la haine contre les féministes et contre les avancées en matière d’égalité.

Au croisement du racisme et du patriarcat, en Europe un fléau ignoble se développe, et nous ne pouvons fermer les yeux alors que des femmes migrantes sont réduites en esclavage dans le travail domestique et sont victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle.

Nous sommes solidaires et sororales de toutes les femmes qui sont celles qui souffrent le plus gravement des effets de la guerre : personnes déplacées de force, réfugiées transformées en butin de guerre, victimes d’abus sexuels, de viols comme armes de guerre, de prostitution et des réseaux de trafiquants.

Les inégalités nourrissent les violences. En Europe, nous continuons d’être discriminées, maltraitées, violées et victimes de féminicides parce que nous sommes femmes...

Partout en Europe l’écart des salaires et des pensions entre les hommes et les femmes ne se réduit pas. Au contraire, il continue de se creuser dans la plupart des pays.

En Europe et dans le monde, nous voyons comment les femmes continuent à porter le poids de la charge mentale, de l’organisation des vies de familles, la charge des enfants, des personnes âgées et/ou en situation de handicap…

Il faut sortir de l’illusion de l’égalité à ce sujet. En France se sont encore les mères qui prennent, à plus de 80 %, les rendez-vous médicaux pour leurs enfants. Ce chiffre est un symptôme du manque de partage des tâches entre les femmes et les hommes.

Les femmes, qui sont les retraitées pauvres en Europe, les cheffes de familles monoparentales pauvres… sont les plus victimes de la précarité énergétique par exemple parce qu’elles ont moins de pouvoir d’achat.

C’est pourquoi l’Assemblée féministe du PGE a organisé un webinaire rassemblant 80 féministes européennes le 11 février, pour échanger et partager les luttes qui nous unissent, pour revendiquer toutes ensemble, en Europe, un 8 Mars combatif « contre l’alliance criminelle du patriarcat et du capital ».

« Camarades, nous avons beaucoup en commun et de nombreuses raisons d’unité d’action dans la mobilisation de ce 8 Mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. » Voilà ce qui ressort comme mot d’ordre de l’Assemblée des femmes du Parti de la gauche européenne.  

Hélène Bidard

membre du CEN

 

Voir les commentaires

Féminisme / 8 mars / retraites

25 Février 2023, 07:43am

Publié par PCF Villepinte

Tous les Jours, à partir de 15 h 40,

les femmes ne sont plus payées !

Le langage est politique. Ce qui n’est pas nommé n’existe pas. C’est pourquoi, si nous voulons que 51 % des Français, qui sont des Françaises, continuent de s’engager, toujours plus, dans le mouvement contre la réforme d’Emmanuel Macron des retraites, il faut les nommer et partir de leurs réalités, et ainsi les inclure dans la lutte.

Les femmes touchent une retraite inférieure de 40 % à celles des hommes. Quand on parle de « retraités pauvres », il faut écrire en réalité et parler de retraitéEs, au féminin. De même, lorsqu’on parle des aidants, dont 80 % sont des aidantEs, lorsqu’on parle des familles monoparentales en précarité, 86 % sont des femmes seules avec enfants…     

En France il existe depuis 1972 de multiples lois pour l’égalité salariale et professionnelle qui ne sont pas appliquées. C’est un véritable scandale d’État, car ses lois sont non contraignantes. Dans un système d’inégalité systémique, seules des réformes contraignantes peuvent permettre de lutter contre le système patriarcal.

En France, dans leur vie professionnelle, les femmes subissent de nombreuses contraintes au travail, qui ne permettent pas de construire une carrière dans de bonnes conditions. Cela prive le monde du travail d’inventivité, de créativité, et de forces considérables car les femmes réussissent pourtant plus leurs études que les hommes. Selon l’Insee, le revenu des femmes reste inférieur en moyenne de 22 % à celui des hommes.

Derrière la bataille pour les retraites, tout le monde voit bien qu’il s’agit d’un choix idéologique de société, majeur pour l’ensemble des salariéEs, pour la société. 

Il est évident que la réforme des retraites de E. Macron est un recul pour les droits des femmes. Mme E. Borne annonce « la fin de la décote à 67 ans, quel que soit le nombre de cotisations, bénéficie aux femmes ». Elle dit que le minimum retraite annoncé à 1 200 euros ne va concerner que les salarié·e·s ayant cotisé tous les trimestres. Autant dire que pour les femmes c’est un pur scénario de science-fiction !

Pour survivre les femmes seront incitées à travailler jusqu’à 67 ans pour avoir accès à une pension à taux plein ; alors qu’en moyenne l’espérance de vie en bonne santé des femmes est de 64 ans. C’est un enjeu de classe, car cet âge en bonne santé est évidemment moindre pour les femmes dans les métiers avec beaucoup de pénibilité qui ne sont pas reconnus : les métiers d’aides à la personne, les crèches, les ménages et d’autres à horaires décalés… La double peine serait organisée contre elles car elles ne peuvent pas cotiser tous leurs trimestres !

Des solutions existent : égalité salariale, égalité professionnelle, mixité des métiers, reconnaissance de la pénibilité pour les métiers féminisés…

Il y a un énorme travail à mener, pour un contre-projet, avec les premièrEs concernéEs (1 300 000 personnes) et les organisations de travailleuses, pour porter la proposition que Fabien Roussel a faite pendant l’élection présidentielle, de création d’une nouvelle fonction publique, la fonction publique du lien : assistantes sociales, aides à domicile, assistantes maternelles, aides aux enfants handicapé·e·s, femmes de ménage.

Ces emplois sont appelés à se développer. Nous avons porté pendant les élections l’idée d’embaucher 100 000 aides à domicile, 90 000 AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap), des assistantes maternelles, dans toutes ces professions où nous voulons remettre de l’humain, des relations humaines. La gauche, nous, devons à mon sens apporter une réponse progressiste, forte à toutes ces salariéEs, et à leur place dans la société !

Aujourd’hui, c’est le nouveau prolétariat des services à la personne. Fabien Roussel les a qualifiées pendant la campagne « d’héroïnes de la République ». La crise sanitaire a révélé le rôle et l’importance de ces métiers, de ces héroïnes du quotidien. Malgré leur forte utilité, ces professions sont dévalorisées, sous payées, précarisées, bien souvent en temps partiel ou avec des horaires tellement inconciliables avec une vie de famille.

Travaillons concrètement à un projet qui permettrait à toutes ces professions d’être protégées par un statut et par un salaire de début de carrière qui ne devra pas être inférieur à 1 700 euros net, et ainsi in fine une retraite à 60 ans qui leur permettra de vivre dignement !

Le 7 mars, mettons la France à l’arrêt !

Le 8 mars, on continue, dans la rue pour l’égalité et les retraites des femmes. Nous poursuivons la mobilisons en organisant la convergence avec le mouvement féministe, avec plus de 200 actions recensées partout en France. « On arrête toutes ! »

Hélène Bidard

membre du CEN

 

Voir les commentaires

Retraites :

8 Février 2023, 08:53am

Publié par PCF Villepinte

 «grandes gagnantes», le retour

Par Sophie Binet, secrétaire générale de l'UGICT-CGT

L'Humanité Samedi 4 Février 2023

Sophie Binet

 

«Les femmes seront un peu pénalisées par la réforme des retraites.» Grâce à Franck Riester, le ministre en charge des relations avec le Parlement, le gouvernement a enfin eu une parole de vérité. Et pour cause: même l’étude dimpact rédigée par le gouvernement démontre que le temps de travail des femmes serait encore plus allongé que celui des hommes, alors qu’elles ont déjà une pension de droit direct inférieure de 40 % à celle des hommes.

Pour une réforme vendue comme source de «justice, d’équilibre et de progrès», on repassera. La retraite est le miroir grossissant des inégalités professionnelles. Les femmes sont payées en moyenne 28 % de moins que les hommes, écart qui se répercute directement sur leur niveau de pension.

Elles ont également des carrières plus courtes, notamment du fait de la maternité: 1 femme sur 2 contre 1 homme sur 9 réduit ou interrompt son travail suite à larrivée dun enfant. Et pour cause: 40 % des enfants de moins de 3 ans nont toujours pas de place en crèche ou chez une assistante maternelle! Tout report de l’âge de départ en retraite a donc un impact encore plus négatif sur les femmes, qui sont déjà 40 % à partir à la retraite avec une carrière incomplète contre 30 % des hommes.

Le report de l’âge d’ouverture des droits de 62 à 64 ans va aussi neutraliser l’impact des majorations pour enfants: ce sont plus de 120 000 mères qui partent actuellement dès 62 ans, grâce à leur majoration qui devraient désormais attendre 2 ans de plus

Quant aux «avancées» vendues par le gouvernement pour faire passer la pilule, elles ne résistent pas à l’analyse factuelle: la revalorisation du minimum de pension à 1 200 euros concernera seulement les salarié.es ayant effectué une carrière complète et à temps plein. Deux conditions excluantes pour les femmes qui sont pourtant près de 40 % à toucher moins de 900 euros net de pension…

Au lieu de tenter d’aligner le temps des femmes sur des durées de travail déjà inaccessibles pour les hommes, une réforme féministe devrait au contraire réduire le temps de travail pour permettre aux femmes comme aux hommes de s’occuper de leurs proches tout en travaillant à temps plein. Il s’agit surtout d’agir en amont et d’éradiquer enfin les inégalités professionnelles.

Une étude, commandée par la CGT à la Caisse nationale d’assurance-vieillesse en 2011 chiffre à 5,5 milliards les bénéfices de l’égalité salariale pour les caisses de retraite. Pour cela, les mesures sont connues: sanctionner les entreprises qui discriminent, revaloriser les métiers féminisés et lutter contre les temps partiels courts. Aligner le taux d’emploi des femmes sur celui des hommes permettrait de dégager 9 milliards de cotisations supplémentaires.

Levier majeur:

la création dun service public de la petite enfance et de prise en charge des personnes dépendantes pour socialiser les tâches domestiques. Ainsi, mettre fin aux inégalités professionnelles permettrait de résorber l’ensemble du déficit instrumentalisé par le gouvernement pour imposer sa réforme!

En 2019, le gouvernement osait qualifier les femmes de «grandes gagnantes» de sa réforme des retraites. Il le paya dune mobilisation féministe qui, liée à la mobilisation sociale, obtint lenterrement de la réforme, après la dernière grande manifestation, le 8 mars 2020. En 2023, la contestation féministe de cette réforme injuste jouera encore un rôle déterminant pour mettre en échec le gouvernement, la grève féministe du 8 mars se construit dans cette perspective!

 

Voir les commentaires

Rapport du HCE sur le sexisme

3 Février 2023, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

Un constat accablant qui appelle

des réponses rapides

Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a sorti fin janvier son rapport annuel. Le constat qu’il dresse est inquiétant. Pourtant, la médiatisation des inégalités permet une prise de conscience puisque 93 % des personnes interrogées estiment que femmes et hommes ne sont pas traités à égalité dans la société.

Les jeunes femmes en ont déjà pleinement conscience entre 15 et 24 ans : elles sont 80 % à penser qu’il est difficile d’être une femme. Elles déclarent aussi massivement avoir vécu des situations de sexisme à l’école ou dans leurs études.

En conséquence, neuf femmes sur dix adaptent leur comportement au quotidien : ne pas sortir, réfléchir à sa tenue pour «éviter» le harcèlement, etc. Pour autant, le rapport démontre un déni très fort des hommes sur leur rôle dans le système patriarcal.

L’enquête démontre une surreprésentation des clichés sexistes et stéréotypes chez les jeunes, notamment chez les jeunes actifs. Alors que 11 % de la population considèrent qu’il faut être violent pour se faire respecter, ce chiffre monte à 23 % chez les moins de 35 ans.

De la même façon, seule la moitié des jeunes hommes considère l’image renvoyée par le porno comme problématique contre 79 % des seniors. Ces représentations ont des conséquences concrètes. Les jeunes femmes sont surreprésentées dans les victimes de violences sexuelles. 12 % des femmes ont déjà eu un rapport sexuel non protégé devant l’insistance de leur partenaire. Le chiffre est de 18 % pour les 25-34 ans. De la même façon, 4 % des femmes ont déjà eu un rapport sexuel pendant lequel leur partenaire a retiré son préservatif sans demander leur accord, contre 8 % pour les 18-24 ans.

À l’école et lors de leurs études, le sexisme empêche les jeunes filles de se réaliser pleinement. Elles sont 41 % à déclarer avoir été moins bien traitées en raison de leur genre. Alors que la réforme du bac et parcoursup ont accentué l’orientation genrée, 37 % des femmes affirment avoir déjà vécu des discriminations sexistes dans leurs choix d’orientation professionnelle.

Seulement 6 % de la population font confiance à l’école pour lutter contre le sexisme et les violences sexuelles. Cette situation est intolérable, chaque jeune femme doit avoir accès aux études sans subir de discriminations. Il s’agit d’un axe de travail prioritaire pour la société égalitaire de demain.

Il est plus que temps d’agir rapidement et avec les moyens nécessaires face à une augmentation de la pensée masculiniste. Le constat accablant démontre aussi une confiance envers les associations pour lutter contre le sexisme, mais un total manque de confiance envers le gouvernement. Il est temps que le gouvernement partage cette confiance et écoute les associations. Les mesures existent, elles n’attendent que d’être appliquées.

Le Mouvement jeunes communistes de France partage l’ensemble des propositions effectuées par le HCE dans son rapport.

Le Mouvement jeunes communistes de France appelle le gouvernement à mettre en place réellement et concrètement les cours d’éducation à la vie sexuelle et affective comme partie d’un plan global pour lutter contre le sexisme et les LGBTIphobies dans l’éducation.

Clémentine Le Duey

 

 

Voir les commentaires

Retraites

2 Février 2023, 08:03am

Publié par PCF Villepinte

 Les femmes en première ligne

L'Humanité 

PAR MAUD VERGNOL

«Une réforme plus juste pour les femmes.» Il fallait voir les ministres défiler avec arrogance sur les plateaux pour nous vanter le caractère féministe de leur projet.

La vérité des prix est tombée le 23 janvier, mise en lumière par une étude d’impact aux conclusions sans appel: la majorité des économies visées sur les retraites vont peser sur les femmes. Non seulement cette prétendue réforme ne propose rien pour réduire les inégalités de pensions, mais elle risque de les creuser en allongeant la durée de cotisation.

En cause, notamment, le dispositif de majoration de durée d’assurance (MDA), liée aux naissances d’enfants, qui visait à réduire les inégalités de genre. Un grand nombre de femmes qui auraient dû partir à la retraite à 62 ans grâce à une validation de trimestres liée aux naissances de leurs enfants vont devoir attendre 64 ans, si bien que tout ou partie de leur MDA ne leur sera plus d’aucune utilité.

L’heure de la retraite est souvent celle des comptes, et ils sont rarement favorables aux femmes, reflet des inégalités de salaires, de carrières, du temps partiel qu’elles subissent tout au long de leur vie active. Elles touchent des pensions inférieures de 40 % en moyenne à celles des hommes !

Aujourd’hui, 20 % d’entre elles attendent d’avoir 67 ans pour prendre leur retraite «à taux plein» et échapper à la décote, contre 10 % de leurs collègues masculins. «Nous ne pouvons pas demander à notre système de retraite de réparer les inégalités de carrières accumulées tout au long de la vie», a osé Olivier Dussopt, contraint d’admettre l’évidence, comme l’avait concédé un autre ministre, Franck Riester, en confirmant finalement que «  les femmes sont un peu pénalisées par le report de l’âge légal, on n’en disconvient absolument pas». Si: ils expliquaient le contraire la semaine précédente .

Ces contorsions grotesques discréditent une majorité qui, de mensonges en facéties, a déjà échoué à convaincre les Français, toujours plus nombreux à s’opposer à leur projet. Les Rosies ont fait leur grand retour dans les cortèges des manifestations, démontrant combien les enjeux féministes se sont intégrés, visibles et mobilisateurs, aux mouvements sociaux. 

 

Voir les commentaires

combat féministe

1 Février 2023, 11:23am

Publié par PCF Villepinte

Le retour du gros bâton

L'Humanité Mercredi 1 Février 2023

 

 

Aussi ancien que le combat féministe est la promesse du «backlash», cest-à-dire du retour de bâton, de la régression massive qui succède à la victoire modeste, de la revanche machiste. Cependant, peut-être jamais autant que depuis l’avalanche #MeToo, une petite musique se fait entendre: «Attention à ne pas aller trop loin les filles, vous risquez de lasser l’opinion et de remettre le virilisme à la mode.»

On rappellera dabord que ce virilisme na jamais disparu, quil se matérialise dans le sexisme ordinaire ou dans des violences graves. Penser que quelques beaufs dextrême droite au nietzschéisme mal digéré vont réveiller sur YouTube le masculinisme et façonner un renouveau du mâle alpha, c’est s’illusionner sur sa prétendue disparition.

La vérité est qu’il est encore bien là, inaltérable et dominateur. Des statistiques du viol au marché de l’emploi, en passant par les habitudes stéréotypées, les faits sont beaucoup plus têtus que les lois, et la domination masculine demeure.

On pourra la prétendre moins arrogante, moins fondée dans les discours théoriques, elle n’en reste pas moins la réalité pratique des vraies vies vécues par les femmes, le deuxième sexe. Car, ne nous trompons pas, le combat féministe actuel n’est pas une coquetterie de petites filles gâtées par quelques décennies de progrès juridiques.

En dépit de l’égalité des droits, si récemment et si durement acquise, la réalité d’une vie de femme continue à être une expérience d’une violence inacceptable même en France. Une violence d’autant plus inacceptable que nous ne sommes plus, au sens de la loi, le deuxième sexe.

Il était d’une certaine façon plus facile d’être Christine de Pisan, Mary Wollstonecraft, Simone de Beauvoir ou Gisèle Halimi. Leurs combats respectifs étaient limpides et dirigés contre l’injustice basée sur des textes. Celle-ci n’existant plus, il ne reste que la vérité crue des comportements humains et d’une société masculine qui nous tolère toujours à reculons.

Dans ce contexte, alors qu’on compte chaque jour les féminicides, nous refusons de calculer, de tempérer, de concéder un peu de répit au patriarcat. On ne fait pas de compromis avec ce qui nous agresse, nous viole et nous tue. Peu importe les insultes de nos bourreaux («folles», «hystériques», etc.), notre combat est légitime.

On qualifie toujours volontiers les femmes doutrancières dès quelles sortent de leurs monopoles (enfants, soins, éducation, etc.). Nous n’utilisons ni balle dans la nuque ni fosse commune. Notre combat pacifiste cessera d’être légitime uniquement le jour où cessera l’oppression de la femme par l’homme. C’est un horizon lointain et hypothétique, qui semble reculer en même temps que l’on avance. Il recule un peu à la naissance d’un petit garçon, mais il avance beaucoup si sa mère est féministe.

 

Voir les commentaires

1 2 3 4 5 6 7 > >>