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3 Mai 2024, 07:32am

Publié par PCF Villepinte

Alerte, déserts médicaux - Notre santé bradée, nos vies sont en danger ! Le gouvernement est responsable

Publié le 02 mai 2024

Monsieur Attal veut taxer les patients qui manquent leur rendez-vous d’une pénalité de cinq euros afin, dit-il, de permettre aux Français de trouver plus facilement un rendez-vous.

Du côté des médecins, cette pénalité ne fait pas l’unanimité, car dans la plupart des cas, connaissant ces patients, l’explication directe est suffisante et c’est sans grande conséquence sur leur activité…

Montrer du doigt les assurés sociaux alors que de plus en plus de patients sont sans médecin traitant, que l’hôpital est dans une situation catastrophique, que l’accès aux soins est de plus en plus difficile, est-ce bien raisonnable ?

Dans le même discours le Premier ministre annonce plus sérieusement vouloir former à l’horizon 2027 16 000 médecins au lieu de moins de 10 000 actuellement. Tant mieux, c’est ce que nous demandons depuis longtemps !

On remarquera que cela engage peu le pouvoir actuel, la rentrée universitaire 2027 c’est loin et... c’est après la prochaine présidentielle... Mais surtout, si cette annonce n’est pas accompagnée d’un plan ambitieux pour mettre en place rapidement des moyens pour l’université et les lieux de stage, cela risque de n’être qu’un effet d’annonce.

Gabriel Attal affirme vouloir former 12 000 médecins/an à partir de 2025, mais on peut se demander pourquoi ne pas commencer par une augmentation significative en 2024 ? Car il y a vraiment urgence…

Or, rien n’indique que le gouvernement ait pris la mesure de la tâche, alors même qu’aucune disposition concrète (hormis quelques vulgaires raccommodages) et surtout pas de moyens financiers supplémentaires n’ont été ne serait-ce qu’évoqués dans les documents prospectifs officiels, la Stratégie nationale de santé 2023/2033 ou les Plans régionaux de santé 2023/2028…

Impéritie ou volonté assumée de laisser aller, en se désintéressant de la réalité vécue par le commun de nos concitoyens, peu importe, dans tous les cas c’est irresponsable, car depuis longtemps on sait que la question de la pénurie de professionnels de santé est le point clé de la politique sanitaire du pays.

Quarante ans de numerus clausus ont détruit l’équilibre de notre système de santé. On a formé en moyenne 20 % de médecins en moins chaque année, soit un déficit sur l’ensemble de la période de 70 000 médecins, ce qui a asséché la démographie médicale.

Aujourd’hui, pour 50 000 médecins de plus de 60 ans il n’y a que 16 000 médecins de moins de 34 ans ! Et ce déficit de professionnels est 2,5 fois plus élevé si on intègre la hausse de la population et son vieillissement. Depuis le début des années 80 la population a augmenté de 20 %, et le nombre de plus de 60 ans a doublé, comme celui des plus de 75 ans.

Malgré cela, les gouvernements successifs depuis plus de vingt ans ont décidé... de ne rien faire. Il en a été de même depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, alors que nul ne pouvait ignorer que la pénurie allait s’aggraver mécaniquement d’ici 2030 et perdurer au-delà si aucune mesure d’anticipation n’était prise.

Au bout de cette logique mortifère, la décennie actuelle est bien celle de tous les dangers pour les malades ; et la décennie suivante, avec un quota de formation rehaussé mais encore tout juste équivalent à celui de 1972 (où il y avait 30 % de population en moins) ne permettra pas de rattraper cet énorme retard...

La situation est encore plus critique s’agissant des dentistes dont le quota de formation est resté inférieur à 1972. C’est d’autant plus dommageable que l’on connaît les effets de la santé bucco-dentaire sur la santé tout court. C’est un signe fort que de constater que les effectifs sont déjà insuffisants pour couvrir un recours aux soins dentaires très faible en France (41 %), nettement inférieurs à la moyenne européenne (71 % en Allemagne et au RoyaumeUni)...

Si pour les autres professionnels de santé c’est plus contrasté, c’est tout aussi préoccupant, et pour certains, infirmier·es, aides soignant·es, se posent aussi les questions de niveaux de rémunération peu attractifs et des conditions de travail qui épuisent et découragent… En santé comme ailleurs, ce sont les travailleurs qui créent les richesses, et la formation de professionnels en nombre et en qualité permet seule de répondre aux besoins sociaux.

Certes, il faut aussi réformer, démocratiser les études médicales, mieux répartir les spécialités et les effectifs, permettre l’évolution des pratiques des paramédicaux, réorganiser les soins primaires, etc. Mais sans volonté ferme, réelle et concrétisée de former beaucoup, beaucoup plus, tout cela restera lettre morte.

 Mettre en place un grand plan de formation est urgent et primordial, notamment en commençant à former avec les moyens nécessaires tout de suite 15 000 médecins et 1 900 chirurgiens-dentistes/an. Pour cela il faut aussi rendre à l’hôpital les moyens d’assurer le rôle formateur qui est le sien et cesser cette casse du service public qui renvoie les assurés sociaux vers le secteur privé lucratif et ses dépassements d’honoraires. Cette sélection par l’argent en matière de santé est injustifiable, sauf pour enrichir les actionnaires.

Il faut revenir sur les reculs de prise en charge de la Sécurité sociale - le seul système apte à assurer un accès universel et égalitaire aux soins - au profit des assurances privées inégalitaires et, pour certaines, de leurs dividendes. Il faut également revenir sur les exonérations de cotisations sociales qui assèchent les ressources de l’ensemble du système de protection sociale qui est notre bien commun…

Notre système de santé est passé en vingt ans de la 1re à la 20e place mondiale. Il serre la vis à l’hôpital, réduit les remboursements, et la question de la désertification médicale génère des angoisses existentielles, alors qu’il se révèle incapable de maîtriser les dépenses considérables que l’industrie pharmaceutique impose à la Sécurité sociale.

Les Français ne peuvent plus se permettre cette politique qui fait reculer la santé publique, tant il est vrai qu’en la matière, l’égalité est une condition de la qualité, que le soin apporté à chacun, du plus pauvre au plus riche, conditionne l’état de santé de tous.

La responsabilité du gouvernement et de tous ceux qui mettent en place cette politique est engagée ; il s’agit de non-assistance à une population dont la santé, la vie sont en danger !

 

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« Taxe lapin »

12 Avril 2024, 09:14am

Publié par PCF Villepinte

CGT: une fausse réponse aux vrais besoins

d’accès aux soins

La « taxe lapin » annoncée par le Premier Ministre le 6 avril 2024 consisterait en une pénalité financière de 5 euros à la charge des patient·es qui ne se sont pas présenté·es à un rendez-vous médical et n’ont pas prévenu moins de 24 heures avant.

Le ridicule ne tue pas ; comme si la pénalisation des annulations de rendez-vous allait pallier le manque de médecins et les déserts médicaux.

Le gouvernement vise, une fois de plus, les seul·es patient·es et assuré·es. La soi-disant responsabilisation des patient·es est en réalité une culpabilisation.

Qui plus est, ce type de mesure est ingérable pour les médecins qui pourront l’appliquer ou pas.

Avec quels critères ?

Créant là de possibles tensions entre soignant·es et patient·es absolument inenvisageables dans une relation de soins et d’accompagnement.

La taxe lapin ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des autres mesures telles que la délivrance de traitements spécifiques par les pharmacien·nes, le développement des assistants médicaux, l’accès direct à certain·es professionnel·les. Ce qui contredit fondamentalement le rôle du médecin, pivot central de la surveillance des patient·es dans leur globalité.

Quant à l’augmentation du nombre de places de médecins dans les prochaines années, le résultat ne sera visible que dans 10 ans ; encore une décennie dramatique pour les patient·es mais, plus grave encore : la santé publique qui nécessairement se dégrade avec le renoncement aux soins de nombre de patientes, las·ses de ne pas trouver de RDV ou uniquement en secteur 2.

Cette situation est le résultat et la responsabilité très lourde que portent les gouvernements successifs passés, à savoir considérer que trop d’offres en nombre de médecins engendrerait un excès de demandes et diminuant alors le numerus clausus. Plusieurs décennies ont, ainsi, vu la situation se dégrader pour devenir aujourd’hui ingérable.

 

Relations presse confédérales / 01 55 82 82 64 / presse@cgt.fr

 

© 2023 servicepresse.cgt.fr

 

Le manque de médecins traitants (6 millions d’assuré·es n’en ont pas), l’incontestable réalité des déserts médicaux dans certaines régions, l’incontestable non-accès aux soins du fait des dépassements d’honoraires ne se résoudront qu’avec un changement radical de modèle de médecine, hors secteur marchand, qui privilégiera avant tout la notion de Santé publique et l’intérêt général. Montreuil, le 10 avril 2024

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Hôpital

21 Février 2024, 08:23am

Publié par PCF Villepinte

Crise de l’hôpital :

des patients « souillés » dans les couloirs des urgences du Havre, alertent les syndicats

La semaine dernière, les syndicats CGT et SUD du groupe hospitalier du Havre alertaient sur un « danger grave et imminent » dû à l’engorgement du service des urgences. Selon eux, 33 patients ont été placés sur des lits de fortune au milieu des couloirs, en attente de transfert dans les services.

L'Humanité Léa Petit Scalogna

Aux urgences adultes de l'hôpital Jacques Monod, au Havre.

Un matin, au local de la CGT de l’hôpital Jacques-Monod du Havre, les syndicalistes reçoivent un appel à l’aide. Au bout du fil, le personnel soignant des urgences, éreinté, à bout de souffle, dépassé. Jennifer Dumont Bouder, cosecrétaire de la CGT Mict (médecins, ingénieurs, cadres et techniciens), décroche et constate « un sureffectif de patients installés sur des brancards ou des lits de fortune dans des salles de réunion et des couloirs. Cela dans des conditions déplorables ».

Ce mardi 13 février, ils sont 33 à être placés les uns derrière les autres, dans une file d’attente improvisée, selon les syndicats. Les malades errent dans les locaux des urgences « casés là où il y a de la place », en attente d’une hospitalisation en service.

Un des soignants, depuis sa prise de poste à 6 h 30, jusqu’à 9 h 30, a changé et nettoyé des patients « à la chaîne », trois heures durant. Leur intimité et leur pudeur ne sont que partiellement protégées à l’aide de simples paravents. Ne sachant que faire, les agents ont ensuite réservé un box et condamné une salle d’attente pour faire la toilette des patients placés dans les couloirs.

Dans une lettre adressée à la direction du Groupe hospitalier du Havre (GHH), le personnel déplore « des patients parfois » souillés » car nous sommes dans l’impossibilité de trouver une place isolée permettant de leur proposer un urinal ou un bassin pour leurs besoins élémentaires ». Une situation « inacceptable et indigne » qui a poussé les mandatés de la CGT et de SUD à déposer un « danger grave et imminent » (DGI – concept en droit du travail qui permet d’alerter en cas de situation pouvant causer des dommages).

« La hantise qu’un patient décède »

Jean 1, infirmier aux urgences et syndicaliste à la CGT, était de ceux qui travaillaient le mardi 13 février. La veille déjà, assigné au poste d’après-midi, il avait senti venir la crise et le surmenage. Il a « pris sur (lui), essayé de travailler plus vite » et réduit ses temps de pause. Le lendemain, les patients stagnaient dans les couloirs et les soignants subissaient « un manque de matériel (prise 02, prise d’air, sonnette, gestion des déchets, possibilité d’effectuer des soins d’urgence) et un manque de place ».

Selon le constat rapporté par le personnel, leurs collègues ASH (agents de service hospitalier), qui assurent l’hygiène des locaux, se sont retrouvés empêchés tant les couloirs étaient encombrés de lits, de chariots et d’ordinateurs. Jean témoigne également d’une difficulté à circuler, surtout en cas d’urgence où chaque seconde compte. « Si on avait dû courir ou transporter un chariot d’urgence, je ne sais pas comment on aurait fait pour se frayer un chemin… s’inquiète-t-il. Ma hantise était qu’un patient décède dans les couloirs. »

De son côté, la direction de l’hôpital reconnaît les difficultés de la « journée de tension du 13 février » mais se défend par les moyens mis en œuvre ce jour-ci : « L’organisation d’une cellule de crise et l’ouverture de lits supplémentaires ont permis de trouver, dans la journée, des solutions d’hospitalisation pour les 19 patients qui étaient en attente d’un lit au matin. »

Le directeur général de l’hôpital, Martin Trelcat, a suggéré une rencontre avec les soignants, en demandant explicitement qu’ils ne soient pas représentés par des organisations syndicales. Proposition refusée. Aurélien Le Brun, secrétaire adjoint départemental de SUD santé, fustige « un rejet profond des syndicats » et « une dégradation du dialogue social ».

Une situation récurrente ?

La direction se veut tout de même rassurante : « Cette situation de tension a duré 24 heures, et ne s’est pas renouvelée depuis. » Ce sont toujours 24 heures de trop, selon Rachel Gabbay, représentante CGT ouvriers et employés. Jean connaît la chanson, toujours le même refrain : « On nous dit que c’est temporaire mais ça se reproduit toujours. »

Le week-end, aucune sortie de patients n’est prévue et « chaque début de semaine, il y a un afflux de nouveaux arrivants ». C’est en cela que le personnel qualifie le service de « régulièrement défaillant ». Dans les locaux, des banderoles affichent les messages « personnel épuisés » et « patients en danger ».

Cette surfréquentation difficilement absorbée par les urgences du Havre est le symptôme d’un mal plus grave : celui d’une fragilité du système de santé de la région. La CGT et SUD s’accordent à penser que les déserts médicaux environnants, les patients sans médecin traitant et la fermeture des autres services d’urgences du département expliquent les 35 000 à 50 000 passages par an dans ce service. Depuis deux ans, la saturation est telle qu’il est nécessaire d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences du Havre.

Le prénom a été changé. 

 

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11 Février 2024, 09:56am

Publié par PCF Villepinte

 

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Pôle public du médicament

11 Février 2024, 09:42am

Publié par PCF Villepinte

La production de médicaments symptomatique d’une UE enfermée dans le carcan néo-libéral

L’Union européenne n’a pas de responsabilité directe en matière de définition des politiques de santé publique, ou dans l’organisation de la fourniture des services de santé et des soins médicaux, qui sont du ressort des États membres.

Cependant, l’UE dispose d’une compétence complémentaire, qui l’autorise à soutenir et à coordonner des actions, ainsi qu’à adopter des mesures législatives contraignantes dans certains domaines clairement définis, comme les médicaments et les dispositifs médicaux.

Pendant la pandémie, c’est ce qui avait conduit la Commission européenne à négocier de façon groupée les vaccins. Alors que l’investissement public avait permis la création de vaccins contre la Covid 19 en moins d’un an, la Commission européenne avait alors décidé de se soumettre totalement aux volontés des Big Pharmas, au lieu d’œuvrer à la levée des brevets pour faire des vaccins un bien public de l’humanité, qui aurait permis d’atteindre l’immunité collective au niveau mondial (1).

Depuis... rien n’a changé.

Alors que plus de trente ans de politiques néolibérales en France, en Europe comme dans le monde, ont mené nos systèmes de santé dans une crise structurelle, rien n’a été fait depuis la fin de la pandémie pour inverser la tendance.

En 2022, la France a connu une pénurie de médicaments touchant 12,5 % des références à la mi-août, contre 6,5 % en janvier. Les alertes se sont multipliées sur la cortisone, des antidiabétiques et des antibiotiques. En janvier 2023, la situation était considérée comme critique dans la plupart des pays membres et un tiers des Français a été confronté à une pénurie de médicaments pendant l’année écoulée.

De l’aveu même de la Commissaire européenne en charge de la Santé, Stella Kyriakides, « les principales causes identifiées sont la forte augmentation de la demande due à la multiplication des infections respiratoires et à l’insuffisance des capacités de production ».

Pourtant la privatisation totale du secteur du médicament depuis les années 90 a entrainé une délocalisation de la production des actifs, ainsi qu’une soumission totale aux grands laboratoires pharmaceutiques qui privilégient évidemment la course au profit au détriment de la santé des populations.

En effet, avec son bénéfice net de 13,8 % en 2023, l’industrie pharmaceutique peut se targuer d’être un des secteurs les plus rentables du « marché ». Les plus gros laboratoires voient encore leur chiffres d’affaires exploser avec plus de 100,3 Mrds $ pour Pfizer ou 95,9 Mrds $ pour J&J ou 68,5 Mrds $ pour Roche, entre autres (2), en 2023.

Pour parvenir à ces résultats exorbitants, les Big Pharmas vont chercher les coûts de fabrication là où ils sont les plus faibles, c’est-à-dire principalement en Chine et en Inde. Ceux-ci fournissent à l’Europe 80 % des remèdes, ce qui peut causer des ruptures de stocks dues à leur transport ou à une meilleure offre commerciale d’un pays tiers.

Cette pratique commerciale qui nous rend extrêmement dépendants de ces pays et a évidemment un impact majeur sur l’emplois dans ces secteurs en Europe comme sur la maitrise de la santé publique.

Alors que la question de la relocalisation de la production de médicaments en Europe est plus que jamais d’actualité, la Commission européenne préfère en rester à des mesures « incitatives » comme le lancement d’un mécanisme européen de solidarité volontaire en matière de médicaments (octobre 2023), l’établissement d’une liste de l’Union des médicaments critiques (fin 2023), la mise en place de flexibilités réglementaires sur la péremption des médicaments ou encore l’élaboration d’orientations de l’UE sur les marchés publics de médicaments début 2024 (3). Résultat de ces bonnes intentions : début 2024 l’approvisionnement en médicament des pays européens est plus que jamais menacée !

En 2020, le président français Emmanuel Macron avait pourtant annoncé vouloir rapatrier la production de paracétamol en France. Pour cela, il a débloqué 200 millions d’euros de subventions, principalement au profit du géant pharmaceutique français Sanofi, sans aucune garantie sociale.

Cela n’avait donc pas empêché l’entreprise d’annoncer en 2021, au beau milieu de la pandémie, la suppression de 400 postes en France dans le domaine de la recherche et du développement. Si la fabrication de ce principe actif sur le territoire français avait été initialement annoncée pour 2023, on parle aujourd’hui de 2025 ou 2026 pour le lancement de la production.   

Pourtant d’autres choix sont possibles et existent au niveau international.

Aux États-Unis par exemple, face au problème de la pénurie de médicaments, 800 hôpitaux ont pris l’initiative en 2018 de s’approprier l’achat et la production de leurs médicaments.

Pour cela, ils ont fondé l’organisation sans but lucratif Civica RX, afin d’éviter de dépendre de géants pharmaceutiques. L’organisation négocie des contrats à long terme avec une quinzaine de petits producteurs de médicaments génériques. Résultat : en deux ans et demi, les prix ont chuté de 30 % en moyenne (4).

En Europe aussi nous pourrions produire autrement. Depuis 20 ans, le PCF propose la création d’un pôle public du médicament à l’échelle nationale, européenne et mondiale en charge de la recherche, de la production et de la distribution des médicaments. Cela permettrait d’en faire un véritable outil de santé publique et d’innovation scientifique pour répondre aux grands enjeux de notre époque (5).

Pour cela, il est impératif de sortir du carcan néo-libéral qui, en faisant du médicament uniquement une opportunité économique et une source de profit, organise la spéculation au détriment de la vie des populations.

Charlotte Balavoine

responsable Europe du PCF

 

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La production de médicaments symptomatique 
d’une UE enfermée dans le carcan néo-libéral

29 Janvier 2024, 07:50am

Publié par PCF Villepinte

La production de médicaments symptomatique 
d’une UE enfermée dans le carcan néo-libéral

L’Union européenne n’a pas de responsabilité directe en matière de définition des politiques de santé publique, ou dans l’organisation de la fourniture des services de santé et des soins médicaux, qui sont du ressort des États membres.

Cependant, l’UE dispose d’une compétence complémentaire, qui l’autorise à soutenir et à coordonner des actions, ainsi qu’à adopter des mesures législatives contraignantes dans certains domaines clairement définis, comme les médicaments et les dispositifs médicaux. Pendant la pandémie, c’est ce qui avait conduit la Commission européenne à négocier de façon groupée les vaccins.

Alors que l’investissement public avait permis la création de vaccins contre la Covid 19 en moins d’un an, la Commission européenne avait alors décidé de se soumettre totalement aux volontés des Big Pharmas, au lieu d’œuvrer à la levée des brevets pour faire des vaccins un bien public de l’humanité, qui aurait permis d’atteindre l’immunité collective au niveau mondial (1).

Depuis... rien n’a changé. Alors que plus de trente ans de politiques néolibérales en France, en Europe comme dans le monde, ont mené nos systèmes de santé dans une crise structurelle, rien n’a été fait depuis la fin de la pandémie pour inverser la tendance.

En 2022, la France a connu une pénurie de médicaments touchant 12,5 % des références à la mi-août, contre 6,5 % en janvier. Les alertes se sont multipliées sur la cortisone, des antidiabétiques et des antibiotiques. En janvier 2023, la situation était considérée comme critique dans la plupart des pays membres et un tiers des Français a été confronté à une pénurie de médicaments pendant l’année écoulée.

De l’aveu même de la Commissaire européenne en charge de la Santé, Stella Kyriakides, « les principales causes identifiées sont la forte augmentation de la demande due à la multiplication des infections respiratoires et à l’insuffisance des capacités de production ».

Pourtant la privatisation totale du secteur du médicament depuis les années 90 a entrainé une délocalisation de la production des actifs, ainsi qu’une soumission totale aux grands laboratoires pharmaceutiques qui privilégient évidemment la course au profit au détriment de la santé des populations.

En effet, avec son bénéfice net de 13,8 % en 2023, l’industrie pharmaceutique peut se targuer d’être un des secteurs les plus rentables du « marché ». Les plus gros laboratoires voient encore leur chiffres d’affaires exploser avec plus de 100,3 Mrds $ pour Pfizer ou 95,9 Mrds $ pour J&J ou 68,5 Mrds $ pour Roche, entre autres (2), en 2023.

Pour parvenir à ces résultats exorbitants, les Big Pharmas vont chercher les coûts de fabrication là où ils sont les plus faibles, c’est-à-dire principalement en Chine et en Inde. Ceux-ci fournissent à l’Europe 80 % des remèdes, ce qui peut causer des ruptures de stocks dues à leur transport ou à une meilleure offre commerciale d’un pays tiers.

Cette pratique commerciale qui nous rend extrêmement dépendants de ces pays et a évidemment un impact majeur sur l’emplois dans ces secteurs en Europe comme sur la maitrise de la santé publique.

Alors que la question de la relocalisation de la production de médicaments en Europe est plus que jamais d’actualité, la Commission européenne préfère en rester à des mesures « incitatives » comme le lancement d’un mécanisme européen de solidarité volontaire en matière de médicaments (octobre 2023), l’établissement d’une liste de l’Union des médicaments critiques (fin 2023), la mise en place de flexibilités réglementaires sur la péremption des médicaments ou encore l’élaboration d’orientations de l’UE sur les marchés publics de médicaments début 2024 (3). Résultat de ces bonnes intentions : début 2024 l’approvisionnement en médicament des pays européens est plus que jamais menacée !

En 2020, le président français Emmanuel Macron avait pourtant annoncé vouloir rapatrier la production de paracétamol en France. Pour cela, il a débloqué 200 millions d’euros de subventions, principalement au profit du géant pharmaceutique français Sanofi, sans aucune garantie sociale.

Cela n’avait donc pas empêché l’entreprise d’annoncer en 2021, au beau milieu de la pandémie, la suppression de 400 postes en France dans le domaine de la recherche et du développement. Si la fabrication de ce principe actif sur le territoire français avait été initialement annoncée pour 2023, on parle aujourd’hui de 2025 ou 2026 pour le lancement de la production.   

Pourtant d’autres choix sont possibles et existent au niveau international. Aux États-Unis par exemple, face au problème de la pénurie de médicaments, 800 hôpitaux ont pris l’initiative en 2018 de s’approprier l’achat et la production de leurs médicaments.

Pour cela, ils ont fondé l’organisation sans but lucratif Civica RX, afin d’éviter de dépendre de géants pharmaceutiques. L’organisation négocie des contrats à long terme avec une quinzaine de petits producteurs de médicaments génériques. Résultat : en deux ans et demi, les prix ont chuté de 30 % en moyenne (4).

En Europe aussi nous pourrions produire autrement. Depuis 20 ans, le PCF propose la création d’un pôle public du médicament à l’échelle nationale, européenne et mondiale en charge de la recherche, de la production et de la distribution des médicaments. Cela permettrait d’en faire un véritable outil de santé publique et d’innovation scientifique pour répondre aux grands enjeux de notre époque (5).

Pour cela, il est impératif de sortir du carcan néo-libéral qui, en faisant du médicament uniquement une opportunité économique et une source de profit, organise la spéculation au détriment de la vie des populations.

Charlotte Balavoine

responsable Europe du PCF

Article publié dans CommunisteS n°980, le 24 janvier 2024.

 

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Espérance de vie

25 Décembre 2023, 10:56am

Publié par PCF Villepinte

En France, l’espérance de vie en bonne santé diminue selon une nouvelle étude

Après 65 ans, les femmes et les hommes vivent respectivement entre 11,8 et 10,2 ans sans être limités dans leurs activités quotidiennes.

L’Humanité Clotilde Mathieu

La tendance à la baisse de l’espérance de vie en bonne santé, si elle se poursuit, confirmerait le risque pointé par les organisations syndicales sur les conséquences du report de l’âge de départ.


PHILIPPE HUGUEN / AFP

C’était un des arguments agités par le gouvernement pour contraindre les Français à travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. « On doit travailler plus longtemps parce qu’on vit plus longtemps. C’est du bon sens », avait affirmé Emmanuel Macron.

Seulement voilà, pour la seconde fois depuis 2008, l’espérance de vie, sans incapacité, à partir de 65 ans a diminué en 2022. Selon une étude de la Direction des études et des statistiques des ministères sociaux (Drees), publiée ce vendredi, à 65 ans, les femmes peuvent espérer vivre 11,8 ans sans être limitées dans les activités de la vie quotidienne, et les hommes 10,2 ans.

Les femmes moins touchées

Soit une augmentation, depuis 2008, d’un an et 9 mois pour les femmes, et d’un an et six mois pour les hommes, détaille la Drees. Mais, alors que l’indicateur avait fortement augmenté en 2021 après un net recul l’année précédente lié au Covid, en 2022, « au sortir de la crise sanitaire, l’espérance de vie sans incapacité baisse et retrouve le niveau de 2020 ».

En 2021, année la plus récente pour laquelle ces données sont disponibles pour tous les pays européens, la France se situait au quatrième rang de l’Union européenne à 27 pour l’espérance de vie sans incapacité des hommes à 65 ans, avec un niveau au-dessus de la moyenne européenne (+1 an et 10 mois). Pour les femmes, la France se situe au troisième rang, là aussi au-dessus de la moyenne européenne (+2 ans et 8 mois).

Reste à savoir « si la baisse observée en 2022 est momentanée, effaçant l’évolution anormale observée en 2021 avant un retour aux évolutions usuelles observées avant la crise, ou si cette baisse se poursuit et marque une rupture dans la tendance de long terme de l’indicateur ». Une telle tendance confirmerait le risque pointé par les organisations syndicales : repousser l’âge de départ en retraite pèse sur l’espérance de vie en bonne santé.

 

 

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Aide médicale d’état

28 Novembre 2023, 13:39pm

Publié par PCF Villepinte

La communauté médicale unie contre la réduction de l’Aide médicale d’état

Communiqué inter structures

L'Aide médicale de l'État (AME) est un dispositif d’aide sociale permettant aux étrangers en situation irrégulière résidant sur le territoire français depuis plus de 3 mois (dès le 1er jour pour les enfants) et sous condition de ressources, de bénéficier d'une prise en charge de leurs soins en médecine de ville et à l’hôpital dans la limite des tarifs de la sécurité sociale et avec un panier de soins réduit.

Ce dispositif doit être renouvelé tous les ans et concernait, en 2022, 415 000 bénéficiaires pour un budget estimé à environ un milliard d’euros soit moins de 0,5% des dépenses totales de santé. 

Malgré la mobilisation de la communauté médicale et scientifique au printemps dernier et de nouveau ces dernières semaines, un amendement proposant la suppression de l’AME, au profit d’une "aide médicale d’urgence" au périmètre restreint excluant les soins primaires, a été voté au Sénat le 7 novembre 2023 à l’occasion de l’examen du projet de loi immigration.

S’il était adopté à l’Assemblée nationale en décembre prochain, il limiterait et retarderait de façon majeure l’accès aux soins de cette population déjà particulièrement vulnérable conduisant à une augmentation du recours aux soins hospitaliers urgents, plus complexes et plus coûteux.

Cet amendement est un non-sens sur le plan de la santé publique, mais aussi économique, et n’est ni plus ni moins qu’une atteinte grave aux principes des droits humains garantissant un droit à la santé et aux soins pour toutes et tous sur le territoire français et européen. 

L’immigration est un phénomène observé mondialement. Les motifs de départ sont le plus souvent en lien avec les études, d’ordre économique, familial ou liés à l’insécurité. A l’heure actuelle, les travaux épidémiologiques, sociologiques et démographiques battent en brèche l’idée d’un "appel d’air" basé sur le modèle de protection sociale français et sur l’existence de l’AME.

Ils viennent conforter l’idée que la migration pour raison de santé est marginale parmi les motifs de départ des pays d’origine. De plus, le système de protection sociale étant en réalité méconnu des étrangers en situation irrégulière et le parcours administratif étant complexe, on estime que près de la moitié des étrangers éligibles à l’AME n’y ont pas recours y compris parmi ceux atteints de maladies chroniques. La restriction de l’AME n’aurait donc aucun effet sur les flux migratoires. 

En supprimant l’AME et en limitant l’accès aux soins des sans-papiers, le législateur accentuerait par contre le renoncement aux soins d’une population déjà précaire, augmentant les retards au diagnostic et aux traitements. Ces retards entraineront des recours aux soins tardifs avec des pathologies à un stade avancé, faisant alors peser les coûts sur le système hospitalier public déjà largement fragilisé.

En effet, cela se traduira par une sollicitation accrue des permanences d’accès aux soins de santé (PASS) et des services d’urgences, ainsi que par davantage d’hospitalisations dont la complexité et la durée impliquent de facto des coûts plus élevés.

De plus les sorties d’hospitalisation en soins de suites et de réadaptation, déjà difficiles chez ces populations en situation de précarité, seront rendues impossibles, une couverture maladie étant indispensable avant tout transfert. Ce phénomène ne fera qu’accentuer la congestion déjà majeure de l’hôpital public.

L’analyse de la période de restriction de l’accès à la protection sociale décidée en Espagne en 2012 pour les étrangers en situation irrégulière a conclu à une augmentation de l’incidence de certaines maladies (y compris transmissibles) ainsi qu’à une augmentation du taux de mortalité dans cette population, conduisant le gouvernement espagnol à reculer et à rétablir cet accès aux soins.

Ainsi, loin de limiter les dépenses, la suppression de l’AME ferait porter sur le système hospitalier public le poids de décisions politiques éloignées de la réalité et en contradiction avec les principes de santé publique, sans compter les surcoûts que cela entrainera comme cela a été démontré ailleurs. 

Nous, sociétés savantes, collèges, fédérations, syndicats et associations médicales appelons solennellement les députés de l’Assemblée nationale et le gouvernement à ne pas supprimer l’Aide médicale d’état, à s’opposer fermement à toutes restrictions de son périmètre, et à revenir sur les limitations qui lui ont été adjointes depuis sa création (délais de carence et plafond de ressource en particulier).

Il est également indispensable de garantir un accès effectif à ceux qui en relève et de lutter efficacement contre les refus de soins dont ces bénéficiaires font l’objet. Ces conditions sont nécessaires au maintien d’un accès aux soins effectif pour cette population vulnérable et sont en cohérence avec les recommandations nationales et internationales.

Organisations signataires

Sociétés savantes

Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF)

Société française de lutte contre le Sida (SFLS)

Société française de médecine d'urgence (SFMU)

Société française de santé publique (SFSP)

Collège de la médecine générale (CMG)

Société de réanimation de langue française (SRLF)

Société française de pédiatrie (SFP)

Société francophone de médecine tropicale et de santé internationale (SFMTSI)

Collège national des généralistes enseignants (CNGE)

Société française de pneumologie de langue française (SPLF)

Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG)

Société de médecine des voyages (SMV)

Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG)

Société française de microbiologie (SFM)

Société française de virologie (SFV)

Autres groupes professionnels

Coordination nationale des PASS

Conférence nationale des présidents de CME et de CMG des Centres Hospitaliers (CMECH)

Conférence nationale des présidents de CME des Centres Hospitalo-Universitaires (CMECHU)

Fédération nationale des centres de santé (FNCS)

Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS)

Syndicat national des médecins de PMI (SNMPMI)

Comité consultatif national d’éthique (CCNE)

SAMU Urgences de France (SUDF)

Contacts presse : c.cheneau@infectiologie.com
Hélène Colombani, Présidente FNCS – president@fncs.org – 06 68 05 94 20


 

 

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Télécabines :

26 Novembre 2023, 07:51am

Publié par PCF Villepinte

 Faire dérailler la médecine

ou démocratiser la télémédecine ?

Libération

Paris, le samedi 25 novembre 2023

– Le dessin résume assez bien l’incongruité de l’annonce et l’incrédulité qu’elle a suscitée. Sous le titre « Déserts médicaux : des centres de télémédecine dans les gares », Man Dessinateur a représenté deux personnages dans un désert, qui devant une voie ferroviaire manifestement désaffectée puisqu’ensevelie sous le sable, s’interrogent : « Quelle gare ! ».

Ces dernières années, la politique de la SNCF a en effet bien plus certainement consisté à supprimer les lignes les moins exploitées et les petites gares, tandis que l’accessibilité des guichets dans certaines stations est une gageure, qu’elle n’a été marquée par un engagement à lutter contre l’isolement.

Malgré ce paradoxal décalage, l’initiative de la SNCF visant à installer des centaines de cabines de téléconsultations dans les gares a été largement remarquée et en a réveillé certains.

Ainsi, Michel-Edouard Leclerc a salué cette idée et a déclaré qu’il envisageait de contacter la société avec laquelle la SCNF collaborait (Loxamed) afin de réfléchir à l’installation de cabines de télémédecine dans ses supermarchés. Cet appétit de Michel-Edouard Leclerc qui depuis des années n’a cessé ses assauts pour obtenir le droit de vendre des médicaments accessibles sans ordonnance dans ses espaces parapharmacies n’étonnera guère.

Du panier de la ménagère au panier de soins.

Néanmoins, quelques jours après la levée de boucliers provoquée par la confirmation du projet de la SNCF (qui avait déjà été présenté il y a quelques mois), la sortie de Michel-Edouard Leclerc n’a pu que renforcer les inquiétudes.

Le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil de l’Ordre a ainsi commenté sur X (ex[1]Twitter) : « Michel-Édouard Leclerc veut aussi installer des centres de télémédecine dans les supermarchés. Après la SNCF, la grande distribution s’occupe non pas du « panier de la ménagère » mais du panier de soins. Jusqu’où cette atomisation de l’accès aux soins ».

De nombreux praticiens ont partagé son indignation, tel le Dr Guillaume Barucq qui prévient : « L’automatisation de la médecine est en cours avec le déploiement massif de cabines de téléconsultation dans les gares, les supermarchés, les pharmacies…

Il est encore temps de boycotter ces machines dont les médecins derrière l’écran seront vite remplacés par une IA ».

Pas de médecine sans examen clinique

Les réticences assez largement partagées des praticiens vis-à-vis des cabines de téléconsultation sont d’abord liées aux risques pour la qualité de la prise en charge. « La médecine sans examen clinique, ce n’est pas la médecine » répète régulièrement le praticien qui intervient sous le nom de Le Flohic sur Twitter.

« Les récits de téléconsultation par quasi tous les patients qui sont passés par une plateforme/une application puis qui repassent au cabinet ensuite sont terrifiants » rapportait de son côté l’année dernière le Dr Christophe Lamarre.

Le recours à une télécabine sans possibilité de contacter son médecin traitant ou d’être accompagné par un professionnel de santé (ce qui ne devrait pas être le cas dans les gares, puisqu’une infirmière devrait être présente) attise encore un peu plus ce réflexe de défiance.

Complicité de certains médecins, duplicité de l’Etat

Mais l’inquiétude n’est pas que strictement clinique, elle est également une réflexion éthique sur les fondements de la médecine. Beaucoup redoutent une financiarisation ou encore une ubérisation de la médecine. Le fait que les cabines médicales de la SNCF participent à un mouvement plus global de l’entreprise pour diversifier son offre est un élément qui peut favoriser une lecture assez consumériste de ce dispositif.

Pour l’UFML, il ne fait aucun doute, le syndicat écrivant en effet au lendemain de l’annonce de la SNCF : « Une fois de plus, c’est sous le couvert de la résolution des déserts médicaux que la financiarisation étant ses bras de poulpe…C’est un fait constant : on enveloppe, toujours dans le plus beau des papiers, les forfaits les plus dégueulasses.

Nous rappelons que la mainmise de la financiarisation sur le soin ne vise qu’à développer une médecine low cost très lucrative pour ces entreprises qui n’ont rien de bienfaitrices de l’humanité souffrante ».

Le Dr Jérôme Barrière ne peut que souscrire à cette analyse, qui sous le message du Dr Mourgues commente ironiquement : « En plus de manière philanthrope évidemment. Ces humanistes quand même… Ça va être fascinant les motifs de consultation. Après soyons clairs, si des confrères se rendent complices de cette uberisation tant pis »

Mais pour l’UFML, ce ne sont pas d’abord les praticiens participant potentiellement à ces initiatives qui doivent être dans le viseur mais la duplicité de l’Etat : « S’agissant de cette société on apprend que « Les lieux précis d’implantation de ces espaces de télémédecine seront arrêtés en concertation avec les Agences régionales de santé, les ARS, et les collectivités locales. »

C’est dit et affirmé les ARS, donc l’état, participent et avalisent la multiplication des cabinafrics et la construction de la Médecine low cost comme une des réalités de la médecine de demain.

Les ARS, donc le ministère de la Santé, donc l’état, affichent une volonté de lutte contre la financiarisation de la santé et dans les faits avalisent la favorisation de dirigeants et entreprises amies. Cette réalité, que nous percevons comme une trahison, laissera des traces », dénonce l’organisation.

Bilan contrasté

Dans les faits, les responsables territoriaux et les représentants politiques sont loin d’être unanimes sur le sujet. Philippe Gouet, président du conseil départemental de Loir-et-Cher et président du groupe de travail Santé de « Départements de France » s’inquiétait en effet dans une tribune publiée en juin dans l’Opinion de l’absence de régulation de la télémédecine.

Aujourd’hui, beaucoup appellent d’ailleurs les pouvoirs publics à intervenir (et dès lors à manifester qu’ils ne sont pas les complices de cette intervention). Par ailleurs, si l’entreprise Loxamed assure que des concertations auront lieu avec les ARS, au plus haut sommet de l’Etat on semble dubitatif (doute dont la sincérité sera peut-être interrogée).

Ainsi, dans une interview à Libération cette semaine, Aurélien Rousseau observe : « L’expérience montre que les cabines de téléconsultation isolées, non inscrites dans un parcours de soins, ça marche très moyennement. En outre, je pense qu’il ne faut pas mélanger soin et consommation : une consultation, ce n’est pas un photomaton », assène le ministre de la Santé, tout en considérant que la présence d’une infirmière est un point positif.

De fait, il semble difficile de mesurer aujourd’hui l’intérêt des télécabines, en ce qui concerne l’amélioration de l’offre de soins dans les zones sous dotées. 

Une enquête réalisée en octobre dernier par Le Monde révélait ainsi que la télécabine de Favril (Eure et Loir), qui fut la première installée en France, accueille seulement quatre à cinq patients en moyenne par semaine, rendant l’opération finalement peu rentable, même si elle satisfait la municipalité. Dans les officines, où ces cabines se sont développées, le bilan est également contrasté.

La télémédecine démocratisée ?

Cependant, les télécabines pourraient, mieux déployées et si elles étaient inscrites dans un véritable plan de santé publique (et non pas seulement installées au grès d’initiatives ponctuelles et/ou privées non coordonnées) être une façon de démocratiser la téléconsultation.

En effet, bien qu’elle soit souvent présentée comme un outil pour lutter contre les déserts médicaux, la télémédecine est en réalité aujourd’hui plus souvent utilisée par des jeunes urbanisés et technophiles qui statistiquement ont moins besoin de soins que leurs ainés et ont en tout cas moins de difficultés d’accès aux soins, comme l’avait mis en évidence un rapport publié l’année dernière par la DREES.

Cette dernière avait également établi que la téléconsultation ne semble pas majoritairement utilisée pour palier un problème de distance puisque 58,6 % des téléconsultations sont proposées par un médecin installé à moins de 5 km du domicile du patient (contre 62,7 % des consultations en cabinet) et 69,1 % par le médecin traitant.

Des télécabines disséminées dans des lieux stratégiques avec toujours la présence d’un autre professionnel de santé permettraient de répondre aux freins à la téléconsultation (problèmes de connexion, difficultés pour utiliser les outils diagnostiques, etc) et dès lors potentiellement répondre à certains problèmes d’accès aux soins.

D’ailleurs, l’hostilité et la réticence vis-à-vis de la télémédecine en général et des télécabines en particulier ne sont pas totales. On se souvient comment l’année dernière, un collectif de médecins et chercheurs, emmenés par le Prix Nobel Françoise Barré-Sinoussi avait invité à ne pas « infantiliser » les patients en restreignant trop strictement l’accès à la télémédecine.

De son côté, l’association Citizen4Science qui milite contre la désinformation scientifique voit dans le tollé des médecins face aux télécabines une nouvelle manifestation de la volonté de défendre leur corporatisme.

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Immigration :

19 Novembre 2023, 10:22am

Publié par PCF Villepinte

Une loi réactionnaire et cruelle

Après une semaine d’outrances en tous genres et malgré le combat des sénatrices et sénateurs communistes, le projet de loi immigration a été voté par LREM, LR, RN et Reconquête à la chambre haute, après avoir été extrêmement durci.

Ce projet avait pour ambition sur le papier de mieux “contrôler l'immigration et d’améliorer l'intégration”. Gérald Darmanin communique sur un texte équilibré, il n’en est rien.

S’appuyant sur les fantasmes de la droite et de l’extrême droite, le gouvernement a pour ambition de dégrader les conditions d’accueil des exilés, pourtant déjà déplorables, pour freiner une prétendue “vague migratoire”.

Les quelques mesurettes censées apporter de timides progrès ne sont pas à la hauteur. L’article 3 qui permettait de régulariser certains travailleurs sans papiers dans les métiers en tension a été supprimé.

Si l’article de base n’allait pas assez loin, il permettait d’améliorer concrètement la vie des personnes concernées. Il aurait pu être un premier pas vers la régularisation de l’ensemble des travailleurs sans papiers.

L’article 4 qui prévoyait une liste de pays dont les ressortissants pourraient être autorisés à travailler dès l’introduction de leur demande d’asile, a également été supprimé. Un amendement déposé par le groupe CRCE-K à l’article 15 permettra cependant de protéger les personnes sans papiers victimes de marchands de sommeil en leur accordant un titre de séjour après un dépôt de plainte. C’est une réelle avancée.

Ne nous trompons pas, ces avancées potentielles ne changent en rien le fondement réactionnaire de ce texte. Il signe une nouvelle fois la collusion de la droite et du gouvernement avec l’extrême droite sur le sujet.

Les sénateurs ont supprimé l’Aide médicale d’État qui permettait, sous condition de ressources, aux personnes sans papiers d’avoir leur frais de santé pris en charge par l’État. Ce recul est une entrave inhumaine à l’accès aux soins des étrangers sans-papiers. Il va à rebours des valeurs d’humanité et de fraternité de notre République.

L’Aide médicale d’urgence censée la remplacer est une hérésie. En attendant que les maladies s'aggravent pour les prendre en charge, il s’agit d’un non-sens médical et économique, dénoncé par de nombreux professionnels du soin.

Pour pouvoir bénéficier des APL ou des allocations familiales, les étrangers vont devoir prouver 5 ans de présence régulière sur le territoire, contre 6 mois actuellement.

L’accès au regroupement familial est lui aussi durci, tout comme le dit “droit du sol”, qui permettait aux enfants nés en France de parents étrangers d’accéder à la nationalité française à 18 ans. Les expulsions ont été facilitées pour le plus grand bonheur de la droite et de l’extrême droite. 12 procédures permettaient de les contester, il n’y en aura plus que 3.

Ce texte régressif et abject va considérablement dégrader les conditions de vie des exilés en France. Nous nous y opposons avec la plus grande fermeté. À l’inverse, le MJCF revendique un accueil digne des exilés, leur garantissant un droit à l'hébergement d’urgence, au logement, au travail ou à la formation, à la santé.

Assan Lakehoul

 

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