Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Pierre Laurent attend des "mesures concrètes" lors de la conférence sociale

9 Juillet 2012, 18:29pm

Publié par PCF Villepinte

 - le 9 Juillet 2012

 

Mots clés : pcf, pierre laurent, rfi, sommet social,

 ou cliquez ici 

Le secrétaire national du PCF espère que la conférence sociale déboucherait sur des "mesures concrètes", estimant qu'il y avait actuellement "trois urgences", les salaires, l'emploi et les services publics.

"Il faut rouvrir en grand le chantier des salaires, très au-delà de l'augmentation très faible du Smic qui a été annoncée", a-t-il relevé notamment ce matin sur Radio France Internationale (RFI). "Et puis en matière d'emploi, il faut des mesures immédiates contre les licenciements, des nouveaux droits pour les salariés, la reprise d'une politique industrielle", a ajouté le responsable du PCF. "Enfin, en matière de service public, on attend des précisions sur l'application de l'abandon de la RGPP" (Révision générale des politiques publiques), a-t-il encore dit. Selon Pierre Laurent, il faut "des mesures nouvelles dans ces trois domaines immédiatement. C'est-à-dire, dès cet été et puis d'ici la fin de l'année, il faut que le changement soit visible dans ces trois domaines".

Voir les commentaires

Le Front de Gauche se félicite du ralliement de la Gauche Anticapitaliste

9 Juillet 2012, 18:26pm

Publié par PCF Villepinte

Politique - le 9 Juillet 2012

 

 

Olivier Besancenot et Myriam Martin (Gauche Anticapitaliste)

 

Lors de la conférence nationale du NPA dimanche 8 juillet, les membres du courant Gauche Anticapitaliste ont choisi de rejoindre le Front de Gauche. Les dirigeants de celui-ci se réjouissent de l’aboutissement d’un processus engagé depuis plusieurs semaines, alors que ce départ affaiblit un peu plus le parti d’Olivier Besancenot.

Le Front de Gauche s’est félicité lundi 9 juillet de la décision des membres de la Gauche Anticapitaliste de le rejoindre. Ce courant issu du Nouveau Parti Anticapitaliste est la huitième composante à se rattacher à l’alliance constituée en 2009. Une réunion avait eu lieu le 27 juin dernier au cours de laquelle les représentants de G.A. et du Front de Gauche avaient pu acter leurs accords en matière de programme et de stratégie, l’officialisation du ralliement n’était donc qu’une question de jours. La direction du Parti Communiste s’en est réjouie, y voyant une « preuve supplémentaire de la pertinence du Front de Gauche qui s’ancre toujours plus dans la réalité politique de notre pays », selon un communiqué.

Double coup dur pour le NPA

Alors que Pierre Laurent se réjouit de la « dynamique [qui] se poursuit » pour le Front de Gauche, la défection de la Gauche Anticapitaliste constitue un nouveau coup dur pour le NPA, dont l’avenir s’obscurcit un peu plus chaque année. Depuis sa création il y a quatre ans, le parti emmené par Olivier Besancenot a vu partir trois groupes de militants : Gauche Unitaire en 2009, Convergence Alternative en 2010 et donc G.A. cette année. Il a également subi un fort recul en termes de suffrages qui le prive des subventions de l’Etat pour les cinq ans à venir : la loi impose qu’un parti dépasse 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions pour recevoir les aides publiques, et aucun candidat NPA n’a dépassé 0.80% aux législatives. Cette absence de financement étatique risque de se faire sentir, puisque les subventions représentaient environ un tiers du budget du parti en 2010.

« Sans colère mais avec émotion »

Dans une tribune publiée lundi 9 juillet, les dirigeants de la Gauche Anticapitaliste donnent les raisons de leur départ du NPA, qui se fait « sans colère mais avec émotion » : l’incapacité du parti à tirer des enseignements de ses reculs successifs (élections européennes de 2009, régionales de 2010 et scrutins nationaux du printemps 2012), le refus d’une réorientation politique qui semblait s’imposer, ou encore le rejet des alliances stratégiques qui a conduit à une marginalisation dont la direction ne s’inquiète pas. Les 17 signataires estiment, à l’inverse, qu’ « à l’heure où l’urgence est à la construction d’un bloc politique et social contre l’austérité, le Front de Gauche constitue un point d’appui incontournable ».

Ces anciens membres du bureau exécutif de la Ligue Communiste Révolutionnaire emmenés par Pierre-François Grond, ancien bras droit d’Olivier Besancenot, ont donc choisi d’opérer ce ralliement afin de pouvoir être « acteurs » et non plus « spectateurs » de la vie politique française. Ils pourraient drainer 300 à 500 militants, soit environ 40% des effectifs du NPA.

 

  • A lire aussi :

Une intégration à grands pas

Des ex-dirigeants du NPA soutiennent la candidature de Mélenchon

Théo Maneval

Voir les commentaires

Conférence sociale : la méthode est saluée, peu d’espoir sur les réformes

9 Juillet 2012, 18:22pm

Publié par PCF Villepinte

Social-Eco - le 9 Juillet 2012

 

 

 

Le président François Hollande a donné lundi matin le coup d'envoi de la grande conférence sociale. Un rendez-vous censé relancer le dialogue social, proposer un calendrier de réforme et trouver un consensus avec syndicats et patronat pour résoudre la crise.

C'est le moment "de mettre la France en mouvement, il n'y a pas de temps à perdre", a lancé le président en ouvrant la conférence au Palais d'Iéna, au siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE) devant 300 personnes. Cette conférence, prévue sur deux jours, doit ouvrir une nouvelle ère en matière de dialogue social. Fini les sommets de deux heures de Sarkozy, place à un dialogue dans la durée. François Hollande a d’ailleurs renouvelé sa promesse de campagne de constitutionaliser le dialogue social : "Il n'y aura pas de loi dans le domaine de la vie économique et sociale qui pourra être votée par le Parlement sans qu'il y ait une phase de dialogue et de concertation."

Une réussite sur la forme, méfiance sur le fond

La méthode est saluée par les syndicats qui se voient à nouveaux respectés et placés au centre des décisions, même si sur les faits et réformes à venir, ils restent très prudents. Le président a rendu hommage à ces "corps intermédiaires sans lesquels la France ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui". Une méthode qui devrait se renouveler : "Il ne s'agit pas d'un sommet ponctuel", a-t-il dit, en donnant "rendez-vous dans un an". "C'est un compromis positif pour sortir par le haut des épreuves qu'on traverse".
Et les épreuves, ce sera aussi la rigueur. Pour Hollande, les "trois grands défis" du pays sont le redressement des comptes publics, la détérioration de la compétitivité et le chômage. Si Hollande a assuré que "l'Etat ne pourra pas rester inactif" devant les plans sociaux qui s'accumulent, le Premier ministre a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à de grandes annonces : "réformer, cela prend du temps"

Il y a urgence pour les syndicats

Pourtant il y a plus de temps à perdre. Le leader de la CGT Bernard Thibault, réclame des "mesures concrètes", "des décisions immédiates" face aux "situations d'urgence". Mais le consensus recherché par le PS est encore loin : alors que Mme Parisot plaide pour une réduction des charges pesant sur les entreprises, Bernard Thibault veut une remise à plat de toutes les aides dont elles bénéficient et une redéfinition du licenciement économique.

Syndicats, patronat et ministres vont en débattre au cours de sept tables rondes prévues dans l'après-midi et mardi matin, axées outre l'emploi, sur le service public, les retraites, le redressement économique, l'égalité hommes/femmes, les salaires, la formation.

Voir les commentaires

La CGT sort les vrais chiffres de PSA

9 Juillet 2012, 09:33am

Publié par PCF Villepinte

Fermetures et dégraissages injustifiables !

lundi 9 juillet 2012, par Sabine Ferry

« Il n’y a aucune raison que PSA annonce le moindre plan de suppressions d’emploi et encore moins de fermetures d’usine ». Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT - PSA Aulnay fait la preuve, dans un communiqué de presse daté du 8 juillet 2012, que « les ventes sont loin d’être en recul et que PSA n’est absolument pas en difficulté. Au contraire, c’est un groupe multimilliardaire. ».

L’opinion publique a, selon lui, assisté à « une véritable campagne mensongère de la part de la direction de PSA qui voudrait faire croire que les ventes de voitures pour le premier semestre ont considérablement chuté ».

A la veille du comité central d’entreprise où la direction doit annoncer l’ampleur de la restructuration du groupe, « il était impératif, pour PSA, d’annoncer une baisse des ventes et de rendre catastrophique la situation pour mieux justifier l’injustifiable ! », précise Jean-Pierre Mercier, avant de rappeler les chiffres records de 2010, ayant atteint 3 600 000 véhicules vendus et ceux de 2011, qui s’élevant à  3 550 000.

De plus, en décidant de suivre l’embargo sur l’Iran -2e marché pour le groupe, après le marché français-, suite à l’alliance avec la General Motors, « PSA a fait une croix sur une vente de plus de 450 000 véhicules par an ». En maintenant ses ventes en Iran, le groupe aurait dû annoncer le même niveau de ventes que celui de l’année dernière -un des meilleurs cru de son histoire.

« Évidement, conclut Jean-Pierre Mercier, en annonçant un même niveau de ventes mondiales qu’en 2011, il devient plus difficile à PSA de justifier l’injustifiable : la fermeture de l’usine d’Aulnay ainsi que le vaste plan de suppression d’emploi dans le groupe. »

Voir les commentaires

Dans l'Humanité ce lundi : Conférence social, huit syndicats exposent leurs attentes

9 Juillet 2012, 09:28am

Publié par PCF Villepinte

Médias - le 9 Juillet 2012

 

 

 

Aujourd'hui et demain, gouvernement, syndicats et patronat planchent sur les sujets sociaux les plus chauds. Entre les espoirs de changement du monde du travail et un Medef arc-bouté sur les vieilles recettes, vives confrontations en vue. Huit organisations de salariés exposent leurs attentes.

 

Sagesse populaire. L'édito du jour par Paule Masson

Faire des efforts pour redresser les finances du pays ? À la question posée, les Français ne disent pas franchement « non » mais ils préféreraient des ponctions sur les hauts revenus plutôt que sur les leurs. L’enquête Ifop publiée hier par le Journal du dimanche confirme cette opinion. 53 % privilégient l’augmentation de l’impôt sur la fortune et 44 % celui sur les bénéfices des sociétés pour renflouer les caisses de l’État. On dit que la sagesse populaire rappelle à chacun ce qui tient du bon sens. Les salariés, les plus démunis, ceux qui travaillent plus qu’ils ne possèdent, savent qu’ils ont déjà payé un lourd tribut à la crise. En termes d’emplois perdus, de pouvoir d’achat raboté et de montées des insécurités sociales, le bilan est lourd, très lourd depuis 2008. L’Insee vient même de montrer à quel point les 10 % des ménages les plus modestes ont dû casser la tirelire pour surnager : leur niveau de vie moyen a reculé de 2,1 %. Le cochon des plus riches, lui, reste bien grassouillet, surtout pour ceux que l’institut de statistique classe dans son dernier décile : le patrimoine détenu par 1,3 % de la population, qui déclare au moins 85 000 euros annuels, a progressé de 92 % quand celui des plus pauvres n’a pas évolué. Puisque les disparités de richesses et de patrimoines continuent de se creuser, autant réclamer en premier lieu la solidarité des possédants.

Les syndicats espèrent d’ailleurs que, cette fois-ci, la balance va pencher du côté des salariés. Sous Sarkozy, les grand-messes sociales, organisées à la hâte et en un temps record, étaient calées sur l’agenda revendicatif du patronat. François Hollande inaugure aujourd’hui une méthode différente. La conférence sociale qui s’ouvre dure deux jours, examine sept thématiques. Chaque table ronde planche avec un ministre et un médiateur chargé de rédiger la synthèse. Le gouvernement a en tête, paraît-il, d’écrire le « contrat social d’après-crise ». Rien de moins ! Les syndicats ne manquant pas d’idées pour promouvoir les intérêts des salariés, cette perspective pourrait permettre d’entrevoir un coin de ciel bleu dans le long tunnel de l’austérité. Le conditionnel, hélas, s’impose. Car la principale décision que l’on nous promet pour l’heure est d’établir un calendrier des réformes sociales. Au nom du « mal nécessaire » qui consiste à se plier au dogme libéral d’un déficit public réduit à 3 % en 2013, il serait urgent d’attendre. Avec ce gouvernement, il est aisé de multiplier les oxymores. François Hollande veut tout concilier : équilibre, efficacité, compétitivité, solidarité, justice sociale.

Dans le contexte européen actuel, la tâche est, il faut le dire, sacrément ardue. D’autant que sur ce plan, la France se contente d’une mini-dose de mots ajoutés sur la croissance dans un paquet qui conduit tout droit dans le mur de l’austérité. À cela, s’ajoute un patronat en posture de combat. La présidente du Medef, Laurence Parisot, n’ose-t-elle pas proposer d’« inscrire la liberté d’entreprendre dans la Constitution » ? Constitutionnaliser la concurrence libre et non faussée, ça ne vous rappelle rien ? Mais c’est précisément la fuite en avant dans la dérégulation de l’économie qui a déclenché une des plus graves crises de l’histoire. Aujourd’hui, ses promoteurs ne cessent de présenter la facture aux peuples. Pour en sortir vraiment, faut-il chercher à tout concilier pour rassurer les marchés ou travailler à les désarmer ?

 

Et aussi :

Social : Une scop pourrait voir le jour sur le site de Gémenos. Reportage

Politique : Le suite du match entre Copé et Fillon.

Société : La détention des enfants devient l'exception

Monde : En Lybie, des élections qui laissent le pays toujours aussi divisé

Enquête :  Compétitivité, le Medef exerce sa tyrannie

Tour de France : première victoire du Français Thibault Pinot en solitaire

Festival d'Avignon : Le In et le Off avec nos envoyés spéciaux

En juilet et août, retrouvez la série d'été de l'Humanité : des journalistes et des combats. Premier portrait : Séverine, insurgée toute sa vie

Voir les commentaires

« Activité syndicale : le crime du siècle ? » (Collectif LBO)

8 Juillet 2012, 21:42pm

Publié par PCF Villepinte

Politique - le 8 Juillet 2012

 

Notre Collectif a porté dès 2006 dans le débat public la question des LBO* en France, attirant l’attention d’acteurs syndicaux, associatifs et politiques sur la question centrale de la transmission des entreprises, et sur les risques inhérents à ce type de montages. De multiples analyses comptables ont  montré, depuis, une déformation préoccupante de la répartition de la valeur ajoutée dans ces sociétés, au profit des actionnaires et au détriment des salariés et de l’investissement.

  • La prise de participation des fonds d’investissement dans de nombreuses entreprises ne laisse pas d’être inquiétante.

Rappelons qu’en 2006 déjà, les entreprises sous le contrôle des fonds d’investissement généraient près de 10% du PIB français, contre 25% du PIB aux Etats-Unis. Cette forme de reprise d’entreprises représente un coût élevé pour nos finances publiques par l’incitation fiscale octroyée et soutenue par les gouvernements précédents, qu’il s’agisse de la déductibilité des intérêts de la dette LBO, de la niche dite « Copé » (évaluée de 4 à 22 milliards de manque à gagner pour l’Etat selon les sources), du crédit d’impôt recherche astucieusement détourné de sa finalité, de subventions publiques sans contreparties peu contrôlées et jamais remises en cause, voire même d’évasion fiscale.

A cet égard, il n’est pas inutile de relever que la Cour des comptes, dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques remis récemment à Monsieur le Premier Ministre, préconise de réexaminer « les dispositions du régime d’intégration fiscale des groupes de sociétés qui vont au-delà de la simple compensation des résultats bénéficiaires et déficitaires ».

M. Philippe Marini, président de la commission des finances du sénat, soulignait d’ailleurs, lors de la séance du 6 décembre 2011, que le gouvernement de l’époque évaluait le rendement potentiel de l’écrêtement de la déductibilité des intérêts d’emprunt par rapport au résultat fiscal d’une entreprise à 17 milliards d’euros. Ces 17 milliards, offerts gracieusement aux actionnaires, pourraient utilement réintégrer les finances publiques en limitant le recours au surendettement des entreprises dans les opérations de LBO.

  • Vous recherchez des milliards, Monsieur la président ? Voilà où les trouver !

Au sein des entreprises sous LBO, le creusement des inégalités salariales, le faible niveau d’investissement, les destructions inutiles d’activités et d’emplois qualifiés concourant à la désindustrialisation de notre pays, participent de préoccupations majeures pour notre économie, alors qu’investisseurs en capital et banquiers se partagent les fruits de ces opérations déstabilisantes.

Ainsi, les entreprises sous LBO font régulièrement la une de l’actualité tout comme le « mur de la dette LBO » révélé par l’économiste Nouriel Roubini rejoint maintenant par la plupart des analystes financiers. Vous-même êtes intervenu, durant la campagne présidentielle, en soutien de salariés confrontés à cette logique de financiarisation outrée de l’économie.  S’agissant de la dette LBO, elle  présente un risque  majeur d’explosion  de nature « systémique » dès 2013-2014 !

  • Donner toute sa place à l’action syndicale et aux comités d’entreprise.

Si votre mandat exige de relancer la croissance dans la justice et de redresser les finances publiques, il nécessite également, selon nous, de donner toute sa place à l’action syndicale et aux comités d’entreprise.

La criminalisation des syndicalistes et la dépénalisation des patrons, renforcées depuis 10 ans par les lois Perben et Sarkozy, doivent être remises en cause immédiatement, constituant un préalable.
 
Mais c’est bien dans l’octroi de nouveaux droits d’intervention que les comités d’entreprise pourront jouer pleinement leur rôle économique. Pour paraphraser Jaurès, il est d’intérêt public que le salarié français ne soit plus seulement un serf dans l’entreprise.

Cette financiarisation des entreprises devenues de véritables marchandises, objets de spéculation, conduit  à des risques sociaux et politiques majeurs. Les abus de droit, les erreurs de gestion, la criminalisation des rapports sociaux, les infractions au code du travail, mis en oeuvre impunément par des patrons voyous, sur ordre d’actionnaires financiers – considérés par la loi comme irresponsables – contribuent au discrédit de nos institutions publiques et au rejet de la politique par une partie de nos concitoyens.

  • La finance a un visage, l'Etat a un visage. C'est souvent le même.

Dans votre discours du Bourget, vous avez déclaré : "La finance, mon adversaire, n'a pas de visage et elle ne se présente pas aux élections".
Cependant, comme l’a démontré l’universitaire Geoffrey Geuens, il existe une proximité sociologique croissante entre le monde économique et le monde politique, fusionnés en une même oligarchie qui a réussi à imposer de faux antagonismes. La finance a un visage, l'Etat a un visage. C'est souvent le même.

Le fond d’investissement « Qualium », filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, en est une parfaite illustration : il est loin d’être exemplaire en matière de respect de la représentation salariée dans les entreprises où il détient des participations, alors même que l’institution publique au service de l’intérêt général, contrôlée par le Parlement, vise à l’exemplarité !

Ainsi, si nous saluons votre initiative de vouloir limiter la rémunération des dirigeants des entreprises publiques, nous considérons que vous devez donner un signe fort à l’opinion, en reconnaissant la responsabilité et la culpabilité de l’Etat en matière de discrimination syndicale quand celle-ci est reconnue par la justice, et en ne soutenant pas comme vos prédécesseurs les procédures abusives pilotées par ces fonds prédateurs détenus ou financés, directement ou indirectement, par des entreprises publiques ou des subsides de l’Etat.

  • Une justice pour les salariés

Il nous apparaît également comme prioritaire de renforcer les moyens d’une justice pour les salariés qui se doit d’être rapide et efficace, complétée d’une inspection du travail efficiente sur l’ensemble des territoires, et réaliser un audit social et environnemental sur tous les fonds d’investissement qui minent notre économie.

Le pendant de la financiarisation de l’économie est la judiciarisation des relations sociales, souhaitée et encouragée par le patronat et les actionnaires. Cette judiciarisation qui inquiète et qui divise des organisations syndicales au plus haut niveau, constitue un véritable piège tendu aux salariés. Si elle révèle certes un échec de la solidarité entre salariés, elle est exacerbée par les modes de gestion individualisés et les crises à répétition, dont la finance est responsable, en l’absence de contre-pouvoirs démocratiques et d’institutions réglementaires fortes.

Et si des organisations syndicales avec la « méthode CLERC », réussissent à faire condamner des directions pour discrimination syndicale, nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation, étant donné le niveau des condamnations trop peu dissuasives tant sur le plan pénal que financier, et compte tenu des enjeux démocratiques et citoyens qui y sont associés.
La judiciarisation ne peut être que temporaire sauf à souhaiter l’américanisation de notre justice et le renoncement à nos institutions républicaines héritées de la vie démocratique de notre pays.

Monsieur le président de la République, il est donc urgent que la mission d’information sur les LBO, votée à l’unanimité par la commission des finances de l’assemblée nationale dès janvier 2007, démarre enfin et prenne la mesure de l’ampleur des dégâts causés par les fonds d’investissement à notre économie, nos emplois et nos finances publiques. Il serait même opportun que les députés nouvellement élus transforment cette mission en une véritable commission d’enquête, tant la question de la place et du rôle des fonds d’investissement dans notre économie est centrale.

Ne laissez pas l’Association Française des Investisseurs en Capital, cette organisation professionnelle de fonds prédateurs de notre économie, continuer d’exercer son lobbying auprès de vous au détriment de notre pays, comme elle a commencé de le faire dans le cadre de la campagne électorale, et ne soyez pas dupe du changement opportun de son nom en « association française des investisseurs pour la croissance » !

Le Collectif LBO se tient à votre disposition pour vous aider à concevoir des outils innovants de progrès favorisant la démocratie sociale dans les entreprises, permettant une redistribution plus équitable, favorisant l’investissement, et garantissant la pérennité des activités et des emplois lors des transmissions d’entreprises.

Et surtout, Monsieur le président de la République, ne prenez pas le risque historique de laisser perdurer la criminalisation de l’activité syndicale dans notre pays !

* LBO : de l’anglais « Leveraged Buy Out », opération financière de rachat d’entreprise à crédit

Le Collectif LBO

Voir les commentaires

Éducation populaire, une ambition enfin relancée?

8 Juillet 2012, 21:39pm

Publié par PCF Villepinte

Valérie Fourneyron

Société - le 6 Juillet 2012

l'Humanité des débats Table ronde

 

Rappel des faits Valérie Fourneyron a été nommée ministre des Sports, de la Jeunesse… et de l’Éducation populaire. Comment interpréter ce signe politique fort ? Quelle politique mener en la matière ? Table ronde avec Marc Charbonné, directeur de MJC à Viry-Châtillon (CGT) et membre des Militants indignés des MJC. Marc Lacreuse, communiste et membre du Collectif éducation populaire du Front de gauche. Gwendal Ropars, secrétaire national de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), vice-président du Cnaje.

L’éducation populaire n’a pas 
de définition précise. 
C’est, semble-t-il, sa force 
car elle va de « l’instruction pendant toute la durée 
de la vie » défendue en 1792 par Condorcet, à « l’apprentissage 
à construction collective 
d’un projet et de la citoyenneté » porté par les grandes fédérations existantes en passant par 
une éducation populaire plus politique que veulent remettre 
au goût du jour des nouvelles Scop, des militants mobilisés dans les MJC ou lors 
d’états généraux qui 
se multiplient en province. Quelle approche choisira 
la nouvelle ministre ? L’éducation populaire ne doit-elle être qu’une éducation informelle, comme l’indique 
disgracieusement sa définition dans les institutions européennes, ou redevenir 
un des piliers pour 
la transformation sociale ?

L’éducation populaire a de nouveau son ministère. Simple symbole ou cela traduit-il la volonté, selon vous, de relancer une grande politique 
en la matière ? Pour quoi faire ?

Marc Lacreuse. Une simple étiquette ne suffira pas. Une grande politique ambitieuse est nécessaire car l’éducation populaire, particulièrement dans sa dimension d’émancipation démocratique, est (re)devenue un enjeu politique majeur. Et ce, pour plusieurs raisons, à commencer par l’inquiétante évolution de la société vers une abstention grandissante des citoyens vis-à-vis de la « res publica », la chose publique, le vivre ensemble, parfois minutieusement entretenus par des jeux politiciens désastreux. Marie-George Buffet, alors ministre, devait partager ce constat lorsqu’elle a initié une « offre publique de réflexion », en impliquant des centaines de collectifs et des milliers de personnes pour apporter leurs contributions à une nouvelle politique publique d’éducation populaire. J’y ai observé une belle – et rare – appétence pour ce nouveau geste politique, qui faisait revivre, en quelque sorte, ce que furent les cahiers de doléances. Une nouvelle loi-cadre devait en découler mais l’expérience n’a pas pu être menée jusqu’au bout. Sans doute a-t-elle un peu effrayé les tenants d’une vision purement délégataire de la démocratie. Mais depuis, la situation sociale et politique du pays n’a fait que s’aggraver : l’économisme et la finance ont pris le pas sur le politique, et l’éducation populaire, parquée entre le football et les jeux Olympiques dans un ministère sans moyens, était menacée de disparition. Il y a urgence aujourd’hui à ouvrir de nouveau un vaste débat public à propos de l’éducation populaire, dont se réclament de plus en plus d’initiatives associatives, syndicales, coopératives cherchant à construire de nouvelles procédures visant à augmenter radicalement la capacité d’agir des hommes et des femmes, d’évaluer et d’infléchir les politiques publiques dans tous les domaines : école, santé, travail, urbanisme, culture… Le formidable travail mené en 2005 par les citoyens à propos de la proposition de ratification du traité européen constitue un des exemples de ce que souligne l’éducation populaire comme faculté et légitimité de chacun à apporter sa pierre dans la construction sociale. Une des dimensions de l’éducation populaire contemporaine est de 
participer à la libération de ces potentialités culturelles et civiques dont le peuple est porteur.

Gwendal Ropars. La création du ministère de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative est un symbole car cela fait longtemps que l’éducation populaire n’a pas été mise en avant, et je crois sincèrement qu’il traduit la volonté de relancer une grande politique en la matière. Des défis restent à relever en termes d’éducation populaire aujourd’hui. Dans ce but, le Comité pour les relations nationales et internationales de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep) a lancé le mois dernier son événement « Educ’pop en fête », pour montrer ce qu’est concrètement l’éducation populaire. L’éducation populaire contribue à l’apprentissage de la citoyenneté, à ce que des hommes et des femmes se construisent individuellement et collectivement, s’émancipent, et participent à la construction et à la mise en œuvre de projets. Par exemple, la JOC a lancé la dynamique « Impose ta voix », en novembre 2011, afin d’organiser des soirées élections dans les quartiers populaires où l’on pouvait apprendre le rôle d’un élu, les différences entre les partis politiques, rencontrer des candidats, organiser des débats pour permettre aux jeunes de développer leur esprit critique... Nous considérons en effet la participation à la vie de la cité comme un levier essentiel dans le parcours des individus vers l’autonomie et l’émancipation, et comme une ressource primordiale dans l’élaboration des politiques publiques. Le fait d’avoir lié jeunesse et éducation populaire au sein de ce ministère est important : c’est reconnaître qu’en dehors de l’éducation nationale, l’éducation populaire peut faire du temps libre un temps éducatif et émancipateur.

Marc Charbonné. Un ministère de l’Éducation populaire est à la fois un message fort et un outil. Sans être le seul remède d’une société souffrante, l’éducation populaire peut redonner à chacun la capacité de réagir et d’agir sur ses conditions de vie. Cette vieille et grande idée du « savoir et de la culture pour tous, avec tous » doit être une force de proposition et d’action pour que les citoyens ne soient plus seulement acteurs de leur vie, mais auteurs. Et auteurs ensemble ! De plus en plus, le désengagement des pouvoirs publics et de l’État transforme les associations, et particulièrement les MJC, en prestataires de services, lieux de consommation d’activités, boutiques de loisirs… Au-delà du décrochage financier subi, cette marchandisation nous éloigne de notre identité première de lieux d’expérimentation sociale, d’expression, de socialisation, d’émancipation individuelle et collective, de solidarité, de créativité… C’est cela le plus révoltant ! Je suis convaincu qu’aucune société ne peut vivre sans un espace économique du don, de l’empathie, de la solidarité et de la fraternité. En cela, les associations jouent un rôle essentiel de corps intermédiaires en assurant cette dimension de la vie sociale et du lien entre les citoyens.

L’éducation populaire semble en plein marasme. Quelles mesures d’urgence s’imposent selon vous ?

Marc Charbonné. Stoppons net l’hémorragie ! Les constats sont accablants : disparition de MJC, municipalisation des structures d’éducation populaire, appels d’offres et délégations de service public… Au-delà de la mise en concurrence des associations entre elles, l’arrivée d’entreprises issues du secteur marchand risque de causer un plus lourd préjudice au monde associatif, à la culture et à l’éducation populaire. Tout a été préparé dans ce sens, de la circulaire Fillon de janvier 2010 à la récente directive européenne dite « paquet Almunia ». Les associations et fédérations d’éducation populaire doivent se réveiller. Une société anonyme pilotée par GDF Suez gère actuellement l’équipement culturel de la Gaîté-Lyrique. Que se passera-t-il quand Veolia organisera le soutien scolaire de vos enfants, quand le Club Méditerranée organisera les colonies de vacances de vos comités d’entreprise, quand Vivendi gérera les MJC de vos villes… Vous pouvez en être sûr, c’est tout un pan de la liberté associative qui disparaîtra sous nos yeux. Au même titre que l’éducation nationale, dont elle est complémentaire, l’éducation populaire n’est pas une marchandise ! Il nous faut d’urgence un dispositif législatif définissant l’éducation populaire comme une exception française, au même titre que la culture, et créer une loi-cadre pour une relation sereine entre les pouvoirs publics et les associations d’éducation populaire. Au-delà de l’octroi d’un simple agrément, celle-ci doit affirmer le statut particulier des associations d’éducation populaire, sortir des logiques d’appels d’offres et de délégations de service public, engager l’État à financer les associations d’éducation populaire et leurs fédérations par le retour aux subventions de fonctionnement, relancer une politique de formation des personnels de l’éducation populaire et alléger les charges pesant sur les associations agréées par une exonération de la taxe sur les salaires.

Gwendal Ropars. Les associations de jeunesse et d’éducation populaire s’appuient sur l’initiative citoyenne et encouragent une démarche participative des populations dans la conduite des projets, pour permettre aux individus de vivre des expériences d’engagement. Il faut donc les associer à la mise en place d’une politique d’éducation à la citoyenneté et les soutenir en reconnaissant leur spécificité et leur action dans la construction de la société. Il faut également remettre en cause la réduction de leurs financements. Toutes les associations n’ont pas des salariés. Il faut donc soutenir les têtes de réseaux associatives qui offrent les principales demandes d’accompagnement des militants.

Marc Lacreuse. Il faut ouvrir à nouveau un vaste chantier citoyen de réflexion impliquant associations, syndicats, collectifs de terrain, coopératives, et redonner aux associations d’éducation populaire la capacité de leur autonomie politique. Beaucoup étaient sommées de « perdre leur âme » en n’assurant leur subsistance qu’avec la course aux financements sur projets, instrumentalisées par des dispositifs d’État dont les effets n’ont jamais été évalués et qui se succédaient en toute incohérence. Outre une progression importante de leurs moyens financiers, via des subventions de fonctionnement, il faut rapidement instituer un nouveau statut pour l’élu associatif bénévole, une reconnaissance juridique de l’utilité sociale des associations d’éducation populaire. Une nouvelle place doit être accordée aux associations d’éducation populaire dans les lieux de concertations publiques, à tous les échelons de la nation. Savez-vous que les associations, créatrices d’emplois, représentent un poids économique très important ? Savez-vous qu’elles sont aujourd’hui souvent en première ligne – et seules – pour tenter d’arrêter le délitement du lien social dans les zones rurales, dans les quartiers populaires désertés par les services publics ?

De nouveaux acteurs (collectifs, Scop…) qui émergent à côté des grandes fédérations d’éducation populaire (Ligue de l’enseignement, Fédération Léo Lagrange, Francas…), dénoncent une dérive vers des activités socioculturelles. Ils appellent à une « éducation populaire politique ». N’est-il pas temps de redéfinir ce qu’est l’éducation populaire, et ses acteurs ?

Gwendal Ropars. N’est-il pas temps plutôt de reconnaître ce qu’apporte l’éducation populaire à notre société ? Que ce soit les petites associations ou les grosses fédérations, qu’elles soient nées à la fin du siècle dernier ou il y a peu, toutes participent à un même projet de transformer cette société afin de permettre à chaque personne, à chaque groupe de personnes d’avoir sa place dans la société, de permettre à chaque personne, à chaque groupe de personnes d’être debout et respectés et de les mettre au centre !

Marc Charbonné. Des Amap aux Enfants de Don Quichotte, chaque création d’association répond à un besoin, dévoile une faille de notre système, questionne notre société et nos modes de vie. Faire de l’éducation populaire est un acte politique ! L’émergence de nouveaux acteurs n’est donc pas une forme de dénonciation de l’impuissance ou de mal-faire des associations ou fédérations « historiques », mais plutôt une dynamique complémentaire avec des modes d’actions souvent différents, mais bénéfiques pour tous. Alors oui, redéfinissons l’éducation populaire dans la dimension politique de son action, des valeurs humanistes qu’elle défend, des méthodes pédagogiques qu’elle emploie et du bénéfice citoyen qu’elle recherche !

Marc Lacreuse. Peu avant la présidentielle, nous avons décidé de créer un 
collectif consacré à l’éducation populaire au sein du Front de gauche parce que nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un enjeu de société majeur pour notre pays. Nos travaux, qui ne font que commencer, se sont attachés dès l’origine à contribuer à cette émancipation démocratique qui nous fait tant défaut aujourd’hui… Les initiatives à venir sont foisonnantes, initiées par des fédérations d’élus communistes et républicains que cette montée en puissance de l’éducation populaire intéresse au plus haut point, par des coopératives telles que Le Pavé ou par des revues telles que Résonnances qui prépare un rendez-vous important de consultation démocratique à l’automne… Ces initiatives permettront sans nul doute de faire grossir encore le camp des citoyens qui ne se contentent plus du monde tel qu’il est, et aspirent à son changement en s’y impliquant non pas simplement et seulement lors des consultations électorales mais au quotidien. Il y a suffisamment de conviction et de culture 
en chaque être humain pour rendre cette avancée possible. C’est une urgence démocratique que de contribuer à libérer la capacité d’agir du peuple et les intelligences collectives dont il est porteur.

Dix raisons d’aimer 
l’Éducation populaire

Clémentine Autain, Julien Bayou, Emmanuelle Cosse... 
ces militants politiques bien connus se sont formés 
à travers les réseaux d’éducation populaire, comme d’ailleurs le premier ministre, Jean-Marc Ayrault (issu du Mouvement 
rural de la jeunesse chrétienne). 
Dans ce livre, édité par 
les éditions de l’Atelier, 
ils donnent à voir avec une dizaine de militants – pas forcément devenus des leaders politiques – leur expérience 
de l’éducation populaire.

« L’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont 
pas voulu ! »

Christiane Faure.

Cette professeure de lettres à Oran, belle sœur d’Albert Camus, se voit confier en 1944 un « bureau d’éducation populaire », créé par Jean Guéhenno. 
Son ambition de mettre 
en place un système d’éducation démocratique, critique ou politique des jeunes adultes 
sera abandonnée quatre ans 
plus tard. Une histoire 
racontée par Franck Lepage dans sa conférence gesticulée Inculture(s).

À voir absolument sur le site

www.scoplepave.org.

Entretiens croisés réalisés par 
P. Du.

Voir les commentaires

A quelques jours de la conférence sociale:Interview de Bernard Thibault

8 Juillet 2012, 06:51am

Publié par PCF Villepinte

b thibault

mercredi 4 juillet 2012

« Nous contestons l’idée selon laquelle la dégradation de l’emploi serait liée au fait que les salariés n’accepteraient pas les souplesses exigées par les employeurs. Par conséquent, nous ne sommes pas favorables à la conclusion de négociations sur ce terrain-là », à savoir sur les accords compétitivité-emploi, déclare Bernard Thibault. Dans un entretien accordé à l’AEF (agence de presse spécialisée), le secrétaire général de la CGT détaille ses attentes et ses revendications avant la conférence sociale qui réunira les partenaires sociaux et le gouvernement au CESE (Conseil économique social et environnemental), les 9 et 10 juillet 2012.

Propos recueillis par Jérôme Lepeytre

AEF : Comment jugez-vous les premières semaines des pouvoirs publics en matière de dialogue social ?
Bernard Thibault : Il y a manifestement une posture plus volontariste dans la volonté de dialogue mais c’est encore un peu tôt pour l’apprécier. Des décisions ont été annoncées et c’est à la conférence sociale que l’on va voir si cela se traduit véritablement dans les faits. On a eu une concertation pour le décret sur les retraites mais là, nous avons des annonces fortes sur les aspects budgétaires de l’État ; il est prévu, dans le cadre de la conférence sociale, une table ronde sur l’État, ses prérogatives et ses moyens. On pouvait considérer que l’on attendrait au moins ce moment-là pour annoncer des arbitrages. Peut-être y a-t-il des impératifs de calendrier, mais il faudrait que ces temps de concertation fassent la démonstration que les opinions des organisations syndicales sont réellement prises en compte dans les décisions du gouvernement. Cela ne durerait pas très longtemps si tout cela n’était que de l’affichage.
Le choix du président de la République de convoquer une conférence sur deux jours et d’afficher cette volonté de dialogue est quelque chose de positif, mais c’est en fonction des résultats que l’on va pouvoir apprécier la qualité de ce dialogue.

AEF : Justement, quels résultats attendez-vous de la conférence sociale ?
Bernard Thibault : Les résultats vont s’apprécier de plusieurs manières. D’abord, même si la manière dont la conférence est structurée ne semble pas l’assurer, il ne faudra pas séparer l’économique et le social. Il ne faudrait pas que l’approche par table ronde thématique nous empêche de discuter du fond de l’analyse que l’on fait de la situation actuelle. Je ne parle pas d’un diagnostic de la situation économique comme l’entend Laurence Parisot, mais plutôt d’une analyse contradictoire sur les raisons qui nous ont amenés à cette situation. Je vois bien la démarche classique de la partie patronale qui consiste, au motif d’un contexte économique contraint, à ne pas faire de place aux demandes sociales et aux revendications syndicales. Sauf que face à ce constat qui devrait, d’après le patronat, s’imposer à nous, nous voulons opposer une analyse. Nous avons un niveau de chômage jamais atteint ces dernières années, une forte précarité avec 4,5 millions de salariés sans emploi et entre 6 et 7 millions de salariés en sous-emploi. De même, nous atteignons un nombre de salariés en travail illégal de plusieurs centaines de milliers et je ne parle pas uniquement des immigrés sans papiers. Et les politiques salariales entretiennent l’austérité depuis des années. Bref, nous sommes à même de nous appuyer sur cette réalité pour montrer que la situation actuelle n’est pas due à un coût du travail trop élevé ou à une réglementation du travail trop rigide. C’est important d’avoir un moment pour mener cette analyse parce que forcément, selon les actions que le gouvernement est susceptible d’engager, on pourrait s’inscrire plus ou moins dans les trajectoires des précédents gouvernements alors que, pour notre part, nous attendons des ruptures.

AEF : Selon vous, cette conférence sociale doit déboucher sur des mesures immédiates ou sur un calendrier de concertations et de négociations ?
Bernard Thibault : Bien sûr, il faut être en capacité de travailler sur la prospective parce que personne ne considère que la situation tendue du moment va se résorber dans un laps de temps court. Mais, pour autant, il faut que le gouvernement n’hésite pas à prendre quelques décisions marquant un changement en matière sociale et économique. De ce point de vue, il y a des domaines dans lesquels nous estimons qu’il n’y a pas à refaire des expertises ou des études, mais plutôt à mettre en oeuvre immédiatement des choix politiques. Cette conférence ne peut être uniquement un rendez-vous se concluant par un calendrier de discussions. Cela peut être le cas sur certains thèmes qui le nécessitent mais il faut aussi des actes politiques immédiats. J’illustre mes propos, par exemple, par l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes : le droit existe, les rapports sont nombreux et il n’y a plus à tergiverser ! Nous attendons du gouvernement qu’il nous dise comment on passe à l’échelle de sanctions à l’égard d’entreprises qui ne respectent la loi.
Autre exemple : on demande depuis longtemps une remise à plat de l’ensemble des aides publiques et exonérations en tout genre accordées aux entreprises, qui représentent 180 milliards d’euros, soit l’équivalent de ce que les entreprises non financières versent en dividendes à leurs actionnaires. Si on ne mène pas un débat contradictoire sur le sujet, on va avoir la reconduction d’un certain nombre de dispositifs sans savoir si cela sert ou non l’emploi. Cette mise à plat ne nécessite pas une nouvelle expertise, il existe toute une série de rapports sur le sujet. Pour résumer, nous allons essayer d’obtenir de la part du gouvernement qu’il annonce des initiatives ou des perspectives de décisions à court terme sur des sujets urgents. Et ceci, même si on a bien compris que la partie patronale considère que la conférence sociale serait une réussite dès lors qu’il n’y aurait pas de décisions.

AEF : Qu’attend la CGT de la table ronde sur l’emploi ?
Bernard Thibault : C’est typiquement la table ronde où le contexte général nécessite d’être abordé. Il ne faut pas se laisser enfermer dans la vision patronale selon laquelle pour que l’emploi progresse, il faut contenir les salaires ou aller vers plus de flexibilité du marché du travail. On sort d’une longue période durant laquelle les employeurs ont obtenu de plus en plus de facilités, la dernière en date étant la rupture conventionnelle, et ceci sans que l’emploi en soit amélioré. Si le gouvernement se laissait enfermer dans cette logique, la CGT s’y opposerait fortement parce que le type de mesures envisagé serait alors dans la lignée de ce qui a été fait dernièrement. Pour rester sur ces ruptures conventionnelles, il faut qu’on les encadre. On atteint des sommets avec 900 000 ruptures conventionnelles, alors que nos permanences juridiques nous montrent qu’il y a à peu près 10 % des cas où effectivement les salariés sont demandeurs ; les ruptures se font avant tout, sous la pression patronale. Il faut une remise à plat des conditions dans lesquelles ces ruptures se font. On ne peut pas faire comme s’il y avait deux parties égales, il reste toujours la relation de subordination entre le salarié et l’employeur. Tout le code du travail consiste à réguler cette relation de subordination et voilà un dispositif qui cherche à l’ignorer. Les conditions de cette séparation doivent se faire avec une certaine équité et les salariés doivent être accompagnés, s’ils le souhaitent, au moment de discuter les modalités de la rupture.

AEF : La négociation sur la mise en place des accords compétitivité-emploi devrait aussi être à l’ordre du jour de cette table ronde…
Bernard Thibault : Remarquons tout d’abord que le patronat a changé l’intitulé de la négociation. Nous sommes demandeurs pour discuter de la compétitivité et c’est justement parce que le patronat refuse de discuter et de négocier sur tous les éléments concourant à cette compétitivité que l’intitulé a été changé pour le transformer en accord de sauvegarde de l’activité et de l’emploi. C’est une approche qui réduit la problématique aux seuls efforts et sacrifices que les salariés sont capables d’accepter, c’est-à-dire une plus grande flexibilité à la fois sur l’organisation du travail, les horaires et la rémunération. Le Medef dit explicitement chercher à sécuriser les entreprises dans les souplesses qu’elles souhaitent obtenir. Aujourd’hui, avec les NAO, nous sommes censés négocier sur les horaires de travail et sur les niveaux de rémunération. Les éléments de négociation existent mais on ne peut pas laisser faire n’importe quoi ! Il existe des conventions collectives et des lois et ce que cherche à faire le patronat, c’est de déroger à tout cela en faisant sauter un des verrous, à savoir le contrat individuel de travail. Sous couvert d’accord collectif, dans un paysage où la présence syndicale est, je ne dirais pas marginale mais enfin loin d’être majoritaire dans les entreprises, ce dispositif permettrait de déroger aux contrats de travail et interdirait à tout salarié de revendiquer, y compris devant les prud’hommes, le respect de son contrat et des clauses sur lesquelles il a été recruté. Les souplesses existent déjà et le patronat veut encore aller au-delà dans une forme de déréglementation. Nous contestons l’idée selon laquelle la dégradation de l’emploi serait liée au fait que les salariés n’accepteraient pas les souplesses exigées par les employeurs. Par conséquent, nous ne sommes pas favorables à la conclusion de négociations sur ce terrain-là !

AEF : Toujours dans la table ronde sur l’emploi, devrait être abordée la question de la modulation des cotisations d’assurance chômage en fonction du niveau de précarité des contrats de travail. Que pensez-vous de cette possible évolution ?
Bernard Thibault : C’est une revendication que la CGT porte depuis des années ! Plutôt que d’exiger de la flexibilité du côté des salariés, nous pensons qu’agir sur le porte-monnaie serait un levier non négligeable pour améliorer la situation de l’emploi. Il faut indexer les cotisations aux politiques sociales mises en oeuvre dans les entreprises. Je rappelle que seule la moitié des demandeurs d’emploi est indemnisée par la caisse d’assurance chômage et qu’on est, par conséquent, devant un système que l’on ne peut pas considérer comme avantageux pour les salariés. D’une manière générale, dans ce pays, on considère que les entreprises sont à l’origine de l’emploi mais jamais qu’elles créent du chômage. La preuve en est que quand il faut indemniser les demandeurs d’emploi, au bout d’un certain temps, il faut faire appel à des éléments de solidarité nationale et non plus faire appel à la responsabilité des entreprises ; c’est anormal. Voilà pourquoi, nous portons cette idée de moduler les cotisations en fonction du comportement social des entreprises. On pourrait appliquer ce principe à d’autres cotisations, comme celles de l’assurance maladie, par exemple.

AEF : Dans ce même dossier de l’assurance chômage, faut-il remettre sur la table de négociation la question de l’indemnisation des intermittents du spectacle ?
Bernard Thibault : La question des intermittents reste une question spécifique mais on ne peut pas se servir de la situation particulière du régime des intermittents comme un alibi pour justifier la faible indemnisation du chômage. La CGT ne laissera pas dire que si on ne peut rien faire de plus en matière d’indemnisation, c’est de la faute du régime des intermittents. Plus généralement, il n’y a pas eu de modification dans l’attitude des entreprises qui, abusivement, bénéficient du régime d’indemnisation des intermittents. Le tout étant de bien identifier les responsabilités et de ne pas les faire porter aux personnels qui sont d’abord des victimes sociales d’un système. Les responsabilités incombent d’abord aux entreprises qui abusent d’un régime qui ne leur est pas destiné.

AEF : Comment abordez-vous les discussions sur les contrats de génération, tels que souhaités par le gouvernement ?
Bernard Thibault : J’espère une discussion sérieuse et précise sur le sujet. D’après ce que l’on comprend, cela pourrait être encore une mesure s’accompagnant d’aides sous forme d’exonérations de cotisations, ce qui va à l’inverse de ce que nous défendons. De plus, faut-il une même mesure dans tous les secteurs d’activité ? Il y a sans doute des secteurs où la transmission des savoirs professionnels des seniors à des jeunes est nécessaire, mais il y a aussi des secteurs professionnels où il y a des jeunes mieux qualifiés sur des technologies d’aujourd’hui que leurs aînés et où le problème n’est pas cette transmission des savoirs mais les moyens de créer de la place pour faire entrer ces jeunes. Quoi qu’il en soit, il faudra mener une discussion spécifique sur le sujet après la conférence sociale.

AEF : Faut-il une énième réforme de la formation professionnelle ?
Bernard Thibault : Il y a beaucoup de choses à discuter et à faire en la matière, mais nous ne sommes pas sur l’idée de réaliser une nouvelle révolution de la formation professionnelle. Par exemple, la mise en oeuvre du DIF n’est pas satisfaisante. À l’époque, la CGT a acté ce principe nouveau de droit attaché à la personne pour sortir de la situation dans laquelle ce sont les plus formés qui bénéficient le plus de la formation. Force est de constater que dans la pratique, l’utilisation complexe du DIF n’a pas permis d’infléchissement en la matière. Il faudra aussi aborder la question des jeunes sans qualification professionnelle ou celle de la complexité de la gouvernance de la formation professionnelle. De plus, d’une manière générale, c’est quand les plans sociaux se mettent en place que l’on nous explique qu’il faut former les salariés, c’est-à-dire au moment où ils prennent la porte de l’entreprise. Il faut revenir sur la capacité de former tout au long de la carrière de telle manière à anticiper, lorsque cela se justifie, le moment où un salarié a besoin de se reconvertir.

AEF : Dans la table ronde sur les rémunérations, devrait être évoquée la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires, contre laquelle la CGT se bat depuis 2007. Comment abordez-vous cette mesure qui, de fait, va déboucher sur une baisse de pouvoir d’achat des salariés ?
Bernard Thibault : Nous ne renions pas nos principes de base. Au-delà de cette défiscalisation, il faut que tous les éléments de rémunération soient soumis à cotisations sociales. Si tel était le cas, cela impliquerait effectivement un manque à gagner pour les salariés mais, parallèlement, nous portons des revendications pour des hausses de salaires. Il n’est pas normal que certains éléments de rémunération échappent aux cotisations et ce fut le choix de l’ancien gouvernement avec la défiscalisation des heures supplémentaires qui a été une forme d’encouragement à en faire plutôt qu’à recruter. En termes d’emploi, c’est désastreux. Plus globalement, cela touche aux moyens de financement de la protection sociale : on ne peut à la fois maintenir un système de protection sociale et ne pas assurer son financement.
Par ailleurs, au-delà de la très insuffisante revalorisation du Smic, il faut une indexation automatique des minima de branche dès lors qu’il y a revalorisation. Là aussi, on peut discuter des modalités mais il faut une prise de position politique et, au final, une règle pour que les branches soient à jour dans les deux-trois mois et non pas comme aujourd’hui, avec des branches qui continuent à vivre leur vie en toute indépendance. Cette table ronde sur les rémunérations sera aussi l’occasion de regarder la situation faite aux femmes. Là non plus, il n’y a pas d’études à réaliser, et je le redis, il faut passer directement aux sanctions même si le patronat va chercher à expliquer que c’est à l’ordre du jour de la négociation sur la qualité de vie au travail et sur l’égalité professionnelle. Il n’y a pas à rediscuter du droit, sauf si on veut le modifier mais, a priori, le patronat ne revendique pas de pouvoir rémunérer les femmes en moyenne 25 % de moins que les hommes ! Ce n’est pas démagogique de revendiquer l’application de la loi !

AEF : Êtes-vous satisfait qu’une table ronde soit consacrée exclusivement au redressement productif ?
Bernard Thibault : Nous portons cet enjeu depuis des années. Nicolas Sarkozy avait convoqué les États généraux de l’industrie qui, il faut bien le dire, n’ont pas donné grand chose. Nous souhaitons aujourd’hui aborder la question de la posture du politique : est-ce que l’État doit être un stratège en matière d’activité industrielle ? Est-il aberrant de dire qu’un État se doit de faciliter l’élaboration de stratégies dans le domaine industriel ? Cela doit se faire naturellement avec les industriels eux-mêmes, il ne s’agit pas de créer une sorte de ’Gosplan’ administratif . Il existe bien des pays qui ont des stratégies industrielles : il serait naïf de croire, au nom d’une économie de marché que l’on veut à tout prix respecter, qu’il faille laisser les choses se faire. On nous a imposé, pendant des mois, la comparaison avec l’Allemagne, or il existe des stratégies industrielles en Allemagne, avec un État s’appuyant sur des régions et des industriels qu’ils soient donneurs d’ordre ou sous-traitants, pour créer des plans cohérents d’investissement. En France, nous avons le sentiment que dans une même filière, les différents maillons se mènent une compétition acharnée, voire meurtrière. Nous devons aussi poser la question de la relation entre donneurs d’ordre et sous-traitants et des moyens que l’on donne aux salariés pour en être des acteurs. La mise en place de droits pour que les salariés interviennent sur les éléments structurants de la stratégie des entreprises est déterminante. Il faut renforcer les prérogatives et les moyens des représentants du personnel pour élaborer des diagnostics et avoir voix au chapitre, et ne pas le faire uniquement dans un périmètre aussi confiné que les IRP actuelles, à savoir le seul périmètre de l’entreprise. Il faut reconnaître la nécessité de donner, par filière, aux représentants du personnel des outils pour agir.

AEF : Faut-il faire évoluer les modalités du licenciement économique ?
Bernard Thibault : Oui, il faut revenir sur la définition même du licenciement économique. Avec les récentes décisions de justice, on ne peut pas laisser le droit en l’état. Tous les licenciements aujourd’hui ne se justifient pas par la situation économique de l’entreprise, contrairement à ce que l’on nous dit. Il faut permettre aux salariés de contester le bien-fondé économique de certains licenciements et il faut discuter de paramètres permettant de les caractériser. Il y a trop de cas où la décision est contestable et nous sommes dépourvus de moyens d’interventions. Les pouvoirs publics ne peuvent pas rester indifférents.

AEF : Quelle sera l’approche de la CGT sur la table ronde sur la fonction publique, alors que les arbitrages budgétaires sur les moyens de l’État sont déjà pris ?
Bernard Thibault : Là aussi, il faut discuter. On ne peut pas uniquement considérer les postes de fonctionnaires et les moyens de l’État comme des éléments de dépenses inefficaces. Il y a des activités de l’État pour lesquelles investir peut rapporter de l’argent. Par exemple, il serait utile de recruter des personnels chargés de lutter contre la fraude fiscale que l’on estime à 50 milliards d’euros par an. Par rapport à ces 50 milliards à récupérer, cela peut se justifier de dépenser quelques millions d’euros pour recruter des fonctionnaires. Continuer à couper dans les effectifs, c’est accepter l’idée que tous les territoires ne seront pas à la même enseigne et que tous les publics ne seront plus servis par l’État comme il le faudrait. C’est d’autant plus important que notre société se dégrade et qu’il faut des moyens pour restaurer la cohésion sociale dans le pays.

AEF : Ceci étant, seront préservés certains ministères comme celui de l’éducation ou celui de la justice …
Bernard Thibault : Au passage, sur la justice, je souhaite que les moyens de la justice du travail ne soient pas oubliés. L’ancien gouvernement a instauré des mécanismes qui rompent avec le principe de gratuité de la justice, ce qui n’est pas normal. Il n’est pas normal non plus que, faute de moyens suffisants, il faille un an et demi ou deux ans pour obtenir réparation devant la justice du travail. Plus généralement, il est difficile de dire quel champ ministériel n’est pas prioritaire aujourd’hui. C’est la santé, les transports, l’écologie ? Il y a d’énormes priorités dans tous les domaines. Ce qui est regrettable, c’est d’être confrontés à ces annonces gouvernementales de réduction d’effectifs sans avoir pris le temps d’apprécier les répercussions de la poursuite, voire de l’amplification dans certains secteurs, de la suppression de postes. Il faut procéder à un examen contradictoire sur le sujet.

AEF : Que pensez-vous du fait que le dialogue social ne soit pas à l’ordre du jour en tant que tel de la conférence sociale ?

Bernard Thibault : Durant la conférence de méthode, j’ai demandé que le dialogue social fasse l’objet d’une table ronde spécifique. La réponse du Premier ministre a été de ne pas retenir le sujet pour une table ronde mais de convenir que nous allions en discuter dans l’ensemble des tables rondes. Par exemple, dans la table ronde sur le redressement productif, comme déjà évoqué, il faut des droits nouveaux pour les représentants du personnel ; dans celle sur la protection sociale, il faudra aborder la question de la démocratie représentative dans les organismes de gestion ; dans celle sur le rôle de l’État, il faudra poser la question de la prise en compte de l’opinion des syndicats alors qu’une troisième étape de décentralisation est annoncée…
Par ailleurs, il y a toujours le problème de la représentativité au sein du collège patronal. De plus, nous ne sommes pas encore au bout de la réforme de la représentativité syndicale avec la mise en place à terme d’accords avec 50 % d’engagement et non plus 30 %. Enfin, il n’y a pas de raison que les entreprises financent la représentation patronale et pas la représentation syndicale. Cela fait bondir les organisations patronales mais c’est l’évidence.

AEF : Que pensez-vous de l’opportunité de reconnaître la démocratie sociale dans la Constitution, comme proposé par les pouvoirs publics ?
Bernard Thibault : Je ne bondis pas comme Jean-Claude Mailly demandant aucun changement dans la Constitution. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de savoir ce que l’on va y écrire. Si on écrit, et je ne pense pas que ce soit encore la position du gouvernement, qu’il y a une autonomie explicite de toute négociation collective qui engage les partenaires sociaux et que cela s’impose au législateur, non seulement, nous sommes contre, mais cela n’a aucune chance d’être considéré conforme à la Constitution. Cela induirait que l’on ampute le pouvoir du législateur, représentant du peuple et garant de l’intérêt général, d’une partie de ses prérogatives. Ce n’est pas imaginable.
Autre chose serait d’inscrire dans la Constitution une nouvelle articulation entre le législateur et les moyens qu’il se donne pour que sa décision soit assise sur une concertation ou une négociation avec les partenaires sociaux.

Voir les commentaires

Le Mouv’ dans un tour du monde des villes rebelles

8 Juillet 2012, 06:45am

Publié par PCF Villepinte

Médias - le 6 Juillet 2012

Radio

 

 

 

 

Sur ses antennes, le Mouv’ présente jusqu’à la fin août des reportages sur ces villes 
qui ont marqué l’année 2011 par leurs mouvements de contestation et de révolte.  

Sous le nom de Villes rebelles, la rédaction du Mouv’ égrène sur les ondes, lieu après lieu, un tour du monde des mouvements de contestation qui ont marqué l’année 2011. Jour après jour sur les antennes de la radio, et en relais avec les réseaux sociaux, le regard curieux de la rédaction du Mouv’ donne le ton de ces déferlements, le plus souvent spontanés, qui ont drainé l’actualité en 2011. Des mouvements de révolte menés en de nombreux endroits par des jeunes : activistes, précaires, étudiants, chômeurs, militants de tout poil mobilisés contre la précarité généralisée, l’austérité ou les dénis de démocratie.

Pour Benoît Bouscarel, rédacteur en chef adjoint du Mouv’, « l’idée est venue en septembre 2011. Après beaucoup de discussions, on s’est arrêté sur cette année, très forte en mouvements de contestation variés ». Au début, explique Benoît Bouscarel, tout était suivi, mais sans connexion entre les différents mouvements. Fin 2011, « la question s’est posée de savoir s’il y avait justement des liens entre ces mouvements ». Par la suite, la rédaction du Mouv’ a cherché les points communs, ce qui différait, et ce qu’on pouvait en dire. Pour finalement monter un projet global qui puisse répondre à ces questions. Ainsi est né, à l’initiative du Mouv’, ce tour du monde des Villes rebelles.

Petit florilège : à quelques jours de l’élection présidentielle, le Mexique a vu sa jeunesse se mobiliser contre les réseaux de fraude. À Séville, en Andalousie, les mouvements de contestation contre l’austérité ont fait florès. En Russie, les manifestations contre le pouvoir en place ne faiblissent pas. Tunis où la révolution des jasmins a marqué les esprits et qui lui vaut de se retrouver dans la liste de ces villes rebelles. Dans ces lieux, l’histoire a connu une réorientation de sa courbe. Les peuples ont ainsi montré qu’il fallait compter avec eux. Qu’ils ne laisseraient plus faire et n’hésiteraient pas à peser dans la balance. Que leurs voix soient prises en considération.

Ces Villes rebelles ont été réalisées en deux parties. « La première, lancée au moment du tournage des reportages, il y a deux mois. » Tous les jours, le Mouv’ a diffusé un reportage en format court sur le sujet. « La deuxième partie commence demain, fait savoir Benoît Bouscarel, avec la diffusion de documentaires d’une heure. » Ces émissions seront diffusées le samedi à 18 heures et rediffusées le dimanche à midi. Cette seconde phase commence avec deux reportages d’une demi-heure chacun : Montréal et le printemps érable et un autre reportage sur Santiago. « Nous avons couplé les deux parce que dans les deux cas, ce sont les étudiants qui manifestent. » Le samedi d’après, ce sera Tunis, puis Madrid, et ainsi jusqu’à la fin d’août.

Fernand Nouvet

Voir les commentaires

- Le spleen d’Hubert-Félix Thiéfaine sur la grande scène de la Fête de l'Humanité

7 Juillet 2012, 15:38pm

Publié par PCF Villepinte

le 6 Juillet 2012

 

 

 

Le chanteur poète sacré aux dernières Victoires de la musique fait une halte le dimanche 16 septembre à la Fête de l’Humanité.  Quand on entend sa voix, on pense à la solitude des froides forêts du Jura. Hubert-Félix Thiéfaine est né dans cette région, celle que les hivers n’épargnent pas. Il y a dans son chant quelque chose qui vient de loin, qui vient de la terre et des rochers, quelque chose que seul peut faire entendre un type qui a beaucoup contemplé la nature et s’est imprégné de son silence. Quelque chose de puissant et de mystérieux comme une incantation.

Hubert-Félix Thiéfaine habite depuis vingt-cinq ans un corps de ferme, dans son Jura natal, justement. Le choix de ce havre de calme doit sans doute servir d’antidote à la tourmente des concerts à la chaîne qui, il n’y a pas si longtemps, faisaient le quotidien du chanteur. Il y a trois ans, la vie de Thiéfaine n’était en effet qu’agitation frénétique : « 220 chambres d’hôtel différentes par an. Je prenais des tas de trucs pour tenir le coup. J’étais totalement schizophrène, j’avais un pied dans la folie. Je voulais en finir », confiait-il encore récemment. C’est dans un état de convalescence, après un séjour à l’hôpital pour soigner un syndrome d’épuisement professionnel, qu’il écrit son dernier album, Suppléments de mensonge.

Au sein de cet opus, la voix sombre du chanteur, la guitare et les violons éthérés s’entrecroisent. La mélancolie est sans conteste le thème principal, décliné par la musique et le texte. Elle se fait nostalgie de l’enfance dans « La ruelle des morts », rêverie amoureuse et invocation de l’absente dans « Trois poèmes à Annabel Lee »… Le tout est d’une pénétrante intensité. Suppléments de mensonges vaut bien la Victoire de la musique 2012 qu’il a reçue dans la catégorie Album de chansons, prix qui s’est doublé de la Victoire du meilleur artiste masculin.

Thiéfaine n’en est pas à sa première récompense. Ce qui est paradoxal, c’est la reconnaissance dont il bénéficie auprès du public – nombreux sont les jeunes à pouvoir fredonner les chansons de ses albums, récents et anciens – et sa discrétion. Peu présent dans les médias, l’artiste rassemble pourtant beaucoup de monde à ses concerts, dans des petites salles comme dans des Zéniths. Un public nombreux et fidèle, fasciné par le charisme flegmatique du chanteur.

Dans l’art de Thiéfaine, il y a la musique mais aussi le texte. On ne peut pas ne pas penser à Rimbaud lorsqu’on entend cette langue imagée qui joue sans cesse avec le sens, la syntaxe et les sonorités, d’autant plus que, comme le poète, le chanteur est parti de sa campagne tout jeune, seul, sac au dos, pour faire ses preuves à Paris. Rien qu’aux titres de ses albums – Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir, sorti en 1978, ou De l’amour, de l’art ou du cochon, sorti en 1980 – on décèle un penchant pour la poésie.

Avec son style qui va du truculent de « La fille du coupeur de joints », au désespoir de « Crépuscule-enfer », et sa musique, tantôt rock, tantôt balade, Thiéfaine est un artiste complet à découvrir ou redécouvrir.

 

Emily Jokiel

Fête de L'Humanité 2012

Mots clés : musique, rock, hubert-felix thiefaine, concerts, fête de l'Humanité 2012,

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 > >>