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Les pompiers pyromanes de la psychiatrie
https://blogs.mediapart.fr/mathieu-bellahsen/blog/230119/les-pompiers-pyromanes-de-la-psychiatrie
Ce 22 janvier 2019, nous avons assisté à un spectacle navrant : une bonne partie des médias n’a pas pu comprendre le malaise de la psychiatrie, ses origines et la façon d’en sortir. Nous tenons à clarifier d’une façon nette les enjeux pour sortir de cette confusion médiatique qui fait le bonheur des marchands de sommeil de la santé mentale.
Hier s’est tenue une journée de mobilisation exceptionnelle pour la défense de la psychiatrie fondée sur des soins relationnels, un travail en étroite collaboration avec les patients et les familles. Mobilisation pour une psychiatrie ouverte, humaine, digne où le recours à la contrainte et à l’enfermement doivent être absolument combattus s’ils ne sont pas mis en place en ultime recours.
Ce 22 janvier 2019, nous avons assisté à un spectacle navrant : une bonne partie des médias n’a pas pu comprendre le malaise de la psychiatrie, ses origines et la façon d’en sortir. Nous tenons à clarifier d’une façon nette les enjeux pour sortir de cette confusion médiatique qui fait le bonheur des marchands de sommeil de la santé mentale.
À l’automne 2018, la fondation « FondaMental » et ses promoteurs en chef que sont les professeurs Leboyer et Llorca ont été invités sur l’ensemble des médias français suite à la sortie de leur livre « Psychiatrie, l’état d’urgence ». Ce livre est co-édité par l’institut Montaigne, think tank néolibéral promoteur de la destruction des services publics et de leur privatisation.
Depuis une dizaine d’années FondaMental veut résoudre le problème de la psychiatrie et de la santé mentale par le biais de la « recherche » qui est en réalité un lobby d’intérêt et d’influence à la solde des laboratoires pharmaceutiques et des intérêts privés.
Depuis plus d’une décennie, cette fondation infiltre avec succès l’ensemble des instances gouvernementales pour imposer un modèle de psychiatrie soi-disant « experte ». Cette expertise se traduit dans la réalité par une exclusion et un abandon des personnes les plus fragiles qui ne répondent pas aux remèdes des experts. Elle concourt à la destruction des pratiques cliniques au plus près de l’intérêt des patients et de leurs proches. Elle entend transformer les pratiques en algorithmes décisionnels où les soignants pourraient être remplacés par des objets connectés comme a pu le dire Mme Wonner lors d’une émission radio l’an passé.
Ce sont les mêmes qui effraient le grand public en dénonçant le nombre de « fous » dans la rue alors qu’ils en sont pour une bonne partie responsables.
Ce sont les mêmes qui n’éprouvent pas de grande gêne quand des lois ou des circulaires liberticides s’imposent à la psychiatrie, les usagers étant considérés comme des objets dignes d’intérêt uniquement quand il s’agit de les intégrer à des protocoles de recherche et de promotion de leur modèle.
Il serait intéressant qu’un travail d’enquête journalistique se penche sur la réalité des pratiques dans les services dirigés par ces universitaires.
Il serait intéressant de voir le recours à la contrainte, à l’isolement, à la contention dans ces services afin de bien mettre en perspective la réalité des pratiques asilaires et la promotion des modèles « innovants».
Depuis bientôt un an, la mobilisation des collectifs en lutte s’insurge contre le retour d’une psychiatrie asilaire, ombre portée des éclats publicitaires de la santé mentale « innovante » promue par FondaMental. Ces luttes sont l’envers de cette vitrine de recherche et d’innovation thérapeutique qui n’apporte rien de bien neuf et détruit ce qui marche.
La déstigmatisation promue par FondaMental entraîne à la fois une ségrégation des personnes les plus en souffrance et en même temps une perpétuelle adaptation de notre système de santé aux normes néolibérales.
Il fallait être sourd hier (ou d’une mauvaise foi confondante) pour ne pas entendre les huées contre FondaMental lors de la prise à partie de Madame Martine Wonner, députée et rapporteur d’une mission « flash » sur le financement de la psychiatrie. La députée a été largement huée car elle était partie prenante des thèses de FondaMental. Elle a même eu l’outrecuidance d’interpréter la contestation unanime de ce lobby comme une désapprobation de la recherche en psychiatrie et de la science... Il n’en est rien, nous sommes contre les lobbies et les influences néfastes de ce genre de fondation sur la psychiatrie, sur le service public, sur les associations et les acteurs privés militants pour un réel accueil et une réelle émancipation des personnes à partir de ce qu’elles sont et non à partir de ce que l’on voudrait qu’elles soient. Cet argument rhétorique a fait florès ces dernières années : « être contre FondaMental c’est être contre la science ». Nous le répétons, être contre FondaMental est identique à être contre les promoteurs de solutions toxiques pour la société. Les traitements promus par FondaMental sont les équivalents dans la psychiatrie du glyphosate pour l’environnement.
Deux blocs s’affrontent d’une façon claire et nette : d’un côté les intérêts de l’oligarchie, des lobbies des cercles d’influence et de pouvoir qui promeuvent une santé mentale néolibérale au marketing publicitaire s’attirant la faveur des médias.
De l’autre, des acteurs de terrain qui partent de l’invisible, de la connaissance réelle de leur quotidien (patients, proches et professionnels) et des difficultés éprouvées en permanence. Ces acteurs « ordinaires » dont l’expertise se situe au niveau du quotidien connaissent les moyens pour remédier à la crise de la psychiatrie : partir d’une co-construction entre les usagers, les familles, les professionnels, articulée à un changement de l’ensemble de la société.
Cette récupération lamentable de la mobilisation des acteurs de terrain de la psychiatrie doit être absolument dénoncée et combattue vigoureusement.
Nous appelons à intensifier la mobilisation le jeudi 21 mars 2019 pour un printemps de la psychiatrie sous les auspices d’une lutte contre la destruction de la psychiatrie par ce lobby FondaMentaliste dangereux pour les citoyens et la société.
Mathieu Bellahsen
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Coup d’État au Venezuela avec la bénédiction des États-Unis
Mercredi, 23 Janvier, 2019
L'Humanité Cathy Dos Santos
Les coups d’État se filment en direct, avec de simples smartphones, et quelques appuis bien sentis. C’est la scène qui vient de se produire, ce mercredi 23 janvier, journée symbolique au Venezuela puisqu’elle marque la fin de la dictature de de Marcos Perez Jimenez.
Alors que les chavistes manifestaient en masse leur soutien au président Nicolas Maduro, l’opposition de droite a, elle, annoncé sa destitution. Lors d’un meeting, le président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido s’est auto-proclamé président du Venezuela. Sans le bruit de chars ou d’effusion de sang, du moins pour l’instant. Ce coup d’État, qui pourrait déboucher sur une issue tragique, a été savamment orchestré depuis l’an dernier entre les secteurs les plus réactionnaires de la Table d’unité démocratique ( MUD- droite) et les États-Unis.
Dans un contexte de fortes tensions politico-économiques, le président Nicolas Maduro, réélu le 20 mai 2018, a pris ses fonctions le 10 janvier. Six jours auparavant, le groupe de Lima (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou) avait donné le ton, en déclarant qu’il ne reconnaît pas le nouveau mandat de Nicolas Maduro. Assumant leur intrusion dans les affaires internes du Venezuela, cette structure a conforté l’opposition, en taxant le dirigeant du Parti socialiste uni du Venezuela (Psuv) d’« illégitime », au prétexte qu’une partie des formations de la MUD ont boycotté le scrutin présidentiel.
Pour rappel : durant les six premiers mois de l’année 2018, des pourparlers ont eu lieu entre les autorités et l’opposition, sous les auspices de la République Dominicaine et de l’Espagne. Un compromis avait été trouvé entre les deux parties dont un agenda électoral comme le demandaient les formations de droite.
L’accord sur le point d’être signé a capoté en raison des pressions exercées par Rex Tillerson, le secrétaire d’Etat à l’époque des faits, qui, en tournée en Amérique latine, a exigé de la MUD qu’elle retire son pré-candidat, afin de décrédibiliser le scrutin présidentiel.
Lors de la réunion du groupe de Rio, les Etats-Unis, qui n’en sont pourtant pas membres, ont alimenté cette stratégie interventionniste, par la voix de Mike Pompeo. L’objectif était clair à savoir « transférer le pouvoir exécutif à l’assemblée nationale » majoritairement acquise à l’opposition.
Il n’y a donc aucun hasard à ce que Mike Pence, le vice président des Etats-Unis, ait été le premier à réagir « au nom du président Donald Trump ». « Permettez-moi d’exprimer l’appui absolu des Etats-Unis à ceux qui haussent la voix (…) Nicolas Maduro est un dictateur sans droit légitime au pouvoir », a-t-il tancé. Et de d’octroyer sa pleine confiance au président l’Assemblée nationale comme « défenseur des pouvoirs constitutionnels de cet organisme » à même de « demander l’établissement d’un gouvernement de transition. »
Depuis 1989, date de l’avènement de la gauche au pouvoir au Venezuela, avec l’élection d’Hugo Chavez, Washington n’a eu de cesse de déstabiliser le pays. Ce dernier épisode, encore confus mais certainement lourd de conséquences, en témoigne.
Traité franco-allemand : M. Macron, ne mettez pas la France à l’heure allemande !
En signant demain un nouveau traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle, Emmanuel Macron et Angela Merkel cherchent à cacher le fait que le couple franco-allemand est en panne, et l’Europe en crise.
De fait, ce nouveau traité est quasiment muet sur les questions les plus brûlantes qui se posent à nous en 2019. Crise sociale, environnementale, accueil des migrants : le document n’affiche aucune ambition progressiste sur ces sujets cruciaux qui sont pourtant au cœur de l’actualité et qui agitent les peuples.
En revanche, dans son article 4, loin des priorités des Français, il encourage les coopérations militaires et de défense. Quelle ironie: les dirigeants franco-allemands s’avèrent incapables de taper du poing sur la table ensemble pour mettre fin à la crise économique et sociale, mais ils sont capables d’organiser une coopération de tous les instants en matière militaire, au sein d’un « Conseil franco-allemand de défense et de sécurité »…
Pire, l’article 20 créé un Conseil franco-allemand d’experts économiques composé de dix experts indépendants « afin de présenter aux deux gouvernements des recommandations sur leur action économique ». En imposant une convergence avec les politiques économiques menées en Allemagne, ce traité comporte un risque non négligeable pour les salariés français. Doit-on craindre l’importation en France des mesures Hartz IV qui ont créé outre-rhin une population de plus de 7 millions de travailleurs pauvres, avec notamment les « jobs à 1€ de l’heure » ? Nul doute que ce comité sans aucune légitimité démocratique ne servira qu’à cautionner la fuite en avant austéritaire de Macron et Merkel.
Non, M. Macron, on ne relancera pas l’idée européenne attaquée par les populistes en mettant la France à l’heure allemande, mais au contraire en révolutionnant l’Union Européenne et en rompant avec l’ordo-libéralisme qui appauvrit les peuples et enrichit une minorité.
Non, M. Macron, ce n’est pas du côté de l’Allemagne de Merkel que se trouve l’avenir de l’Europe, mais bien plutôt du côté des pays qui, comme l’Espagne et le Portugal, œuvrent pour une Union du progrès social.
Ian Brossat, tête de liste du PCF aux élections européennes
Santé. Médicaments : une pénurie en bande organisée
Mercredi, 23 Janvier, 2019
L'Humanité Alexandre Fache
Depuis 2008, les ruptures de stock de molécules considérées comme essentielles ont été multipliées par dix en France. Le résultat de choix industriels visant le seul profit, sous le regard d’un État spectateur.
Quel est le point commun entre le vaccin DTP (diphtérie-tétanos-poliomyélite), obligatoire pour tous les nourrissons, les anticancéreux 5-FU ou Vincristine, le Sinemet, qui permet de contrôler les symptômes de la maladie de Parkinson, ou encore l’antibiotique bien connu de tous les parents, l’amoxicilline ? Tous ont été, ces dernières années, victimes de « ruptures de stock » ou de « tensions d’approvisionnement », termes polis utilisés par l’Agence française du médicament (ANSM) pour décrire les pénuries de molécules auxquelles sont confrontés de plus en plus de malades aux guichets de leurs pharmacies.
Une personne sur quatre aurait déjà été touchée par ce phénomène « récurrent et massif », indique une enquête rendue publique la semaine dernière par France Assos Santé, collectif qui regroupe 80 associations de patients et d’usagers. Des ruptures qui concernent, dans plus d’un cas sur trois (36 %), des vaccins, mais aussi, donc, des anti-infectieux, des traitements pour les maladies du système nerveux (épilepsie, Parkinson), des médicaments contre le cancer, l’hypertension, les problèmes sanguins ou les allergies… La liste de ces molécules indisponibles s’allonge chaque année (elle a bondi de 30 % entre 2016 et 2017, selon l’ANSM), devenant un véritable phénomène structurel, et non plus une anomalie, dans notre système de santé.
« En dix ans, le nombre de ruptures de stock de médicaments dits “à intérêt thérapeutique majeur” a été multiplié par dix. D’environ 50 en 2008, on est passé à 530 en 2017. C’est spectaculaire », pointe Alain-Michel Ceretti, le président de France Assos Santé. Une envolée qui ne doit rien à la malchance. « En 2008, les ruptures observées pouvaient éventuellement s’expliquer par des événements indésirables liés à la fabrication. Aujourd’hui, les causes sont bien structurelles, liées aux choix des industriels », accuse le représentant des malades.
Perte d’indépendance sanitaire
Ces choix ? Une production de plus en plus mondialisée et concentrée sur un petit nombre d’usines. « Près de 40 % des médicaments finis commercialisés dans l’UE proviennent de pays tiers », pointe ainsi l’Agence européenne du médicament. De même, 35 % des matières premières utilisées dans la fabrication des médicaments en France dépendent de seulement trois pays : l’Inde, la Chine et les États-Unis. Une situation de « perte d’indépendance sanitaire préoccupante » pour la France et l’Europe, a convenu, en octobre dernier, un rapport du Sénat consacré au sujet.« La cause numéro 1, c’est la financiarisation de la production de médicaments, appuie Alain-Michel Ceretti.
Pour la Bourse, le médicament est une industrie comme les autres, qui doit dégager du profit, et donc rationaliser au maximum. Ce qui veut dire deux choses : délocaliser la production dans des pays à bas coûts et travailler avec le minimum de stocks. » Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’à la moindre difficulté, la pénurie s’installe. Parfois, pour longtemps. En 2017, la durée moyenne des ruptures constatées pour les médicaments considérés comme essentiels était de quatorze semaines, vingt-cinq pour les vaccins. Pour le Sinemet, du laboratoire MSD (Merck), les malades de Parkinson devaient se préparer à… sept mois (!) sans leurs cachets, à compter de septembre dernier, pour cause de mise en conformité de l’usine de production, aux États-Unis.
Une situation insupportable pour Christian Bochet, un retraité, habitant de Moreuil (Somme), dont l’épouse, Line, souffrant de la maladie de Parkinson, ne supporte pas les traitements de substitution existants. Il a donc décidé de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme, fustigeant une « atteinte dans l’accès aux soins ». « Sans le bon traitement, la situation de ma femme va empirer de façon prématurée ; je ne peux pas l’envisager », a confié le septuagénaire à France 3.
Mobilisée depuis plusieurs mois sur le sujet, France Parkinson, qui fédère plusieurs associations de malades (dont 45 000 sont sous Sinemet sur les 200 000 touchés par cette pathologie), a lancé en octobre une pétition adressée au gouvernement, l’accusant de « non-assistance à personne en danger ». Signée par 35 000 personnes, elle n’a donné lieu à aucune réponse du ministère de la Santé. « Par on ne sait quel miracle, des stocks de médicaments ont réapparu pour les mois de décembre et de janvier, raconte Florence Delamoye, directrice de France Parkinson. Mais, début février, on devrait de nouveau être en rupture. » Conséquence pour les malades : l’obligation de réduire les doses pour gérer la pénurie. « Ce qui veut dire voir les symptômes de la maladie réapparaître : rigidités, lenteurs, troubles de l’équilibre… » égrène la responsable associative. L’affaire du Sinemet a aussi donné lieu, fin décembre, à un fait inédit : la condamnation du laboratoire MSD à une amende de 348 623 euros, prononcée par l’Agence française du médicament, pour n’avoir mis en place aucun « plan de gestion des pénuries » et fait peser sur les patients « un risque grave et immédiat ». « La sanction reste modeste pour un géant comme Merck, mais c’est un premier pas », estime Alain-Michel Ceretti, qui plaide pour que les pouvoirs publics durcissent enfin leur attitude vis-à-vis de la Big Pharma.
Un pôle public du médicament
Pas tout à fait l’option choisie par les sénateurs dans leur rapport. Outre la création d’une « cellule nationale de gestion des ruptures d’approvisionnement », les parlementaires plaident en faveur… de nouvelles « exonérations fiscales » pour les entreprises implantant en France des sites de production. « J’ai participé à cette mission, mais je n’ai pas signé son texte final, trop frileux, indique la sénatrice PCF Laurence Cohen. Car ce qu’il faut en la matière, c’est une volonté politique forte. Cela fait des années que je plaide pour la mise sur pied d’un pôle public du médicament, qui permettrait d’être moins dépendant des labos, ou pour l’utilisation de la licence d’office pour certaines molécules en tension. Mais Agnès Buzyn dit toujours non. »
Pour Alain-Michel Ceretti, la solution de fond serait que « l’Europe parle enfin d’une seule voix face aux labos, ce qui renverserait le rapport de forces actuel, très favorable aux industriels. Mais les États s’y refusent, de manière incompréhensible ». Résultat : les laboratoires peuvent négocier les prix de leurs « produits » en toute opacité, flécher leurs stocks vers les pays les plus rémunérateurs, voire utiliser ces pénuries comme moyen de pression pour imposer leurs nouvelles molécules. C’est sûr, la gestion des médicaments en France n’a pas besoin d’une simple cure, mais d’un vrai traitement de fond.
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Transport. Fol acharnement de l’État sur le CDG Express
Mercredi, 23 Janvier, 2019
L'Humanité Pierre Duquesne
Le projet d’une ligne directe entre Roissy et Paris risque de pénaliser les usagers du quotidien. Rejeté par les élus de tous bords, il est jugé « hautement souhaitable » par le préfet Cadot.
Le Charles-de-Gaulle Express avait du plomb dans l’aile. Ce projet de liaison directe entre l’aéroport de Roissy et la gare de l’Est, dans le centre de Paris, sans aucune desserte, doit être suspendu, avait plaidé le syndicat des transports Île-de-France Mobilités (ex-Stif), le 12 décembre 2018. Les travaux générés par ce projet « pourraient durablement détériorer la vie quotidienne de millions de Français », avait aussi souligné la présidente LR de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui y était pourtant favorable au départ. Même prise de position de la maire de Paris, Anne Hidalgo, au lendemain de cette délibération du syndicat francilien.
La suspension a aussi été réclamée par le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis (Stéphane Troussel, PS), ainsi que par ses homologues de droite du Val-d’Oise et de Seine-et-Marne. Un appel de 100 élus, responsables associatifs et syndicalistes, publié vendredi dernier dans l’Humanité, enjoignait aussi au préfet d’Île-de-France de donner la « priorité aux transports du quotidien », prenant au mot Emmanuel Macron.
Les conditions de transport de 2 millions d’usagers menacées
La création de cette ligne de 32 km, dont 24 km sur des voies déjà empruntées par le Transilien K et le TER Paris-Laon, sur le même faisceau ferroviaire que les RER B et D, aura en effet de lourdes conséquences pour les usagers. Ce chantier serait lancé alors même que de lourds travaux doivent être effectués pour améliorer le trafic sur le RER B après des années de sous-investissement. Il sera en outre très compliqué, matériellement, de mener de front ce chantier et les travaux du Grand Paris Express.
Résultat : un risque de réduction de trafic, de vitesse sur les lignes, voire de suspension de lignes qui ne se limiterait pas aux périodes de moindre trafic (week-ends, été, soirées…), alerte l’association Non au CDG Express. « On est prêts à dégrader les conditions de transport de 2 millions d’usagers pour transporter une population restreinte (environ 17 000 voyageurs, selon les estimations) et aisée, capable de payer un billet estimé entre 24 et 29 euros », dénonce son président Didier Le Reste.
Face à cette mobilisation, le gouvernement a confié au préfet d’Île-de-France, Michel Cadot, une mission pour déterminer les projets prioritaires. Mais ce dernier ne semble pas pour autant décidé à abandonner celui du CDG Express, qu’il a encore défendu bec et ongles dans un entretien accordé lundi au Parisien. « C’est difficile à entendre pour les usagers du quotidien, mais il s’agit d’un argument de compétitivité internationale, explique-t-il. Si Roissy veut rester dans les dix premiers - aéroports mondiaux- et continuer à faire de Paris le moteur du développement du pays, cette liaison est hautement souhaitable. »
En 2019, le préfet préfère donc défendre la compétitivité que l’intérêt général… On aurait pu lui opposer que la métropole francilienne n’a pas eu besoin de cette nouvelle ligne pour devenir la deuxième région la plus riche d’Europe, en termes de PIB par habitant, devant le Nord-Ouest italien et la région londonienne. Et cela n’a pas non plus empêché cette région d’accueillir 49 millions de visiteurs en 2017… Un record.
Un projet indissociable de la privatisation d’Aéroports de Paris
Alors, pourquoi tant d’acharnement ? Pourquoi l’État s’apprête-t-il, malgré toutes ces oppositions, à gager un prêt de 2,1 milliards d’euros pour financer cette ligne qui sera gérée par un opérateur privé ? Cet entêtement ne peut être « détaché de la volonté du gouvernement de privatiser Aéroports de Paris », dénonce Didier Le Reste. Construire cette ligne coûte que coûte est une manière « d’habiller la mariée » et de vendre à prix fort le deuxième aéroport d’Europe. « À un moment où l’aéroport est en phase de développement, avec un quatrième terminal en projet, cela vise à lui donner les moyens de son accès au centre de Paris », confirme d’ailleurs le préfet Cadot.
Pierre Duquesne
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Inégalités. Racket historique des milliardaires sur la richesse mondiale
Mardi, 22 Janvier, 2019
L’Humanité, Pierric Marissal
C’est à l’occasion du forum économique mondial de Davos qu’Oxfam publie chaque année son rapport sur les disparités. Il montre une concentration inédite d’argent dans les mains de quelques-uns, mais aussi l’échec des moyens de redistribution.
Les 26 plus gros milliardaires possédaient en 2018 autant que 3,8 milliards personnes, la plus pauvre moitié de l’humanité. Il en fallait 42 en 2017, 61 en 2016… Le tableau des inégalités que révèle l’ONG Oxfam en se basant sur les données du Crédit Suisse est chaque année plus dramatique que la précédente. La richesse se concentre d’autant plus que le nombre d’ultra-riches ne cesse d’augmenter. En 2009, au cœur de la crise, ils étaient 793 milliardaires dans le monde, leur fortune cumulée atteignait 2 833 milliards de dollars, soit un peu plus que le PIB de la France. En 2018, il y a 2 208 ultra-riches pour un pactole dépassant les 9 000 milliards de dollars.
C’est le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, qui en 2018 a vu sa fortune exploser le plus. Avec une hausse de 39 milliards de dollars sur un an, il atteint les 112 milliards, ce qui fait de lui l’homme le plus riche du monde. « 1 % seulement de sa fortune équivaut au budget total de la santé de l’Éthiopie, un pays de 105 millions d’habitants », pointe le rapport d’Oxfam. Sans surprise, les patrons des géants du Web et des télécommunications, américains mais aussi chinois, figurent en bonne place dans ce palmarès actualisé par Forbes. Deux Français sont dans le lot des 26 plus riches, Bernard Arnault, en quatrième position, talonné par le PDG de Facebook, et Françoise Bettencourt Meyers, héritière de l’empire L’Oréal. Dans l’Hexagone, 8 milliardaires possèdent à eux seuls autant que les 30 % des moins riches. Le rapport entre la rémunération totale des patrons de Carrefour, Sodexo et Renault et la moyenne de la rémunération des salariés était en 2017 respectivement de 251, 225 et 206 a de son côté calculé Attac.
Alors que la fortune des milliardaires s’accroît chaque jour de 2,5 milliards de dollars, près de la moitié de l’humanité – 3,4 milliards de personnes – vit toujours dans la misère, avec moins de 5 euros par jour, ce qui correspond au nouveau seuil d’extrême pauvreté défini par la Banque mondiale. « Tandis que les milliardaires ont vu leur fortune augmenter de 12 % l’an dernier, la richesse de la moitié la plus pauvre de la population du monde a chuté de 11 % », assure Oxfam.
Depuis 2013, les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté extrême ont drastiquement freiné. Elle a même augmenté dans certaines régions, comme l’Afrique subsaharienne. Sur ces 40 dernières années, les 50 % de l’humanité les plus pauvres n’ont capté que 12 % de la richesse créée, alors que les 1 % les plus riches en ont pris plus du quart. « Les pays inégalitaires sur le plan économique sont également ceux où les inégalités entre les femmes et les hommes sont les plus fortes », dénonce aussi Oxfam, qui veut montrer que « ces inégalités ont un coût humain dramatique ». À l’échelle mondiale, les femmes gagnent 23 % de moins que les hommes et les hommes possèdent 50 % de plus de la richesse totale que les femmes. En Inde, l’espérance de vie d’une femme de basse caste est amputée de 15 années comparée à celle d’une femme de plus haute caste. Même constat en Europe, l’espérance de vie dans les quartiers les plus pauvres de Londres est inférieure de 6 ans à celle des quartiers les plus huppés de la capitale britannique.
262 millions d’enfants sont toujours privés d’accès à l’école
Les données issues de 137 pays en développement révèlent qu’un enfant d’une famille pauvre a en moyenne deux fois plus de risques de mourir avant son cinquième anniversaire qu’un enfant d’une famille riche. Dans les pays à bas revenus et à revenus intermédiaires, Oxfam estime que 3,6 millions de décès peuvent être attribués chaque année au manque d’accès aux soins médicaux. De même, 262 millions d’enfants sont toujours privés d’accès à l’école. Pourtant, une simple taxe de 0,5 % sur la fortune des plus riches permettrait de scolariser ces enfants et de garantir l’accès aux soins pour tous selon l’ONG.
Les services publics sont donc au cœur de la lutte contre la réduction des inégalités, assure Oxfam, et leur sauvegarde comme leur amélioration, relèvent de choix politiques. « Une étude récente réalisée dans 13 pays en développement a montré que les dépenses consacrées à l’éducation et à la santé représentaient 69 % de la réduction totale des inégalités », assure l’ONG.
Les super-riches dissimulent des milliards aux autorités fiscales
L’impôt, au cœur du financement de ces services publics et plus largement des mécanismes de redistribution, ne remplit plus son rôle. Oxfam a calculé que dans plusieurs pays, comme la Grande-Bretagne ou le Brésil, il pèse proportionnellement bien plus sur les 10 % les plus pauvres que sur les 10 % les plus riches. D’autant que la tendance générale observée est de baisser les impôts sur les sociétés et sur la fortune. Ce dernier ne représente plus que 4 % des revenus fiscaux mondiaux et 11 % pour la taxation des bénéfices des entreprises.
À l’inverse, les impôts sur les salaires atteignent 22 % des recettes et 39 % pour les taxes de type TVA, les plus injustes car non progressives. Dans certains pays, les taux d’imposition des personnes les plus riches sont à leur niveau le plus bas depuis un siècle. En Amérique latine, par exemple, le taux d’imposition effectif des 10 % des revenus les plus élevés n’est que de 4,8 %. Sans compter que les super-riches à travers le monde ont dissimulé 7 600 milliards de dollars aux autorités fiscales, selon l’économiste Gabriel Zucman, qui a participé au rapport d’Oxfam et auteur de la Richesse cachée des nations.
Victoire pour les personnels de l'hôpital psychiatrique Philippe-Pinel à Amiens !
CGT
Publié le 21 jan 2019
Après sept mois de grève, la CGT de l’hôpital psychiatrique Philippe-Pinel, à Amiens (80), a signé jeudi 17 janvier 2019 le protocole de sortie de crise proposé par la direction. Ce dernier prévoit notamment la création de 30 postes de soignants et la titularisation de 25 contractuels.
Depuis juin dernier, les salariés de l’hôpital psychiatrique Philippe-Pinel, à Amiens (80), sont en lutte pour protester contre le manque criant de moyens auquel ils font face.
Pendant sept mois, cette grève a notamment été marquée par plusieurs actions, comme les 109 jours et nuits de campement devant l’établissement, ou l’enchaînement des membres du personnel aux grilles de l’agence régionale de santé à Amiens.
Ainsi, jeudi 17 janvier 2019, un protocole de sortie de crise proposé par la direction a été signé avec la CGT de l’établissement. Ce dernier prévoit notamment la création de 30 postes de soignants (infirmiers et aides-soignants), ainsi que la titularisation de 25 contractuels.
Pour Chrystèle Leclercq, déléguée CGT de l’hôpital, les mesures obtenues sont déjà « une grande victoire », avant d’ajouter : « On ne pensait pas que ce serait aussi long. Ça montre bien l’indifférence des tutelles par rapport aux problèmes et à la réalité du terrain. »
« Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu. » Berthold Brecht
CGT: Le véritable débat, on va se le faire
Effie Achtsioglou. « Nous essayons de créer un État social, quelque chose qui n’a jamais existé ici »
L'Humanité Jeudi, 17 Janvier, 2019
A 34 ans, Effie Achtsioglou, la ministre du Travail, de la Solidarité et de la Sécurité sociale, remarquée pour son bilan, est une étoile montante de la scène politique grecque. Fin janvier, elle doit signer le décret mettant en place la première hausse du salaire minimum en Grèce depuis dix ans. Entretien.
A 34 ans, Effie Achtsioglou, la ministre du Travail, de la Solidarité et de la Sécurité sociale, remarquée pour son bilan, est une étoile montante de la scène politique grecque. Fin janvier, elle doit signer le décret mettant en place la première hausse du salaire minimum en Grèce depuis dix ans. Entretien.
Quatre ans après l’arrivée de Syriza au pouvoir, et après beaucoup de péripéties, vous vous apprêtez à mettre en vigueur la première hausse des salaires dans le pays depuis le début de la crise…
Augmenter les revenus des travailleurs a toujours été une de nos priorités politiques principales. Cette hausse du salaire minimum vient quelques mois à peine après le rétablissement des conventions collectives que nous avons mis en place l’été dernier, dès la fin du mémorandum.
De combien sera la hausse du salaire minimum ?
Elle sera comprise entre 5 % et 10 %, nous n’avons pas encore finalisé les détails. En même temps on va abolir le salaire « sous-minimum » pour les jeunes de moins de 25 ans mis en place en 2012 (510 euros brut contre 586 euros pour le salaire minimum. Cela concerne environ 7 % des travailleurs – NDLR). Pour eux la hausse sera bien plus conséquente, aux alentours de 20 %.
Outre la hausse du salaire minimum, toute une série de mesures d’aide aux plus démunis ont été mises en place…
C’est une continuation logique des mesures que nous avions prises dès notre arrivée au pouvoir pour résorber la crise humanitaire. Avec la fin du mémorandum, nous avons désormais bien plus de moyens. Notre budget pour la solidarité sociale est progressivement passé de 700 millions en 2015 à 3 milliards aujourd’hui. 700 000 citoyens touchent aujourd’hui l’« allocation sociale de solidarité », que nous avons mise en place sur des critères de revenus et de patrimoine personnel. De plus, tant en 2017 qu’en 2018, nous avons à la fin de l’année redistribué l’excédent que les comptes de l’État ont dégagé. Par ailleurs une allocation d’aide au logement permet non seulement à ceux qui paient un loyer de faire face à leurs obligations, mais aussi à ceux qui ont contracté un prêt pour acheter un premier logement de pouvoir le rembourser. Nous avons aussi créé un programme pour trouver des logements pour les sans-abri et les aider, par la suite, à se réinsérer dans la société. Pour faire face à la pauvreté des enfants on finance les repas scolaires et on ouvre de nouvelles crèches à travers le pays. On espère que, petit à petit, les classes moyennes pourront aussi en profiter. Nous essayons de créer un État social, quelque chose qui n’a jamais réellement existé en Grèce, même avant la crise.
Pourtant, vous êtes toujours derrière le parti de droite Nouvelle Démocratie dans les sondages.
Les sondages aujourd’hui sont plus un outil politique pour créer la réalité qu’un outil scientifique pour mesurer l’opinion. Cependant, il est vrai qu’il faut du temps pour que la société comprenne que, réellement, le plus dur est derrière nous. Le premier semestre de 2019 sera très important pour que le peuple comprenne que désormais ses revenus commencent à augmenter et que l’austérité est derrière nous.
Pensez-vous que, en cas de victoire de la droite lors des législatives, qui doivent avoir lieu en octobre 2019, l’État social que vous êtes en train de créer risque d’être remis en question ?
C’est le moins qu’on puisse dire. M. Mitsotakis (président de Nouvelle Démocratie – NDLR) le dit clairement dans ses discours. Il est sur une ligne quasiment identique à celle du FMI. Qui plus est, le député Kostas Karagounis (responsable de la question des retraites au sein Nouvelle Démocratie – NDLR) a même ouvertement parlé de mettre en place un système de retraites calqué sur celui d’Augusto Pinochet !
Comment voyez-vous aujourd’hui la situation politique en Europe et la montée de l’extrême droite ?
Cela fait presque quinze ans que les forces politiques dominantes en Europe font les autruches devant tous les signes avant-coureurs du phénomène pour éviter de se remettre en question et de revoir leurs choix politiques. Quand, en 2005, tant le peuple français que le peuple hollandais ont tous les deux rejeté par référendum le projet de Constitution européenne, on aurait déjà dû se poser beaucoup de questions. C’est là deux pays qui ont participé à la construction européenne dès le début ! Il n’en a rien été. Et soudain aujourd’hui tout le monde au sein des puissances politiques traditionnelles est choqué de voir que l’extrême droite pourrait bien remporter les élections européennes de mai 2019. Heureusement, en Grèce, cette frustration populaire s’est surtout exprimée en faveur de la gauche. Mais nous sommes malheureusement l’exception.
Entretien réalisé par P. K.