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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

art et cuture

La mort du loup Alfred de Vigny

7 Juillet 2021, 07:33am

Publié par PCF Villepinte

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
Nous marchions sans parler, dans l’humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. — Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d’en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête
A regardé le sable en s’y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient,
J’aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu’adoraient lesRomains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s’assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n’a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II

J’ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes,
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
– Ah ! je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au coeur !
Il disait :  » Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.  »

 

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Les pauvres gens Victor Hugo

6 Juillet 2021, 07:48am

Publié par PCF Villepinte

Les pauvres gens

Victor Hugo

Elle songe, elle rêve, -- et tant de pauvreté !
Ses petits vont pieds nus l'hiver comme l'été.
Pas de pain de froment. On mange du pain d'orge.
-- 0 Dieu ! le vent rugit comme un soufflet de forge,
La côte fait le bruit d'une enclume, on croit voir
Les constellations fuir dans l'ouragan noir
Comme les tourbillons d'étincelles de l'âtre.
C'est l'heure où, gai danseur, minuit rit et folâtre
Sous le loup de satin qu'illuminent ses yeux,
Et c'est l'heure où minuit, brigand mystérieux
Voilé d'ombre et de pluie et le front dans la bise
Prend un pauvre marin frissonnant et le brise
Aux rochers monstrueux apparus brusquement. --
Horreur ! l'homme, dont l'onde éteint le hurlement,
Sent fondre et s'enfoncer le bâtiment qui plonge;
Il sent s'ouvrir sous lui l'ombre et l'abîme, et songe
Au vieil anneau de fer du quai plein de soleil !

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«Jaurès» Jacques Brel

5 Juillet 2021, 07:54am

Publié par PCF Villepinte

Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître

 

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

 

On n'peut pas dire qu'ils furent esclaves
De là à dire qu'ils ont vécu
Lorsque l'on part aussi vaincus
C'est dur de sortir de l'enclave
Et pourtant l'espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux yeux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu'à la vieillesse
Oui not'bon Maître, oui not'Monsieur

 

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

 

Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelque sabreur
Qui exigeait du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui not'bon Maître
Couverts de prèles oui not'Monsieur (*)

 

Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l'ombre d'un souv'nir
Le temps de souffle d'un soupir

 

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

 

 

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UN JOUR, UN JOUR PAR LOUIS ARAGON

4 Juillet 2021, 08:09am

Publié par PCF Villepinte

Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime

Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l'avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages

Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Ente eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières des rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche.

LOUIS ARAGON

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Bulles d’Humanité : les 8 finalistes de notre prix de la BD citoyenne

3 Juillet 2021, 08:35am

Publié par PCF Villepinte

Samedi 3 Juillet 2021

L'Humanité Michaël Mélinard

Après «Révolution», de Grouazel et Locard, en 2019, puis «les Deux Vies de Pénélope», de Judith Vanistendael, en 2020, qui remportera le prix de la BD citoyenne? Tour dhorizon des huit finalistes.

Qui succédera à « Révolution », de Younn Locard et Florent Grouazel (Actes Sud, «lAn 2»), et aux « Deux Vies de Pénélope », de Judith Vanistendael (le Lombard), dans cette troisième édition du prix Bulles d’Humanité, récompensant la meilleure bande dessinée citoyenne de l’année? Le suspense demeure mais, déjà, huit finalistes, dont «lHumanité Dimanche» publie tout l’été les premières pages, ont été sélectionnés par le jury.

Comme d’habitude, le prix Bulles d’Humanité est décerné à la Fête de l’Humanité. La remise se déroulera le dimanche 12 septembre, à 15 heures. À l’instar des précédentes éditions, le prix est généreusement doté par le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS). Ainsi, en plus du trophée, le lauréat se voit remettre un chèque de 1000 euros. Une nouvelle fois, lhistoire occupe une place de choix parmi les finalistes.

L’histoire ouvrière d’abord, représentée dans trois ouvrages, offrant chacun un récit singulier sur l’usine, la répression et l’exploitation. Ainsi, avec «le Pas de la Manu» (Actes Sud, «lAn 2»), Baptiste Deyrail simmisce dans lexistence dun gars de la MAS, la Manufacture darmes de Saint-Étienne, qui, avec les chutes de métaux, construit un bateau. Lintrigue salue le savoir-faire et les traditions de ces ouvriers, mais accueille aussi des échos de la guerre d’Algérie qui éclaire celle-ci sous un nouveau jour.

Alex W. Inker, finaliste l’an passé avec le formidable « Un travail comme un autre » (Sarbacane), est à nouveau en lice avec «Fourmies la Rouge» (Sarbacane), récit dense des heures qui ont précédé le massacre de grévistes, le 1 er mai 1891, dans la ville de Fourmies. L’auteur se concentre sur six personnages avec un sens aigu des dialogues et un travail passionnant autour de la langue et des patois ch’tis.

Cy traverse, elle, l’Atlantique avec «Radium Girls» (Glénat) pour suivre, dans l’immédiate après-Première Guerre mondiale, les autoproclamées Ghost Girls, les filles fantômes. Ces ouvrières d’une fabrique de radium se badigeonnaient les lèvres et les ongles avec cette substance luisante dont elles ignoraient la dangerosité.

L’histoire littéraire, ensuite, avec «Mademoiselle Baudelaire» (Dupuis). Yslaire s’intéresse au destin de Jeanne Duval, danseuse noire, maîtresse et muse du poète Charles Baudelaire dans le Paris artistique du XIX e siècle.

Puis l’histoire de la guerre de Corée dont les résonances continuent d’exacerber les tensions: «lAttente» (Futuropolis) de Keum Suk Gendry-Kim, déjà récompensée par une mention en 2019 avec «les Mauvaises Herbes» (Delcourt), utilise lautofiction pour évoquer le traumatisme des familles séparées par le 38 e parallèle.

Zehra Dogan, une journaliste kurde emprisonnée dans les geôles d’Erdogan, a dessiné depuis sa cellule «Prison n° 5» (Delcourt) un terrifiant récit autobiographique de sa réclusion.

«Une vie dhuissier» (Actes Sud), de Dav Guedin, exhume le journal intime d’un huissier de justice dont l’introspection évoque sa difficulté croissante à assumer son travail rythmé par des expulsions locatives ou des recouvrements de dettes.

Enfin, avec «le Chœur des femmes» (le Lombard), une adaptation du roman homonyme de Martin Winckler, Aude Mermilliod explore les questions de genre et les souffrances gynécologiques avec une jeune interne brillante et revêche confrontée à un médecin atypique, travaillant en marge des consignes de l’institution hospitalière.


 

 

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Sans La Nommer par Georges Moustaki

3 Juillet 2021, 08:21am

Publié par PCF Villepinte

Sans La Nommer par Georges Moustaki

 

Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d'elle
Comme d'une bien-aimée,
D'une infidèle,
Une fille bien vivante
Qui se réveille
A des lendemains qui chantent
Sous le soleil.

{Refrain:}
C'est elle que l'on matraque,
Que l'on poursuit que l'on traque.
C'est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C'est elle qu'on emprisonne,
Qu'on trahit qu'on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu'au bout, jusqu'au bout.

Je voudrais, sans la nommer,
Lui rendre hommage,
Jolie fleur du mois de mai
Ou fruit sauvage,
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui trame en liberté
Ou bon lui semble.

{Refrain}

Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d'elle.
Bien-aimée ou mal aimée,
Elle est fidèle
Et si vous voulez
Que je vous la présente,
On l'appelle
Révolution Permanente !

{Refrain}

 

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Balade Des Dames Du Temps Jadis Écrit Par François Villon

2 Juillet 2021, 07:46am

Publié par PCF Villepinte

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?

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Et maintenant, tous ensemble à la Fête de l’Humanité !

1 Juillet 2021, 13:12pm

Publié par PCF Villepinte

Publié le 30/06/2021 par PCF

Les 10, 11 et 12 septembre, ce sera le retour de la Fête de l’Humanité !

Cette édition 2021 se déroulera dans un format plus réduit, sur une partie de l'Aire des Vents, terrain habituel, et sur un espace adjacent du Bourget. En 2022, la Fête prendra possession d’un nouveau lieu, au cœur de l’Essonne.

Quel bonheur de pouvoir se retrouver, de partager un moment de fraternité dans cette belle fête populaire que nous aimons tant, nous les communistes, et les centaines de milliers de Français·es qui y participent à chaque édition. Cette année, l’espace disponible – 16 hectares au lieu des 50 hectares habituels - et la situation sanitaire nous obligeront à nous en tenir à un nombre de participants fixé à 40000 par jour.

On y retrouvera notamment l’Agora de l’Humanité, le Village du livre, le Village du monde, les Amis de l’Humanité, le Forum social, le Village de l’économie sociale et solidaire, l’espace du Secours populaire français.

Le nombre de stands du PCF devra être réduit, l’échange est en cours avec les fédérations pour voir comment s’adapter à cette contrainte tout en gardant la richesse de l’apport des communistes sur la fête, du stand du Conseil national aux spécificités des stands de fédérations qui participent à la vie politique, culturelle et gastronomique de la fête !

Cette fête sera celle des femmes et des hommes qui ont tenu le pays debout pendant la pandémie, une fête du monde du travail, de la culture et de la création. Ce sera aussi, comme chaque année, une fête qui nous permettra d’échanger sur la situation du pays au lendemain d’échéances départementales et régionales qui ont été marqué par un effondrement démocratique au regard de l’abstention historique.

Nous mettrons bien sûr au cœur de la fête les luttes sociales et citoyennes actuelles, des luttes pour l’emploi, les services publics et l’écologie à celle pour l’égalité dans tous les domaines et les défis à venir avec la candidature de Fabien Roussel à l’élection présidentielle de 2022 et les élections législatives.

Préparons une belle fête avec les travailleur·euse·s, les citoyen·ne·s, nous avons en avons tant besoin pour placer l’humain et la planète au cœur de tous les choix !

 

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Le dormeur du val

1 Juillet 2021, 13:01pm

Publié par PCF Villepinte

Le dormeur du val

Arthur Rimbaud

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud

 

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Le groupe « Octobre » – Un théâtre rouge au temps du Front Populaire 3/6

18 Juin 2021, 06:18am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 16/06/2021 par PCF

De 1932 à 1936, un groupe amateur de jeunes acteurs et actrices, communistes de cœur ou de carte pour la plupart, va monter une série de spectacles militants ébouriffants, créés par Jacques Prévert.

« La bataille de Fontenoy » est une pièce en un acte, sous-titré « Théâtre aux armées ». Les personnages représentés, et moqués, sont Paul Déroulède, Édouard Herriot, Joffre, Clemenceau, Raspoutine, Poincaré, Nicolas II (joué par Prévert lui-même), il y a là aussi un poilu de 14.

Il y est question de chasse aux déserteurs, de marchands de canon, du Comité des Forges (Krupp, Schneider) ; on fustige le sabre et le goupillon. La première est donnée devant le IIe congrès de la Fédération du Théâtre ouvrier (FTOF) et « La bataille de Fontenoy » restera le spectacle le plus souvent joué par le groupe Octobre dans des cafés, des guinguettes, des préaux d’école jusqu’en 1935.

Comme souvent, dans un même spectacle d’Octobre, on peut passer du pathétique au comique, de la farce au drame. Rendant compte de cette pièce, un journaliste de L’Écho de Paris, pourtant hostile à la troupe, évoque ainsi l’enthousiasme suscité par Octobre : « Les acteurs parlaient faux et étaient grimés à la va-comme-je-te-pousse, mais la joie et la foi des spectateurs suppléaient à ces imperfections. Un gosse en particulier, assis près de moi, récitait chaque réplique un tiers de seconde avant le comédien qui en était chargé. »

On est en janvier 1933. Le 30 janvier le chancelier Hindenburg confie la chancellerie à Hitler. Le groupe Octobre réagit immédiatement. Dans les heures qui suivent l’annonce de cette nomination, Jacques Prévert écrit le texte « L’avènement d’Hitler » que la troupe répète et joue salle Bullier - un ancien bal mobile - le 31 janvier ! Un texte concocté, écrit, répété et joué en 24 heures ! Il se termine ainsi :

(Face à la crise)

« Le bourgeois pleure des larmes et grince des dents / Il devient de plus en plus méchant / Comme ce grand homme mythologique / Qui n’était sensible qu’au talon / Le bourgeois n’est sensible qu’au fric / Même quand on lui joue du violon / Il tuerait bien tout le monde pour garder sa maison / Mais il ne peut pas tuer lui-même / Il faut qu’on croit qu’il est bon / Alors il cherche un homme / Comme Diogène / Alors il trouve un homme / Au fond d’un vieux tonneau de peinture / HITLER… HITLER… HITLER… / L’homme de paille pour foutre le feu / Le tueur, le provocateur… / On présente d’abord le monstre en liberté / On le présente aux ouvriers / « C’est un ami, presque un frère / Un ancien peintre en bâtiment » / Le moindre mal, quoi / C’est moins dangereux qu’un général / Un ancien peintre en bâtiment / Et maintenant / Les quartiers ouvriers sont peints couleur da sang. »

Ce spectacle s’ouvre sur une revue de presse, une méthode que Prévert utilise assez systématiquement, où il fait le tour de l’actualité, française ou mondiale, une sorte de revue de presse théâtralisée. Jacques Prévert est un homme indigné par la laideur et la violence du monde, il compose en cette année 1933, de plus en plus et de plus en plus vite, des saynètes, des sketches comme « Le père Noël » ou « Un drame à la cour », plus particulièrement conçu pour Bussières, dit Bubu. Les spectacles attirent un public populaire, des intellectuels de plus en plus nombreux s’y intéressent.

Parfois André Gide est dans la salle. Cette même année 1933, deux procès retentissants mobilisent l’opinion progressiste, et Octobre réagit. Aux USA, neuf Noirs sont accusés à tort du viol de deux Blanches et se voient menacés de mort. Prévert écrit, et Octobre joue, « Sauvez les nègres de Scottsborough ».  

« Ne laissez pas vos frères noirs aller sur la chaise électrique / Serrez les rangs / Serrez les poings / Un assassinat se prépare / Tous contre l’impérialisme mondial / Toutes les races / Une seule couleur : / Rouge !... »

En Allemagne les nazis font la chasse aux communistes ; les fascistes organisent un procès « exemplaire », mettant notamment en cause Georges Dimitrov, mais l’accusé se fait accusateur. Le mouvement de solidarité un peu partout dans le monde est puissant.

Dans « La tête sur les épaules », Jacques Prévert prend la défense de Dimitrov, de Thaëlmann et de leurs camarades. 1933 est marqué aussi par de puissants mouvements de grève. On parle de près de 100 000 grévistes. Le mouvement le plus spectaculaire se passe, en mars, chez Citroën ; le groupe Octobre va y jouer un rôle marquant.

 Gérard Streiff

 

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