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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

la propriété privée 

11 Décembre 2022, 08:05am

Publié par PCF Villepinte

Riches en bande organisée

L'Humanité Samedi 10 Décembre 2022

Sébastien Crépel

Le sujet choisi pour la une de L'Humanité Magazine, cette semaine,  questionne hardiment la propriété privée – entendue au sens capitaliste, c’est-à-dire quand ce droit reconnu théoriquement à chacun devient dans les faits celui de quelques-uns de posséder sans limite et d’exploiter comme bon leur semble la terre, la nature, les biens, les services, les machines ou la force de travail d’autrui –, résonne étrangement avec une autre actualité.

Celle de la publication des avoirs des membres du gouvernement, dont on apprend qu’ils font peu ou prou partie, pris dans leur ensemble, du 1 % de Français les plus fortunés, avec une moyenne de 1,9 million d’euros de patrimoine brut par ministre.

L’équivalent de plus de 100 années de Smic accumulées. Bien sûr, aucun d’entre eux n’a dépossédé ou volé quiconque aux yeux de la loi, ni n’a usé de moyens répréhensibles pour s’enrichir. C’est en toute légalité – du moins, on le présume – qu’ont été acquis leurs biens de luxe (grosses cylindrées, montres de prix, appartements, etc.) et autres actifs de grande valeur (assurances-vie, cash, stock-options…).

Là n’est pas la question. Il ne s’agit pas non plus de contester le droit pour tout citoyen d’être appelé à participer au gouvernement de la France, que la vie et les origines familiales aient été ou non généreuses avec lui. Non, ce qui interroge, et qui peut apparaître choquant pour ceux qui peinent à «joindre les deux bouts», est cette extrême concentration de fortunes entre les mains de ceux qui disent agir au nom de lintérêt général et du bien commun.

Surtout quand on est amené à subir les choix particulièrement nocifs pour le plus grand nombre de ce gouvernement, à l’instar de l’assurance-chômage ou des retraites, dont l’âge légal serait repoussé à 65 ans. De là à parler de riches en bande organisée, gouvernant pour les intérêts d’une classe ou d’un petit groupe de privilégiés dont ils émanent, il n’y a qu’un pas que le sens de la politique poursuivie depuis six mois pousse sans hésiter à franchir.

Élisabeth Borne et les 18 autres millionnaires comme elle au sein du gouvernement ne connaîtront jamais les angoisses de l’employé ou du cadre moyen qu’ils exhortent à travailler plus longtemps, sous peine de voir son droit à la retraite remis en cause. Pas plus qu’ils ne partagent le désespoir du privé d’emploi à qui l’on coupe les allocations chômage.

Ils ne se demandent pas comment ils paieront l’énergie cet hiver. Les ministres d’Emmanuel Macron ont d’autres priorités que les 99 % moins bien lotis. Comme celle, par exemple, de réduire à marche forcée les déficits publics sous la pression des marchés, toujours de la même façon: en restreignant les prestations et des services publics dont on sait quils sont le patrimoine de ceux qui nen ont pas, plutôt qu’en imposant un peu plus ceux qui pourraient payer une juste part et en sont largement dispensés

On pourrait d’ailleurs se poser la question de savoir si, et à quelle hauteur, les millionnaires qui nous gouvernent ont bénéficié de la suppression de l’ISF et de la création de la flat tax sur le capital décidées sous le quinquennat précédent.

«La propriété, cest le vol», disait Proudhon, sans doute selon des vues un peu datées aujourdhui. Il nempêche que la force du message demeure intacte, à lheure où l’accumulation du capital ne connaît pas de bornes: les biens communs, les services publics, la Terre et le vivant appartiennent à tous. Les prochaines mobilisations pour défendre les retraites et le système de protection sociale, menacés de privatisation sous couvert de vouloir les «sauver», seront loccasion de le rappeler.

 

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