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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

La Nupes suscite l’espoir en Europe

10 Mai 2022, 07:25am

Publié par PCF Villepinte

Parlement européen Les eurodéputés de gauche considèrent que le programme de rupture de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale est utile à toutes les forces progressistes de l’UE.

Jean-Jacques Régibier L'Humanité

Publié le Mardi 10 Mai 2022

 

Pour la vice-présidente du groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, Malin Björk, l’exemple français « montre que la gauche peut s’engager dans une démarche politique concrète ». Éric Vidal/Rea

Strasboug (Bas-Rhin), correspondance.

«Un gouvernement de gauche en France, cela servira tout le monde, y compris la Grèce», estime leurodéputé grec Stélios Kouloglou (la Gauche), qui ne désespère pas que se reproduise le scénario de 1981, quand la victoire de la gauche aux législatives du mois d’octobre en Grèce avait succédé à son arrivée au pouvoir en France en mai.

L’élu fait partie des nombreux députés européens qui se sont passionnés pour les négociations entre partis de gauche de l’Hexagone ayant abouti la semaine dernière à la création de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) pour les législatives. «Ce qui est surprenant, cest que cet intérêt va bien au-delà du seul groupe de la Gauche.

Cela va des socialistes espagnols aux Verts néerlandais, qui tous attendent beaucoup et qui sont assez impressionnés», témoigne leurodéputée française Leïla Chaibi (la Gauche), reprenant les mots dune députée socialiste néerlandaise pour qui ce qui se passe «va avoir des répercussions sur toute lEurope».

Si la France suscite autant de curiosité, c’est que la configuration à gauche y est plutôt originale par rapport à ce qui se passe ailleurs sur le continent. «Le Parti socialiste y a été tellement affaibli quil est un peu obligé de souvrir à cette unité, mais ce nest pas le cas en Europe, où la situation est différente », rappelle la députée européenne suédoise Malin Björk (la Gauche), pensant notamment à son propre pays, dirigé par les sociaux-démocrates, ou à des pays aussi importants que l’Espagne, l’Allemagne ou le Portugal.

 «Nous sommes dans un contexte où il est très important davoir en France un mouvement de gauche fort face à la destruction des alternatives démocratiques. Ce nest pas seulement lalliance pour les législatives qui est intéressante, cest aussi le score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle», explique la députée européenne Marisa Matias (la Gauche), arrivée elle-même troisième à la présidentielle de 2016 au Portugal sous les couleurs du Bloc de gauche. Et c’est bien cette politique de rupture qu’incarne le programme de la Nupes, qui tranche, en effet, dans le paysage politique européen, caractérisé par ailleurs par une remontée des droites extrêmes.

«Lexemple de lEspagne nous montre limportance du centre de gravité» de l’alliance, estime Leïla Chaibi, qui constate que dans ce pays, «il était social-démocrate, ce qui fait que Pedro Sanchez penche plus vers le centre que vers la gauche». L’eurodéputée fait allusion au gouvernement de coalition entre le PSOE et Podemos en 2019 qui, en raison de l’abandon de certaines mesures sociales ou des critiques contre l’Union européenne, a finalement valu à Podemos ses revers électoraux de 2020.

Leïla Chaibi note qu’au contraire, ce qui a prévalu au cours des négociations en France a été d’aboutir à une coalition qui se fasse sur une «ligne de rupture» qui soit en mesure de proposer une alternative, et «non pas sur le plus petit dénominateur commun» que serait «une ligne sociale-démocrate pas très radicale». «Pour convaincre les socialistes de se tourner vers la gauche, c’est la gauche qui doit être renforcée», estime également Stélios Kouloglou, qui constate que c’est rarement le cas au sein du Parlement européen, où «les socialistes regardent plutôt à droite qu’à gauche».

 En Grèce, la victoire de Syriza aux législatives de janvier 2015 avait aussi levé l’espoir, mais s’était heurtée au mur de la pression européenne. L’eurodéputé grec pense cependant que la situation politique en Europe est moins défavorable à un gouvernement de gauche aujourd’hui en France qu’elle ne l’était pour son pays au moment de l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras. «Je ne voudrais pas donner de leçons, mais notre expérience nous dit quil faut dabord un programme précis et se préparer à lappliquer, tout en sachant qu’il faut s’attendre à des réactions très fortes de la part de l’oligarchie et des médias», détaille le député grec.

l’UE elle-même déroge à ses propres règles

C’est également ce que pense Malin Björk et c’est ce qui, selon elle, rend l’accord passé entre les partis de gauche en France intéressant pour toute l’Europe. «Cela montre concrètement que la gauche au sens large peut se réunir non pas seulement autour dune table pour discuter, mais pour sengager dans une démarche politique concrète avec l’objectif de prendre le pouvoir.

À un moment donné, les partis voient que les enjeux sont très grands et que si l’on ne s’unit pas maintenant, on n’est pas à la hauteur des attentes des électeurs», estime l’euro­députée suédoise. Cette opinion est partagée par les députés de gauche au Parlement européen. Marisa Matias juge même qu’ «avec laccord sur un programme commun, le plus important est déjà fait» pour la gauche française.

Qu’en est-il dans ces conditions de la possibilité de «désobéir» aux règles de l’UE si elles allaient à l’encontre de ce que la Nupes considère comme les intérêts du peuple français?

En premier lieu, répondent les députés, lUE elle-même déroge à ses propres règles quand elle lestime nécessaire. Cest ce qui vient de se passer avec l’abandon pour répondre à la crise du Covid de la règle selon laquelle le déficit public d’un État ne doit pas excéder 3% du PIB. En second lieu, cette possibilité de désobéissance na rien à voir avec un éventuel retrait de la France de l’UE, contrairement à ce qu’essaient de faire croire la droite, les macronistes ou l’extrême droite.

Il s’agit bien au contraire de montrer que les règles actuelles doivent être changées. «Puisque même les institutions européennes ont été obligées de suspendre le pacte de stabilité, ça veut dire que les règles ne fonctionnent pas, ni dans les moments de crise ni dans les moments normaux. C’est une raison très valable pour dire qu’il faut en changer», analyse la députée portugaise Marisa Matias.

 «Ce n’est pas un étendard, c’est un outil pour un programme qui change la vie des gens, qui redonne de la dignité, du pouvoir d’achat et un emploi pour tous et qui fait la transition écologique, et pour tout ça, à un certain moment, il y aura à désobéir aux traités européens», complète Leïla Chaibi.

 

 

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