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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Faute de moyens, les services d'urgence contraints de baisser le rideau.

10 Mai 2022, 07:07am

Publié par PCF Villepinte

CGT PUBLIÉ LE 10 MAI 2022

 

Hôpital R Ballager

Une cinquantaine d’hôpitaux, un peu partout en France, ferment sporadiquement ou filtrent leurs service d’urgences, pour une nuit ou plusieurs jours. Il faut parfois une heure de route pour trouver des urgences ouvertes. En cause, les restrictions budgétaires pour la santé, le manque de médecins urgentistes et la désertification médicale.

« Entre 2002 et 2022, le nombre de passages aux services des urgences a plus que doublé en France, passant de 10 à 23 millions par an », calcule Cédric Volait, cadre administratif à l’hôpital de Manosque (Var), membre de la commission exécutive CGT Santé Action Sociale.

Il manque 11,5% des effectifs dans les hôpitaux, dont 44 000 médecins selon une enquête réalisée par la CGT au déclenchement du Covid, début 2020.

Sans compter la pénurie d’aides-soignantes (59 200), d’agents de service hospitaliers (57 600) et d’infirmières (46 000).

« Ça craque de partout, tous les 2 ou 3 jours, il y a des préavis de grève, de plus de plus de services d’urgences sont obligés de fermer de manière occasionnelle », constate le représentant syndical.

Déjà ébranlé par les restrictions budgétaires décrétées par les gouvernements successifs depuis 2012 , « un milliard d’économies par an », précise C. Volait, l’hôpital sort laminé des deux années de Covid. Le taux d’absentéisme a bondi. 

« Mais ne laissons pas la crise sanitaire masquer la carence structurelle de l’offre de soins, prévient régulièrement le Collectif InterUrgences. La crise des urgences est aussi la conséquence de la désertification médicale. Elles sont surchargées de patients qui y vont faute de médecins généralistes de proximité. Et il n’y pas assez d’urgentistes formés. Au total, il faudrait 12 000 médecins supplémentaires pour répondre aux besoins », illustre C. Volait qui anime le groupe de travail de la CGT sur les politiques de santé. 

Les urgences c’est la porte d‘entrée de l’hôpital.

La Confédération prépare une journée d’action avant le premier tour des législatives du 12 juin, à partir de « cahiers revendicatifs » envoyés à chaque établissement hospitalier. 

Pour sortir de cette situation, la CGT exige :

la titularisation des jeunes médecins,

 la régularisation administrative des praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE, ils sont plusieurs milliers à venir en renfort dans les hôpitaux français),

la revalorisation des salaires de la santé,

la réouverture des 100 0000 lits fermés en 20 ans,

 l’amélioration de la carrière des médecins urgentistes afin qu’ils ne préfèrent pas le privé ou l’intérim,

 le rétablissement du ratio d’effectifs des services d’urgences en s’appuyant sur le référentiel du Samu Urgences de France,

 le retour des gardes obligatoires en médecine de ville pour désengorger les urgences. 

Voir la carte interactive des fermetures des lits et des urgences menacés.

Les urgences de l’hôpital Robert-Ballanger ne répondent plus. Lundi soir, à partir de 19 heures, les patients qui se sont rendus dans ce service du centre hospitalier intercommunal (CHI) situé entre Aulnay-sous-Bois et Villepinte ont trouvé porte close. Le lendemain, deux infirmières au lieu de huit en temps normal assuraient un accueil minimal. Plus de la moitié des quelque 80 infirmiers et des aides-soignants qui travaillent aux urgences sont actuellement en arrêt maladie.

Un professionnel de santé parlerait sans doute d’un mal endémique. Le 18 mai 2019, près d’un an avant la première vague de l’épidémie de Covid-19, la direction de l’hôpital donnait aux services de secours la consigne d’orienter les malades vers les autres hôpitaux du secteur. Ce délestage s’expliquait déjà par un nombre de soignants trop faible pour assurer une prise en charge acceptable.

En août dernier, le CHI avait été contraint d’activer le plan Blanc. Une décision prise en accord avec l’agence régionale de santé, et qui permet de rappeler les soignants sur leurs jours de congé. D’autres établissements avaient fait de même durant cet été en raison de la progression du variant Delta. À Aulnay-sous-Bois, la mesure s’expliquait non pas par la nécessité de faire face à une nouvelle vague du virus mais, là encore, par l’obligation de compenser un sous-effectif devenu chronique.

La direction a acté le recrutement d’un aide-soignant et d’un infirmier

Les banderoles blanches accrochées au grillage à l’entrée de l’hôpital confirment la procédure de délestage. « Urgences pédiatriques adultes fermées » et « Appeler Samu : 15 ; Pompiers : 18 » peut-on y lire. Dans une alerte adressée à la direction le 1er février dernier, deux psychologues pointaient « les atteintes à la santé des personnels et des risques psychosociaux qui perdurent » au sein du service, listant « symptômes de pathologie de surcharge de travail », « conflit éthique de réaliser un accueil et des soins mal faits » et « manque de présence et de soutien des hiérarchies ».

Une réunion entre une partie du personnel, les syndicats et la direction s’est tenue ce mercredi en début de journée. Le compte rendu, que nous avons pu consulter, acte notamment « le recrutement pour un septième poste AS (aide-soignant) de jour et de nuit » et « un recrutement supplémentaire d’IDE (infirmière diplômée d’État) afin de permettre le positionnement de deux IDE au déchocage ». Contactés, ni le représentant de la CGT ni la direction du CHI n’ont pu être joints.

« Nous avons partagé la nécessité de travailler en effectif complet et la difficulté de procéder à des recrutements de soignants infirmiers actuellement, au regard de la situation départementale et nationale », indique le document. Qui annonce la tenue d’une réunion du même format dans les quinze prochains jours.

« Le Ségur de la Santé ne répond en rien aux attentes des personnels de santé »

Mercredi matin, les personnels du service ont reçu la visite et le soutien de Clémentine Autain. La députée (LFI) sortante de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis (Sevran, Villepinte et Tremblay-en-France), candidate à un second mandat aux législatives le mois prochain, a participé à la réunion du jour. Elle pointe la responsabilité de l’État.

 
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