Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

CHRONIQUE

29 Avril 2023, 12:14pm

Publié par PCF Villepinte

Vers une défaite d’Erdogan?

Un espoir et des questions

 

Samedi 29 avril 2023

Francis Wurtz

L'élection présidentielle aura lieu le 14 mai, en même temps que les élections législatives. Le président sortant Recep Tayyip Erdogan brigue un troisième mandat malgré la constitution, qui fixe a deux le nombre maximum de mandats à la tête de l'État. 

Après vingt et un ans de règne, Erdogan et son parti, l’AKP, risquent l’échec lors du double scrutin du 14 mai: l’élection présidentielle (1er tour) et les élections législatives (à un seul tour). Pour analyser les enjeux de cet événement politique majeur, l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) vient d’organiser une passionnante table ronde: lessentiel de ce qui suit est inspiré de ces échanges (1).

Depuis dix ans, les signes d’une volonté de changement de la société turque se sont multipliés: depuis le spectaculaire mouvement de protestation de 2013 jusqu’à la victoire de lopposition à Ankara et surtout dans le fief dErdogan, Istanbul (16 millions dhabitants), en 2019, en passant par lirruption du parti progressiste HDP du très respecté Selahattin Demirtaş (qui est en prison depuis 2016) et qui priva pour la première fois Erdogan de la majorité absolue au Parlement en 2015.

L’hypercentralisation autoritaire du régime qu’a permise la mise en place d’un régime présidentiel ; l’instrumentalisation du coup d’État avorté de 2016 pour mener une répression de masse, féroce et arbitraire ; l’insupportable ordre moral et conservateur institué par le pouvoir ; la profonde crise économique et sociale en cours (une inflation proche de 100 %) ; enfin, les graves négligences de l’administration révélées par les récents séismes ont sérieusement entamé la base sociale du régime.

Dans ce contexte, l’opposition a travaillé à constituer une coalition autour du grand parti de centre gauche, membre associé du PSE, le Parti républicain du peuple (CHP). C’est le président de ce parti, Kemal Kiliçdaroglu, qui représentera les six partis coalisés à l’élection présidentielle. Le HDP (de 11 à 13 % des voix) ayant, au vu des circonstances, décidé de ne pas désigner de candidat et d’appeler à tout faire pour battre Erdogan, Kiliçdaroglu a de réelles chances de devenir le prochain président de la Turquie. Tout va dépendre de la dynamique politique à l’œuvre durant les trois semaines à venir.

Des question sur cette nouvelle coalition très hétérogène

Si l’éventualité d’une défaite d’Erdogan suscite des espoirs, notamment en matière de démocratie – à la hauteur du rejet d’un régime massivement honni, des questions demeurent sur les changements concrets à attendre, le cas échéant, de cette nouvelle coalition très hétérogène (avec une dominante de centre gauche, mais aussi une formation de droite nationaliste et plusieurs anciens premiers ministres ou ex-ministres d’Erdogan) et divisée sur des sujets majeurs comme la question kurde, qui doit faire l’objet, en cas de victoire, d’un grand débat au Parlement, le principal atout du HDP étant que la coalition a besoin de son soutien.

Par ailleurs, si la volonté de revenir à un régime parlementaire et de pratiquer une gestion du pouvoir moins agressive semble, le cas échéant, assurée, des incertitudes demeurent sur ce que serait la politique économique des nouvelles autorités. Quant à la politique extérieure (relations avec la Grèce, Chypre, l’Arménie opposée à l’Azerbaïdjan, l’Otan, la Russie, la Syrie, l’Afrique…), elle ne devrait pas fondamentalement changer, si ce n’est par un renforcement de la «vocation européenne et occidentale» de la Turquie. À suivre…

(1) Autour de Didier Billion, directeur adjoint de l’Iris, lui-même expert de la Turquie, étaient réunis, le 20 avril 2023, Ahmet Insel, économiste et politologue ; Bahadir Kaleagasi, présidenT de l’Institut du Bosphore, et Barçin Yinanç, journaliste.

 

Commenter cet article