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histoire

17 mars 1871, Thiers fait arrêter Blanqui

17 Mars 2021, 07:24am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Mercredi 17 Mars 2021

Il y a 150 ans. 

Mathématicienne et écrivaine, Michèle Audin est aussi passionnée par l'histoire et tient un blog sur la Commune de Paris. Nous vous proposons de retrouver quotidiennement sur le site de l'Humanité, jusqu'au 1er juin, sa chronique "Il y a 150 ans". Au jour le jour donc, Michèle Audin va nous raconter les événements de ces mois de mars, avril et mai 1871. Les plus curieux pourront découvrir que cet éphéméride communard a débuté le 7 mai 2020 avec l'article : 8 mai 1870, le dernier plébiscite bonapartiste

Michèle Audin est l'autrice de cinq ouvrages sur le sujet, parus de 2017 à 2021. Deux fictions aux éditions Gallimard, Comme une rivière bleue (2017) et Josée Meunier, 19 rue des Juifs (2021), ainsi que trois livres historiques chez Libertalia. Le dernier La Semaine sanglante. Mai 1871. Légendes et comptes propose un nouveau décompte des morts de la Semaine sanglante, allant jusqu'à « certainement 15 000 morts ». Michèle Audin est également  cooptée à l'Oulipo (L'Ouvroir de littérature potentielle) depuis 2009.

Auguste Blanqui a quitté Paris après son « dernier mot » du 12 février. Après Bordeaux (voir notre article du 19 février) où il n’est pas resté, il s’est rendu à Loulié avec sa sœur Mme Barellier, dans la propriété du docteur Lacambre, gendre de celle-ci (nous avons déjà rencontré ce médecin, journaliste, chef de bataillon, neveu et blanquiste dans plusieurs articles de l’automne dernier).

Entre temps, il a été condamné à mort.

Dans son livre L’Enfermé, Gustave Geffroy écrit (les citations sont en italique):

Ceux qui, comme Ranc, l’ont vu à cette époque, non élu député par Paris, condamné à mort par le tribunal militaire, le trouvèrent tout entier à l’idée fixe, ne songeant qu’à la France défaite, à l’Allemagne victorieuse. Cela, pour lui, engageait tout l’avenir, frappait d’avance de stérilité toute insurrection.

Je ne suis pas certaine que Ranc ait vu Blanqui après sa condamnation le 10 mars, mais n’ai pas de doute sur le reste de cette assertion. Geffroy écrit encore:

Puis, la fatigue s’ajoutait chez lui à la douleur, la maladie s’emparait du délicat organisme, de la volonté si résistante pendant les mois du siège. Il voulut un asile, un repos, une solitude où se reprendre. Dans les premiers jours de mars, il part pour Loulié, près de Bretenoux, dans le Lot, vers la maison du docteur Lacambre, qui avait épousé sa nièce. Ceux-ci quittaient leur logis, pour un voyage en Espagne, au jour de l’arrivée de Blanqui: il resta seul avec sa sœur, Mme Barellier. Il avait grand besoin de ses soins, s’alita immédiatement, atteint d’une bronchite aiguë.

Malheureusement, sa présence à Loulié n’était pas passée inaperçue, écrit Dommanget,

depuis que nuitamment avec trois amis, il avait passé la Dordogne en barque, éveillant ainsi les soupçons du batelier, les cancans locaux et l’attention de la gendarmerie voisine de Bretenoux.

Et il ajoute:

On savait aussi que Blanqui correspondait avec les membres les plus actifs du Comité Central de la garde nationale qui commençait à prendre figure de puissance sous l’influence commune des Internationaux et des blanquistes.

Je ne suis pas convaincue que cette influence était si importante… Mais cette correspondance est certainement à l’origine de l’affiche que nous avons vue sur les murs de Montmartre dans notre article du 15 mars et dont parle ensuite Dommanget:

Enfin l’affiche que Blanqui venait de faire placarder à Paris pour protester contre sa condamnation à mort prouvait surabondamment qu’il importait de mettre à l’ombre un dangereux adversaire. À bien des égards, au demeurant, l’appel de Thiers aux « habitants de Paris » affiché dans la nuit du 17 au 18 mars, apparaît comme une riposte et à l’influence grandissante du Comité Central et à la protestation de Blanqui placardée sous forme d’affiche sur les murs de Montmartre.

L’appel de Thiers en question est l’affiche que j’ai utilisée comme couverture de cet article (et qui se trouve ci-dessous, où vous pourrez cliquer sur l’image pour l’agrandir). Mais avant cet affichage, Thiers s’est occupé de faire arrêter Blanqui — la sentence de mort permettrait de s’en débarrasser. Je cite toujours Dommanget:

Sur télégramme du Garde des Sceaux Dufaure, le procureur de la République de Figeac, Célestin Prunières, reçut le 16 mars l’ordre d’arrêter le « Vieux » qu’on surveillait déjà étroitement.

La chose fut exécutée le 17 mars, date que l’histoire doit enregistrer avec soin, car c’est le même jour que Thiers donna l’ordre de désarmer les Parisiens ce qui, on le sait, déclencha la Commune. On est donc en droit de se demander si avant de donner un pareil ordre qu’il savait devoir entraîner de terribles conséquences, le chef du pouvoir exécutif ne voulait pas s’assurer de la personne de Blanqui.

Gustave Geffroy termine la partie « Le siège de Paris » de son livre ainsi:

C’est au lit, dans l’après-midi du 17 mars, qu’il fut arrêté par les soins du procureur de Figeac, sur l’ordre du gouvernement. Il allait définitivement recevoir le salaire de la haute intelligence et des purs sentiments qu’il prouva pendant le siège de Paris.

Et il commence la partie suivante, « Château du Taureau », par cette phrase:

Ce qui se passa ensuite stupéfiera l’avenir.

Il s’agit des conditions de l’emprisonnement d’Auguste Blanqui, bien sûr. Mais ce qui se passa ensuite, c’est aussi, après l’après-midi du 17 mars, la nuit du 17 au 18… où, à Paris, fut affichée, comme l’a dit Dommanget, l’infâme affiche de l’infâme Thiers. La (re)voici si vous voulez la lire (cliquer pour agrandir):

 

(Elle vient du musée Carnavalet.)

Nous verrons demain 18 mars ce qu’en dirent les habitants de Paris!

Livres cités

Geffroy (Gustave)Blanqui L’Enfermé, L’Amourier (2015).

Dommanget (Maurice), Blanqui, la guerre de 1870-71 et la Commune, Domat (1947).

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15 mars 1871, protestations de Blanqui et de Flourens sur les murs de Montmartre

15 Mars 2021, 09:20am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Lundi 15 Mars 2021

IL Y A 150 ANS. 

Mathématicienne et écrivaine, Michèle Audin est aussi passionnée par l'histoire et tient un blog sur la Commune de Paris. Nous vous proposons de retrouver quotidiennement sur le site de l'Humanité, jusqu'au 1er juin, sa chronique "Il y a 150 ans". Au jour le jour donc, Michèle Audin va nous raconter les événements de ces mois de mars, avril et mai 1871. Les plus curieux pourront découvrir que cet éphéméride communard a débuté le 7 mai 2020 avec l'article : 8 mai 1870, le dernier plébiscite bonapartiste

Nous l’avons vu (dans notre article du 10 mars), un conseil de guerre a condamné à mort par contumace les citoyens Blanqui et Flourens pour cause de 31 octobre. Quelques jours après, la presse rapporte que tous deux ont fait afficher des protestations sur les murs de Montmartre, « près de leurs chers canons », dit le Journal des Débats. Et un autre, Paris-Journal, va recopier ces protestations. Je les ai copiées dans Le Messager de Paris (daté du 17 mars). Les citations sont en italique.

Voici le texte de Gustave Flourens:

Citoyens,

En présence du jugement qui me frappe, il est de mon devoir de protester de la façon la plus énergique contre la violation de tous les droits inscrits dans toutes les constitutions.
L’accusé doit être jugé par ses pairs. Tel est le texte de la loi. Or je dénie complètement aux assassins patentés de la réaction le titre de juges. Nommés par un pouvoir qui n’avait encore été reconnu par personne, le 31 octobre 1870, ils ne peuvent puiser leur puissance qu’en dehors de la loi. D’ailleurs, j’ai appris par une longue expérience des choses humaines, que la liberté se fortifiait par le sang des martyrs.
Si le mien peut servir à laver la France de ses souillures et à cimenter l’union de la patrie et de la liberté, je l’offre volontiers aux assassins du pays et massacreurs de janvier.

Salut et fraternité.

G. FLOURENS.

Et voici la proclamation du citoyen Blanqui — envoyée par la poste à un de ses amis? Nous l’avons dit dans notre article du 19 février, Auguste Blanqui se trouve à Loulié, près de Figeac (voir aussi notre article à venir du 17 mars):

Citoyens,

Le 4 septembre, un groupe d’individus qui, sous l’empire, s’était créé une popularité facile, s’était emparé du pouvoir. À la faveur de l’indignation générale, ils s’étaient substitués au gouvernement pourri qui venait de tomber à Sedan. Ces hommes étaient les bourreaux de la République de 1848. Cependant, à la faveur du premier moment de surprise, ils se sacrèrent arbitres de la destinée de la France. Les vrais républicains, ceux qui, sous tous les gouvernements avaient souffert pour leurs croyances, virent avec douleur cette usurpation des droits de la nation. Pourtant le temps pressait, l’ennemi approchait: pour ne pas diviser la nation, chacun se mit de toutes ses forces à l’œuvre de salut. Espérant que l’expérience avait appris quelque chose à ceux qui avaient été pour ainsi dire les créateurs de l’empire, les républicains les plus purs acceptèrent sans murmurer de servir sous eux, au nom de la République.

Qu’arriva-t-il? Après avoir distribué à leurs amis toutes les places où ils ne conservaient pas les bonapartistes, ces hommes se croisèrent les bras et crurent avoir sauvé la France. En même temps l’ennemi enserrait Paris d’une façon de plus en plus inexorable, et c’était par de fausses dépêches, par de fallacieuses promesses que le gouvernement répondait à toutes les demandes d’éclaircissement.

L’ennemi continuait à élever ses batteries et ses travaux de toute sorte, et à Paris, 300,000 citoyens restaient sans armes et sans ouvrage, et bientôt sans pain sur le pavé de la capitale.
Le péril était imminent, il fallait le conjurer. Or, au gouvernement issu d’une surprise, il fallait substituer la Commune, issue du suffrage universel. De là le mouvement du 31 octobre. Plus honnêtes que ceux qui ont eu l’audace de se faire appeler le gouvernement des honnêtes gens, les républicains n’avaient pas ce jour-là l’intention d’usurper le pouvoir. C’est du peuple, réuni librement devant les urnes électorales, qu’ils en appelaient du gouvernement incapable, lâche et traître. Au gouvernement issu de la surprise et de l’émotion populaire, ils voulaient substituer le gouvernement issu du suffrage universel.

Citoyens,

C’est là notre crime. Et ceux qui n’ont pas craint de livrer Paris à l’ennemi avec sa garnison intacte, ses forts debout, ses murailles sans brèche, ont trouvé des hommes pour nous condamner à la peine capitale.
On ne meurt pas toujours de pareilles sentences. Souvent on sort de ces épreuves plus grand et plus pur. Si l’on meurt, l’histoire impartiale vous met tôt ou tard au-dessus des bourreaux qui, en atteignant l’homme, n’ont cherché qu’à tuer le principe.

Citoyens,

Les hommes ne sont rien, les principes sont seuls immortels. Confiant dans la grandeur et dans la justice de notre cause, nous en appelons du jugement qui nous frappe au jugement du monde entier et de la postérité. C’est lui qui, si nous succombons, fera, comme toujours, un piédestal glorieux aux martyrs de l’échafaud infamant élevé par le despotisme ou la réaction.

Vive la République !

BLANQUI.

Ce texte, sous le titre de « Proclamation Blanqui », sera re-publié dans le Journal officiel (qui sera alors celui de la Commune) le 21 mars.

Eh bien les voici, « leurs chers canons ». Je ne sais pas dans quel périodique est parue l’image de couverture, mais elle est aujourd’hui au musée Carnavalet.

 

 

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10 mars 1871, condamnés!

11 Mars 2021, 07:52am

Publié par PCF Villepinte

la chronique de michèle audin

-Arts

Mercredi 10 Mars 2021

Il y a 150 ans.  Mathématicienne et écrivaine, Michèle Audin est aussi passionnée par l'histoire et tient un blog sur la Commune de Paris. Nous vous proposons de retrouver quotidiennement sur le site de l'Humanité, jusqu'au 1er juin, sa chronique "Il y a 150 ans". Au jour le jour donc, Michèle Audin va nous raconter les événements de ces mois de mars, avril et mai 1871. Les plus curieux pourront découvrir que cet éphéméride communard a débuté le 7 mai 2020 avec l'article : 8 mai 1870, le dernier plébiscite bonapartiste

Michèle Audin est l'autrice de cinq ouvrages sur le sujet, parus de 2017 à 2021. Deux fictions aux éditions Gallimard, Comme une rivière bleue (2017) et Josée Meunier, 19 rue des Juifs (2021), ainsi que trois livres historiques chez Libertalia. Le dernier La Semaine sanglante. Mai 1871. Légendes et comptes propose un nouveau décompte des morts de la Semaine sanglante, allant jusqu'à « certainement 15 000 morts ». Michèle Audin est également  cooptée à l'Oulipo (L'Ouvroir de littérature potentielle) depuis 2009.

Le 31 octobre dernier s’est déroulée une journée — une soirée — insurrectionnelle. Un certain nombre de militants révolutionnaires ont été arrêtés. Parmi eux, Lefrançais, Vermorel, Pillot et Vésinier ont été acquittés le 24 février (voir nos articles des 23 et 24 février). On a aussi acquitté « l’Affiche rouge » de janvier le 7 mars. Comme dit Jules Vallès,

« Les gens de la Défense en sont, jusqu’à présent, pour leur courte honte. »

Il reste cependant treize inculpés à juger (voir notre article du 7 mars): on continue donc à « juger le 31 octobre » au cours de deux audiences qui ont lieu les 9 et 10 mars.

Six des inculpés sont présents,

  • Maurice  Joly, avocat à la Cour d’appel, demeurant à Paris, boulevard Saint-André, 3.
  • Victor Jaclard, professeur de mathématiques, adjoint à la mairie du dix-huitième arrondissement, demeurant à Paris, rue Bergère, 30.
  • Gabriel Ranvier, artiste peintre, chef du 141e bataillon de la garde nationale, demeurant à Paris, rue Oberkampf, 104.
  • Jules Vallès, homme de lettres, demeurant à Paris, rue de Belleville, 19.
  • Léonidas Jénart, marchand d’huiles, demeurant à Paris, rue Saint-Ambroise, 15.
  • Henri Bauër, étudiant en droit, demeurant à Paris, avenue de la Grande-Armée.

Les sept autres sont

  • Auguste Blanqui, homme de lettres, demeurant à Paris, rue du Temple, 191
  • Gustave Flourens, homme de lettres, chef de bataillon de volontaires de la garde nationale, demeurant à Paris, rue de Puebla, 137.

Théodore Régère de Montmore, ex-capitaine adjudant-major du 248e bataillon de la garde nationale, demeurant à Paris, quai Saint-Michel, 15.

Émile Eudes, étudiant, demeurant à Paris, rue des Charbonniers, 10.

Edmond Levraud, chef du 204e bataillon de la garde nationale, demeurant à Paris, place Voltaire, 1.

Edmond Goupil, docteur médecin, demeurant à Paris, rue de Vaugirard, 63.

Victor Cyrille, chimiste, demeurant à Paris, rue de l’Échiquier, 13.

Je laisse Jules Vallès vous raconter ce qui lui arrive. C’est une citation (en italique) de L’Insurgé (rappel: Vingtras est le nom que se donne Vallès dans ce roman autobiographique):

— Toi, Vingtras, tu en auras bien pour six mois.

J’en aurai peut-être pour six mois, ça, c’est possible; seulement je vous fiche mon billet que je m’arrangerai pour ne pas les faire!

Être pris en ce moment et coffré, ce serait peut-être la transportation à bref délai, l’enlèvement un soir de révolte au faubourg, et le départ en catimini pour Cayenne — si ce n’était tout simplement la mort, sous le coup de pistolet d’un municipal las d’une journée d’émeute, ou même l’exécution en règle contre un mur du chemin de ronde.
Le vent est aux fusillades, et dans la soûlaison du triomphe, pendant la fureur d’une lutte indécise, gare aux prisonniers!…

Il serait dur de disparaître ainsi.
La porte n’est encore qu’entre-bâillée pour ces abattages sommaires — mais, en dehors du néant, la claustration serait déjà trop pesante!

Qui sait si les bruits de la ville parviendraient jusqu’à moi; si, à travers les barreaux de ma cellule, glisseraient les éclairs de la tempête? Je ne saurais donc rien? je n’entendrais rien?…

pendant que se déciderait le sort des nôtres, qu’ils joueraient leur vie et qu’on les décimerait!

Aussi, fera qui voudra son Silvio Pellico [prisonnier!]: moi, je vais tâcher de leur filer entre les doigts !
Ça ne sera pas difficile.

Nous sommes accusés libres. C’est de nous-mêmes que nous sommes venus nous offrir à la condamnation. Aussi nous garde-t-on mollement.

Il y a, à ma gauche, une vieille brisque de sergent, droit comme un chêne, avec des moustaches terribles qui, à deux ou trois reprises, ont failli m’éborgner; il a la tête de plus que moi.
Mais il me regarde — d’en haut — sans colère, et presque avec bonhomie, quoiqu’en mâchant rageusement des bouts de phrases comme s’il chiquait des cailloux.

Le Conseil s’est retiré pour délibérer.

Dans les coins, on jase, on discute. Je n’ai plus que quelques minutes de liberté, peut-être; j’en vais profiter pour jaser et discuter comme les autres… pour regarder surtout si la porte est ouverte ou fermée.

Vlan! dans l’œil! C’est la moustache du voisin qui m’aveugle pour la quatrième fois. Seulement, ce coup-ci, j’ai compris ce qu’il me grognonne aux oreilles depuis un bon quart d’heure.
— Mais, nom de Dieu ! mon garçon, foutez-donc le camp !
— Merci, l’ancien ! On va tâcher.
Le seuil est franchi, me voilà dans la rue. Tout comme à La Villette, je m’éloigne avec nonchalance, je fais celui qui se promène, puis prends ma course au tournant du premier carrefour.
Et j’ai trouvé asile à deux pas de là, non loin de la prison où je devrais être.
Le lendemain, un camarade que j’ai fait avertir m’apporte le verdict. J’en ai pour six mois, bel et bien — et de cela je me soucie comme d’une guigne!

Avant de le laisser nous expliquer pourquoi il s’en soucie comme d’une guigne, voici des informations sur les autres accusés. Cette fois, c’est Maurice Dommanget qui donne l’information et la commente (toujours en italique):

Maurice Joly, Jaclard, Ranvier, Bauër, Régère et Eudes s’en étaient tirés par l’acquittement; le docteur Goupil avait récolté deux ans de prison et Vallès six mois. Blanqui, avec Flourens, Éd. Levraud et Victor Cyrille avait été condamné à la peine capitale. La sentence prononcée à l’unanimité reconnaît Louis-Auguste Blanqui « homme de lettres » coupable d’attentat ayant pour but d’exciter à la guerre civile et coupable, en outre, de complicité de séquestration sur la personne des membres du gouvernement.

Ce procès arrivant au lendemain de la capitulation apparut plutôt comme un anachronisme. Il n’émut qu’à demi l’opinion. Mais l’annonce des condamnations à mort, d’une rigueur en quelque sorte rétrospective, étonna, irrita, puis exaspéra la population des faubourgs. On ne pouvait croire que le nouveau gouvernement prendrait au sérieux des condamnations aussi graves. Du reste, les peines prononcées par contumace sont toujours plus lourdes que celles prononcées contre les accusés présents.

Voilà donc quatre condamnés à mort, dont Flourens et Blanqui. Mais… Mais, dit Vallès,

Mais les soudards de l’état de siège ont, d’un trait de plume, biffé six feuilles socialistes, dont Le Cri du peuple qui en était à son dix-huitième numéro, et qui marchait rudement, le gars!
Le Ferry s’est vengé.
 [Voir, dans notre article du 7 mars, ce dont il avait à se venger.] Je suis libre, mais mon journal est mort.
Il ne s’est pas vengé que de moi, par malheur! La clémence du conseil de guerre était une feinte, le 31 octobre vient d’être frappé de la peine capitale : — Blanqui et Flourens sont condamnés à mort.

Tant mieux!… puisqu’ils sont hors d’atteinte.

Pas tous… et pas pour longtemps!

La gravure, signée par Leriverend et Dochy, est une reproduction d’une photographie de Jules Vallès par Étienne Carjat, probablement plus tardive, je l’ai copiée sur le site de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), .

Livres cités

Vallès (Jules)L’Insurgé, Œuvres, Pléiade, Gallimard (1989).

Dommanget (Maurice), Blanqui, la guerre de 1870-71 et la Commune, Domat (1947).

Cet article a été préparé en août 2020.

 

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la commune de Paris

9 Mars 2021, 07:42am

Publié par PCF Villepinte

 

Il y a 150 ans, la Commune de Paris « à l’assaut du ciel »

l'Humanité Mardi 9 Mars 2021

Maurice Ulrich

Dans son nouveau hors-série multipliant portraits et analyses, l’Humanité raconte les soixante-douze jours de l’insurrection, ses ambitions et ses résonances aujourd’hui. Et fait une place inédite aux grandes figures féminines et aux anonymes qui en furent les âmes emplies d’espoirs.

« E lles ont pâli, merveilleuses, au grand soleil d’amour chargé, sur le bronze des mitrailleuses, à travers Paris insurgé.» On connaît ces vers sublimes de Rimbaud dans son poème les Mains de Jeanne-Marie, qui inspireront au grand compositeur italien Luigi Nono une cantate, Al gran sole carico d’amore, jouée pour les cent ans de la Commune sur la Grande Scène de la Fête de l’Humanité. Le jeune homme a 17 ans, il revient à Paris juste après la « semaine sanglante » et a sous les yeux les femmes de la Commune enchaînées, en partance pour les prisons et le bagne.

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Élisabeth Dmitrieff y échappera après avoir combattu jusqu’aux dernières heures. Combattant lui aussi et plus tard historien de ces heures, Prosper-Olivier Lissagaray la décrit: «Vers trois heures de l’après-midi, le membre de la Commune Frankel arriva à la mairie du 11e , le bras en écharpe et ensanglanté. Ce jeune homme, un des membres les plus intelligents de la Commune, avait été blessé aux barricades de la Bastille. M me  Dmitrieff l’accompagnait. Grande, les cheveux d’or, admirablement belle, elle soutenait le blessé dont le sang coulait sur sa robe élégante. Plusieurs jours durant elle se prodigua aux barricades.» La jeune femme a 20 ans. Née en Russie, très cultivée, engagée très tôt dans les cercles révolutionnaires, ayant déjà connu la prison, elle est l’envoyée de Karl Marx à Paris…

hors-série exceptionnel de 124 pages:  Un espoir mis en chantier.

 

Hommes et femmes se battent pied à pied, au corps-à-corps

Il faut imaginer, derrière l’évidente fascination de Lissagaray empreinte de cette beauté tragique, comment le lui reprocher, ces heures terribles quand finit, face aux troupes versaillaises, cette aventure unique dans l’histoire des soixante-douze jours de la Commune de Paris, allée «à lassaut du ciel». Hommes et femmes se battent pied à pied, au corps-à-corps. La répression est d’une violence inouïe, bestiale. Les hommes sont collés au mur et immédiatement fusillés. Les femmes sont traînées dans les geôles, parfois violées, des enfants sont tués. On chiffre à 20000, peut-être 30000, le nombre de morts de la semaine. Les survivants prendront pour les plus chanceux le chemin de lexil, les autres celui du bagne, à Cayenne.

Le hors-série de l’Humanité, qui paraît aujourd’hui même, bellement illustré par des documents, des photographies, une bande dessinée restituant pleinement l’époque, les silhouettes du dessinateur Dugudus qui seront aussi collées les jours prochains dans Paris, veut être plus qu’un numéro célébrant une histoire morte. Il entend porter témoignage, mais aussi prolonger les échos, comme le dit son titre d’ «un espoir mis en chantier». Avec la Commune, écrit l’historien Roger Martelli, dans un récit très fourni de ce qu’il décrit comme une onde de choc politique et sociale qui traverse l’histoire, «le rêve dessine les contours dun possible concret, la première matérialisation dun gouvernement populaire, même sil sagit plus dune ébauche que dun projet achevé (). La Commune a fasciné par ce qu’elle a osé et par ce qu’elle a réalisé, mais elle a aussi fait réfléchir parce qu’elle a fini par échouer». Marx et Jaurès, de ce point de vue, en tireront des leçons également évoquées dans ce numéro exceptionnel.

Un événement qui reste «une balise de la lutte des classes»

Ce qu’elle a osé et réalisé, Patrick Le Hyaric dans son éditorial et l’écrivain Laurent Binet le rappellent. Suffrage universel, élections libres, séparation de l’Église et de l’État, école publique gratuite, annulation des loyers impayés, développement des associations et organisations syndicales, interdiction de la prostitution, etc. Reste, au premier chef, écrit Patrick Le Hyaric, «des héritages multiples quelle nous laisse, la force de linitiative populaire, la capacité d’imagination et d’invention proprement révolutionnaire des travailleurs lorsqu’ils s’érigent en pouvoir autonome». La Commune reste en cela «une balise de la lutte des classes». Une lutte des classes qui n’a rien à voir avec une vision étriquée. Ainsi, au-delà des grandes figures comme Gustave Courbet, qui paiera très cher son engagement, des milliers d’artistes participeront à l’insurrection et à ses institutions. On compte dans ses assemblées élues un artiste sur dix.

à découvrir la chronique de Michèle Audin : La Commune de Paris au jour le jour. La fédération républicaine de la garde nationale et ses statuts

Mais ce que ce hors-série met en avant, d’une façon sans doute inédite, c’est le rôle des femmes dans le déroulement des événements. Nous avons cité Élisabeth Dmitrieff. Des pages de portrait sont consacrées à Louise Michel, évidemment, mais aussi à Nathalie Le Mel qui vécut à ses côtés leurs années de bagne, qui fut à la tête de l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, syndicaliste et proche d’Eugène Varlin, qu’un rapport de police avait auparavant décrite ainsi: «Elle soccupe de politique et lit de mauvais journaux.» Portraits aussi d’Anna Jaclard, aristocrate russe, écrivaine, proche à la fois de Dostoïevski qui voulut l’épouser et de Marx, Paule Mink qui fonde la Société fraternelle des femmes ouvrières de Paris… Mathilde Larrère, historienne, cite aussi les paroles de l’une d’elles, André Léo: «Il faudrait raisonner un peu: croit-on pouvoir faire la révolution sans les femmes? Voilà quatre-vingts ans quon essaie et quon nen vient pas à bout. Pourquoi cela? Cest que beaucoup de républicains n’ont détrôné l’empereur et le bon Dieu que pour se mettre à leur place; il leur faut des sujettes.»

Mais les femmes de la Commune, celles que la réaction et même des écrivains, pour leur indignité, décriront comme des chiennes, des pétroleuses, sont des milliers. Dans son article appelé « Elles, les femmes à l’avant-garde », Claudine Rey, présidente d’honneur des Amies et amis de la Commune écrit: «Nombre de ces Parisiennes sont des ouvrières (sur 114000 emplois ouvriers, on recense 62000 femmes). Pour plus de treize heures par jour, elles touchent la moitié du salaire dun homme. Les ateliers sont sans air et sans lumière. Elles sont exploitées et parce quouvrières, elles sont considérées comme des moins que rien...» Elles subissent souvent le droit de cuissage et nombre d’entre elles doivent avec la prostitution faire ce qu’on appelle le cinquième quart de leur journée. «Dès le premier jour de la Commune, écrit-elle encore, les femmes la protègent. Elles mettent en elle tous leurs espoirs.»

Le 17 mars, ce sont d’abord des femmes qui s’opposeront aux troupes venues priver Paris de ses canons. C’est alors que commence la Commune.

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L’Humanité célèbre avec vous le 150ème anniversaire de la Commune de Paris.

7 Mars 2021, 14:13pm

Publié par PCF Villepinte

 
 
Commandez sans attendre le Hors-série « spécial 150 ans de la Commune de Paris : Un espoir mis en chantier ».
 
 

Phare d’espoir pour les opprimés, spectre effrayant pour les possédants, la Commune de Paris reste une balise de la lutte des classes. Cent cinquante ans après cette expérience politique pionnière, une telle persistance interroge. Antiraciste et internationaliste, sociale, démocratique, féministe, laïque… la Commune a laissé de nombreux héritages, à commencer par cette radicalité concrète qui continue d’inspirer la visée communiste. Revivez ces 72 jours de révolution, l’histoire de leurs acteurs et la richesse des débats qui leur succédèrent.
 
124 pages – 8,90 €
 
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La France a besoin d'un projet nourri de l'ambition du « ministre des travailleurs »

27 Janvier 2021, 14:40pm

Publié par PCF Villepinte

Publié le 27/01/2021 par PCF

 

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120e anniversaire la naissance d'Ambroise Croizat : La France a besoin d'un projet nourri de l'ambition du « ministre des travailleurs »

« Jamais nous ne tolérerons que ne soit renié un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès ».


C'est cet engagement d'Ambroise Croizat, dont nous célébrons le 120e anniversaire de sa naissance ce 28 janvier, que les communistes, avec de nombreux syndicalistes, font vivre dans toutes les luttes des salarié·e·s et des retraité·e·s face aux attaques portées contre notre modèle social, par les puissances de l'argent et les gouvernements successifs.

 

Mises en cause des droit des salarié·e·s, des droits de leurs représentants syndicaux, contre-réformes des retraites... les gouvernements successifs, soucieux de nourrir les appétits de la finance, n'ont eu de cesse de s'attaquer à l'édifice bâti par le ministre communiste.


Et alors que la campagne de vaccination balbutie et n'offre encore aucune perspective de sortie de la pandémie, l'exécutif et sa majorité parlementaire dessinent déjà les projets de régression qu'ils comptent imposer au monde du travail et de la création, comme pour préparer les consciences au pire. 


« Il faudra payer », tel est désormais le credo de ceux qui ont fait de la pandémie une crise sanitaire, parce qu'ils ont, depuis des années, affaibli l'hôpital public et perverti le financement de la Sécurité sociale par l'austérité budgétaire, au profit du grand patronat. 


Ils veulent désormais profiter de la crise économique pour reprendre au plus vite leur entreprise de démolition des fondements de notre modèle social. Avec des conséquences lourdes pour le monde du travail : moins de protection sociale, une retraite précaire et plus tardive, un allongement de la durée du temps de travail, la précarité des contrats. 

Il faut aujourd'hui choisir : soit continuer à préserver le capital, les marchés financiers et les grandes fortunes, qui nous ont mené à cette crise inédite, soit s'engager résolument dans la réponse aux besoins de sécurisation de la santé, de l'emploi, de la formation, du système des retraites pour chacune et chacun.


Ce choix, Ambroise Croizat l'a fait au sortir de la tragédie de la Seconde Guerre mondiale en construisant un édifice jusqu'à lors inconnu et a ainsi permis à notre pays de prospérer.


Aujourd'hui, pour sortir d'une crise inédite depuis 1945, le PCF appelle à être à la hauteur de cet héritage. Il propose d'engager notre pays dans la voie d'un nouvel âge de la Sécurité sociale et de poursuivre ainsi l'œuvre du Conseil national de la Résistance et d'Ambroise Croizat. Ce sera le sens de toute son action dans les prochains mois, dans les luttes avec les salarié·e·s comme dans les institutions.

 

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26 Décembre 2020, 07:52am

Publié par PCF Villepinte

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En direct de Tours, en feuilletant l’Humanité de 1920

Mardi 22 Décembre 2020

Grégory Marin

En 1990, pour un hors-série, l’Humanité s’était penchée sur ses archives, et livrait le récit d'un reporter inventé pour la circonstance, mais s'appuyant sur les comptes rendus biens réels du congrès parus entre le 24 et le 31 décembre 1920 dans le journal. Nous reproduisons ici ce récit.

24 décembre 1920

En poussant la porte du journal de Jaurès il y a quelques mois, je ne m’imaginais pas participer à écrire l’histoire. Moi, anonyme bleu et de 1917, devenu par la force des choses pacifiste dans les tranchées du Chemin des Dames, écœuré par les poux, la mort, la maladie. C’est un camarade, fusillé pour avoir chanté la Chanson de Craonne et pour qui j’écrivais des lettres à sa famille, qui m’a soufflé l’idée d’en faire mon métier. C’est en sa mémoire que j’aborde ma première tâche d’envergure au journal ! Dire que dans quelques heures je serai dans cette salle du manège, à Tours, « ce vaisseau nu (...) transformé en une salle de congrès »que décrit si bien mon aîné, Charles Lussy, dans l’Humanité de ce matin.

 « Au fond, la tribune est prête pour les débats oratoires, ornée des drapeaux des sections locales et surplombée par l’effigie trois fois répétée de notre grand disparu. »

Voilà, j’y suis. Ce matin, à peine descendu du compartiment du train que je partageais avec des délégués parisiens, je me suis présenté à la salle des séances. Un vaste hangar attenant abrite le service postal, télégraphique et téléphonique, donnant ainsi aux délégués et à la presse le maximum de commodités. Dès ce soir, « les diverses tendances se réunissent dans des salles différentes pour se concerter en vue du grand débat qui s’ouvre demain et sur lequel est fixée toute l’attention de la France socialiste ».

La question posée est celle de l’adhésion ou pas à Moscou, à la IIIe Internationale communiste. Il s’agit, expliquait le directeur de l’Humanité, Marcel Cachin, dans son éditorial de ce matin, de « mettre le parti de la classe ouvrière en état de faire victorieusement face aux éventualités graves qui l’attendent dans un avenir proche ». Lorsque les délégués, écrit Cachin, « auront rendu en toute indépendance un verdict aussi longuement mûri, la décision de Tours représentera la décision véritable du prolétariat français organisé politiquement ; elle deviendra la règle qui, du plus petit au plus grand, s’imposera à chacun des militants du pays ».

25 décembre 1920

Pendant que les délégués retirent leur mandat, les camarades de Tours convient la philharmonique l’Avenir du peuple à se masser sur la tribune. Elle y joue l’Internationale que le Congrès écoute debout. La chorale du patronage laïque Paul-Bert entonne des chants révolutionnaires pendant que les délégués prennent place, groupés comme à l’habitude par tendances. En quelques mots vibrants, Ferdinand Morin ouvre le Congrès.

La première séance est placée « sous la présidence morale des fusillés du complot, des marins de la mer Noire et de nos regrettés camarades Raymond Lefèvre, Vergeat et Lepetit, victimes du blocus dressé contre la Russie soviétique ». « Au-dessus de toutes les tendances », Ferdinand Morin, applaudi, demande aux délégués « de ne pas oublier la mémoire de notre grand disparu, de Jean Jaurès dont l’effigie est au-dessus de cette tribune et dont l’esprit plane sur ce Congrès. Vous n’oublierez pas tous ses efforts pour réaliser l’unité, son attachement pour elle et les sacrifices qu’il sut consentir pour la maintenir ».

On sent pourtant l’unité menacée dès la reprise de la séance, vers 14 h 30. La question de la IIIe Internationale, abordée dès le début, divise. Le délégué Goude s’emporte et dénonce un « coup de force », terme qu’une partie de sa tendance désavouera. Selon lui, « l’acte de la majorité n’a d’autre but que d’écarter ou même de supprimer les discussions, et peut-être les votes, sur des questions telles que la participation à la conférence de Vienne (1) et l’examen de l’activité parlementaire depuis un an, questions qui, par leur réaction avec le problème principal posé devant le Congrès, auraient été de nature à éclairer un grand nombre de délégués ». Mais c’est finalement le secrétaire du Parti, Louis-Oscar Frossard, coauteur avec Marcel Cachin d’une motion d’adhésion sans conditions à la IIIe, qui s’impose : on entame les débats par cette question. La commission administrative permanente aurait dû désigner des rapporteurs par tendance, mais la majorité, pour l’adhésion, obtient qu’on donne la parole aux fédérations, « comme on le fit au premier congrès qui suivit la guerre », afin de savoir « comment elles conçoivent la politique socialiste de demain ».

Alexandre Varenne, député du Puy-de-Dôme, puis Bracke (Alexandre Desrousseaux – NDLR), député de Paris, opposent à ce modus operandi la durée des débats, « 180 orateurs» sur « 22 heures ». Le délégué du Var Pierre Renaudel, puis le président de notre groupe parlementaire, Léon Blum, défenseur d’une motion rejetant l’adhésion, émettent des réserves sur la possibilité pour chaque tendance de s’exprimer.

Finalement, un compromis se fait jour : « Les délégués de province (par ordre alphabétique) parleront brièvement, étant bien entendu qu’après cette série d’auditions qui cessera dimanche au plus tard (le 26 décembre), les tendances auront les jours suivants leur entière liberté d’expression. » Ainsi commence le long défilé des fédérations, meilleure façon, dictera le soir même Marcel Cachin à une secrétaire du journal, de « faire connaître clairement à tous la véritable pensée du prolétariat français ». D’un côté celles qui, avec Cachin, Frossard et Heine, veulent adhérer sans réserves à la IIIe Internationale, pour « rapprocher l’heure de la révolution » (Ain, Bouches-du-Rhône, Manche, Nièvre), pour « renforcer la discipline de parti » (Ariège, Calvados, Cantal, Cher, Corrèze), ou pour en finir avec « le socialisme de guerre » (Dordogne).

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 De l’autre, celles qui avec Blum, Marcel Sembat ou Marx Dormoy, veulent « sauvegarder l’unité » sans adhérer (Allier) ou considèrent que « le Parti n’a pas à recevoir de directives étrangères » (Marne). Et au milieu, des fédérations qui, reprenant les doutes de Jean Longuet, entendent examiner les conditions d’adhésion édictées par le comité exécutif de l’Internationale communiste, et celles qui veulent adhérer (comme les jeunes fédérations de l’Eure et de la Meuse) tout en adressant « un appel à Longuet pour que l’on fasse l’unité des deux principales fractions ». Je doute qu’il soit possible de concilier toutes les positions. Les Ardennes, le Cher, l’Eure-et-Loir se prononcent pour l’exclusion de ceux qui refusent la mainmise de Moscou, alors que la Haute-Marne, l’Indre-et-Loire, le Jura, le Loir-et-Cher sont « contre toute idée de scission », étant entendu pour ces trois dernières que « les partisans de la motion Longuet-Paul Faure se montreront disciplinés ».

 En effet, ceux qui ont voté cette motion déclarent « qu’ils resteront respectueux des décisions prises. Même ceux qui ont voté la motion  Blum sont loin de toute idée de scission ». Le Pas-de-Calais illustre cette affirmation : sur 5 500 adhérents votant, 3 000 environ se sont ralliés à la motion Cachin-Frossard, 1 600 à la motion Longuet-Faure, 767 à la motion Blum, « mais toutes les tendances ayant la volonté de maintenir l’unité sur les bases de 1905 ». À la clôture des débats, tard ce soir, une question me taraude : qu’adviendra-t-il des socialistes qui ne se reconnaîtront plus dans ce nouveau Parti ?

26 décembre 1920

Un solide petit déjeuner, pris en compagnie de Gassier, qui croque pour le journal de demain les illustres figures de Frossard, Jules Blanc, qui préside la tribune, ou Faure, me permettra de suivre attentivement la séance de ce matin. C’est qu’avant d’approfondir « la grave question qui anime notre parti à l’heure actuelle », comme le souligne Cachin, le Congrès doit finir d’entendre les délégués de province. Ceux dont on a dû interrompre le passage à cause de l’heure tardive et les retardataires. Là encore, les points de vue semblent aller vers l’adhésion à la IIIe et le soutien à la révolution russe, ce que traduit la radicalité des positions. Le délégué des Pyrénées-Orientales, par exemple, soutient que l’état d’esprit des élus diffère de celui des militants: un député n’a-t-il pas demandé que le « butin de guerre soit partagé conformément aux règles de la justice » ? Un autre n’assurait-il pas le ministre de l’Intérieur de sa « respectueuse amitié » ? « Jamais nos militants ne comprendront ce langage ! » Le délégué Métra, du Rhône, poursuit : dans sa fédération, « les communistes ont démasqué les réformistes qui étaient à leurs côtés ». Dans le Bas-Rhin, où les communistes adhèrent en masse, on estime« qu’on ne peut pas être contre la IIIe Internationale sans frapper la révolution russe »

Une partie des délégués de la Somme «refusent de subir les commandements de Moscou»

Mais les réactions d’une partie des délégués de la Somme, qui « refusent de subir les commandements de Moscou », du Var, qui se prononce contre les « proscriptions pour délit de tendance », ou de la Saône-et-Loire, pour qui « l’enthousiasme pour Moscou, a déclaré le délégué Nouëlle, est en raison inverse de la culture socialiste », montrent que les débats seront longs et les positions âprement discutées. Des auditions d’hier et de ce matin, deux constats sont porteurs d’espérance. Le premier c’est que « le Parti possède à travers tout le pays d’admirables réserves d’intelligence et d’énergie qui lui assurent de superbes possibilités de développement».

Le second, que « les minorités, après une loyale discussion, doivent s’incliner devant la décision de la majorité », suffira-t-il à « maintenir l’unité» ? Une fois les fédérations entendues, le sort semble jeté : « Qui pourrait croire, demande mon confrère Daniel Renoult, qui tient la rubrique parlementaire de l’Humanité, que nous accepterions de sortir du Congrès sans avoir voté l’adhésion à la IIIe Internationale ?»

Dans son discours très attendu, le député de la Seine et ancien ministre Marcel Sembat ne peut dire autre chose. Avec lucidité, il note un grand courant d’enthousiasme derrière la motion Cachin-Frossard: « On peut le regretter mais ce serait méconnaître le jeu des forces sociales que de n’en pas tenir compte. » Et pourtant, il agite la même sourde menace d’une attaque d’un « gouvernement à poigne» aux ordres de la bourgeoisie que le Temps appelait de ses vœux il y a quelques jours :« Il n’y a qu’un moyen d’en finir avec le prolétariat, c’est de le pousser au conflit armé. » « Sembat pense que la suprême espérance du gouvernement français, c’est un Versailles, c’est une Commune de répression sanglante », me glisse l’un de mes confrères correspondants, ce qu’il fera imprimer dans l’Humanité du lendemain.

Duel entre Marcel Sembat et Paul Vaillant-Couturier

Le député de Paris Paul Vaillant-Couturier intervient: seule « l’unité d’organisation révolutionnaire» servira de rempart contre l’entraînement vers l’émeute. « Unité fictive », répond Sembat, qui propose de renouer avec la tradition jaurésienne: « Jaurès pensait que l’on pouvait concevoir les réformes comme révolutionnaires mais qu’on ne devait jamais sacrifier l’éventualité révolutionnaire. Il pensait qu’un peuple opprimé a le droit d’user de tous les moyens et même de la violence pour s’affranchir. » Mais Vaillant-Couturier s’indigne qu’on oppose les idées d’avant-guerre de Jaurès et Moscou : selon lui, il aurait certainement évolué puis qu’il y a eu « le socialisme de guerre et la collaboration ministérielle ». Mais Sembat s’enferre: « Nous sommes en présence d’une société qui croule et peut-être nos erreurs vont retarder sa chute. » Les positions des uns et des autres sont inconciliables. Les débats de demain promettent des échanges très vifs.

 27 décembre 1920

Sans doute, depuis qu’il existe en France un Parti socialiste, jamais décision aussi importante n’avait été demandée à ses représentants.

Pour faciliter cette décision, le Congrès décide de répartir les temps de parole aux différentes tendances en fonction de leur audience au sein du Parti : quatre heures à la motion Blum-Paoli (contre l’adhésion à la IIIe Internationale), cinq à la motion Longuet-Paul Faure, deux à la motion Leroy (toutes deux pour l’adhésion avec réserves), cinq à la motion Cachin-Frossard (adhésion sans réserves).

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C’est cette dernière qui débute la série de discours. Marcel Cachin monte à la tribune avec enthousiasme pour raconter ce qui constitue la genèse de son engagement en faveur de l’adhésion : son voyage en Russie avec Frossard. « Nous avons eu le privilège insigne de vivre pendant plusieurs semaines dans une nation socialiste d’où la bourgeoisie et le capitalisme ont disparu. » Et, pour contrer les vaines polémiques accusant la révolution russe de « violences », de vanter la « tradition socialiste » à l’œuvre en Russie : « (Jules Guesde) n’a-t-il pas répété au prolétariat d’envisager comme une éventualité nécessaire, qui fût imposée à ses aînés, les communards, les hommes de 1848, la défense révolutionnaire, celle de l’attaque révolutionnaire au moment où les circonstances l’appelleraient à l’action ?

(…) Comment proposait-il la révolution ? Sous une forme édulcorée ? Opportuniste? Participationniste ? (…) Permettez-moi seulement cette citation d’un article de 1895 que vous trouverez page 397 du Socialisme au jour le jour : “Il faut d’abord conquérir le pouvoir politique par tous les moyens, extrêmes ou légaux.” »Quelques voix s’élèvent pour parler de « détournement» de la pensée de Guesde. Cachin répond : « En France, c’est toujours la force qui a couronné l’entreprise commencée par voie légale. Le fusil a complété l’urne. »

« Nous avons le devoir de réunir ouvriers et paysans français dans un effort maximum pour résister à tout nouvel effort de conflit international »

« Quand nous aurons réalisé comme les Russes la suppression de notre capitalisme, nous pourrons nous permettre de leur apporter nos réserves et nos critiques », lâche-t-il devant le Congrès. Avant toute chose, il faut rassembler le prolétariat français, clame-t-il. « Nous avons le devoir de réunir ouvriers et paysans français dans un effort maximum pour résister à tout nouvel effort de conflit international » à côté de la révolution russe, « la forteresse essentielle à cette heure dans le monde contre l’impérialisme universel de la bourgeoisie ! ». Son discours est d’une telle portée, applaudi par la majorité, respecté même par ceux qui n’en approuvent pas les visées, qu’il est décidé de l’imprimer.

Mais c’est à Paul Faure de prendre la parole, contre les conditions obligatoires à l’adhésion. Il fustige par exemple l’abandon de la proportionnelle dans le Parti : « Depuis quand réclamez-vous cette suppression ? Depuis que vous êtes la majorité. Quand vous étiez la minorité, vous avez réclamé le bénéfice de la proportionnelle. (…) Aujourd’hui vous nous refusez la liberté dont vous avez joui. »Tremblant de colère, le rédacteur en chef du Populaire du Centre poursuit : « Nous ne voulons pas quitter ce Congrès sans que vous nous ayez dit loyalement ce que vous voulez et ce que vous ferez de nous. (…) On nous déclare qu’il nous sera permis de rester dans le Parti, qu’on nous accorde trois mois. Trois mois pour quoi faire ? Pour demander pardon… De quoi et à qui ? À qui ? » Il est applaudi par une partie des congressistes, qui se lèvent et l’acclament.

 C’est dans une ambiance tendue que les travaux de l’assemblée sont levés pour le déjeuner. Lorsque la séance reprend, de nombreux délégués, dans le sillage de Faure et Longuet, demandent des éclaircissements : pourquoi 21 conditions d’adhésion à la IIIe Internationale, alors qu’il n’y en avait que neuf dans le document officiel de l’Internationale communiste rapporté de son congrès par Frossard ? Ce dernier explique, très écouté : « Le Congrès s’est réuni en séance plénière après notre départ. » Car, « quand j’avais su que l’on nous imposait des conditions supplémentaires et en particulier l’exclusion de camarades de la fraction centriste, j’ai quitté le Congrès, montrant par là que je considérais que les pourparlers ne pouvaient pas continuer si on nous imposait des conditions que je jugeais inacceptables ». « Le jour où pour la première fois je l’ai connu » (le texte définitif), c’est« à la fin du mois de septembre par une lettre de l’Internationale publiée par un journal allemand ».

« Ce n’est pas du communisme, cela, c’est de la cuisine »

Peu après, la défense par le délégué Leroy de sa motion a tourné au charivari : « Alors notre volonté d’enlever toutes réserves aux conditions signifie signifierait que nous votons contre l’adhésion ? Ce n’est pas du communisme, cela, c’est de la cuisine », a-t-il déclaré. La suite de l’après-midi est consacrée au discours du député Blum, qui prend la parole dans une ambiance agitée. « Les décisions du IIe congrès de l’Internationale communiste constituent un corps de doctrine cohérent. Adhérer à la IIIe Internationale, c’est accepter cette doctrine : toute autre forme d’adhésion serait une comédie indigne du parti français. » C’est justement parce que cette doctrine est « cohérente » qu’il faut l’accepter ou la refuser tout d’un bloc, ce qu’il préconise. Car selon lui, « la théorie communiste est erronée, contraire à la doctrine socialiste, contraire aux faits ».

Cette affirmation posée, il s’attaque à une pensée qu’il considère comme excluante: « Parce que le Parti tendait à grouper tous les travailleurs, il était un parti de libre-pensée et faisait des affirmations simples. Il suffisait de croire que l’avènement du socialisme est lié à la fin du capitalisme pour être admis, et tout adhérent pouvait avoir telle opinion qu’il préférait sur les moyens. » Or ne seront plus admis dans le nouveau Parti, croit-il, que ceux qui accepteront de « penser ensemble » : « On instaure une doctrine qui supprime la liberté de penser. »

Blum poursuit en opposant sa vision, celle de la transformation économique par la « prise de possession des pouvoirs politiques », donc de l’État par « tous les moyens violents ou légaux » à deux« déviations ». Premièrement, l’erreur réformiste,  qui prétend que la transformation économique peut être produite sans conquête de l’État ». Deuxièmement, l’erreur anarchiste « qui en arrive à voir dans la prise de possession du pouvoir la fin de l’action révolutionnaire ». « Cette erreur anarchiste est à la base de la doctrine de la IIIe Internationale.» Il en tire donc la conclusion qu’il subsistera après une éventuelle scission « deux conceptions opposées : socialisme et communisme », deux doctrines « incompatibles ».

Restera à « garder la vieille maison pendant que les communistes iront courir leurs aventures ». Pourvu, formule-t-il, « qu’on ne se dresse pas en ennemis afin de pouvoir réintégrer un jour le foyer commun ». Acclamé par ses soutiens, hué par la majorité, il quitte la tribune sous une violente charge de Daniel Renoult: « L’auteur de la scission c’est lui. J’accuse ici Blum d’avoir préparé la scission !» S’ensuit un grand tumulte. Dans le silence qui se fait petit à petit, Frossard prend la parole. Dès demain, déclare-t-il, il indiquera « en quoi la politique que nous voulons donner au Parti diffère de celle que Léon Blum vient d’exposer.»

28 décembre 1920

Après avoir pris par téléphone des nouvelles du journal, dont les locaux ont été touchés par un début d’incendie (heureusement sans gravité!), je pénètre dans la salle du manège, où règne une ambiance lourde. La discussion générale reprend. Le maire de Roubaix, député du Nord Jean-Baptiste Lebas, défend les réformistes (dont il est, avec Bracke, Blum, Renaudel) qu’il estime injustement attaqués par les communistes qui ont fait de la condamnation du réformisme une des 21 conditions d’adhésion. « Tous, au Parlement, nous réclamons des réformes. Qui donc parmi les communistes oserait se désintéresser de l’amélioration de la loi sur les accidents du travail et du maintien de la loi sur les huit heures ? (…) Les réformes sont précieuses parce qu’en améliorant le sort de l’ouvrier elles lui permettent de s’instruire et le rendent plus apte à abattre le capitalisme. »

« Sous peine d’apparaître comme un parti d’impuissants et de paresseux intellectuels, nous ne pouvons prendre une attitude uniquement négative.» Après lecture de la lettre de nos camarades du «complot» emprisonnés, et du télégramme de l’Internationale communiste, qui a provoqué bien des remous, la séance du matin est levée. Pour débuter cette séance de l’après-midi et comme il l’a promis hier, Louis-Oscar Frossard prend la parole. Il se dit troublé et angoissé à la pensée que demain se dresseront, « l’injure aux lèvres et les poings tendus, des hommes qui hier, en des heures difficiles, menèrent le même combat ». Pour lui, le communisme n’est ni une « aventure », comme dit Sembat, ni l’abandon de la culture socialiste que craint Blum. Faut-il rompre tout contact avec nos anciens camarades ? Frossard pense qu’il est « possible au second tour que certaines attitudes soient nécessaires (…) mais on n’a pas le droit de déshonorer le Parti par des coalitions électorales ». « Nos » députés devront être « strictement disciplinés », mener « une propagande active ». « Puis les députés socialistes devront apporter à la Chambre des protestations que l’on a parfois oubliées. »

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Mais le parlementarisme ne saurait se justifier que dans l’affirmation de la pensée socialiste, pour planifier des actions pour améliorer la condition ouvrière et gêner le capitalisme. Quant au profil du nouveau Parti que Frossard appelle de ses vœux, il devra consacrer « un pouvoir fort à (sa) tête », un comité directeur avec une autorité« suffisante », qui prendra l’avis du Parti tous les trois mois dans ses conseils nationaux. La minorité pourra y faire entendre sa voix « dans la proportion même où elle aura recruté des adhérents à ses idées ». « Cette proportionnelle appliquée et nécessaire dans le pouvoir législatif ne peut l’être dans le pouvoir d’exécution, c’est-à-dire le comité directeur.

Quant à notre journal, « un grand journal comme l’Humanité doit-il être le champ de discorde où s’étalent nos querelles intestines ? Il s’adresse au grand public et la violence de nos polémiques l’écarte parce qu’il ne sait pas ce qu’est le Parti et ce qu’il vaut ». « La politique déterminée par nos congrès doit être la seule sur laquelle devra porter la propagande du journal du Parti. Un organe spécial sera créé où les tendances diverses pourront devant les membres du Parti confronter leurs divers points de vue. »

La diatribe de Frossard est interrompue par  le président le temps d’accueillir la déléguée de l’Internationale communiste, Clara Zetkin, arrivée d’Allemagne malgré l’interdiction des autorités (lire par ailleurs). Puis il reprend, espérant réduire les craintes d’exclusion : « Il y a des hommes que je connais depuis quinze ans et qui sont, je le proclame, des socialistes : Blum qui a apporté au Parti son talent et son caractère, Renaudel avec qui je n’ai jamais été d’accord mais dont je veux saluer le courage et la probité (…), Bracke qui a donné sa vie au socialisme et qui évoque pour nous fatalement la figure de notre maître à tous, Jules Guesde. Je leur dois cet hommage et je le leur rends. » Évoquant les heures tragiques où la réaction française guettait Jean Longuet contre qui se tramait un complot politique qui pouvait l’amener au poteau, Frossard, avec une émotion qui gagne le Congrès, adjure le centre de ne pas oublier ces heures vécues en commun, de rester dans le Parti où « ils ont leur place et leur rôle dans les batailles qui viennent ». Le Congrès décide l’impression de son discours.

Longuet prend sa suite à la tribune. Ni le discours de Frossard, ni l’intervention de Clara Zetkin, ni le télégramme de Zinoviev ne l’ont rassuré : « L’unité  du Parti ne serait pas menacée si le Parti obéissait à ses propres inspirations et non pas à des ordres venus du dehors. » Il dresse une liste des Partis socialistes dans le monde divisés par la question et qui, selon lui, se coupent des travailleurs: « En se joignant à la IIIe Internationale, on ne se rapprochera que d’une fraction du prolétariat mondial. (…) La dépêche de Zinoviev lue ce matin est un avant-goût de ce qui (nous) attend après l’adhésion. » Puis Longuet, épuisé, demande la permission de continuer le lendemain. Il est 20 heures. La discussion de demain sera entièrement consacrée à la IIIe Internationale

29 décembre 1920

Le Congrès se prononce aujourd’hui sur l’adhésion à la IIIe Internationale, « dans la fièvre et le tumulte de l’action ». Longuet, visiblement reposé, termine son discours de la veille, reprenant des mots que Blum a prononcés quelques jours plutôt : « Un jour peut-être la maison commune sera reconstruite et les abritera toutes. »

 En attendant, déplore-t-il, la « vieille maison » sera divisée entre un Parti communiste « qui ne sera plus le Parti de Jaurès » et un « parti de droite qui ne sera pas non plus le Parti de Jaurès ». Paul Vaillant-Couturier, provocant, pousse plus loin l’argumentation : «La scission va permettre à la droite de faire la politique d’entente républicaine », dit-il. « Je sais que demain la bourgeoisie vous couvrira de fleurs.

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Espérons que vous n’irez pas à elle. » Autour de cette question, les esprits s’échauffent. Paul Mistral s’adresse à Daniel Renoult : « Vous avez dit que le passé n’existait plus. Alors pourquoi cette nouvelle condamnation de notre passé, de votre politique, Renoult, de votre politique, Frossard ? » Hier soir, Paul Faure, croisant Frossard, lui a dit ceci : « Aujourd’hui j’ai été exclu deux fois. La première par Zinoviev, et par ton discours ensuite. »Aujourd’hui, il interroge la majorité : « Il faut nous dire si tels que nous sommes, tels que vous nous connaissez depuis vingt ans, sans rien changer de notre pensée, nous pouvons rester dans le Parti français. » C’est sur cette question que le Congrès lève sa séance du matin

L’après-midi n’ayant été qu’une longue succession d’attaques, professions de foi, introductions de motions aussitôt retirées, de discussions annexes au Congrès entre différentes factions tentant des conciliations, intéressons-nous à la séance de nuit, dont le vote doit être le point d’orgue. À 21 heures, les délégués se retrouvent dans une ambiance très tendue. La tribune est envahie par les Partisans de Mistral, de Longuet, qui demandent à ce que le Congrès condamne le télégramme de l’Internationale. Blum retire sa motion : « Nous la considérons comme déjà rejetée. » La mort dans l’âme, le député explique que lui et ses Partisans ne prendront pas part au vote sur les motions ni sur les votes suivants. Il est déjà hors du Parti…

« Nous avons quitté 1920 socialistes, nous abordons 1921 en socialistes »

C’est sur cette triste note que débute le vote, à 21 h 45. Dans un silence impressionnant, les délégués défilent devant l’urne à l’appel de leur nom. À 22 h 10, l’appel est terminé. Jules Blanc proclame les résultats à 22 h 18 : pour l’adhésion (motions Cachin-Frossard et Heine), 3 252, pour l’adhésion avec réserves (motion Faure-Longuet),1 022 mandats. Abstentions (les Partisans de Blum), 387 voix, absences, 32. La majorité se lève et entonne l’Internationale. Lorsqu’elle se rassoit, la minorité se lève et l’entonne à son tour. La majorité alors se relève et écoute debout, mais silencieusement le chant de la minorité. Celle-ci pousse ensuite le cri de « Vive Jaurès ! » La majorité le répète. Puis Daniel Renoult jette : « Vive Jaurès, soit, mais vive Lénine aussi ! »

Tous les communistes reprennent le cri : « Vive Lénine ! Vivent les Soviets ! » Le Congrès adopte « dans un tel élan d’enthousiasme » qu’il n’est plus question de critiquer le télégramme de Zinoviev : « Nous ne pouvons pas accepter de prendre une attitude odieuse et ridicule en entrant en conflit avec l’exécutif de Moscou », déclare Daniel Renoult. Voilà qui conclut réellement le Congrès, même s’il reste de menues questions à traiter demain

30 décembre 1920

Avant de clore officiellement le Congrès, la commission permanente aborde la question des élus : il est convenu que tous les élus seront considérés comme adhérents du Parti, jusqu’à ce qu’ils aient manifesté leur volonté de le quitter. On les convoquera afin de connaître leurs intentions. Reste à régler la question des journaux (pour l’Humanité, on a vu hier la position de la majorité) de province, le Populaire du Centre, le Droit du peuple…Triste besogne, que contrebalance l’espérance affichée dans son éditorial de ce matin par Marcel Cachin, qui inscrit sur papier ce qui sera la ligne politique : « La majorité a parlé. Elle a parlé librement. Chacun des militants n’a qu’à s’incliner devant le verdict souverain. » Les fédérations sont appelées à se réunir au plus tôt, «pour triompher des manœuvres dirigées contre le Parti ».

31 décembre 1920

De retour à Paris. Dans les locaux de l’Humanité, la tension de ces derniers jours a fait place à une ambiance studieuse, dans laquelle nous travaillons à un avenir radieux, comme dit mon collègue Renoult. Pour commencer l’année 1921, il écrit un article qui résume l’état d’esprit du nouveau Parti :« Si quelques faibles courages fléchissent, quelle formidable compensation ne nous sera pas assurée par la venue en masse d’adhérents nouveaux, sortis des masses profondes, et surtout de ces organisations syndicales où se trouvent tant de vaillants militants communistes comme nous, serviteurs de la révolution russe comme nous, et qui n’avaient été jusqu’ici écartés de nos rangs que par l’attitude trop hésitante du Parti. » Nous avons quitté 1920 socialistes, nous abordons 1921 en socialistes, déclare-t-il, enthousiaste. Et pour rendre hommage à Jaurès : « C’est en se dirigeant vers la mer que le fleuve est fidèle à sa source. »

centenaire du PCF

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Congrès de Tours : la volonté d'une rupture forte au sein de la SFIO

17 Décembre 2020, 09:14am

Publié par PCF Villepinte

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Fabien Roussel était l'invité de La montagne, Nice Matin et l'Opinion.

24 Novembre 2020, 14:55pm

Publié par PCF Villepinte

Publié le 23/11/2020 par PCF

Revue de Presse du week-end du 21 novembre.

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L’opinion

 

https://www.lopinion.fr/edition/politique/fabien-roussel-il-faut-pcf-fort-redonner-l-espoir-monde-travail-229460



Fabien Roussel : « Il faut un Parti communiste français fort pour redonner de l’espoir au monde du travail »


Fabien Roussel est député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français (PCF) depuis 2018. Il est le onzième dirigeant de la formation politique, qui fêtera fin décembre les cent ans de sa fondation à l’issue du fameux congrès de Tours en 1920 et la scission de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO).
La majorité des militants vote alors l’adhésion à l’Internationale communiste fondée par Lénine. C’est la naissance de la Section française de l’Internationale communiste (SFIC) qui deviendra le Parti communiste. Un siècle plus tard, c’est à la tête d’une formation affaiblie mais toujours présente à gauche que Fabien Roussel ouvrira les festivités.

 

Le PCF fête ses cent ans à la fin de l’année. Comment expliquez-vous sa longévité? La lutte des classes existe toujours. Tant que ce rapport de force persistera, il subsistera un fond communiste pour porter ce combat. Au début des années 2000, le milliardaire américain Warren Buffett disait: « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner ». C’est lui qui a exprimé le mieux cette réalité! Ensuite, le PCF est né au lendemain de la Première guerre mondiale pour porter le combat pour la paix.


Il a continué à le faire tout au long de son existence, à travers les luttes internationalistes pour la décolonisation, la liberté des peuples et leur indépendance. Il a aussi mené en France des combats importants pour défendre le monde du travail, en 1936, en 1968, en 1981 et même en 2005 avec la victoire du « non » au référendum sur la constitution européenne.
Entre-temps, il y a eu la résistance pendant la Seconde guerre mondiale puis la participation en 1945 au gouvernement provisoire du général de Gaulle. C’est la création de la sécurité sociale, du système de retraites par répartition et du droit de vote des femmes grâce à l’amendement défendu en 1944 par le communiste Fernand Grenier… Ces dates import antes trouvent encore leurs prolongements aujourd’hui et c’est sans doute cela qui explique notre enracinement dans l’histoire du pays.


L’histoire du PCF épouse celle de la France au XXe siècle, avec ses « moments de dogmatisme et d’aveuglement » comme vous l’écrivez dans la préface. Lesquels? Nous avons fait une analyse lucide du stalinisme que nous avons dénoncé, tout en restant communistes mais sans remettre en cause le PCF et ses combats. Nous avons cependant su garder un esprit critique sur ce qu’il se passait dans d’autres pays au nom du communisme.

 

A son époque, Georges Marchais avait pris ses distances avec la manière dont le Parti communiste de l’Union soviétique gérait le pays, notamment sur la question des Droits de l’Homme. Nous avons eu notre originalité sans jamais renier nos fondamentaux, ce que n’ont pas fait d’autres partis. Je pense en particulier à la droite, qui a une histoire forte dans notre pays mais qui, face aux soubresauts de l’histoire mais aussi face à ses erreurs, a fait le choix de changer d’étiquette et même de voie. Nous avons décidé de garder la même maison et ses fondations.


Le PCF s’est longtemps démarqué par son anticolonialisme, quelles traces a-t-il laissées dans l’histoire
? Nous avons souffert d’attaques et de persécutions pour cela. Plus récemment, nous avons été en France à la pointe du combat contre l’apartheid et pour la libération de Nelson Mandela. J’ai moi-même été formé comme cela, j’ai adhéré aux jeunesses communistes pour lutter contre l’apartheid.
Je me suis fait tabasser à des manifs, j’ai fini plusieurs fois au commissariat et ai même été molesté, laissé nu au poste à 17 ans pour m’humilier. Nous étions minoritaires mais quand Nelson Mandela est mort vingt ans plus tard, le monde était à son chevet…

 

Tout ça appartient désormais au passé, mais le combat contre le colonialisme, l’indépendance des peuples et le respect de leurs choix est fortement actuel.
Les enfants de la troisième et de la quatrième génération ont besoin d’avoir accès à cette mémoire et de connaître les combats qui ont aussi été menés en France à cette époque. Des militants communistes ont perdu la vie, fait de la prison et été persécutés parce qu’ils avaient fait le choix de l’indépendance de l’Algérie. Le mettre en avant serait une source d’apaisement, tout comme il faudrait trouver les mots et exprimer des regrets pour dire que les choix faits par les dirigeants d’alors n’étaient pas justes.


L’histoire du PCF, c’est aussi celle de l’union des gauches. Aujourd’hui, où en est-on? Les débats qui ont émaillé le congrès fondateur de Tours en 1920 perdurent. Entre la social-démocratie qui ne remet pas en cause le capitalisme et la gauche communiste qui souhaite mettre en place un autre système économique plus juste et plus humain, le combat idéologique persiste. C’est aux citoyens de le trancher. L’originalité du PCF par rapport à d’autres forces de gauche, c’est d’avoir toujours été un parti de rassemblement prêt à s’unir dans l’intérêt de la nation et du monde du travail.


C’est le choix que nous avons fait en 1936 avec Léon Blum et les radicaux, qui n’était pas évident, mais aussi en 1945 avec de Gaulle, ce qui était encore moins évident. Enfin en 1973 quand nous choisissons de soutenir François Mitterrand à l’élection présidentielle. Ce sont à chaque fois des mouvements populaires pour l’intérêt général. C’est ce qui doit nous guider, contrairement à ceux qui aujourd’hui à gauche mettent des préalables au rassemblement.


Quelle place occupe la victoire du « non » au référendum de 2005 sur la constitution européenne dans l’histoire du parti? C’est un moment très important pour deux raisons. Premièrement, c’était une victoire populaire qui a fait la démonstration que le peuple pouvait être lucide et faire un choix en conscience sur cette construction européenne ultralibérale. Les Français ont dit non et le grand malheur de notre pays, c’est qu’il n’a pas été respecté. Par Nicolas Sarkozy d’abord puis par François Hollande. Deuxièmement, la leçon de cette victoire est qu’elle a été rendue possible parce que le PCF a tendu la main aux autres forces de gauche pour mener une campagne commune.


Nous avons fait des tribunes communes avec des dirigeants socialistes, écologistes, des associatifs et des syndicalistes. Marie-George Buffet, alors secrétaire nationale, avait fait le choix de partager le temps d’antenne qui lui était dévolu avec d’autres formations. Ce rassemblement a permis de donner un contenu progressiste au vote pour le « non », à la différence de celui de l’extrême droite qui était nationaliste.
« Dire que les partis sont dépassés et qu’ils ne servent à rien, c’est se raccrocher à l’homme ou à la femme providentielle, à des mouvements éphémères ».


Le parti a compté à son apogée des centaines de milliers de membres avec un sentiment d’appartenance très fort. Que reste-t-il de cet âge d’or? Je ne suis pas nostalgique. Le PCF, ce sont aujourd’hui 90000 sympathisants dont 50000 cotisants. Nous devons être lun des premiers partis de France en la matière. En plus de notre réseau d’élus, des 630 mairies communistes et de nos deux groupes à l’Assemblée et au Sénat.


Nous avons toujours des réunions locales dans les villages, les villes et les quartiers où on se retrouve ensemble pour faire de la politique mais aussi pour des moments de fraternité et de convivialité. J’ai justement envoyé un message à tous les adhérents pour les appeler à faire vivre cet esprit de camaraderie pendant le confinement, prendre soin de la famille communiste mais aussi du voisin, du collègue, etc.


Mais il est vrai que l’engagement politique diminue fortement, toutes forces confondues, et c’est grave pour la démocratie. Les gens courent le risque de devenir des consommateurs de la politique. Ils ne votent plus et nous devenons de plus en plus dépendants de forces extérieures. Dire que les partis sont dépassés et qu’ils ne servent à rien, c’est se raccrocher à l’homme ou la femme providentielle, à des mouvements éphémères.


Vous avez été élu sur un discours critique de la période récente, sans candidats du parti à la présidentielle. Est-ce toujours le cas? La situation politique que nous vivons en ce moment démontre qu’il est nécessaire d’offrir un espoir aux Français. Ils doivent savoir qu’on peut sortir de ce système économique qui privilégie l’argent, la concurrence et la compétitivité. Qui oppose les Français et les divise. Il est important qu’il y ait un PCF qui redonne de l’espoir au monde du travail, c’est tout l’enjeu de notre congrès de l’année prochaine et du choix que nous aurons à faire pour l’élection présidentielle de 2022.

 

 

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Déclaration des communistes de Villepinte

26 Avril 2020, 12:03pm

Publié par PCF Villepinte

 

Déclaration des communistes de Villepinte

 

En ce dernier dimanche d’avril, la section des communistes de Villepinte souhaite honorer la mémoire des 76000 personnes déportées parce qu’elles étaient juives et des 89000 autres déportées pour faits de résistance.

Une pensée particulièrement émue accompagne les 1 175 hommes du convoi dit des «45000» et les 230 femmes du convoi dit des «31000», dont seulement 168 survécurent. Militant.e.s politiques, militant.e.s syndicaux, ces femmes et ces hommes épris de justice sociale ont formé les deux seuls convois de déportés politiques français envoyés au camp d’Auschwitz.

Si la crise sanitaire nous empêche de nous réunir pour nous souvenir ensemble des victimes et des héros de la déportation, il nous faut garder vive la mémoire de ces femmes et de ces hommes, soixante-quinze ans après la libération des camps, pour que de telles abominations ne puissent jamais ressurgir.

Hitler accéda au pouvoir par les urnes et fut nommé chancelier en 1933, surfant sur la crise financière et professant l’idéologie de haine, de xénophobie et d’antisémitisme qui a conduit les déportés, auxquels nous rendons hommage, au cœur du système concentrationnaire nazi.

Si nous ne sommes pas vigilant-e-s, de mêmes mécanismes désignant à la vindicte l’étranger, le faible ou le différent comme responsable de tous les maux, prospéreront de nouveau.

La France est aujourd’hui confrontée à une crise sanitaire, sociale et économique d’une gravité extrême, qui pèse sur des millions de familles à travers le pays, en Seine-Saint-Denis comme à Villepinte.

Alors que de crise en crise, le capitalisme financier prouve son incapacité à répondre aux besoins humains les plus essentiels, que les souffleurs de haine se tiennent en embuscade, l’appel à «des jours heureux» ne peut demeurer une vague formule incantatoire.

A l’image de nos aîné-e-s qui ont su se fédérer au sein du Conseil national de la Résistance, pour élaborer le programme émancipateur qu’ils appelèrent «Les Jours heureux», jetant les bases démocratiques, solidaires et de justice de notre modèle social contemporain, l’urgence est à une révolution de notre mode de développement!

Les communistes de Villepinte sont pleinement engagé-e-s dans la construction d’un monde d’après, plaçant l’humain et la planète au cœur de tous nos choix.

Parti communiste français, section de Villepinte.


26 avril 2020

 

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