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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Culture -

8 Juillet 2010, 05:38am

Publié par PCF Villepinte

  le 7 Juillet 2010

 

Coup d’envoi ce soir, en direct du palais des Papes

 

La Cour d'honneur du palais des Papes

Le metteur en scène Christoph Marthaler et l’écrivain Olivier Cadiot sont les deux artistes associés de cette nouvelle édition à dominante danse, performances et autres hybridations.

Avignon,

envoyée spéciale.

La tragédie aurait déserté le théâtre. Elle se jouerait ailleurs, désormais, sur des pelouses vert-gazon foulées par d’étranges silhouettes qui se disputent un ballon rond ; sur les routes de France où les coureurs rivalisent d’astuces pour déjouer les lois de la nature (et celles du sport). La tragédie serait ailleurs et les ingrédients seraient les mêmes : trahisons, retournements de situation, combats fratricides, dénouement fatal, bref amour, gloire et beauté. Il en manque un pourtant et il est de taille : le poétique. La poésie du monde qui s’empare du plateau et qui, soudain, s’échappe dans les travées et capte l’attention du spectateur dans une communion intime et collective à la fois. Ces expériences, nous les avons vécues et les vivons encore. À Avignon, bien sûr, avec ce frisson d’inquiétude et d’excitation qui vous parcourt avant même que le spectacle n’ait commencé. Ailleurs aussi, dans d’autres théâtres, à Paris, en région (on ne dit plus province, m’a-t-on fait remarquer dernièrement). Et tandis qu’une poignée de millionnaires se trémousse en short sur du gazon, au théâtre, on fait beaucoup avec peu. Mais c’est dans cet interstice du peu que l’humanité, même malmenée, inquiète et inquiétée se glisse. Avec des auteurs d’hier et d’aujourd’hui. Avec des acteurs. Et l’absence de certains d’entre eux – on pense à Terzieff, à Benedetto, à Georges Wilson – se rappelle à nos mémoires encore fraîches de leurs voix. Avec des subventions sans lesquelles les spectacles ne pourraient se monter.

Et quand ailleurs on parle prime et gros sous, ici, au théâtre, on les compte. Jamais les pouvoirs publics ne se sont autant débinés, se désengageant à plus d’un titre, faisant la sourde oreille, se désintéressant. On parle de gel ou de baisse budgétaire. On parle de rationaliser, d’économies, au nom de la RGPP. Les conséquences sont visibles. À Avignon, cette année, pas de Carrière de Boulbon, ce lieu dont la beauté naturelle provoque des moments d’émerveillement, comme ce fut le cas l’an passé avec le spectacle de danse d’Israel Galvan. Trop cher.

 

Pour faire communauté

Mais cette fuite en avant ne concerne pas que le spectacle vivant. Ainsi récemment les directeurs du Louvre, du musée d’Orsay et de Beaubourg se sont inquiétés auprès du ministre de la Culture de la baisse des subventions annoncées pour leurs établissements et craignent que cette « logique du court terme ne mette en péril des dynamiques construites dans la durée ». Au ministère, on parle d’une « lettre de cadrage de Bercy (qui) évoque une baisse de 10 % sur trois ans pour le fonctionnement et de 1,5 % pour l’emploi » (le Monde du 21 juin 2010). Les personnels des musées en grève en décembre dernier ne disaient-ils pas la même chose ? De telles orientations signifieraient moins d’expositions, moins de travaux de rénovation des bâtiments et, pour en revenir au spectacle vivant, moins de créations.

Le théâtre, c’est ce lieu partagé d’une expérience, l’endroit d’une aventure collective qui fait communauté entre acteurs et public, quand par ailleurs les politiques actuelles s’évertuent à séparer les hommes, à défaire le sens commun partagé. La lutte des hommes de théâtre, c’est la lutte des cheminots, la lutte des travailleurs de France Télécom, la lutte des professeurs de français, la lutte des puéricultrices de crèche, la lutte contre l’asservissement, la lutte contre la haine. La même lutte. Alors les coupes sombres sont la lumière qu’on éteint, les feux de la rampe qui ne brillent plus et les cœurs qui s’éloignent. À travailler plus pour gagner plus, les hommes de théâtre répondent travailler plus pour jouer plus pour faire communauté. Alors parfois la pièce est violente, les mots sont gros et partent en rafale mais l’insulte n’est jamais gratuite.

 

L’aventure des hommes

C’est cette expérience fragile et fragilisée que nous allons revivre et partager à Avignon cette année encore. Une expérience qui revient chaque été et fait appel à notre lucidité, à notre intelligence et à notre goût pour l’inattendu. Il s’y déroule là, à l’ombre des murailles, quelque chose qui raconte l’aventure des hommes et qui nous éclaire sur la marche du monde. Les yeux grands ouverts, c’est dans le noir que nous y voyons le plus clair.

Ce soir, dans la Cour d’honneur, nous assisterons à la création de Papperlapapp, de Christoph Marthaler. On pourrait traduire le titre par « Blablabla ». Comme un pied de nez au pathétique du monde des puissants.

 

Du 7 au 27 juillet. 
Renseignements : 04 90 14 14 60. 
Billetterie : 04 90 14 14 14.

Marie-José Sirach

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