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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Hôpital

21 Février 2024, 08:23am

Publié par PCF Villepinte

Crise de l’hôpital :

des patients « souillés » dans les couloirs des urgences du Havre, alertent les syndicats

La semaine dernière, les syndicats CGT et SUD du groupe hospitalier du Havre alertaient sur un « danger grave et imminent » dû à l’engorgement du service des urgences. Selon eux, 33 patients ont été placés sur des lits de fortune au milieu des couloirs, en attente de transfert dans les services.

L'Humanité Léa Petit Scalogna

Aux urgences adultes de l'hôpital Jacques Monod, au Havre.

Un matin, au local de la CGT de l’hôpital Jacques-Monod du Havre, les syndicalistes reçoivent un appel à l’aide. Au bout du fil, le personnel soignant des urgences, éreinté, à bout de souffle, dépassé. Jennifer Dumont Bouder, cosecrétaire de la CGT Mict (médecins, ingénieurs, cadres et techniciens), décroche et constate « un sureffectif de patients installés sur des brancards ou des lits de fortune dans des salles de réunion et des couloirs. Cela dans des conditions déplorables ».

Ce mardi 13 février, ils sont 33 à être placés les uns derrière les autres, dans une file d’attente improvisée, selon les syndicats. Les malades errent dans les locaux des urgences « casés là où il y a de la place », en attente d’une hospitalisation en service.

Un des soignants, depuis sa prise de poste à 6 h 30, jusqu’à 9 h 30, a changé et nettoyé des patients « à la chaîne », trois heures durant. Leur intimité et leur pudeur ne sont que partiellement protégées à l’aide de simples paravents. Ne sachant que faire, les agents ont ensuite réservé un box et condamné une salle d’attente pour faire la toilette des patients placés dans les couloirs.

Dans une lettre adressée à la direction du Groupe hospitalier du Havre (GHH), le personnel déplore « des patients parfois » souillés » car nous sommes dans l’impossibilité de trouver une place isolée permettant de leur proposer un urinal ou un bassin pour leurs besoins élémentaires ». Une situation « inacceptable et indigne » qui a poussé les mandatés de la CGT et de SUD à déposer un « danger grave et imminent » (DGI – concept en droit du travail qui permet d’alerter en cas de situation pouvant causer des dommages).

« La hantise qu’un patient décède »

Jean 1, infirmier aux urgences et syndicaliste à la CGT, était de ceux qui travaillaient le mardi 13 février. La veille déjà, assigné au poste d’après-midi, il avait senti venir la crise et le surmenage. Il a « pris sur (lui), essayé de travailler plus vite » et réduit ses temps de pause. Le lendemain, les patients stagnaient dans les couloirs et les soignants subissaient « un manque de matériel (prise 02, prise d’air, sonnette, gestion des déchets, possibilité d’effectuer des soins d’urgence) et un manque de place ».

Selon le constat rapporté par le personnel, leurs collègues ASH (agents de service hospitalier), qui assurent l’hygiène des locaux, se sont retrouvés empêchés tant les couloirs étaient encombrés de lits, de chariots et d’ordinateurs. Jean témoigne également d’une difficulté à circuler, surtout en cas d’urgence où chaque seconde compte. « Si on avait dû courir ou transporter un chariot d’urgence, je ne sais pas comment on aurait fait pour se frayer un chemin… s’inquiète-t-il. Ma hantise était qu’un patient décède dans les couloirs. »

De son côté, la direction de l’hôpital reconnaît les difficultés de la « journée de tension du 13 février » mais se défend par les moyens mis en œuvre ce jour-ci : « L’organisation d’une cellule de crise et l’ouverture de lits supplémentaires ont permis de trouver, dans la journée, des solutions d’hospitalisation pour les 19 patients qui étaient en attente d’un lit au matin. »

Le directeur général de l’hôpital, Martin Trelcat, a suggéré une rencontre avec les soignants, en demandant explicitement qu’ils ne soient pas représentés par des organisations syndicales. Proposition refusée. Aurélien Le Brun, secrétaire adjoint départemental de SUD santé, fustige « un rejet profond des syndicats » et « une dégradation du dialogue social ».

Une situation récurrente ?

La direction se veut tout de même rassurante : « Cette situation de tension a duré 24 heures, et ne s’est pas renouvelée depuis. » Ce sont toujours 24 heures de trop, selon Rachel Gabbay, représentante CGT ouvriers et employés. Jean connaît la chanson, toujours le même refrain : « On nous dit que c’est temporaire mais ça se reproduit toujours. »

Le week-end, aucune sortie de patients n’est prévue et « chaque début de semaine, il y a un afflux de nouveaux arrivants ». C’est en cela que le personnel qualifie le service de « régulièrement défaillant ». Dans les locaux, des banderoles affichent les messages « personnel épuisés » et « patients en danger ».

Cette surfréquentation difficilement absorbée par les urgences du Havre est le symptôme d’un mal plus grave : celui d’une fragilité du système de santé de la région. La CGT et SUD s’accordent à penser que les déserts médicaux environnants, les patients sans médecin traitant et la fermeture des autres services d’urgences du département expliquent les 35 000 à 50 000 passages par an dans ce service. Depuis deux ans, la saturation est telle qu’il est nécessaire d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences du Havre.

Le prénom a été changé. 

 

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