Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Femmes sous plusieurs angles aigus

1 Novembre 2022, 07:55am

Publié par PCF Villepinte

LA JOCONDE AVOUE

ÊTRE UN PEU ROUILLÉE.

Jean-Pierre Léonardini L'Humanité

Lundi 31 Octobre 2022

L’imagination, cette «folle du logis» selon Pascal, a poussé Claire Couture et Mathilde Le Quellec à écrire les Muses (1). Il fallait y penser. La nuit, dans le musée enfin déserté, la petite danseuse de Degas descend de son socle, la Joconde et la Vénus de Botticelli sortent de leur cadre et la Marylin d’Andy Warhol reprend corps à son tour. Les voilà candidates à un concours de beauté par-delà les époques… Vous voyez le tableau?

Sur le mode vif de la revue chantée et dansée, c’est un joyeux festival de chamailleries, de coq-à-l’âne, d’embrassades et de saillies hardiment troussées. Le gardien du musée, avec sa casquette et sa lampe électrique, n’en peut mais, d’autant que la petite danseuse de Degas (14 ans) raconte avoir rendez-vous avec lui. Stanislas Grassian, valeureux metteur en scène de cette pochade culturelle endiablée, tient ce rôle subsidiaire. Chaque figure est parfaitement dessinée.

La Vénus (Sophie Kaufmann) est boulimique. La Joconde en liberté (Mathilde Le Quellec) avoue être un peu rouillée (elle a 500 ans!) et ne supporte plus d’être selfiée par des milliers de Japonais. Marylin (Tiffanie Jamesse), en robe rouge plissée, avec ses mimiques et sa voix denfant délicieuse, semble telle que l’éternité l’a changée et la petite danseuse (Amandine Voisin) se dit naïvement travaillée par la puberté…

Ce sont celles que j’ai vues ce soir-là, car il y a alternance dans la distribution. Chaque séquence chantée et dansée est applaudie, comme au music-hall. Vers la fin, les spectateurs sont conviés à reconnaître quelques chefs-d’œuvre patentés simulés en tableaux vivants. Le tout, spirituellement pédagogique, à la fois comique et touchant, témoigne d’une belle maîtrise des métiers de la comédie musicale. La grande Colette aurait aimé les Muses.

L’amitié et le goût du travail partagé ont concouru à la création de Babette, texte de Philippe Minyana mis en scène par Jacques David, interprété par Dominique Jacquet (2). Elle est, alternativement entre ombre et lumière (Charly Thicot), une femme qui parle d’elle-même dans la journée où elle retrouve sa fille disparue depuis l’enfance, voit son fils et son mari échanger des horions, après qu’un forcené, dans la rue, a tiré dans le tas…

Elle distille, avec un art subtil du dire volubile, sur le ton du constat, cette partition superbement composée sur la vie quotidienne d’une femme ordinaire qui ne l’est pas. Les gens simples, par bonheur, sont toujours compliqués.

LA JOCONDE AVOUE ÊTRE UN PEU ROUILLÉE.

(1) Jusqu’au 8 janvier, au Théâtre Le Ranelagh, 5, rue des Vignes, Paris 16e, métro La Muette, du jeudi au dimanche. Tél.: 0142886444, www.theatre-ranelagh.com (2) Du 6 octobre au 8 décembre, le jeudi, à 19 heures, au Théâtre La Flèche, 77, rue de Charonne, Paris 11e. Tél. rés.: 0140097040, theatrelafleche.fr

 

Commenter cet article