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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Exclusif : les cadres plébiscitent la retraite à 60 ans

23 Novembre 2021, 08:26am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Mardi 23 Novembre 2021

Stéphane Guérard

Le retour à 60 ans et la revalorisation des pensions font désormais partie des aspirations des personnels encadrants, selon l’étude que commente pour nous Sophie Binet, cosecrétaire générale de l'Ugict-CGT.

La retraite à 60 ans chevillée au cœur des cadres. L’affirmation n’allait pas de soi, ces dernières années. C’est pourtant ce que révèle l’étude annuelle sur leurs opinions et attentes, menée par l’Ugict-CGT. 

Comment expliquez-vous que 50 % des personnels encadrants interrogés se rallient à la revendication d’un départ à 60 ans, contre 36 % de contre et 14 % qui ne se prononcent pas?

SOPHIE BINET C’est la première fois que cette demande est majoritaire. Il s’agit d’une rupture dictée par la réalité. Au fur et à mesure des réformes successives, l’horizon des 60 ans s’est éloigné pour les cadres, qui partent en moyenne vers 64 ans. La majorité d’entre eux affirment désormais que ce n’est plus une fatalité, ­notamment les 50-60 ans qui savent qu’ils retrouveront difficilement du travail s’ils perdent le leur. Près de la moitié d’entre eux ne sont d’ailleurs plus en emploi lorsqu’ils font valoir leurs droits.

79 % des cadres demandent une pension au moins égale à 75 % de leur dernier salaire. D’où vient pareil consensus?

SOPHIE BINET Cette appréciation est ultramajoritaire car le montant moyen de la retraite complémentaire des cadres (Agirc) a diminué de 18 % en dix ans. Le dernier accord Agirc-Arrco signé par la CFDT et la CFTC est d’ailleurs en contradiction avec cette demande. Cet accord est scandaleux car il déconnecte la revalorisation des pensions de l’inflation. Et, comme une double peine, il revient sur les règles d’achat de points retraite, dont le montant aurait dû baisser, ce que n’a pas voulu le patronat. Nous allons déposer des recours en justice contre cet accord.

Seuls 48 % des sondés sont d’accord pour faire financer en partie ce retour aux 60 ans par une augmentation des cotisations patronales. Est-ce une déception?

SOPHIE BINET Ce chiffre est moins net car les personnes ne se prononçant pas sur le sujet sont nombreuses (24 %). C’est logique car les mécanismes de financement sont moins connus des plus jeunes. Mais les contre ne sont que 28 %. Cela dénote une lucidité des cadres sur les marges de manœuvre: jusqu’à présent, ce levier n’était pas jugé crédible. Il le devient. Cest un des bougés liés à la crise sanitaire. Les cadres ont constaté le retour des super-profits, des distributions de dividendes et des augmentations de salaires des grands patrons. Et les aspirations changent, ­notamment chez les jeunes qui n’entendent plus travailler jusqu’à un âge avancé.

À quoi va servir ce sondage?

SOPHIE BINET C’est un vrai point d’appui pour les mobilisations à venir. Les cadres sont au cœur de la réforme des retraites voulue par le patronat ou Emmanuel Macron. Aucun d’entre eux ne dira qu’il est contre l’actuel système par répartition. Mais leur objectif est de diminuer le montant des pensions en obligeant les gens à partir plus tard, tout en poussant les cadres à épargner de leur côté afin de créer un marché de la retraite par capitalisation au profit des fonds de pension et assureurs. Les cadres ne sont pas dupes. Voilà pourquoi nous allons lancer une grande campagne sur nos alternatives. Il faut faire évoluer le système actuel pour mettre notamment fin aux inégalités de niveau de pension entre femmes et hommes, et revenir sur les réformes successives qui ont porté un sévère coup aux jeunes en augmentant leur durée de cotisation. Il faut prendre en compte leurs années d’études. 

 

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