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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Politique -

6 Juillet 2010, 19:36pm

Publié par PCF Villepinte

  le 6 Juillet 2010

Qui a mis le feu?

 

 

sarkoZ.jpgUne bien curieuse formule 
a échappé hier à Dominique Paillé, le secrétaire général adjoint de l’UMP : « Les cas les plus criants ont été traités. » Il évoquait bien sûr les démissions quelque peu forcées, à tout le moins opportunes, d’Alain Joyandet et de Christian Blanc. Faut-il entendre alors qu’il y a bien d’autres cas 
non traités et qui ne seraient moins criants que de ne pas être encore révélés ? Raison pour laquelle, sans doute, François Fillon a édicté hier une batterie de mesures 
de retenue et de modestie à l’intention des ministres de son gouvernement. Lesquelles ont toutefois l’inconvénient de dessiner, en creux si l’on peut dire, 
quels étaient jusqu’alors leur train et leur style de vie. 
De telles habitudes semblent en effet avoir été prises 
que Christian Blanc, hier, se plaignait d’avoir été comme piégé, dans son affaire de cigares. C’est que le havane 
est rusé cette année…

Les deux démissions susdites, comme les règles de vertu du premier ministre, ne peuvent toutefois faire illusion. Il s’agit bien, et nul n’en est dupe, de dresser des pare-feu, de faire jouer des fusibles, de botter en touche, peu importe, on n’a que 
le choix des formules. Traiter le plus criant, 
donc, pour sauver, non pas le soldat Woerth pour 
lui-même, mais, ce qui apparaît désormais et à travers lui, des liens étroits unissant le pouvoir et les milieux d’affaires.

Dans une tribune publiée dans le Monde, Michel Rocard et Simone Veil s’inquiètent : « Mesure-t-on bien les effets dévastateurs du spectacle affligeant qui se donne jour après jour devant l’opinion autour de “l’affaire Bettencourt” ? Veut-on définitivement démonétiser une parole politique déjà suffisamment dévalorisée, décriée, diminuée ? » Et tous deux demandent que cela s’arrête : « Halte au feu », écrivent-ils. Mais qui a mis le feu ? 
Qui a salué son élection et inauguré son quinquennat 
au Fouquet’s et pris aussitôt des vacances sur le yacht d’un milliardaire comme pour donner le signal 
d’une nouvelle ère de l’argent, de l’ostentation, du luxe jusqu’au bling-bling ? Qui a voulu cette rupture à haute portée symbolique avec le modèle social et politique français, marqué aussi bien par la Résistance que par l’abolition des privilèges et la Révolution ?

Quand on dit halte au feu, c’est d’abord aux incendiaires qu’il faut s’adresser, sous peine de susciter plus encore la colère de l’opinion qu’on semble vouloir les défendre. Être responsable, combattre 
la crise morale et politique qui se creuse en France 
et dont témoignent les sondages, ce n’est pas couvrir 
d’un mouchoir délicat ces desseins que l’on ne saurait voir et que l’on ne saurait, surtout, montrer au peuple. Être responsable, c’est combattre, par la démocratie 
et la politique, des choix politiques.

Les choix politiques du sarkozysme ne sont pas isolés dans le monde. Ils sont ceux du libéralisme, marqués en profondeur par une addiction planétaire 
à l’argent, dans la fuite en avant de ce capitalisme financier que le chef de l’État, en diverses tribunes, 
a prétendu combattre. Les cigares de Christian Blanc 
sont pitoyables et condamnables, mais que dire 
des trente millions d’euros remboursés par le fisc 
à l’une des toutes premières fortunes de France ? 
En toute légalité cette fois, puisqu’il s’agit de l’application de la loi instaurant le bouclier fiscal. 
Si la gauche veut être crédible dans cette situation, 
si elle veut faire plus que crier au feu, c’est en construisant réellement une alternative, dans le débat démocratique, dans la citoyenneté.

Quand on dit halte au feu, c’est d’abord aux incendiaires qu’il faut s’adresser.

Maurice Ulrich

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