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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

"La poursuite des politique d’austérité mène inéluctablement à l’éclatement de l’UE"

3 Septembre 2012, 12:01pm

Publié par PCF Villepinte

Monde - le 3 Septembre 2012

Entretien avec Thomas Coutrot, co-président d'Attac

 

Thomas Coutrot, co-président d'Attac et membre de la fondation Copernic et des économistes atterrés, dresse un tableau pessimiste mais lucide de l’avenir de l’Europe, au lendemain de la rencontre entre Angela Merkel, François Hollande et le Premier ministre grec Antonis Samaras.

La chancelière allemande, Angela Merkel, puis le Président de la République François Hollande ont rencontré l’un après l’autre Antonis Samaras, le Premier ministre grec. Ils ont refusé le délai supplémentaire qu’il réclamait. Quel sens donner à cette décision ?

Thomas Coutrot : C’est clair : le gouvernement français partage les objectifs et la politique du gouvernement allemand. Il n’y a pas de divergence entre les deux. Malheureusement, il n’y a aucune d’ambigüité sur le sujet. Il s’agit de pousser la Grèce dans ses derniers retranchements. Même le gouvernement grec s’est fait élire en promettant à sa population une renégociation du mémorandum, la réaction des dirigeants français et allemands est extrêmement claire : il n’est pas question de renégocier quoi que ce soit de ce mémorandum.

Cela signifie-t-il que la France et l’Allemagne seraient prêtes à lâcher la Grèce à tel point qu’elle sorte de la zone euro ?

Il y a peut-être un jeu tactique de Hollande de retarder la manifestation d’une éventuelle divergence sur ce sujet de l’exclusion de la Grèce de la zone euro. Mais s’il y a jeu tactique, le moins que l’on puisse dire est qu’il est maladroit et sans espoir car ce n’est pas à la dernière minute, au moment où se posera la question de la nécessité d’exclure ou non la Grèce de la zone euro, que l’on pourra commencer à mettre les divergences sur la table. Si l’on ne met pas les éventuelles différences tout de suite sur la table, il sera trop tard lorsque la décision sera à prendre en urgence.

Personne, pourtant, ne mesure les conséquences d’une sortie d’un pays de la zone euro ? On pourrait imaginer qu’ensuite l’Espagne, le Portugal se retrouvent dans la même situation…

C’est plus que probable. Ce qui amène la Grèce dans une situation ingérable, du point de vue macro-économique, puisque exactement les mêmes mécanismes sont à l’œuvre en Espagne et au Portugal, mais aussi en Italie et en France. C’est donc un engrenage, une question de temps, mais l’écart de compétitivité entre l’Allemagne et les autres pays de la zone euro est tel que s’il n’y a pas une résorption rapide de cette écart de productivité par des politiques coopératives en Europe, la zone euro éclatera.

Personne n’est prêt à mener cette politique ! Les peuples européens sont-ils condamnés à vivre dans une Europe de l’austérité ?

Je crois que l’Europe de l’austérité n’est pas viable. Donc les peuples européens sont condamnés à vivre dans une Europe qui va éclater, car il n’y a pas de possibilité de maintien de l’UE avec les politiques actuelles. Pour nous le diagnostique est très clair, la poursuite des politique d’austérité mène inéluctablement à l’éclatement de l’UE, à l’écroulement de l’euro d’abord et ensuite à l’éclatement de l’UE pour des raisons politiques et économiques. C’est une voie sans issue dans laquelle le gouvernement de François Hollande est malgré tout décidé à s’engager bien qu’il ait, dans la campagne électorale, dit exactement le contraire.

Comment s’en sortir ? Quelles sont les luttes à mener ?

La réponse à la crise européenne doit être une réponse européenne. Les mouvements sociaux ne peuvent plus se contenter de résistances nationales aussi nécessaires soient-elles. Elles ne sont pas suffisantes. L’urgence aujourd’hui pour les mouvements européens est de construire des luttes communes. L’initiative prise par nos camarades italiens de convoquer une assemblée générale des mouvements sociaux européens à Florence le 15 novembre est une initiative tout à fait décisive. Elle va permettre, pour la 1ère fois en Europe, à l’ensemble des mouvements sociaux qui le voudront – et je crois qu’ils seront très nombreux – de se coordonner pour avancer un nombre limité d’exigences communes et avancer un nombre peut-être encore plus limité de campagnes communes, mais très fortes, dans les différents pays, pour pouvoir enfin peser sur ces politiques suicidaires que mène l’UE.

Propos recueillis par Fabien Perrier

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