Esprit(s): la température de nos convictions
Réflexion. Plusieurs lectures vivifiantes, ces derniers jours, sur le thème «Quel avenir pour la France du 11 janvier?». Sous-entendu: l’impressionnant et revigorant mouvement citoyen – par son nombre et son exigence revendiquée – né au lendemain des odieux attentats à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher passera-t-il l’hiver? Les avis divergent. Nous-mêmes, qui savons ce que coûte tout optimisme candide, ne sommes pas à l’abri de déconvenues. Si l’événement de ces tueries marque, peut-être, l’avènement de la «déterritorialisation du monde», comme le suggère le juriste Antoine Garapon, dans la dernière livraison de la revue Esprit, en tant que fin du lien historique entre territoires et populations, individus et nations, doit-on pour autant aller jusqu’à penser, comme Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, que l’esprit du 11 janvier serait à la fois «celui d’un pacte républicain réaffirmé comme celui d’une communauté nationale disloquée»? L’affaire s’avère sérieuse.