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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Don Juan aux enfers poèmes de charles baudelaire

29 Décembre 2021, 09:09am

Publié par PCF Villepinte

Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et quand il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, œil fier comme Antisthène,
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.

Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.

Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir ;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.

 

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Droits des femmes. Retour sur une année de mobilisations féministes

29 Décembre 2021, 08:59am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Mercredi 29 Décembre 2021

Kareen Janselme

Une nouvelle loi sur l’inceste et le seuil de consentement, le 3919 sauvé, la PMA acquise pour toutes les femmes: 2021 a permis quelques avancées, mais, faute de volonté politique, le chemin est encore long pour obtenir l’égalité.

Livres chocs, manifestations et nouvelles lois: un tournant samorce dans la compréhension des rapports de domination et la prise en charge des violences sexistes et sexuelles. Mais les structures et les lois avancent moins vite que la société.

1. Convergence des luttes sexistes et sexuelles

L’année n’a pas débuté en douceur. Sous le mot-clé #MeTooInceste, sur les réseaux sociaux, l’avalanche de témoignages dénonçant un père, un oncle, une mère, un grand-père auteurs d’agressions ou de violences sexuelles aura sidéré dès les premiers jours de janvier. Et, toute l’année, de nouveaux scandales, de nouvelles paroles, de nouveaux aveux sont venus noircir nos journaux et la Toile. N’épargnant aucun secteur ni milieu, des collectifs naissaient chaque jour. «Nous nous sommes retrouvées un soir réunies par notre colère», raconte Céline Langlois, du collectif #MeTooThéâtre, né en octobre.

Derniers en date: #MeTooMédias et #MeTooPolitique, cristallisés autour des accusations dagressions sexuelles contre des hommes de pouvoir comme Nicolas Hulot et Patrick Poivre d’Arvor. Le 11 décembre, un collectif agrégeant #MusicToo, #MeTooMédias, #MeTooPolitique, #MeTooInceste, #MeTooVin, #PayeTonTournage, #MeTooGay et bien d’autres interpellait le président de la République, qui s’était vanté de faire de la lutte contre les violences sexuelles une grande cause nationale. Alors que cinq ans ont passé et qu’une nouvelle campagne présidentielle commence, les «#MeToo réunis interpellent les candidat.e.s et leur posent une simple question: quallez-vous faire pour que les hommes cessent de harceler, dagresser et de violer?».

Cette demande accompagnait déjà les marches du 20 novembre, organisées pour la troisième année par le collectif #NousToutes. «Des manifestations féministes dune ampleur inédite en France, joyeuses et déterminées», résumait la fondatrice du collectif Caroline De Haas, avant de tirer sa révérence, laissant la «main à une nouvelle génération». Sur les pancartes, partout en France, les militantes rappelaient que, chaque année, 220000 femmes sont victimes de violence, et que seules 18 % portent plainte. Et 73 % de ces démarches sont classées sans suite. À quatre mois des élections, les associations féministes attendent toujours des moyens, des propositions claires et engageantes des candidats.

2. Des outils obtenus grâce à la solidarité

«Les équipes du 3919 ont un savoir-faire précieux et une démarche militante à sauvegarder, car ce n’est pas un simple accueil administratif», insistait en début d’année Éric Bocquet, co-rapporteur pour la commission des Finances d’une analyse sévère des mesures mises en place par le gouvernement contre les violences conjugales. Le sénateur communiste, qui avait auditionné Solidarité femmes, l’association créatrice de la ligne d’écoute, s’inquiétait de voir son rôle évincé par un autre organisme à la suite d’un appel d’offres surprise de l’exécutif. Finalement, la mobilisation des associations féministes a payé. Le 3919 est toujours géré par les militantes de Solidarité femmes et 73 associations satellites. Et, depuis le 30 août, cette ligne est enfin disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Malgré cela, en 2021, Chahinez, 31 ans, était tuée par balles et immolée en pleine rue à Mérignac par son ex-mari. Stéphanie, 22 ans, était poignardée par son compagnon à Hayange. Comme Païta, Valérie, Bouchra, Irène… «1700 femmes actuellement bénéficient d’un téléphone grave danger, il faut changer de braquet et porter ce nombre à 5000, dès quil y a tentative dhomicide. On peut être très réactif et le téléphone peut être donné dans la journée même», réagissait en mai Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, à l’origine de ce dispositif préventif en France.

Le 9 juin, à la suite de deux rapports sur les féminicides, le gouvernement annonce le contrôle des acquisitions et détentions d’armes, la création d’un fichier des auteurs de violences conjugales, le renforcement du recours aux bracelets anti-rapprochement. Pourtant, cet automne encore, seuls 245 bracelets étaient activés. Les décisions sont lentes, les besoins immenses. Comme le dénonçait Anne-Cécile Mailfert, de la Fondation des femmes, en novembre: «Plus de 20000 femmes auraient besoin dun hébergement durgence pour pouvoir quitter leur domicile, mais les demandes ne sont pas pourvues pour plus dun tiers des femmes avec enfant et la moitié des femmes sans enfant.»

Le 22 décembre, le recensement du groupe Féminicides par compagnons ou ex comptait 110 femmes décédées durant l’année 2021. Un triste écho aux 111 noms de victimes de l’année précédente affichés dans les rues de Paris par le collectif Collages féminicides il y a moins d’un an.

3. Inceste: dun livre à la loi

Le livre choc, difficile mais nécessaire, la Famila grande de Camille Kouchner ouvrait une nouvelle séquence alors que s’ouvrait l’année 2021. L’autrice évoquait pour la première fois publiquement l’inceste sur son frère de son beau-père, Olivier Duhamel, politologue reconnu. Le 14 janvier retentissait un nouveau hashtag sur la Toile: #MeTooInceste . Des milliers de personnes racontaient leur histoire, souvent tue depuis des années. Le 21 avril, la loi visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels créait de nouvelles infractions sexuelles, dont l’inceste. «Aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement sexuel dun enfant sil a moins de 15 ans, ou moins de 18 ans en cas d’inceste.» Jusqu’ici, l’inceste était considéré comme une circonstance aggravante de viols, agressions sexuelles et atteintes sexuelles, et non un crime en soi.

Mais ce n’est qu’un début. Après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église rendait à son tour un document accablant le 5 octobre 2021. Le rapport Sauvé dénombrait 330000victimes de linstitution religieuse depuis soixante-dix ans. La commission effectuait 22 signalements à la justice. De son côté, la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) entamait un tour de France pour recueillir la parole.

 «En réalité, les enfants ont toujours parlé, assure le juge Durand, pilote de la Ciivise, mais ils n’ont pas été écoutés, compris, respectés. Aujourd’hui, leur parole nous oblige.» Sa mission doit se poursuivre jusqu’en 2023, mais, contre toute attente, la commission a déjà émis des recommandations, comme la suspension de l’autorité parentale de la personne poursuivie, son retrait systématique en cas de condamnation et la levée des poursuites pénales du parent protecteur pour «non-représentation denfant» lors dune ouverture denquête à lencontre de lautre parent pour inceste.

4. Mon corps, mon choix, ma PMA

L’histoire est à rebondissements et la loi enfin acquise. Promise en 2016 par le candidat François Hollande, puis par Emmanuel Macron en 2017, il a fallu attendre le 2 août 2021 pour que la loi relative à la bioéthique élargisse la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Un nouveau mode de filiation est mis en place pour les enfants nés par PMA d’un couple lesbien. C’était aussi l’une des revendications phares de la marche lesbienne qui a réuni 10000 personnes à Paris le 25 avril, du jamais-vu depuis les années 1980.

Un mois auparavant, le congé second parent (pour le père et désormais la deuxième mère) était allongé de quatorze à vingt-huit jours. Mais pour l’instant seule la première semaine peut être imposée à l’employeur et l’ensemble doit être pris dans les six premiers mois de la naissance. De fait, les plus précaires restent privés de ce droit, car, si 80 % des seconds parents en CDI et 9 fonctionnaires sur 10 prennent leur congé parental, les contractuels le déclenchent une fois sur deux. Quant aux demandeurs d’emploi, seuls 13 % se le permettent. Cet allongement n’est qu’une «demi-mesure» pour le collectif PAF (Pour une parentalité féministe), qui revendique «un congé paternité du second parent égal à celui du congé maternité» pour rétablir l’équilibre des tâches parentales et domestiques au sein du couple.

À nouveau le gouvernement s’est arrêté à la moitié du chemin concernant la contraception. Au 1er janvier 2022, elle sera gratuite jusqu’à 25 ans, et non plus seulement jusqu’à 18 ans. Mais «pourquoi pas de remboursement des patchs et des anneaux, deux dispositifs hormonaux qui ne sont pas remboursés par lassurance-maladie?» interroge le Planning familial, qui s’inquiète que cela entraîne un nouveau frein à leur accès.

5. Vers l’égalité économique et professionnelle?

Emmanuel Macron évoquait l’égalité professionnelle comme prioritaire en début d’exercice… Il ne restait plus que quelques mois pour agir. La timide proposition de loi pour «une égalité économique et professionnelle réelle» a été définitivement adoptée le 16 décembre. Elle impose un quota dau moins 30 % de femmes en 2027 parmi les cadres dirigeants dans les entreprises dau moins 1000 salariés. Les établissements supérieurs devront calculer un «index de l’égalité» à limage de celui rendu obligatoire aux entreprises, quand les jurys dadmission aux grandes écoles devront être plus mixtes.

Pour prévenir les violences économiques au sein du couple, la loi prévoit l’obligation de verser le salaire et les prestations sociales individuelles sur un compte bancaire dont le salarié est le détenteur ou le codétenteur. Les familles monoparentales seront favorisées pour obtenir une place en crèche.

Pour Laurence Cohen, sénatrice du groupe CRCE, qui s’est abstenu de voter, le titre de la loi est «trompeur» et peu ambitieux: «Les entreprises de moins de dix salariés représentent 96 % du nombre total; celles de plus de mille salariés moins de 1 %.» La sénatrice ne soutient pas cette loi muette sur la place des hauts cadres femmes dans la fonction publique, son index égalité flou… «Ce texte est un tout petit pas, principalement au profit des classes très favorisées, à limage de ce quinquennat» a-t-elle expliqué devant les parlementaires.

Un constat que confirme le refus de déconjugaliser l’allocation aux adultes handicapés une nouvelle fois cette année. Pourtant, 34 % des femmes en situation de handicap sont victimes chaque année de violence de la part de leur conjoint. Mais en continuant d’intégrer le revenu du compagnon dans le calcul de l’allocation, le gouvernement choisit d’exposer davantage ces personnes à une dépendance et une vulnérabilité économiques. Malgré la pandémie, malgré les odes aux premières de corvée, l’année 2021 n’a pas été propice à des mesures plus égalitaires pour les précaires.

Malgré les déconvenues, sans relâche, les femmes sont mobilisées, unies et solidaires pour obtenir, de haute lutte, quelques conquêtes.

 

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« Sécurité sociale intégrale »

29 Décembre 2021, 08:54am

Publié par PCF Villepinte

Étendre les frais médicaux couverts par l'assurance maladie obligatoire et supprimer les complémentaires santé : c'est l'un des scénarios proposés par le Haut Conseil à l'avenir de l'assurance-maladie.

Le ministre de la Santé Olivier Véran a demandé au Haut Conseil à l'avenir de l'assurance-maladie (HCAAM) d'envisager des évolutions possibles de la Sécurité Sociale.

Cette instance consultative, dont fait partie la CGT, a rendu un rapport qui contient quatre scénarios possibles. L'un d'entre eux, le plus détaillé et le plus commenté, examine la possibilité d'une extension des soins pris en charge par l'assurance maladie.

Ce que l'on appelle le projet de « Grande Sécu » fusionnerait la Sécurité sociale et les complémentaires santé.

Actuellement, en France, nos dépenses de santé sont prises en charge par le régime de base de la Sécurité sociale (environ 80 % des dépenses) et par trois types d'organismes complémentaires de santé : mutuelles, assureurs et organismes de prévoyance.

Le rapport du HCAAM précise que le scénario de réforme de « Grande Sécu » « conduirait les finances publiques à prendre en charge 22,4 milliards d’euros » pour l'instant assumés par les patients ou par leur complémentaire santé.

Pour Pierre-Yves Chanu, représentant de la CGT au sein du Haut Conseil, la revendication syndicale de « Sécurité sociale intégrale » a pesé sur les travaux mais il reste encore un certain nombre de points à éclaircir.

Quelle sera l'ampleur de la prise en charge à 100 % ?

Le scénario du HCAAM prône un remboursement intégral des frais dentaires, optiques et des prothèses auditives. « Mais qu'en est-il des dépassements d'honoraires ? » demande Pierre-Yves Chanu, rappelant que la CGT défend une transformation profonde du système de santé, remet en cause la médecine libérale et prône notamment le développement de centres de santé de proximité avec des médecins salariés.

Par ailleurs, le rapport indique que les soins pris en charge seraient amenés à évoluer. Certains médicaments pourraient entrer et sortir de cette liste. Selon ce rapport, il conviendrait « d'accroître les exigences de régulation des dépenses de santé par l'Assurance Maladie Obligatoire, dans un double objectif de maîtrise des dépenses de santé et d'accès aux soins en supprimant la possibilité de se défausser sur l'Assurance Maladie Complémentaire. »

La CGT défend un périmètre de soin large, fondé sur un principe : tout ce qui contribue aux soins doit être remboursé.

Comment trouver les 22,4 milliards d'euros nécessaires ?

Pour la CGT, les ressources actuellement affectées au financement de la Sécurité sociale sont insuffisantes. Cette insuffisance s’explique avant tout par l’insuffisance des salaires, le niveau de chômage et les exonérations massives de cotisations sociales.

Il conviendrait donc d'établir une logique qui pénalise les investissements financiers au profit d’investissements productifs.

Enfin, la Sécurité sociale doit relever de la démocratie sociale et être placée sous la responsabilité de représentants élus des assurés sociaux.

Des règles de fonctionnement démocratiques doivent être élaborées. Elles seules permettront de répondre aux besoins de la population dans son ensemble.

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On est foutu on mange trop

28 Décembre 2021, 10:40am

Publié par PCF Villepinte

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Populisme de gauche. « Des percées électorales fulgurantes mais éphémères »

28 Décembre 2021, 10:22am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Mardi 28 Décembre 2021

Diego Chauvet

Sociologue à l’université de Liège, Manuel Cervera-Marzal décrit dans un livre la fin du «cycle populiste de gauche», né en Europe en 2015. Mais un rebond reste selon lui possible… Entretien.

MANUEL CERVERA-MARZAL Sociologue à l’université de Liège

Dans le Populisme de gauche, sociologie de la France insoumise (Éd. la Découverte), le chercheur décrit et explique la percée fulgurante puis le déclin tout aussi brutal de mouvements tels que la France insoumise ou Podemos.

Le populisme n’est-il pas contre-nature ou «accidentel» en ce qui concerne la gauche?

Manuel Cervera-Marzal

L’histoire des gauches est composée de plusieurs traditions. Le populisme est clairement l’une d’entre elles. L’oxymore, c’est quand on parle de «populisme de droite». Le RN en France ou Vox en Espagne ne sont pas populistes de droite mais dextrême droite. Quand on fait lhistoire des gauches, on a un peu tendance à oublier cette tradition populiste. Personne parmi les historiens n’a remis en question le fait que le People’s Party aux États-Unis ou les Narodniki en Russie étaient de gauche. Leur projet de transformation de la société était clairement de gauche. Personne en France jusqu’aux années 1990 ne considérait que le populisme ne puisse pas être de gauche. Ce sont des historiens entrepreneurs comme Pierre-André Taguieff qui ont commencé à écrire des articles pour expliquer que le FN n’était plus d’extrême droite mais national­-populiste, puis populiste tout court. Du coup, aujourd’hui, tout est brouillé. Des chercheurs qui travaillent sur l’extrême droite disent travailler sur le populisme.

Vous soulignez que cette stratégie, avec le score de Jean-Luc Mélenchon en 2017, a fait ses preuves. Pourtant, dans votre livre, vous considérez que ce cycle s’achève avec la FI.

Manuel Cervera-Marzal

Quand on regarde ce qu’il s’est passé pour Podemos, Syriza, Jeremy Corbyn, on constate que cette stratégie a permis des percées électorales fulgurantes mais éphémères. Ce sont des forces politiques qui semblent surgir de nulle part en trois ou quatre ans. Mais, à moyen terme, la dégringolade est aussi brutale. Ces forces se sont souvent dotées de mouvements plutôt que de partis. Au moment de leur progression électorale, elles ont fait l’impasse sur la constitution d’un outil et d’un appareil militant. Elles ont pensé qu’avoir un leader charismatique et une base électorale ça suffisait. Or, c’est l’appareil militant qui permet de tenir sur la durée. Sinon, au moindre revers électoral ou à la moindre affaire touchant le leader, les populistes de gauche sont touchés en plein cœur. Pourquoi le PCF et le PS existent toujours malgré les revers électoraux? Cest grâce à leur appareil militant.

Quel est le bilan de ce cycle ­populiste pour les gauches?

Manuel Cervera-Marzal

En dehors du discours, les mouvements populistes ont cherché à s’émanciper de la forme parti, considérée comme obsolète. Le populisme est aussi du mouvementisme. Ces mouvements se sont créés sur une promesse de différence et de démocratisation des organisations politiques, qui n’a pas été tenue. En dehors des échéances électorales, ce sont des coquilles vides. Quand on dissipe le côté «gazeux», lorganisation est très verticale. Sil y a un bilan à tirer, cest celui-ci. La forme parti s’épuise, mais le remède proposé sest peut-être avéré encore pire que le problème qu’il était censé régler. Ce qu’il faut regarder avec intérêt en revanche, c’est la situation du Parti du travail de Belgique. Il existe depuis 1979, et il est passé de 0,5 % des voix au début des années 2000 à 15 % à Bruxelles et en Wallonie. Dans le même temps, ils sont passés de 800 à 20000 militants. Le PTB est peut-être en train de montrer une voie. Il a conservé ses structures de parti, son orthodoxie marxiste, tout en souvrant sur la société, les étudiants, les plus précaires, et en choisissant un discours plus populiste. En France, ni les socialistes ni les communistes n’ont pu reprendre le leadership à gauche. Pour l’instant, c’est toujours Jean-Luc ­Mélenchon qui le tient et qui reste le seul en mesure d’accéder au second tour.

Ce n’est pas contradictoire avec votre théorie sur la fin du cycle populiste?

Manuel Cervera-Marzal

En 2019, quel que soit le pays, la gauche populiste a subi revers sur revers. En 2022, j’observe toujours la décrue. Mais je ne sais pas non plus ce qu’il va se passer dans les prochains mois et les prochaines années. On est dans des conjonctures politiques très ouvertes. Les grands partis de gouvernement de droite comme de gauche sont fragilisés dans la plupart des pays européens. La FI comme d’autres mouvements ailleurs peuvent rebondir à nouveau très fortement.

 

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Nucléaire. 4 questions après la fuite à la centrale du Tricastin (Drôme)

28 Décembre 2021, 10:17am

Publié par PCF Villepinte

La centrale de Tricastin (Drôme), qui a atteint ses 40 ans, âge théorique de mise à l’arrêt, cristallise les débats. Jean-Marie Hosatte/Rea

L'Humanité Mardi 28 Décembre 2021

Emilio Meslet

Des eaux usées contaminées au tritium ont fuité mi-décembre dans une cuve théoriquement étanche. L’Autorité de sûreté nucléaire assure que le risque est nul, la pollution étant circonscrite à l’intérieur du site. Mais comment cet incident a-t-il pu se produire?

Un deuxième incident en deux ans dans la centrale nucléaire du Tricastin. Après une première fuite en novembre 2019 pour laquelle EDF a été critiqué pour n’avoir communiqué qu’en janvier 2020, le site, à cheval entre la Drôme et le Vaucluse, a été le lieu d’une nouvelle fuite de tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène.

De quel niveau de radioactivité parle-t-on ?

Le 15 décembre, l’exploitant EDF a signalé un «événement significatif pour lenvironnement» à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) après «la détection dun marquage en tritium de leau souterraine contenue dans lenceinte géotechnique située sous la centrale». Trois jours plus tôt, une quantité anormalement élevée de matière radioactive – 28900 becquerels par litre (Bq/l) – avait été relevée, grâce aux prélèvements quotidiens, alors qu’une mesure de 1000 Bq/l oblige déjà à alerter lASN.

Aujourd’hui, les valeurs observées se placent sous les 11000 Bq/l. Cela signifie que le tritium restera présent, dans des proportions anormales, pendant «quelques mois» encore, dans cette cuve de 12 mètres de profondeur présentée comme imperméable, dont les murs mesurent 60 centimètres d’épaisseur.

L'étanchéité de la cuve contaminée est-elle assurée ?

Une thèse de l’étanchéité à laquelle Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad), ne croit pas. Selon ses propos rapportés par Mediapart, l’atome d’hydrogène est très petit et «particulièrement mobile», et pourrait donc traverser les murs de 60 centimètres de béton. Ainsi, il considère que l’enceinte géotechnique «ne peut être considérée comme étanche au tritium».

EDF dément. Dans un communiqué paru le 20 décembre, l’énergéticien explique que «les eaux souterraines (étant) séparées de la nappe phréatique, (elles) ne peuvent en aucun cas se mélanger». Au final, «cet événement est sans conséquence sanitaire», assure encore EDF, ces eaux ne servant «ni pour la production deau potable, ni pour les besoins agricoles ou d’élevage».

«Aucune contamination de la nappe phréatique à lextérieur na été mise en évidence», indique pour sa part l’ASN. Cette dernière classe cette fuite au niveau 0 de l’échelle internationale des événements nucléaires, c’est-à-dire comme un «écart» n’ayant «aucune importance du point de vue de la sûreté».

Comment cet incident a-t-il pu se produire?

Du 25 novembre au 8 décembre, selon l’ASN et la direction de la centrale nucléaire, qui a identifié la source de l’incident, 900 litres d’effluents ont débordé d’un réservoir «rempli au-delà de sa cote dusage» avant de s’écouler vers des caniveaux de récupération d’eaux pluviales. Ces eaux usées ont ensuite contaminé la nappe après infiltration dans le sol. L’ASN, lors d’une inspection le 21 décembre, a repéré «des défaillances des capteurs dalarme de niveaux hauts des cuves dentreposage», qu’il faut donc remettre en état. En attendant, elle demande de réduire les volumes dans les cuves d’effluents.

Cette fuite peut-elle relancer le débat sur la construction de centrales nucléaires ?

Si, d’après les autorités, il n’y a pas de risque sanitaire lié à la fuite de la centrale du Tricastin, cela ne clôt pas la question pour les opposants politiques au nucléaire. Depuis qu’Emmanuel Macron a déclaré vouloir relancer la construction de centrales, il y a quelques mois, le débat s’est cristallisé. Europe Écologie-les Verts et la France insoumise voient dans cet incident le symbole des «dangers» de ce mode de production d’électricité.

Lire la tribune d'Ivan Lavallée, directeur de la rédaction de Progressistes : Après les annonces d’Emmanuel Macron. La filière nucléaire, jeu de dupes ou volonté industrielle ?

Située sur une faille sismique, cette centrale du sud de la France est souvent la cible des antinucléaires. En 2019, elle était même à 23 kilomètres de l’épicentre d’un séisme de 5,4 sur l’échelle de Richter qui ne l’avait pas endommagée. À la suite de la plainte d’un ancien haut cadre de la centrale contre EDF pour une possible «politique de dissimulation» d’incidents de sûreté, les députés insoumis ainsi que l’élu polynésien Moetai Brotherson, membre du groupe communiste à l’Assemblée, ont signé une résolution exigeant la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Une demande restée, pour le moment, lettre morte. Mais une chose est sûre: maintenant quelle a atteint ses 40 ans, âge théorique de mise à larrêt, la centrale du Tricastin va continuer à alimenter les débats.

A lire sur le sujet : Gilles Reynaud, puni pour avoir dénoncé le “nucléaire low cost”

 

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LIBERTE

27 Décembre 2021, 09:05am

Publié par PCF Villepinte

 

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Disparition. Desmond Tutu a rejoint l’arc-en-ciel des nations

27 Décembre 2021, 08:52am

Publié par PCF Villepinte

Lundi 27 Décembre 2021

L'Humanité Pierre Barbancey

Figure de la lutte contre l’apartheid, prix Nobel de la paix, personnalité intransigeante et attachante, l’ancien archevêque du Cap est décédé dimanche. Il avait 90 ans.

C’était un rire pur. Un rire franc. Un rire massif parfois tonitruant. Tous ceux qui ont eu la chance de rencontrer Desmond Tutu se souviennent aujourd’hui de ses yeux plissés, espiègles, comme ceux d’un enfant, dès qu’il esquissait un sourire. Plus que de la bonhomie, il y avait chez lui un amour de la vie et une façon unique de raconter des anecdotes. Comme celle-ci: «Un jour à San Francisco, j’étais bien tranquille dans mon coin. Une femme fait irruption devant moi. Visiblement émue, elle me salue dun Bonjour, archevêque Mandela! Deux hommes pour le prix dun». Au mois d’octobre, il avait fêté ses 90 ans. Ce fut sa dernière apparition publique. Celui que tout le monde appelait familièrement par le surnom de The Arch (archevêque se dit archbishop en anglais) s’est éteint, ce dimanche, au lendemain de Noël.

Icon QuoteJe n’ai pas combattu pour chasser des gens qui se prenaient pour des dieux de pacotille et les remplacer par d’autres qui pensent en être aussi.DESMOND TUTU

Une disparition annoncée par Cyril Ramaphosa, président de la République d’Afrique du Sud, en personne. «Des trottoirs de la résistance en Afrique du Sud aux chaires des grandes cathédrales et lieux de culte du monde, en passant par le cadre prestigieux de la cérémonie du prix Nobel de la paix, The Arch s’est distingué comme un défenseur non sectaire et inclusif des droits de l’homme universels», a déclaré celui qui est également à la tête du Congrès national africain (ANC). Une organisation que Desmond Tutu n’a pas craint d’étriller ces dernières années, annonçant même qu’il ne voterait plus en sa faveur, se disant déçu par la corruption, l’état des écoles publiques et la pauvreté persistante. «Je nai pas combattu pour chasser des gens qui se prenaient pour des dieux de pacotille et les remplacer par d’autres qui pensent en être aussi», dénonçait-il.

Tutu est né le 7 octobre 1931 dans la ville minière de Klerksdorp, à l’ouest de Johannesburg. Sa mère était domestique, son père directeur d’école primaire. Il se tourne très vite vers la théologie et devient, en 1978, le premier dirigeant noir du Conseil sud-africain des églises (SACC), qui compte 15 millions de fidèles actifs dans la lutte contre l’apartheid. En 1984, alors qu’il est nommé évêque de Johannesburg et appelle au boycott économique du régime raciste blanc de Pretoria, il est lauréat du prix Nobel de la paix. Albert Luthuli, président de l’ANC de 1952 à 1967, avait reçu ce même prix en 1960. Il sera également décerné à Nelson Mandela et Frederik De Klerk en 1993. Il devient archevêque du Cap en 1986, alors que, dans le pays, la lutte s’intensifie pour mettre à bas l’apartheid, notamment avec le regroupement de toutes les organisations progressistes, civiles, religieuses et syndicales au sein du Front démocratique uni (United democratic front, UDF).

Icon QuotePardonner, ce n’est pas seulement être altruiste. C’est la meilleure forme d’intérêt personnel. Un processus qui n’exclut pas la haine et la colère.DESMOND TUTU

Une lutte dont il est totalement partie prenante, notamment en tant que responsable de l’Église anglicane pour toute l’Afrique australe. Et une épine plantée dans le pied du pouvoir raciste qui ne peut se débarrasser de cette personnalité aux déclarations fracassantes. Ainsi, en juillet 1986, après le refus de Ronald Reagan, alors président des États-Unis, d’imposer des sanctions au régime de l’apartheid, il s’exclame devant la presse: «Plus de 70 % de notre peuple, comme le montrent deux sondages, veulent des sanctions. Mais non, le président Reagan sait mieux que tout le monde. Nous allons souffrir. Il est là, comme le grand chef blanc à l’ancienne, à nous dire que nous, les Noirs, on ne sait pas ce qui est bon pour nous. L’homme blanc sait».

Serviteur d’une Église aux portes grandes ouvertes

En 1995, un an après les premières élections démocratiques qui ont vu l’accession de Nelson Mandela à la présidence du pays, Desmond Tutu est tout naturellement nommé à la tête de la commission Vérité et Réconciliation, chargée d’enquêter sur les crimes commis sous l’apartheid. Il aimait d’ailleurs dire: «Pardonner, ce nest pas seulement être altruiste. Cest la meilleure forme dintérêt personnel. Cest aussi un processus qui nexclut pas la haine et la colère». Au deuxième jour des auditions, il fond en larmes après le témoignage particulièrement insoutenable d’un ancien détenu de Robben Island.

Présidant depuis 2007 The Elders (les Aînés), groupe de personnalités internationales œuvrant pour le règlement de conflits dans le monde, The Arch avait écrit en juin 2016 au comité Nobel pour proposer «la nomination de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné, pour le prix Nobel de la paix». Il rappelait qu’ «en 2013, une campagne internationale pour la libération de Marwan Barghouti et de tous les prisonniers palestiniens fut lancée à Robben Island (…) depuis la cellule du symbole universel de paix qu’est Nelson Mandela».

The Arch était le serviteur d’une Église aux portes grandes ouvertes pour accueillir ce qu’il a lui-même appelé la «nation arc-en-ciel». Une belle expression qu’il a employée pour la première fois lors de son discours prononcé aux obsèques de Chris Hani, secrétaire général du Parti communiste sud-africain (SACP) et chef militaire de Umkhonto we Sizwe, la branche armée de l’ANC, assassiné en 1993. Une idée si forte que Nelson Mandela l’a reprise le 10 mai 1994, lors de sa cérémonie d’investiture: «Nous prenons l’engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute (…), une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde».

Desmond Tutu était un peu la conscience de l’Afrique du Sud. Avec lui, disparaît pratiquement le dernier des géants de la lutte contre l’apartheid et des idées progressistes. Parmi ses derniers combats, et contre sa hiérarchie, il a défendu le suicide assisté, le droit à l’avortement et les homosexuels. Avec ce pied de nez qui le caractérisait si bien: «Je ne vénérerais pas un Dieu homophobe. () Je refuserais daller dans un paradis homophobe. Non, je dirais: Désolé! Je préfère de loin aller de lautre côté”».

REPÈRES
7 octobre 1931 Naissance à Klerksdorp, dans le Transvaal.
1961 Ordonné prêtre de l’Église anglicane.
10 décembre 1984 Reçoit le prix Nobel dans le grand amphithéâtre de l’université d’Oslo.
7 septembre 1986 Nommé archevêque du Cap.
1995 Nommé président de la commission de la Vérité et de la Réconciliation.
2005 Nommé par le secrétaire général de l’ONU membre du Haut-Conseil pour l’Alliance des civilisations.
26 décembre 2021 «Le décès de l’archevêque émérite Desmond Tutu est un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée. », Cyril Ramaphosa, président sud-africain.

 

 

Desmond Tutu : « Ubuntu », rien de ce qui est humain ne lui était étranger (PCF)

Le Parti communiste français a rendu hommage à Desmond Tutu dans un communiqué, ce matin, sitôt connu le décès de l'archevêque sud-africain, lauréat du prix Nobel de la paix. « Figure éminente de la lutte du peuple sud-africain contre le régime d'apartheid puis de la "nation arc-en-ciel" post-apartheid, non-raciale et démocratique, Desmond Mpilo Tutu vient de s'éteindre à l'âge de 90 ans, écrit le PCF. Il laisse orphelin le peuple sud-africain tout entier et, au-delà, toutes celles et tous ceux qui, de la solidarité internationale anti-apartheid à l'engagement pour une paix juste et durable au Proche-Orient, ont partagé les combats de sa vie. » 

Pour le PCF, Desmond Tutu était « reconnu, estimé et hautement respecté pour la finesse de son intelligence et sa force de caractère, tout comme son humour et sa joie de vivre, (il) a dédié son sacerdoce à la libération de son peuple et la mise à bas du crime contre l'humanité qu'était l'apartheid. Jusqu'à son dernier souffle, Desmond Tutu aura lutté pour la justice et l'égalité, la fraternité des peuples, la solidarité, le droit et les libertés, contre le racisme et la xénophobie, et les dominations de toutes sortes. "Ubuntu", rien de ce qui est humain n'était étranger à Desmond Tutu ». 

Le PCF poursuit : « Desmond Tutu a présidé de 1996 à 1998 la commission Vérité et Réconciliation (Truth and Reconciliation commission, TRC), chargée de faire la lumière sur les crimes commis entre 1961 et 1994 et d'engager un processus de réconciliation nationale, et de justice réparatrice envers les victimes de l'apartheid. "Ceux d'entre nous qui s’inscrivent dans la tradition chrétienne ont, peut-être, une responsabilité spéciale parce que cette nation a instrumentalisé au cours des années les sources théologiques chrétiennes pour promouvoir l'apartheid", écrira-t-il en 1996 ». 

Le PCF souligne encore que « c'est à partir du milieu des années 1960 que celui qui deviendra près de 25 ans plus tard le premier archevêque anglican noir du Cap et prix Nobel de la paix (1984) s'engagea de façon active contre l'apartheid, pour l'égalité absolue entre tous les Sud-Africains. Fortement influencé par le mouvement de la conscience noire et la théologie africaine, Desmond Tutu épousait les ambitions de la Charte de la liberté, initiée par le Congrès national africain (ANC) d'une Afrique du Sud libre, non-raciale et démocratique. À partir de 1983, il sera l'une des personnalités de premier plan de son pays qui, aux côtés du révérend Allan Boesak, animeront le Front démocratique uni (United democratic front), coalition de plusieurs centaines d'organisations et associations dont le rôle s'est révélé déterminant pour unir et élargir encore la mobilisation populaire anti-apartheid en Afrique du Sud comme au plan international. C'est aussi avec Allan Boesak que Desmond Tutu présidera la TRC pendant deux ans ; une entreprise douloureuse pour les Sud-Africains, trop souvent frustrante mais qui aura contribué à éloigner le spectre d'une guerre civile dans son pays et, au plan international, à l'élaboration d'institutions spécifiques au traitement des violences perpétrées par des régimes criminels ». 

Le PCF conclut par ces mots : « C'est aujourd'hui avec solennité que le Parti communiste français s'incline devant la mémoire de Desmond Mpilo Tutu et exprime à sa famille et au peuple d'Afrique du Sud ses condoléances attristées. Hamba Kahle, Baba ! »

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SANTÉ. TIRER LES ENSEIGNEMENTS DE LA CRISE   

27 Décembre 2021, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

UCR CGT Déjà en bien mauvais état en 2019, qu’est devenu notre système de santé, deux ans après le début de l’épidémie de Covid-19 et à la veille d’une nouvelle vague de contamination ? État des lieux avec le Dr Christophe Prudhomme.

L’épidémie de Covid-19 s’est déclenchée alors que les personnels de l’hôpital public étaient en lutte depuis quasiment un an, autour de trois revendications : la formation et l’embauche de personnels, l’augmentation des salaires et l’arrêt de la fermeture des lits. Du côté de la médecine de ville, la situation n’était guère plus florissante avec un accroissement des déserts médicaux, une médecine générale sinistrée, confrontée à une baisse du nombre de praticiens qui va s’aggraver jusqu’en 2030.

Mobilisation salvatrice

Malgré cette situation, la mobilisation des professionnels a été exemplaire à tous points de vue. Grâce à un volume d’heures supplémentaires massif, une affectation des étudiants pour remplacer les personnels manquants et un retour d’un grand nombre de retraités sur le terrain, le système a tenu. Cela a été possible du fait de l’inventivité et de l’exonération des contraintes administratives et financières que les personnels ont imposées aux directions et aux Agences régionales de santé, complètement dépassées.

Pour les tests et la vaccination, nous avons pu vérifier l’efficacité de notre Sécurité sociale, avec une gratuité des soins qui a permis d’obtenir des résultats rapides, malgré l’imposition autoritaire d’un passe sanitaire peu adapté et dont, aujourd’hui, l’intérêt en matière de santé publique est largement contesté.
Cet automne, le virus est encore présent, mais le nombre de cas graves a fortement diminué grâce à la vaccination. L’activité des médecins de ville et de l’hôpital reprend son rythme habituel et il est de nouveau possible de prendre en charge efficacement les patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques, qui avaient été abandonnés pendant les différentes vagues épidémiques.

La crise a laissé des séquelles

Mais cette crise a laissé des marques. Nous constatons que des médecins de ville épuisés accélèrent leur départ en retraite. À l’hôpital, ce sont les personnels soignants qui démissionnent en masse, notamment dans les grandes villes, voire même qui abandonnent leur métier. Il faut rappeler que ce phénomène n’est pas nouveau, mais a tendance à s’aggraver. Les derniers chiffres connus font état de 150 000 à 180 000 infirmières diplômées qui n’exercent plus leur activité. Il en va de même pour les aides-soignantes dont les écoles peinent à recruter des candidates.

Cette situation n’est pas étonnante. Les libéraux qui nous gouvernent ont vite repris les choses en main, afin que l’espoir de certains en un « monde d’après » meilleur n’ouvre pas de possibilités de changements qu’ils ne souhaitent pas. Ainsi, les services statistiques du ministère de la Santé nous ont appris récemment que 5 700 lits avaient été fermés en 2020. Cela s’ajoute aux 100 000 fermés ces 25 dernières années. Pressé tout de même par un état des lieux qu’il ne pouvait plus cacher, le gouvernement a lancé un « grand chantier » très médiatisé, appelé le Ségur de la santé. Que de ronflements et de roulements de tambour pour accoucher d’une souris. En effet, si les maigres augmentations de salaires sont toujours bonnes à prendre, du fait de la faiblesse des salaires dans le secteur de la santé au regard des qualifications et des contraintes horaires, rien n’a été prévu pour les effectifs, donc les lits, et les conditions de travail à l’hôpital.

En ville, la politique de l’autruche est toujours de mise concernant la régulation de l’installation des médecins et les modes de rémunération à l’acte inflationnistes. Cela ne correspond plus aux besoins d’une population vieillissante, atteinte de maladies chroniques, pour laquelle l’intervention et la coordination entre plusieurs professionnels de santé est indispensable.

Au bord de l’effondrement

Nous sommes donc dans une impasse avec un système de santé au bord de l’effondrement et un nombre croissant de patients qui n’arrivent plus à bénéficier de soins adaptés à leur état. À quelques mois de l’élection présidentielle, la question de la santé semble avoir été oubliée et les applaudissements aux fenêtres à 20h sont très loin. La question de la « sécurité » est instrumentalisée avec des discours choquants pour les professionnels de santé qui sont formés au respect de l’autre et des différences ainsi qu’aux valeurs humanistes et du vivre ensemble, fondements de leur exercice. Mais la sécurité, qui devait être la première préoccupation de tout un chacun, est celle de pouvoir rester dans le meilleur état de santé possible grâce à un système de santé public, financé de manière solidaire par la Sécurité sociale.

Faire les bons choix

Quel beau nom d’ailleurs que celui de Sécurité sociale ! De nos jours, l’urgence est de se réinterroger collectivement sur ces valeurs et de savoir si nous souhaitons poursuivre le glissement opéré depuis de nombreuses années, et accéléré par Emmanuel Macron, vers une médecine devenue un service marchand livré aux investisseurs proposant des services payants, couverts par des assurances privées, pour ceux qui pourront se les offrir. Pour les autres, c’est-à-dire les pauvres, il ne restera plus qu’un service public dégradé dans le cadre d’une charité « chrétienne » bien ordonnée.

Les périodes de crise ouvrent la possibilité de changements radicaux. Mais le changement n’a rien en soi de forcément positif, tout dépend des choix et des objectifs. À nous de nous mobiliser, citoyens et personnels de santé, pour que les véritables enseignements apportés par la gestion de l’épidémie imposent, comme solution évidente, le service public et une Sécurité sociale qui prenne en charge l’ensemble des besoins de santé, de la naissance à la mort.

Dr Christophe Prudhomme

 

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AINSI LE VEUT L’USAGE PAR VLADIMIR MAÏAKOVSKI

24 Décembre 2021, 07:43am

Publié par PCF Villepinte

Tout homme à sa naissance hérite de l’amour –
mais les offices,
les rentes,
et tout le reste,
au fil des jours
ça vous endurcit le terreau du cœur :
Sur le cœur est mis un corps,
sur le corps – une chemise.
Mais c’est pas assez beau !
Quelqu’un –
l’idiot –
imposa les manchettes
et répandit l’amidon sur les jabots.
Avec l’âge, on s’avise.
La femme se met des fards.
L’homme fait le moulin comme Muller le stipule.
C’est trop tard.
Ses plis de la peau se multiplient.
L’amour fleurit
un moment –
puis se flétrit.

Extrait de: 

 Vladimir Maïakovski (1893-1930) – À Pleine Voix: Anthologie Poétique, 1915-1930, Poésie / Gallimard)– traduit par Christian David

 

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