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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Stromae - L'enfer

15 Janvier 2022, 09:32am

Publié par PCF Villepinte

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Enfer(s)

15 Janvier 2022, 09:24am

Publié par PCF Villepinte

Quand Stromae tord la «loi» d’un JT…

BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 14 janvier 2022

Jean-Emmanuel Ducoin 

Génie.

 Et soudain, après un long silence aussi improbable que calculé, des notes de musique résonnent sur le plateau d’un JT et l’interviewé, toujours assis, se met à chanter en direct d’une voix placée, intense et magistrale. Le choc. Tandis que le temps en lui-même se suspend au-delà de l’attention, tout devient affaire de regard, d’écoute, de captation absolue. Prodigieuses minutes de stupéfaction inouïe. Comme un moment de bascule. Une plongée dans un monde nouveau de l’information, en quelque sorte.

À cet instant précis, le bloc-noteur sait pourquoi il apprécie l’artiste et ses façons peu ordinaires. Stromae a du génie: trop pour ne pas s’en servir, jusqu’à tordre ceux à qui il reste des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et un minimum de réflexion pour comprendre ce qui se joue d’exceptionnel et d’incongru. En pleine promotion de son troisième album, Multitude, qui sortira le 4 mars, le Belge Paul Van Haver, alias Stromae, voulait donc partager sa nouvelle chanson, intitulée l’Enfer.

Au départ, il n’y eut rien d’anormal, et un peu plus de sept millions de téléspectateurs assistaient à un entretien en bonne et due forme. L’homme répondait aux questions de la présentatrice ­Anne-Claire Coudray. Après un long échange (ses influences, la perte du père, la solitude, la gloire, les failles, etc.), cette dernière lui demanda finalement comment il était parvenu à se dépatouiller d’un état dépressif, si la musique l’avait aidé. Il ne répondit pas. Il chanta l’Enfer et ses aveux de pensées suicidaires. Stromae excelle dans l’art de donner de la lumière à l’ombre. Dès lors, plus rien ne ressemblait à rien dans cette séquence –déjà– entrée dans l’histoire. Toutes les normes d’un journal télévisé venaient de valdinguer…

Spectacle. La prestation – éblouissante – n’est pas en cause. Les paroles non plus: «Oui, j’ai parfois eu des pensées suicidaires, et j’en suis peu fier. On croit parfois que c’est la seule manière de les faire taire, ces pensées qui me font vivre un enfer.» Sauf que, durant trois minutes, nous crûmes avoir été plongés de force dans une réalité alternée, un étrange mélange des genres, entre merchandising et infotainment.

Du jamais-vu à un JT. Mais que venait-il de se passer, exactement? «Ils nous ont fait part de leur envie de casser un peu les ­codes du JT et d’interpréter un titre dans notre édition. On a été très flattés. Nous avons ensuite discuté pour voir quel était le meilleur moyen de le faire», a expliqué Cyril Auffret, rédacteur en chef du 20 heures. Ainsi, durant un mois, les équipes du chanteur et de la chaîne ont échangé sur la manière de réaliser cette séquence pour le moins embarrassante.

Information? Divertissement? Où se situe désormais la frontière? Où se trouve la fameuse déontologie journalistique, cornérisée l’espace d’une interprétation, fût-elle monumentale d’émotion? Que devient l’éthique, négociable à souhait au profit de la société du spectacle? Qu’est-ce qui a poussé la rédaction de TF1 à franchir cette espèce de ligne rouge? Grand moment de télévision ou coup marketing?

Sens. 

Certains diront que nous intellectualisons tout, que nous ne voyons plus dans l’art qu’une technique de contournement, juste une coupable industrie où prospèrent manipulateurs, truqueurs et frustrés. Subsiste néanmoins cette ligne de front, cette préparation à l’exil, douteuse et attendrie sans être artificielle. D’autant que, par son audace et la nudité renversante de cet exercice peu commun, dans le flux bruyant atténué par le marteau de nos pas et la forge de nos souffles, Stromae a aussi voulu mettre en lumière la santé mentale.

Bref, le côté sombre en chacun d’entre nous. Beaucoup lui rendent hommage pour ce geste ultime, celui d’avoir tordu la «loi» d’un JT. La polémique va durer. Tout flotte, tout s’étiole, tout se noie dans le sens – ou sa perte. Ce que nous ignorons n’existe pas, mais ce qui se voit, et se décide en conscience, nous détermine…

 

 

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Surenchère

15 Janvier 2022, 09:19am

Publié par PCF Villepinte

Macron vante son «bilan» en matière de sécurité dans la bonne ville de Nice. Le mano a mano avec la droite et son extrême se poursuit, s’intensifie.

 

EDITORIAL publié dans l’Humanité du 11 janvier 2022.

 Jean-Emmanuel Ducoin 

Ainsi donc, le prince-président-candidat entre en campagne exactement là où nous l’avions laissé la semaine dernière: par la surenchère. Après avoir lancé une pathétique joute contre certains citoyens catégorisés, sinon exclus de lidée que nous nous faisons de la République, Emmanuel Macron est allé vanter son «bilan» en matière de sécurité dans la bonne ville de Nice, experte hors normes dans l’application de mesures liberticides. Pas de hasard. Le mano a mano avec la droite et son extrême se poursuit, s’intensifie. D’un côté, certains citoyens n’en seraient plus vraiment; de lautre, on ressort le Kärcher; tandis que les néofascisants jubilent dans lantihumanisme

Ce déplacement du chef de l’État s’inscrit dans la suite logique de cette infâme course à l’échalote ultrasécuritaire dont Macron, depuis cinq ans, est devenu l’un des thuriféraires exemplaires et actifs. Autant de soudures sur l’arc du temps, entre le discours sur le «séparatisme» ou le «Beauvau de la sécurité», qui témoignent de l’ordolibéralisme assumé de l’hôte de l’Élysée. Et que nous promet-il cette fois? La même chose à l’horizon 2030, en pire.

Cette dérive politico-idéologique puise ses racines loin en arrière, une trentaine d’années d’un processus de droitisation et de libéralisme infernal, plus ou moins lent d’abord, puis vécu en accéléré en raison des crises sociales, du terrorisme, du Covid et de tant d’autres facteurs provoqués par toutes les propagandes démagogiques, loin, très loin des vraies préoccupations, des souffrances populaires, de la situation effarante des services publics. Le but? Étouffer les forces de gauche et progressistes, les organisations syndicales, tous ceux qui savent que «la France qui vient» ne sera pas celle qu’on nous promet.

À trois mois de la présidentielle, la réponse ne viendra que d’en bas, depuis les tréfonds de ces colères dues aux crises successives qui s’accumulent. Si les peurs nourrissent le pire, les luttes, elles, rassurent et rassemblent. «J’ignore où se livrera le combat entre le vieux monde et le nouveau, mais peu importe: j’y serai», disait Louise Michel. Et elle ajoutait: «Et quelque part que ce soit, l’étincelle gagnera le monde; les foules seront debout, prêtes à secouer les vermines de leurs crinières de lions.» L’espoir ne nous abuse jamais!

[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 11 janvier 2022.]

Publié par Jean-Emmanuel Ducoin 

 

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Hors des jours étrangers Aimé Césaire

14 Janvier 2022, 10:07am

Publié par PCF Villepinte

 

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Roland Gori : « Le pouvoir libéral autoritaire s’appuie sur la société de contrôle »

14 Janvier 2022, 10:03am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Vendredi 14 Janvier 2022

Jérôme Skalski

Dans la Fabrique de nos servitudes, le psychanalyste, initiateur de l’Appel des appels en 2009, montre comment l’information est devenue le moyen privilégié de contrôle et de domination grâce à «la colonisation de nos esprits et de nos mœurs».

Dans la Fabrique de nos servitudes (1), vous faites de nombreuses références à vos livres antérieurs. Pouvez-vous situer votre ouvrage dans le contexte de votre travail théorique général?

ROLAND GORI Après des recherches cliniques et psychanalytiques sur le statut et la fonction de la parole et du langage, sur la logique des passions et sur l’épistémologie de la psychanalyse, je me suis consacré ces douze dernières années à analyser les conditions sociales de production des discours idéologiques, des pratiques thérapeutiques et scientifiques. Plus particulièrement, j’ai montré comment, selon l’expression de Michel Foucault, avant d’être des corpus théoriques et thérapeutiques, la psychologie et la psychiatrie étaient des faits de civilisation.

Dans ce nouveau livre, j’analyse les fabriques contemporaines de servitude par lesquelles les individus et les populations sont mis en esclavage au nom de l’efficacité technique, de l’illusion d’un bonheur procuré par l’intelligence artificielle et la société de consommation et du spectacle. La lecture numérique du monde ne saurait être approchée seulement comme une violence symbolique, elle constitue une spiritualité politique de la connaissance qui bouleverse le monde. Cette spiritualité numérique est au cœur des développements de la science et de l’économie marchande, qui, dans la modernité, marchent main dans la main.

Ce compagnonnage entre les sciences quantitatives et les affaires s’est considérablement renforcé depuis le XVIIe siècle. Il a irrigué un imaginaire occidental dans lequel le travail et la production marchande se sont transformés en voies de salut de l’âme d’abord, du corps ensuite. Margaret Thatcher n’a eu de cesse de se référer au texte biblique pour considérer la pauvreté comme une «déficience personnelle» et promouvoir le travail forcené comme la seule rédemption sociale possible justifiant de vivre et d’exister.

Vous soulignez l’importance du numérique dans cette évolution.

ROLAND GORI En effet, je montre l’impact du numérique sur les esprits et sur les liens sociaux. L’imaginaire d’une lecture numérique du monde soustrait l’expérience sensible, il permet de «tirer des plans sur le chaos», selon l’expression de Gilles Deleuze et de Félix Guattari, c’est-à-dire de connaître «objectivement» le monde. L’art et la philosophie sont une autre façon de «tirer des plans sur le chaos», mais ils ne pèsent pas lourd dans notre société, faute de pouvoir être convertis en marchandises.

Cette absence de contrepoids fait problème, entame la capacité de penser et appauvrit tous les champs de la connaissance, ceux des sciences également. Un homme réduit à ses comportements a-t-il besoin de penser? Bertolt Brecht se plaisait à dire que «le fascisme traite la pensée comme un comportement. Ce qui fait delle un acte au sens juridique, le cas échéant criminel, et passible de sanctions appropriées». 

Ce sont les connaissances traditionnellement les plus rétives à la raison calculatrice, psychanalyse et humanités en tête, qui, aujourd’hui, font l’objet d’un jeu de massacre des pouvoirs. Elles en sont la cible privilégiée, l’objet de toutes les censures. La censure a pris une forme nouvelle, elle n’interdit pas, elle empêche, elle empêche de penser en interdisant l’usage poétique des mots et de la langue. Il suffit pour censurer de rendre insignifiant tout acte de vie, social et subjectif, qui ne parvient pas à se convertir en valeurs pratico-formelles, c’est-à-dire dans le langage et les valeurs des affaires et du droit.

Le sourire d’un schizophrène dans la relation thérapeutique est un moment d’humanité partagée. Il n’a aucune valeur tarifaire dans la comptabilité des hôpitaux. Nous sommes entrés dans une véritable colonisation des mœurs et des esprits qui considère les humains comme des instruments appelés à produire au bénéfice d’une oligarchie financière.

Vous développez votre propos à partir des analyses de Michel Foucault et de Gilles Deleuze sur la société de contrôle. Pouvez-vous revenir sur ce concept?

ROLAND GORI Les analyses de Foucault et de Deleuze sont très importantes pour mes propres travaux. Ce que Michel Foucault nous montre, c’est qu’à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, il y a une extension de la norme à la fois comme normalisation sociale et comme discours qualifiant des comportements individuels et collectifs, depuis les anormaux jusqu’aux foules criminelles.

La normalisation, c’est ce que Michel Foucault, à la suite de Georges Canguilhem, définit comme «lensemble des exigences quon impose à des existences». À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, et en corrélation avec les normes techniques produites par la deuxième révolution industrielle, on assiste à un profond et violent quadrillage normatif des populations. Ce quadrillage emprunte la voie de la discipline par le truchement d’institutions de correction et de normalisation: la prison, lhôpital, l’école, la famille, l’usine, les services sociaux, etc.

Ce premier cadre de normalisation des populations emprunte les voies de toutes les sociétés disciplinaires qui procèdent par des contraintes extérieures de surveillance et de punition. Ces disciplines se traduisent par une politique de l’espace et du temps, comme l’a montré Henri Lefebvre, par exemple. Mais, comme le remarque Gilles Deleuze, Foucault n’a jamais dit que les sociétés disciplinaires étaient la dernière étape de l’évolution sociale des sociétés de normalisation.

L’apport de Deleuze a été de montrer combien de plus en plus nous entrions dans des sociétés de contrôle par l’intermédiaire des flux d’informations, qui sont de véritables «mots dordre». Avec les sociétés de contrôle, on a complètement changé les logiques de pouvoir et de domination, les logiques de «conduite des conduites». On est dans quelque chose de plus fluide et de déterritorialisé qui ne nécessite pas denfermer les individus mais exige quon les suive à la trace. Leurs traces deviennent les molécules d’une vie sociale sous le contrôle permanent des pouvoirs politiques et financiers.

C’est dans ce contexte, ainsi que vous le montrez, que se développent l’information et la communication comme vecteurs de contrôle social et, plus particulièrement aujourd’hui, par l’intermédiaire des nouvelles technologies informatiques.

ROLAND GORI Ce qui est prévalent dans les sociétés de contrôle, c’est en effet l’information. L’information, c’est quoi? Linformation, comme le dit très bien Gilles Deleuze, c’est un ensemble de mots d’ordre. En informant des gens, on leur dit en quelque sorte ce à quoi ils doivent croire ou, en tout cas, ce à quoi ils doivent faire semblant de croire pour se comporter d’une certaine manière.

Toutes les réformes libérales au niveau de l’école, au niveau de l’hôpital, dans le milieu du travail et en particulier dans les services publics aujourd’hui passent par le vecteur des réseaux d’information, qui demandent aux individus de faire semblant de croire à un certain nombre de choses pour pouvoir se comporter comme l’on veut qu’ils se comportent sur une chaîne de production automatique d’actes qui sont définis par des experts. On rejoint le taylorisme mais sous de nouvelles formes, beaucoup plus puissantes, beaucoup plus insidieuses et auxquelles il est de plus en plus difficile d’échapper.

Comme le dit Gilles Deleuze, la société de l’information est comparable à une autoroute sur laquelle les gens peuvent circuler librement mais sont en fait contrôlés en permanence. Cela ne veut pas dire évidemment que les autoroutes soient faites pour contrôler les gens mais cela veut dire que les autoroutes deviennent des autoroutes de servitude à partir desquelles on peut surveiller, contrôler et normaliser les individus au nom de ce qu’ils sont censés devoir croire. C’est cela le pouvoir libéral autoritaire, le libéralisme autoritaire né dans les années 1930 et de retour de nos jours. C’est la raison pour laquelle le pouvoir ne va plus permettre un débat autour des valeurs et des finalités de ce que l’on fait mais uniquement manipuler par la gestion des moyens mis à notre disposition pour le faire.

C’est en jouant sur une politique des moyens, par exemple des services publics, que le pouvoir libéral autoritaire modifie les objectifs et les finalités. Les réformes de Blanquer et de Véran que j’analyse dans l’ouvrage illustrent ce libéralisme autoritaire. On gouverne par les chiffres pour changer l’esprit de ce qu’il y a à faire: soigner, éduquer, informer Et on perd du coup la capacité dinventer la démocratie, selon l’expression de Claude Lefort, qui est un gouvernement par la parole, par le débat contradictoire. C’est face à cette colonisation de nos esprits et de nos mœurs par une société de contrôle qui emploie l’information pour nous donner des mots d’ordre qu’il nous faut réinventer de nouvelles manières de lutter socialement et politiquement. Nous devons pour gagner notre liberté nous affranchir de cette langue utilitaire.

Vous analysez la notion de «coup de coude», ou de «nudge» en anglais. Pouvez-vous nous expliquer ce dont il s’agit et comment ce procédé est lié aux processus de la société de contrôle?

ROLAND GORI Le nudge, c’est le coup de coude comparable au coup de trompe que donne la mère éléphant à un éléphanteau qui s’est écarté du bon chemin. Mais, il n’est pas dit que le pouvoir libéral ait à notre endroit la même bienveillance que la maman éléphant. Le nudge est une nouvelle stratégie de gouvernement des individus fortement inspirée des recherches en économie comportementale qui montrent comment on peut manipuler les individus en leur faisant croire qu’ils sont libres de choisir.

L’exemple d’un nudge, c’est la mouche noire des urinoirs visant à guider le jet urinaire pour éviter les éclaboussures. C’est aussi la manière dont on va placer dans une grande surface des musiques et des couleurs de produits de telle façon que l’on guide les gens dans leur achat sans qu’ils s’en aperçoivent en leur faisant croire que ce qu’ils achètent, ils l’achètent librement. Avec le nudge, on voit bien comment procède la démocratie néolibérale en faisant croire à une liberté individuelle manipulée par le guidage des experts qui nous amènent à faire librement le choix qu’ils ont décidé pour nous. C’est comme cela que le gouvernement français a géré la crise du Covid. Et lorsque le nudge échoue, le pouvoir révèle la violence de ses choix masquée par la manipulation des comportements.

Vous soulignez combien les idéologies néolibérales n’aiment pas les sciences sociales en évoquant notamment le travail de Pierre Bourdieu. N’est-ce pas également le cas pour la psychanalyse?

ROLAND GORI Les affinités ou les inimitiés entre des théories ou des pratiques et une culture à un moment donné dans une société donnée ne sont pas seulement corrélées à l’efficacité ou à l’exactitude qu’elles apportent. C’est le cas pour la psychanalyse. Les attraits ou les rejets que sa diffusion dans la culture a produits à un moment donné sont déterminés, en partie, par les valeurs de la civilisation qu’elles heurtent ou qu’elles renforcent.

Pour faire simple, la psychanalyse n’est pas évaluée la plupart du temps pour ce qu’elle apporte de vrai ou d’efficace mais par sa complaisance à entrer dans le champ des valeurs d’une civilisation des mœurs à une époque donnée. Nous sommes aujourd’hui dans une civilisation qui prescrit une posture de victime pour l’obtention d’une reconnaissance sociale. Du coup, dans le domaine du travail, par exemple, on va avoir davantage tendance à parler de «risques psychosociaux» plutôt que de luttes sociales. Dans la Fabrique de nos servitudes, je montre que les choix de Blanquer ou de Véran dépendent davantage de leur libéralisme autoritaire que de la science dont ils se prévalent et dont ils cherchent la caution.

Vous proposez de retrouver, dans le sillage de Patrick Chamoiseau et d’Édouard Glissant, une voie d’émancipation. Quelle est-elle?

ROLAND GORI La présence de Patrick Chamoiseau, d’Édouard Glissant et d’Achille Mbembe dans mon livre est massive. Puisque nous sommes dans ce qu’Achille Mbembe appelle un «devenir nègre du monde», il est vital de se laisser enseigner par l’histoire des esclavages et des colonisations, de leurs prédations sociales et des moyens de s’en délivrer. Il s’agit moins de dire que nous sommes les nouveaux esclaves du libéralisme autoritaire que de se laisser enseigner les moyens de nous échapper des logiques de domination, d’humiliation et de prédation par la danse, le chant, le conte et l’utopie.

(1) La Fabrique de nos servitudes, Éd. les Liens qui libèrent, 304 pages, 21 euros.

 

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Éducation. L’école veut se débarrasser du virus Blanquer

14 Janvier 2022, 09:57am

Publié par PCF Villepinte

Manifestation des personnels de l'éducation nationale, le 13 janvier, à Toulouse. © Frédéric Schelbert/Hans Lucas/AFP

L'Humanité Vendredi 14 Janvier 2022

Olivier Chartrain

La colère était très forte dans le défilé parisien et dépassait largement des préoccupations liées à la mise en œuvre des protocoles sanitaires pour mettre en cause l’action du ministre de l’Éducation nationale.

Si Jean-Luc Godard était venu se promener sur le boulevard Saint-Michel jeudi après-midi, il aurait été heureux de constater que le Mépris était le blockbuster de ce 13 janvier. Jeanne a même collé l’affiche du film sur la pancarte qu’elle brandit au milieu de la manifestation parisienne. Cette enseignante en maternelle dans le 18e arrondissement de Paris dénonce «lincohérence des mesures prises pour lutter contre la pandémie. Le nouveau protocole ne protège personne». Surtout en maternelle, où les élèves ne sont pas masqués et où «nous, enseignants, navons toujours que nos masques en tissu». Elle évoque un «ras-le-bol général depuis le début de la crise sanitaire» face à un ministre qui «détruit l’école à petit feu» et témoigne du «mépris» envers les personnels.

«Le mépris», c’est bien le tube de l’après-midi, sur les pancartes, dans les slogans, dans la bouche des responsables syndicaux comme dans celle des personnels de toutes catégories qui défilent dans le Quartier latin. Où chacun s’empresse de préciser que «nous ne faisons pas grève contre un virus».

«Nous voulons des réponses sur le plan sanitaire, avec un protocole stable et qui protège vraiment les élèves et les personnels, précise Marie-Hélène Plard, directrice d’école et cosecrétaire du SNUipp-FSU en Seine-Saint-Denis, mais nous attendons aussi des réponses sur le reste.» Isabelle aussi veut des réponses. AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap) à Drancy depuis trois ans, elle est venue avec sa fille: «Je suis reconnue personne vulnérable, je suis mère isolée, je gagne 800 euros par mois… et je dois acheter mes masques, car sinon nous n’avons eu que des masques-slips qui ne nous protègent pas!»

Ceux qui voudraient circonscrire cette grève à un mouvement d’humeur provoqué par une gestion maladroite de l’explosion des contaminations dues au variant Omicron risquent d’en être pour leurs frais. «Le virus, cest Blanquer!», c’est l’autre grand succès de la journée pour signifier que oui, l’école est malade, que les élèves comme les personnels souffrent, mais que le Covid n’en est pas la cause principale. Le responsable occupe la rue de Grenelle depuis 2017. Prof de SVT à Noisy-le Grand, François veut ainsi «alerter lopinion publique sur notre ras-le-bol, notre fatigue depuis deux ans». Dans son collège, les élèves n’ont pas d’infirmière. Elle n’a pas été remplacée, «alors que le taux dincidence chez les 10-19 ans atteint 5900 dans le département! Sur 640 élèves, on en a 300 qui sont positifs ou cas contacts. On attend de vraies réponses, des moyens de protection efficaces. On ne peut pas nous dire quil ny a pas dargent pour ça quand, en deux ans, le ministre a rendu plus de 600 millions sur le budget de l’éducation nationale!».

75 % de grévistes dans le primaire et 62 % dans le secondaire

«On a des élèves qui doivent attendre une heure, deux heures devant linfirmerie pour se faire tester», détaille Coline, AED (assistant d’éducation) à la cité scolaire Voltaire, à Paris, qui a écrit sur son masque «changeons dair, virons Blanquer!». Elle se pose des questions sur «la suite», tout comme Mona, conseillère principale d’éducation au lycée Éluard, à Saint-Denis, qu’elle décrit «vétuste, envahi par les rats». Les suites, elles commençaient dès jeudi soir, Jean Castex s’étant décidé à recevoir les organisations syndicales qu’il n’avait pas daigné consulter avant d’annoncer la dernière mouture du protocole sanitaire. La force de la mobilisation, avec 75 % de grévistes dans le primaire et 62 % dans le secondaire, selon la FSU, a sans doute fini par le convaincre. Notons au passage que les chiffres du ministère de l’Éducation nationale (respectivement 36,5 % et 23,7 %) sont faux, puisque calculés sur une «photo» des grévistes à 8 heures, comptant ainsi les absents et ceux qui commencent leur service après 8 heures comme non-grévistes. C’est l’intersyndicale réunie ce vendredi soir qui décidera des suites, alors que localement des assemblées générales ont déjà appelé à une nouvelle journée d’action, le 20 janvier. 

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journée de mobilisation le 27 janvier 2022

14 Janvier 2022, 09:51am

Publié par PCF Villepinte

Communiqué commun des organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL appelant à une journée de mobilisation

le 27 janvier 2022.

Personne ne peut ignorer le contexte social et économique, les augmentations des produits de première nécessité, de l’énergie comme de l’alimentation et, finalement, du coût de la vie pour toutes et tous, jeunes, actifs, demandeurs d’emploi et retraités.

Personne n’ignore que seuls les salaires, les pensions et les aides et allocations continuent de stagner ou même de baisser au regard de l’inflation, de décrocher par rapport aux qualifications, dans le privé comme dans le public.

Si, dans certains secteurs et entreprises, des mobilisations et des négociations ont permis d’obtenir des revalorisations de salaires, trop souvent encore les négociations sont au point mort ou les propositions des employeurs loin du compte.

Les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, Unef et UNL ne peuvent s’en satisfaire et n’entendent pas en rester là !

Sans augmentation du point d’indice et du Smic, il n’y aura aucune avancée pour les salarié.e.s dont les mínima de branche sont actuellement en dessous du salaire de base minimum.
 

Les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, Unef et UNL contestent, dans le même temps, que le gouvernement ait maintenu sa réforme de l’assurance chômage qui aura pour conséquence d’enfermer de trop nombreux salariés dans des emplois à faible salaire, à temps partiel ou en CDD.

Les retraité.e.s, très massivement mobilisé.e.s, attendent toujours une réponse pour une augmentation immédiate de leurs pensions, retraites de base et retraites complémentaires, dont la dernière revalorisation a été plafonnée à un niveau très inférieur à l’inflation.

La jeunesse, confrontée à une grande précarité de vie et de travail, à la pauvreté, accentuées par la crise sanitaire, économique et sociale, doit obtenir une réponse à l’encontre des réformes libérales de l’éducation, de la formation, et de l’assurance chômage décidées par le gouvernement.

Les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, Unef et UNL soutiennent les actions et mobilisations organisées dans les jours et semaines qui viennent pour exiger des augmentations de salaires et défendre les emplois et conditions de travail et appellent à une mobilisation interprofessionnelle sur les salaires et l’emploi le jeudi 27 janvier 2022.

Il est urgent et indispensable d’agir toutes et tous ensemble, par la grève et les manifestations, pour l’augmentation immédiate de tous les salaires du privé comme du public, des allocations pour les jeunes en formation et en recherche d’emploi, ainsi que d’améliorer les pensions des retraité.e.s.

 

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Ecoute

13 Janvier 2022, 13:17pm

Publié par PCF Villepinte

 

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Au Chili, l'espoir mis au défi

13 Janvier 2022, 13:11pm

Publié par PCF Villepinte

Un grand « ouf » de soulagement. C’est ce qui a échappé aux progressistes du monde entier à l’annonce de la victoire de Gabriel Boric lors du second tour de l’élection présidentielle au Chili. Avec 55,9 % des voix, le candidat de la coalition « Apruebo Dignidad » (J’approuve la dignité) renversait la tendance du premier tour et s’imposait face au représentant de l’extrême droite réactionnaire et néolibérale, José Antonio Kast.

 

Un soupir de soulagement donc, mais aussi d’admiration et d’espoir face à l’ampleur de la victoire acquise. En effet, au soir du premier tour, l’ambiance était tout autre. Pourtant donné favori, Boric était arrivé deuxième avec 25,8 % des voix, derrière Kast (27,9 %). Une douche froide, mais aussi un coup de tocsin pour la mobilisation des citoyennes et citoyens, confrontés à deux options diamétralement opposées : l’espoir contre la peur, le neuf contre l’ancien, la démocratie contre l’autoritarisme.

Le caractère plébiscitaire du scrutin, la menace de voir arriver à la présidence un « Bolsonaro chilien », ont conduit de larges secteurs populaires, progressistes et démocratiques à se mobiliser, ce qui s’est traduit par une victoire historique à plus d’un titre. Entre le premier et le second tour, Boric a gagné plus de 2,8 millions de voix, devenant ainsi le président élu avec le plus haut pourcentage, le plus haut nombre de suffrages (4,6 millions), le plus grand écart de voix, mais aussi le plus haut taux de participation (55,6 %, en hausse de 8 points par rapport au premier tour).

Ce formidable sursaut n’est bien entendu pas uniquement le fait de réactions individuelles. Il est en grande partie le résultat d’une mobilisation militante de tous les instants entre les deux tours, dans laquelle les militantes et militants du Parti communiste du Chili auront été en première ligne. Sous le mot d’ordre « 1 million de portes pour Boric », une grande campagne de porte-à-porte a ainsi permis d’entrer directement en contact avec la population dans tout le pays et promouvoir le vote, notamment auprès des classes populaires urbaines et rurales.

La victoire de Boric s’inscrit dans la continuité du processus de transformation de la société chilienne, qui s’exprime avec force depuis le soulèvement populaire d’octobre 2019. Issue du référendum du 25 octobre 2020, l’Assemblée constituante travaille depuis son installation à la rédaction d’un nouveau texte constitutionnel, qui doit remplacer celui mis en place par la dictature de Pinochet dans le but d’empêcher toute remise en cause du modèle néolibéral-autoritaire. Avant la fin de l’année, le document élaboré par la Constituante doit être soumis par référendum au peuple chilien, qui décidera souverainement de son approbation ou de son rejet. Avec un Exécutif qui lui est favorable, la Constituante se retrouve donc dans une situation bien plus favorable pour mener à bien ses travaux et aboutir à l’ouverture d’une nouvelle page dans la vie républicaine du Chili.

L’unité, condition de l’avancée du processus

Lors des traditionnels vœux à la presse, organisés le 1er janvier, le président du PC Guillermo Teillier peut donc déclarer que « nous avons beaucoup de raisons d’être contents. Ça a été une bonne année pour le peuple du Chili, car celui-ci a consolidé le réveil d’espoir de 2019, après avoir connu une pandémie si dure, et ce peuple a fixé un cap. Un cap de changements, de processus de perfectionnement démocratique, un processus unitaire, dans lequel la majorité du pays penche pour mener de l’avant les mesures substantielles du programme de gouvernement que mène Gabriel Boric. Cela s’est bien passé pour nous en tant que coalition Apruebo Dignidad, en tant que parti ; nous n’avons pas réussi tout ce que nous aurions voulu, mais de manière générale ce processus est un succès pour le moment »1.

Au lendemain de l’élection présidentielle, les communistes réaffirment donc leur volonté de continuer à s’inscrire dans la politique de front large poursuivie par la majorité de la gauche, afin de garantir la stabilité du nouveau gouvernement et le succès du processus de nouvelle Constitution, dans un sens de substantielles transformations sociales et démocratiques. C’est notamment le sens des déclarations de plusieurs dirigeants communistes, reconnaissant la liberté de Gabriel Boric pour constituer son gouvernement, en faisant appel aux forces de gauche dans leur diversité, mais aussi à des personnalités « indépendantes » ou issues des mouvements sociaux. Une ouverture qui comprend également la possibilité de discuter avec des organisations telles que le Parti socialiste, voire certains secteurs de la droite.

Une politique qui ne va pas sans difficultés, comme récemment avec le renouvellement de la direction de la Constituante. Lors de celle-ci, des divergences se sont fait jour au sein des forces de gauche, entre un pôle regroupant le Frente Amplio (FA, regroupement de formations de gauche dont est issu Boric, et qui est membre d’Apruebo Dignidad) et des courants socialistes, et un autre constitué d’indépendants et du PC. C’est finalement le second qui l’a emporté, avec l’élection à la présidence et la vice-présidence de María Elisa Quinteros, membre de l’organisation Mouvements sociaux constituants et Gaspar Domínguez d’Indépendants non-neutres.

S’il refuse de considérer cet épisode comme une rupture, le constituant communiste Marcos Barraza y voit néanmoins l’expression de deux conceptions du rôle de l’Assemblée constituante : l’une favorisant un texte « neutre » et l’autre voulant le doter d’un contenu programmatique, autour de dispositions fortes2.

La participation populaire, clef de la réussite

Au-delà des espaces institutionnels, c’est également dans la mobilisation populaire, son dynamisme et sa détermination, que réside un élément essentiel pour la réussite du processus de transformation, et cela dès maintenant. Car malgré le mouvement de 2019, le triomphe lors du référendum constitutionnel et, désormais, la victoire lors de l’élection présidentielle, 44 % des votants du second tour ont opté pour un candidat ultra-réactionnaire. Celui-ci ne disparaîtra pas une fois l’élection passée, et la lutte pour l’hégémonie à droite ne fait que commencer. Au Parlement, la situation est également compliquée pour la gauche, AP n’ayant obtenu « que » 37 sièges sur 155 à la Chambre des représentants et cinq sur 50 au Sénat.

Dans l’immédiat, la mobilisation peut se structurer autour de deux axes. Le premier, de résistance, contre la volonté du président sortant, Sebastián Piñera, de brader les ressources en lithium au profit de grandes multinationales et sans aucun processus d’industrialisation de la filière au plan national. Le second, de construction, afin de recueillir le maximum de signatures pour l’introduction d’initiatives populaires à la Constituante. Le règlement de l’assemblée prévoit en effet qu’une proposition recueillant au moins 15 000 signatures de citoyennes et citoyens d’au moins quatre régions différentes, sera discutée et votée par celle-ci et pourra donc, in fine, faire partie de la prochaine Constitution. Seront ainsi d’ores-et-déjà débattues une proposition visant à garantir les droits sexuels et reproductifs, dont l’avortement, ou une visant à… interdire ce même avortement.

Autant dire l’importance, avant la date limite du 1er février, de permettre que soient soumises au débat des propositions telles que celle d’une « Constitution politique pour les travailleuses et les travailleurs » portée par la centrale syndicale CUT ; pour une éducation féministe, laïque, publique et non-sexiste ; ou encore pour le droit à la Sécurité sociale.

D’une grande importance, la victoire de Gabriel Boric n’est cependant qu’un rouage parmi d’autres dans la machine de la transformation sociale au Chili. Une machine grande, complexe et toujours en construction, peut-être fragile mais qui, pour toutes ces raisons, suscite la curiosité et la solidarité des progressistes de tous les pays.

 

Cyril Benoit


membre du collectif Amérique latine

membre de la Commission des relations internationales du PCF
 

1. http://elsiglo.cl/2022/01/01/el-partido-comunista-no-tiene-ninguna-actitud-de-veto/

2. https://www.latercera.com/la-tercera-sabado/noticia/marcos-barraza-convencional-pc-apruebo-dignidad-es-una-coalicion-joven-y-todavia-el-rodaje-no-es-suficiente/TEKTH52RPBH3NA2ERZYC5XOGYE/?fbclid=IwAR1CdJQC3w8wntJ78Ty5VfkwrbO6gLtDN3o60U-5VjkCqV026LyxaMlVpbQ

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Pour une autre politique éducative

13 Janvier 2022, 13:06pm

Publié par PCF Villepinte

Publié le 12/01/2022 par PCF

Ce jeudi, l’ensemble des syndicats de l’Éducation appelle à la grève et à la mobilisation. Le ministre Blanquer fait l’unanimité contre lui : sa gestion de la crise sanitaire est irresponsable. Elle met en danger les enseignant·e·s, les personnels, les élèves et leurs familles. Elle met l’école publique à genou. 

 

Depuis bientôt deux ans que le virus circule, rien n’a été fait pour garantir de bonnes conditions d’apprentissage. Il n’y a personne pour remplacer les personnels malades : les classes ferment les unes après les autres, la restauration scolaire est désorganisée. Les va-et-vient des élèves, absents pour se faire tester ou pour s’isoler, rendent la progression des apprentissages difficile. Personne ne sait de quoi sera fait demain.

Ce chaos, le ministre en est directement responsable : son protocole sanitaire, élaboré sans consulter les premiers concernés, annoncé par voie de presse à la veille de la rentrée, modifié sans cesse depuis, ne protège personne. Pire, il désorganise encore un peu plus l’Éducation !

C’est pourquoi les communistes seront aux côtés des personnels d’éducation en grève ce jeudi 13 janvier. Avec elles et eux, nous exigeons que le gouvernement prenne ses responsabilités, garantisse la sécurité de tous les personnels de l’Éducation, des élèves et de leurs familles, et restaure des conditions d’apprentissage sereine.

Nous exigeons que les élèves puissent être testés régulièrement, une fois par semaine ; que l’État fournisse des masques FFP2 à l’ensemble des personnels et équipe toutes les salles de capteurs de CO2 : cet effort ne peut pas être assumé entièrement par les collectivités locales. L’éducation est nationale, l’État doit prendre ses responsabilités.

Si notre système éducatif craque aujourd’hui, c’est parce qu’il a été fragilisé par des années de politiques libérales : nous manquons d’enseignant·e·s et de personnels, il n’y a personne pour remplacer les absents, personne pour réduire les effectifs. Mais comment recruter en urgence dans un métier qui nécessite un haut niveau de formation, et qui a été dévalorisé par des années de gel des salaires et de perte de sens ?

Nous faisons plusieurs propositions : recruter l’ensemble des admis sur listes complémentaires et des admissibles aux concours de l’année dernière ; ouvrir des concours exceptionnels ; titulariser les contractuels en leur permettant de faire un service complet d’enseignement ; pré-recruter dès aujourd’hui 10 000 jeunes au niveau bac+3 sous statut de la fonction publique, en leur proposant une formation en alternance jusqu’à bac+5 et la perspective d’être titularisés.

Ces jeunes pourraient être affectés à un établissement, y assurer des remplacements ponctuels ou y permettre des dédoublements, tout en poursuivant leur formation. Ces recrutements en urgence doivent aller de pair avec la reconstruction de la formation initiale et continue, pour donner aux nouveaux enseignants les moyens de maîtriser leur métier et de faire réussir tous les élèves.

Il ne s’agit pas seulement de répondre à la crise, mais bien de rompre avec des années de politiques éducatives qui ont réduit le service public au minimum. Nous ne voulons pas que l’Éducation nationale devienne l’école de celles et ceux qui n’ont pas d’autre choix ! Nous défendons au contraire une éducation ambitieuse, capable de donner un haut niveau de connaissances et de qualification à toutes et tous.

C’est le sens de notre proposition d’allongement du temps scolaire : plus de temps en classe, pour lutter contre les inégalités sociales de réussite scolaire, transmettre des savoirs complexes à tous les jeunes et leur permettre de maîtriser leur avenir.

Jeudi, dans les cortèges, les communistes seront aux côtés des enseigant·e·s et des personnels de l’Éducation pour réclamer des solutions immédiates à la désorganisation de l’école. Ils seront aussi là pour mettre en débat une autre politique éducative, à partir de leurs 14 propositions pour l’école des jours heureux. 

(https://www.fabienroussel2022.fr/ecole).

 

Marine Roussillon

 

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