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Retraites :

11 Décembre 2022, 08:17am

Publié par PCF Villepinte

 Qui sème le vent récolte la tempête

L'Humanité Samedi 10 Décembre 2022

Sophie Binet

Sophie Binet, pilote du collectif femmes mixité de la CGT et secrétaire générale de l'Ugict. © Albert Facelly

Photo Albert Facelly pour L’Humanité.

Malgré l’opposition de l’ensemble des syndicats, l’exécutif confirme sa réforme des retraites: report de l’âge douverture des droits de 62 à 65 ans pour les salarié.es du privé et les fonctionnaires, report de trois ans des départs anticipés (pénibilité, régimes spéciaux, carrières longues), augmentation du nombre d’annuités nécessaires pour avoir une retraite à taux plein, alors qu’il s’élève déjà à 43 pour les générations nées après 1973! Une réforme dune rare violence, qui sappliquerait dès la génération 1961. Mais il faut garder le conditionnel, car la partie est loin d’être gagnée pour le gouvernement.

D’abord parce qu’une très large majorité de Françaises et de Français y sont opposé.es. Ensuite parce que la réforme apparaît d’autant plus injuste dans un contexte où salarié.es et retraité.es voient leur pouvoir d’achat s’écrouler face à l’inflation. Un deux poids deux mesures inacceptable, alors que l’exécutif, en refusant de taxer les dividendes et d’indexer les salaires sur l’inflation, a permis aux grandes entreprises d’engranger des profits record. Enfin le contexte: lhiver et les factures arrivant, la flambée des coûts de l’énergie devient explosive pour les ménages, les collectivités, les organismes HLM et nombre dentreprises. Sans parler du risque sanitaire et de la combinaison Covid-grippe-bronchiolite, avec un système de soins en crise profonde, de la médecine de ville à l’hôpital. Cette réforme irresponsable s’apparente donc à une étincelle sur un baril de poudre. Et on connaît le potentiel mobilisateur et unificateur des retraites. Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser les baromètres réalisés par l’Ugict-CGT. 46 % des professions intermédiaires et 42 % des cadres se disent prêts à faire grève pour défendre leurs retraites, une détermination encore plus importante qu’en matière de salaires!

À part les patrons, rares sont ceux qui soutiendront la réforme. Ce d’autant que les arguments manquent. La dette, brandie par le gouvernement, s’élèverait à un 0,5 % du PIB. La belle affaire! Pour la résorber, il suffirait de supprimer les exonérations de cotisations retraites accordées chaque année aux entreprises sans contrepartie. Ou de mettre à contribution les dividendes. Ou dindexer les salaires sur l’inflation et de mettre fin aux inégalités salariales entre femmes et hommes. Ou encore d’augmenter légèrement les cotisations. Quant au chantage sur la baisse des pensions, l’histoire nous montre qu’elle accompagne tout report de l’âge de départ, avec des salariés toujours plus nombreux à devoir partir avec des carrières incomplètes. Et c’est justement pour enrayer l’effondrement des pensions programmé par les précédentes réformes que la CGT propose d’augmenter les ressources des régimes de retraite.

L’unité syndicale est un plus pour gagner et la CGT s’emploie à construire une première journée de mobilisation unitaire en janvier. Mais la bataille ne se gagnera pas d’en haut. Cette date doit être inscrite à l’agenda de toutes les professions avec des suites immédiates, à l’image des grèves reconductibles enclenchées après le 5 décembre 2019. Gare à la grève par procuration! La bataille ne se gagnera que si les salarié.es rentrent très largement dans la danse, en adoptant les modalités qui leur conviennent le mieux.

Nous pourrons nous appuyer sur les nombreux députés progressistes de l’Assemblée à condition de faire les choses dans l’ordre et de construire d’abord la mobilisation sociale, à partir des lieux de travail, avant de lui donner un débouché politique. Nous avons un mois pour mettre en débat cette stratégie et convaincre les salarié.es de s’y engager massivement. Les braises de la mobilisation gagnante de 2019 sont encore chaudes, le doublé est à notre portée!

 

 

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la propriété privée 

11 Décembre 2022, 08:05am

Publié par PCF Villepinte

Riches en bande organisée

L'Humanité Samedi 10 Décembre 2022

Sébastien Crépel

Le sujet choisi pour la une de L'Humanité Magazine, cette semaine,  questionne hardiment la propriété privée – entendue au sens capitaliste, c’est-à-dire quand ce droit reconnu théoriquement à chacun devient dans les faits celui de quelques-uns de posséder sans limite et d’exploiter comme bon leur semble la terre, la nature, les biens, les services, les machines ou la force de travail d’autrui –, résonne étrangement avec une autre actualité.

Celle de la publication des avoirs des membres du gouvernement, dont on apprend qu’ils font peu ou prou partie, pris dans leur ensemble, du 1 % de Français les plus fortunés, avec une moyenne de 1,9 million d’euros de patrimoine brut par ministre.

L’équivalent de plus de 100 années de Smic accumulées. Bien sûr, aucun d’entre eux n’a dépossédé ou volé quiconque aux yeux de la loi, ni n’a usé de moyens répréhensibles pour s’enrichir. C’est en toute légalité – du moins, on le présume – qu’ont été acquis leurs biens de luxe (grosses cylindrées, montres de prix, appartements, etc.) et autres actifs de grande valeur (assurances-vie, cash, stock-options…).

Là n’est pas la question. Il ne s’agit pas non plus de contester le droit pour tout citoyen d’être appelé à participer au gouvernement de la France, que la vie et les origines familiales aient été ou non généreuses avec lui. Non, ce qui interroge, et qui peut apparaître choquant pour ceux qui peinent à «joindre les deux bouts», est cette extrême concentration de fortunes entre les mains de ceux qui disent agir au nom de lintérêt général et du bien commun.

Surtout quand on est amené à subir les choix particulièrement nocifs pour le plus grand nombre de ce gouvernement, à l’instar de l’assurance-chômage ou des retraites, dont l’âge légal serait repoussé à 65 ans. De là à parler de riches en bande organisée, gouvernant pour les intérêts d’une classe ou d’un petit groupe de privilégiés dont ils émanent, il n’y a qu’un pas que le sens de la politique poursuivie depuis six mois pousse sans hésiter à franchir.

Élisabeth Borne et les 18 autres millionnaires comme elle au sein du gouvernement ne connaîtront jamais les angoisses de l’employé ou du cadre moyen qu’ils exhortent à travailler plus longtemps, sous peine de voir son droit à la retraite remis en cause. Pas plus qu’ils ne partagent le désespoir du privé d’emploi à qui l’on coupe les allocations chômage.

Ils ne se demandent pas comment ils paieront l’énergie cet hiver. Les ministres d’Emmanuel Macron ont d’autres priorités que les 99 % moins bien lotis. Comme celle, par exemple, de réduire à marche forcée les déficits publics sous la pression des marchés, toujours de la même façon: en restreignant les prestations et des services publics dont on sait quils sont le patrimoine de ceux qui nen ont pas, plutôt qu’en imposant un peu plus ceux qui pourraient payer une juste part et en sont largement dispensés

On pourrait d’ailleurs se poser la question de savoir si, et à quelle hauteur, les millionnaires qui nous gouvernent ont bénéficié de la suppression de l’ISF et de la création de la flat tax sur le capital décidées sous le quinquennat précédent.

«La propriété, cest le vol», disait Proudhon, sans doute selon des vues un peu datées aujourdhui. Il nempêche que la force du message demeure intacte, à lheure où l’accumulation du capital ne connaît pas de bornes: les biens communs, les services publics, la Terre et le vivant appartiennent à tous. Les prochaines mobilisations pour défendre les retraites et le système de protection sociale, menacés de privatisation sous couvert de vouloir les «sauver», seront loccasion de le rappeler.

 

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Pérou

9 Décembre 2022, 09:14am

Publié par PCF Villepinte

 Les dessous de la destitution

de Pedro Castillo

Le président de gauche est le sixième chef d’État du pays à être démis en six ans par le Parlement. Il vient d’être arrêté, dix-sept mois après son élection. Les rivalités dans son parti et dans son camp l’ont empêché de présenter un front uni face à la bourgeoisie.

L'Humanité Vendredi 9 Décembre 2022

Lina Sankari

AFP

Sans chars ni fusils, Pedro Castillo a été destitué. Ce 7 décembre, au terme d’une journée rocambolesque, le président de gauche péruvien a échoué en détention, pour une durée de quinze jours, dans une base des forces spéciales de la police de Lima. Elle abrite déjà un autre détenu, l’ancien dirigeant du pays, Alberto Fujimori (extrême droite). Selon la police, Pedro Castillo aurait tenté de trouver refuge à l’ambassade du Mexique pour y demander l’asile avant d’être appréhendé.

Jusqu’au dernier instant, le chef de l’État, minoritaire au Parlement, aura tout tenté pour échapper à la destitution. Dans un pays en crise politique permanente, il est le sixième président en six ans à être démis. Élu en juillet 2021, il affrontait sa troisième procédure de destitution. «Cest presque une surprise quil ait tenu aussi longtemps face au front permanent emmené à la fois par les médias et la bourgeoisie.

Au Parlement, les conservateurs ont déployé pendant dix-sept mois tous les outils législatifs et administratifs, dont déjà deux autres tentatives de destitution, pour faire entrave et empêcher Pedro Castillo d’appliquer son programme», analyse Lissell Quiroz, professeure d’études latino-américaines à l’université de Cergy-Paris. À l’annonce du résultat du vote, les organisations syndicales se sont rassemblées devant le Parlement afin de protester contre cette décision. Mais elles ne sont parvenues à réunir que quelques centaines de participants.

Des perquisitions au palais présidentiel et une enquête pour «rébellion»

Peu avant la tombée du couperet, Pedro Castillo avait prononcé la dissolution du Parlement sans en avoir toutefois les moyens légaux et constitutionnels. Pour sortir de l’ornière, le président avait également annoncé un «gouvernement durgence exceptionnel» et fait part de sa volonté de convoquer «dans les plus brefs délais» une Assemblée constituante.

Retransmise en direct à la télévision, sa destitution pour «incapacité morale» a été votée par 101 des 130 parlementaires, dont 80 de l’opposition. Dans la foulée, la vice-présidente Dina Boluarte, issue de Pérou libre, la formation politique d’inspiration marxiste dont Pedro Castillo avait été exclu en juillet, a été investie comme nouvelle cheffe de l’État, fonction qu’elle devrait assumer jusqu’en 2026.

Quelques heures auparavant, elle dénonçait, dans un troublant concert avec la droite et l’Organisation des États américains, la «tentative de coup d’État promue par Pedro Castillo (c’est-à-dire de violation de l’article 117 de la Constitution qui garantit le fonctionnement du Parlement – NDLR) qui n’a trouvé aucun écho dans les institutions de la démocratie, ni dans la rue». Les États-Unis se sont, de leur côté, empressés d’acter le changement de tête à la présidence.

Mercredi soir, le parquet a ordonné des perquisitions au palais présidentiel et une enquête pour «rébellion» a été ouverte contre Pedro Castillo, en plus des six autres déjà en cours pour corruption et trafic dinfluence. Une «soi-disant» guerre hybride «est menée en Amérique ­latine () pour persécuter, accuser et évincer les dirigeants qui défendent le peuple et affrontent les politiques néolibérales (qui génèrent) la faim», a réagi l’ex-président bolivien Evo Morales, lui-même renversé en 2019. 

«Nous sommes dans un schéma qui, à bien des égards, a à voir avec la situation de Salvador Allende, dans les années 1970, afin d’entraver l’accès du peuple aux institutions», abonde Lissell Quiroz. Le président élu du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a pour sa part trouvé «toujours regrettable quun président démocratiquement élu subisse un tel sort», tout en indiquant que le processus avait été «mené dans le cadre constitutionnel».

Les élites n’ont jamais digéré l’élection de l’instituteur et syndicaliste Pedro Castillo

Dans un pays centralisé à l’extrême autour de la capitale, Lima, pur produit de la colonisation, les élites n’ont jamais digéré l’élection de l’instituteur et syndicaliste Pedro Castillo. Originaire des Andes, il avait été porté au pouvoir par les populations pauvres et délaissées. C’est dans cette région, où le mouvement social reste vivace, que Pedro Castillo a effectué plusieurs déplacements afin d’organiser un front qui lui permette de gouverner. Durant ces visites, qui l’ont tenu éloigné de Lima parfois pendant plusieurs jours du fait des difficultés d’accès, la droite avait les mains libres.

En moins d’un an et demi, Pedro Castillo a procédé à quatre remaniements ministériels, mais la gauche, défaite et affaiblie par le ­fujimorisme, souffre également de ses divisions. Si l’ex-président a pâtit des rivalités politiques internes à sa formation Pérou libre, dirigée par Vladimir Cerrón, il s’est également heurté à la difficulté de constituer une alliance avec la gauche réformiste de Veronica Mendoza, plus proche de Gabriel Boric au Chili, qui s’adresse surtout à la jeunesse urbaine issue des classes moyennes à travers des thèmes sociétaux.

 «Les alliances se font et se défont en fonction des intérêts», relève Lissell Quiroz. En plus des manifestations, où la bourgeoisie n’a pas hésité à rémunérer des casseurs pour amplifier le chaos, Pedro Castillo a fait face à la fronde des transporteurs privés et des agriculteurs contre l’augmentation des prix des carburants.

La droite, dans toutes ses composantes, a désormais une carte à jouer malgré ses divisions. De la démocratie chrétienne aux fujimoristes, les mois qui viennent risquent d’être marqués par d’âpres luttes de pouvoir. Keiko Fujimori, candidate à trois reprises à la présidence et contre laquelle le parquet requiert trente années de prison pour corruption, a déjà exhorté la nouvelle cheffe de l’État à constituer un gouvernement d’union nationale. 

«Dans un pays qui vit une crise politique permanente, elle insistera sur le chaos dans ­lequel la gauche a plongé (ce dernier) et endossera les habits du sauveur, de l’ordre et du progrès», pointe Lissell Quiroz. Dans un climat de dégagisme qui favorise l’extrême droite, la seule porte de sortie résiderait dans le lancement d’un processus de Constituante, comme l’avait proposé Pedro Castillo. Pas sûr que Dina Boluarte emprunte ce chemin.

 

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Le poison

9 Décembre 2022, 08:56am

Publié par PCF Villepinte

Consternation, colère

L'Humanité Vendredi 9 Décembre 2022

 

PAR CATHY DOS SANTOS

Consternation, colère. C’est ce que nous inspire cette vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux. On y voit des petites frappes fascistes faisant irruption dans une réunion publique à Bordeaux où intervenaient deux députés de la FI. «La France est à nous!» éructent ces nervis armés de matraques et cagoulés. Le courage n’a jamais étouffé ces gens-là.

Et de brandir une pancarte barrée de cette injonction: «Quils retournent en Afrique!» Même slogan putride proféré par un parlementaire du Rassemblement national que sa formation s’est empressée de défendre au nom d’une prétendue liberté d’expression. Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit puni par la loi. Les propagateurs de ce poison doivent être poursuivis. Qu’ils portent des rangers ou un costume-cravate à l’Assemblée.

On ne compte plus les librairies, les locaux du PCF souillés, vandalisés, les militants menacés et molestés, cibles du racisme, de la haine et de la violence de l’extrême droite. La banalisation des idées et des discours du RN, présenté comme respectable et fréquentable, a déchaîné la peste brune. L’État ne peut rester passif face à ces agissements qui menacent la démocratie. Sauf à en être complice.

Une nouvelle fois, le gouvernement se refuse à condamner l’attaque de Bordeaux. Service minimum pour Gérald Darmanin, qui s’est fendu d’un tweet laconique où il réussit le tour de force de ne pas évoquer l’extrême droite! On a connu le ministre de lIntérieur bien plus volubile, dès lors quil sagissait de casser du «gauchiste». Une lutte résolue contre les milices identitaires s’impose pourtant, plus que jamais. Le recyclage, la digestion des thèses de l’extrême droite par ceux qui se revendiquent de la République doit pour cela cesser.

Tout le commande. Regardons vers l’Allemagne, où des disciples du IIIe Reich ont été arrêtés alors qu’ils fomentaient un coup d’État. Les nostalgiques des dictatures et des pouvoirs autoritaires, biberonnés au conspirationnisme, ne sont pas une exception allemande. Ils prospèrent sur les politiques de violence sociale qui font le lit du fascisme et des populismes. On ne joue pas avec l’extrême droite. Jamais, en aucune circonstance.

 

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La tête dans le flux; Congrès LR : dernières outrances d'une droite naufragée

9 Décembre 2022, 08:44am

Publié par PCF Villepinte

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Prix nobel de littérature 2022 Annie Ernaux:

8 Décembre 2022, 12:13pm

Publié par PCF Villepinte

 "Quand l’indicible vient au jour,

c’est politique"

Samedi, à Stockholm, Annie Ernaux recevra le prix Nobel de littérature. Elle est la première femme française à recevoir la récompense en littérature et la 17ème femme à décrocher un Nobel dans cette catégorie depuis la fondation des célèbres récompenses en 1901. Elle a prononcé son discours ce mercredi. Un discours n'est en rien d'anodin.  "Comment ne pas s’interroger sur la vie sans le faire aussi sur l’écriture ?" écrit-elle.  Nous publions ci-dessous l'intégralité de son discours.

L'Humanité Mercredi 7 Décembre 2022

Annie Ernaux. Ulf Andersen/Aurimages/AFP

Par où commencer ? Cette question, je me la suis posée des dizaines de fois devant la page blanche. Comme s’il me fallait trouver la phrase, la seule, qui me permettra d’entrer dans l’écriture du livre et lèvera d’un seul coup tous les doutes. Une sorte de clef. Aujourd’hui, pour affronter une situation que, passé la stupeur de l’événement – « est-ce bien à moi que ça arrive ? » – mon imagination me présente avec un effroi grandissant, c’est la même nécessité qui m’envahit. Trouver la phrase qui me donnera la liberté et la fermeté de parler sans trembler, à cette place où vous m’invitez ce soir.

Voir aussi :

Annie Ernaux, le singulier universel

Cette phrase, je n’ai pas besoin de la chercher loin. Elle surgit. Dans toute sa netteté, sa violence. Lapidaire. Irréfragable. Elle a été écrite il y a soixante ans dans mon journal intime. J’écrirai pour venger ma race. Elle faisait écho au cri de Rimbaud : « Je suis de race inférieure de toute éternité ». J’avais vingt-deux ans. J’étais étudiante en Lettres dans une faculté de province, parmi des filles et des garçons pour beaucoup issus de la bourgeoisie locale.

Je pensais orgueilleusement et naïvement qu’écrire des livres, devenir écrivain, au bout d’une lignée de paysans sans terre, d’ouvriers et de petits-commerçants, de gens méprisés pour leurs manières, leur accent, leur inculture, suffirait à réparer l’injustice sociale de la naissance. Qu’une victoire individuelle effaçait des siècles de domination et de pauvreté, dans une illusion que l’Ecole avait déjà entretenue en moi avec ma réussite scolaire. En quoi ma réalisation personnelle aurait-elle pu racheter quoi que ce soit des humiliations et des offenses subies ? Je ne me posais pas la question. J’avais quelques excuses.

Depuis que je savais lire, les livres étaient mes compagnons, la lecture mon occupation naturelle en dehors de l’école. Ce goût était entretenu par une mère, elle-même grande lectrice de romans entre deux clients de sa boutique, qui me préférait lisant plutôt que cousant et tricotant. La cherté des livres, la suspicion dont ils faisaient l’objet dans mon école religieuse, me les rendaient encore plus désirables.

 Don Quichotte, Voyages de Gulliver, Jane Eyre, contes de Grimm et d’Andersen, David Copperfield, Autant en emporte le vent, plus tard Les Misérables, Les raisins de la colère, La Nausée, L’étranger : c’est le hasard, plus que des prescriptions venues de l’Ecole, qui déterminait mes lectures.

Le choix de faire des études de lettres avait été celui de rester dans la littérature, devenue la valeur supérieure à toutes les autres, un mode de vie même qui me faisais me projeter dans un roman de Flaubert ou de Virginia Woolf et de les vivre littéralement. Une sorte de continent que j’opposais inconsciemment à mon milieu social. Et je ne concevais l’écriture que comme la possibilité de transfigurer le réel.

Ce n’est pas le refus d’un premier roman par deux ou trois éditeurs – roman dont le seul mérite était la recherche d’une forme nouvelle – qui a rabattu mon désir et mon orgueil. Ce sont des situations de la vie où être une femme pesait de tout son poids de différence avec être un homme dans une société où les rôles étaient définis selon les sexes, la contraception interdite et l’interruption de grossesse un crime.

En couple avec deux enfants, un métier d’enseignante, et la charge de l’intendance familiale, je m’éloignais de plus en plus chaque jour de l’écriture et de ma promesse de venger ma race. Je ne pouvais lire « La parabole de la loi » dans Le procès de Kafka sans y voir la figuration de mon destin : mourir sans avoir franchi la porte qui n’était faite que pour moi, le livre que seule je pourrais écrire.

Mais c’était sans compter sur le hasard privé et historique. La mort d’un père qui décède trois jours après mon arrivée chez lui en vacances, un poste de professeur dans des classes dont les élèves sont issus de milieux populaires semblables au mien, des mouvements mondiaux de contestation : autant d’éléments qui me ramenaient par des voies imprévues et sensibles au monde de mes origines, à ma « race », et qui donnaient à mon désir d’écrire un caractère d’urgence secrète et absolue.

Il ne s’agissait pas, cette fois, de me livrer à cet illusoire « écrire sur rien » de mes vingt ans, mais de plonger dans l’indicible d’une mémoire refoulée et de mettre au jour la façon d’exister des miens. Ecrire afin de comprendre les raisons en moi et hors de moi qui m’avaient éloignée de mes origines.

Aucun choix d’écriture ne va de soi. Mais ceux qui, immigrés, ne parlent plus la langue de leurs parents, et ceux, transfuges de classe sociale, n’ont plus tout à fait la même, se pensent et s’expriment avec d’autres mots, tous sont mis devant des obstacles supplémentaires. Un dilemme.

Ils ressentent, en effet, la difficulté, voire l’impossibilité d’écrire dans la langue acquise, dominante, qu’ils ont appris à maîtriser et qu’ils admirent dans ses œuvres littéraires, tout ce qui a trait à leur monde d’origine, ce monde premier fait de sensations, de mots qui disent la vie quotidienne, le travail, la place occupée dans la société.

Il y a d’un côté la langue dans laquelle ils ont appris à nommer les choses, avec sa brutalité, avec ses silences, celui, par exemple, du face à face entre une mère et un fils, dans le très beau texte d’Albert Camus, « Entre oui et non ».

De l’autre, les modèles des œuvres admirées, intériorisées, celles qui ont ouvert l’univers premier et auxquelles ils se sentent redevables de leur élévation, qu’ils considèrent même souvent comme leur vraie patrie. Dans la mienne figuraient Flaubert, Proust, Virginia Woolf : au moment de reprendre l’écriture, ils ne m’étaient d’aucun secours. Il me fallait rompre avec le « bien écrire », la belle phrase, celle-là même que j’enseignais à mes élèves, pour extirper, exhiber et comprendre la déchirure qui me traversait.

Spontanément, c’est le fracas d’une langue charriant colère et dérision, voire grossièreté, qui m’est venue, une langue de l’excès, insurgée, souvent utilisée par les humiliés et les offensés, comme la seule façon de répondre à la mémoire des mépris, de la honte et de la honte de la honte

Très vite aussi, il m’a paru évident – au point de ne pouvoir envisager d’autre point de départ – d’ancrer le récit de ma déchirure sociale dans la situation qui avait été la mienne lorsque j’étais étudiante, celle, révoltante, à laquelle l’Etat français condamnait toujours les femmes, le recours à l’avortement clandestin entre les mains d’une faiseuse d’anges. Et je voulais décrire tout ce qui est arrivé à mon corps de fille, la découverte du plaisir, les règles.

Ainsi, dans ce premier livre, publié en 1974, sans que j’en sois alors consciente, se trouvait définie l’aire dans laquelle je placerais mon travail d’écriture, une aire à la fois sociale et féministe. Venger ma race et venger mon sexe ne feraient qu’un désormais.

Comment ne pas s’interroger sur la vie sans le faire aussi sur l’écriture ? Sans se demander si celle-ci conforte ou dérange les représentations admises, intériorisées sur les êtres et les choses ? Est-ce que l’écriture insurgée, par sa violence et sa dérision, ne reflétait pas une attitude de dominée ? Quand le lecteur était un privilégié culturel, il conservait la même position de surplomb et de condescendance par rapport au personnage du livre que dans la vie réelle.

C’est donc, à l’origine, pour déjouer ce regard qui, porté sur mon père dont je voulais raconter la vie, aurait été insoutenable et, je le sentais, une trahison, que j’ai adopté, à partir de mon quatrième livre, une écriture neutre, objective, « plate » en ce sens qu’elle ne comportait ni métaphores, ni signes d’émotion. La violence n’était plus exhibée, elle venait des faits eux-mêmes et non de l’écriture. Trouver les mots qui contiennent à la fois la réalité et la sensation procurée par la réalité, allait devenir, jusqu’à aujourd’hui, mon souci constant en écrivant, quel que soit l’objet.

Continuer à dire « je » m’était nécessaire. La première personne – celle par laquelle, dans la plupart des langues, nous existons, dès que nous savons parler, jusqu’à la mort – est souvent considérée, dans son usage littéraire, comme narcissique dès lors qu’elle réfère à l’auteur, qu’il ne s’agit pas d’un « je » présenté comme fictif.

Il est bon de rappeler que le « je », jusque là privilège des nobles racontant des hauts faits d’armes dans des Mémoires, est en France une conquête démocratique du XVIIIème siècle, l’affirmation de l’égalité des individus et du droit à être sujet de leur histoire, ainsi que le revendique Jean-Jacques Rousseau dans ce premier préambule des Confessions : « Et qu’on n’objecte pas que n’étant qu’un homme du peuple, je n’ai rien à dire qui mérite l’attention des lecteurs. […] Dans quelque obscurité que j’aie pu vivre, si j’ai pensé plus et mieux que les Rois, l’histoire de mon âme est plus intéressante que celle des leurs ».

Ce n’est pas cet orgueil plébéien qui me motivait (encore que…) mais le désir de me servir du « je » – forme à la fois masculine et féminine – comme un outil exploratoire qui capte les sensations, celles que la mémoire a enfouies, celles que le monde autour ne cesse de nous donner, partout et tout le temps. Ce préalable de la sensation est devenu pour moi à la fois le guide et la garantie de l’authenticité de ma recherche.

Mais à quelles fins ? Il ne s’agit pas pour moi de raconter l’histoire de ma vie ni de me délivrer de ses secrets mais de déchiffrer une situation vécue, un événement, une relation amoureuse, et dévoiler ainsi quelque chose que seule l’écriture peut faire exister et passer, peut-être, dans d’autres consciences, d’autres mémoires. Qui pourrait dire que l’amour, la douleur et le deuil, la honte, ne sont pas universels ?

Victor Hugo a écrit : « Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui ». Mais toutes choses étant vécues inexorablement sur le mode individuel – « c’est à moi que ça arrive » – elles ne peuvent être lues de la même façon, que si le « je » du livre devient, d’une certaine façon, transparent, et que celui du lecteur ou de la lectrice vienne l’occuper. Que ce Je soit en somme transpersonnel, que le singulier atteigne l’universel.

C’est ainsi que j’ai conçu mon engagement dans l’écriture, lequel ne consiste pas à écrire « pour » une catégorie de lecteurs, mais « depuis » mon expérience de femme et d’immigrée de l’intérieur, depuis ma mémoire désormais de plus en plus longue des années traversées, depuis le présent, sans cesse pourvoyeur d’images et de paroles des autres. Cet engagement comme mise en gage de moi-même dans l’écriture est soutenu par la croyance, devenue certitude, qu’un livre peut contribuer à changer la vie personnelle, à briser la solitude des choses subies et enfouies, à se penser différemment. Quand l’indicible vient au jour, c’est politique.

On le voit aujourd’hui avec la révolte de ces femmes qui ont trouvé les mots pour bouleverser le pouvoir masculin et se sont élevées, comme en Iran, contre sa forme la plus violente et la plus archaïque. Ecrivant dans un pays démocratique, je continue de m’interroger, cependant, sur la place occupée par les femmes, y compris dans le champ littéraire. Leur légitimité à produire des œuvres n’est pas encore acquise. Il y a en France et partout dans le monde, des intellectuels masculins, pour qui les livres écrits par les femmes n’existent tout simplement pas, ils ne les citent jamais. La reconnaissance de mon travail par l’Académie suédoise constitue un signal de justice et d’espérance pour toutes les écrivaines.

Dans la mise au jour de l’indicible social, cette intériorisation des rapports de domination de classe et/ou de race, de sexe également, qui est ressentie seulement par ceux qui en sont l’objet, il y a la possibilité d’une émancipation individuelle mais également collective. Déchiffrer le monde réel en le dépouillant des visions et des valeurs dont la langue, toute langue, est porteuse, c’est en déranger l’ordre institué, en bouleverser les hiérarchies.

Mais je ne confonds pas cette action politique de l’écriture littéraire, soumise à sa réception par le lecteur ou la lectrice avec les prises de position que je me sens tenue de prendre par rapport aux événements, aux conflits et aux idées. J’ai grandi dans la génération de l’après-guerre mondiale où il allait de soi que des écrivains et des intellectuels se positionnent par rapport à la politique de la France et s’impliquent dans les luttes sociales.

Personne ne peut dire aujourd’hui si les choses auraient tourné autrement sans leur parole et leur engagement. Dans le monde actuel, où la multiplicité des sources d’information, la rapidité du remplacement des images par d’autres, accoutument à une forme d’indifférence, se concentrer sur son art est une tentation.

Mais, dans le même temps, il y a en Europe – masquée encore par la violence d’une guerre impérialiste menée par le dictateur à la tête de la Russie – la montée d’une idéologie de repli et de fermeture, qui se répand et gagne continument du terrain dans des pays jusqu’ici démocratiques. Fondée sur l’exclusion des étrangers et des immigrés, l’abandon des économiquement faibles, sur la surveillance du corps des femmes, elle m’impose, à moi, comme à tous ceux pour qui la valeur d’un être humain est la même, toujours et partout, un devoir de vigilance.

Quant au poids du sauvetage de la planète, détruite en grande partie par l’appétit des puissances économiques ne saurait peser, comme il est à craindre, sur ceux qui sont déjà demunis. Le silence, dans certains moments de l’Histoire, n’est pas de mise.

En m’accordant la plus haute distinction littéraire qui soit, c’est un travail d’écriture et une recherche personnelle menés dans la solitude et le doute qui se trouvent placés dans une grande lumière. Elle ne m’éblouit pas. Je ne regarde pas l’attribution qui m’a été faite du prix Nobel comme une victoire individuelle. Ce n’est ni orgueil ni modestie de penser qu’elle est, d’une certaine façon, une victoire collective.

J’en partage la fierté avec ceux et celles qui, d’une façon ou d’une autre souhaitent plus de liberté, d’égalité et de dignité pour tous les humains, quels que soient leur sexe et leur genre, leur peau et leur culture. Ceux et celles qui pensent aux générations à venir, à la sauvegarde d’une Terre que l’appétit de profit d’un petit nombre continue de rendre de moins en moins vivable pour l’ensemble des populations.

Si je me retourne sur la promesse faite à vingt ans de venger ma race, je ne saurais dire si je l’ai réalisée. C’est d’elle, de mes ascendants, hommes et femmes durs à des tâches qui les ont fait mourir tôt, que j’ai reçu assez de force et de colère pour avoir le désir et l’ambition de lui faire une place dans la littérature, dans cet ensemble de voix multiples qui, très tôt, m’a accompagnée en me donnant accès à d’autres mondes et d’autres pensées, y compris celle de m’insurger contre elle et de vouloir la modifier. Pour inscrire ma voix de femme et de transfuge sociale dans ce qui se présente toujours comme un lieu d’émancipation, la littérature.

© Fondation Nobel 2022

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Transport :

7 Décembre 2022, 09:34am

Publié par PCF Villepinte

 Hausse du Navigo rime avec chaos

Île-de-France Mobilités acte, ce mercredi, une hausse de ses tarifs du pass navigo à 84,10 € par mois. Exsangue budgétairement, l’établissement public présidée par Valérie Pécresse doit parer à sa dette abyssale, financer les travaux des nouvelles lignes de métro tout en avançant sur la privatisation. Au détriment de l’offre aux usagers.

L'Humanité Mercredi 7 Décembre 2022

Naïm Sakhi

Valérie Pécresse(à gauche), Catherine Guillouard et Stéphane Troussel assistent à l’inauguration du prolongement de la ligne 12 du métro, le 31 mai 2022. © Karim Air Adjedjou/ABACA

Et si, à l’été 2024, une grande mobilisation sociale à la RATP s’enclenchait à quelques semaines des jeux Olympiques de Paris? Cest au plus tard le 30 juin 2024 que 18000 agents du service public sauront vers quelles entreprises et à quelles conditions ils seront transférés dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du réseau de bus. Soit vingt-sept jours avant la cérémonie d’ouverture de l’événement sportif.

« Au 1er janvier 2025, ces agents ne seront plus dans le giron du service public, mais exécuteront un contrat de droit privé pour Keolis, Transdev et RATP Cap Île-de-France», note Vincent Gautheron (CGT), représentant syndical au CSE central de la RATP. Un hasard de calendrier qui illustre un certain aveuglement dans lequel s’enferme l’autorité organisatrice de la mobilité, Île-de-France Mobilités (IDFM), dans sa volonté d’ouverture à la concurrence à marche forcée des réseaux de transports franciliens.

Les premiers effets de cette politique se font déjà sentir. «Notre association va avoir dix ans et jamais nous navons connu une telle dégradation du réseau», glisse Arnaud Bertrand, président du collectif d’usagers Plus de trains. Selon l’opérateur lui-même, soit la RATP, pas moins de 25 % de l’offre de bus manqueraient au début du dernier trimestre.

Pourtant, en octobre 2015, le conseil d’administration du Stif, ancêtre d’IDFM, approuvait le recrutement de 400 chauffeurs de bus. En parallèle, le passe Navigo dégroupé entrait en application, mettant fin aux zones tarifaires. Des mesures mises en place par la majorité de gauche, sous l’impulsion des élus PCF. Ce temps paraît bien loin. Un mandat et une réélection de Valérie Pécresse (LR) à la tête de la région Île-de-France et d’IDFM plus tard, un sentiment de chaos s’empare chaque matin des usagers.

Une aide exceptionnelle de 200 millions d’euros à IDFM

Le chaos est avant tout financier. IDFM est exsangue. L’établissement public local doit faire face à une dette chiffrée, en septembre 2021, à 1,3 milliard d’euros, à laquelle s’ajoutent de lourds investissements de rachat des matériels roulants et entrepôts de maintenance à la RATP en vue du processus de privatisation des transports publics. L’opérateur doit trouver au minimum 950 millions d’euros pour clôturer son budget 2023. Et 1,3 milliard pour 2024.

Pour renflouer les caisses, l’augmentation du versement mobilité, dans le cadre du projet de loi de finances 2023, reste le principal levier. Mais dans ses arbitrages avec l’application de l’article 49.3, le gouvernement écarte cette piste. «Cest un jeu trouble, lexécutif cherche à anéantir politiquement Valérie Pécresse», souligne l’élue régionale PCF Céline Malaisé. La présidente de la région Île-de-France, qui s’était refusée jusqu’ici à rehausser la contribution des entreprises, a bien tenté de faire adopter des amendements lors du débat parlementaire. Sans succès, même au Sénat où les LR sont majoritaires. Contactée, Valérie Pécresse n'a pas donné suite à nos demandes.

Mardi soir, Clément Beaune, le ministre délégué aux transports, a annoncé une aide exceptionnelle de 200 millions d’euros à IDFM. Initialement, après avoir prévu 200millions d’économies et la mise à contribution pour 300 millions des collectivités territoriales, de la RATP et de la SNCF, l’autorité organisatrice de la mobilité devait trouver 450 millions d’euros de nouvelles recettes. Ce qui devait conduire le conseil d’administration d’IDFM, mercredi, à augmenter de 20 % l’abonnement mensuel Navigo, celui-ci atteignant alors 90 euros.

Dans les documents budgétaires que l’Humanité a pu consulter, Valérie Pécresse présentait cette hausse comme une «taxe Macron», face au refus de l’État d«accorder des subventions pour combler les pertes en 2020 et 2021 et lui attribuer une avance remboursable de 2 milliards deuros». «Un numéro de communication, contraire aux promesses de campagnes de 2015 et 2021», tempérait, en amont des annonces du ministre, Céline Malaisé.

L’avenir du ticket T+, dont le nouveau tarif devait être de 2,30euros, et des forfaits ImaginR pour les lycéens et étudiants (+6,7%) sont également en suspens. Selon nos informations, IDFM estimait que ces renchérissements lui feraient perdre 40000 abonnements Navigo et 5% de tickets vendus sur un an. Par ailleurs, la mise à contribution de la RATP et de la SNCF, selon le document budgétaire, doit se faire «sans diminuer loffre de transport».

« Cela entre dans la même logique d’ouverture à la concurrence de l’entreprise publique de la RATP, insiste Vincent Gautheron (CGT). Il faut dégager de l’argent et donc toujours plus de productivité. Dans ses contrats avec IDFM, il est demandé à la RATP de faire plus avec moins de moyens.»

Entre 2020 et 2021, les démissions ont augmenté de 47 % chez les opérateurs roulants

Pour candidater aux futurs appels d’offres pour les délégations de service public (DSP) des 12 lots de bus de la petite couronne ouverts à la concurrence en 2025, la RATP devra passer par sa filiale de droit privé, Cap Île-de-France. « Nous alertons depuis des années sur les impacts des politiques d’entreprises qui visent à préparer l’entreprise publique de la RATP à l’ouverture à la concurrence de son réseau», poursuit le syndicaliste.

Ce, alors même que la masse salariale représente 70 % du coût de production de l’exploitation des transports en commun. Les pistes d’économies sont donc toutes trouvées. D’ailleurs, en 2022, le temps de travail quotidien des conducteurs de bus a été augmenté de 59 minutes, sans augmentation de salaire. 

Une poursuite de la casse des conditions de travail, alors que, selon la CGT, entre 2020 et 2021, les démissions ont augmenté de 47 % chez les opérateurs roulants, chez qui le salaire à l’embauche s’élève à 1 975 euros brut, hors prime, en 3x8. Pressée d’agir, la RATP, qui avait gelé ses recrutements depuis le Covid pour s’adapter à la baisse de 20 % de l’offre de transport demandée par IDFM, assure que 1100 recrutements ont été réalisés depuis janvier.

Sans remise en cause de cette stratégie, Valérie Pécresse soumet aussi au vote du conseil d’administration d’IDFM, ce mercredi, l’ouverture à la concurrence de la ligne L du Transilien, reliant notamment Paris à Versailles. «Avec dix ans davance sur le calendrier initial, ses électeurs pourront ainsi goûter au chaos de la privatisation», ironise Céline Malaisé, alors que la livraison prochaine de la ligne 15 Sud et le prolongement sud de la ligne 14 promettent de plomber encore plus les comptes des transports franciliens.

 

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DROITS HUMAINS 

7 Décembre 2022, 09:25am

Publié par PCF Villepinte

Israël a décidé de maintenir

Salah Hamouri en prison

Pieds et mains enchaînés, l’avocat franco-palestinien a été présenté mardi devant un tribunal israélien qui le maintient en détention jusqu’au 1er janvier. Face aux pressions et à la mobilisation, Tel-Aviv n’a pas osé prononcer son expulsion.

L'Humanité Mercredi 7 Décembre 2022

Pierre Barbancey

Le 2 décembre, à Jérusalem-Est. Hassan Hamouri avec une photo de son fils. Mostafa alkharouf/anadolu agency/afp

Anadolu Agency via AFP

Au mépris de toutes les lois internationales et des droits humains, la «justice» israélienne a décidé de maintenir en prison Salah Hamouri. Deux audiences se sont déroulées mardi, dans lenceinte de la prison de Givon, à Ramleh. Lune pour examiner le recours déposé contre la suspension de son permis de résident de Jérusalem, la seconde pour examiner l’ordre de déportation émis par le ministère de l’Intérieur.

Salah Hamouri et ses représentants légaux, y compris l’avocat Lea Tsemel, l’avocat Mahmoud Hassan et le centre HaMoked pour la défense de l’individu, étaient présents, ainsi qu’un représentant du consulat général de France à Tel-Aviv. Pendant tout ce temps, Salah Hamouri a été présenté avec deux paires de menottes métalliques aux mains et aux pieds, une chaîne reliant les deux. En détention administrative depuis le mois de mars, l’avocat franco-palestinien ne l’est plus depuis dimanche minuit. Ce qui n’a pas empêché les autorités israéliennes de le garder enfermer depuis lors.

Les deux parties ont présenté leurs arguments oraux mais, à la fin de la session, le tribunal n’a pas rendu de décision sur l’expulsion. Les «juges» ont dabord pris acte que le statut de résident permanent à Jérusalem du Palestinien Salah Hamouri avait été révoqué par le ministère de lIntérieur.

Mais, comme lavocat possède un passeport émis par la République française, il lui est normalement possible, comme n’importe quel ressortissant français, de séjourner en Israël. Encore faut-il remarquer que, si Israël occupe Jérusalem-Est depuis 1967 et l’a annexée quelques années plus tard, elle reste territoire palestinien au regard du droit international.

Donc, ces «juges» ont décidé que le Français Salah Hamouri ne devait pas rester dans leur pays, mais sans oser prononcer son expulsion. En conséquence de quoi ils ont choisi de le maintenir enfermé à la prison d’Hadarim, estimant qu’il se trouve en toute illégalité sur le territoire israélien et que, de plus, il est toujours catégorisé comme «sagav  », désignation israélienne pour un détenu de haute sécurité.

«Nous avons demandé que Salah soit libéré et quil reste à Jérusalem-Est, voire en Cisjordanie, avec des garanties quil répondra à toute convocation concernant et sa ­révocation de résidence et son expulsion, ce qui permettrait qu’il ne reste pas en prison», a expliqué à l’Humanité, sans grand optimisme, Mahmoud Hassan, l’un des défenseurs de Salah Hamouri. Ce dernier a redit son refus d’être déporté.

Le tribunal a prévu une audience de révision judiciaire concernant sa détention le 1er janvier, où il examinera les mises à jour concernant sa révocation de résidence. Interrogé lundi matin par l’Humanité, le ministère français des Affaires étrangères a répondu tard dans la soirée: «Nous avons signifié de la manière la plus claire notre position aux autorités israéliennes: Salah Hamouri ne doit pas être expulsé.» Il est clair que, sous la pression, Israël tergiverse mais n’abdique pas. Pas encore. À l’évidence, seule la mobilisation forcera Tel-Aviv à cesser son harcèlement contre Salah Hamouri et sa famille.

 

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Biodiversité. COP15,

7 Décembre 2022, 09:17am

Publié par PCF Villepinte

 Le monde tourné vers le vivant

Environnement La conférence des Nations unies sur la biodiversité, ou COP15, s’ouvre ce mercredi au Canada. L’enjeu des négociations est de taille: adopter un cadre mondial de protection du vivant, l’équivalent de laccord de Paris sur le climat.

L'Humanité Mercredi 7 Décembre 2022

Marion d'Allard

 

Quelques jours seulement séparent les deux événements. Tout juste achevées les négociations internationales sur le climat de Charm el-Cheikh (Égypte) s’ouvre à Montréal (Canada), ce mercredi, la COP15 sur la biodiversité.

Quinze jours durant et sous l’égide de l’ONU, les négociateurs de 196 États vont devoir définir et adopter un nouveau «cadre mondial sur la diversité biologique» visant à stopper la perte de nature dici à 2030. Une nomenclature commune censée prendre le relais des objectifs dAichi, adoptés au Japon en 2010 et pour une décennie.

«Si ce rendez-vous peut paraître moins visible que la COP climat, il revêt une importance cruciale, insiste demblée Véronique Andrieux, présidente du WWF France. Il est un jalon clef pour lavenir.» Attendue de pied ferme par la société civile et la communauté scientifique, la COP15, placée sous présidence chinoise, devait initialement se tenir en octobre 2020 à Kunming (Chine), avant d’être reportée à quatre reprises en raison de la pandémie.

«Depuis deux ans, la communauté internationale navigue à vue sur la question de la biodiversité, sans destination, sans mission, sans feuille de route et sans moyens dédiés», déplore Pierre Cannet, directeur du plaidoyer pour le WWF France.

L’enjeu de cet accord mondial – qui serait à la biodiversité ce que l’accord de Paris fut pour le climat – est décisif. Mais, dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine, la crise énergétique, l’envolée généralisée des prix et les tensions grandissantes entre la Chine et les États-Unis, les conditions sont particulièrement adverses.

S’il faut de toute urgence un remède, c’est que le diagnostic, posé de longue date par les scientifiques et largement documenté, est alarmant. «Un million despèces sont en voie dextinction – dont les trois quarts en mer –, les populations de vertébrés sauvages sont en déclin de 69 % depuis 1970 et six des neuf limites planétaires ont été atteintes, dont deux pour la seule année 2022», égrène Véronique Andrieux.

La perte de nature favorise les zoonoses

Cette perte de nature, partout, menace la sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes, dégrade l’accès à l’eau et favorise les zoonoses (maladies infectieuses transmises par l’animal à l’homme). C’est sur ce constat que les scientifiques s’appuient pour exhorter à un changement radical de notre rapport au vivant. D’autant que préserver la nature est également indispensable dans la lutte contre le réchauffement climatique. «Les forêts stockent 18 % des émissions mondiales de CO2 », rappelle Véronique Andrieux, or, chaque année, poursuit-elle, «l’équivalent de la superficie du Portugal est déforesté».

Le programme de travail des négociateurs de Montréal est chargé. Car obtenir un accord-cadre qui réponde aux enjeux oblige à clarifier les positions, à trancher des débats parfois houleux, à imposer, enfin, que les objectifs pris soient ambitieux et tenus, ce qui implique la mise en place d’un mécanisme de suivi efficace.

La première des exigences, explique Pierre Cannet, doit être «la préservation et la restauration des écosystèmes», à l’heure où 75 % des terres du globe ont été atteintes par les activités anthropiques. «Peu despaces sont encore épargnés et nous avons besoin de sanctuariser 30 % des terres et des mers, de le faire en bonne intelligence, en lien avec les peuples autochtones et les populations locales concernées», poursuit le directeur du plaidoyer du WWF France.

Dans les discours officiels, cette revendication fait plutôt consensus, à l’instar de la France et de l’Union européenne, dont le mandat de négociation comporte l’ambition de 30 % d’aires protégées (là où les objectifs d’Aichi fixaient cette part à 15 %). Mais Paris, par son intense travail de lobbying, a fait disparaître du mandat de l’UE l’impératif de placer 10 % des terres et des mers sous protection stricte, conditions sine qua non pour permettre leur régénération effective.

Transformation progressive de l’agriculture

En parallèle, les 196 États devront également s’entendre sur la réduction globale de l’empreinte écologique de nos sociétés. L’un des points d’achoppement des négociations internationales réside, sur ce chapitre, dans la transformation progressive de l’agriculture et des modes de production alimentaires qui «ont, de loin, le pire effet sur la biodiversité», relève Nele Marien. «Les monocultures couvrant de vastes étendues de terres sont plus vulnérables aux maladies et donc plus dépendantes aux pesticides», poursuit la coordinatrice du programme forêts et biodiversité aux Amis de la Terre International.

Enfin, «une des parties les plus critiques de la négociation de la COP15 concerne la mobilisation des ressources, en particulier des ressources financières, pour l’action au service de la biodiversité dans les pays du Sud», note Sébastien Treyer, directeur général de l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales). 

«Il faut multiplier les investissements et rediriger les flux financiers vers la biodiversité», abonde Pierre Cannet. Globalement, le WWF estime les besoins annuels mondiaux entre 700 et 900 milliards de dollars pendant dix ans quand, aujourd’hui, les financements en faveur de la biodiversité s’établissent à «seulement 120 à 140 milliards de dollars par an». Si les chiffres peuvent donner le vertige, l’ONG les met en perspective en rappelant que les subventions et les aides publiques jugées néfastes pour l’environnement atteignent 1800 milliards de dollars annuels, dont 80 % bénéficient aux secteurs des énergies fossiles, de lagriculture et de leau.

Cette COP15, décrite souvent comme «COP de la décennie», est, de l’avis de tous les observateurs, décisive. «Les annonces et les discours ne suffisent plus. Face à la gravité de la crise, il faut un accord global, il est impératif dadopter un cadre», conclut Véronique Andrieux.

Reste que, contrairement à la COP27 de Charm el-Cheikh, qui a vu défiler en grande pompe les chefs d’État du monde entier, aucun d’entre eux ne se rendra à Montréal, la présidence chinoise n’ayant officiellement invité que les ministres chargés des dossiers concernés.

 

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 « Le travail ne paie pas assez en France, seul le capital paie. »

6 Décembre 2022, 15:11pm

Publié par PCF Villepinte

Travail à bas prix

L'Humanité 2 Décembre 2022

Sébastien Crépel

 

On ne peut qu’être d’accord avec cette phrase de Michel-Édouard Leclerc: «Le travail ne paie pas assez en France, seul le capital paie.» Le grand patron des hypermarchés du même nom sait de quoi il parle: ses magasins en sont un parfait exemple.

Derrière celui qui se présente comme le chevalier blanc du pouvoir dachat des Français, se cache une immense fortune bâtie sur un empire et ses employés. Pour ces derniers, la politique des prix bas toute l’année a un revers moins reluisant: celui des bas salaires toute lannée, voire toute la carrière.

Salaires, conditions de travail : l'envers du système Leclerc

Caissières payées au ras du Smic avec vingt ans d’ancienneté, employés à bout de souffle, risques psychosociaux… Le quotidien n’est pas rose pour ceux qui vivent de l’intérieur le «mouvement E. Leclerc», où lobjectif de rentabilité est masqué par une idéologie pseudo-philanthropique visant à faire croire au consommateur – et in fine au salarié – que la défense de ses intérêts passe par la guerre des prix entre mastodontes de la distribution.

En bout de chaîne, les petits producteurs et les employés paient les pots cassés de cette compétition pour rafler les parts de marché et gonfler les profits – ce qui reste la raison d’être de ces enseignes.

Dans l’univers Leclerc, les primes aléatoires en fonction des résultats des magasins ont remplacé les hausses de salaires. La grève prévue ce vendredi a le mérite de rappeler que le pouvoir d’achat n’est pas soluble dans les politiques commerciales des firmes ni dans les primes au bon vouloir des patrons.

Il paraît que faire droit aux revendications salariales entretiendrait l’inflation en créant une boucle «prix-salaires», mais préfère-t-on vivre dans un pays de bas salaires? Malgré tous les «efforts» des Leclerc et autres, la réalité est que les prix senvolent, sans que les salaires augmentent. Un rééquilibrage simpose. Cette inflation-là qui pourrait être contenue par un blocage ciblé des prix – serait à tout prendre préférable à celle d’aujourd’hui, car elle serait nourrie par un plus juste partage des richesses et non par la guerre et les spéculations.

 

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