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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

accord international de la COP15

20 Décembre 2022, 11:12am

Publié par PCF Villepinte

Premier pas

 

L'Humanité Mardi 20 Décembre 2022

Sébastien Crépel

Même s’il est loin d’être parfait, l’accord international de la COP15 en faveur de la préservation de la biodiversité, conclu lundi à Montréal sous l’égide des Nations unies, est un premier pas indispensable dans la lutte globale contre les menaces que fait peser sur notre environnement l’«anthropocène».

Ou plutôt faut-il dire le «capitalocène», cet autre nom de l’ère géologique actuelle que certains scientifiques commencent à utiliser, car il a le mérite de prendre en compte la prédominance des critères ravageurs pour notre planète imposés par le capital sur l’activité humaine.

L’accord de Montréal vient combler le vide juridique existant en matière de protection du vivant. À la différence des activités ayant un impact sur le climat, soumis au cadre posé par les accords de Paris ratifiés par la COP21 en 2015, aucune convention ne fixait les objectifs et les engagements des nations touchant aux équilibres de la faune et de la flore.

C’est chose faite avec cet accord par lequel les États s’engagent, d’ici à 2030, à préserver 30% des terres et des mers du globe, à réduire de moitié les risques liés à l’usage de pesticides ou encore à favoriser l’agroécologie.

Certes, ces engagements ne sont qu’un début et ne suffiront pas à inverser une tendance terriblement mortifère pour l’humanité et le vivant. Ils appellent plus largement à un changement complet de mode de production, d’échange et de consommation – en clair, une révolution – qui substitue d’autres critères, sociaux, démocratiques, économiques et écologiques, à ceux de la rentabilité et du profit.

Outre le caractère peu contraignant de cet accord, les moyens financiers demeurent limités, avec 30 milliards par an versés par les pays riches jusqu’en 2030. Et quand on sait le bilan des précédents objectifs d’Aichi sur la biodiversité signés en 2010 – aucun n’a été atteint –, on est en droit d’être sceptique. En ce domaine comme dans tant d’autres, la volonté politique est déterminante. Ce qui justifie l’espoir est que les temps changent. 2023 ne sera pas 2010, la conscience écologique des peuples ne cesse de se renforcer. C’est sur eux qu’il faut compter.

 

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Contre la pénurie de médicaments :

19 Décembre 2022, 07:03am

Publié par PCF Villepinte

Réindustrialiser et relocaliser la production

 

PUBLIÉ LE 15 DÉC. 2022

Plus de 1 000 médicaments en rupture de stock, 1 700 en tension : les records sont battus. Même pendant la crise du Covid, on n’atteignait pas ce chiffre. C’est le résultat de la désindustrialisation du secteur pharmaceutique et des grèves chez les Big Pharma, passées sous silence.

Inhabituels dans la branche pharmaceutique, les mouvements sociaux chez les Big Pharma se multiplient à bas bruit. 

La pénurie de médicaments atteint des sommets et devient visible dans les pharmacies un peu partout en France, mais aussi chez nos voisins européens : plus de 1 000 étaient en rupture de stock fin octobre 2022 sur l’Hexagone, 1 700 en tension. La pénurie touche des produits très courants comme le paracétamol, l'amoxicilline ou encore la cortisone. 

Nous sommes aujourd’hui en France à un mois de stock, contre trois mois en temps normal. Un mois, ce n’est rien de trop, surtout en hiver.

Parmi les produits indisponibles, 170 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

« Derrière ce phénomène qui prend des proportions inédites fin 2022, il n’y pas la guerre en Ukraine, ni la politique zéro-Covid en Chine, mais la désindustrialisation du secteur pharmaceutique : 80% de nos principes actifs sont fabriqués en Asie, Chine et Inde principalement. Et il faut 45 jours pour traverser les mers », constate Manu Blanco, secrétaire fédéral de la Fnic CGT (Fédération nationale des industries chimiques), en charge des industries de santé.  

Grèves sur les lignes de production, marges de 30%

Autre cause de la pénurie, et qui passe sous les radars médiatiques, plusieurs mouvements sociaux dans l’industrie pharmaceutique.

Les salarié.es de DSM, Pierre Fabre, Cenexis, Sanofi sont en grève pour demander une revalorisation des salaires face à l’inflation, et la diminution des contrats précaires.

Chez Sanofi, 15 sites de production sont en grève reconductible depuis mi-novembre. Un phénomène inhabituel dans la branche, et le patronat reste sourd à ces demandes légitimes. Pourtant, le secteur est l’un des plus riches de notre pays, il dégage des marges moyennes de 30% ! 

270 sites de production en France pour 130 entreprises

Le chiffre d’affaires des Big Pharma a explosé, elles en profitent pour se désengager (Pierre Fabre et Servier ont abandonné le diabète et la maladie d’Alzheimer), multiplier la sous-traitance, rationaliser leur outil de production.

« Parfois, une molécule comme la Dépaquine est produite sur un seul site, à Mourenx (Pyrénées Atlantiques) : l’usine a été l’arrêt pendant trois mois à cause de rejets polluants dans l’atmosphère, et on a été au bord de la rupture de stock », illustre Manu Blanco. 

Idem pour le Doliprane produit sur deux sites seulement de Sanofi, à Lisieux et Compiègne. 

Le secteur compte 270 sites de production en France pour 130 entreprises et 98 000 salarié.es.

La CGT demande un juste partage des richesses des Big Pharma, mais aussi de tout mettre en œuvre pour retrouver l’indépendance thérapeutique de la France. Pour atteindre cet objectif, une seule solution : réinternaliser la production de médicaments, reconstruire et relocaliser l’outil industriel.

 

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Élections TUNISIE

19 Décembre 2022, 06:56am

Publié par PCF Villepinte

 

Le peuple tunisien inflige

un camouflet à Kaïs Saïed

 L’opposition dénonce le «fiasco» des législatives, marquées par un taux dabstention de plus de 92%. La légitimité du chef de l’État, artisan dun verrouillage institutionnel depuis son coup de force de juillet 2021, est un peu plus ébranlée.

L'Humanité Lundi 19 Décembre 2022

Bruno Odent

À Tunis, une urne presque vide. La plupart des partis politiques avaient appelé au boycott. Yacine Mahjoub/AFP

AFP

Sans surprise, les Tuni­siens ont massivement boudé les urnes, samedi 17 décembre, lors du premier tour des élections législatives. L’abstention est historique, du jamais-vu depuis la révolution de 2011. Quelque 803000 électeurs seulement sur 9 millions ont fait usage de leur bulletin de vote, soit une participation de 8,8%. La nouvelle Assemblée de 161 députés doit remplacer celle que Kaïs Saïed avait gelée le 25 juillet 2021, après des mois de tension avec l’exécutif et le parti islamiste Ennahdha, qui dominait le Parlement.

Le président de l’autorité électorale, Farouk Bouasker, a justifié ce faible score par «labsence totale dachats de voix (…) avec des financements étrangers». Le chef de l’État avait lancé un appel aux électeurs dès l’ouverture du scrutin. Il n’a pas été entendu. L’opposition dresse le constat d’un fiasco et estime qu’il n’est plus légitime. 

«Ce qui sest passé aujourd’hui est un tremblement de terre», a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, le leader du Front de salut national (FSN), une coalition de partis comprenant les islamistes d’Ennahdha. «À partir de ce moment, nous exigeons que Saïed démissionne», a-t-il ajouté. Les Tunisiens sont invités à des «manifestations et des sit-in massifs» pour exiger une nouvelle élection présidentielle.

le pouvoir du Parlement très amoindri

Ces élections sont «inutiles», avait déclaré de son côté la puissante centrale syndicale UGTT, exprimant ainsi un sentiment général. L’organisation pointe précisément les conséquences de la réforme constitutionnelle approuvée par référendum le 25 juillet. Ces aménagements ont instauré un régime hyperprésidentiel et privent le Parlement de toutes ses prérogatives.

«Nous estimons que ce texte constitue une profonde régression, voire un retour au Moyen Âge, () il ne garantit pas le rôle des partis politiques et leur liberté de débat autour des questions politiques, économiques, sociales, environnementales», avait déclaré à l’Humanité le secrétaire général de l’organisation, Noureddine Taboubi, à propos de la Constitution. La centrale, qui avait approuvé dans un premier temps le coup de force opéré par le président, avait fini par dénoncer «la concentration des pouvoirs entre les mains d’une seule personne et l’amendement des textes législatifs en s’appuyant sur des décisions unilatérales».

L’UGTT n’a pas officiellement appelé au boycott du scrutin, mais sa position n’a pas été sans effet sur l’électorat en raison de sa forte audience dans le monde du travail et dans la société civile.

La plupart des partis politiques, islamistes d’Ennahdha en tête, ont en revanche ouvertement boycotté l’élection d’un Parlement au pouvoir législatif considérablement amoindri. Les 1055 candidats, dont très peu de femmes (moins de 12%) et une forte proportion denseignants et de fonctionnaires, nont pas suscité dintérêt.

La grave crise économique est l’autre facteur de la forte abstention. Les Tunisiens doivent affronter au quotidien des pénuries persistantes de produits de première nécessité. «Sappro­visionner est un parcours du combattant. Le lien de confiance a été rompu. La popularité de Kaïs Saïed est en train de seffondrer», commente un militant associatif joint au téléphone. Selon lui, l’UGTT pourrait bien désormais durcir le ton à l’égard du chef de l’État. 

 

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Festival

19 Décembre 2022, 06:51am

Publié par PCF Villepinte

Ils ont l’Impatience de leurs 20 ans

 La 14e édition d’Impatience s’est tenue en Île-de-France, du 6 au 15 décembre. Consacrée au théâtre émergent, cette manifestation a réservé de belles surprises qui témoignent de la vitalité d’une nouvelle génération d’artistes.

L'Humanité Lundi 19 Décembre 2022

Marie-José Sirach

Le prix du jury a distingué le Beau Monde. Une dystopie joyeuse, un inventaire à la Prévert porté par trois jeunes acteurs au diapason d’une partition loufoque et débridée. Mohamed Charara

Dix spectacles figuraient à l’affiche de cette édition du festival Impatience. Créé il y a quatorze ans sous l’impulsion de notre consœur de Télérama Fabienne Pascaud et avec la complicité active dans un premier temps de l’Odéon, puis, désormais, du 104, Impatience porte bien son nom: celui de jeunes gens qui se lancent dans laventure artistique du théâtre (pas plus de deux créations à leur actif).

Sur 250 propositions parvenues aux organisateurs (le 104, le Jeune Théâtre national , les Plateaux sauvages, le Théâtre de Chelles, le CDN de Sartrouville, le Théâtre Louis-Aragon de Tremblay, le Théâtre 13), dix projets ont été retenus. Un marathon théâtral qui s’est déroulé du 6 au 15 décembre, parsemé de spectacles pour certains audacieux, d’autres plus fragiles dans la forme comme dans le fond, serait-on tenté d’écrire. Quatre prix ont été décernés: le prix du public, le prix des lycéens, le prix SACD et le prix du jury, présidé cette année par le metteur en scène Julien Gosselin.

Le prix du public est revenu au spectacle écrit et mis en scène par Yacine Sif El Islam  Sola Gratia. Un récit autobiographique qui évoque avec pudeur et sensibilité une agression homophobe dont les traces, une balafre sur la joue pour Yacine, une autre dans le dos pour Benjamin, son compagnon, se lisent sur leurs corps.

Si le spectacle est encore fragile, l’engagement de l’acteur, sa façon de nous raconter l’horreur sans hausser le ton, son geste d’une violence contenue pour ouvrir les pages du livre où il a consigné son récit (publié aux éditions Komos) avec le couteau dont se sont servis ses agresseurs questionnent la violence, la haine, sans faux-semblants.

la «Koulounisation» et la guerre dAlgérie

Le prix des lycéens (et celui de la SACD) a récompensé le très beau travail de Salim Djaferi  Koulounisation. Pour évoquer la colonisation et la guerre d’Algérie, il s’est détourné du récit estampillé «historique». Il a juste posé une question, à sa mère, à sa tante, ici, en France, à des amis, en Algérie: «Comment dit-on colonisation en arabe?» Dès lors, il remonte le fil de l’Histoire à partir de récits intimes, la quête d’un mot qui, dans la langue arabe, existe sous plusieurs formes.

Ce travail autour de la langue, cette recherche sémantique pour un mot fantôme, la découverte, dans une librairie francophone d’Alger, que les livres sur cette période sont rangés non pas dans la catégorie «guerre dAlgérie» mais «révolution» lui permettent de dérouler les fils emmêlés des souvenirs qui jaillissent au fil des rencontres. Des témoignages patiemment recueillis qui ne s’inscrivent pas dans le roman national officiel à l’œuvre des deux côtés de la Méditerranée mais dans la mémoire collective des deux peuples.

Avec, pour accessoires, des fils tendus sur lesquels il va accrocher des objets comme autant de traces de cette histoire douloureuse et des panneaux de polystyrène qu’il va manipuler à vue, Koulounisation est un spectacle d’une rare intelligence qui sait mettre des mots sur des points aveugles d’une histoire commune, loin des versions officielles qui alimentent le terreau de l’extrême droite en France et celui des intégristes en Algérie.

les Dévorantes, un spectacle punk

Le prix du jury a distingué le Beau Monde, une création collective d’Arthur Amard, Rémi Fortin et Blanche Ripoche. Une dystopie joyeuse, un inventaire à la Prévert avec son côté aléatoire qui nous projette dans cent ans, à une époque où le théâtre n’existe plus. Charge à une poignée d’hommes et de femmes de raconter aux générations futures, tous les soixante ans, le souvenir de ce rituel avec un, deux ou plusieurs acteurs qui, face public, racontaient des histoires, mettaient le monde en scène.

De ces textes consignés, il ne reste que des fragments. Des fragments comme des haïkus, joués, chantés, mimés ou dansés pour raconter le théâtre. C’est drôle, intelligent, poétique, porté par trois jeunes acteurs au diapason de cette partition loufoque et débridée. Avec quelques cailloux à même le sol, des costumes enfilés à l’envers d’où sortent les étiquettes, les trois acteurs se métamorphosent en Petit Poucet. Et comme le héros du conte de notre enfance, ils ne s’en laissent pas conter et portent sur notre monde actuel un regard vif et percutant.

Les repères spatio-temporels volent en éclats. Ils parlent au futur proche et nous tendent un miroir sur notre monde contemporain. Le rire se fait alors plus grave. Le théâtre étant concomitant de l’avènement de la démocratie, si l’un était amené à disparaître, l’autre aurait du mal à lui survivre… Un dernier aperçu de la variété des propositions d’Impatience: les Dévorantes, un spectacle punk écrit, joué et chanté par Sarah Espour sur les femmes criminelles. La découverte d’une sacrée artiste, une performeuse hors pair.

Le Beau Monde sera programmé au Festival d’Avignon en juillet. Pour plus de renseignements sur les tournées des autres spectacles: www.festivalimpatience.fr

 

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Louise Attaque - Planète Terre | En studio avec le groupe (Interview)

17 Décembre 2022, 09:14am

Publié par PCF Villepinte

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Jean JAURES

17 Décembre 2022, 08:38am

Publié par PCF Villepinte

Jaurès, un phare pour éclairer la gauche 

Le 24 novembre avait lieu à Toulouse une agora organisée par «lHumanité» et le conseil départemental de Haute-Garonne, où historiens et spécialistes de la pensée jaurésienne sont revenus sur le congrès de 1908. Cet événement avait scellé l’unité de la SFIO autour de Jean Jaurès. En quoi ce congrès historique éclaire-t-il les enjeux de la gauche en 2022?

L'Humanité Samedi 17 Décembre 2022

Latifa Madani

 

 © Maurice-Louis Branger / Roger-Viollet

Que dit la méthode Jaurès à la gauche aujourd’hui? La question peut paraître audacieuse dans le contexte actuel. Un contexte nouveau comme le décrit Patrick Le Hyaric, directeur des éditions du Futur, «où le capitalisme génère la dé-civilisation et où les peuples, à la recherche de solutions pour vivre mieux et autrement, se tournent trop souvent vers le pire».

Heureusement, des lueurs percent sur ce sombre tableau. Celles qu’apportent les mouvements de jeunes pour le climat, des femmes, des pacifistes et des précaires ubérisés qui se syndiquent. «Un sujet de solidarité internationaliste comme aimait à le traiter Jean Jaurès», commente l’ancien député européen, soulignant combien «ces mouvements contre le capitalisme et les systèmes de domination sont dune portée considérable, dans un monde en pleines convulsions, miné par les inégalités, secoué par une multitude d’insécurités sanitaires, alimentaires, environnementales, sociales».

Dans un tel paysage contrasté de chaos et d’espoir, comment la gauche, aujourd’hui affaiblie, peut-elle et doit-elle faire? Comment la méthode Jaurès et les leçons du congrès de 1908 de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) peuvent-elles l’inspirer pour rendre les idées et les valeurs de gauche majoritaires?

Demblée, les mots de bienvenue de Georges Méric, président du conseil départemental de Haute-Garonne, ont donné le ton: «Jaurès est un phare qui montre le chemin.» L’élu socialiste a affirmé, offensif, «la pensée de Jaurès, qui place lhumain au centre du projet républicain, encourage les femmes et les hommes de gauche à renforcer le rassemblement et à construire une société solidaire et citoyenne».

Un contexte défavorable à l'unité des socialistes

Si le contexte de 2022 paraît difficile, celui de 1908 n’était pas plus propice à conforter une unité des socialistes scellée administrativement au congrès de 1905 à Paris, et mise à mal par les divergences persistantes avec les guesdistes notamment. 

«Guesde et ses partisans réaffirment la nécessité révolutionnaire de se placer surle terrain exclusif de la lutte de classe», explique l’historien du mouvement ouvrier Jean-Paul Scot. D’autres sujets ont été au centre de cette confrontation, parfois violente, précise Patrick Le Hyaric, comme «la question sociale avec les retraites et lamélioration des conditions de vie des ouvriers, la laïcité, le combat pour la paix et la solidarité internationaliste».

 Une fois obtenue la réhabilitation de Dreyfus et la séparation des Églises et de l’État, le mouvement s’est fracturé. Le Parti socialiste-SFIO est fragilisé en raison de résultats mitigés aux élections municipales de 1906, avec la perte des villes de Toulouse, Brest, Dijon et des reculs à Paris. La même année, au congrès d’Amiens, la CGT acte son caractère révolutionnaire et son indépendance. 

Le contexte international n’est pas plus réjouissant, affirme l’historien, président de l’association des Amis de Jaurès-Toulouse. On sort de la guerre entre la Russie et le Japon, la France coloniale s’embourbe dans ses protectorats du Maroc et de Tunisie. Il évoque «une situation explosive dans les Balkans où les nationalismes rivaux sexercent dans une course aux armements»

L’annexion en 1908 de la Bosnie par l’Autriche-Hongrie sera un des signes annonciateurs de la grande guerre à venir. Ce contexte de tous les dangers va, a contrario, finir par imposer la démarche unitaire à l’œuvre depuis plusieurs années.

Jean Jaurès y trouvera matière à peaufiner ses arguments. D’autant que, «malgré les divisions, la volonté de rapprochement était forte», explique Rémy Pech. «Cette force du sentiment unitaire permet alors de dominer les tendances centrifuges», poursuit-il, estimant que «les enjeux de ce congrès résonnent fortement avec la situation actuelle».

Ce qu’on appelle la méthode Jaurès, le leader socialiste l’a développée, après de vifs débats, à la tribune du réfectoire du couvent des Jacobins de Toulouse, le 18 octobre 1908, dernier jour du 5e congrès de la SFIO. Un congrès qui va consacrer la prééminence de Jaurès sur le mouvement socialiste français. Le stratège et tribun y a exposé aussi les objectifs que doivent viser les socialistes. Ceci, devant 251 délégués dont 7 femmes et, parmi les 7, 5 épouses de délégués. La précision ici est utile pour prendre la mesure du chemin parcouru depuis par les femmes.

Une déclaration finale adoptée à la quasi-unanimité

Il aura fallu cinq heures au délégué du Tarn pour faire la démonstration de sa théorie, a priori paradoxale, de «l’évolution révolutionnaire». Un oxymore, relève lhistorien Jean-Paul Scot. «Jaurès entend démontrer comment peu à peu le prolétariat peut pénétrer au centre même de la puissance capitaliste afin que “la société nouvelle sorte de l’ancienne” avec cette force irrésistible de l’évolution révolutionnaire dont a parlé Marx.»

 Jean Jaurès considérait, en effet, qu’il était faux d’opposer la méthode révolutionnaire et la méthode évolutionnaire, considérant les deux compatibles. «À la question, comment passer dune société capitaliste à une société communiste, il répondra aux guesdistes, aux anarcho-syndicalistes et aux réformistes, ni par un coup de main, ni par un coup de majorité”», rapporte Jean-Paul Scot.

Le succès de sa méthode se traduit par l’adoption, à l’unanimité, moins une abstention, de la déclaration finale du congrès de 1908 qui érige la SFIO comme «parti de la classe ouvrière et de la révolution sociale». La lecture de cet extrait de la déclaration finale n’a pas manqué de faire réagir Roland Foissac.

Ancien élu communiste du Tarn et membre de la Société d’études jaurésiennes, il a préfacé « le Manuscrit de 1908 » de Jaurès (Arcane 17), considéré comme un texte fondateur de la gauche du XXe siècle. Soulignant la nécessité de s’inspirer de la pensée et de la méthode de l’homme politique, Roland Foissac précise : «Il ne sagit pas de le plagier, les situations ne sont pas comparables, mais il a quand même permis à la gauche de trouver son unité non pas sur un petit consensus mou mais sur des orientations claires.» 

Sur ce point, Jean-Paul Scot rappelle l’importance pour Jaurès d’avoir les idées claires. «Savoir où on va, comment on y va et avec quels moyens.» Cette équation est l’alpha et l’oméga de la méthode jaurésienne: articuler la pensée, la réflexion et laction concrète, afin de mieux lier lidéal et la pratique. 

«Aucune victoire électorale ne suffira à rompre avec le capitalisme»

Le talent de Jean Jaurès, selon l’historien Gilles Candar, spécialiste des gauches françaises, fut d’apporter des éléments concrets, de sortir des postures idéologiques, d’éviter l’entre-soi ou le clan, en privilégiant le débat le plus ouvert possible englobant les syndicats, les coopératives, les mouvements minoritaires.

Il avait une conception élevée de l’action parlementaire et de l’action municipale. Avec le souci de l’implication citoyenne la plus large. Du reste a-t-il défendu la représentation proportionnelle, tout en mettant en garde, précise Gilles Candar, sur le fait qu’«aucune victoire électorale ne suffira à rompre avec le capitalisme».

 Sa méthode consistait aussi à faire que le citoyen ait accès à l’information la plus claire et la plus complète. Telle était son ambition lorsqu’il fonda, en 1904, le journal « l’Humanité ». «Non pas un journal dagit-prop, mais un outil pour le débat, ouvert à tous les socialistes, aux syndicats, aux coopératives.» Ce qui n’a pas été sans polémiques, confie Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes.

L’autre grande leçon, poursuit l’historien, se trouvait dans le souci de Jean Jaurès de relier les différents échelons, du local à l’international. Délégué de la fédération du Tarn au congrès de 1908, il occupe aussi la fonction de délégué au Bureau socialiste international. Il était convaincu, souligne Gilles Candar, «que la politique française ne peut se limiter à la politique intérieure parce que les problèmes se posent au niveau international».

 Conscient que les nationalismes sont «les béquilles du capital et des facteurs de guerre», Jaurès noue des liens en Europe et dans le monde avec, par exemple, l’extrême gauche italienne, les radicaux belges, les progressistes américains, les libéraux britanniques. Ce qui explique que, pourtant critiques à son égard, Rosa Luxemburg et même Trotski l’ont rejoint sur ces sujets.

Tous les intervenants ont insisté sur l’apport du leader socialiste à la culture internationaliste. Délaissée aujourd’hui, elle devrait plus que jamais inspirer les forces de gauche, dans un monde miné par les guerres, militaires, économiques, culturelles. Ils ont également retenu de Jaurès «son sens de lintervention citoyenne, son sens profond du débat et de la démocratie» qu’a évoqués Gilles Candar, déplorant qu’ils se soient «considérablement érodés ces dernières années». «Cest cela quil faut faire revivre», a-t-il ajouté.

Sortir du capitalisme : une question de survie

Toutes ces questions agitent aujourd’hui la gauche écologique et sociale, rassemblée au Palais-Bourbon, dans la Nupes. Comment aller au-delà et plus loin? Beaucoup dans lassistance, notamment parmi les élus, ont exprimé leur préoccupation sur lavenir de la Nupes, au-delà de son cadre parlementaire, non sans marquer leur fort attachement à l’unité. Une préoccupation partagée par l’ancien directeur de « l’Humanité», Patrick Le Hyaric, pour qui «le travail dunification des travailleurs, daide au mouvement de protestation nouveau mais aussi d’élaborations de solutions neuves, transformatrices, est un chemin essentiel pour battre l’hégémonie politique et culturelle des droites et de l’extrême droite».

Une conscience aiguë que si ce travail n’était pas fait, nous irions vers le pire, traverse le public, nombreux et attentif, présent ce 24 novembre, dans la salle du pavillon République, à Toulouse. «La méthode jaurésienne a été efficace et a porté ses fruits», estime Jean-Paul Scot.

Mais il s’interroge de savoir si, «dans les temps nouveaux daujourdhui, la stratégie de l’évolution révolutionnaire est encore pertinente et dactualité ». Faisant part de ses réticences d’historien, il affirme être tenté, en tant que citoyen, d’affirmer qu’elle doit le redevenir.

La raison en est, alerte-t-il, que «nous sommes face à une crise systémique du régime capitaliste plus mondialisé et financiarisé que jamais», ajoutant : «Face au défi dune crise écologique, économique, sociale, anthropologique, la sortie du capitalisme est certainement une question de survie.» Il lui paraît impossible, conclut-il, de « sauver à terme la planète sans libérer l’humanité de la domination du capitalisme». Assurément, Jaurès ne cesse de nous parler et il a encore beaucoup à nous apprendre.

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 Un nouvel élan pour nos services publics 

17 Décembre 2022, 08:30am

Publié par PCF Villepinte

181 organisations défendent un souffle nouveau pour les services publics

Le collectif «Un nouvel élan pour nos services publics» a acté le lancement dune grande campagne de mobilisation nationale pour défendre l’égalité et les droits des usagers. Elle culminera le 13 mai prochain à Lure (Haute-Saône), lors d’une grande manifestation.

L'Humanité Vendredi 16 Décembre 2022

Marie Toulgoat

Les participants se retrouveront à Lure (Haute-Saône) le 13 Mai prochain. © Bertrand Guay / AFP

La maternité de Guingamp (Côtes-d’Armor) est menacée de fermeture, comme celles de Ganges (Hérault) et de Guilherand-Granges (Ardèche). Le bureau de poste de Saillans (Drôme), s’apprête à définitivement baisser son rideau. La SNCF supprime de nombreux trains, fautes de conducteurs. Rien que ces dernières semaines, les exemples ne manquent pas pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état des services publics. 

«Il sest fortement dégradé, alors même que 75 % des Françaises et Français y sont attachés. La seule raison pour laquelle ces services publics tiennent encore, cest par lengagement des personnels qui tentent coûte que coûte de mener leurs missions à bien malgré les attaques et les chutes de moyens», affirme Michel Jallamion, pilote de l’initiative «Un nouvel élan pour nos services publics».

D’Aligre à Lure pour la sauvegarde des biens communs

Dans la petite salle du café associatif la Commune Libre d’Aligre, à Paris, le contrôleur des finances publiques n’a pas à faire preuve de pirouettes oratoires pour convaincre l’assemblée. Le 15 avril dernier, tous étaient en effet réunis autour du même projet, qu’ils soient responsables associatifs, représentants syndicaux, porte-parole de partis ou militants convaincus: défendre et faire prospérer les services publics.

 «Aujourdhui, il existe beaucoup de luttes locales, mais on ne sait pas encore les faire converger», explique Michel Antony, historien qui comité de vigilance pour le maintien des services publics de proximité en Haute-Saône. Voilà donc l’objectif du collectif: mobiliser nationalement autour de la sauvegarde de ces «biens communs» au-delà des simples initiatives régionales. À ce jour, 181 organisations ont répondu favorablement à cet appel, dont plusieurs organisations syndicales (Solidaires, FSU, fédérations de la CGT), des associations (ATTAC) et de nombreux partis politiques de gauche (PCF, LFI, EELV, PS, etc.).

Si cette rencontre parisienne servait de lancement de l’initiative, c’est à Lure, en Haute-Saône, que les militants entendent déployer leurs revendications. Un week-end militant, agrémenté d’ateliers, d’un village des services publics et d’évènement conviviaux est prévu le deuxième week-end de mai. Le 13 de ce mois, une grande manifestation déambulera dans la cité franc-comtoise, marquant l’arrêt devant tous les lieux emblématiques de la casse des services publics: la gare, lhôpital, la trésorerie.

Promouvoir les alternatives et faire converger les luttes

Pour réussir ce nouvel élan donné aux services publics, les militants en conviennent, il ne suffira pas «d’être dans la déploration». Il faudra être porteurs d’alternatives démocratiques et solidaires. Dans le petit café parisien, Jean-Claude Olivia se lève de sa chaise et attrape le micro.

Le maire adjoint de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) vient de prendre la présidence de la régie publique de l’eau de l’intercommunalité Est Ensemble et défend ardemment ce modèle. «En se débarrassant dentreprises comme Veolia, on dégage des marges énormes, qui peuvent être mobilisées en faveur d’investissement pour une meilleure qualité de l’eau», assure-t-il. Séduite par cet exemple de victoire sur le secteur privé, l’assemblée se fend d’une salve d’applaudissements. Pour que de tels succès deviennent la norme, tous se sont d’ores et déjà donné rendez-vous à Lure.

 

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En même temps

16 Décembre 2022, 07:44am

Publié par PCF Villepinte

 

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Haine(s)

16 Décembre 2022, 07:36am

Publié par PCF Villepinte

Les insultes faites à Annie Ernaux…

Publié le

Jeudi 15 Décembre 2022

Jean-Emmanuel Ducoin

 

Nobel 

En vérité, nous nous attendions à des réactions d’une grande hostilité, pour ne pas dire de malveillance brute, bête et méchante. Mais à ce point de haines (qu’il convient d’accorder au pluriel), encore aurait-il fallu imaginer que la France des Lettres s’était quelque peu oubliée dans la décrépitude des déclinologues et autres réactionnaires de la pire espèce, capables de tout justifier pour distiller leur poison d’une certaine idée de la «nation».

Ainsi donc, notre prix Nobel de littérature, Annie Ernaux, depuis une consécration mondiale qui ne plaît pas à tout le monde, se voit dénigrée, insultée jusque dans son art, niée dans ses engagements de toujours. On lui reproche tout et son contraire, avec une constance assez infâme: moqueries sur son «absence de style» (sic); railleries sur ce prix nullement «mérité», qui ne serait que le «fruit de circonstances féministes mondiales»; accusations d’antisémitisme, en raison de son soutien au mouvement de boycott d’Israël, de racialisme, de séparatisme, etc.

Tout est prétexte à cette sorte de «grand chelem» de la Réaction, comme si la littérature elle-même n’était plus lobjet de la discussion et des disputes, comme si le Nobel en question était une littérature sans littérature, presque une anormalité, une monstruosité… Et pourtant, en devenant la première Française à obtenir l’éminente récompense, l’autrice de la Place a offert à notre pays son seizième Nobel de littérature, confortant un peu plus la terre de Mauriac, de Sartre et de Camus dans son enviable statut de pays le plus primé, devant les États-Unis. De quoi se réjouir? Bien sûr que non. Les charognards ne manquent pas

Cabale 

Tous s’y sont mis. Finkielkraut, Zemmour, Valeurs actuelles, le Point, l’Express… et même le Figaro Magazine, qui osa titrer: «Annie Ernaux, prix Nobel de littérature: et si c’était nul?» Comme par hasard, la violence des propos, qui sapparente à une cabale coordonnée, nous vient de la droite et de son extrême, dans la plus folle des expressions.

Dans Causeur, le «chroniqueur» Didier Desrimais affirma même que «le choix de la romancière par lAcadémie suédoise» était «moins littéraire que politique, voire politiquement correct». Retour de la fameuse expression fourre-tout: politiquement correct. Et lhomme dajouter: «Annie Ernaux, prix Nobel. C’était prévisible. La platitude autobiographique, l’absence de style, la bien-pensance gauchisante, la simplicité du binarisme sociologique à la Bourdieu appliqué à la littérature la plus décharnée et l’égocentrisme camouflé derrière un misérabilisme social devenu un fonds de commerce littéraire étaient déjà les gages d’une reconnaissance de la caste médiatico-littéraire.» Vous avez bien lu.

Forçats

 Ce Nobel dérange? Tant mieux! Dautant que le bloc-noteur perçoit bien les conséquences de l’assignation domestique aperçue plus haut, par laquelle les femmes doivent rester à leur place – même par le talent. Annie Ernaux n’a jamais été domestiquée, ni en littérature ni dans sa vie de citoyenne: voilà son tort, son grand tort. Dailleurs, recevant son Nobel, elle osa déclarer qu’elle écrivait  «pour venger ma race et mon sexe»

De quoi surprendre le quarteron de mâles blancs, non? Cette phrase, précisa-t-elle, fut «écrite il y a soixante ans, dans mon journal intime, () elle faisait écho au cri de Rimbaud: Je suis de race inférieure de toute éternité. Javais 22 ans. J’étais étudiante en lettres dans une faculté de province, parmi des filles et des garçons pour beaucoup issus de la bourgeoisie locale».

 Rimbaud, bien sûr, «le Poète prendra le sanglot des Infâmes, la haine des Forçats, la clameur des Maudits». Magnifique et audacieux. Annie Ernaux confessa aussi: «Je pensais orgueilleusement et naïvement qu’écrire des livres, devenir écrivain, au bout dune lignée de paysans sans terre, d’ouvriers et de petits commerçants, de gens méprisés pour leurs manières, leur accent, leur inculture, suffirait à réparer l’injustice sociale de la naissance.» 

Et enfin: «Pour inscrire ma voix de femme et de transfuge social dans ce qui se présente toujours comme un lieu d’émancipation, la littérature.» Merci, Madame!

 

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Mondial 2022. France-Maroc : et à la fin, c'est l'extrême droite qui râle

16 Décembre 2022, 07:33am

Publié par PCF Villepinte

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