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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Déportation : entretenir la mémoire

12 Avril 2021, 11:16am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 07/04/2021 par PCF

Que devons-nous faire de la mémoire des déportés de la Seconde Guerre mondiale, les 89 390 déportés résistants, politiques, raflés, otages, et parfois droits communs et les 74 182 juifs déportés de France ?

Côté État, c’est l’atonie. La journée nationale qui célèbre chaque année, fin avril, la mémoire des victimes de la déportation dans les camps de concentration et d’extermination nazis lors la Seconde Guerre mondiale se résume à des dépôts de gerbes et à la lecture d’un texte rédigé en commun par la Fondation de la Mémoire de la Déportation, les deux Fédérations d’anciens déportés et leurs Associations.

Une autre journée, internationale celle-ci, est consacrée aux victimes de la Shoah, chaque 27 janvier, date anniversaire de la libération d’Auschwitz. Elle est, en Allemagne, un fort moment de Mémoire, et à Berlin comme dans les Länder, les Parlements se réunissent pour entendre des témoignages de victimes des nazis et de l’holocauste ou des réflexions de haute tenue.

Un Concours national de la Résistance et de la Déportation existe depuis 1961. Il s’adressait aux élèves de troisième, première et terminale jusqu’à une date récente, et les thèmes sur lesquels devaient réfléchir et travailler les élèves étaient alternativement ouverts à des réflexions sur la Résistance et la Déportation. Désormais, pour rester en concordance avec les programmes scolaires, il vise essentiellement les élèves de troisième, qui concourent sur un thème national grâce à l’engagement de professeurs dévoués. Il est en perdition.

Faire vivre cette mémoire est un besoin. C’est une mémoire de la barbarie qui est restée longtemps indicible et inaudible parce qu’effroyable et incroyable. Mais c’est aussi une mémoire qui a porté l’espérance d’un monde nouveau, d’un monde meilleur. Marcel Paul, à Buchenwald libéré depuis 6 jours, voyait les communistes « conduire le peuple à la liquidation de ses misères ». Des jeunes juifs, sauvés d’Auschwitz par leur transfert à Buchenwald, souhaitaient créer un kibboutz - ce qu’ils allaient faire en juin -, et ce kibboutz Buchenwald allait incarner le rêve partagé des survivants et combler le fossé entre les pertes du passé et les espoirs, comme les défis du futur.

À Buchenwald encore, mais à Mauthausen aussi, des Serments furent pris par les survivants pour éradiquer du monde fascisme et barbarie, mais encore « lutter contre l’impérialisme (…) sur les bases sûres de la fraternité internationale » (Mauthausen).

Le monde nouveau a été marqué par la bombe atomique, par la guerre froide, par la guerre d’Indochine puis celle d’Algérie, par des luttes de libération nationale qui rappelaient le monde d’avant, et nous sommes passés de la IVe à la Ve République.

Quand il n’y avait pas désarroi et capitulation, les engagements pris dans les camps ont suivi. Ils étaient différents - question d’interprétation -, mais tous ont été marqués par la fraternité du souvenir et l’humanité des consciences.

En 2015 Germaine Tillion, missionnée en Algérie, et Geneviève de Gaulle, présidente d’ATD-Quart Monde, toutes deux déportées à Ravensbrück sont entrées au Panthéon. Il a manqué Marie-Claude Vaillant-Couturier qui, de Ravensbrück elle aussi, pensait au « grand désir de neuf, de reconstruction sur une base nouvelle, enfin ! Surtout parmi la jeunesse. »

Quel geste fort pourrait prouver l’intérêt renouvelé de la République pour cette mémoire ?

C’est sans aucun doute vers l’éducation qu’il faut se tourner. L’école est le principal vecteur des connaissances sur la Résistance et la Déportation. Les quelques musées ou centres régionaux d’histoire de la Résistance et de la Déportation, comme les Associations, Fédérations et Fondations disposent de ressources documentaires diversifiées qui peuvent alimenter des initiatives pédagogiques innovantes. La créativité des professeurs qui « travaillent » cette mémoire est sans limite, comme le sont les initiatives qu’elle suscite.

Le nombre de témoins directs est désormais infime. Une relève est possible, différente mais possible. Que nous laissent-ils de leur passé concentrationnaire ? Un traumatisme ? Une leçon de vie et de résistance ? C’est aux générations actuelles d’en témoigner.

L’enseignement sur la déportation permet de déconstruire et mettre en garde sur les processus d’exclusion et de ségrégation (racisme, antisémitisme, islamophobie…), de montrer que la barbarie n’a de limites que celles qu’on s’impose, d’alerter sur des types de discours où les fake news ont la couleur de la vérité. En même temps il montre la nécessaire intransigeance qui doit faire face à ces processus. Il faut oser dire non.

Les lieux de déportation, comme le Struthof en Alsace, et les grands camps du Reich, ne doivent pas nous faire oublier la myriade des camps d’internement français (près de 1 700 camps entre 1939 et 1944), antichambres des génocides et des déportations. Gurs, Argelès, Saint-Sulpice-la-Pointe, le camp des Milles sont connus.

La plus grande part des autres a disparu du paysage. Seules des mobilisations locales permettent de les redécouvrir, et de redonner, par quelques gestes symboliques, un sens à ces lieux, visages d’une République alors en voie de décomposition. Ils sont d’autres sentinelles du passé qui doivent nous alerter sur des dérives possibles.

Mémoire des Hommes, mémoire des idées, mémoire des pierres, la mémoire de la Déportation est un tout qu’on ne peut négligerµ

Dominique Durand

Président du Comité international Buchenwald Dora et vice-président de l’Association française Buchenwald, Dora et Kommandos.

 

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Danièle Linhart : « Osons penser le salariat en dehors du lien de subordination »

12 Avril 2021, 06:48am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Samedi 10 Avril 2021

Mélanie Mermoz

Le travail mute et se transforme, pas les modèles d’organisation, pointe Danièle Linhart. Dans «lInsoutenable subordination des salariés», la sociologue examine la permanence de lordre taylorien, qui dépossède les travailleurs de leur savoir et de leur pouvoir, et invite à le combattre. 

L'Insoutenable subordination des salariés, de Danièle Linhart

Avec la crise sanitaire, de nombreux salariés s’installent dans l’isolement du télétravail, les entreprises vantent les mérites de la résilience. Par-delà les discours lénifiants des ouvrages managériaux, la sociologue du travail Danièle Linhart met en évidence, dans «lInsoutenable Subordination des salariés» (éditions Érès, 288 pages,17,99 euros), combien l’ordre taylorien qui a dépossédé les ouvriers de la maîtrise de leur travail, loin de disparaître, s’étend maintenant jusqu’aux professions intellectuelles.

L’organisation du travail est pensée toujours plus loin du terrain, les cabinets de conseil internationaux ont remplacé les ingénieurs de méthodes. Comme un monstre, le capitalisme se nourrit de chaque remise en cause. Pour elle, la seule solution pour trancher ce nœud gordien, ce n’est pas de remettre en cause le salariat mais d’en finir avec le lien de subordination.

Sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS, Danièle Linhart est spécialiste de la modernisation du travail et de l’emploi, elle a publié de nombreux ouvrages sur ces thèmes, notamment sur le taylorisme et le management. Par ailleurs, elle a introduit la notion de « précarité subjective », soit le sentiment de précarité que peuvent avoir des salariés stables confrontés à des exigences toujours plus fortes.

À lire, entre autres : « Souffrance au travail et inventivité managériale », in « Les servitudes du bien-être au travail. Impactes sur la santé », sous la direction de Sophie Le Garrec (2021, 296 pages, éditions Érès, 17,99 euros). 

Pourquoi le taylorisme a-t-il constitué une importante rupture?

DANIÈLE LINHART Au début du XXe siècle, dans les ateliers, le travail est assuré par des ouvriers qui connaissent les règles du métier. Pour Frederick Winslow Taylor (1856-1915 - NDLR), qui est – rappelons-le – un consultant, comme ce sont eux qui détiennent tous ces savoirs, ils organisent leur travail et la productivité est très faible.

Toute la stratégie de Taylor, ce qu’on a appelé l’«organisation scientifique du travail», a été d’organiser un transfert de ces savoirs et donc du pouvoir des ateliers à la direction. L’employeur s’entoure d’ingénieurs qui vont pomper les savoirs ouvriers et, à partir de là, définir une organisation du travail selon les seuls objectifs de productivité et donc de profitabilité pour le patronat. Cela consiste à transformer les ouvriers de métier en exécutants. L’organisation du travail est pensée en dehors d’eux et leur revient sous forme de tâches répétitives…

 

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États-unis. Le néolibéralisme n’est plus prophète en son pays

12 Avril 2021, 06:39am

Publié par PCF Villepinte

Lundi 12 Avril 2021

L'Humanité Christophe Deroubaix

Dans un contexte d’explosion des inégalités et de poussée de la gauche, l’administration Biden veut lancer un plan d’investissements publics et augmenter la fiscalité des multinationales et des plus riches.

« Je veux changer le paradigme.» Le 25 mars, lors de sa première conférence de presse, Joe Biden a répété cette phrase à trois reprises. Sans donner beaucoup de substance à cette ambition, si ce n’est: «Je veux faire avancer les choses.»

 Des «choses» avaient déjà avancé dans limmense plan de sauvetage de 1 900 milliards de dollars (1 600 milliards deuros) adopté ce même mois par le Congrès, avec des mesures daide aux familles et aux chômeurs.

Mais, quelques jours plus tard, cest un plan dune autre nature que dévoilait le 46e président des États-Unis: il ne sagit plus, ici, de relancer l’économie par la consommation, mais dinvestir durablement dans les infrastructures, avec 2000 milliards dans une première phase (potentiellement autant dans une seconde), étalée sur huit ans, avec un financement partiel par l’augmentation de l’impôt sur les sociétés de 21 à 28 %.

Enfin, Janet Yellen, la ministre de l’Économie et des Finances, annonce, début avril, que Washington propose au G20 d’instaurer un impôt minimum mondial sur les multinationales...

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Élection présidentielle. Le PCF fait un nouveau pas vers une candidature

12 Avril 2021, 06:30am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Lundi 12 Avril 2021

Julia Hamlaoui

Lors d’une conférence nationale ce week-end, les communistes se sont prononcés à 66,41 % pour proposer leur propre candidat dans la course à l’Élysée. 73,57 % des délégués ont choisi Fabien Roussel pour tenir ce rôle.

Sous le dôme blanc de la coupole Niemeyer, place du Colonel-Fabien à Paris, le siège du PCF mille délégués communistes se sont retrouvés via un système de visio­conférence, restrictions sanitaires obligent.

Une petite prouesse technique pour débattre de leur stratégie pour 2022. Et c’est le choix d’une candidature autonome du PCF à la présidentielle, assortie d’un «pacte dengagements communs» pour les législatives, qui la emporté à une large majorité de 66,41 %, samedi, lors de cette conférence nationale.

73,57 % des délégués ont également désigné leur secrétaire national, Fabien Roussel, comme candidat. «La situation est grave et elle nécessite d’ouvrir un espoir.

L’espoir de sortir notre pays de cette crise, l’espoir de changer de politique, l’espoir pour les Français d’être enfin protégés contre cette pandémie, mais aussi contre le chômage, contre la précarité et la pauvreté !» a lancé le député du Nord, dimanche, fustigeant un Emmanuel Macron qui «prépare déjà de nouveaux sacrifices, au nom de la dette quil faudra rembourser “à tout prix” ».

Opération reconquête

La veille, tout au long de la journée, comme dans la matinée de dimanche, les échanges militants ont porté sur la stratégie à mettre en œuvre pour y parvenir. «Nous sommes tous daccord sur lobjectif final: empêcher le duel Macron-Le Pen dont personne ne veut, mais surtout empêcher que la finance conserve les pleins pouvoirs dans notre pays», a résumé Fabien Roussel

 

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#Occupons. Robin Renucci : « Ce mouvement est une piste d’envol pour s’approprier l’avenir »

10 Avril 2021, 07:33am

Publié par PCF Villepinte

Aux Tréteaux, Robin Renucci et son équipe travaillent sur des dispositifs de représentations en plein air sur les îles de loisirs d’Île-de-France pour l’été prochain. © Nicolas Cleuet

L'Humanité Samedi 10 Avril 2021

Marie-José Sirach

«La mobilisation des théâtres nous concerne tous», rappelle Robin Renucci. Pour le directeur des Tréteaux de France et professeur au Conservatoire, la fermeture des lieux de culture est un «immense gâchis et une erreur impardonnable».

Toujours à pied d’œuvre, cet ardent militant dune scène populaire exigeante invite durgence à placer le public et la jeunesse au cœur des enjeux. 

Depuis le 4 mars, plus de 90 théâtres, centres dramatiques nationaux (CDN), scènes nationales sont occupés par des intermittents du spectacle et de l’emploi.

Voilà plus d’un an que théâtres, cinémas, musées sont fermés, privant de travail des dizaines de milliers d’artistes et techniciens, mais aussi tous ces métiers liés d’une manière ou d’une autre à ce secteur-là, tout aussi précaires que les premiers mais sans aucune protection. Les théâtres fermés sont désormais ouverts à tous ceux-là comme aux élèves des écoles d’art, futurs artistes ou décorateurs ou éclairagistes qui ont massivement rejoint le mouvement.

Depuis le 4 mars, le gouvernement reste sourd à toutes leurs revendications. Une attitude qui provoque incompréhension et colère. Leur mobilisation nous concerne tous. C’est quoi un monde sans ces fenêtres ouvertes sur l’imaginaire, la prise de conscience, la liberté, la parole, la pensée que représentent les théâtres, les musées?

Une année a passé depuis la fermeture des théâtres. Comment vous et l’équipe des Tréteaux de France avez-vous traversé cette période?

ROBIN RENUCCI Notre travail est quotidien et intense. L’ensemble des actions que nous menons, je ne parle pas des représentations avec le public, qui ont été altérées, mais bien de toutes les petites formes, les ateliers dans les collèges, les lycées, en banlieue, dans les villages, nous en avons maintenues.

C’est un travail énorme, mais cela fait partie de notre mission de théâtre public de mener de front les actions artistique et culturelle. Cela représente beaucoup d’investissement et nous l’avons poursuivi avec enthousiasme et détermination.

Icon QuoteCe sont mes élèves qui occupent les théâtres. J’y vois un signe d’espoir. C’est une jeunesse qui démontre sa capacité à se retrouver, s’organiser.

Depuis le 4 mars, plus de 90 théâtres sont occupés. Le président de l’Association des centres dramatiques nationaux (ACDN) que vous êtes soutient ce mouvement. Au-delà des revendications pour la prolongation de l’année blanche (1) et pour l’annulation de la réforme de l’assurance-chômage, de quoi ce mouvement est-il, pourrait-il être le nom?

ROBIN RENUCCI C’est un printemps de la jeunesse. Je suis professeur au Conservatoire, ce sont mes élèves qui occupent les théâtres. J’y vois un signe d’espoir. C’est une jeunesse qui démontre sa capacité à se retrouver, s’organiser. Ce mouvement est une piste d’envol pour s’approprier l’avenir.

 

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Militants syndicaux innocentés grâce à des vidéos

10 Avril 2021, 07:29am

Publié par PCF Villepinte

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Les salariés refusent de payer le prix de la crise

9 Avril 2021, 08:58am

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Pourquoi nous allons voter contre la loi sur le séparatisme

9 Avril 2021, 08:57am

Publié par PCF Villepinte

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Pouvoir d'achat. À deux c’est mieux, même dans la difficulté

8 Avril 2021, 20:57pm

Publié par PCF Villepinte

Jeudi 8 Avril 2021

Gérard Le Puill

Alors que des chiffres tombent cette semaine en cascade sur la croissance de la fortune de milliardaires grâce au Covid-19, une récente note de l’INSEE analyse les conséquences financières des pertes d’emploi entre 2011 et 2015. Être en couple atténue la chute du pouvoir d’achat dans le cas de la perte d’un seul emploi dans le ménage. Mais cette étude n’est pas datée pour mesurer l’aggravation de la situation financière subie depuis un an par des millions de gens.

Depuis l’annonce d’un troisième confinement aux contours mal définis, les médias audiovisuels n’en finissent pas de multiplier les reportages souvent orientés sur la débrouille individualiste, mais aussi sur des sujets anxiogènes concernant notamment la situation des commerces considérés comme «non essentiels» aux yeux de nos gouvernants.

En revanche, on n’aborde guère les conséquences économiques et sociales de la stratégie de gestion de la pandémie sur le fil du rasoir par Emmanuel Macron. Ces conséquences sont en partie différées depuis plus d’un an. On imagine pourtant que le gouvernement tentera de faire payer la facture du «quoiquil en coûte» au monde du travail dici la fin de cette année 2021 et après.

En attendant, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) vient de publier une étude dont le titre nous dit logiquement: «Être en couple amortit le contrecoup financier dune perte demploi». Cette étude ne parle pas des conséquences économiques et sociales de la pandémie. Mais elle nous dit ceci: «entre 2011 et 2015, 11 % des personnes passent sous le seuil de pauvreté lannée de la perte demploi.

Leur niveau de vie diminue en moyenne de 4 % par rapport à l’année précédente, où elles avaient une activité salariée. Cette baisse est plus forte chez les personnes vivants seules et celles résidant dans le cœur des agglomérations. Un couple de personnes de sexe différent est davantage fragilisé par la perte d’emploi de l’homme que de la femme».

Les femmes plus souvent que les hommes à temps partiel

L’explication donnée par l’Institut est la suivante: «sur la base des seuls revenus individuels, les hommes contribuent, en moyenne, davantage que les femmes aux revenus du couple (62 % contre 38 %). Cette différence est due à une plus grande proportion d’inactivité et d’emploi à temps partiel pour les femmes, mais aussi aux inégalités salariales entre femmes et hommes».

Plus loin, la note de l’INSEE indique que «lannée de la perte demploi, le niveau de vie diminue plus fortement pour les personnes ayant un niveau de vie élevé avant le chômage:-9 % pour les cadres et professions intellectuelles supérieures, -3 % pour les employés (souvent des femmes) et -4 % pour les ouvriers. Cependant, ces derniers sont davantage fragilisés: 14 % passent sous le seuil de pauvreté contre 12 % pour les employés et seulement 5 % des cadres».

Dans la mesure où elle est consacrée à ce qu’ont vécu les salariés entre 2011 et 2015 inclus, cette note ne donne aucune indication sur les conséquences de l’actuelle pandémie sur le pouvoir d’achat des ménages confrontés comme jamais au chômage partiel, aux licenciements et à la précarité de l‘emploi.

Mais elle dit que sur les années de 2011 à 2015, ce sont «les salariés de 55 à 59 ans qui ont le niveau de vie le plus élevé, qui perdent le plus», quand ils font lobjet dun licenciement. On sait aussi que ces personnes sont dans le viseur des patrons de multinationales dans le cadre des plans daprès crise en préparation actuellement.

Le temps partiel contraint est un vecteur de pauvreté

Cette note, signée de Virginie Fabre et Cédric Lacour, précise aussi que «le passage à temps partiel na pas le même effet selon quil est contraint ou choisi; ce choix peut résulter d’un calcul économique au sein du ménage.

En effet, les personnes subissant un temps partiel sont souvent plus pauvres et ne bénéficient d’aucune compensation financière». On peut donc considérer, sans risquer de se tromper que cette catégorie de précaires ne cesse de croître depuis un an et que cela va continuer.

Toujours entre 2011 et 2015, en passant à temps partiel subi, 12 % des ouvriers passaient sous le seuil de pauvreté. Là encore, on peut penser que les choses sont en train de se s’aggraver considérablement et que cette aggravation risque de durer longtemps.

Il serait donc dommage que l’INSEE attende six nouvelles années pour parler de la dégradation du niveau de vie d’un nombre considérable de salariés et de travailleurs indépendants en France au cours des années 2020 et 2021. Car nous sommes aussi appelés à voter en 2022 pour l’élection du président de la République, laquelle sera suivie de celle des députés. Ce sera donc le moment de faire le bilan de ce quinquennat qui sera probablement le pire de toute la cinquième République.

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Au Qatar, jouer au football sur des cadavres ?

8 Avril 2021, 20:49pm

Publié par PCF Villepinte

Boycott(s)

 

Contestation.

 La question est aussi vieille que l’existence du sport de haut niveau et l’organisation de grandes compétitions dans certains pays. Est-ce une raison pour ne pas la poser, surtout dans le cas présent: peut-on jouer au football sur des cadavres, dans un pays ouvertement esclavagiste?

Vous lavez compris, la Coupe du monde au Qatar, prévue en 2022, continue dagiter les consciences et den réveiller tardivement quelques-unes. Un long feuilleton en vérité, dès lattribution à ce pays de la péninsule Arabique de l’événement planétaire suivi par des milliards de téléspectateurs. Une désignation scandaleuse, dont nous nous souvenons tous des circonstances.

Et depuis, une horreur contre les droits humains les plus élémentaires sur les chantiers de construction des stades – ce que les lecteurs de l’Humanité connaissent parfaitement, pour en avoir été informés en premier au lancement desdits chantiers (tout le monde n’a pas la chance de lire le journal de Jaurès). Pourquoi le bloc-noteur en parle-t-il cette semaine? Parce quun vent de contestation vient de se soulever et quil pourrait, sait-on jamais, provoquer une petite «révolution» dans le paysage du sport international.

Acte. 

Le 27 mars, l’attaquant norvégien Erling Braut Haaland, désormais star du ballon rond que souhaitent enrôler les plus grands clubs (Bayern, Real, Barça, PSG), arborait un tee-shirt sur lequel nous pouvions lire: «Les droits humains sur et en dehors du terrain.» Un acte, juste un acte, qui ne passa pas inaperçu et pour cause: c’était avant de disputer un match contre la Turquie, comptant précisément pour les qualifications au Mondial 2022.

Les connaisseurs le savent: on ne peut pas dire que la Norvège, à linfluence modeste, soit une superpuissance du football. Sauf que, depuis ce geste fort, le débat a pris une ampleur considérable. Les Allemands, les Néerlandais, les Danois et les Belges sont entrés en scène. Les footballeurs de ces sélections nationales ont tous appelé à une amélioration des conditions de travail des ouvriers au Qatar, utilisant le même mode opératoire.

L’initiative est à mettre au crédit du sélectionneur norvégien, Stale Solbakken, qui s’est ainsi justifié: «Bien sûr que c’est de la politique, mais sport et politique vont ensemble et iront toujours ensemble.» Nous ne l’aurions pas mieux verbalisé.

Jouer.

 À l’origine du surgissement de cette polémique – il était temps! , un article accablant paru dans le quotidien anglais The Guardian qui dénombre la mort d’au moins 6500 travailleurs migrants depuis 2010 dans cet émirat du Golfe – de l’esclavagisme à l’état pur. Bien sûr, de la contestation aux appels au boycott, il n’y avait qu’un pas.

Des personnalités politiques, dont Jean-Luc Mélenchon, l’ont déjà effectué. Fin février, plusieurs clubs norvégiens avaient pris les devants – dont le club professionnel le plus septentrional du globe, Tromso – en exhortant leur fédération nationale à boycotter le prochain Mondial, en cas de qualification. Et l’équipe de France, au fait? Aucun message collectif lors de leurs derniers matchs. Seuls Hugo Lloris et Lucas Hernandez ont abordé le sujet.

Lloris, considérant comme «une bonne chose» l’initiative des Norvégiens, affirma qu’«aucun joueur n’est insensible à ce qui a été dit ou écrit par rapport à tout ça». Hernandez, interrogé en conférence de presse: «Les droits de l’homme, c’est sûr que tout le monde a ses droits. Je ne vais pas rentrer dans cet aspect-là. Tout le monde a ses opinions. Je ne sais pas dans quelles conditions ils (les ouvriers) ont travaillé au Qatar, ce n’est pas moi qui dois dire si c’est bien ou pas bien. Je peux juste dire que ce sera une belle coupe du monde là-bas.»

 Fin de la prise de parole. Quant à l’idée même du boycott, «la France sera présente au Qatar si elle se qualifie», a tranché Noël Le Graët, président de la FFF, mettant fin à toute discussion. On notera au passage l’argument ultime d’un député LaREM: «J’aurais pu l’entendre, mais, aujourd’hui, il est trop tard, les stades sont finis.» Le dilemme reste donc le même: jouer sur des cadavres, ou pas…

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 9 avril 2021.]

Publié par Jean-Emmanuel Ducoin 

 

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