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Déterminé·e·s pour nos retraites

6 Octobre 2022, 07:02am

Publié par PCF Villepinte

Déterminé·e·s pour nos retraites

L’intersyndicale, réunie le 3 octobre à Bagnolet, a pris acte de la volonté du gouvernement d’ouvrir des consultations concernant notre système de retraite.

Il faut que le gouvernement précise ses intentions, ses éléments de diagnostics, la méthode de concertation et ses objectifs.

Attachées au système par répartition, les organisations syndicales se disent ouvertes pour mener des concertations qu’elles souhaitent loyales et transparentes pour plus de justice sociale.

Celles-ci doivent porter sur :

  • les dispositifs de carrières longues,
  • de pénibilité et d’usure au travail, de transition emploi retraite et de fins de carrière,
  • d’emploi des séniors, de minimum retraite,
  • de financement du régime
  • et d’égalité femme/homme.

Sur ces questions, les organisations syndicales travailleront ensemble pour porter des revendications communes.

Les organisations syndicales réaffirment que l’ensemble de ces sujets ne nécessitent pas de réforme paramétrique.

Les organisations syndicales réaffirment ainsi qu’elles sont, comme la majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation.

Pour l’intersyndicale, des alternatives y compris financières existent et doivent faire l’objet de discussions. Dans ce contexte, nos organisations syndicales rappellent qu’un salarié sur 2 arrivant à l’âge de départ à la retraite n’est plus en activité (invalidité, chômage, minima sociaux…).

Ainsi, toutes mesures d’âge ne feraient que précariser encore les actuels et futurs travailleurs et travailleuses.

Cela ne générerait par ailleurs, aucune économie pour notre système car conduirait à un transfert financier vers l’assurance chômage et pour l’invalidité et les minima sociaux, vers notre système de protection sociale.

Nos organisations appellent les actuels et futurs travailleurs et les travailleuses à se réunir et débattre, et n’hésiteront pas à construire tous les moyens d’action nécessaires si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.

Dans ce contexte d’incertitude pour les travailleurs et travailleuses, l’intersyndicale a décidé de se réunir à nouveau courant octobre.

Bagnolet, le 4 octobre 2022Communiqué de presse commun des organisations syndicales CFDT, CGT, FO, CFE CGC, CFTC, Solidaires, FSU, UNEF, la voix des Lycéens, la FAGE, la FIDL et le MNL.

 

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L’ubérisation de la société -

6 Octobre 2022, 06:54am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 05/10/2022 par PCF

  L’ère du capitalisme de plateforme

Alimentation, transports, aides à domicile… de nombreux domaines économiques sont ciblés par l’ubérisation. En moins d’une décennie, les applis ont envahi nos vies, faisant de la politique du « clic » et de l’instantanéité la nouvelle norme. Derrière ces nouveaux modes de consommations, c’est un véritable capitalisme de plateforme qui a pris place avec des plateformes numériques de travail qui façonnent non seulement beaucoup de nos activités au quotidien, le monde du travail mais aussi notre modèle de société.

 Pascal Savoldelli, sénateur communiste du Val-de-Marne,rappelle que si les avantages de ce modèle semblent nombreux, il est important de s’interroger sur la façon dont notre société pourrait en subir les conséquences et pousse à réfléchir aux alternatives à ce capitalisme qui tend à nous vendre l’actualisation de ses formes de domination, d’exploitation et d’aliénation comme de nouveaux espaces de liberté.

L’aboutissement d’un rêve néo-libéral

En s’affranchissant des règles de concurrences et des règles sociales et fiscales, c’est une véritable offensive pour un acte fondateur qui s’opère avec l’ubérisation. Uber, Deliveroo, Docadom et consorts, avec la complicité de différents gouvernements, ont réussi à disrupter le marché avec succès en rendant leurs nouveaux standards de qualité de services et d’orientation client incontournables.

D’une part, les entreprises traditionnelles n’ont d’autres choix que de s’aligner sur ce modèle pour survivre. De l’autre, c’est le retour du travail à la tâche et du tâcheron enfermé dans la précarité. Ce même forçat qui devrait remercier ces multinationales d’être enfermé dans la boite noire de l’algorithme. Affectant le statut de l’emploi, les conditions de travail, le rapport à l’espace et au temps de travail, c’est une véritable casse du salariat et de ses protections qu’entraine la plateformisation de la société.

Une nécessaire organisation collective

L’une des premières stratégies pour lutter contre l’ubérisation repose sur l’organisation collective. Le travail ubérisé est par essence une forme d’emploi qui se veut rendre les mobilisations improbables. Cependant, entre actions collectives pour requalifier l’activité de ceux qui offrent leur service en emploi salarié, création de « mutuelle de travail associé » et mise en place de plateforme coopérative de communs numériques, l’uberisation doit constituer un terrain de lutte de classe sans merci.

Si les algorithmes nous enferment dans une bulle, il ne tient qu’à nous de nous ouvrir à nouveau au rassemblement. L’ubérisation relève bien évidemment d’une lutte syndicale qu’il convient d’adapter et d’organiser pour répondre aux nouveaux défis que pose le monde du travail numérique et l’ubérisation. Il ne tient qu’à nous de reconstruire un service commun qui porterait une institution de la valeur pour le travail des communes contre la seule qui existe à ce jour, celle du capital.

Pour un nouveau modèle de société

Ce qu’on appelait la “question sociale” doit opérer un retour en force dans nos réflexions. Remettant complètement en question le modèle économique traditionnel, le modèle du salariat et de l’emploi et, encore pire, le caractère interventionniste de notre État, l’ubérisation rappelle qu’il est urgent de penser la société que nous voulons, puis d’agir pour la construire.

C’est dans cette volonté d’impulser une nouvelle orientation politique que, dans le prolongement de sa proposition de loi sur la requalification en statut salarial, Pascal Savoldelli a, pour le groupe CRCE, récemment légiféré sur le rôle des algorithmes et leur seuil d’interférence à l’autonomie des travailleurs.

Car pourquoi faudrait-il adouber l’uberisation de l’économie sans en interroger l’idéologie et les effets délétères à long terme ? Ce monde-là n’est pas une fatalité. Le chantier est immense et à engager d’urgence. À penser sur le temps long, il est politique au sens premier du terme.

Héléna Laouisset-Royer

Collaboratrice du sénateur communiste Pascal Savoldelli  

 

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Guerre en Ukraine :

6 Octobre 2022, 06:51am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 05/10/2022 par PCF

 L’urgence du cessez-le-feu

est plus que jamais d’actualité

Plus de deux-cents jours après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, les perspectives d’un accord de paix semblent chaque jour s’éloigner davantage.

Vladimir Poutine porte la plus lourde responsabilité sur cette situation, en ayant fait le choix de violer la souveraineté territoriale d’un pays dont les frontières sont reconnues internationalement. Pour les deux camps, le conflit s’installe désormais dans la durée. Que ce soit pour l’Ukraine ou la Russie, seule la victoire militaire sur l’adversaire est envisagée pour une sortie de la guerre.

La mobilisation des réservistes et les sanctions en cas de refus de l’enrôlement imposé par Poutine font peser sur le peuple russe le poids de la guerre. Comme dans toutes les guerres, la jeunesse se retrouve prisonnière des logiques bellicistes, chair à canon de grandes puissances.

L’organisation de référendums et l’annexion de territoires occupés sont une provocation de plus de la part de Vladimir Poutine. En bafouant le droit international de la sorte, le dictateur russe montre sa volonté d’inscrire le conflit dans la durée.

Face à cela, les livraisons d’armes à l’Ukraine de la part de l’Union européenne et des États-Unis ainsi que les rivalités industrielles et les profits recherchés par les entreprises de l’armement participent elles aussi directement à la surenchère guerrière. Les puissances occidentales portent aujourd’hui une responsabilité dans cet enlisement guerrier, dont les peuples ukrainien et russe sont les premières victimes.

Les menaces de plus en plus claires d’usage de l’arme nucléaire de la part de Vladimir Poutine font planer un risque pour la sécurité mondiale et rendent urgente la réouverture des discussions pour un désarmement nucléaire à l’échelle mondiale.

La paix, bien que de plus en plus difficile à envisager, est l’unique solution raisonnable, pour les peuples ukrainien et russe, mais aussi pour la sécurité mondiale. Un cessez-le-feu est un préalable à cela.

La France devrait consacrer toute son énergie à la recherche de cette paix, plutôt que d’envoyer des armes et de durcir chaque jour les sanctions économiques qui font désormais toute la preuve de leur inutilité.

Le MJCF appelle la diplomatie française à agir au sein de l’Union européenne, mais également dans le cadre des Nations unies pour porter la proposition diplomatique de mettre tous les États d’Europe autour de la table afin de parvenir à un accord pour la paix et la sécurité collective.

Le MJCF apporte sa solidarité à la jeunesse ukrainienne et à la jeunesse russe qui subissent cette guerre. Le Mouvement jeunes communistes de France appelle la diplomatie française à organiser l’accueil sur le territoire des déserteurs russes.

Le MJCF demande à la France de ratifier le traité d’interdiction des armes nucléaires. Il s’agit d’une première étape vers un désarmement nucléaire multilatéral.

Jeanne Péchon

 

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Guerre en Ukraine : quelles voies pour des négociations ?

5 Octobre 2022, 07:08am

Publié par PCF Villepinte

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En cinq ans, comment la vague #MeToo a changé le monde

5 Octobre 2022, 07:02am

Publié par PCF Villepinte

En cinq ans,

comment la vague #MeToo a changé le monde

Sexisme. Fin 2017, l’affaire Weinstein déclenchait une libération massive de la parole des femmes victimes de violences sexuelles. Mais, en France, faute de volonté politique, la réponse judiciaire n’est toujours pas à la hauteur de cette révolution.

Alexandre Fache L'Humanité Mercredi 5 Octobre 2022

Depuis cinq ans, les slogans brandis dans les cortèges féministes sont marqués par l'onde de choc du mouvement MeToo. Hans Lucas via AFP

Une vague, une révolution, un séisme, une déflagration… Le mouvement, né en octobre 2017, des révélations sur le comportement de prédateur sexuel du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, a été affublé de bien des qualificatifs. Tous décrivent l’onde de choc massive qu’a constituée cette affaire, à l’origine d’une libération de la parole inédite et (quasi) planétaire des femmes victimes de violences sexuelles, symbolisée par le mot-dièse #MeToo.

Qu’en reste-t-il, cinq ans après, en France singulièrement, où un autre mot-clé a été lancé au même moment, #BalanceTonPorc, par la journaliste Sandra Muller? Les femmes se sentent-elles plus légitimes à dénoncer harcèlement, agressions ou viols? Et surtout, cette parole est-elle mieux prise en compte par la police et la justice? Plus largement, l’égalité femmes-hommes, instituée en «grande cause» du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, et la lutte contre les violences ont-elles connu des avancées à la hauteur de la déflagration d’octobre 2017?

Octobre 2017, une révolution s’enclenche

C’est la presse américaine qui allume la première mèche de ce feu qui brûle encore aujourd’hui. Le 5 octobre 2017, le New York Times publie de premières révélations sur la façon dont Harvey Weinstein utilisait sa position de producteur influent pour obtenir des faveurs sexuelles. Cinq jours plus tard, le magazine New Yorker enfonce le clou avec une enquête signée Ronan Farrow, dans laquelle Asia Argento et deux autres actrices accusent le producteur-prédateur de les avoir violées.

Le 15 octobre, un tweet de la comédienne Alyssa Milano lance définitivement la vague, en offrant à cette libération de la parole la puissance des réseaux sociaux, au-­delà du cas Weinstein. «Si vous avez été harcelée ou agressée sexuellement, écrivez me too (moi aussi) en réponse à ce tweet», invite l’actrice révélée par la sitcom Madame est servie.

Le mot-dièse #MeToo, créé dès 2006 par la militante afro-américaine Tarana Burke, discret jusque-là, devient alors viral et les témoignages affluent par milliers. «Ce nest que le début. Ce nest pas un moment, cest un mouvement», promet Tarana Burke à la télévision américaine, en décembre 2017. Elle avait raison.

En France, la journaliste Sandra Muller utilise aussi Twitter, dès le 13 octobre, pour encourager les victimes à dénoncer leurs agresseurs: «#BalanceTonPorc! Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot.» Avant, quelques heures plus tard, de pointer son harceleur, Éric Brion, l’ex-patron de la chaîne Equidia. Poursuivie pour diffamation, Sandra Muller sera d’abord condamnée en première instance, mais blanchie en appel et en cassation, au « bénéfice de la bonne foi ».

Interrogée par l’AFP, elle dit aujourd’hui ne pas regretter son tweet. «Ça a complètement ruiné cinq années de ma vie, mais quand on a les moyens de faire changer une société pour installer de meilleures règles, (…) oui, c’est une satisfaction», confie celle qui «commence à peine à retrouver sa vie davant».

De quoi #MeToo est-il le nom?

De fait, la vague lancée fin 2017 n’a pas cessé de déferler. Dans la foulée de l’affaire Weinstein, des mots-dièses ont été déclinés dans de nombreux pays, pour encourager les prises de parole: #EnaZeda (moi aussi) en Tunisie, #Cuéntalo (raconte-le) en Espagne, #QuellaVoltaChe (cette fois où) en Italie…

En France, ce sont les différents lieux de pouvoir qui ont vu, tour à tour, les témoignages affluer: #MeToo ­cinéma, théâtre, médias, politique… Pas du tout une coïncidence pour la sénatrice PS et ex-ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol. «Les violences sexuelles infligées aux femmes résultent de la facilité donnée aux hommes de pouvoir en abuser; mais cest aussi pour eux une façon de rappeler aux femmes que si elles évoluent dans ces milieux-là, cest à leurs risques et périls.» Pour l’élue, qui vient de cosigner un rapport choc sur « L’industrie de la pornographie », «#MeToo, cest la troisième révolution féministe, celle du corps. Celle qui permet de faire le lien entre ces violences et la persistance des inégalités».

Présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert salue, elle aussi, cette «révolution culturelle» qui a «touché en profondeur la société, dans tous les milieux». «Jusqu’à #MeToo, on avait beau dire aux femmes il faut porter plainte, cela ne marchait pas. Depuis, le sujet des violences sexuelles s’est imposé partout: à la machine à café, dans les repas de famille, dans les médias Et beaucoup de femmes nhésitent plus à témoigner.»

Elle aussi coautrice du rapport sur la pornographie, la sénatrice PCF Laurence Cohen y voit rien de moins qu’ «un mouvement historique». «En témoignant, en exprimant leur ras-le-bol face aux violences, des femmes du monde entier ont démontré quelles n’étaient pas des cas isolés, mais les victimes dun problème systémique. C’est un acquis fondamental.»

D’innombrables classements sans suite

Résultat: depuis cinq ans, le silence nest plus forcément la règle dans ces affaires. Selon un bilan présenté en début dannée par le ministère de lIntérieur, le nombre de signalements pour des violences sexuelles a progressé de 82 % depuis 2017.

Mi-septembre, la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, évoquait aussi un nombre de plaintes, pour ce type de violences, en hausse de 30 % dans la capitale en 2022, par rapport à l’an dernier. «Cette évolution peut avoir deux sources, une hausse objective des faits, mais aussi une hausse liée à la libération de la parole», précise la procureure, qui y voit un effet de la vague #MeToo.

LA FONDATION DES FEMMES ESTIME QUE MOINS D’UN AGRESSEUR SUR TROIS FAIT L’OBJET DE POURSUITES.

Le problème, c’est la prise en compte de cette parole ­libérée. «Face à cette vague, la justice reste encore bien trop lente et inefficace, faute dune réelle volonté politique», regrette Anne-Cécile Mailfert, de la Fondation des femmes. Selon les calculs de l’organisation, moins d’un agresseur sur trois fait l’objet de poursuites.

«On estime à 94000 le nombre de femmes majeures victimes de viol ou de tentative de viol chaque année. Le nombre de plaintes et de signalements progresse, mais les condamnations, elles, sont en baisse. On a atteint en 2020 un plus-bas historique avec seulement 732  condamnations… Cela s’explique en partie par la crise Covid, mais pas seulement. C’est une tendance lourde.»

En cause, le manque de moyens d’une institution submergée, qui conduit à d’innombrables «classements sans suite», faute de possibilités d’enquêter. Et quand des poursuites sont finalement engagées, les victimes doivent s’armer de patience: le délai moyen pour obtenir un premier jugement dans une affaire de viol sur majeur est de 77 mois, soit près de six ans et demi!

«Le délai le plus court auquel j’ai assisté, c’est trois ans. Comment inciter les femmes à se lancer dans des procédures aussi longues et coûteuses?» interroge Emmanuelle Piet, la présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV), qui gère la ligne d’écoute Viols Femmes Informations (0800 05 95 95), toujours sous-dotée par rapport au nombre dappels.

Si les associations féministes reconnaissent que certains progrès ont été réalisés depuis 2017 par la justice et la police, «la réalité que vivent les femmes, cest encore massivement des refus de dépôt de plainte, une minimisation des faits ou des viols requalifiés en simples agressions sexuelles», énumère Clémence Pajot, la directrice de la Fédération nationale des centres d’information des droits des femmes et des familles, qui a accompagné l’an passé près de 46000 femmes victimes de violences sexistes.

Un manque évident de volonté politique

Pour l’ex-ministre Laurence Rossignol, «il y a certes davantage de monde aujourdhui pour croire les femmes qui dénoncent des violences, mais la règle générale reste la suspicion». La sénatrice souligne la responsabilité du président de la République dans ce statu quo. «Le 25 novembre 2017, Emmanuel Macron réunit les associations féministes à l’Élysée et lance sa grande cause, en pleine affaire Weinstein. Et que dit-il? Je ne veux pas dune société de la délation.” Dès que des femmes parlent, on leur oppose l’argument de la “délation”.»

Des mots repris à l’identique, il y a tout juste une semaine, par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, affirmant sa volonté de «siffler la fin de la récré» dans l’affaire Bayou, fustigeant les cellules d’enquête mises en place par certains partis politiques, ou niant tout «problème de tempo de la justice» dans les affaires de violences sexuelles. Circulez, mesdames, y a rien à faire de plus contre ces violences!

«On ne demande pas la fin de la présomption d’innocence, mais simplement une présomption de crédibilité de la parole des femmes», précise Emmanuelle Piet, du CFCV, à l’unisson de l’ensemble des militantes féministes. Pour cela, il faut des professionnels dûment formés au recueil de cette parole, dans les commissariats, les gendarmeries ou les tribunaux, mais aussi des moyens plus conséquents octroyés aux associations, qui sont en première ligne auprès des victimes.

Or, sur ces deux points, le compte n’y est pas. «Dès la fin 2017, on a alerté sur l’afflux massif de témoignages qui déferlaient sur ces structures, mais les subventions n’ont été revalorisées que très faiblement», accuse Anne-Cécile Mailfert, qui dresse un constat similaire pour la police et la justice. «Au commissariat de Sarcelles, le nombre d’enquêteurs de la brigade de protection de la famille est passé de 5 à 10 en novembre 2021. C’est très bien… mais encore largement insuffisant pour traiter les 1000 à 1500 plaintes qui leur sont adressées», relève la militante.

La demande de tribunaux spécialisés

Pour améliorer le traitement judiciaire des violences faites aux femmes, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la mise en place de tribunaux spécialisés, comme en Espagne ou au Québec. «En France, les dysfonctionnements sont aujourd’hui trop nombreux, il faut en passer par là», plaide ainsi la sénatrice Laurence Cohen.

Des expérimentations existent dans certains tribunaux autour des violences conjugales (Reims, Rennes, Chartres) et une mission parlementaire doit être lancée sur le sujet à la demande d’Élisabeth Borne. Mais, au sein de l’institution, tout le monde ne soutient pas forcément cette idée. Pour la vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats, Cécile Mamelin, «cest la place quon accorde à la femme dans la société quil faut revoir, et ça passe dabord par l’éducation».

Depuis 2001, la loi qui prévoit trois séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les écoles, collèges et lycées est largement ignorée. Un immense chantier à rouvrir pour tuer dans l’œuf les violences sexuelles de demain.

 

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Iran : « Femmes, vie, liberté »

5 Octobre 2022, 06:58am

Publié par PCF Villepinte

Iran : « Femmes, vie, liberté »

Le 20 septembre 2022, Mahsa Amini a succombé à ses blessures à l’hôpital de Téhéran. Arrêtée pour « tenue indécente » par la police des mœurs, elle a été battue, provoquant une fracture du crâne fatale. Mahsa Amini était une jeune femme kurde et cela explique aussi la violence dont elle a fait l’objet tant la situation de ce peuple est faite de discrimination et de subordination. Sa mort a suscité une indignation générale à l’origine de manifestations d’ampleur dans tout le pays.

Depuis l’instauration du régime islamique, les femmes font l’objet d’une violence systémique et patriarcale qui prend d’innombrables formes. Le port du voile concerne l’essentiel des interventions de la police des mœurs qui patrouille dans l’espace public à la recherche de femmes qui contreviennent à la morale islamique. Ces derniers mois, la violence et la répression quotidienne se sont brutalement aggravées.

Plusieurs facteurs expliquent ces évolutions. Dans un contexte international tendu, l’espace public fait l’objet d’une surveillance plus étroite. De plus, avec l’élection à la présidence de la République d’Ebrahim Raïssi, les ultra-conservateurs détiennent tous les leviers du pouvoir.

Les difficultés économiques du pays qui résultent de l’incurie, de la corruption des mollahs et de l’oligarchie en place mais aussi des sanctions américaines ont plongé la moitié de la population dans la pauvreté, tandis que les couches moyennes sont laminées. Dans ce contexte social explosif, les éléments les plus réactionnaires du régime ont décidé d’un retour par la force à l’ordre moral islamique.

On assiste non seulement à un renforcement des contrôles à l’égard des femmes, mais aussi à une multiplication des mesures vexatoires. En juillet, les autorités ont dévoilé un plan en faveur de la chasteté, et en septembre, elles ont révélé leur intention d’utiliser l’intelligence artificielle pour identifier les femmes qui porteraient mal leur voile.

Depuis plusieurs décennies, la société iranienne, comme l’ensemble des sociétés du Moyen-Orient, sont en pleine mutation. La condition féminine s’éloigne des clichés encore vivaces en Europe qui assignent à la femme iranienne ou arabe un statut de victime de l’autorité patriarcale écrasée par le poids des traditions et de la religion. Les luttes des femmes actuelles s’inscrivent dans l’histoire, car un féminisme a émergé depuis la fin du XIXe siècle et dans la naissance des États postcoloniaux, accompagnant un mouvement d’émancipation, relatif mais réel, avec l’objectif de faire prévaloir leurs droits.

Ces mouvements ne viennent donc pas de rien. Ces dernières années, la société iranienne s’est modernisée, urbanisée, sécularisée, tandis que le niveau d’éducation n’a pas cessé de croître. L’université s’est elle aussi féminisée. Ces changements contrastent avec des structures politiques qui n’ont pas changé, voire qui se sont fossilisées, limitant toujours plus les libertés, accentuant la violence politique en ciblant les femmes, les jeunes et les démocrates.

Ce mouvement s’inscrit dans un ensemble plus large de mobilisations ayant affecté l’Iran dans un passé récent. En 2009, 2017, 2018 et 2019, des manifestions considérables ont contesté le régime dictatorial pour des raisons économiques et sociales. Les Gardiens de la révolution les ont noyées dans le sang.

Le soulèvement actuel se distingue cependant des précédents. Il vient des profondeurs de la société, exprimant une exaspération radicale à l’égard de ce pouvoir théocratique. Les femmes sont aux avant-postes contre un régime autoritaire, rétrograde et répressif. Nombreuses sont celles, dans un courage admirable, qui refusent de porter le voile, se découvrent la tête, jettent leur foulard au feu en rendant public leur acte dans des vidéos virales qui les exposent à un déchaînement de brutalité. Toutes les femmes qui manifestent ne sont pas contre le voile, mais toutes refusent les impératifs religieux de la séparation des sexes et leur soumission au fondement de la République islamique.

Ne nous y trompons pas, derrière ces actes de défiance, il y a une remise en cause frontale du système, comme en témoignent les slogans des manifestations qui dénoncent la « dictature », qui incendient les commissariats et s’en prennent aux forces de l’ordre.

La révolte gagne aussi toute la jeunesse, notamment masculine. Comme par le passé, les universités sont en ébullition. La colère est à son comble et l’aspiration à un changement radical est massive.

Un doute a saisi les autorités, et le pouvoir se sent fragilisé car ce mouvement touche au noyau dur du système. Pour y faire face et rassurer sa base sociale, il a choisi de durcir le ton. On dénombre plus d’une cinquantaine de morts, des centaines d’arrestations, tandis que les réseaux sociaux ont été coupés.

Rien n’y fait, car Mahsa Amini est devenue un symbole de lutte, de libération et de justice pour les femmes et toute la société.

Cette explosion de colère, non coordonnée, non structurée autour d’une organisation ou d’une idéologie, rejetant le système et refusant le compromis, présente des analogies avec tous les mouvements sociaux qui parcourent le monde et dans lesquels les formations politiques sont en retrait, notamment, mais pas seulement, en raison de la répression dont elles font l’objet. Cela devrait constituer un motif de réflexion sur ce décalage aux lourdes conséquences.

Les coups de boutoir se multiplient contre le régime iranien qui conserve une assise sociale qui tend cependant à s’éroder. Il faut donc rester prudent sur les conséquences, même s’il ne faut rien exclure. Plus que jamais, la solidarité internationaliste doit s’exprimer avec force.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

 

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Cantines scolaires : ces communes qui résistent à la hausse

4 Octobre 2022, 08:11am

Publié par PCF Villepinte

Restauration Les collectivités locales doivent jongler entre une inflation à 6 % et la volonté de ne pas augmenter les tarifs. Certaines, qui ont fait le choix d’une gestion municipale directe, s’en sortent mieux que d’autres.

En banlieue parisienne, le Syrec, un syndicat intercommunal, gère la restauration scolaire des villes de Gennevilliers, Saint-Ouen, Villepinte et Villeneuve-la-Garenne. Soit, au total, 15000 repas par jour. «Nous avons un conseil dadministration dans chacune des villes et nous nous adaptons à leurs demandes», explique son président, Philippe Clochette.

L'Humanité Nadège Dubessay

Mardi 4 Octobre 2022

Pour les écoles maternelles et primaires, la décision d’augmenter ou non le coût du repas se prend au niveau des communes. Stéphane AUDRAS / REA

Ici, on ne parle plus de cantine depuis belle lurette, mais de restaurant scolaire. Il faut dire qu’à Barjac(Gard), le bien-manger est une affaire qui roule depuis presque vingt ans. Cette petite commune aux paysages façonnés par une agriculture riche en bio­diversité, au seuil des Cévennes, s’est fait connaître par l’engagement de son maire, Édouard Chaulet, à promouvoir une restauration collective biologique et locale.

Le village de 1600 habitants a fait figure de précurseur. «Cest un choix politique», martèle l’édile. Tout comme celui de garder le tarif d’un repas à 2,50 euros, malgré une inflation record qui alimente tous les débats et qui impacte les coûts de la restauration scolaire. En un an, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 30 %, + 68 % pour les céréales. À cela s’ajoutent les coûts de logistique (+ 44 % pour le carburant).

Des collectivités ont fait des choix radicaux

Si la restauration des collèges et des lycées publics est de la responsabilité des départements et des régions, pour les écoles maternelles et primaires, la décision d’augmenter ou non le coût du repas se prend au niveau des communes. En Seine-Maritime, la ville de Caudebec-lès-Elbeuf a décidé de supprimer un des cinq éléments qui composent un repas à la cantine. Certaines municipalités, comme Rennes(Ille-et-Vilaine), ont calculé une enveloppe prévisionnelle (250000 euros dans le cas rennais) pour ne pas faire peser l’inflation sur les familles ces prochains mois.

Dans la loi de finances rectificative pour 2022, le Sénat a adopté un «filet de sécurité pour les communes» avec un soutien budgétaire pour plus de la moitié d’entre elles, qui ne vaut que pour cette année. Mais, d’ores et déjà, certaines collectivités ont fait des choix radicaux. À Chennevières-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, fini le système de tranches déterminées, pour les ménages, en fonction de leurs revenus. Aujourd’hui, le calcul s’opère selon leur «taux deffort», communiqué par la caisse dallocations familiales à la mairie. Cest-à-dire le rapport entre les revenus des ménages et la somme des dépenses quils consacrent à leur habitation principale. La décision, votée en juillet par le conseil municipal, a provoqué un tollé général chez les parents d’élèves. Une pétition est lancée. Car la facture est salée: entre 30 et 50 % daugmentation par rapport à lannée dernière. Selon lAssociation des maires de France, environ 50 % des communes ont augmenté les tarifs de leurs cantines.

Abandonner tout prestataire privé

Alors pourquoi certaines s’en sortent-elles mieux que d’autres? Comment réussissent-elles à ne pas faire supporter aux familles le coût de linflation, tout en continuant à proposer des menus de qualité pour les enfants? À Barjac, le maire assume: «On construira moins de ronds-points. On réduira peut-être les subventions aux associations. Mais pas question daugmenter la restauration scolaire, alors que les familles vont avoir de plus en plus de mal à bien nourrir leurs enfants à la maison.» Surtout, ici, on reste persuadé que la solution passe par l’autoproduction. 

«Je pourchasse tous les terrains à labandon et dès quon peut, on les achète pour installer un agriculteur bio», se félicite Édouard Chaulet. Le village a ainsi fait l’acquisition de six hectares. Et avec l’aide de la foncière Terre de liens, il y installe des paysans. Les 250 oliviers communaux ont donné 40 litres d’huile, que les enfants retrouvent dans leurs assiettes. Chacun des 250 repas servis coûte 9 euros à la commune. Le portage des repas aux personnes âgées et handicapées rapporte 90000 euros et les parents payent 100000 euros. Restent 120000 euros, pris en charge par le budget communal.

La clé du succès réside en deux principes: la gestion directe (régie municipale) et les circuits courts. Les communes qui nont pas de prestataires peuvent limiter les dégâts de linflation en passant des contrats avec les producteurs locaux. Elles peuvent aussi mieux gérer la qualité des produits et éviter les gaspillages. 45 % des municipalités ont fait ce choix de la gestion directe. Les autres dépendent d’entreprises privées de la restauration collective, dans le cadre d’une délégation de service public. Or, cet été, pour faire face à l’inflation, le Syndicat national de la restauration collective demandait à ces collectivités une «revalorisation à hauteur dau moins 7 % des contrats».

L’actualité accélère ce qui, depuis plus d’un an déjà, trottait dans la tête des élus du village d’Asson, dans les Pyrénées-Atlantiques. L’adjointe à l’enfance et à la jeunesse, Audrey Vanhooren, entend s’inspirer d’expériences comme celle de Barjac et abandonner tout prestataire privé d’ici la rentrée prochaine. Son constat est sans appel: «Ils ne voient pas comment les enfants consomment. Alors les portions sont parfois insuffisantes. A contrario, quand des carottes ou des courgettes font triste figure pour le repas végétarien hebdomadaire, les enfants ne les mangent pas et elles sont jetées. Et nous avons aussi souvent des problèmes dans les horaires de livraison.» 

Dans cette petite commune de 2000 habitants, chacun des 120 repas livrés aux deux écoles est facturé 4,12 euros aux familles. Le conseil municipal, aidé par le département, a sollicité un bureau d’études pour l’aménagement d’une cuisine centrale. Certes, le travail est compliqué et a un coût. Le respect des normes de plus en plus contraignantes «peut faire peur», avoue l’élue. Mais cette infirmière en a assez de voir au menu des fromages sous plastique… alors que trois fromagers sont sur place.

Ou de la viande mal cuite, sans goût, tandis qu’un boucher tout proche propose de la viande de qualité . «Une bonne alimentation dans les cantines, c’est aussi inciter de nouvelles familles, de plus en plus exigeantes sur ces questions, à s’installer dans le village. C’est s’ajuster aux besoins et envies des enfants. Comment faire comprendre à un prestataire qu’un enfant diabétique a besoin de féculents à chaque repas?» Elle en est convaincue: passer en régie publique permettra des repas de meilleure qualité et pas plus chers. Voire moins.

Le village de Cazouls-lès-Béziers, dans l’Hérault, en a fait l’expérience. Depuis qu’il a quitté son prestataire privé il y a deux ans, il est passé à une restauration scolaire 100 % bio et locale. La mairie a embauché une maraîchère qui fournit les fruits et légumes pour les 350 assiettes des écoliers. Et le prix pour les parents n’a pas changé: 3,80 euros. «La lutte contre le gaspillage alimentaire permet de maîtriser le budget, assure Carole Berlou, adjointe au maire chargée des affaires scolaires. Mais c’est un choix politique plus que budgétaire. Aujourd’hui, je suis fière de nourrir correctement les enfants qui fréquentent la cantine.»

En projet, la création d’une régie agricole

Les grandes agglomérations peuvent pour l’instant, quant à elles, amortir l’inflation plus facilement en économisant sur d’autres postes, grâce à leurs moyens financiers. Là aussi, certains choix font la différence. En banlieue parisienne, le Syrec, un syndicat intercommunal, gère la restauration scolaire des villes de Gennevilliers, Saint-Ouen, Villepinte et Villeneuve-la-Garenne. Soit, au total, 15000 repas par jour. «Nous avons un conseil dadministration dans chacune des villes et nous nous adaptons à leurs demandes», explique son président, Philippe Clochette.

À Gennevilliers – où la prise en charge de la commune va de 50 à 95 % du coût de la prestation les menus sont ainsi passés à 80 % de repas non carnés en septembre, alors que Villepinte est restée à 50 %. Depuis janvier, la loi Egalim impose 20 % de bio dans les cantines. Le Syrec en offre 35 %. «Nos équipes techniques ont calculé que rajouter un menu végétarien par semaine permettait de réaliser des économies, à la fois d’absorber l’inflation et d’aller sur un objectif de 50 % de bio d’ici la fin de l’année», poursuit le président. Surtout, ce service public permet de ne pas passer par des intermédiaires: «Ce sont les élus qui décident.»

 En projet, Gennevilliers imagine la création d’une régie agricole dont bénéficieraient également les trois autres villes. D’ici à 2026, le Syrec espère pouvoir ainsi fournir 1500 repas par jour. «Nous cherchons des terrains disponibles, notamment dans l’Oise et le Val-d’Oise», souligne Philippe Clochette. Du bio, du végétarien et du local sous contrôle public. La recette gagnante.

 

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Faut-il manger les riches pour sauver le climat ?

4 Octobre 2022, 07:54am

Publié par PCF Villepinte

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Présidentielle au Brésil : Lula en tête avec 48,43 %

3 Octobre 2022, 06:56am

Publié par PCF Villepinte

Le pays-continent jouait son destin le 2 octobre avec le premier tour de la présidentielle. La victoire possible de Luiz Inacio Lula da Silva, largement en tête au premier tour, suscite d’immenses espérances. Mais « La lutte continue jusqu’à la victoire finale », a déclaré, Lula contraint à un second tour.

"Dès demain, nous serons en campagne. Ne vous reposez pas. Parlons à nos adversaires, à nos amis. Nous sommes la meilleure solution pour résoudre la vie du peuple brésilien. Bonne nuit et à demain."

 L'Humanité Rio de Janeiro, Sao Paulo (Brésil), envoyée spéciale.

En effet, selon les résultats publiés par le Tribunal supérieur électoral (TSE)  portant sur 99,99 % des bulletins dépouillés, le représentant du Parti des travailleurs, ancien chef de l’Etat de 2003 à 2010, enregistre plus de cinq points d’avance avec 48,43 % des voix sur le président d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro (43,20 %). 

Lula recueille plus de 57,2 millions de votes en sa faveur. Mais faute de majorité absolue, un second tour aura lieu le dimanche 30 octobre.

 La centriste Simone Tebet est troisième, loin derrière, avec 4,16 % des voix. Le travailliste Ciro Gomes la suit, à 3,04 %. Tous les autres candidats sont autour ou sous la barre des 0,50 %. Le taux de participation de ce premier tour a atteint 79 %.

Le dernier sondage Datafolha donnait le candidat du Parti des travailleurs (PT) largement en tête, avec 50 % des voix, contre 36 % pour Jair Bolsonaro. Plus que jamais les risques de déchirement d'une société dévastée et extrêmement polarisée restent présents. 

REPORTAGE

Elle .est restée quelques instants, presque une éternité compte tenu du tumulte qui l’entoure, à embrasser la foule du regard, à disséquer ses sourires, ses éclats et sa ferveur. C’est là, à Madureira, une banlieue populaire du nord de Rio de Janeiro, qu’elle a trouvé son pays. Loin du récit proposé depuis quatre ans par le pouvoir fasciste de Jair Bolsonaro.

«On nous a jeté tellement de haine à la figure. Le Brésil est un pays de couleurs, de mélange. Le bolsonarisme, cest le noir, lobscurantisme, les bruits de bottes. Il nie notre identité culturelle», souffle Marisa, lorsque la sono lui en laisse la possibilité. Le trop-plein est atteint, les corps parlent. «Désormais, je fais de la tachycardie quand je lentends», explique cette mère de huit enfants.

Au cœur de l’école de samba de Portela, l’une des plus titrées du pays, Luiz Inacio Lula da Silva mène, en ce 25 septembre, l’un de ses derniers rendez-vous de campagne. Au projet de politique de blanchiment de la population brésilienne décrit par Marisa, le candidat de gauche oppose l’exaltation du métissage, la célébration d’une culture qui puise ses racines dans l’esclavage et d’un lieu largement fréquenté par une population marginalisée, voire criminalisée.

C'EST DANS LE SUD INDUSTRIALISÉ ET EUROPÉANISÉ, ABRITANT PLUS DE 40 % DU CORPS ÉLECTORAL, QUE JAIR BOLSONARO A RÉALISÉ SES MEILLEURS SCORES IL Y A QUATRE ANS.

En 2019, l’ancien maire de Rio de Janeiro Marcelo Crivella, membre du Parti républicain brésilien et évangélique notoire, avait privé les écoles de samba de leurs subventions. Réponse des «carnavalescos» au triste sire: lannée suivante, le défilé était placé sous le signe des droits des minorités, de la dénonciation des violences policières et de la déforestation.

33 millions de Brésiliens souffrent de la faim

Avant la présidentielle et les élections générales du 2 octobre, Lula, l’enfant du Nordeste, concentre tous ses efforts sur la partie méridionale du pays, qui abrite plus de 40 % du corps électoral. L’enjeu est de taille. Dans ce Sud industrialisé et européanisé, Jair Bolsonaro a réalisé parmi ses meilleurs scores, il y a quatre ans. Même en ces terres cariocas, où ses trois fils sont élus, le président sortant est donné à égalité avec Lula.

Face à l’affluence à Madureira, plusieurs centaines de sympathisants de gauche sont contraints d’écouter depuis la rue le meeting de «leur» président, le seul quils reconnaissent. Accoudée à une barrière métallique, Gloria note à son tour: «Tout a changé avec Bolsonaro. La structure familiale a été durement touchée. Ma sœur est décédée du Covid. Il a pompé tout le sang du Brésil. Il y a tellement de souffrances. J’ai moi-même perdu mon emploi à l’hôpital.»

Jair Bolsonaro a beau se vanter d’un retour de la croissance (1,2 % au deuxième trimestre), la plus grande économie d’Amérique latine recense plus de 10 millions de chômeurs et un nombre croissant de travailleurs informels ; 33 millions de personnes souffrent par ailleurs de la faim, pourtant éradiquée grâce à la politique volontariste du Parti des travailleurs (PT) de Lula.

La démocratie, enjeu cardinal du scrutin

Des comités de quartier s’organisent, désormais, pour s’assurer que tout le monde mange à sa faim. Du PT à la Centrale unique des travailleurs (CUT) en passant par le Mouvement des sans-terre (MST), c’est une contre-société qui garantit le minimum décent en lieu et place du gouvernement. «Il devient difficile de sacheter à manger. Je suis terrorisée à l’idée d’avoir faim», confirme Marlène. Comme un écho, sur la place du Marechal Deodoro de Sao Paulo, surplombée par la quatre-voies et saturée de tentes de sans-abri, une banderole aux couleurs du drapeau national témoigne que «le Brésil a empiré».

Dans ce paysage de désolation, deux mots ont rythmé la campagne électorale de Lula, «bonheur» et «espoir». L’hymne Sem medo de ser feliz (Sans avoir peur d’être heureux), reprise de la chanson de 1989, qui marqua la première élection post-dictature, s’avère être un clin d’œil au présent.

Pour ce scrutin historique, l’enjeu cardinal reste la lutte pour la démocratie. Il est posé comme tel par la gauche rassemblée pour sortir Jair Bolsonaro du palais du Planalto. Quitte à balayer la question du projet. Le candidat du PT évoque la relance du programme de logement pour les plus pauvres (Minha casa minha vida), l’éradication de la faim, l’arrêt de l’invasion des terres indigènes et l’investissement dans l’agriculture.

Sans préciser les modalités et les marges de manœuvre financière qu’il entend dégager. «À sept jours de l’élection, je ne peux pas dire que je reviendrai sur tout ce qui a été fait, ce serait irresponsable. J’ai d’abord besoin de comprendre ce qui a réellement été fait», souligne celui qui entend réunir les gouverneurs afin de définir les projets d’investissements de manière concertée.

Les partisans chauffés à blanc de Bolsonaro

En évoquant la «saudade de la démocratie», Lula fait le lien avec la nostalgie – réelle – de sa présidence (2003-2010), lorsque le Brésil flirtait avec des taux de croissance insolents et sortait 40 millions de personnes de la pauvreté.

À gauche, les dents ont pourtant grincé lorsqu’il a désigné le conservateur et néolibéral Geraldo Alckmin comme colistier. Un homme capable de rassurer les milieux financiers et d’attirer une partie de la droite, lasse des errements économiques de Jair Bolsonaro. Il pourrait également lui permettre de nouer des alliances de circonstance au Parlement afin de faire avancer ses réformes.

Dans un podcast évangélique, Jair Bolsonaro annonçait qu’il respecterait «la volonté de Dieu» et se retirerait de la politique si les Brésiliens en décidaient ainsi. Pourtant, dans un communiqué publié le 28 septembre, le Parti libéral, la formation du président, met en doute la probité du Tribunal supérieur électoral.

« Jair Bolsonaro a tenté de mimer Trump »

Ses partisans, chauffés à blanc pendant quatre ans, font craindre une action similaire à celle des soutiens de Donald Trump au Capitole. Les agressions de militants ou sympathisants de gauche ont bondi ces derniers mois. Comment pourrait-il en être autrement alors que le chef de l’État n’a eu de cesse de provoquer des ruptures institutionnelles, de dénoncer les pouvoirs du Parlement, de questionner le vote électronique utilisé depuis 1996?

Lever le sceau du secret

La Cour suprême, qui ordonna la libération de Lula, jugeant qu’il avait été victime d’un procès à charge, a elle aussi été mise en cause. «Un jour, relève le candidat du PT, qui compare son sort à celui de Mandela et Gandhi, la justice devra réparer tous les préjudices que j’ai subis» en passant plus d’un an et demi incarcéré sur la base de fausses accusations de corruption.

Dans les cent premiers jours de son mandat, il promet par ailleurs de lever le sceau du secret, posé pour cent ans par le président sortant, dans toutes les affaires le concernant. Dernière en date, ce 27 septembre, avec l’enquête ouverte sur les transactions suspectes du couple Bolsonaro afin de financer les dépenses personnelles de son épouse.

Épargner au Brésil de nouveaux déchirements

Donné gagnant dès le premier tour dans certaines enquêtes, autour de 47 % dans la majorité des autres, le PT a appelé ses partisans à aller chercher les voix susceptibles de faire basculer le scrutin dès dimanche, de rendre le résultat incontestable afin d’épargner au Brésil de nouveaux déchirements. «Chacun doit prendre ses responsabilités. Allons chercher un, deux, trois votes de plus. Il y a encore beaucoup de gens qui disent vouloir voter blanc. Le vote est notre seule arme», insiste la présidente du PT, Gleisi Hoffmann, par opposition au chef de l’État qui a libéralisé le port d’armes.

Au regard de la polarisation de la société, Lula estime qu’il est inutile de chercher à convaincre «les fanatiques» bolsonaristes (33 % selon les sondages). Ce n’est pas le cas du candidat Ciro Gomes (7 %). Censé incarner une troisième voie centriste, il n’a eu de cesse de dresser un parallèle entre Lula et Jair Bolsonaro et de draguer les partisans de ce dernier. Quitte à faire le jeu du fascisme.

 

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Les cadres veulent eux aussi se faire entendre

3 Octobre 2022, 06:50am

Publié par PCF Villepinte

CGT

PUBLIÉ LE 27 SEP. 2022

Près de la moitié des cadres se disent prêts à se mobiliser pour obtenir une augmentation de salaire, ou pour défendre leur retraite. C’est ce que révèle le baromètre annuel de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict).

 

Avec le télétravail, le temps et la charge de travail des cadres explosent, tandis que leur pouvoir d’achat recule. Ils défendent la retraite à 60 ans.

Dans quel état d’esprit sont les cadres ?

Visiblement dans le même que beaucoup de salariés de notre pays : ils ne veulent pas de la réforme des retraites et demandent une revalorisation de leurs salaires dans le contexte de forte inflation observée depuis début 2022.

Selon un sondage réalisé par Viavoice pour le baromètre annuel sur l’opinion et les attentes des cadres commandé par l’Ugict CGT, sur un échantillon représentatif de 1 000 cadres, 67 % d’entre eux seraient prêts à signer une pétition et 48 % à manifester pour défendre leur retraite. L’enquête révèle qu’ils sont même 42 % à faire grève.

Regain de confiance dans les syndicats

Et pour défendre leurs droits ou leur emploi, 28 % des personnes interrogées disent que c'est dans les syndicats qu'elles ont le plus confiance. Contre 21 % en 2016.

« C’est du jamais-vu depuis l’existence du baromètre créé voici dix ans ! », se félicite Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict CGT.

Alors qu’ils se sentent traditionnellement seuls pour se défendre, près de deux cadres sur cinq se déclarent prêts à se syndiquer.

Les raisons de la grogne des cadres, et du regain de confiance dans les syndicats ? La baisse de leur pouvoir d’achat : plus de 70% d’entre eux (et 80 % des femmes cadres) estiment qu’il a baissé en un an. Et les chiffres de la Dares (1) le confirment : en moyenne, ils ont perdu 3,7% de pouvoir d’achat au deuxième trimestre 2022.

Dans le détail, le baromètre publié le 26 septembre, à trois jours de la grande mobilisation interprofessionnelle et intersyndicale du 29 septembre, révèle que plus de la moitié d’entre eux trouvent leur rémunération pas en adéquation avec leur temps et leur charge de travail. Ni avec leur implication. 42 % disent travailler plus de 45h par semaine, et 20 % plus de 49h ! Soit 5 points de plus par rapport à 2021.

Et ce n’est pas tout : plus de la moitié travaillent souvent pendant leurs jours de repos. Ces chiffres s’affolent dans la fonction publique (71%) et pour les femmes (59%) dont le temps est fragmenté entre les tâches domestiques et professionnelles.

Derrière ces chiffres, se dessinent les effets collatéraux du télétravail : s’ils passent moins de temps dans les transports, les cadres voient leur charge de travail augmenter fortement. Car le télétravail a beau être séduisant, il n’est justement pas encadré, et le droit effectif à la déconnexion reste un vœu pieux.

Pour la retraite à 60 ans

Un petit tiers seulement des cadres interrogés pensent qu’ils connaîtront une évolution professionnelle positive dans les années à venir. Ce pessimisme frappe particulièrement les seniors : seulement 22 % arrivent à se projeter ! Les autres se voient bottés en touche par les entreprises.

Enfin, alors que le gouvernement s’arqueboute sur un nouveau report de l’âge de départ en retraite, les cadres y sont très majoritairement opposés : plus de la moitié souhaite une réforme qui ne repousse pas l’âge de départ mais au contraire, repasse à 60 ans. Et 82 % veulent une réforme des retraites garantissant une pension au moins égale à 75 % du salaire de fin de carrière (contre 67% aujourd’hui).

La CGT demande la reconnaissance des qualifications, en particulier dans la fonction publique où les grilles de salaires se sont extrêmement tassé, avec le retour à l’échelle mobile des salaires (lire ici). Deuxième revendication, la réduction du temps de travail de tous les salariés, et en particulier des cadres qui aspirent à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Il faut encadrer le télétravail, mettre fin aux forfaits jours sans décompte horaire, et un vrai droit à la déconnexion.

Consulter tous les résultats du baromètre

 

1/ Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, rattachée au

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