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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Football :

22 Avril 2024, 07:12am

Publié par PCF Villepinte

 Le Red Star retrouve la Ligue 2

Après cinq ans passés en troisième division, le Red Star, club historique de Seine-Saint-Denis, fera son retour en ligue 2 la saison prochaine. Entraîneur du club audonien depuis 2021, Habib Beye est l’un des artisans de cette remontée.

Le Red Star retrouve la Ligue 2 après cinq saisons en National.
© CHRISTOPHE SIMON / AFP

Malgré la défaite, vendredi 19 avril, contre Nancy (0-2), le Red Star a de quoi être heureux. Premier du championnat de National, avec 62 points, le club francilien est mathématiquement assuré de concourir en Ligue 2 la saison prochaine. Le match nul de Martigues, 3e du classement, face à Cholet (2-2) permet à la formation à l’Étoile Rouge d’assurer sa promotion.

Sous des nuages de fumigènes, les supporters audoniens ont célébré l’ascension par des chants en tribune puis sur le terrain avec les joueurs et le staff. Le slogan « On est en Ligue 2 ! », a raisonné dans le Stade Bauer en travaux depuis plusieurs années déjà.

L’enceinte, qui pendant longtemps n’a pu accueillir de rencontres professionnelles en raison de normes techniques, recevra les matchs de deuxième division l’année prochaine, évitant ainsi la délocalisation des rencontres à Beauvais, dans l’Oise, et au stade Jean Bouin dans le XVIe arrondissement de Paris, lors des précédents exercices en L2.

Habib Beye, l’architecte du succès

Une promotion à l’échelon supérieur qui n’aurait probablement pas été possible sans le travail d’Habib Beye. Arrivé au poste d’entraîneur principal en octobre 2021, l’ancien joueur de l’OM et de Newcastle a su insuffler un nouvel élan au club francilien.

Une réussite (18 victoires, 8 nuls, 4 défaites cette saison) qui s’explique par « la continuité » selon le coach, dont l’effectif avait subi un « traumatisme » l’an dernier, quand les portes de la deuxième division s’étaient refermées à la dernière journée.

« Cette montée n’est pas un aboutissement, c’est un point de passage », précise le technicien dans les colonnes du Parisien. À long terme, le club fondé en 1897, symbole d’un football populaire antiraciste et antifasciste, ambitionne de devenir la deuxième équipe francilienne dans l’élite derrière le Paris Saint-Germain. Mais « il faudra beaucoup de travail pour amener ce club au très haut niveau, (…) on ne peut pas aller trop vite », souligne Habib Beye.

Avec cette première expérience réussie au Red Star, l’ancien international sénégalais (44 sélections) tape déjà dans l’œil de plusieurs écuries de Ligue 1. « J’ai des ambitions d’entraîner au plus haut niveau le plus vite possible », reconnaît celui qui a longtemps commenté les matchs de l’élite à la télévision. L’hiver dernier, des rumeurs l’envoyaient déjà sur le banc de l’Olympique Lyonnais.

Si certains observateurs le voient déjà rejoindre Lens ou Reims, dès cet été, en cas de départ de Franck Haise ou de Will Still, Habib Beye, lui, préfère rester concentré sur le titre de champion de National, pas encore définitivement acquis à 4 journées du terme. L’entraîneur audonien a annoncé qu’il prendrait sa décision avant le match de Versailles, le 3 mai prochain.

 

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droit de vote des femmes

22 Avril 2024, 07:01am

Publié par PCF Villepinte

Mariette Sineau, sociologue :

« Le droit de vote des femmes n’a pas suffi à créer les conditions de leur émancipation »

Elles peinent à être investies par les partis politiques et donc à se faire élire tant au Parlement que dans les assemblées locales.
AFP

 

Il y a 80 ans, le 21 avril 1944, une ordonnance signée par le général de Gaulle après un amendement du communiste Fernand Grenier octroyait enfin aux femmes le droit de vote en France. Mariette Sineau, co-autrice du livre Femmes et république (documentation française, 2021) revient sur les réticences qui ont amené, à gauche, à repousser pendant de longues années l’universalisme réel du suffrage. Politologue au Cevipof, elle observe également les différences de genre dans le vote depuis 1945, et les combats qu’il reste à mener pour une vie citoyenne et politique plus paritaire.

Mariette Sineau

Directrice de recherche honoraire CNRS/Sciences Po, co-autrice de Femmes et République (La Documentation française, 2021).

Le 21 avril 1944, une ordonnance octroyait enfin le droit de votes aux femmes en France. Comment est-il possible que cela soit arrivé aussi tard ?

La France a été le premier pays, en 1848, à établir le suffrage universel masculin et parmi les dernières nations européennes à accorder aux femmes le droit de vote et d’éligibilité. Ce droit a été le fruit d’un long combat mené dès 1789 par les féministes.

En 1791, Olympe de Gouges publie sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne pour dénoncer le faux universalisme de la Déclaration de 1789 et réclame le droit pour les femmes de voter et d’être élues. Plusieurs autres occasions ont été manquées comme en 1848 ou après la première guerre mondiale, qui voit plusieurs nations européennes accorder le droit de vote aux femmes, dont l’Allemagne en 1918, le Royaume-Uni en 1928.

Comment les responsables politiques de l’époque le justifient-ils ?

Cette revendication vient plutôt de la gauche même si certains à droite la soutiennent. Cependant, les Radicaux-socialistes au pouvoir sous la IIIe République refusent les droits politiques aux femmes, au prétexte que celles-ci voteraient « sous influence » de l’Église et en faveur de la réaction royaliste. C’est la raison pour laquelle les radicaux, majoritaires au Sénat, ont refusé toutes les propositions de loi adoptées par la chambre des députés visant à admettre les femmes dans la cité politique.

Après la victoire du Front populaire en 1936, Léon Blum, renonçant à affronter les Radicaux sur la question du vote des femmes, s’en tient à une mesure symbolique : il fait entrer trois femmes au gouvernement au rang de sous-secrétaires d’État. Les communistes, bien que soutenant le droit de vote des femmes (le PCF a même fait élire plusieurs femmes aux municipales de 1925, scrutins annulés par les préfectures ou le Conseil d’État, NDLR) n’ont pas davantage fait pression, dans le Front populaire, pour que ce droit advienne.

En 1944, le droit de vote des femmes ne figure pas même au programme du Conseil national de la Résistance. Ce droit fut finalement « octroyé » par ordonnance et non voté par le Parlement. Des réticences liées à l’orientation du vote des femmes subsistent surtout chez les Radicaux.

Quant aux gaullistes, ils voient souvent l’élargissement du suffrage aux femmes comme un rempart face à un possible raz-de-marée communiste. C’est pourtant grâce à l’amendement du communiste Fernand Grenier – âprement combattu, notamment par les Radicaux – que les femmes deviennent « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » (article 17 de l’Ordonnance).

Est-ce que, justement, il existe un « vote de genre » ?

Dans l’après-guerre, les femmes sont plus nombreuses parmi les abstentionnistes et votent plus souvent à droite. Sous la IVe République, un partage d’influence s’établit entre, à droite, le Mouvement Républicain Populaire (MRP), d’obédience chrétienne, qui a la faveur des femmes et, à gauche, le Parti communiste qui a celle des hommes. Sous la Ve, on observe un sur vote des femmes en faveur de Charles de Gaulle, puis en faveur de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d’Estaing. À tel point que François Mitterrand s’est plu à rappeler que si seuls les hommes avaient voté, il aurait été élu en 1965 et réélu en 1974

« Fait parlant : à la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen n’aurait pas été qualifié pour le second tour si seules les électrices avaient voté. »

L’orientation plus droitière des femmes, bien qu’en perte de vitesse, se maintient jusqu’en 1981. Ce n’est qu’au milieu des années quatre-vingt que les électrices votent autant à gauche que les électeurs voire davantage, tout en participant autant qu’eux aux scrutins. L’évolution du vote féminin reflète le nouveau visage des Françaises, plus souvent diplômées et qui font leur entrée en masse dans les emplois salariés. Il se produit ainsi une sorte d’alignement du vote des femmes sur celui des hommes.

À une seule différence mais capitale : les femmes accordent moins souvent leur suffrage à Jean-Marie Le Pen, candidat portant haut une rhétorique volontiers machiste et violente. Fait parlant : à la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen n’aurait pas été qualifié pour le second tour si seules les électrices avaient voté.

Au-delà de cette évolution socioculturelle, y a-t-il d’autres explications du sur vote à droite des femmes entre 1945 et 1981 ?

Les femmes de cette époque s’affirment plus souvent comme catholiques pratiquantes régulières. Or, c’est une règle intangible en science politique, plus on est intégré à la religion catholique plus on a tendance à voter à droite. Mais aujourd’hui le facteur religieux est en perte de vitesse, à la mesure du déclin de l’Église catholique en France.

Avec le temps le gender gap s’est mué en un gender génération gap : chez les jeunes, les femmes tendent à voter plus à gauche que les hommes tandis que chez les seniors, elles émettent un vote plus conservateur qu’eux. Les femmes étant en surnombre dans l’électorat âgé, les seniors femmes peuvent faire pencher la balance. Ainsi, la défaite de Ségolène Royal en 2007 s’explique en partie par cet effet « « genre génération » : elle s’est vue rejetée par les femmes âgées, qui ont massivement voté en faveur de Nicolas Sarkozy.

Avec l’octroi du droit de vote, les femmes ont automatiquement acquis leur place dans la vie politique et citoyenne ?

L’entrée officielle des femmes dans la cité en 1945 n’a pas suffi à créer les conditions de leur émancipation. Une fois de plus elles sont les grandes oubliées de l’Histoire. Elles peinent à être investies par les partis politiques et donc à se faire élire tant au Parlement que dans les assemblées locales.

Sous la IVe République, les législatives de 1946, qui se déroulent à la proportionnelle de liste voient élire plus de 5 % de femmes, part réduite à 3 % à celles de 1953. Sous la Ve République, les femmes connaissent une longue « traversée du désert » : au gouvernement, au Parlement et même dans les assemblées locales, elles sont réduites à la portion congrue. Le retour au scrutin uninominal pour élire les députes – système favorisant les notables en place – leur est fatal. En 1978, après 20 ans de Ve République leur place à l’Assemblée nationale n’atteint pas 4 %.

Majoritaires dans les partis politiques et dans les assemblées, les hommes ont aussi « confisqué » l’agenda politique. C’est l’élection du président de la République au suffrage universel qui permet aux femmes de « casser » le jeu des partis et de se rendre visibles et audibles comme sujets politiques.

Elles ont pour elles la force du nombre, représentant quelque 52 % des électeurs inscrits. Les campagnes présidentielles sont vite utilisées par les féministes comme caisse de résonance pour obtenir des droits nouveaux. De leur côté, les candidats à la présidentielle comprennent que les électrices peuvent faire la décision. Ainsi, en 1965 le candidat François Mitterrand met dans son programme la « régulation des naissances », soit la légalisation de la contraception.

En 1974, Giscard d’Estaing, prenant conscience du « big bang » MLF, fait voter, une fois élu, nombre de revendications féministes : légalisation de l’IVG, remboursement de la contraception, divorce par consentement mutuel… Il crée en outre un secrétariat d’État chargé de la Condition féminine. Les féministes continueront d’utiliser la présidentielle comme d’une tribune pour se faire entendre : ainsi la campagne de 1995 a permis la mise sur agenda de la parité, qui sera votée 5 ans après.

Dans la vie citoyenne et politique aujourd’hui, quelles sont les avancées qui restent à conquérir pour les femmes ?

Les différentes lois sur la parité ont permis une grande avancée des femmes dans les diverses assemblées élues, tant au Parlement que dans les assemblées locales. À l’Assemblée nationale, les législatives de 2017, qui ont suivi l’élection d’Emmanuel Macron, ont vu les femmes occuper 38,7 % des sièges de députés, leur part ayant un peu régressé à 37 % après les législatives de 2022.

Pour la première fois de l’histoire une femme préside l’Assemblée nationale. Les femmes occupent désormais une place centrale dans les institutions. Toutefois, la parité numérique ne vaut pas toujours parité « qualitative ». Si le gouvernement de Gabriel Attal formé en janvier 2024 comprend quelque 54 % de femmes on n’en compte 89 % parmi les secrétaires d’État, 56 % parmi les ministres délégués, mais seulement 38 % parmi les ministres de plein exercice, aucune n’occupant d’ailleurs de ministère régalien.

Si les conseils régionaux, départementaux et municipaux sont à parité ou s’en approchent, si la composition des exécutifs de ces mêmes assemblées sont paritaires, ce sont bel et bien les hommes qui président aux destinées des assemblées territoriales : 80 % des maires sont des hommes, de même que 80 % des présidents des conseils départementaux.

Le taux de masculinité atteint près de 89 % parmi les présidents de Conseils communautaires pour redescendre à 69 % parmi les présidents de pouvoirs régionaux. La rhétorique sur l’égalité hommes/femmes se trouve encore souvent démentie par les faits.

 

 

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droit de vote des femmes

20 Avril 2024, 07:19am

Publié par PCF Villepinte

1944-2024 : 80 ans du

droit de vote des femmes

L'Humanité 19 avril 2024

Des droits à défendre et de nouveaux pouvoirs à conquérir pour les femmes !

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges (1791)

 



Les femmes obtiennent progressivement le droit de vote dans la majorité des pays autour des XIXe et XXe siècles.

En 1925, alors que les députés se sont prononcés favorablement pour le droit de vote des femmes mais pas encore les sénateurs, le PCF est le seul parti à présenter des candidates aux élections municipales.

 A Douarnenez, l’ouvrière Joséphine Pencalet qui a pris part à la grève des sardinières pour leurs conditions de travail et leurs salaires (une grève victorieuse dont nous fêterons cette année le centenaire), est élue. Mais son élection est annulée suite à l’opposition des sénateurs.

C’est seulement en 1944, quand la France se libère de l’occupation nazie et de la collaboration, que les femmes deviennent électrices et éligibles. En mars, l’Assemblée constituante provisoire, installée à Alger, leur accorde d’abord le droit de vote.

Puis le 21 avril 1944, l’amendement du député communiste Fernand Grenier modifie l’Ordonnance portant organisation des pouvoirs publics du Comité français de libération nationale pour qu’elles soient électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.

 Ce droit de vote et d’éligibilité est enfin confirmé par le Gouvernement provisoire de la République française le 5 octobre de la même année et mis en pratique en avril 1945 lors des élections municipales.

Tout est à reconstruire et les communistes prennent une part active dans l’édification de la société de l’après-guerre (Sécurité sociale, droits nouveaux pour les travailleuses et les travailleurs dans les entreprises…). Comment dès lors ne pas reconnaître, enfin, ce droit civique aux femmes, dont l’action dans la résistance ne fut pas de moindre importance que celle des hommes ?

Depuis, de nombreuses lois (14 !) ont consacré la parité en politique mais la progression vers plus d’égalité n’est ni linéaire ni irrésistible : les freins sont nombreux, aujourd’hui encore. Les inégalités, justifiées par des différences biologiques, qui assignent les femmes à la maternité et aux métiers du soin et du lien les maintiennent dans un état de minorité permanent.

La sphère publique ne peut pas échapper aux inégalités observées dans le monde du travail où elles sont le résultat de la logique capitaliste : la division du monde du travail permet de mieux capter les richesses qu’il produit, le genre servant à justifier des salaires en moyenne inférieurs.

80 ans après, il est donc impossible de dire que l’égalité femmes-hommes est pleinement réalisée.

Les chiffres montrent au contraire que les femmes sont loin de représenter la moitié du corps politique ni, au sein de celui-ci, la moitié des plus hautes fonctions : 37 % de députées (un chiffre en recul pour la première fois depuis 1988), 36 % de sénatrices, 45 % de conseillères municipales mais à peine 17 % de maires et le plus souvent de petites communes (25 femmes maires seulement dans les 100 plus grandes villes de France), et 20 % de présidentes de conseils départementaux. Derrière la parité quantitative se joue aussi la parité de responsabilité. Or les femmes occupent des fonctions moins élevées que les hommes.

Alors que c’est encore très majoritairement sur les femmes, à plus de 85 %, que reposent les tâches domestiques et la charge de la famille et de la parentalité, qu’elles subissent de façon ultra majoritaires des temps partiels et donc des salaires partiels, il leur est difficile, voire matériellement impossible, d’imaginer se projeter dans un engagement civique et politique.

Pour permettre aux femmes de disposer de leur temps et ainsi être en capacité de participer pleinement à la vie publique et politique, il faut s’attaquer à réformer structurellement le monde du travail, augmenter les salaires des métiers à prédominance féminine, légiférer pour indexer les salaires sur l’inflation, diminuer le temps de travail de toutes et tous pour travailler mieux et atteindre le plein emploi.

Et en amont, dispenser des enseignements non-sexistes à l’école afin que les petites filles et les petits garçons ne soient plus enfermé·es dans des stéréotypes de genre qui formatent leurs choix scolaires.

De telles avancées sociales bénéficieraient à toutes et tous : les conquis féministes ont en effet un impact sur le progrès social en général. Que les femmes occupent plus de place en politique, pèsent dans les décisions et le débat public, ne doit pas être considéré comme une défaite pour les hommes : ce sont des défaites pour le patriarcat.

L’égalité est notre affaire à toutes et tous, femmes et hommes.

Cet anniversaire doit être l’occasion de faire le bilan des progrès et des reculs documentés, notamment par les rapport annuels du Haut Conseil à l’Égalité.

Il doit aussi être l’occasion de célébrer les conquêtes sociales du mouvement ouvrier et de ses élu·es mais surtout, au regard des reculs et des menaces qui pèsent sur les droits humains, d’exprimer le besoin d’en conquérir de nouveaux partout dans la société, particulièrement dans la sphère structurante du travail.

 

Parti Communiste Français
19 avril 2024

 

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1er mai

20 Avril 2024, 07:04am

Publié par PCF Villepinte

 

 

 

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Européennes 2024 :

19 Avril 2024, 07:13am

Publié par PCF Villepinte

Un scrutin sans les jeunes ?

 

 

Selon une note de la Fondation Jean Jaurès, seul 30 % des 18-24 ans comptent voter lors des élections européennes de juin prochain.
© Vincent Boisot

 

 

L’Humanité  le 18 avril 2024 Lola Ruscio

 

L’abstention, premier parti des jeunes aux européennes ? À moins de deux mois du scrutin, la probabilité de se rendre aux urnes plafonne à 30 % chez les 18-24 ans, selon une note de la Fondation Jean-Jaurès. Ils étaient déjà 62 % à s’abstenir en 2019, contre 50 % des Français en moyenne.

Mais pourquoi les jeunes boudent-ils autant ce scrutin ? S’agit-il d’une hostilité envers l’Union européenne (UE) ? Non : selon l’étude, seulement 2 % des jeunes souhaitent un Frexit, contre 12 % pour l’ensemble des Français. S’agit-il alors d’un manque d’adhésion autour du projet européen ? Non plus : 81 % des moins de 25 ans s’y disent favorables, ce qui en fait la tranche d’âge la plus enthousiaste sur le sujet. Et pourtant, 74 % des moins de 35 ans pensent ne pas aller voter le 9 juin, d’après une enquête Ipsos.

Des jeunes engagés, mais pas dans les urnes

« Les jeunes considèrent de moins en moins l’élection comme un moyen de répondre à l’enjeu climatique, à la précarité et l’insécurité », explique Brice Teinturier, directeur délégué général de l’institut Ipsos. « Les jeunes ne se désintéressent pas de la chose publique : si leur implication ne prend pas la même forme que celle de leurs aînés, elle existe bel et bien, de façon plus ponctuelle et autour de causes spécifiques », ajoute Christelle Craplet, autrice de la note.

De fait, 55 % des jeunes se disent « engagés » selon BVA et prêts à se mobiliser pour différentes causes. Mais ils sont 42 % à penser que les élections européennes n’auront aucun impact sur leur quotidien, 29 % à déclarer ne pas comprendre le fonctionnement des institutions européennes, et 49 % à estimer que les listes ne reflètent pas leurs opinions.

La gauche redouble d’imagination pour tenter d’enrayer ce phénomène. Et ce d’autant plus que les 18-24 ans, soit ceux qui s’abstiennent le plus, sont aussi ceux qui votent le plus à gauche. Dans cette catégorie d’âge, 52 % prévoient de voter pour cette famille politique (18 % pour Les Écologistes, 17 % pour la FI, 9 % pour le PS, 6 % pour le PCF, 1 % pour LO et 1 % pour le PRG). Soit des taux largement plus élevés que ceux pour l’ensemble des Français, selon les sondages.

« Depuis plusieurs mois, on se mobilise auprès des jeunes en organisant des diffusions de tracts, des moments conviviaux devant des campus, des IUT, des Crous à travers des apéros-débats, des goûters, notamment dans les villes moyennes et les campagnes, des espaces trop souvent délaissés par la gauche », souligne Assan Lakehoul.

Le secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF), investi dans la campagne du candidat PCF Léon Deffontaines, mesure néanmoins qu’il est « difficile de raccrocher les jeunes à ces élections, parce qu’ils considèrent l’UE comme une institution lointaine, alors qu’ils sont les premières victimes des politiques libérales. Notre force, ce sont nos militants de terrain, qui rappellent que ce scrutin concerne tout le monde ».

Elle aussi consciente qu’il s’agit d’un sujet démocratique et électoral, la France insoumise a organisé une campagne contre la « mal inscription », qui concerne 39 % des 18-25 ans. Les écologistes préparent de leur côté une campagne de lutte contre l’abstention, attendue pour fin avril. « Le vote des jeunes représente un enjeu clé du scrutin, à nous de les convaincre d’aller voter le 9 juin », insiste Annah Bikouloulou.

La secrétaire nationale des Jeunes écologistes entend « faire de la pédagogie autour l’UE » et « dire aux jeunes que leur destin se joue à l’échelle européenne, que nous pouvons changer les choses et enfin agir en faveur de la préservation de l’environnement. Les jeunes sont très attachés à cette thématique, donc nous essayons de les mobiliser autour de l’enjeu climat ».

Les propositions de la gauche mal identifiées par les jeunes

Lutte pour la sauvegarde de la planète, fin des accords de libre-échange, inscription de l’IVG dans la charte européenne des droits fondamentaux… Les candidats de gauche multiplient les propositions à destination des jeunes. Mais la plupart des candidats sont peu ou mal identifiés par cet électorat. À l’exception de Jordan Bardella, en tête des intentions de vote parmi les 18-24 ans (31 %), et dont la moitié des jeunes savent qu’il représente la liste du RN, selon la note de la Fondation Jean-Jaurès.

Le président du parti d’extrême droite, très actif sur les réseaux sociaux, est suivi par 1 million d’utilisateurs rien que sur l’application TikTok, loin devant ses concurrents. Si le total des voix de gauche chez les 18-24 ans atteint 52 %, les différentes têtes de liste, telles Marie Toussaint (EELV), Manon Aubry (FI) et Léon Deffontaines (PCF), sont pour le moment peu identifiés des jeunes, estime la Fondation Jean-Jaurès. « Nous avons encore beaucoup à faire », mesure Annah Bikouloulou.

À gauche, seul Raphaël Glucksmann jouit d’une forte popularité sur Instagram, avec un total de 782 000 abonnés. « C’est devenu un atout incontournable dans cette campagne pour s’adresser à un public qu’on aurait du mal à toucher autrement », précise Emma Rafowicz, présidente des Jeunes socialistes et candidate sur la liste PS-Place publique.

 « Instagram ou Twitch nous sert à diffuser nos propositions, organiser des discussions en direct, mener la bataille d’idées, mais on tient aussi à être présents sur les marchés, les universités, etc. La stratégie numérique est complémentaire de celle menée sur le terrain », développe la responsable politique.

Mais alors que Raphaël Glucksmann est en tête des sondages à gauche chez l’ensemble des Français, il n’est crédité que de 9 % des intentions de vote chez les 18-24 ans, derrière Marie Toussaint (18 %) et Manon Aubry (17 %) et devant Léon Deffontaines (6 %). Preuve que la présence et l’audience sur réseaux sociaux ne font pas tout.

Sur cette tranche d’âge, la Macronie s’effondre complètement puisque Valérie Hayer (Renaissance) est donnée à 4 %. François-Xavier Bellamy (LR) est, lui, à 6 %, et Marion Maréchal (Reconquête) à 3 %. Chez les jeunes, la gauche domine donc, et l’extrême droite progresse. Mais c’est surtout l’abstention qui semble partie pour arriver en tête.

 

 

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La campagne des européennes 2024

19 Avril 2024, 07:07am

Publié par PCF Villepinte

Pour une campagne enracinée

dans le monde du travail

La campagne des européennes 2024 prend la suite de celle de 2019 et de celle de Fabien Roussel en 2022 en proposant une forme de rassemblement identifiant le PCF.

Elle peut contribuer à l’affirmation du rôle central du monde du travail dans le processus de rassemblement (pour une majorité populaire agissante) en s’appuyant sur les expérimentations menées en direction des entreprises en termes de structuration militante et d’initiatives politiques publiques.

En réalité, la conquête de nouveaux pouvoirs à l’entreprise, la puissance des mobilisations sociales, l’organisation d’un rapport de force politique et social permettant un monde du travail agissant conditionnent les résultats électoraux.

Rien d’automatique ou de mécanique : ce qui compte pour les communistes, c’est la recherche permanente de l’articulation entre discours et expérience, théorie et pratique.

Renforcer l’intervention du Parti dans les entreprises et les lieux de travail reste un déterminant majeur pour le redéploiement des idées communistes, et dans l’immédiat pour la réussite de la campagne elle-même.

C’est un identifiant pour nous différencier des autres listes, un identifiant de notre liste elle-même, un identifiant de notre intention politique, un identifiant marquant de l’actualité politique.

Les luttes pour les augmentations de salaires comme le grand mouvement contre la réforme des retraites ont permis de remettre la question sociale au premier plan. L’augmentation de la pauvreté (et du nombre de travailleurs pauvres), les hausses de prix, les dégâts de la désindustrialisation, le retour de l’austérité budgétaire à la faveur des critères européens constituent autant de réalités dont l’impact est perceptible dans la vie quotidienne.

Nous y opposons la constance des communistes dans l’affrontement avec une construction européenne contraire aux intérêts des travailleurs et des familles populaires, favorisant toujours un peu plus le capital contre le travail.

Dès lors, la force de la liste conduite avec brio par Léon Deffontaines réside dans une offre de rassemblement avec des candidatures de qualité enracinées dans le monde du travail et dans un projet construit à partir des revendications sociales.

Pour réussir dans une campagne difficile où l’abstention a toujours pesé lourd, nous avons besoin d’une campagne dans la plus grande proximité, d’une campagne précise faite de contacts et d’appels à voter. L’action à l’entreprise y est propice, avec des tracts et appels à voter s’adressant directement aux travailleurs selon leurs secteurs d’activité, devant leurs lieux de travail ou leurs restaurants d’entreprises.

Avec une grande soirée de mobilisation du monde du travail au siège national le 30 avril, avec un journal Agir Spécial européennes disponible dès le 1er Mai, avec un travail précis d’appels à voter convergeant vers un appel massif du monde du travail à publier en fin de campagne, la commission Entreprises propose un dispositif de campagne se voulant offensif et cohérent.

Si nous en faisons l’affaire du plus grand nombre de communistes, alors nous pourrons affirmer qu’avec Léon Deffontaines, ce sont les travailleurs et les familles populaires qui reprennent la main… Et qui pourront compter demain sur des député·e·s européen·ne·s défendant leurs intérêts face aux vents mauvais austéritaires comme autoritaires qui soufflent sur l’Europe.

Aymeric Seassau

membre du CEN

Article publié dans CommunisteS, n°992, 17 avril 2024.

 

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« Libres comme l’art »

19 Avril 2024, 06:59am

Publié par PCF Villepinte

Plus de 900 personnes au vernissage de l’exposition Kiki Picasso !

 

Les expositions de « Libres comme l’art » dans l’espace Niemeyer, le hall et la coupole du siège du Parti communiste français place du Colonel-Fabien à Paris, continuent leur aventure avec bonheur.

Plus de 900 personnes se sont pressées le jeudi 4 avril dernier au vernissage de l’exposition « Bilan provisoire » de l’artiste Kiki Picasso. L’exposition, qui dure jusqu’au 7 mai prochain, présente cinquante tableaux, un par an, sur cinquante évènements de l’histoire récente. Un voyage pictural dans l’actualité, que cet artiste aux facettes multiples a peint avec un mélange de couleurs vives, de dérision et de provocation qui donne une grande vivacité à son regard sur le demi-siècle écoulé.

La foule réunie pour le vernissage est à l’image de ce qu’ambitionne Libres comme l’art, ce collectif créé aux côtés de la commission Culture du PCF pour poursuivre le pari réussi de l’exposition du centenaire donnant à voir un siècle de relations du PCF avec les artistes peintres.

Notre objectif : ouvrir l’espace Niemeyer à l’art et à l’engagement culturel de manière la plus permanente possible. Il y avait là, mêlés, des artistes, comédiens, réalisateurs, des amateurs d’art connaisseurs du travail de Kiki Picasso, des visiteurs des expositions précédentes, beaucoup de jeunes, un public familial qui ont fait de ce vernissage plus qu’une inauguration institutionnelle, une soirée festive animée par les musiciens du Cirque électrique, avec lequel Kiki Picasso collabore régulièrement.

Outre les jours habituels d’exposition (entrée libre du mercredi au samedi de 14 h à 18 h), une grande soirée concert ponctuera l’exposition le vendredi 26 avril à partir de 18 heures. Baptisée « Au final, on ira tous au bal », elle réunira les amis de Kiki Picasso Oxmo Puccino, Mai Lan, Mouloud Achour, Pink Noise, Urumi, Clyde P, Ithak et le Cirque Electrique Band. Toutes les informations sont à retrouver sur www.bilanprovisoire.com

Et après Kiki Picasso, la fête continue. Une seconde exposition viendra fleurir le printemps de l’espace Niemeyer. Nous accueillerons du 14 mai au 12 juin notre grand ami François Miehe, un des fondateurs de Grapus avec son exposition « C’est quand l’avenir ! ».

François Miehe présente 56 années d’images produites au service de l’art et de l’émancipation. Une rétrospective inédite de son travail qui remet en lumière bien de nos imaginaires militants. Pour l’occasion, François Miehe dédiera son exposition au combat pour la paix. Il accueillera également deux grandes soirées débat, l’une sur la proposition de loi pour un revenu des artistes auteurs que Pierre Dharréville vient de déposer à l’Assemblée nationale, et l’autre sur le combat pour l’avenir des écoles d’art que menace la ministre Rachida Dati.

Voilà deux expositions à ne pas rater pour découvrir deux artistes peintres et graphistes qui ont imprégné nos rétines depuis les années 70. L’art réjouit les cœurs, et c’est décidément un beau combat pour le Parti communiste que de lui ouvrir grand les bras de l’espace Niemeyer dans ces temps où les forces de l’obscurantisme cherchent à boucher tous les horizons.

Pierre Laurent

Article publié dans CommunisteS, n°992, 17 avril 2024.

 

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Européennes 2024 :

18 Avril 2024, 06:48am

Publié par PCF Villepinte

comment l’extrême droite

se fond dans le moule libéral

Tout en se prétendant antisystème, les partis nationalistes poussent encore plus loin la soumission au modèle libéral. Comme le montrent les programmes du Rassemblement national, de l’Alternative pour l’Allemagne et des Frères d’Italie pour les élections du 6 au 9 juin.

L'Humanité Florent LE DU Bruno Odent Lina Sankari

Coutumier des coups d’éclat, mais pleinement intégré au système européen, le premier ministre hongrois Viktor Orban appelait, en mars, à « occuper » la capitale de l’Union.

En vue des européennes de juin, les extrêmes droites du continent y font le siège à tour de rôle pour dénoncer les politiques communautaires.

Dernier exemple, cette semaine, avec la tragi-comédie autour de la National Conservatism Conference, d’abord interdite avant d’être autorisée par la justice, et à laquelle participait Éric Zemmour, le Britannique Nigel Farage et l’ancien premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Tous disent vouloir « changer » l’Union européenne. Ils en acceptent pourtant pleinement les règles, comme en attestent leurs votes au Parlement et les politiques menées lorsqu’ils sont au pouvoir.

Biberonnés au national-libéralisme, à la défense des intérêts du capital et à l’austérité, ils partagent quelques différences qui s’expriment dans la présence de deux groupes à Strasbourg : Identité et Démocratie (ID) – dont font partie le Rassemblement national et l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) – et les Conservateurs et Réformistes européens (ECR) – qui accueillent les Frères d’Italie de Giorgia Meloni.

Le RN ou la préférence patronale

Le mot « pouvoir d’achat » plein la bouche, le Rassemblement national a tout fait lors des campagnes électorales de 2022 pour marquer son opposition à Emmanuel Macron et se placer – malgré un programme quasi inexistant en la matière hormis quelques baisses de taxes – en défenseur des classes moyennes et populaires. 

Le thème est beaucoup moins présent à quelques semaines des européennes. Comme un aveu ? Au Parlement européen, pour agir sur le « pouvoir d’achat », encore faudrait-il s’attaquer aux causes de l’inflation et des inégalités. Avec en premier lieu les bénéfices exceptionnels réalisés par les profiteurs de guerre dans les mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. 

En septembre de la même année, l’Union européenne s’est concentrée sur ceux réalisés par les énergéticiens, les élus du Rassemblement national s’y sont opposés. « Nous, nous souhaitons que l’ensemble des grands groupes soient concernés », ose Jordan Bardella. Un discours de posture qui ne correspond pas à la réalité des votes.

Lorsque, le 5 octobre 2022, un amendement est déposé pour élargir la taxe sur les superprofits, « considérant que les bénéfices exceptionnels ne se limitent pas au secteur de l’énergie », les 17 parlementaires RN qui ont pris part au scrutin, dont Jordan Bardella, votent contre.

Adoptant l’élément de langage du « matraquage fiscal », l’extrême droite joue sur la confusion entre l’imposition des classes moyennes et populaires, qu’elle tente d’instrumentaliser, et celle des multinationales ou des ultrariches. Dans son discours, tout est mis dans le même sac pour mieux défendre les intérêts du capital. Comme pour les superprofits, le RN a ainsi voté contre des amendements ou résolutions proposant de taxer les grandes fortunes, les plus-values, de créer un taux d’imposition minimale sur les dividendes…

Adaptant sa ligne en fonction de son auditoire, il arrive tout de même que Jordan Bardella assume une politique fiscale axée sur le soutien aux entreprises. « Il n’y aura pas de montée en gamme de notre économie et il n’y aura pas de rehaussement général des salaires sans une politique ambitieuse de soutien aux entreprises », déclarait-il devant la confédération des PME, le 20 mars. Se veut-il encore plus généreux en cadeaux fiscaux que la Macronie ?

Au niveau européen, cette défense des grandes entreprises est particulièrement visible sur les textes liés au travail. Pêle-mêle, le RN a voté contre le revenu minimum européen, la démocratie en entreprise, le devoir de vigilance, l’exigence d’égalité salariale entre hommes et femmes… Sur la hausse des revenus, « pour nous, c’est très clair : nos entreprises sont les mieux placées pour cerner leurs besoins », a soutenu en plénière l’eurodéputée Dominique Bilde. Contre les travailleurs, le RN opte pour la préférence patronale.

Giorgia Meloni, bonne élève de l’austérité

La présidente du Conseil italien n’a pas tardé à abandonner son eurosceptisme. Giorgia Meloni (Frères d’Italie) est même particulièrement zélée. Elle a vite remisé au placard son tropisme pro-Russes, est régulièrement couverte d’éloges pour son engagement sans faille aux côtés de l’Ukraine et pour avoir claqué la porte des Nouvelles routes de la soie, rejoignant ainsi la compétition stratégique avec la Chine.

Ses postures atlantistes s’inscrivent en réalité dans une longue tradition initiée en 1951 par le Mouvement social italien des partisans de Mussolini qui y voyaient un moyen de lutter contre les communistes. En clair, la dirigeante italienne coche toutes les cases, y compris aux yeux de l’hyperprésidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui multiplie les poses tout sourires à ses côtés et voit en elle l’agent des politiques ordo-libérales décidées à Bruxelles. Engagée dans une campagne pour sa réélection à la présidence de la Commission, la dirigeante allemande cible l’extrême droite, qui devrait renforcer ses positions au Parlement, tout en épargnant Giorgia Meloni.

Depuis son accession au pouvoir en 2022, la cheffe de l’exécutif italien a conjugué la brutalité sociale à l’orthodoxie la plus stricte. Sans se priver d’agir sur les symboles. Le 1er mai 2023, elle annonçait ainsi la loi travail et la suppression du revenu de citoyenneté, plafonné à 780 euros par mois et qui bénéficiait à 1,6 million de foyers. « Nous réformons le revenu de citoyenneté pour faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas », disait-elle pour justifier le coup de boutoir au moment où l’inflation et la précarisation poussaient 3,1 millions de personnes aux portes des soupes populaires.

Sous sa botte, l’Italie n’a pas bouleversé les dogmes de la Banque centrale européenne (BCE). Une politique d’austérité qui s’accompagne de la casse des services publics : elle choisit la voie de la continuité avec son prédécesseur Mario Draghi, également président de la BCE, en envisageant une coupe budgétaire de 7 milliards d’euros pour les ministères et de 4 milliards pour les collectivités locales combinée à un plan de privatisation sur trois ans qui s’élèverait à 20 milliards d’euros pour la période 2024-2026.

Les citoyens ne sont pas oubliés avec le durcissement des conditions de départ à la retraite avant l’âge légal de 67 ans et la division par deux du fonds d’aide aux dépenses énergétiques pour les plus précaires. La cheffe du gouvernement est plus conciliante vis-à-vis des cadeaux fiscaux destinés aux riches comme l’illustre la suppression de la taxe sur les voitures de luxe et les subventions au secteur privé.

De quoi faire de Giorgia Meloni une partenaire respectable malgré son positionnement à l’extrême droite. Le temps où elle critiquait le carcan bruxellois paraît loin. Désormais coulée dans le marbre austéritaire et atlantiste, elle peut à l’envi se complaire dans la xénophobie et le complotisme, restreindre le droit à l’avortement, travailler à une Constitution bonapartiste, façonner des médias aux ordres ou redoubler d’initiatives anti-LGBT sans que ses alliés ne s’en émeuvent. Pas tant pour une supposée modération de Giorgia Meloni que par une conversion de la droite traditionnelle aux obsessions nationalistes.

L’AfD, consécration national-libérale du modèle européen

À l’opposé des clichés sur son caractère « antisystème », l’AfD représente elle aussi une consécration du modèle libéral européen. Une étude réalisée fin 2023 par l’institut de conjoncture berlinois DIW, intitulée « Le paradoxe de l’AfD », montre combien les électeurs du parti d’extrême droite seraient les principales victimes d’une application de son programme.

L’AfD qui s’installe dans le paysage politique allemand en seconde position derrière la CDU, avec un peu moins de 20 % des suffrages dans les sondages, recrute une bonne part de son électorat parmi des salariés confrontés à une précarité qui ne cesse de s’étendre ou à la peur du déclassement qu’elle inspire. Or l’application du programme de l’AfD donnerait encore plus de moyens aux détenteurs du capital pour renforcer cette « mal-vie ».

Si l’AfD s’imposait, une « aggravation de la redistribution des richesses dans ce pays du bas vers le haut » est à prévoir, relève l’économiste Marcel Fratzscher, patron du DIW. Le programme de l’AfD se signale par son « extrême néolibéralisme », relève l’un des chercheurs : « Baisse des impôts pour les plus riches et les sociétés, fin de tout droit de succession, renforcement du rôle du marché au détriment de l’État, suppression des protections des locataires, diminution du revenu minimum et des prestations accordées par la protection sociale. »

Le co-dirigeant allemand de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), Tino Chrupalla, prononce un discours lors d’une convention des dirigeants du groupe Identité et Démocratie (ID) du Parlement européen, le 3 décembre 2023 à la Fortezza da Basso à Florence.
© Andreas SOLARO / AFP

L’AfD, née en 2013, s’est fondée sur une dissidence au sein de la CDU et, dans une moindre mesure, du parti libéral (FDP). Imprégnés du monétarisme de la très influente école libérale de Friedrich von Hayek, ce dernier dénonce une dérive de l’Europe et de l’euro qui conduirait l’Allemagne à payer pour les irresponsables « cigales du sud de l’Europe ». 

Il revendique une sortie de l’euro, dénonce une protection sociale « surdimensionnée » et s’insurge contre le poids des travailleurs migrants, qualifiés de « touristes de l’État providence ». Le tout constituant, explique l’ex-président de la plus grande organisation patronale, le BDI, Hans-Olaf Henkel, rallié au jeune parti, « des entraves insupportables au développement de la compétitivité des firmes allemandes ».

En onze années d’existence, l’AfD va rétablir le nationalisme allemand en mettant davantage l’accent sur son extrémisme, sur le mode libéral ou xénophobe selon les périodes. Sa co-présidente, Alice Weidel, synthétise cette dualité. Ex-adhérente du FDP, ex-représentante de la banque états-unienne Goldman Sachs en Allemagne, elle frise un wokisme bien établi quand, homosexuelle, elle élève avec sa partenaire deux enfants venus du Sri Lanka. La même cependant envoya récemment à Potsdam son bras droit à une réunion secrète des droites et extrêmes droites envisageant l’organisation d’une déportation massive des migrants. Ce qui a suscité la mobilisation de millions d’Allemands.

La force du nationalisme économique réside dans son voisinage avec le « modèle ordo-libéral », devenu référence de l’Allemagne unifiée puis de ses partenaires européens. Ainsi, aujourd’hui, l’AfD affiche-t-elle la plus grande conformité avec les règlements de « la Maison Allemagne » quand elle en appelle au respect du « frein à la dette ».

À l’instar du gouvernement tripartite (SPD/Verts et FDP) du chancelier Scholz qui a décrété, dans le contrat de gouvernement en 2021, sa soumission à cette règle d’or. Seulement, après trois années de suspension pour cause de Covid, la mise en œuvre de cette super norme (- 0,3 % au maximum de déficit public) passe par une super austérité en cette année 2024. Dans l’opposition, l’AfD peut ainsi faire preuve d’« exemplarité », tout en sachant que les coupes programmées vont accentuer le phénomène de précarisation sur lequel elle ne cesse de recruter de nouveaux électeurs. Le « paradoxe » repéré par l’étude du DIW n’a pas fini de s’étendre.

 

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LOGEMENT DES ETUDIANT.E.S

18 Avril 2024, 06:40am

Publié par PCF Villepinte

Construire la réussite des étudiant.e.s, logement par logement

Le logement est un enjeu majeur de notre temps. Partout en France et plus largement en Europe les difficultés à se loger sont colossales.

C’est d’autant plus vrai pour les étudiant.e.s. Ils vivent à la fois l’absence d’autonomie financière et le début de l’indépendance. Cette situation ne leur permet pas de s’émanciper et de se stabiliser dans une perspective de réussite d’étude.

Nous disposons aujourd’hui d’un logement CROUS pour 17 étudiants.

Nous devrions ouvrir 546 000 places en CROUS pour que l’ensemble des boursier.e.s puissent être logés. Ce chiffre est monumental. Il est surtout le résultat d’une politique du pourrissement de la part des gouvernements successifs. Les solutions proposées, à coups de “grand plan de construction”, nous savons d’ores et déjà qu’ils seront insuffisants.

En attendant, ceux qui n’ont pas attendu le déluge pour investir dans le logement étudiant, c’est bien le secteur privé. Ainsi, nous voyons pousser partout des résidences à tarification pseudo-sociale. C’est notre avenir, celui de la société que nous laissons entre les mains de ces promoteurs profiteurs.

Le logement étudiant, ce n’est pas juste la construction, c’est aussi la rénovation. Comment bien étudier dans des logements rongés par la moisissure ou sans chauffage. Il y a encore peu de temps, à la demande d’étudiants d’allumer le chauffage en pleine vague de froid, le CROUS répondait : “vous n’avez qu’à mettre un pull”. Le mépris et l’ignorance ont assez duré.

Il faut passer aux actes et faire entendre nos revendications. Construire, rénover et encadrer. Voilà les mots d’ordre.

L’Union des étudiant.e.s communistes, dans son action, l’a bien compris. C’est pourquoi, durant une semaine, dans toutes les universités sont menées des référendums pour interroger les étudiant.e.s. Car si le gouvernement refuse de les entendre et de les écouter, nous, nous mettons un point d’honneur à le faire !

Léna Raud

secrétaire nationale de l’UEC

 

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Nobles sentiments – Le billet de Gérard Streiff

18 Avril 2024, 06:34am

Publié par PCF Villepinte

NOBLES SENTIMENTS

Publié le 17 avril 2024

Les deux infos n’en finissent pas de se télescoper ces jours-ci. « Au secours mes caisses sont vides », pleurniche Bruno Le Maire. « Alléluia mes caisses débordent », chantent les banques. Ce secteur bancaire a vu en effet ses profits exploser en 2023 (+54 %). Et les grandes banques européennes comptent, donc, reverser prochainement 120 milliards d’euros sous forme de dividendes. Des banques « généreuses », écrit Les Échos ; mais est-ce bien le bon mot, car enfin, selon la définition du dictionnaire, est généreux « qui a de nobles sentiments portés au désintéressement. »

Gérard Streiff

Article publié dans CommunisteS, n°992, 17 avril 2024.

 

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