Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Après des 49.3 en rafale et le vote calamiteux de la loi immigration, la première ministre quitte Matignon après un loyal service. Comme on dit, elle a fait « le job » attendu par Emmanuel Macron. Les dernières heures étaient insoutenables. En milieu d’après-midi, Élisabeth Borne arrivait à l’Élysée, puis elle en repartait. On commentait son sourire que l’on disait un peu crispé. Le destin de la France était en suspens. On galèje bien sûr.
Le remaniement annoncé, mijoté, a des allures de jeu de chaises musicales, voire de bonneteau. Il illustre aussi ce côté détestable de la politique française qui voit le président de la République décider seul de son gouvernement. Car il ne faut pas s’y tromper.
S’il a le pouvoir de nommer le premier ministre, c’est, selon les termes de la Constitution, ce dernier qui forme le gouvernement et qui « détermine et conduit la politique de la nation ». On voit bien que, plus que jamais, c’est une figure de style. Le véritable chef du gouvernement, c’est Emmanuel Macron. Mais changement ou pas de l’équipe ministérielle, il est face à la réalité.
Il n’a toujours pas de majorité et les accords escomptés à droite, même au coup par coup et texte par texte, ne fonctionneront pas plus qu’ils n’ont jusqu’alors fonctionné, sauf à venir toujours plus sur le terrain de la droite et de l’extrême droite. Cela avec la conséquence que l’on a bien comprise, pour la loi immigration, de donner à cette dernière toujours plus de poids. C’est dire que la prochaine échéance dans les urnes, les élections européennes, quels que soient les efforts déployés par l’équipe ministérielle, si elle les fait, a déjà un parfum de victoire pour le RN.
On sait, malheureusement, que cette montée des extrêmes droites n’est pas propre à la France, mais Emmanuel Macron, quoi qu’il en soit de ses premiers ministres et gouvernements successifs, porte la lourde responsabilité de ne pas y avoir fait face. Il a fait le choix d’un exercice du pouvoir autoritaire, par-dessus les élus, avec les 49.3 à répétition de madame Borne, au service des puissants et pour une grande part dans le mépris des attentes populaires. Ce n’est pas un remaniement qui y changera quelque chose.
Marchons pour la Liberté, l’égalité, la fraternité
Dans notre diversité d’idées, d’engagements, de professions, nous exprimons notre grande inquiétude après le vote de la loi dite « asile-immigration ». C’est un tournant dangereux dans l’histoire de notre République.
D’abord parce que cette loi ne répond pas aux causes de l’exil forcé d’hommes, de femmes, d’enfants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique, ni aux défis de l’accueil dans la dignité, ni au défi de la définition d’une politique digne et humaine d’intégration.
Ensuite, parce qu’elle a été rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de « préférence nationale ». Elle torpille les piliers porteurs de notre pacte républicain, hérité du Conseil national de la Résistance. Elle s’attaque ainsi au droit du sol autant qu’aux droits fondamentaux proclamés par la Constitution : au travail, à l’éducation, au logement, à la santé… Ce faisant, tous et toutes, Français autant qu’étrangers, nous nous trouvons menacés.
Victor Hugo écrivait : « Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles. »
Soucieux de rassemblement et de solidarité plutôt que de division sans fin de notre société, nous demandons au Président de la République de ne pas promulguer cette loi. Le dimanche 21 janvier nous appelons à manifester dans notre diversité notre attachement à la devise de la République : « Liberté, égalité, fraternité. »
Les 201 signataires
1. Serge Abiteboul, informaticien, membre de l’Académie des sciences
2. Emile Ackermann, rabbin
3. Syrine Aït Si Ali, présidente de la FIDL
4. Fleur Albert, réalisatrice, documentariste
5. Christophe Alévêque, comédien
6. Anne Alvaro, actrice
7. Hakim Amokrane, musicien
8. Mouss Amokrane, musicien
9. Hortense Archambault, responsable théâtrale
10. Pierre Arditi, comédien
11. Swann Arlaud, acteur
12. Ariane Ascaride, comédienne
13. Ana Azaria, présidente de Femmes Égalité
14. Josiane Balasko, comédienne
15. Étienne Balibar, philosophe
16. Christian Baudelot, sociologue
17. Patrick Baudouin, président de la LDH
18. Thierry Beaudet, président du Conseil économique social et environnemental
19. Karim Benaïssa, recteur de la mosquée de Créteil, président du RAM 94
20. Farid Bennaï, président du Front uni des immigrations et des quartiers populaires.
21. Lucie Berelowitsch, metteuse en scène, directrice du Préau CDN Normandie-Vire
L’Humanité et Mediapart publient une tribune de personnalités de tous bords - de Sophie Binet à Jacques Toubon, en passant par Josiane Balasko, Fabien Roussel ou encore Marina Foïs -, appelant à manifester le 21 janvier pour exiger la non-promulgation de la loi immigration.
Des manifestants à Rennes, suite au vote de la loi immigration, le 20 décembre 2023.
AFP/Sébastien Salom-Gomis
Il serait faux de dire qu’Emmanuel Macron ne coalise pas. Seulement, le chef de l’État agrège contre lui, ses choix politiques et ses compromissions avec une droite qui n’a plus de républicaine que le nom et une extrême droite revendiquant sa « victoire idéologique ».
Preuve en est avec l’appel à manifester, le 21 janvier prochain, contre sa récente loi immigration, que l’Humanité copublie avec le site d’informations Mediapart. Au total, ce sont plus de 200 personnalités qui entrent ainsi en résistance devant ce « tournant dangereux de notre République » et un texte rédigé « sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de « préférence nationale » ».
Un « appel historique », selon le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, signataire du texte, puisqu’il rassemble amplement, au-delà des frontières de la gauche. Ce front du rejet unit du coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard à l’ancien ministre de Jacques Chirac et ex-défenseur des droits, Jacques Toubon, en passant par Marine Tondelier (Les Écologistes), Olivier Faure (PS), Benjamin Saint-Huile (Liot) ainsi que la députée apparentée Renaissance, Cécile Rilhac.
Mais il s’étend aussi en dehors des sphères politiques partisanes avec les représentants des principales centrales syndicales, dont Sophie Binet (CGT) et Marylise Léon (CFDT), des responsables associatifs comme Dominique Sopo (SOS Racisme), Henri Masson (Cimade) et Véronique Devise (Secours Catholique), des artistes (Josiane Balasko, Nicolas Mathieu, Marina Foïs…), des universitaires et intellectuels émérites (Valérie Masson-Delmotte, Cédric Villani, Pierre Rosanvallon…), et même des personnalités des trois grandes religions monothéistes.
« Si on veut mener le combat prioritaire des valeurs, contre l’extrême droite, il faut un large rassemblement, dépassant les différences politiques et d’engagement. Nous condamnons cette loi parce qu’elle porte atteinte à beaucoup de fondamentaux de notre République et de notre devise », rappelle Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme.
L’initiative, née au lendemain du vote de la loi immigration à l’Assemblée nationale le 19 décembre, aboutit autour d’un objectif : rassembler un maximum de personnes dans les rues pour demander à Emmanuel Macron la non-promulgation du texte. « Le président de la République a tout fait pour que cette loi soit « adoptée » avant les fêtes de fin d’année pour qu’on n’en parle plus, explique Fabien Roussel. Mais beaucoup de gens m’ont interpellé pour savoir comment nous allions réagir contre cette loi votée par le RN et qui n’apporte pas les réponses aux grands enjeux liés à l’immigration. »
« C’est un moment de clarification : cette loi est un révélateur, une frontière claire entre celles et ceux prêts à basculer et renier le programme du Conseil national de la Résistance jusqu’à reprendre les thèses de l’extrême droite, et les autres », estime la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
Fin de l’universalité des droits, introduction de la préférence nationale, remise en cause du droit du sol, restriction de l’accès au séjour… La députée de l’aile gauche de la Macronie Cécile Rilhac a tranché : « Ce texte grandement issu du Sénat est allé trop loin. J’ai beaucoup réfléchi et je voulais être en cohérence avec moi-même (en signant la tribune – NDLR). Il me paraissait important qu’au sein de la majorité à laquelle je suis toujours attachée, des gens continuent à dire que la loi n’est pas celle du gouvernement pour laquelle nous voulions légiférer. »
« Sous une apparence banale, ce texte me paraît, pour l’une des premières fois, mettre en cause des principes importants, des libertés et des droits sociaux dont tout le monde doit pouvoir jouir sur notre territoire, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Savoir si nous allons installer un système de préférence nationale me paraît valoir une prise de position », justifie Jacques Toubon.
« Il faut que nous soyons nombreux le 21 pour faire en sorte de protéger les potentielles victimes de ce texte », espère Marine Tondelier. Il s’agit là d’un enjeu important « pour remettre des points de repères dans le débat public face à l’obsession ethnicisante d’une partie du monde politique », selon Dominique Sopo, président de SOS Racisme. D’où le mot d’ordre de la manifestation du 21 janvier : « Marchons pour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité ».
Secrétaire générale de la CGT, pour la nouvelle année 2024.
En 2023, la mobilisation contre la réforme des retraites a ramené le syndicalisme à sa place légitime, redonnant la voix aux travailleurs
Si Macron a imposé sa réforme par la force, ignorant le parlement, la rue et l'opinion, son mandat est maintenant entaché d’une grave faute politique et démocratique.
Pour détourner l’attention des questions sociales, il suit désormais l’agenda de l’extrême droite.
Cette tendance s’observe à l’échelle de la planète où les conflits armés se multiplient, les budgets militaires explosent. Aussi, la CGT tient à exprimer sa solidarité avec les peuples ukrainiens et Palestiniens actuellement sous les bombes.
Nous ne laisserons pas faire.
Les mots liberté, égalité et fraternité ne sont pas là pour décorer nos mairies.
La loi sur l’immigration rompt avec les principes républicains, instaurant la préférence nationale et remettant en cause le droit du sol, stigmatisant les étrangers et occultant leur contribution essentielle.
Les héros de la première ligne pendant la pandémie sont maintenant présentés comme des délinquants, une injustice que la CGT refuse d’accepter. La CGT combattra toujours le racisme et l’antisémitisme.
L’année 2024 sera donc celle de la résistance contre l’extrême droite et le pouvoir de l’argent.
Tout en polluant le plus, les plus riches bloquent toute transformation environnementale pour préserver leurs privilèges.
Ouvrir de nouvelles perspectives en s’organisant
Alors que cette année, le programme national de la résistance fête ses 80 ans, la CGT encourage à s’organiser pour répondre au défi environnemental et construire une société plus juste.
Des perspectives qui appellent à s’organiser avec la CGT pour reprendre le contrôle sur le travail et les conditions de vie.
D’Eurotunnel à Onet en passant par Grand Frais, Vertbaudet, ST Microelectronics, la grand hôtel du Carlton…Ces luttes ont permis de gagner des augmentations de salaires mais aussi et surtout de gagner la dignité et la solidarité sur nos lieux de travail.
« Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes » dit la chanson. En 2024, soufflons nous-mêmes notre forge, soyons tout.
En 2024, la CGT souhaite une année de paix, de justice, de solidarité et de lutte pour transformer le travail et atteindre un monde plus juste.
Nous publions cette “Lettre à M. Emmanuel Macron, président de la République française”, pétition ayant déjà recueilli 100 premiers signataires.
Monsieur le président,
C’est avec un sentiment d’horreur et de révolte que nous assistons à la poursuite acharnée du massacre à Gaza. Suite à l’attaque du Hamas, l’Etat d’Israël se livre à une véritable entreprise d’extermination des Palestiniens, dans la bande de Gaza mais aussi dans plusieurs lieux de Cisjordanie. Déjà plus de 20 000 morts, dont 9 000 enfants! Des camps de réfugiés, des écoles de l’ONU, des hôpitaux bombardés… Au prétexte de «traquer les terroristes», des journalistes, des poètes, des ingénieurs sont tués, parfois avec toute leur famille, lors d’attentats ciblés. C’est le peuple et l’élite de la société palestinienne que l’armée d’occupation israélienne cherche à décimer.
Gaza, qui était déjà depuis des années un ghetto, une prison à ciel ouvert, est maintenant un camp de concentration dont les habitants sont promis à la mort, violente ou lente, par la faim et la soif provoquées par la privation délibérée d’eau et d’alimentation!
Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous avons connu peu d’entreprises meurtrières telles que celle-ci. Il est sidérant de constater que des descendants des victimes du nazisme se comportent à leur tour aujourd’hui en génocidaires racistes pour qui les autres, les Palestiniens, ne sont que des «animaux» pour reprendre l’expression de plusieurs hauts responsables israéliens. Ils sont en train de détruire l’héritage spirituel et humaniste du peuple juif et entachent durablement son honneur.
Qu’il soit juif ou arabe, – donc sémite, aussi -, ou de tout autre origine, aucun d’entre nous ne peut être soupçonné d’antisémitisme et nous n’acceptons pas le détournement de langage, qui pour dédouaner un régime colonial d’apartheid, assimile antisionisme et antisémitisme. En vertu de cette confusion organisée, beaucoup d’intellectuels et de pacifistes juifs, en Israël et dans le monde, peuvent être et sont parfois traités d’antisémites.
Pour notre part, nous ne pouvons pas rester silencieux devant l’hypocrisie qui consiste à renvoyer dos à dos bourreaux et victimes. Oui nous pensons que Benjamin Netanyahu est un criminel de guerre et que son cas relève de la Cour Internationale de Justice!
Nous pensons qu’un peuple opprimé a le droit de résister et de s’insurger, et ne partageons pas pour autant l’idéologie ni les méthodes du groupe Hamas dont la stratégie s’avère désastreuse pour la population de Gaza… Mais en matière de terrorisme, l’État d’Israël bat tous les records. Devant la disproportion des armes et du nombre des victimes, nul ne peut invoquer un quelconque droit à la vengeance. Nous sommes bien loin de l’antique loi du talion.
Nul ne peut invoquer non plus le droit d’Israël à préserver sa sécurité. La «solution finale» que Netanyahu et son gouvernement sont en train de mettre en œuvre ne résoudra rien. Elle ne peut au contraire que nourrir la haine, la volonté de revanche et la violence. C’est son action qui pousse aujourd’hui la majorité de la population palestinienne dans les bras du Hamas.
Il n’y a pas d’avenir pour les juifs d’Israël, ni pour les Palestiniens, sans la cohabitation pacifique des uns avec les autres.
Il n’y a pas d’avenir et pas de paix sans justice, sans reconnaissance des droits du peuple palestinien, sans respect des résolutions de l’ONU.
En tant que président de la République française nous vous demandons d’user de toute votre autorité pour imposer un cessez-le-feu immédiat, l’organisation de secours d’urgence pour la population de Gaza, la reconstruction des maisons, des services publics de santé, d’éducation et la reprise du processus politique pour sortir enfin de ce conflit qui n’en finit pas et menace la paix du monde.
S’il y a une leçon, hélas prévisible, à tirer de la COP28, c’est bien la démonstration de la domination du monde par les stricts intérêts capitalistes. Pas question pour euxde sacrifier le moindre de leur profit immédiat au nom d’une vision de moyen ou long terme de l’intérêt de l’humanité.
C’est une réalité à ne pas oublier lorsqu’on aborde le lien entre préoccupations sociales et environnementales dans le monde du travail. La finalité et l’organisation du travail dans les entreprises sont décidées par ceux qui en détiennent la propriété. Les syndicats, les salariés n’ont de pouvoir que celui que leur donnent leurs luttes et les rapports de force qui en résultent. Ils et elles ne sont pas les décideurs.
Cette problématique a fait l’objet fin novembre d’un passionnant colloque organisé par l’Institut CGT d’histoire sociale et plusieurs laboratoires de recherches universitaires, sous le titre « Syndicalisme et environnement ».
Le mot environnement n’étant apparu que dans la deuxième moitié du XXe siècle, il convient d’examiner le contenu et la portée de l’action syndicale avec les mots correspondants aux périodes considérées. On s’aperçoit alors que c’est principalement par la préoccupation de la santé au travail, de l’hygiène et des conditions de travail que l’action syndicale a le plus souvent pris une dimension écologique, plus ou moins conscientisée.
Les syndicats ont conduit des luttes, souvent de très longue haleine, pour contraindre les industriels à modifier leurs systèmes de production, les rendre plus sûrs, moins dangereux, d’abord pour les salariés, et aussi souvent pour les populations.
Les luttes contre l’utilisation de l’amiante, du plomb, du phosphore et de nombre d’autres substances nocives auront mis des années avant de percer les murs du silence et de l’indifférencepour finir par contraindre les pouvoirs publics et les industriels à admettre de nouvelles normes plus respectueuses des vies humaines et de la nature.
Les syndicats ont eu aussi à faire preuve de pédagogie, de persévérance, pour sensibiliser leurs propres mandants à des questions décisives d’abord pour eux-mêmes, leur propre santé, leur espérance de vie. En obtenant de faire payer plus cher les patrons pour des travaux dangereux, ils les ont poussés à chercher des économies dans l’amélioration des systèmes de sécurité et de protection de la santé.
Quoi qu’il en soit, les choix industriels restent la chasse gardée des propriétaires du capital, tout comme l’organisation du travail. La leur disputer est un enjeu de luttes de haut niveau, qui suppose une capacité syndicale à voir loin tout en enracinant l’activité sur les préoccupations immédiates, afin d’intéresser et mobiliser le plus grand nombre. C’est là que le sujet de l’écologie doit se déployer, dans l’élaboration, avec les salariés, sur le lieu de travail, des revendications et des propositions syndicales.
Toute démarche plaquée de l’extérieur, ou portée seulement par les militants les plus politisés, est vouée à l’échec. De même, toute action syndicale qui ne s’élargirait pas à ce qui se passe hors de l’entreprise et ne confronterait pas le « vécu du dedans » avec le « vu du dehors » finirait dans une impasse. C’est de convergences et de mises en commun des informations et des compétences qu’il y a besoin. Le syndicalisme est au croisement de tous ces enjeux. Il a des responsabilités à la fois majeures et irremplaçables.
La tendance à la baisse de l’espérance de vie en bonne santé, si elle se poursuit, confirmerait le risque pointé par les organisations syndicales sur les conséquences du report de l’âge de départ.
Seulement voilà, pour la seconde fois depuis 2008, l’espérance de vie, sans incapacité, à partir de 65 ans a diminué en 2022. Selon une étude de la Direction des études et des statistiques des ministères sociaux (Drees), publiée ce vendredi, à 65 ans, les femmes peuvent espérer vivre 11,8 ans sans être limitées dans les activités de la vie quotidienne, et les hommes 10,2 ans.
Les femmes moins touchées
Soit une augmentation, depuis 2008, d’un an et 9 mois pour les femmes, et d’un an et six mois pour les hommes, détaille la Drees. Mais, alors que l’indicateur avait fortement augmenté en 2021 après un net recul l’année précédente lié au Covid, en 2022, « au sortir de la crise sanitaire, l’espérance de vie sans incapacité baisse et retrouve le niveau de 2020 ».
En 2021, année la plus récente pour laquelle ces données sont disponibles pour tous les pays européens, la France se situait au quatrième rang de l’Union européenne à 27 pour l’espérance de vie sans incapacité des hommes à 65 ans, avec un niveau au-dessus de la moyenne européenne (+1 an et 10 mois). Pour les femmes, la France se situe au troisième rang, là aussi au-dessus de la moyenne européenne (+2 ans et 8 mois).
Reste à savoir « si la baisse observée en 2022 est momentanée, effaçant l’évolution anormale observée en 2021 avant un retour aux évolutions usuelles observées avant la crise, ou si cette baisse se poursuit et marque une rupture dans la tendance de long terme de l’indicateur ». Une telle tendance confirmerait le risque pointé par les organisations syndicales : repousser l’âge de départ en retraite pèse sur l’espérance de vie en bonne santé.
En Seine-Saint-Denis, les enseignants réclament un plan d’urgence
En s’appuyant sur les résultats d’une enquête menée pendant plus d’un mois auprès des enseignants, l’intersyndicale éducation (CGT Éduc’Action, FSU, SUD éducation et CNT) a lancé jeudi soir une campagne pour en finir avec l’injustice scolaire qui frappe le département.
Sophie Binet, Benoît Teste et Simon Duteil réunis : si l’image n’est pas exceptionnelle, voir les leaders respectifs de la CGT, de la FSU et de Solidaires sur la même tribune, jeudi soir, avait un sens particulier.
« Ils sont ceux qui ont animé et fait vivre l’intersyndicale nationale pendant tout le mouvement contre la réforme des retraites, rappelle Louise Paternoster, cosecrétaire de la CGT Éduc’Action 93, donc c’est une excellente nouvelle pour nous qu’ils soient là. »
La bourse du travail de Bobigny a accueilli un meeting pour demander « un plan d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis », vingt-cinq ans précisément après le plan de rattrapage qui, en 1998, après une grande grève, avait permis d’arracher 3 000 postes pour le département.
« Notre constat de départ, reprend Marie-Hélène Plard, cosecrétaire de la FSU-Snuipp 93 (1er degré), c’est que, malgré ce qui avait été gagné en 1998, les conditions de travail et d’apprentissage se sont dégradées dans le département. » Mais par les temps qui courent, il ne suffit pas d’appuyer sur le bouton « grève » pour que celle-ci emporte tout sur son passage.
Un besoin estimé à 5 000 postes selon l’intersyndicale
Un questionnaire permettant à tous les enseignants de s’exprimer a donc été diffusé depuis début novembre dans tout le département : « L’idée était d’obtenir des chiffres précis, en phase avec la réalité du terrain, explique Louise Paternoster, et de susciter la discussion au sein des équipes. »
Ces chiffres sont édifiants. Surtout comparés aux annonces faites par Gabriel Attal, quelques heures avant le meeting. Pour mettre en œuvre les groupes de niveau, qu’il a annoncés le 5 octobre, le ministre de l’Éducation nationale revient sur une partie des 2 440 suppressions de postes prévues dans la loi de finances 2024.
Au final, il y aurait « seulement » 650 suppressions (au lieu de 1 709) dans le 1er degré, et 594 créations (au lieu de 484 suppressions) dans les lycées et collèges.
Or, selon l’enquête intersyndicale, la seule Seine-Saint-Denis a besoin de… 5 000 postes. « Mille postes de toute urgence en primaire, détaille Marie-Hélène Plard, avec 558 postes dédiés à la reconstruction des réseaux d’aide aux élèves en difficulté » (Rased), mis à mal par Jean-Michel Blanquer. Et 1 000 autres pour « une baisse générale des effectifs par classe et reconstituer les brigades de remplaçants », ajoute Zoé Butzbach, l’autre cosecrétaire de la CGT Éduc’Action 93.
Émilie Benoît, de SUD Éducation 93, reprend : « Nous avons également besoin de 1 000 postes en collège et 2 000 en lycée. » Et il ne s’agit que des postes d’enseignants : « Du côté du médico-social, reprend Émilie Benoît, 48 % des écoles n’ont pas d’infirmière scolaire, 25 % n’ont pas d’assistante sociale. »
Louise Paternoster énumère : « Cinquante pour cent des écoles sans médecine scolaire, 40 % des collèges, 35 % des lycées. Nous avons observé dans certains collèges que la perte de l’assistante sociale fait passer le taux d’élèves boursier de 45 % à 20 %… Cela pose un réel problème d’accès aux droits. » Surtout dans un département aux fragilités économiques et sociales reconnues – et encore signalées, en novembre, par le comité de suivi de l’évaluation de l’action de l’État dans le département, dont le coprésident, le député Stéphane Peu (PCF), était présent à Bobigny jeudi soir.
Un désastre pour les étudiants étrangers et les universités
Le 19 décembre, le gouvernement a ajouté l’acharnement à l’indignité en intégrant, dans un projet de loi relatif l’immigration, déjà catastrophiquement régressif, des mesures qui stigmatisent spécifiquement les étudiants étrangers : restriction d’accès aux APL, suppression de toute possibilité d’exonération des frais d’inscription, et surtout, exigence de dépôt d’une caution retour - laquelle jette sur tout parcours d’étude la suspicion infâme qu’il serait un prétexte à un séjour illégal en France.
Jadis, les étudiants étrangers étaient accueillis parce qu’ils participaient au rayonnement culturel et scientifique de la France, patrie des Lumières ; aujourd’hui pèse sur eux la suspicion de principe de choisir notre pays pour ses avantages sociaux.
Le sénateur Pierre Ouzoulias a qualifié cette méfiance, voire cette haine de l’autre, d’un symptôme d’une « nation qui se rabougrit ». Il le rappelle, « la France était le troisième pays d’accueil de ces étudiants, il n’est plus qu’au septième rang. Son déclassement va s’accélérer et ce gouvernement en sera responsable.
La loi immigration va considérablement freiner l’accueil des cerveaux dont nous avons tant besoin, en plus de complexifier inutilement nos relations diplomatiques » alors même que la France compte 300 000 étudiants internationaux, dont 25 000 doctorants internationaux, soit 1/3 des doctorants.
L’heure est au sursaut pour défendre une certaine idée du savoir, un savoir émancipateur qui bénéficie à tous, sans distinction de nationalité.
En faisant s’exprimer d’une même voix les présidents d’université contre la réforme, le gouvernement n’a pas seulement unifié la communauté universitaire contre lui, il a ajouté les représentants de ceux qui, enseignants, chercheurs, étudiants, feront le monde de demain, aux rangs de ceux qui dénoncent aujourd’hui un terrible basculement hors du champ républicain.