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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Un budget de la Sécu entre chasse à la fraude et faux-semblants

27 Septembre 2022, 11:35am

Publié par PCF Villepinte

Le gouvernement a présenté ses orientations à l’horizon 2023. Entre les économies et la traque des abus, le compte n’y est pas pour redresser l’hôpital public et rénover le système de soins.

Cécile Rousseau L'Humanité

 27 Septembre 2022

Un projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) dans l’ombre de la réforme des retraites. Alors que l’exécutif décidera en fin de semaine s’il inclut ou non la réforme dans les textes budgétaires, ce faux suspense en aurait presque fait oublier le contenu du PLFFS pour 2023.

Présenté hier lors d’une conférence de presse au ministère de l’Économie et des Finances comme «posant pierre par pierre la rénovation du système de santé», son objectif reste pourtant avant tout de continuer à résorber le fameux «trou» de la Sécu. Le déficit sera ainsi en forte baisse pour l’année prochaine, à hauteur de 6,8 milliards d’euros(contre 17,8 milliards en 2022). La croissance et une pandémie moins agressive ont certes aidé au redressement des comptes, mais les tours de passe-passe vont aussi bon train.

La facture du coronavirus

Si l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) est affiché en hausse de 3,7 %(hors crise) pour 2023, à hauteur de 244 milliards deuros, dans les faits sa trajectoire est bien en baisse de 0,8 % par rapport à 2022 si on y inclut le Covid. Tablant sur une accalmie hasardeuse de la crise sanitaire, seul 1 milliard d’euros est budgété pour régler la facture du coronavirus, contre 11 milliards l’année passée. Une provision qui «risque de se révéler très insuffisante», selon l’avis du Haut Conseil des finances publiques.

Alors que l’hôpital public est au bord de l’implosion, le PLFSS ne prévoit pas d’économies supplémentaires sur ce secteur, mais pas non plus de rallonge de moyens, outre la continuité du Ségur de la Santé, désormais décrié par une majorité de syndicats. Mais le ministère des Comptes publics précise que les directeurs d’hôpitaux sont toujours invités à continuer de serrer leur budget localement… Pour les Ehpad, en revanche, ce sont 3000 postes dinfirmiers et daides-soignants qui sont annoncés, avec un objectif de 50000 dici la fin du quinquennat, quand la mission El Khomri en préconisait, elle, 18000 dici 2024.

Des coups de rabot

Si le gouvernement a mis en avant quelques mesures positives, comme son action pour renforcer la prévention et les dépistages d’infections sexuellement transmissibles gratuits pour les moins de 26 ans, il n’a pas manqué de préciser certains coups de rabot. Les laboratoires pharmaceutiques devront faire un effort à hauteur de 1,1 milliard d’euros. Tout comme les laboratoires d’analyses médicales (250 millions), l’imagerie médicale (150 millions) et les complémentaires santé (150 millions).

Espérant gagner les voix des députés de droite au moment du vote du texte, la lutte contre la fraude sociale a été martelée dans ce PLFSS. L’exécutif veut augmenter de 10 % les fraudes à la Sécurité sociale détectées (1,5 milliard d’euros cette année). Pour y parvenir, il est prêt à sortir le bâton et donner des pouvoirs de police judiciaire à certains «agents de contrôle», ou encore à autoriser le partage dinformations avec les tribunaux de commerce.

Dans cette même lignée suspicieuse, Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, avait annoncé dimanche que les arrêts maladie délivrés en téléconsultation ne seront plus remboursés s’ils ne sont pas délivrés par le médecin traitant ou un généraliste consulté dans les 12derniers mois. Lintérim médical en sortie d’étude, qui a explosé à lhôpital compte tenu du manque de personnel, sera aussi interdit. Sans jamais préciser comment le gouvernement compte s’y prendre pour trouver d’autres renforts.

Quant à l’internat des médecins généralistes, il sera allongé d’un an, avec des stages hors de l’hôpital et «en priorité» dans les déserts médicaux, ce qui a suscité une forte inquiétude dans leurs rangs.

 

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Italie : la catastrophe italienne doit provoquer un sursaut à gauche en Europe

27 Septembre 2022, 11:25am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 26/09/2022 par PCF

Les résultats qui proviennent d’Italie indiquent que la coalition d'extrême-droite et de droite dominée par les néofascistes arrive en tête avec plus de 44 % des voix et pourra ainsi constituer une majorité au Parlement.

Presque 100 ans jour pour jour après l'arrivée au pouvoir de Mussolini, la droite fasciste italienne remporte les élections.

Ce résultat, dans un des pays fondateurs de l’UE, est un tournant politique pour toute l’Europe. Il montre l’ampleur de la crise européenne et italienne, tant sociale que politique et démocratique, et la profondeur des inégalités sociales et territoriales.

Par ailleurs, la droite conservatrice, en faisant le choix de s’allier avec l’extrême-droite, et en étant soutenue par la Confindistria, le patronat italien, porte une responsabilité historique dans cette catastrophe.

Ce bloc droitier a exacerbé le racisme et la xénophobie et dévoyé les colères. La situation difficile de la gauche depuis plusieurs années n’a pas permis l’émergence d’un bloc social et politique capable de s’opposer à la recomposition de la droite italienne sur des bases d’extrême-droite. Cela résonne tout particulièrement venant d’un pays tel que l’Italie, qui est depuis plusieurs décennies un laboratoire pour l'émergence d'un bloc droitier autoritaire, libéral, anti-démocratique et xénophobe partout en Europe.

Je réaffirme la solidarité des communistes français avec les forces de gauche et communistes, les syndicats, le mouvement social, le mouvement féministe, les défenseurs des droits des migrants et avec tous ceux qui en Italie s’apprêtent à lutter, pied à pied, contre cette majorité dominée par l'extrême-droite.

En Italie comme dans tous les autres pays européens où l’extrême-droite est en position de prendre le pouvoir, il est urgent de reconstruire la gauche, en lien avec le mouvement social et les revendications populaires, pour construire de nouvelles majorités sociales et politiques.

 

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,

 

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Les flous et les loups de la réforme des retraites

26 Septembre 2022, 08:00am

Publié par PCF Villepinte

Régressions

 Présenté ce matin en Conseil des ministres ou plus tard à l’Assemblée, le projet gouvernemental compte sur le recul de l’âge légal, l’augmentation de la durée de cotisation et la baisse des pensions pour sabrer dans les dépenses publiques.

Stéphane Guérard L'Humanité

Lundi 26 Septembre 2022

Bardos Florent/ABACA

Êtes-vous plutôt amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présenté ce lundi en Conseil des ministres? Ou plutôt amendement glissé à larrivée du texte au Parlement, le 20 octobre? À moins que vous ne préfériez un projet de loi plus global livré en début dannée?

Un peu comme si seul importait le choix de la couleur de l’emballage d’un fruit pourri, la réforme des retraites s’est cantonnée, ces quinze derniers jours, pour la Macronie à des palabres sans fin sur la meilleure façon de faire avaler aux Français le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, voire 65 ans. Ce mauvais feuilleton devait prendre fin avec la présentation du PLFSS ce lundi au Conseil des ministres. Il est parti pour jouer les prolongations.

Si les lumières de l’actualité se sont donc arrêtées sur ces atermoiements politiciens, elles n’ont que faiblement mis au jour l’ampleur des changements si la réforme était adoptée. Leurs premiers effets sont pourtant attendus rapidement, dès l’été 2023.

Âge de départ et trimestres cotisés, la double peine

Afin de diminuer rapidement les dépenses du régime général, le candidat Macron n’avait évoqué durant sa campagne qu’un seul levier: le recul de l’âge légal de départ, de 62 à 64 ans, voire 65 ans. «Cette mesure aurait dabord un effet psychologique, car elle parle à tout le monde. Et elle toucherait les gens qui pouvaient prétendre partir plus tôt car ils avaient commencé leur carrière très jeunes, ou ceux concernés par l’âge d’annulation de la décote», note Régis Mezzasalma, conseiller confédéral retraite à la CGT.

Mais ce seul paramètre ne devrait pas suffire aux pulsions de l’exécutif de tailler dans la dépense publique. Car le recul aux 64 ans ne ferait qu’entériner l’âge de départ effectif des Français. En 2020, les personnes ouvraient leurs droits à pension en moyenne à un peu plus de 62 ans. En 2040, ce sera 64 ans, réforme ou pas. Pour parvenir à ses fins austéritaires, le gouvernement dispose d’un autre levier: laugmentation du nombre de trimestres cotisés nécessaires pour obtenir une pension à taux plein.

Pour lheure, le gouvernement se limiterait à une accélération de la réforme Touraine de 2014. Mais rien n’indique qu’il n’ira pas plus loin. Ce tour de vis, toujours en cours, ajoute un trimestre cotisé toutes les trois générations: de 167 trimestres (41 ans et 9 mois de travail) demandés aux personnes nées entre 1958 et 1960 à 172 (43 ans) pour la classe 1973. Dans son rapport remis jeudi, le comité de suivi des retraites conseille à l’exécutif de hâter le mouvement pour des «effets financiers moins rapides (que le recul de l’âge légal – NDLR) mais plus durables».

Dans ce cadre, le jeu des décotes sera sanglant. Actuellement, une personne de 62 ans peut ouvrir ses droits. Mais sa pension est amputée en proportion des trimestres cotisés qui lui manquent. Les 64 ans ajoutent deux années de labeur supplémentaires. Aggraver les seuils de cotisation revient à repousser un peu plus encore l’accès aux droits, sous peine de décote. L’âge d’annulation de ces décotes est fixé à 67 ans. Le gouvernement va-t-il conserver ce curseur ou le reculer? Faudra-t-il attendre 68 ou 69 ans pour toucher une retraite non amputée? Rappelons que, selon lInsee, un quart des 5 % de Français les plus pauvres sont déjà décédés à l’âge de 62 ans.

Les carrières courtes et incomplètes les plus touchées

Les victimes de ces mesures paramétriques sont connues: les travailleurs avec des carrières courtes et/ou incomplètes, qui doivent déjà souvent attendre leurs 67 ans pour accéder à des droits minimaux. «Pour les femmes, cest la double peine, dénonce Sophie Binet, de l’Ugict-CGT. Elles, qui touchent en moyenne 25 % de salaire en moins que leurs collègues masculins à poste égal et qui ont des carrières courtes ou hachées, doivent déjà partir en retraite plus tard d’un an en moyenne que les hommes.

Et leurs pensions sont elles aussi en moyenne plus faibles de 42 %. Tout report de l’âge légal aggrave leur situation.» En cas de nouvel allongement de la durée de cotisation, c’est même la triple peine: une femme sur cinq est déjà contrainte dattendre 65 ans pour partir sans décote, contre un homme sur douze. Tout à sa réforme paramétrique, le gouvernement se garde d’évoquer des mesures de compensation: annulation de décotes, minima de pension dès 62 ans

La fausse promesse des 1100 euros minimum

Seule la promesse d’une retraite minimale à 1100 euros par mois suggérée par le candidat Macron pouvait enjoliver le tableau. «On ne la plus réentendue, pondère Michaël Zemmour, économiste spécialiste des retraites. Il s’agissait d’une garantie minimale pour les personnes ayant une carrière complète et pouvant prétendre à une pension à taux plein. Ce serait donc un progrès pour un petit nombre de personnes. Car 20 % des plus petites retraites ne disposent pas d’une carrière complète. Nombre de ces personnes avec une faible pension ne seraient donc pas concernées.»

Pour Régis Mezzasalma, ces 1100 euros relèvent du jeu de dupes. «Dune part, ils sont conditionnés aux économies réalisées par la réforme envisagée. Dautre part, il faut avoir 62 ans pour prétendre à la retraite minimum contributif de 980 euros par mois. Faudra-t-il attendre 64 ans, voire 65 ans, pour toucher cette retraite minimale de 1100 euros? Et si lon touche à la durée de cotisation, faudra-t-il disposer de 45 annuités au lieu des 43 aujourdhui pou r y avoir droit?»

Baisser les pensions et dynamiser le marché du travail

Autre dégât collatéral de la réforme Macron: le niveau de vie des retraités. «Le futur âge de départ représentera un âge de décrochage de pouvoir dachat, schématise Michaël Zemmour . Actuellement équivalent à celui des actifs, le niveau de vie des pensionnés va baisser autour de -20 %» entre la génération 1950 et celle de 2000. «La logique de cette nouvelle réforme est de poursuivre la baisse progressive du niveau de vie des retraités en ne touchant ni aux mesures déjà prises par les précédentes réformes ni à la hausse de la CSG sur les pensions lors du premier quinquennat», résume l’économiste Henri Sterdynyak.

De quoi pousser les 62, 63 et 64 ou 65 ans à rester en emploi. Pour Pierre-Yves Chanu, représentant de la CGT au Conseil d’orientation des retraites, ce travailler plus longtemps produira un autre effet attendu par l’exécutif comme le patronat. «Mettre un plus grand nombre de seniors en activité revient à augmenter la concurrence entre les travailleurs sur le marché du travail, donc à diminuer les salaires.»

Le faux nez des régimes spéciaux

Déjà visés lors de la tentative de réforme des retraites de 2019-2020, les régimes spéciaux demeurent ciblés. «Leur suppression faisait partie du programme du président. Elle reste donc dactualité», assure le ministre du Budget, Gabriel Attal, dans le JDD ce dimanche.

La mesure n’a aucun intérêt, dénonce Pierre-Yves Chanu. «Le gouvernement ne touchera pas aux petits régimes comme ceux des danseurs de lOpéra de Paris ou des avocats. Il compte mettre fin à ceux des agents de la RATP et des industries électriques et gazières, qui ne posent pourtant pas de problème financier puisqu’ils sont adossés à leurs branches et à des contributions tarifaires ou des taxes parafiscales. S’agit-il d’un appel du pied aux “Républicains” pour obtenir leur soutien?»

Régis Mezzasalma replace cette mesure dans le contexte global de la réforme: «Pour le gouvernement, il sagit de trouver des économies importantes sur le système des retraites afin de diminuer rapidement les dépenses publiques. Le fond est connu. Cest un choix de société: entre la société du mieux-être et celle du labeur à vie.»

 

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L’affaire PPDA, un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles ?

26 Septembre 2022, 07:47am

Publié par PCF Villepinte

Justice.

Une décision de la cour d’appel de Versailles pourrait permettre de reprendre l’enquête sur l’ex-présentateur du JT de TF1 Patrick Poivre d’Arvor en l’étendant à des faits prescrits. Une première en matière de violences sexuelles. Le livre d’Hélène Devynck et une nouvelle plainte relancent l’affaire.

Kareen Janselme L'Humanité

Lundi 26 Septembre 2022

Au printemps, vingt femmes sont venues témoigner sur le plateau de Mediapart. Collectivement, elles assument leurs accusations et leur solidarité. Sébastien Calvet/ Mediapart

 

L’affaire PPDA sera-t-elle celle qui fera changer le paradigme du traitement des violences sexuelles en France? Cinq ans après #MeToo, des dizaines de femmes veulent forcer l’écoute. Conscientes de sexposer, de se mettre en danger, elles témoignent depuis un an malgré les classements sans suite de leurs plaintes qui pourraient les faire taire. Elles sont prêtes à pousser les portes d’une justice qui a du mal à reconnaître les crimes sexuels en France, qui véhicule encore des préjugés sexistes et minimise l’ampleur des dégâts. En 2020, seul 0,6 % des viols déclarés par des personnes majeures ont fait l’objet d’une condamnation.

«Comme journaliste, jai raconté pendant plus de vingt ans tous les scandales de la Ve  République sans jamais voir poindre l’ombre du nez d’un avocat», raconte Hélène Devynck dans son livre Impunité (Seuil), paru vendredi dernier. «Depuis que je parle publiquement de ma propre vie, de mon intimité, tout ce que j’écris est relu et amendé par des spécialistes aguerris du droit, y compris ce livre.»

 Les violences sexuelles ont un traitement à part. Hélène Devynck sait que prendre la plume et accuser de viol celui dont elle était assistante en 1993 a un coût. Celui de l’opprobre social qui retombe systématiquement sur les plaignantes, mais pas seulement. «Cette parole-là, on la paie, je peux être attaquée pour ce que je dis», racontait-elle la semaine dernière dans l’émission la Grande Librairie sur France 5.

Et d’ailleurs, comme 16 des 23 personnes qui ont témoigné l’an dernier dans l’enquête préliminaire sur Patrick Poivre d’Arvor, elle est poursuivie par l’ex-présentateur du JT de 20 heures de TF1 pour «dénonciation calomnieuse». «Patrick Poivre dArvor est présumé innocent. Nous aussi», répond-elle, rappelant que «le tribunal médiatique» que dénonce l’ex-journaliste ne les épargne pas non plus.

les accusations se sont multipliées en un Effet boule de neige

Cette affaire emblématique éclate il y a un an. En février 2021, l’écrivaine Florence Porcel est la première femme à porter plainte contre Patrick Poivre d’Arvor. Seule, elle l’accuse de lui avoir imposé un rapport sexuel en 2004 et une fellation en 2009. Rapidement, d’autres personnes réagissent en déposant des plaintes pour viol, agression ou harcèlement sexuels, créant un effet boule de neige. Suivra une tribune dans le Monde.

Puis huit femmes à visage découvert feront la une de Libération, à l’automne 2021. Au printemps 2022, par un prompt renfort, elles se virent vingt réunies sur le plateau de Mediapart. Collectivement, elles assument leurs accusations et leur solidarité. Malgré les dénégations de Patrick Poivre d’Arvor, qui, par l’intermédiaire de ses avocats, continue de contester «toute violence, sexuelle ou non, à l’égard des femmes qui lont accusé». En juin 2021, en parallèle, l’enquête préliminaire qui avait recueilli 23 témoignages a été classée sans suite, en grande partie pour prescription des faits.

Mais Florence Porcel s’est obstinée. Malgré la décision du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) de classer l’affaire la concernant pour «insuffisance de preuves» , l’autrice a porté plainte pour viol avec constitution de partie civile, afin d’obtenir la saisine d’un juge d’instruction, et faire enquêter de nouveau sur les faits reprochés. Et cette fois-ci, comme le révélait l’AFP le 29 juillet 2022, l’enquête «a changé d’approche».

Les faits prescrits vont pouvoir être étudiés. En 2017, le délai de prescription pour un viol est passé de dix à vingt ans, mais cette loi n’est pas rétroactive. Les faits de 2004 dénoncés par Florence Porcel sont donc prescrits, mais pas ceux de 2009. Or, cet été, la cour d’appel de Versailles s’est appuyée sur la jurisprudence, notamment une décision de la Cour de cassation, pour demander aux magistrats instructeurs de revenir sur la prescription et réexaminer les faits. Une sérialité des faits pourrait être invoquée et permettre de reporter la date de la prescription. Une grande première en matière de violences sexuelles (voir page 4).

Cette prise en compte inattendue dans l’enquête permettra-t-elle de poursuivre l’ex-présentateur vedette de 74 ans, alors qu’une nouvelle plainte a été déposée contre lui la semaine dernière? Il faudra attendre pour le savoir. Mais déjà pointe lespoir de voir enfin évoluer la considération de ces questions.

De nombreuses avocates féministes dénoncent des dysfonctionnements propres à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles: le temps réduit daudition des plaignantes, labsence de prise en considération des psychotraumas, l’état de sidération qui saisit la majorité des victimes rarement compris par la police ou la justice.

L’absence de volonté politique, des moyens nécessaires pour former spécialement les magistrats, les experts, ou permettre de recueillir et analyser les preuves. Les plaintes sont étudiées séparément, rarement dans leur globalité, quand il s’agit d’un même auteur désigné par plusieurs victimes. Pourquoi la justice a-t-elle autant de mal à imaginer qu’un agresseur peut l’être en série quand cela est envisagé sans mal pour d’autres crimes et délits?

Une série de témoignages que la justice n’a pas voulu analyser comme un ensemble

«Quand vous regardez larticle sur le viol de Diderot et dAlembert dans l’Encyclopédie, il est très clairement écrit qu’une femme qui n’a pas résisté n’est pas acceptable pour déposer plainte, analyse la juriste Catherine Le Magueresse. La femme porte la responsabilité de l’agression: si elle ne voulait vraiment pas, ça ne se serait pas passé. On pense que cest de lhistoire ancienne, mais ça reste complètement inscrit dans nos perceptions. Le droit n’a jamais fait l’analyse profonde de sa construction.»

La société non plus. C’est ce qu’écrit Hélène Devynck en se demandant pourquoi la direction de TF1 ne l’a pas protégée, alors que les invitations de jeunes femmes à venir assister au journal de 20 heures de PPDA sur le plateau étaient connues et régulières. Le fameux «coup du plateau» qu’elles sont nombreuses à décrire. «L’énormité tranquille de la misogynie prépare nos viols», affirme l’autrice, et plus loin: «Les hommes violent parce qu’ils le peuvent.»

S’appuyant sur l’analyse de nombreuses autrices, Hélène Devynck rappelle comment les inégalités de genre nourrissent le continuum de violences auquel chaque femme est exposée au travail, dans la rue, chez soi. «Plus lhomme est puissant, plus on lui octroie de “crédit de consentement”», remarque-t-elle, réinterrogeant la place du pouvoir assis sur la domination patriarcale dans la société, les médias, la politique. Mais dès mardi dernier, avant même la parution de son texte, l’avocat de Patrick Poivre d’Arvor, Me Philippe Naepels, a déclaré à l’AFP qu’Hélène Devynck «répondra (du livre) devant un juge, à linstar de toutes ces fausses victimes». Notre rédaction a tenté de joindre la défense du présentateur, qui n’a pas réagi.

Vendredi dernier, jour du lancement officiel , Hélène Devynck présentait son ouvrage dans une librairie parisienne. Dans la vitrine d’exposition, Impunité côtoyait Cher connard, de Virginie Despentes, et Moi aussi, de la sociologue Irène Théry. À l’intérieur, l’ancienne journaliste a rapidement donné la parole aux amies, aux plaignantes, c’est-à-dire à toutes celles qui ont marqué les pages de son récit choral.

Toutes lui ont donné leur consentement quant à la publication de leur histoire. Une série de témoignages que la justice n’a jusqu’ici pas voulu analyser comme un ensemble. «Hélène, cest nos mots», ont-elles pudiquement résumé. Les lecteurs voulant assister à la présentation publique ont vite saisi l’intimité d’un tel événement. Presque gênés de participer à ces échanges précieux, émouvants, qui célébraient celle qui, ce soir-là, les représentait tous.

Une sororité palpable, généreuse, qui avait attiré une avocate engagée contre les violences sexuelles, éditeurs, porte-parole féministes, amis, proches, famille, auteurs et autrices comme Camille Kouchner, dont le livre la Familia grande a permis de faire bouger les textes législatifs pour condamner l’inceste. Autour de ce nouvel écrit, une communauté hétérogène s’est resserrée ce soir-là, laissant ouvrir les bouches sans peur, laissant exprimer les traumas, mais surtout essayant de créer collectivement une réponse pour changer un ordre des choses, renverser le poids de la culpabilité, renverser la charge de la honte.

 

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Italie. « L’héritage empoisonné du fascisme perdure »

26 Septembre 2022, 07:40am

Publié par PCF Villepinte

Grand historien du fascisme, Mimmo Franzinelli démonte l’imposture de la banalisation de l’extrême droite, en mettant en lumière les continuités dans la police, la magistrature et la presse entre régime fasciste et démocratie, de l’après-guerre jusqu’à aujourd’hui. ENTRETIEN

Thomas Lemahieu L'Humanité 

Dimanche 25 Septembre 2022

© Miguel Medina/ AFP

Bologne (Italie), envoyé spécial

En Italie, une page a été tournée, et un chapitre, clos, mais non, le fascisme ne s’est pas achevé à la Libération, le 25 avril 1945. À travers son livre (1) paru au printemps dans une collection montée par de jeunes historiens pour intervenir dans un débat public toujours plus empoisonné en Italie (Fact Checking aux éditions Laterza), leur aîné, Mimmo Franzinelli, l’un des meilleurs spécialistes du fascisme, décrit la continuité entretenue et organisée, juste après la guerre mais bien au-delà, pendant les décennies ultérieures, entre le régime mussolinien et une démocratie au sein de laquelle ses ramifications ont, en réalité, pu prospérer…

L’enjeu est important, tant le déni impose sa loi dans la mémoire collective, comme l’illustrent, pour le pire, les élections qui se sont déroulées ce dimanche dans la Péninsule.

Comment comprendre que l’Italie paraît n’en avoir jamais fini avec le fascisme ?

Le fascisme, en Italie, ce n’est pas une parenthèse qui se serait ouverte et refermée: il n’est pas venu, comme tombé du ciel, et reparti, disparu du jour au lendemain. Même s’il a trouvé des expansions en Allemagne, en Espagne ou ailleurs, c’est en Italie qu’est son berceau et qu’il reste enraciné en profondeur. Après la Marche sur Rome, en octobre 1922, la dictature fasciste a duré plus de vingt ans.

Deux décennies sans la moindre place pour l’opposition, deux décennies de propagande dédiée au nationalisme exacerbé et au culte de la personnalité. Quand tout s’effondre avec la guerre - et la guerre n’est pas un accident de parcours, c’est le débouché naturel du fascisme -, les ramifications perdurent après la Libération. L’hérédité est évidente dans le Mouvement social italien (MSI) dont le logo renvoie directement à Benito Mussolini: il représente la tombe du Duce avec la flamme tricolore.

Et ce symbole demeure, comme chacun peut le constater, sur les matériel électoral de Frères d’Italie, le parti dirigé par Giorgia Meloni ! Mais ça n’est pas tout car, dans l’après-guerre, tous les journalistes, ou presque, qui avaient participé à la propagande mussolinienne restent en place: l’opinion publique est conditionnée par leur vision bénie-oui-oui et nostalgique, celle d’un Mussolini débonnaire, d’un régime petit-bourgeois et d’une Italie qui, au fond, n’allait pas si mal.

Passés de la presse fasciste à la presse démocratique, les dirigeants des grands journaux veulent bien reconnaître que le chef avait quelques vices d’un dictateur, mais en même temps, prétendent-ils, c’était une bonne pâte, pleine d’humanité ! Cette vision pénètre les esprits d’une part significative de l’opinion, et elle persiste aujourd’hui dans une sorte de mythologie totalement falsificatrice…

Les ramifications sont également structurelles: dans votre livre, vous décrivez méticuleusement les parcours de nombreux magistrats, policiers, dirigeants des hautes administration qui ont pu passer sans heurts du service pour le régime fasciste à celui pour la République italienne. Parmi tous ceux-ci, un personnage emblématique se détache: Marcello Guida. Qui est-ce ?

Marcello Guida peut effectivement être considéré comme la personnification des milliers de fonctionnaires qui ont servi le régime mussolinien, embrassant souvent des carrières au plus haut niveau, avant de continuer leurs parcours dans les institutions de la démocratie. En l’occurrence, Guida devient, très jeune, à la fin des années 1930, le directeur d’une colonie pénitentiaire, Ventotene, sur une île au large du Latium. Il était chargé de la répression de centaines d’antifascistes, et il l’a fait, avec cruauté, refusant notamment d’accorder des soins aux malades de la tuberculose, jusqu’à les laisser mourir…

Dans les années après la Libération, Marcello Guida est bien aidé par le climat de la Guerre froide: les gouvernements centristes voient d’un bon œil la perspective de récupérer des fonctionnaires ayant contribué au régime fasciste. Lui, comme tant d’autres au sommet de la police, de la magistrature, des forces armées, continue une carrière remarquable, et cela le portera, au fil des décennies, à devenir questeur (chef de la police, NDLR) à Turin pendant les révoltes ouvrières de la Fiat dans les années 1960.

À l’époque, il sera même payé en pots-de-vin par les patrons de l’entreprise, la famille Agnelli, pour réprimer le mouvement. Ensuite, à Milan, lors de « l’automne chaud » de 1969, quand les actions terroristes néofascistes commencent, le 12 décembre, avec l’attentat de la Piazza Fontana, Marcello Guida joue un rôle décisif pour brouiller les pistes: c’est lui qui présente l’assassinat du cheminot anarchiste Giuseppe Pinelli - jeté par la fenêtre du quatrième étage de la questure de Milan, où il était détenu illégalement - comme un suicide.

Par cette manœuvre, il protège les fascistes et expose à la Une des médias des « monstres anarchistes ». Cette thèse finit par s’effondrer grâce au travail de quelques journalistes. Et à ce moment-là, Guida, subitement devenu infréquentable, est mis à la retraite… Attention, ceci dit, je voudrais rappeler qu’en France, vous avez eu des profils du même genre: pensez à Maurice Papon en particulier !

Oui, bien sûr, mais comme vous le rappelez dans votre travail, entre les collaborateurs français et les fascistes italiens, l’ampleur du recyclage n’est peut-être pas la même ?

Oui, dans un autre livre consacré à ce qu’on appelle « l’amnistie Togliatti », en Italie, du nom du dirigeant du Parti communiste italien qui fut, à la Libération, ministre de la Justice, je relève les différences énormes qui existent dans l’épuration entre la France et l’Italie. En Italie, l’épuration a été une sorte de farce, alors qu’en France ou en Belgique, ça a été pris bien plus au sérieux…

En Italie, écrivez-vous, « les épurateurs n’ont jamais été épurés »…

Oui, voilà.

Le droit lui-même contient encore des éléments hérités de la dictature mussolinienne… Avec l’affaire Vincenzo Vecchi, un jeune manifestant contre le G8 de Gênes en 2001, réfugié en France et menacé d’extradition aujourd’hui après une condamnation à une peine de 12 ans de prison sur la base d’un délit émanant directement du fascisme (« dévastation et pillage »), on voit bien comment des éléments du Code pénal mis au point pendant les deux décennies de régime mussolinien par le ministre Alfredo Rocco perdurent. Comment est-ce possible ? 

Le Code Rocco est resté en vigueur en Italie jusqu’en 1989. Et cette persistance pose de sérieuses interrogations sur la conscience, appelons-la comme ça, de la classe dirigeante antifasciste pendant les décennies après la Libération. Au niveau juridique, dans les textes de loi essentiels, elle n’a jamais tourné la page résolument, mais elle a, au contraire, utilisé une part des lois répressives datant du fascisme pour ses propres activités de gouvernement.

A la sortie de la guerre, vous pointez un renversement qui paraît s’être accentué au fil du temps: d’un côté, les nazifascistes, engagés dans la république de Salò (République sociale italienne, RSI) de Mussolini après 1943, finissent par être reconnus comme « combattants légitimes », tandis que les partisans sont, eux, persécutés et poursuivis… 

C’est la période des procès à la Résistance qui s’ouvre pour plusieurs années, après les élections parlementaires le 18 avril 1948. À ce moment-là, la magistrature, les forces de police et de gendarmerie s’emparent des épisodes sanglants survenus entre 1943 et 1945, et dans la presse dominante, cela permet une interprétation des refrains contre la gauche et les communistes. Des centaines de partisans sont arrêtés, d’autres doivent s’enfuir vers la Yougoslavie ou vers la Tchécoslovaquie pour ne pas être emprisonnés.

Ces procès servent à donner, dans le cadre de la nouvelle République, une image dégradée de la Résistance. Et cela, alors que, dans le même temps et en dehors d’une petite dizaine de cas, la magistrature militaire escamote des centaines et des centaines de dossiers sur des crimes de guerre nazifascistes (massacres dans des villages, exécutions sommaires, etc.) afin de ne pas perturber l’opinion publique italienne, au moment où la République fédérale allemande est intégrée dans le pacte atlantique. Cela donne une situation où tous les feux sont braqués sur des exactions commises par les résistants, tandis que les massacres nazifascistes sont camouflés par la justice elle-même…

Aujourd’hui, ces représentations paraissent s’être largement imposées en Italie où il n’est pas rare de mettre un signe d’égalité entre fascistes et Résistants en matière de barbarie… Comment contrecarrer ce sens devenu commun ?

Je suis d’accord, il y a des lieux communs qui n’ont aucune vérité d’un point de vue factuel. Une part des intellectuels ont participé à ériger une « légende noire » décrivant des persécutions de fascistes après la Libération. Cela a été très accentué au fil des décennies. Et moi, je démontre, faits à l’appui, que ça n’a pas été comme ça. Cette assimilation obscène dans la barbarie n’explique toutefois pas tout…

Dans le passé, il y a eu une sorte de rhétorique antifasciste qui dépeignait la dictature de Mussolini comme un événement impliquant peu de gens et imposé à un peuple réticent. Ce qui était une manière de nier les racines profondes du fascisme, et cela s’est révélé absolument délétère. Je dois tout de même souligner une évolution réconfortante: ces dernières années, il y a une nouvelle génération d’historiens - on peut citer Carlo Greppi, Francesco Filippi et Eric Gobetti - qui ont, avec une conscience civique très développée, pris de front cette « légende noire » pour contester toutes ces visions erronées. Il y a désormais en Italie une production historiographique qui est très importante et qui a, sans doute, beaucoup manqué dans le passé…

Comment cette « dérive de la mémoire » a-t-elle pu se produire avec les résultats que l’on voit aujourd’hui en Italie ?

Vaste question! Et c’est sûr que des journalistes comme Giampaolo Pansa ont joué un rôle fondamental dans la vulgate renvoyant dos à dos fascistes et résistants (lire notre entretien avec le collectif Nicoletta Bourbaki dans l’Humanité du 22 août)… Mais puisque nous parlons de l’information, moi, j’aimerais regretter une forme d’inattention des journalistes. En Italie, ils ont vraiment la mémoire courte. Je prends un exemple qui s’est passé ces derniers jours.

Aux funérailles d’un fasciste à Milan, Romano La Russa, adjoint dans le gouvernement régional de Lombardie, a multiplié les saluts fascistes devant le cercueil. Or, son frère, le député Ignazio La Russa qui est l’un des très proches de Giorgia Meloni, la dirigeante de Frères d’Italie, a pris ses distances avec ce geste, en le grondant… Et dans les médias, tout le monde a évoqué ces reproches.

Mais les journalistes italiens, ils ne devraient pas avoir oublié que, lors d’autres funérailles, celles du terroriste fasciste Nico Azzi - un personnage important qui avait voulu mettre une bombe dans un train en 1973, mais qui, par sa maladresse, la fait exploser, se blesse et est arrêté, avec en poche un exemplaire du quotidien d’extrême gauche, Lotta Continua, qu’il aurait dû laisser, comme une signature, dans ce train pour orienter les enquêtes de ce côté-là -, ce même Ignazio La Russa s’était livré à une série de saluts fascistes…

Eh bien voilà, ça, c’est le personnel politique qui gravite autour de Giorgia Meloni. C’est un fait, ce n’est pas mon interprétation ! Mais malheureusement, dans le débat politique, personne ne rétablit les faits en opposant aux paroles de La Russa sa solidarité directe avec un terroriste! 

Mais une fois qu’on a réussi à désigner, comme le font les médias dominants en Italie, la coalition rassemblant deux formations d’extrême droite (Frères d’Italie et Ligue) comme « centre-droit » et que les milieux d’affaires les plébiscitent, le niveau d’alarme face à la menace s’abaisse considérablement, non?

Oui, il y a une question qui est désormais de vocabulaire, d’étiquettes. Les fascistes sont effectivement présentés comme le « centre-droit », ce qui est une manière de les rendre propres. En revanche, on utilise le terme de « gauche » pour parler d’Enrico Letta, par exemple, le dirigeant du Parti démocrate (PD). C’est un brave gars, pas de doute, mais pour moi, toute son histoire fait de lui un centriste.

Quand le centre-gauche est désigné comme la « gauche » et que la droite radicale néofasciste apparaît comme une droite respectable, ces glissements dans la langue produisent des effets non négligeables… Mais on s’habitue à ce long empoisonnement de l’information. Ce qui est évidemment très grave.

Dans votre livre, vous rappelez que Giorgia Meloni se présente comme la fille spirituelle de Giorgio Almirante, l’homme qui a dirigé, pendant près de 40 ans, le parti néofasciste (MSI) fondé après la Libération. Qu’est-ce que cela signifie ?

Meloni a émergé comme jeune activiste politique au sein du MSI. En soi, on ne peut pas dire que c’est une faute. Mais son chemin, son évolution politique ont été linéaires. Elle n’a jamais renié son passé. Elle est entourée de conseillers qui sont évidemment fascistes. Je parlais d’Ignazio La Russa, mais on peut aussi évoquer l’eurodéputé Carlo Fidanza.

Son insistance sur Giorgio Almirante est un signe évident: elle présente comme un simple « patriote » un des pires fascistes qui soit, engagé dans la bataille raciste, avec les lois antisémites, entre 1938 et 1945, et qui, ensuite, s’est inséré dans la politique italienne comme protagoniste de premier plan du MSI mussolinien, avec sa double stratégie qui alternait la matraque et le costume deux-pièces, entre la violence politique et la respectabilité parlementaire.

D’un point de vue personnel, je pense que Giorgia Meloni a, en réalité, une consistance politique proche de zéro. Elle hurle, elle gagne. C’est comme ça en Italie: pendant une brève période, celui ou celle qui hurle remporte la mise. On l’a vu avec Beppe Grillo et son mouvement des 5 Etoiles…

Mon pronostic, c’est donc qu’après sa percée, Giorgia Meloni laissera assez vite de marbre les Italiens. Sur le versant autoritaire, je trouve ainsi bien plus inquiétant encore Matteo Salvini qui a l’obsession de reprendre le poste de ministre de l’Intérieur et donc de la police. C’est extrêmement dangereux.

J’ai suivi toute cette campagne électorale avec un certain accablement. Ce qui est démoralisant, c’est que, dans la gauche, il y a eu une acceptation que Meloni se présente depuis un mois au moins comme celle qui a gagné l’élection. Cela me semble une attitude préoccupante pour la démocratie. Le centre-gauche, à commencer par Enrico Letta, a considéré le résultat comme joué d’avance. Ce qui est un paradoxe car cela signifie accepter de perdre sans même avoir commencé le match!

Le fascisme ne reviendra pas sous la forme du régime mussolinien, c’est évident. Mais, comme le démontre l’assaut contre la CGIL à l’automne 2021 fomenté par des militants du groupe Forza Nuova, sur fond de mobilisations contre les restrictions anti-Covid, il peut survenir notamment dans des manifestations de « squadrisme », ces descentes organisées par des milices paramilitaires contre des adversaires et des minorités… Cela vous préoccupe-t-il?

Une des caractéristiques fondamentales du fascisme a toujours été de disqualifier ses opposants politiques en les traitant non pas comme antifascistes mais comme des éléments « anti-nationaux », subversifs, anti-patriotes. Par exemple, les exilés politiques ne sont pas qualifiés comme des « exilés » parce que le terme a une dignité, mais comme des « fugitifs ».

Aujourd’hui, ce qui m’inquiète, c’est moins le squadrisme des matraques et des barres de fer que le squadrisme verbal et idéologique, répandu chez Salvini et Meloni… Ils ne peuvent concevoir une démocratie dans laquelle l’opposition ait pleinement voix au chapitre et droit à la citoyenneté. Pour eux, ceux qui ne sont pas d’accord, qui s’opposent, sont des éléments antipatriotiques. Cette manière de refuser absolument toute dignité à l’opposition demeure, à mes yeux, l’héritage le plus empoisonné du fascisme. Et je suis convaincu que Meloni et ses alliés vont l’endosser, d’une manière ou d’une autre.

(1) Mimmo Franzinelli, « Il fascismo è finito il 25 aprile 1945 » (« Le fascisme s’est terminé le 25 avril 1945 »), Éditions Laterza, Bari-Rome, 14 euros (non traduit).

 

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Anamnèse(s)

24 Septembre 2022, 06:58am

Publié par PCF Villepinte

La sale guerre de Poutine et l’incroyable cabriole des temps.

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Bascule. 

«L’inhumanité infligée à un autre détruit l’humanité en moi», écrivait Kant. Sept mois après le déclenchement de la sale guerre de Poutine en Ukraine, et comme nous le pensions à l’époque, il est peu d’affirmer à quel point cet événement a chamboulé l’ordre du monde et avec lui bien des consciences. Le chaos du fer et du feu a semé la mort – et la mobilisation, cette semaine, de 300000 réservistes afin de renforcer les troupes dans lest du pays envahi ne présage rien de bon.

Aujourdhui encore, les mots ne traduisent qu’imparfaitement notre durable sidération et nos colères conjuguées, tandis que le retour de l’Histoire par sa face la plus tragique, au cœur de l’Europe, continue d’essaimer sa puissance noire. Tout aura donc fonctionné comme un point de bascule considérable, une sorte de tournant historique que certains jugent désormais aussi important, sinon plus, que le 11 septembre 2001, modifiant durablement certains paradigmes: singulièrement le primat du «politique». Les imaginaires ont bougé, les représentations aussi, sans doute les mentalités. La pandémie avait écrasé les corsets budgétaires; la guerre redessine les équilibres géopolitiques.

Réel. 

Or, la géopolitique s’avère impitoyable dès que se manifestent des signes de faiblesse. Vladimir Poutine ne peut que le constater, tandis que ses troupes viennent d’essuyer une série de revers cuisants, contraintes même à la retraite dans la région de Kharkiv sous la pression de la contre-offensive des troupes ukrainiennes. Bien que le sort des armes soit loin d’être tranché – jusqu’où ira la Russie dans son odieux chantage au nucléaire? – la mauvaise passe que traverse Moscou isole Poutine, comme nous avons pu le constater durant le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, la semaine dernière.

Le «soutien» du président chinois, Xi Jinping, y fut pour le moins modeste. Le retour au réel peut être brutal. Car, après sept mois de conflit, et quels que furent ses buts de guerre et les raisons héritées du récent passé pour en expliquer les «ressorts», Poutine aura réussi à obtenir, en un temps ­record et au prix de milliers de morts et de destructions effrayantes, des résultats à l’opposé de ce qu’il imaginait assurément. 

L’énumération en dit long. A-t-il divisé l’Europe? Non. A-t-il éloigné l’Ukraine de l’UE? Non. A-t-il renforcé le sentiment «russe» sur les territoires conquis? Non. A-t-il tué dans l’œuf le nationalisme ukrainien? Non. A-t-il hâté la fin de l’Otan? Non, tout au contraire, il a réussi l’exploit de relancer les sirènes de l’atlantisme. Enfin, Poutine a mis son pays au ban de la communauté internationale pour un temps long. Sans parler de l’ampleur des sanctions, qui étranglent le peuple russe et, par ricochet et autres représailles «énergétiques», les peuples européens.

Primat

Avec le recul, le soutien assez inconditionnel à l’Ukraine témoigne, surtout, de ce que nos peuples ne veulent pas d’une Europe sans nations. Voici le continent, qui se rêvait en vaste supermarché insouciant et postnational, rattrapé par l’Histoire, dont le tragique est ­l’ingrédient essentiel et le levain. Comme un retour contraint ­à la mémoire du passé vécu et oublié ou refoulé: l’anamnèse.

Beaucoup de nos dirigeants ont longtemps négligé le fait que cette conscience «spirituelle», mais d’abord historique, porte en elle une responsabilité politique. Ils assistent, en acteurs, volontairement ou non, au grand retournement occasionné par cette incroyable cabriole des temps.

Revenir, au fond, au primat du primat du politique. Quelles que soient les conséquences économiques. Le bousculement-­basculement que nous vivons ne présage pourtant pas de notre ­à-venir. ­Le meilleur ou le pire peut surgir. Comme l’écrivait Gramsci: «Du côté de la restauration de l’ancien ou au contraire du côté du nouveau, du côté de la révolution.»

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 23 septembre 2022.]

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Pourquoi la CGT passe son tour pour la marche du 16 octobre

24 Septembre 2022, 06:52am

Publié par PCF Villepinte

Mobilisations. À la suite des refus de Force ouvrière, Solidaires ou de la FSU de participer au 16 octobre, Philippe Martinez a aussi pris position. Il considère que la journée de grève et de manifestation du 29 septembre affiche des mots d’ordre plus clairs et des modes d’action plus efficaces. Les organisateurs de la marche nationale appellent le syndicat à poursuivre les réflexions communes.

Stéphane Guérard L'Humanité

Vendredi 23 Septembre 2022

AFP

Philippe Martinez a devancé l’appel. Sans attendre le prochain rendez-vous du 4 octobre des organisateurs de la «marche contre la vie chère et linaction climatique», le secrétaire général de la CGT a annoncé que son syndicat ne participera pas au défilé du 16 octobre.

Une prise de position entendue par les partis de gauche et associations citoyennes et environnementales, parties prenantes ou non de cette initiative, qui appellent à poursuivre les discussions pour de futures mobilisations.

Pour le leader de la CGT, la priorité demeure la journée interprofessionnelle sur les salaires, initiée par sa confédération, la FSU, Solidaires et par des organisations de jeunesse. «Il faut réussir la mobilisation du 29. Et nous avons besoin de mots dordre clairs. Il est question dune “marche contre la vie chère”, à laquelle on a ajouté “contre l’inaction climatique” pour des questions d’élargissement de cette manifestation. Les mots d’ordre doivent être plus offensifs», a-t-il expliqué sur LCI.

À la suite des refus de Force ouvrière, Solidaires ou de la FSU de participer au 16 octobre, Philippe Martinez réaffirme l’autonomie de l’action syndicale. «Nous acceptons les soutiens politiques. Mais, de tout temps, l’action collective et notamment la grève ont été les meilleurs moyens de pression pour obtenir la satisfaction de nos revendications», pointe le responsable syndical, qui doute par ailleurs de la capacité matérielle des non-Parisiens à participer à la marche nationale de mi-octobre dans les rues de la capitale.

Prochain point d’étape entre partis et syndicats : le 4 octobre

Pour Aurélie Trouvé, députée FI, l’absence du syndicat ne remet pas en cause l’action du 16 octobre. «On avait bien dit que nous soutenions toutes les autres initiatives et que cette marche était complémentaire. Mais, en l’état, aucune autre initiative prévue un dimanche n’est annoncée pour permettre la participation du plus grand nombre. Or, des attaques extrêmement violentes vont arriver sur les retraites, l’assurance-chômage… On ne bougera pas les choses que depuis l’Assemblée nationale. Ça passera aussi par la rue.»

L’élue insoumise donne rendez-vous à la CGT au prochain point d’étape, prévu le 4 octobre entre partis, syndicats et associations, sur les mobilisations. Idem pour Hélène Hardy, d’EELV, qui relève la difficulté d’établir «des liens entre, dun côté, la recherche des syndicats de gains concrets, sur les salaires comme sur les conditions de travail ; de lautre côté, la recherche de solutions plus globales portées par les mouvements politiques.

Or, les revendications salariales et la lutte contre l’inactivité climatique avec la taxe sur les superprofits constituent les deux faces d’une même réponse à la vie chère. Le rapprochement entre partis et syndicats est un mouvement lent, qui ne se limitera pas au 16 octobre».

Christian Picquet voit lui aussi plus loin. Pour le membre du PCF qui «nappelle pas en l’état à la marche du 16 octobre, rien ne peut se faire sans le succès des mobilisations du 29. Des réunions vont avoir lieu ensuite. Il faut tout faire pour appeler les partenaires de la Nupes et les participants au 16 octobre à un rassemblement plus large, sans aucun préalable sur les revendications et les formes de participation.»

 

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Santé. Au cœur de la mobilisation parisienne avec les soignants

24 Septembre 2022, 06:46am

Publié par PCF Villepinte

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Une table longue de 2,56 km pour un record d'humanité en Seine-Saint-Denis

22 Septembre 2022, 14:06pm

Publié par PCF Villepinte

La plus grande table nappée du monde est le pari fou de l’artiste Yvan Loiseau qui a proposé aux habitants de Saint-Denis et d’ailleurs, de venir fêter la convivialité et le partage en déjeunant sur une même table, reliant Saint-Ouen à Saint-Denis.

Franck Cartelet L'Humanité

Lundi 19 Septembre 2022

À table ! Ce dimanche 18 septembre, le record du monde de la plus grande table nappée du monde a été battu. C’est le projet de l’artiste dionysien Yvan Loiseau, qui travaille depuis deux ans sur cette manifestation, qui avait pour objectif de créer du lien et de la fraternité entre les habitants issus de la seine-Saint-Denis.

Cette idée a germé dans la tête de l'artiste : « À l'heure de l'hyper individualisme, remettre le collectif au centre de nos vies, je trouve que ça a beaucoup de sens et ça fait du bien ».

Partager avec ses voisins de tablée

Le principe est simple. Les gourmets s’approprient la table avec leurs couverts et un plat de leur choix, à partager avec ses voisins de tablée. Et vu la richesse culturelle de la Seine-Saint-Denis, on vous laisse imaginer la diversité des plats du monde entier à déguster. Ce sont aussi 19 restaurateurs qui ont joué le jeu afin de faire déguster et découvrir gratuitement leur cuisine.

L’évènement a également organisé de nombreuses animations : des concerts, des débats, mais aussi des espaces dédiés aux jeux de société et aux activités sportives.

Dimension sociale

Ainsi, la célèbre dictée géante portée par Rachid Santaki, a rassemblé de nombreux participants de tous les âges. Une discipline qui comporte une véritable dimension sociale avec l'accès à la lecture et à l'écriture au plus grand nombre.

"La dictée, c'est un cliché, un peu comme la banlieue. On a l'impression que c'est avec le prof et le coup de règle sur les doigts mais pas du tout, tout dépend comment on l'anime. Maintenant, la dictée est un enjeu car nous sommes hyper connectés et on ne se pose plus de questions », souligne Rachid Santaki.

Les participants ont pu aussi rencontrer la compagnie de danse contemporaine DCA (Diversité, Camaraderie, Agilité) qui a organisé des épreuves sportives insolites comme une course de lenteur, le slalom à l'envers ou encore le lancer d'avion en papier.

Une envie de rencontre

À Saint-Ouen, c'est le débat « La solidarité, une arme de construction massive ? » qui capte toute l'attention des promeneurs avec la participation de Cédric Herrou, militant en faveur de l'aide humanitaire aux réfugiés.

« On voit qu'il y a une envie de rencontre et ça dépasse la question des migrants. Le micro a vraiment tourné avec une envie de discussion et d'échanges. Je crois que c'est ça faire société, c'est faire solidarité », conclut l'agriculteur.

 

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Poutine place l’Europe sous la menace nucléaire

22 Septembre 2022, 13:59pm

Publié par PCF Villepinte

ACTU

Dans une allocution télévisée, mercredi matin, le président russe a décrété la mobilisation partielle de 300000 réservistes. Pire, il promet dutiliser tous les moyens à sa disposition pour «protéger la Russie». Une escalade meurtrière qui provoque de fortes réactions parmi les citoyens du pays. ANALYSE

Vadim Kamenka L'HumanitéJeudi 22 Septembre 2022

Saint-Pétersbourg, le 20 septembre. Un panneau d’affichage promeut le service militaire : «Servir la Russie est un vrai travail.» © Olga Malteseva/AFP

En pleine Journée internationale de la paix, la menace nucléaire a été clairement posée. En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, Vladimir Poutine a tenu un discours des plus inquiétant, mercredi matin. Près de sept mois après sa déclaration d’invasion de l’Ukraine, le 24 février, le président russe a de nouveau privilégié une intervention télévisée enregistrée pour exprimer une forme d’adresse aux dirigeants occidentaux.

Dès le début de son message à la nation, ce dernier a annoncé avoir signé un décret pour une «mobilisation militaire partielle» entrant en vigueur immédiatement afin de remplir les objectifs de son «opération militaire spéciale» en Ukraine. Cela concerne «les citoyens qui se trouvent sur les listes des réserves () et surtout tous ceux qui ont une expérience militaire pertinente», a précisé le dirigeant.

Sur le site ce matin, je constate que nombre de légendes n'ont pas été exportées . Etrange ????]

Cette mobilisation des Russes en âge de combattre implique près de 300000 personnes. Dans son discours, le président russe joue sur la fibre patriotique, évoquant la «souveraineté» et l’ «intégrité territoriale» afin d’assurer «la sécurité de notre peuple et des peuples dans les territoires libérés». Il a également condamné «lobjectif de lOccident» qui «est de détruire la Russie», après avoir «réussi à briser lURSS».

 «Nous avons cherché des solutions pacifiques mais lOccident les a rejetées», a-t-il ajouté. Face à ces menaces, Vladimir Poutine précise qu’il ne s’agit pas d’ «un bluff» et avertit: «Notre pays dispose également de moyens de destruction divers () et plus modernes que ceux des pays de lOtan. Et si lintégrité territoriale de notre pays est menacée, nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple.»

Le danger nucléaire est donc clairement réaffirmé. Cette nouvelle escalade de la part de Moscou a débuté avec l’avancée des troupes ukrainiennes, ces dernières semaines, et les garanties de sécurité proposées par les principales puissances occidentales à Kiev. Les revers militaires essuyés par la Russie sur le terrain ont hâté la mise en place de référendums dans les territoires du sud et l’est de l’Ukraine.

 Il s’agit notamment de Kherson, Zaporijjia et des deux Républiques autoproclamées de Donetsk (DNR) et Lougansk (LNR). La question «Approuvez-vous lentrée de la DNR au sein de la Russie en tant que sujet de la Fédération?» sera ainsi posée à lensemble des citoyens vivant dans ces zones sous contrôle russe, du 23 au 27 septembre. Sur place, comme à Donetsk, les sentiments alternent entrent espoir dun meilleur sort et inquiétude face à des combats incessants et de plus en plus violents.

En  Russie, la peur domine et la colère pointe

Cette fuite en avant confirme que les faucons, qui ont appelé «  à frapper des infrastructures et des centres de décision sur tout le territoire ukrainien», gagnent en influence au sein du pouvoir. Ces référendums interpellent aussi bien sur la légalité que sur l’objectif d’une telle initiative. Car ce scrutin pourrait déboucher sur un tournant majeur dans le conflit. «Au regard des accords de sécurité, de leur entrée dans la Fédération de Russie, Moscou s’autorise le droit de déclencher une réponse militaire beaucoup plus dure et justifiable auprès de son opinion», analyse un journaliste russe.

En Russie, dans les grandes villes, l’inquiétude et la sidération l’emportent parmi la population. «La peur domine. Mes amis, ma famille, mes voisins sinterrogent sur les risques de voir leurs enfants, petits-enfants être mobilisés. Passé cette inquiétude, une forme de colère pointe. Si la crainte d’être arrêté, incarcéré ou de subir de lourdes amendes empêche encore de grandes protestations, le basculement est possible. Avec les premiers réservistes envoyés au front et les morts, une réactio n violente de la société n’est pas à exclure», estime Youri, un habitant de Saint-Pétersbourg. Même phénomène dans les régions et villes limitrophes du conflit, qui subissent depuis 211 jours la réalité de la guerre, à la différence de la majorité du pays .

«Il y a une véritable lassitude face à ce conflit et à lescalade promise. Tout louest du pays se trouve en première ligne. L’opposition y est réelle. Les gens n’acceptent plus cette fuite en avant», constate un pacifiste russe. Une pétition en ligne contre la mobilisation a recueilli plus de 200000 signatures en quelques heures, le 21 septembre. Les vols directs depuis la Russie à destination de la Turquie, de l’Arménie et de l’Asie centrale ont été pris d’assaut et affichaient tous complet, mercredi et jeudi.

Alors que des bombardements russes ont principalement visé Kharkiv, mercredi, dans la capitale ukrainienne, les habitants eux espèrent d’autres victoires. Tania, qui vit à Kiev, reste persuadée que «récupérer nos territoires demeure la priorité. La menace nucléaire? Je ne peux lenvisager. Cest un moyen de nous faire peur». Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a expliqué dans une interview à la chaîne allemande Bild TV: «Nous ne pouvons pas accepter ce genre de compromission» et ne pas croire à l’utilisation de telles armes. Sans quoi, ajoute-t-il, «demain, Poutine pourra dire: Nous voulons une partie de la Pologne en plus de l’Ukraine, sinon nous utiliserons des armes nucléaires”».

la Chine a appelé au cessez-le-feu

À l’Assemblée générale de l’ONU, une forme d’unanimité se dégageait parmi les Occidentaux. Les réponses diplomatiques émanant des ministres des Affaires étrangères et de la Défense britannique, états-unien et européens ont évoqué «l’échec de linvasion russe», «un nouveau signe de son désarroi» ou un «aveu de faiblesse». Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a qualifié la mobilisation partielle et l’annonce de référendums d’ «actes de désespoir». Quant au secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, qui a quand même souligné la «rhétorique nucléaire dangereuse» du président russe, il a affirmé: «Nous continuerons à soutenir l’Ukraine.»

L’engrenage qui pousse au bord du gouffre n’a suscité que peu de réactions. Principal partenaire de la Russie depuis le début de l’invasion, la Chine a appelé au cessez-le-feu et au respect de l’intégrité territoriale des États. Washington a pour sa part déclaré prendre cette menace «au sérieux». Sur la chaîne ABC, John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a précisé: «Nous surveillons du mieux que nous le pouvons leur posture stratégique, de manière à pouvoir changer la nôtre si besoin.» 

Rien sur le danger nucléaire, l’élargissement continu de l’Otan à l’est qui font des États-Unis un des acteurs clefs de cette crise. Le président Joe Biden a lancé: « Il est impossible de gagner une guerre nucléaire », lors de son discours à l’ONU. Certes, mais ne serait-il pas temps de stopper cette fuite en avant inquiétante? «Vladimir Poutine sest enfermé dans une escalade avec les Occidentaux dont il ne peut plus sortir. Dans lincapacité davouer son échec, il procède à une surenchère meurtrière», avait déjà alerté l’historien et spécialiste des relations internationales Andreï Gratchev, en mars. Six mois plus tard, quelle est la priorité des Nations unies et de l’Europe? Le président de la campagne pour la paix, le désarmement et la sécurité, Joseph Gerson, a tenu à rappeler: «Dans cette nouvelle guerre froide 2.0, nous pouvons forcer les puissances en place à trouver un compromis» (voir l’Humanité du 21 septembre). Espérons qu’il ne soit pas trop tard.

 

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