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Les armes nucléaires ne garantissent pas la paix

21 Septembre 2022, 07:56am

Publié par PCF Villepinte

La Journée internationale de la paix, organisée ce mercredi, intervient en pleine guerre en Ukraine sur fond de menace nucléaire. Le désarmement demeure l’unique solution. Vingt  voix lancent un appel dans l’Humanité pour défendre la paix.

Vadim Kamenka L'Humanité Mardi 20 Septembre 2022

© Roland Nivet

Deux cent dix jours que la Russie a envahi l’Ukraine. Les mobilisations à l’occasion de la Journée internationale de la paix, ce 21 septembre,   voient leur importance accrue dans ce contexte. « La guerre est une chambre obscure, sans lumière. Une fois la porte ouverte, on ne sait pas ce qu’il y a derrière », avertissait, à la Fête de l’Humanité, le général Dominique Trinquand.

La responsabilité de Vladimir Poutine dans ce basculement majeur du XXIe siècle, et ses crimes de guerre, ne souffre aucune contestation. Au bout de sept mois, après des dizaines de milliers de morts, Kiev a obtenu d’importantes victoires militaires, notamment dans la région de Lougansk.

Depuis, le spectre d’une nouvelle guerre mondiale et de frappes nucléaires précipite le monde vers un gouffre jamais connu depuis la crise des missiles de Cuba en octobre 1962. L’ancien président Dmitri Medvedev a prétendu être, la semaine dernière, dans un «prologue à la troisième guerre mondiale», tandis que Kiev rendait public un projet de traité international sur des «garanties de sécurité» que devraient octroyer à lUkraine les principales puissances occidentales.

LA COEXISTENCE N’EST PAS UNE PARMI PLUSIEURS OPTIONS ACCEPTABLES, ELLE EST LA SEULE CHANCE DE SURVIE.WILLY BRANDT

Face à ces menaces planétaires, les États-Unis, l’Union européenne et l’Otan ont fait le choix d’affaiblir militairement la Russie et de remporter cette guerre par procuration. «Mais que se passera-t-il quand larmée conventionnelle russe se sentira acculée?» interroge Francis Wurtz.

Le député honoraire européen cite en réponse les propos du général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre: «La question en stratégie est toujours de savoir comment va réagir lautre. Poutine va monter dans les gammes, et il ny a pas dautre possibilité que daller frapper avec le nucléaire, dabord en Ukraine, sûrement, et possiblement ailleurs par la suite. (…) Je suis très inquiet. (…) Cette guerre doit s’arrêter!»

Bien avant ce conflit, les budgets militaires n’ont jamais cessé de croître (1000 milliards de dollars de dépenses darmements pour les pays de lOtan). Les traités de désarmement signés entre États-Unis et Russie ont été abandonnés. Seul l’accord bilatéral New Start, sur la réduction des armes stratégiques entre les deux principales puissances nucléaires, a été prolongé en 2021 pour cinq ans. Pour Hiroshi Taka, responsable d’une organisation japonaise pour l’abolition de ces armes de destruction massive, «la guerre a brisé toute illusion selon laquelle les armes nucléaires servent de garantie de sécurité”. La seule vraie garantie contre leur utilisation est leur élimination».

C’est dans ce contexte que s’est ouverte, mardi, la 77e Assemblée générale de l’ONU, à New York. La majorité des États regardent inquiets la menace nucléaire. Une forme d’agacement pointe parmi de nombreux pays sur le peu de médiatisation et de considération vis-à-vis d’autres conflits.

Dans son discours à Oslo, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt soulignait déjà, à l’occasion de la remise de son prix Nobel de la paix en 1971: «Sous la menace dune autodestruction de lhumanité, la coexistence est devenue la question de l’existence elle-même. La coexistence n’est pas une parmi plusieurs options acceptables, elle est la seule chance de survie.»

 

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Un Plan Vélo encore très loin du milliard par an nécessaire

21 Septembre 2022, 07:53am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 20/09/2022 par PCF

La France accuse un retard énorme en matière d’infrastructures cyclables et est un des pays les plus à la traine en Europe. Un comble pour le pays du tour de France.

Pour rattraper ce retard, il faudrait construire au plus vite un réseau de 100 000 kilomètres de voies cyclables. Pendant la campagne présidentielle, Fabien Roussel a détaillé la proposition du PCF : un budget annuel de 1 milliard de l’Etat pour le Plan Vélo.

 

Le gouvernement vient d’annoncer un budget 2023 de 250 millions pour le Plan Vélo. Un budget en croissance par rapport aux 100 millions de 2022, mais qui reste encore très insuffisant. Il faut absolument faire plus, beaucoup plus. L’urgence climatique est là. Il faut agir.

Le PCF demande également que pour les investissements utiles pour lutter contre le dérèglement climatique comme les infrastructures cyclables, les collectivités n’aient pas à fournir une part de financement minimale de 30% comme l’impose le Code Général des Collectivités Locales. Nous demandons que cette part puisse être ramenée à 0 pour que toutes les collectivités en grosse difficulté financière, et elles sont nombreuses, puissent construire des voies cyclables. Cette réforme est indispensable.


La France investit trop peu dans les infrastructures cyclables, comme elle investit malheureusement pas assez dans le rail et les transports publics. Le PCF demande que le budget de l’AFITF passe de 3 milliards par an à 12 milliards par an.

Assez de ce sous-investissement dans les modes de transport peu polluants !

 

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Face à la montée de l’extrême droite, l’heure de vérité pour la gauche

21 Septembre 2022, 07:44am

Publié par PCF Villepinte

 

Les élections du 11 septembre en Suède et les résultats probables des élections italiennes le 25 septembre prochain montrent, s’il en était encore besoin, qu’il est minuit moins une en Europe.

Ceux qui portent le nom orwellien de « Démocrates de Suède », anciennement dénommés « Parti du Reich du Nord », non seulement arrivent en deuxième position, avec 20,5 % des voix, mais encore sont en mesure de dicter au nouveau gouvernement libéral-conservateur minoritaire ses principales orientations.

L’Italie, n’est pas en reste avec les « Fratelli d’Italia », dont la cheffe Giorgia Meloni vient de rendre hommage à Giorgio Almirante, inspirateur des lois antisémites de 1938. Ils se présentent comme l’aile marchante de la coalition de droite qui est en mesure de l’emporter. Cela rejoint la situation dans d’autres pays européens : Espagne, partie flamande de la Belgique, dans une moindre mesure le Portugal, où l’extrême droite est en position ascendante.

Bien sûr, les médiations politiques qui assurent à l’extrême droite la possibilité de se placer au cœur de la vie politique diffèrent d’un contexte national à l’autre. Mais des points communs structurels, qui sont ceux de la crise européenne, se dessinent.

En premier lieu, preuve est faite qu’il ne faut ni sous-estimer, ni amoindrir le projet politique nauséabond ni sa force de frappe dans les sociétés européennes secouées par des crises multiples. Nous avons affaire à des partis racistes, xénophobes et antidémocratiques dont les racines historiques plongent dans les fascismes européens et plus globalement dans ce que Zeev Sternhell désignaient sous le terme d’« Anti-Lumières ».

Les caractériser avec le terme de « populiste » ne rend pas compte de la réalité de leur objectif, qui implique à la fois refondation des sociétés sur des bases racistes, en exacerbant les paniques identitaires et les peurs, et écrasement de tout projet d’émancipation. Giorgia Meloni s’enorgueillit ainsi de mettre en avant le tryptique « Dieu, famille, patrie ». Et les Démocrates de Suède, qui défendent la « Suède aux Suédois », ont un projet proche de celui du RN français de « priorité nationale ».

Ils accusent les immigrés de tous les maux du pays, dans un pays champion d’Europe des règlements de compte armés, même si la criminalité est globalement moindre aujourd’hui que dans les années 80-90. En outre, l’extrême droite est candidate au pouvoir et se met dans les dispositions de le conquérir et de l’exercer. L’extrême droite suédoise a de ce point de vue tiré les leçons de l’échec de sa consœur danoise, naguère puissante, qui est désormais en perte de vitesse faute, entre autres, d’avoir su se dépêtrer avec la question du pouvoir. Elle s’inspire davantage du « Parti des Finlandais » qui a déjà participé ou soutenu des gouvernements de droite.

La Suède, comme l’Italie, sont structurellement marquée par une crise de régime aiguë et prolongée, même si sa traduction politique diffère. Nicos Poulantzas avait pointé l’importance de l’absence de projet politique cohérent lié à une formation de classe ou à des institutions stables comme terreau du fascisme. Le gouvernement de Draghi n’est soudé par aucun projet commun à part l’utilisation des fonds européens.

L’instabilité politique de la Suède depuis la crise de 2008 s’est renforcée lors de la dernière période en forçant les sociaux-démocrates à gouverner avec une partie de la droite, ce qui a accéléré la dérive de la direction de la social-démocratie suédoise vers le centre et a fait de la Suède le pays de l’OCDE où les inégalités ont le plus augmenté en trente ans, et où la crise du logement et du secteur de la santé sont extrêmement douloureuses.

À cela il faut ajouter ces derniers temps la crise de l’énergie. La Suède, du fait de l’absurdité néolibérale du marché européen de l’énergie, est contrainte d’exporter de l’énergie pour atteindre l’équilibre des prix. Cela a conduit à l’explosion des tarifs de l’énergie, en particulier dans le sud du pays, où l’extrême droite est bien implantée.

Dans ce contexte, les recompositions internes au bloc bourgeois s’accélèrent. En Italie, la « coalition de centre-droit » (autre appellation orwellienne) sous la direction de l’extrême droite est l’aboutissement d’un processus commencé par Berlusconi dans les années 1990 sur le tas de fumier laissé par la démocratie-chrétienne corrompue et pourrissante.

En Suède, les directions politiques de la bourgeoisie ont opéré deux ruptures majeures : celle d’en finir avec deux cents ans de neutralité en saisissant la guerre en Ukraine et la vacuité et faiblesse politiques des sociaux-démocrates comme des opportunités pour faire adhérer le pays à l’OTAN ; et celle d’opérer un mouvement en direction de l’extrême droite. C’est ainsi que la présidente du parti du Centre, Annie Lööf, a déclaré que toute politique de gauche et toute alliance avec la gauche était impossible, accommodant ainsi à la sauce suédoise « plutôt Hitler que le Front populaire ».

Et que dire d’Anders Borg, du parti dit des « Modérés » et ancien ministre des Finances, qui dit aujourd’hui que « sur les questions cruciales de l’immigration, de la politique budgétaire, de l’écologie et les investissements, je ne pense pas que les différences [avec l’extrême droite] soient si énormes » ?

On assiste donc à un double mouvement qui permet à l’extrême droite de prendre l’hégémonie sur la droite : d’une part la radicalisation d’une partie significative du bloc bourgeois qui cherche là de nouvelles coordonnées pour se stabiliser, et d’autre part la nécessité pour l’extrême droite, désireuse d’accéder au pouvoir, de passer pour ce faire des compromis avec le capital. L’évolution du positionnement d’une grande partie de l’extrême droite envers l’UE et l’OTAN en est la manifestation ; même si les coordonnées de ce compromis peuvent être instables, comme on peut le voir dans les tensions internes à la coalition de la droite et de l’extrême droite italienne entre « Fratelli d’Italia » et la Lega de Salvini.

Enfin, la crise et les défaites de la gauche et du mouvement ouvrier font prospérer l’extrême droite. La gauche italienne ne s’est jamais remise des échecs des gouvernements sociaux-démocrates. Si elle a pu regagner dernièrement une petite représentation parlementaire, les instabilités des coalitions, les rivalités entre petites organisations et entre personnes, et, pour certaines, un projet marqué par le « populisme de gauche », ne lui ont pas permis de sortir de sa crise.

Le mouvement social et les syndicats ont porté le mouvement ouvrier italien mais celui-ci demeure pour le moment orphelin d’une représentation politique stabilisée dans la durée. En Suède, l’accentuation de l’orientation centriste du gouvernement social-démocrate a laissé un espace politique non comblé. Le Parti de gauche, membre du groupe The Left au Parlement européen, a reculé lors de ces élections législatives (passant de 8% à 6,75% et de 28 à 24 députés sur 349) en obtenant ses meilleurs résultats en milieu urbain, dans les trois plus grandes villes du pays, Stockholm, Malmö et Göteborg. Il a cependant essayé de mettre en œuvre une stratégie orientée vers la « ceinture de rouille », les anciennes régions industrielles.

Il faut donc relever que le Parti de gauche se pose la question du bloc social aux intérêts desquels la gauche doit répondre, à savoir non seulement les couches moyennes urbaines, mais également les classes populaires des anciennes régions industrielles voire des régions rurales. S’il n’en pas récolté les fruits lors de ces élections, il sera intéressant de voir comment un tel redéploiement va pouvoir se concrétiser lors de la période politique qui s’ouvre en Suède. Et ce d’autant plus que des mouvements sont perceptibles au sein des syndicats, historiquement liés à la social-démocratie, mais dont certains milieux manifestent désormais des ouvertures sur sa gauche.

Cela pose l’ampleur des défis pour la gauche européenne, face à l’émergence d’un bloc droitier, afin d’assurer l’émergence d’une perspective majoritaire, sociale et politique, et l’unité de notre camp social et politique, la gauche, sur des bases permettant d’ouvrir des brèches dans la logique capitaliste.

Ces défis sont de trois ordres : celui du bloc social sur lequel construire une majorité, celui du contenu politique permettant de rendre crédible une perspective de rupture sociale et démocratique, et celui de l’outil politique à utiliser dans cet objectif et du front unique à construire. Les réponses à ces défis ne sont pas immédiates. Elles demandent une élaboration commune et des vérifications dans le mouvement politique et social concret. Mais elles sont d’un haut niveau. Aussi haut que ne l’est le niveau des futures confrontations sociales et politiques.

Il est minuit moins une. Pas encore minuit.

Vincent Boulet
membre de la commission des Relations internationales

 

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« Faisons du 21 septembre une grande journée de mobilisation pour la Paix »

20 Septembre 2022, 16:17pm

Publié par PCF Villepinte

Le collectif national des marches pour la paix, qui regroupe plus de 200 organisations, lance un appel pour réussir, dans le contexte de la guerre en Ukraine, la journée internationale instaurée par l’ONU depuis 1981.

L'Humanité Naïm Sakhi Lundi 19 Septembre 2022

© Geoffroy Van Der Hasselt / AFP

« L’affirmation de la paix est le plus grand des combats», assurait Jean Jaurès. Cette citation du fondateur de L’Humanité résonne avec force alors que l’année 2022 est durablement marquée par le conflit en Ukraine.

Après plus de six mois d’affrontements, l’invasion Russe s’enlise, laissant derrière elle son flot de victimes civiles et de perturbations économiques impactant l’ensemble des pays, notamment sur le prix des hydrocarbures. « Les dirigeants européens et états-uniens ont la responsabilité de trouver les moyens d’ouvrir un processus politique de négociations, rappelle le Mouvement de la paix.

 Ce sera difficile mais elle est la seule issue possible à cette guerre, comme cela a été le cas dans tous les conflits passés». L’organisation pacifiste, aux côtés d’un collectif regroupant 200 autres mouvements, partis (dont le PCF, la FI et EELV) et syndicats, a d’ailleurs lancé un appel pour faire de la journée internationale de la Paix du 21 septembre 2022 «  une grande journée de mobilisation».

«  C’est le moment de faire entendre nos exigences en faveur de la paix, du climat, du respect de la planète, du désarmement nucléaire, de la justice sociale, du vivre ensemble en paix, de l’amitié entre les peuples et les individus, écrivent les signataires du collectif des marches pour la paix. Non à une économie de guerre, oui à la satisfaction des besoins sociaux».

La guerre en Ukraine, et plus largement les 37 conflits en cours sur le globe, n’est pas sans conséquences sur le réarmement des pays. « La reprise de la course aux armements y compris nucléaires atteint 2100 milliards de dollars par an», alerte le Mouvement de la paix. 

«Nous appelons la France à agir pour une solution diplomatique, seule solution pour mettre un terme aux souffrances humaines qu’engendre la guerre et écarter le risque d’utilisation d’armes de destruction massive et d’armes nucléaires et celui d’une extension du conflit qui pourrait déboucher sur une nouvelle guerre mondiale», a également déclaré ce week-end le PCF, partie prenante de l’initiative de mercredi pour laquelle il invite à la mobilisation la plus large.

«  Les gouvernements se préparent à la guerre. Les villes, elles doivent faire vivre la paix», mesure aussi le maire PCF de Grigny (Essonne). Philippe Rio, également président de l’association des Maires pour la Paix, s’y emploie à l’année, au travers d’un «  plan local de culture de paix», notamment à destination des jeunes. « La paix est un projet politique.

Sans elle, il n’y a pas de droits. Et dans les villes populaires cela veut dire pas de droits à l’emploi, à l’éducation…», assure l’édile dont la commune multipliera les initiatives. D’une une soirée des lanternes «  en hommage aux victimes des guerres» ce mercredi à une initiative d’éducation populaire en présence de l’ambassadrice de Palestine en France, Hala Abou-Hassira.

À l’instar de Grigny, ce sont - de Paris (18 heures place de la République) à Marseille (17h30 place Bargemon) - des dizaines de manifestations et rassemblements qui seront organisés mercredi sur l’ensemble du territoire, la plupart recensé sur le site 21septembre.org.

 

 

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Dans une lettre ouverte, Madeleine Riffaud dénonce la grande misère de l'hôpital

20 Septembre 2022, 10:20am

Publié par PCF Villepinte

Au début du mois de septembre, la résistante et ancienne journaliste de l'Humanité, Madeleine Riffaud, 98 ans, a vécu un calvaire à l’Hôpital Lariboisière. Elle a été laissé seule sur un brancard sans manger pendant 24 heures. Dans cette tribune à l’intention de Nicolas Revel, directeur de l’APHP, elle dénonce l’état révoltant de l’hôpital public.

Madeleine Riffaud L'Humanité Mardi 20 Septembre 2022

Partout en France, les services d’urgences sont débordés, comme ici, au centre hospitalier d’Alençon, dans l’Orne. © P. Forget/Saga Photo

Il y a deux semaines, j’ai dû me rendre aux urgences pour un examen important dû à un covid long, variant omicron.

Le SAMU m’a emmenée à l’hôpital Lariboisière, à midi et demi, le dimanche 4 septembre pour examens. Je me suis retrouvée couchée au milieu de malades qui hurlaient de douleur, de rage, d’abandon, que sais-je. Et les infirmières couraient là-dedans, débordées… Elles distribuaient des « J’arrive ! » et des « ça marche ! » « J’arrive, j’arrive ! ». Mais personne n’arrivait. Jamais.

Nul doute que leur vocation est réduite en charpie

Moi-même, j’ai mis douze heures pour obtenir la moitié d’un verre d’une eau douteuse. Tiède. Je suis restée 24 heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man’s land. C’était Kafka.

Rendez-vous compte : je suis aveugle. Je sentais parfois qu’on emportait mon brancard, que je traversais une cour, peut-être ? Il faisait plus froid, c’est tout ce que je peux dire. Et puis on m’a laissée là, sans aucune affaire, sans moyen de communication avec mes proches (qu’on ne prévenait d’ailleurs pas de l’évolution de la situation, seul le docteur Christophe Prudhomme a pu avoir quelques nouvelles, je le remercie ici).

Étais-je dans un couloir ? Dans une salle commune ? Au bout d’un moment, j’ai vraiment cru que je devenais folle. Ah, si j’avais eu un appareil photo comme quand j’étais reporter de guerre… Si j’avais pu voir ce que j’entendais… Dès l’arrivée à l’hôpital, mon ambulance est passée devant des gens d’une absolue pauvreté, qui se plaignaient à grands cris d’avoir été refoulés.

Drogue ? Misère sociale ? 

Ceux-là n’ont même pas été admis dans « le service-porte », la foire aux malades, l’antichambre de l’hôpital par où l’on accède aux urgences. Les infirmières, qui n’ont déjà pas assez de temps à consacrer aux malades admis entre les murs, les voient forcément quand elles vont prendre leur service.

Nul doute que leur vocation est réduite en charpie depuis longtemps. D’où les « Ça marche », les « J’arrive. » J’ai entendu ça toute la nuit.

Les infirmières et aides-soignants, je les connais bien, j’ai vécu parmi eux, je sais qu’elles auraient éperdument voulu arriver à s’occuper de chacun… Et surtout que l’hôpital marche.

Le lendemain après-midi, l’hôpital n’ayant pas de lit disponible pour moi, on m’a transférée dans une clinique privée, sans jamais avoir prévenu mes proches. J’étais la troisième âme errante que cette clinique réceptionnait ce jour-là.

Hôpital d’il y a 50 ans ou hôpital ultramoderne, les problèmes sont toujours les mêmes

J’avais déjà fait une enquête de l’intérieur en 1974, en m’engageant incognito comme aide-soignante dans un service de chirurgie cardio-vasculaire d’un hôpital parisien. J’avais aussi travaillé au SAMU dans le service du professeur Huguenard à l’hôpital Mondor. De cette immersion, j’ai publié le livre “Les linges de la nuit” qui s’est vendu à près d’un million d’exemplaires en 1974 (réédité chez Michel Laffont en 2021).

Hôpital d’il y a cinquante ans ou hôpital ultramoderne, les problèmes sont toujours les mêmes : manque de personnel qualifié, manque de crédit, l’écart se creuse entre la technique de la médecine de pointe et les moyens mis à sa disposition.

Après la sortie du livre, j’avais rencontré le directeur de l’Assistance Publique dans un face à face télévisé. Nous étions tombés d’accord sur tous les points ! Tout le monde est d’accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas.

Nous avions été nombreux, au cours des années, à témoigner sur l’état lamentable de la santé. Durant tout ce temps, aucun dirigeant n’a voulu entendre. Si la pandémie de 2020 a changé quelque chose, c’est en mal : le personnel est épuisé. L’état les a tous abandonnés, soignants comme malades.

Ma mésaventure, c’est une histoire quotidienne dans l’hôpital en France.

Mon sort est celui de millions de Parisiens et de Français.

Ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais demandé de passe-droit de toute ma vie. Mon âge n’y change rien. Mais j’ai remarqué qu’il était presque une circonstance aggravante, et ce pour deux raisons :

On pensait que j’étais trop vieille pour que ça vaille la peine de me soigner (réflexe pris lors de l’épidémie de covid ?)

Dès que je parlais, on se disait que j’étais gâteuse et on pensait d’emblée que je racontais n’importe quoi… alors pas la peine de m’écouter.

Pourtant, j’ai une voix. Une voix qui ne s’en est jamais prise au personnel. Ça ne changera pas.

Évidemment, j’ai mal, mais je vais continuer à me bagarrer, comme d’habitude.

Moi, j’ai de la chance, j’ai des amis, et des confrères journalistes. Mais tous ces pauvres gens qui n’ont personne, que peuvent-ils faire ? Quand on entre dans le circuit infernal, quand on est aspirés dans le néant des urgences, on ne peut pas en sortir indemne. Parfois même, on n’en sort pas vivant… L’infirmier libéral qui vient à mon domicile m’a dit que c’était arrivé à un de ses patients, il y a trois semaines.

Si je peux être leur voix – comme Aubrac m’avait demandé d’être l’une de celle de la Résistance – alors je le serai.

J’ai encore un peu de force, c’est pour la donner !

Madeleine Riffaud

 

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Julia Cagé « L’audiovisuel public est un pilier de la démocratie »

18 Septembre 2022, 06:58am

Publié par PCF Villepinte

Julien Jaulin/hanslucas

Samedi 17 Septembre 2022

L'Humanité Caroline Constant

L’économiste Julia Cagé s’est fait connaître en 2015 pour son livre «Sauver les médias». à lheure où la redevance télé est supprimée, elle démontre, dans un passionnant rapport pour la Fondation Jean-Jaurès, le danger d’un sous-financement de l’audiovisuel public. Une manœuvre très idéologique, voire perverse, selon elle.

Elle plaide depuis des années contre la concentration des médias dans les mains de quelques oligarques. L’économiste politique Julia Cagé a écrit, au cœur de l’été, un rapport pour la Fondation Jean-Jaurès, «Une autre redevance est possible. Pour un financement affecté mais plus juste de l’audiovisuel public». Elle y réaffirme limportance déterminante de la radio et de la télévision publiques, leur rôle dans la société, et leur absolu besoin dun financement suffisant et pérenne.

Pour vous comme citoyenne, et comme économiste, que représente l’audiovisuel public?

Comme citoyenne, il représente une source assez importante d’information. Je ne regarde plus énormément la télévision en linéaire, comme beaucoup de gens. En revanche, j’écoute beaucoup la radio, c’est ma source d’information au réveil. Et il ne faut pas oublier que la redevance finance beaucoup la création audiovisuelle, la fiction, le documentaire, le reportage, le cinéma.

Je consomme donc, comme citoyenne, la redevance sans m’en apercevoir. Comme économiste, l’audiovisuel public représente l’un des piliers fondamentaux de la démocratie. Dans les pays avec un audiovisuel public de qualité, les gens sont en moyenne mieux informés et participent davantage au débat politique et à la vie publique. C’est largement documenté par la sociologie, l’économie, les sciences politiques. C’est un outil fondamental et indispensable, renforcé dans plein de pays actuellement.

Y compris dans des pays comme la Grèce qui y avaient renoncé…

Ils y avaient renoncé en partie pour des raisons politiques et idéologiques. L’Espagne, qui a sacrifié les financements publics, cherche aujourd’hui des sources de financement alternatif. En France, à mon sens, on prend le contre-pied de l’histoire. Surtout dans un paysage médiatique qui est fragilisé, concentré.

Les spécialistes disent que la redevance ne correspond plus aux besoins depuis plusieurs années. On a le sentiment que la décision de la supprimer tombe sans rapport avec les réflexions engagées sur le sujet, et à côté d’expériences, dites-vous dans votre rapport, qui se font au nord de l’Europe. En quoi sont-elles plus justes et plus efficaces?

La redevance ne correspond plus aux besoins de consommations du service public, puisqu’elle ne porte que sur les détenteurs de téléviseurs (qui ont baissé), alors que de plus en plus d’individus consomment les contenus audiovisuels sur leur tablette ou leur téléphone portable.

Surtout, c’est un impôt profondément injuste, puisque le montant est le même pour tout le monde. Il fallait la réformer. Cela peut être mis dans la longue litanie de ce que n’a pas fait la gauche pendant le dernier quinquennat. Le gouvernement de Macron a repris une idée poussée par l’extrême droite depuis longtemps, celle de la privatisation du service public: plus de service public, plus de redevance.

Macron a sorti cette proposition de son chapeau, de manière complètement impréparée. Et tout le monde rame derrière. Gabriel Attal sur France Inter a pu ainsi dire que 137 euros seraient rendus à chaque Français, sans diminution des recettes de l’audiovisuel. La question est donc: «Mais où allez-vous les prendre?» Or, la loi dit que lindépendance de laudiovisuel est un principe constitutionnel; ils courent donc le risque de se faire retoquer par le Conseil constitutionnel, d’où la proposition de prendre une portion de TVA.

C’est de la démagogie, mais elle passe assez bien, parce que tout le monde est pris à la gorge avec le problème du pouvoir d’achat, l’augmentation de l’inflation, l’augmentation des coûts de l’énergie. Pourtant, cela va à contresens de l’histoire: en Allemagne, la «taxe injuste» a été élargie à lensemble des écrans. Et pour en assurer lindépendance, la redevance est collectée par un organisme qui dépend des chaînes de laudiovisuel public.

Ce n’est pas l’État qui peut décider du jour au lendemain de s’asseoir sur les budgets prévus, comme en France. Encore plus intéressant, les pays nordiques: la Finlande en 2010, la Suède et la Norvège entre 2019 et 2020 ont remplacé la redevance par un impôt qui pèse sur l’ensemble des foyers, mais de manière progressive. En Finlande, ils font même contribuer les entreprises de manière progressive. À la fin des années 2010, dans ces pays-là, le débat était le même qu’en France à propos des «radios de gauchistes». Depuis la réforme, cest devenu acceptable parce que limpôt est juste, progressif et plafonné.

Cela ne construit-il pas un autre lien entre les citoyens et leur audiovisuel public?

J’ai beaucoup discuté avec des sénateurs et des députés des différents groupes de la Nupes. Pour que chacun se sente un lien de proximité avec son audiovisuel public, il faut commencer la redevance à 5 euros, et pas à zéro. Il devrait aussi comprendre des implications en termes de gouvernance du service public: avoir des représentants des citoyens au conseil d’administration, cela aurait du sens.

Alors qu’on assiste à un énorme mouvement de concentration du secteur audiovisuel privé, avec la fusion annoncée TF1/M6 et les concentrations chez Bolloré ou Drahi, l’audiovisuel public pourrait-il représenter un contrepoids?

C’est un modèle alternatif. Du point de vue de l’information, il protège davantage l’indépendance s’il est bien financé, et si on fait en sorte qu’il n’y ait pas d’interférences du gouvernement. Le cas d’école est anecdotique, mais dit quelque chose: quand Bolloré censure son premier documentaire à son arrivée sur Canal Plus, le film passe ensuite sur France 2. Le service public est aussi à but non lucratif. Ce qui permet de viser davantage la qualité de l’information, et moins des objectifs d’audience, donc de dépendre moins des annonceurs et de leurs pressions potentielles.

Depuis une bonne douzaine d’années, l’audiovisuel public a déjà été abîmé par des restrictions budgétaires…

Le problème perdure depuis la suppression de la publicité après 20 heures sous Nicolas Sarkozy. En fait, il a supprimé la pub, l’a compensée mais juste un peu, et seulement jusqu’en 2012. Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, un cap a été passé. Il a commencé par s’asseoir sur les contrats d’objectifs et de moyens (COM) de France Télévisions et Radio France. Or, si ces contrats sont étudiés sur cinq ans, c’est qu’il y a une raison: lidée est de découpler le cycle politique des cycles des engagements de financement.

Macron a tourné le dos à ce principe, et a demandé à l’audiovisuel public de faire des économies en plein milieu des COM. Et ce n’est pas tout! De manière hallucinante, et parce que cela va à lencontre du Code général des impôts, le gouvernement a désindexé les ressources de l’inflation. Ce n’était déjà pas très rigolo quand vous aviez 2 % d’inflation, mais, cette année, n’en parlons pas. Pour achever le tout, Darmanin a réduit de 1 euro la redevance. Je sais que c’est moins lisible et plus difficile à vendre politiquement, mais j’insiste: il est indispensable davoir des recettes en pourcentage et pas sur un montant fixe. Car, dès que vous avez une somme en montant, cela permet, comme ils le font sur les retraites, daller prendre de largent en nindexant pas, pas comme il faut, ou trop tard.

Il y a donc clairement une volonté politique d’asphyxier l’audiovisuel public?

Macron déteste l’audiovisuel public. Il veut entrer dans une espèce de cercle vicieux: si vous donnez moins de moyens, à un moment donné, cet audiovisuel va baisser en qualité. D’autant que la radio et la télé publiques sont déjà à l’os, avec les économies successives. La mesure visant à supprimer la redevance a été lancée en pleines vacances, avec une nouvelle Assemblée nationale pas encore opérationnelle. Le gouvernement dit vouloir prendre une portion de la TVA qui sera réévaluée en 2025. Imaginons qu’on ait une alternance politique en 2027: si la gauche veut alors refinancer le service public, ce sera, à raison, perçu comme un nouvel impôt, sur un secteur globalement impopulaire, même si les gens font plus confiance en moyenne au service public d’information qu’aux autres.

Les meilleures audiences sont réalisées aujourd’hui par la télé et la radio publiques. Il s’agit donc de casser un bien commun qui fonctionne et qui est reconnu?

Ils savonnent la planche. C’est complètement pervers. C’est compliqué de mobiliser les foules. Les salariés ont fait des grèves longues qui n’ont jamais abouti sur rien. Donc, ils ont peur de perdre le bras de fer. Et ils voient bien qu’il est extrêmement difficile d’avoir une mobilisation populaire à leurs côtés. D’autant que la gauche n’a pas forcément un discours fort pour proposer une alternative crédible.

 

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21 septembre 2022 PAIX

18 Septembre 2022, 06:50am

Publié par PCF Villepinte

 

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Alzheimer, Parkinson,.. Sommes-nous dans l’erreur ?

17 Septembre 2022, 07:44am

Publié par PCF Villepinte

Après plus de quarante années d’intenses recherches, pourquoi ne parvient-on toujours pas à, tout au moins, ralentir l’évolution de ces pathologies? À loccasion de la Journée mondiale Alzheimer, le 21 septembre, Yves Agid dévoile les raisons de ces échecs et nous invite à changer notre fusil d’épaule.

Yves Agid L'Humanité Samedi 17 Septembre 2022

Dans le cadre de notre partenariat avec l’Académie des sciences, des académiciennes et académiciens analysent et apportent leur éclairage sur les grands enjeux du monde contemporain au travers de questions scientifiques qui font l’actualité.

Un jour, un professeur faisait un cours sur les maladies neurodégénératives. Comme un groupe d’étudiants faisait du tapage au fond de l’amphithéâtre, le professeur interpella l’un d’eux: «Pourriez-vous me dire ce quon appelle une maladie neurodégénérative?» L’étudiant hésite un moment et dit: «Je lai su, mais je ne men souviens plus.» «Cest bien dommage, lui dit le professeur, parce que désormais plus personne ne saura»

De fait, il n’est pas évident de définir une maladie neurodégénérative. Celle-ci est caractérisée par des symptômes qui s’aggravent progressivement (par exemple, les troubles de la mémoire dans la maladie d’Alzheimer), une perte de neurones qui est lente et sélective, et des anomalies caractéristiques observées sous microscope (par exemple, dégénérescence neurofibrillaire dans la maladie d’Alzheimer).

Les mécanismes moléculaires à l’origine de ces affections sont différents selon les maladies, à l’origine de nombreuses hypothèses étiologiques et de diverses tentatives thérapeutiques, jusqu’à présent sans succès. Après plus de quarante années de recherche, comment se fait-il qu’on soit toujours incapable de même seulement ralentir l’évolution de quelque maladie neurodégénérative que ce soit?

Le clinicien sait identifier les symptômes caractéristiques de chacune de ces affections dont il s’assure qu’ils s’aggravent progressivement, en l’absence de toute autre lésion du système nerveux. Les pièges diagnostiques sont nombreux, notamment avec le vieillissement normal du système nerveux, dont les symptômes peuvent mimer une maladie neurodégénérative. Certes, les plaintes y sont moindres, les symptômes moins marqués, leur progression à peine perceptible.

Mais, en pratique, le clinicien a souvent des doutes, ce qui l’oblige à revoir les patients afin de s’assurer que la pente d’aggravation des symptômes s’abaisse significativement par rapport à ce qu’on attendrait d’un vieillissement normal. Dans le doute, il est essentiel de confirmer le diagnostic par des examens supplémentaires, car on connaît l’évolution inexorable de ces affections vers le handicap, source d’angoisse pour le malade… et pour le médecin.

La seule façon d’affirmer avec certitude le diagnostic est d’examiner le système nerveux post-mortem, ce qui est, malheureusement, devenu difficile dans de nombreux pays dont la France, pour des raisons administratives. Ce diagnostic histologique (observé sous le microscope) repose sur la mise en évidence de la perte neuronale dans des aires cérébrales caractéristiques (par exemple, l’hippocampe dans la maladie d’Alzheimer).

L’évaluation de la perte des neurones peut être difficile à distinguer d’un vieillissement normal dans les formes lentes ou débutantes de la maladie. D’où la question: quest-ce qui prouve que la perte neuronale pathologique nest pas un vieillissement «normal» accéléré, ou que la perte neuronale observée au cours du vieillissement dit normal ne résulte pas dune maladie neurodégénérative singulière?

Des protéines pathogènes

Comme les neurones ne représentent que la moitié des cellules nerveuses, il convient de prendre en compte le rôle possiblement délétère des autres cellules, qu’il s’agisse des cellules microgliales qui jouent un rôle dans l’inflammation de la myéline qui entoure les nerfs, ou des astrocytes qui nourrissent et modulent l’activité neuronale. À titre d’exemple, certaines protéines secrétées par les astrocytes peuvent être pathogènes (par exemple, l’APOE4 qui multiplie par huit le risque de maladie d’Alzheimer).

L’essentiel de la recherche admet que les stigmates histologiques, reconnus sous microscope à côté de la perte neuronale, sont à l’origine des maladies neurodégénératives (plaques séniles et dégénérescence neurofibrillaire dans la maladie d’Alzheimer, par exemple). Il y a là une logique indiscutable: des protéines pathologiques (protéine bêta-amyloïde pour Alzheimer; alpha-synucléine pour Parkinson) sont reconnues au sein de telles anomalies histologiques, protéines dont les mutations sont à lorigine dun petit nombre de formes héréditaires de ces affections.

Savoir inverser la réflexion

D’un autre côté, les mêmes anomalies histologiques sont trouvées dans le système nerveux de sujets sains. Par exemple, plaques séniles et dégénérescence neurofibrillaire caractéristiques de la maladie d’Alzheimer sont détectées dans le cerveau d’individus normaux déjà à l’âge de 50 ans. Pourquoi ces signes histologiques seraient-ils pathologiques dans un cas et normaux dans un autre?

Ne faudrait-il pas inverser la réflexion, à savoir que ce ne sont pas les stigmates histopathologiques qui entraînent la mort neuronale mais que c’est la souffrance neuronale primitive qui détermine l’apparition des déchets histologiques? Du reste, les deux hypothèses ne sont pas contradictoires: laccumulation de débris pathologiques au sein des cellules nerveuses peut contribuer au dysfonctionnement cellulaire. En bref, on peut se poser la question: lapparition des anomalies histologiques ne dépendrait-elle pas de la nature des mécanismes ou, plus encore, de la vitesse de la dégénérescence neuronale?

Surtout, depuis les années 1980, les progrès de la biologie ont permis d’identifier une quantité impressionnante de dysfonctionnements métaboliques à l’origine de la mort neuronale dans les maladies neurodégénératives. Cependant, les diverses anomalies biochimiques relevées au sein des cellules nerveuses n’ont jamais permis d’identifier un seul et même mécanisme initiateur.

C’est ce qui explique qu’on n’a pas encore identifié la cible thérapeutique unique de la moindre maladie neurodégénérative. D’où l’idée que le rétablissement du fonctionnement d’une seule voie de signalisation déficiente n’est peut-être pas suffisant pour stopper l’évolution de la maladie, mais qu’il faut rétablir le fonctionnement de l’ensemble des voies métaboliques considérées comme potentiellement anormales. Si tel est le cas, il faudrait peut-être traiter les malades atteints d’affections neurodégénératives à l’aide d’une polychimiothérapie capable d’enrayer chacune de ces voies métaboliques considérées comme altérées.

Les facteurs génétiques

Quand on dit «cause» de la maladie, on sous-entend le rôle respectif dun dérèglement de linné et de lacquis. Lhéritabilité de ces affections est soit majeure (maladie de Huntington), soit mineure (maladie dAlzheimer), soit significative (de l’ordre de 10 % pour les maladies de Parkinson ou la sclérose latérale amyotrophique, par exemple). Ces facteurs génétiques sont rarement exclusifs, mais ils peuvent être contributifs pour permettre l’émergence du processus pathologique.

De fait, l’immense majorité des maladies dégénératives est sporadique, ce qui suggère la contribution étiologique de facteurs extérieurs. Certains facteurs peuvent être favorisants (par exemple, certains pesticides dans la maladie de Parkinson) ou au contraire protecteurs (la consommation de tabac dans cette même maladie!). Théoriquement, il peut sagir de toxiques encore inconnus (par exemple, des substances apparemment inoffensives, qui, à dose infime, deviennent délétères pour certains individus sélectivement vulnérables), de bactéries ou de virus, de protéines anormales.

À l’appui de cette dernière hypothèse, il y a le fait que des protéines pathologiques ont été reconnues non seulement dans le système nerveux central, mais aussi dans des organes périphériques comme l’intestin (alpha-synucléine, protéine bêta-amyloïde). Une des raisons pour lesquelles ces facteurs issus de l’environnement n’ont pas toujours été identifiés est qu’il ne s’agit peut-être pas d’une seule substance mais de substrats apparemment inoffensifs sauf pour quelques individus biologiquement vulnérables.

Faut-il connaître tout ce qui précède pour limiter l’évolutivité d’une maladie neurodégénérative? Nombreux sont les traitements curatifs ou symptomatiques qui ont été découverts sans connaître les données biologiques sous-jacentes (par exemple, les antibiotiques, les neuroleptiques). Cependant, il ne faudrait pas croire qu’il suffit d’inventer des traitements au hasard pour réussir à guérir une maladie dégénérative. En revanche, compte tenu de l’énorme corpus de connaissances accumulées depuis une cinquantaine d’années sur la genèse de ces affections, il est possible de concevoir des essais thérapeutiques fondés sur un rationnel intelligent.

Erreur stratégique, lenteur de la recherche

Mais, demandera-t-on, pourquoi ces échecs? Il y a deux raisons principales: lune est lerreur de stratégie scientifique qui doit amener à changer son fusil d’épaule; lautre, la lenteur de la recherche clinique due aux obstacles réglementaires. Aussi pourrait-on proposer aux agences compétentes, aux malades et aux associations de patients des essais thérapeutiques, avec deux idées.

1) Associer plusieurs médicaments retenus comme possiblement efficaces d’après les modèles expérimentaux afin de contrer non pas une mais plusieurs chaînes métaboliques pathologiques. Après tout, c’est ce qui permet de guérir la tuberculose et de nombreux cancers. 2) Faire des essais thérapeutiques courts sur un nombre restreint de patients volontaires, permettant de décider ou non d’un essai thérapeutique, dont on sait qu’il est dispendieux, sur une large population de patients. Si quelqu’un a une meilleure idée, je suis preneur…

EN SAVOIR PLUS

Le site de l’Académie des sciences: www.academie-sciences.fr

«Je marche donc je pense», de Roger-Pol Droit et Yves Agid. Albin Michel, 2022.

«Je mamuse à vieillir. Le cerveau, maître du temps», dYves Agid, éditions Odile Jacob, 2020.

«LHomme subconscient. Le cerveau et ses erreurs», dYves Agid, éditions Robert Laffont, 2013.

PROFIL

Médecin et scientifique, professeur émérite de neurologie et de biologie cellulaire à l’université Pierre-et-Marie-Curie, membre de l’Académie des sciences, Yves Agid est un spécialiste de l’étude des maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer…) dont il a étudié les causes, les mécanismes et les conséquences cliniques afin de proposer de nouvelles thérapeutiques.

 

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Le 21 septembre la journée mondiale pour la paix réunira celles et ceux qui, comme la CGT, pensent que la paix est notre bien le plus précieux.

17 Septembre 2022, 07:38am

Publié par PCF Villepinte

 

Des conflits partout à travers le monde

Partout dans le monde, les conflits ravagent des pays entiers, tuent et blessent des millions de personnes et en plongent autant dans la pauvreté, l’insécurité et le désarroi.

Au cœur de l’Europe - en Ukraine - ou sur d’autres continents - au Yémen, en Syrie, au Mali, en Palestine, en Afghanistan… - la liste des conflits, qui durent parfois depuis des années, est longue. 

Une économie de guerre

Conséquence « les dépenses militaires augmentent de façon indécente dans le monde entier » dénonce Véronique Martin, secrétaire confédérale en charge de la paix et du désarmement.

En 2021, 2013 milliards de dollars y ont été consacrés. La France a dépensé 100 milliards d’euros en 15 ans pour renouveler son arsenal nucléaire. 100 milliards qui auraient pu être dédiés au service public : santé, éducation, transports…  

En juin dernier, à l’inauguration d’Eurosatory, le salon international de Défense et de Sécurité terrestres et aéroterrestres, Emmanuel Macron prononçait un discours très inquiétant : « Nous entrons dans une économie de guerre », un discours sous tendu par l’augmentation des conflits environnementaux autour des ressources (pétrole, gaz, minerai…). 

Pour la ratification du traité contre l’utilisation des armes nucléaires

Le Collectif national des marches pour la paix, qui rassemble en France près de 200 organisations dont la CGT (des associations, des partis politiques, des syndicats) se mobilise autour d’un seul mot d’ordre : Stop à la guerre ! le 21 septembre, les organisations seront dans la rue pour dire non à la guerre, non aux armes nucléaires, non à la violence et à la misère.

Alors que la paix mondiale est menacée, il est urgent de se mobiliser, pour obtenir des politiques sociales, économiques, culturelles, nationales et internationales de paix s'inspirant de la Charte des Nations unies et respectueuses de tous les droits humains. 

« Plus que jamais, la CGT réclame la ratification, par la France, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) qui loin de préserver la paix et la sécurité, participent à l’exacerbation des tensions » conclut Véronique Martin.

 

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Léon Deffontaines a débattu avec la secrétaire d’État à la Jeunesse

17 Septembre 2022, 07:33am

Publié par PCF Villepinte

Samedi 10 septembre, Sarah El Haïry venait apporter la contradiction au secrétaire général du MJCF à la Fête de l’Humanité.

Alors que Léon Deffontaines présentait son livre Pour que jeunesse se fasse  !, la secrétaire d’État a insisté demblée sur la diversité des jeunesses. S’ils tombent d’accord sur ce point, ils n’ont pas les mêmes raisons.

Là où le MJCF montre l’antagonisme de classes dans la jeunesse, Sarah El Haïry semble nier la réalité commune d’entrée précaire dans la vie active et les droits sociaux au rabais en raison de l’âge ; elle semble justifier une politique jeunesse faite de dispositifs ciblés bancals et refuser l’exigence de droits collectifs.

Dès le constat, deux visions se sont opposées : pour le gouvernement, des mesures d’urgence suffisaient à pallier la situation des jeunes pendant la crise sanitaire, là où le MJCF affirme que le parcours de vie des jeunes était semé d’embûches depuis bien longtemps; dun côté la jeunesse est un problème à régler, de lautre elle est vue comme la solution aux défis sociaux.

Sur les solutions, Sarah El Haïry semblait s’en remettre à la solidarité associative, comme si elle n’était pas membre du gouvernement, quand Léon Deffontaines défendait des changements profonds de société : fin des contrats précaires et des dispositifs spécifiques, égalité des droits, revenu étudiant… La secrétaire d’État a osé justifier l’exclusion des moins de 25 ans du droit au RSA, en arguant que le contrat d’engagement jeunes offre davantage de droits, alors qu’il préfigure le RSA conditionné au travail.

Sur l’engagement politique des jeunes, Sarah El Haïry faisait la promotion du Service national universel, alors que le secrétaire général du MJCF dénonçait la répression des mobilisations des jeunes sous Macron. Le SNU est-il un outil pour la mixité ? Léon en doute fortement quand l’Éducation nationale n’arrive pas à remplir ce rôle, qu’elle est mise à mal et que l’accès à des études supérieures est entravé.

Finalement, le débat a eu le mérite d’être de très bonne tenue et d’éclairer les combats à venir !

Amado Lebaube

 

 

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