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retraites

BlackRock. Un géant américain de la finance à l’assaut des retraites des Français

17 Décembre 2019, 08:18am

Publié par PCF Villepinte

Mercredi, 11 Décembre, 2019

Sébastien Crépel

Fonds de pension.  Le gigantesque gestionnaire d’actifs BlackRock lorgne l’épargne hexagonale, qu’il voudrait transformer en retraite par capitalisation. Il attend que la loi Pacte votée au printemps et la réforme Delevoye lui ouvrent les portes de ce marché.

Pas la peine de chercher le nom de BlackRock dans l’agenda des concertations ministérielles sur les retraites: il ne figure nulle part. Cela n’empêche pas ce mastodonte de la Bourse américaine, présent dans le capital des plus grandes entreprises françaises et gérant l’épargne de millions de salariés à travers le monde, de s’intéresser de très près à la réforme des retraites, en dispensant ses «recommandations» au gouvernement et au président de la République. En juin 2019, soit quelques jours avant la remise du rapport de Jean-Paul Delevoye sur le projet de «régime universel», le fonds d’investissement a détaillé, dans un document d’une quinzaine de pages, tout le profit qu’il espère tirer d’une réforme des retraites qui fasse une large place à la capitalisation, en s’appuyant notamment sur la loi Pacte votée au printemps sous l’impulsion de Bruno Le Maire.

Le document intégral : « Loi Pacte: Le bon plan Retraite » (sic)

Cette loi trop peu connue du grand public a préparé le terrain, en créant les conditions d’une montée en puissance des produits d’épargne retraite dans les années qui viennent. La réforme Delevoye vient en quelque sorte en complément de celle-ci, les recommandations de BlackRock éclairant de manière saisissante le contexte d’offensives tous azimuts de l’univers de l’assurance privée dans lequel elle s’inscrit. Une opération facilitée par l’accession à l’Élysée d’Emmanuel Macron, qui cultive ses relations avec le PDG de BlackRock, Larry Fink.

Pour le fonds américain, l’Hexagone représente un marché essentiel: «Les Français se distinguent au niveau mondial par un taux d’épargne élevé, 14 % de leur revenu disponible chaque année», relève BlackRock. Cela représente un pactole accumulé, tous patrimoines confondus, de 13125 milliards d’euros en 2016, dont 5400 milliards d’actifs financiers. En Europe, seuls les Allemands épargnent davantage. BlackRock voudrait mettre la main sur cette montagne d’actifs, mais il doit pour cela éliminer un obstacle de taille: la méfiance historique des Français pour les produits financiers, et en particulier pour les retraites par fonds de pension, jugées peu sûres. 63 % d’entre eux estiment les placements en actions trop risqués, selon le baromètre de l’Autorité des marchés financiers. «Les différentes crises financières ont ancré dans les esprits que les marchés financiers sont d’abord des sources de risque avant d’être des sources de performance», se désole BlackRock. Et les 15 ans de réformes précédentes des retraites ont échoué à ouvrir le marché tant espéré.

Le «pilier» de la capitalisation est déjà au cœur de la réforme

Le fonds attend donc du gouvernement qu’il l’aide à vaincre cette aversion en réformant profondément les mécanismes d’épargne retraite. Ce qu’a commencé à faire la loi Pacte, «en permettant à l’épargnant de bénéficier d’un allègement fiscal» et d’une «gestion pilotée» de son plan d’épargne retraite, un outil programmé pour augmenter la part des investissements à risque, type actions en Bourse, pour les épargnants les plus jeunes. Pour BlackRock, au moment où les autorités s’apprêtent à réformer les «piliers 1 et 2» de la retraite (les régimes de base et complémentaires), il est urgent d’ «intégrer le pilier 3 dans leur périmètre de réflexion» (la capitalisation) en «unifiant les différents volets de la réforme des retraites».

De fait, le «pilier» de la capitalisation est déjà au cœur de la réforme, même si le haut-commissaire aux retraites – dont les liens avec le monde de l’assurance viennent d’être mis au jour – s’en défend. Son projet de régime universel est un «système de répartition par cotisation couvrant un maximum d’actifs», plaide-t-il, puisqu’ils cotiseront pour leur retraite sur une assiette de salaire allant jusqu’à 10000 euros par mois. Soit quasiment l’intégralité des actifs… mais pas tous. C’est toute la subtilité. Pour rappel, jusqu’alors, les retraites complémentaires par répartition Agirc-Arrco permettaient de cotiser jusqu’à 27000 euros de salaire mensuel. C’est donc un espace supplémentaire pour la capitalisation qui vient de s’ouvrir pour les plus aisés, au bénéfice des assureurs. Cela est d’ailleurs écrit en toutes lettres dans le rapport de Jean-Paul Delevoye: «Les employeurs et les salariés qui le souhaiteront pourront compléter le niveau de retraite par la mise en place de dispositifs collectifs d’épargne retraite.»

C’est cet avantage que veut pousser BlackRock, en dispensant une quinzaine de recommandations au gouvernement. Le but, vendre des produits d’épargne aux plus riches, mais, au-delà, le document propose par exemple une «contribution automatique» de 5 % des salaires à des plans d’épargne d’entreprise, complétée d’un «dispositif d’augmentation automatique» en cas de hausse des rémunérations… Il va jusqu’à envisager un «crédit d’impôt» de 1000 euros par an «accessible aux ménages non imposables», ce qui «constituerait une forme d’abondement public» pour «démocratiser largement le modèle au-delà des seuls ménages ayant un intérêt fiscal à se constituer une épargne retraite». Ou comment financer sur fonds publics le chiffre d’affaires des assureurs en fourguant des produits d’épargne aux plus pauvres.

Sébastien Crépel

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Inégalités. Les femmes, un alibi de la réforme qui perd des points

16 Décembre 2019, 09:55am

Publié par PCF Villepinte

L’Humanité, 16 décembre 2019

Le gouvernement affirme qu’elles seront les gagnantes de son nouveau régime. Les premiers détails montrent au contraire des régressions, alors que leurs pensions sont en moyenne déjà 25 % moins élevées que celles des hommes.

Qui se souvient que les femmes avaient ouvert la séquence des mobilisations de 1995 par une grande manifestation le 25 novembre de la même année? Peut-être Édouard Philippe qui, mercredi dernier, osait affirmer au Conseil économique, social et environnemental (Cese) que celles-ci «seront les grandes gagnantes du système universel» par points qu’il présentait. Une rhétorique féministe utilisée à dessein par le premier ministre pour contrecarrer le potentiel révolutionnaire des femmes? Ou plus simplement, comme d’autres avant lui, pour cacher sous un joli vocabulaire des attaques à l’inverse particulièrement violentes contre celles-ci. Car, en raison de carrières hachées, des inégalités de salaires et d’emplois qui se répercutent sur les pensions, le nouveau système individualisé que veut nous imposer le gouvernement ne sera pas «plus juste pour les femmes». Bien au contraire.

«J’ai 62 ans, j’aurais voulu partir à la retraite mais j’ai dû prolonger car je n’ai pas toutes mes annuités.» Yolande Scarponi est contrôleuse des finances à Marseille (Bouches-du-Rhône). Sa carrière, elle l’a commencée en 1978 dans l’administration, comme «auxiliaire»: une vacation au contrat renouvelé tous les mois. Au bout de quatre ans, la syndicaliste aujourd’hui élue CGT au syndicat des finances publiques a enfin été titularisée, en catégorie D. Une classification au plus bas de la grille qui n’existe plus dans la fonction publique. Depuis, elle a gravi les échelons, marche à marche, et atteint la catégorie B. «Si l’on ne recule pas encore l’âge de partir et qu’on calcule ma pension sur les six derniers mois, ça amènera du beurre dans ma retraite. Mais ce sera la cata s’il fallait remonter sur toute ma carrière.»

Car l’intention affichée par le gouvernement est de fusionner tous les régimes. Chaque salarié du privé ou agent du public sera amené dans le futur à cotiser non plus un nombre précis de trimestres, mais un maximum de points, à cumuler tout au long de la vie. Or le joli parcours professionnel de Yolande a légèrement été interrompu, comme beaucoup de femmes, par deux maternités. «Pendant un an, je n’ai pas travaillé pour élever ma première fille. Je n’ai jamais pu bénéficier de crèche pour mes enfants. Mon mari avait des horaires impossibles et je gagnais moins que lui. Donc j’ai dû m’arrêter un an, puis j’ai repris à 80 % pour m’en occuper les mercredis.» Un «choix» totalement commandé par l’absence de mode de garde adapté – le gouvernement ne prévoit pas par ailleurs de développer le service public de la petite enfance – et par le sacrifice de carrière de la femme par rapport à l’homme.

Un système qui accroît grandement les injustices

Si la carrière interrompue des mères affecte leur promotion et leur salaire, et donc le niveau de leur pension, elle a aussi des conséquences sur le prolongement de leur parcours professionnel. Le système actuel majorait la durée d’assurance-vieillesse de la femme à chaque naissance d’un enfant. Mais le gouvernement propose de supprimer cela. En échange, un taux de majoration de la pension pourra être attribué indifféremment à l’homme ou à la femme. Contrairement au discours présenté, cela pourra grandement accroître les inégalités. Car, si le père gagne plus, le couple risque de décider, par pur calcul mathématique, de réserver cette majoration à l’homme. En 2019, les Françaises perçoivent déjà une pension un quart inférieure à celle des hommes. Et demain…

«Je travaillais à temps partiel comme professeur d’italien dans des cours privés, raconte Blandine, 79 ans. À mon deuxième enfant, j’ai arrêté de travailler. Puis le troisième est arrivé. Plus tard, j’ai repris des études à la chambre de commerce italienne. Mais le seul travail que j’ai trouvé, par une amie, a été la vente d’abonnements par téléphone. Pendant dix ans, j’ai été rémunérée uniquement à la commission. Mon mari a été muté dans le sud de la France. J’ai dû tout arrêter.» À sa retraite, elle reçoit 280 euros. Aujourd’hui, cette veuve vit avec 1300 euros grâce à la pension de réversion de son époux, qu’elle a soigné «gratuitement» pendant dix ans avant qu’il ne meure d’un cancer. Et si elle avait divorcé? Si son mari s’était remarié? À la mort de son ex-conjoint, une part de la pension de réversion lui aurait été versée. Demain, «grâce» à la réforme, elle n’aurait droit à rien.

Le droit à la séparation, le droit à l’autonomie ne seraient réservés qu’aux femmes en âge de travailler ou personnellement riches? Non, il n’est pas «plus juste pour les femmes», le nouveau système. En juin dernier, préparant le projet actuel, le gouvernement planchait sur la suppression de cette ressource. Une levée de boucliers l’a empêché d’aller plus loin. 4,4 millions de cheveux blancs dépendent de cette pension de réversion, 90 % sont des femmes. Parmi elles, 96 % ne perçoivent aucune pension propre.

Des nouvelles mesures qui tuent le régime de solidarité

À 56 ans, Muriel a multiplié les emplois et les contrats précaires: monteuse sous le régime intermittent, en CDD dans une société informatique, puis salariée dans une union locale syndicale. «En tant que monteuse de documentaires militants, j’ai réalisé beaucoup de travail gratuit. On se voyait comme des artistes! Je ne réalisais pas que je ne cotisais pas…» Après un bilan de compétences, elle change de voie, travaille dans l’informatique, obtient un master 2 en développement territorial. «Passé 50 ans, c’est devenu très difficile de trouver un travail. À la rigueur comme auxiliaire de vie, ou du ménage en intérim. Mais du travail structuré qui paie, tout en étant épanouissant, tu ne le trouves plus. Et, avec la nouvelle réforme du chômage, tu réfléchis avant d’accepter quelques jours de boulot, car ça peut baisser durement tes indemnités. Mais, avec la retraite par points, chaque emploi compte pour ta pension. On va finir par se marcher sur la tête.»

En comptabilisant ses 25 meilleures années, elle aurait pu toucher une mini-pension complétée par le minimum vieillesse. Mais là, si toute la carrière est prise en compte… il ne lui restera plus grand-chose. Pourtant, Muriel a apporté beaucoup à la société, elle a défendu des causes, milité bénévolement pour le droit des travailleurs sans papiers, des chômeurs, des salariés. Mais, dans l’esprit mesquin et comptable de cette réforme, fini le régime de solidarité qui permettait de corriger ou de compenser les inégalités de carrière.

Et que dire des caissières de supermarché, aides-soignantes, professionnelles des métiers pénibles qui n’arriveront pas à atteindre l’âge pivot pour partir et subiront une décote? Malades, inactives, au chômage ou en invalidité, la moitié seulement des personnes du privé sont encore en emploi au moment de liquider leur retraite. «J’ai déjà dû prolonger après 60 ans, se souvient Yolande Scarponi. Ça a été dévastateur pour mon moral.» La fonctionnaire se demande comment ses cadettes vont pouvoir tenir: «À 55 ans, on nous dit que nous sommes trop vieilles pour faire l’accueil et maintenant on va nous demander de travailler jusqu’à 70 ans! Dans l’administration fiscale, nous sommes en constante restructuration, les entrepreneurs contrôlés, pris à la gorge, sont agressifs. Des collègues ont déclenché du jour au lendemain des crises cardiaques, des burn-out… Nous, les femmes, sommes deux fois plus touchées car, en plus, à la maison, nous portons la majorité des charges, physiques, mentales. Même si je suis féministe et que je me bats tous les jours contre ça…»

Pour reprendre les paroles du célèbre Hymne des femmes, si elles sont «sans passé, les femmes», cette réforme leur prépare un chemin sans avenir et sans retraite. «Grandes gagnantes», vraiment, les femmes?

Kareen Janselme

 

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Ligne rouge

14 Décembre 2019, 11:58am

Publié par PCF Villepinte

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Réforme des retraites : Le Premier ministre était attendu, il a finalement confirmé le pire

12 Décembre 2019, 08:13am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 11/12/2019 par PCF

Travailler plus longtemps, pensions calculées avec des points et non plus des trimestres, âge pivot à 64 ans avec malus pour un départ avant cet âge… et donc recul de l’âge de départ à la retraite.

Et il ne dit pas un mot sur le blocage des ressources financières à 14% du PIB, confirmant que le cœur de la réforme vise bien à satisfaire des intérêts financiers et le monde des assurances.

La réforme Macron est en fait conçue pour démanteler totalement le système solidaire issu du programme du CNR, pilier de notre système social.

L’universalité est un leurre quand les annonces consistent à opposer les générations entre elles et à sacrifier les nouvelles générations. Si cette réforme était réellement vertueuse, pourquoi le décalage de sa mise en œuvre pour les générations nées après 1975 est-il présenté comme une bonne nouvelle pour celles  nées avant 1975 ?

Aujourd’hui, le pays n’a eu aucune réponse sur sa principale attente : à l’âge de la retraite, quel sera le niveau de ma pension par rapport à mon salaire de fin de carrière ? 

Le pays voit bien que l’objectif de Macron consiste à nous faire travailler toujours plus longtemps pour une pension toujours plus faible. Les rustines proposées, qui additionnent le pas grand chose au trois fois rien, visent à masquer la baisse de 27 % du niveau de pensions qui se profile pour les deux prochaines décennies.

Face au mouvement social et populaire qui s’installe avec force dans le pays et qui s’élargit, une autre réforme des retraites est possible pour répondre aux attentes et aux besoins. Le PCF mettra toutes ses forces dans son élargissement, jusqu’au retrait du projet Macron, et appelle à ce titre la jeunesse, particulièrement visée par les annonces du Premier ministre, à s’engager dans cette bataille.

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Réforme des retraites

10 Décembre 2019, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

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PHILIPPE MARTINEZ: « LE GOUVERNEMENT RAME DERRIÈRE NOS ARGUMENTS »

10 Décembre 2019, 07:48am

Publié par PCF Villepinte

Mardi, 10 Décembre, 2019

Stéphane Guérard, Sébastien Crépel

 Retraites. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s’attend à une journée de mobilisation intersyndicale, ce mardi, « d’ampleur équivalente à celle du 5 décembre ». à 24 heures des arbitrages d’Edouard Philippe, il appelle ce dernier à décider le « retrait du projet » de réforme des retraites, et à reprendre les discussions « sur une autre base ».

Depuis quarante-huit heures, le pouvoir cible la CGT, comme si le blocage était de sa responsabilité. Que lui répondez-vous?

Philippe Martinez Pour un syndicat dont on ne disait qu’il ne comptait plus, on parle beaucoup de nous! C’est l’effet du 5 décembre. On a compté ce jour-là un nombre de grévistes impressionnant, malgré un contexte unitaire qui n’est pas le même qu’en 2010 (contre la réforme Sarkozy des retraites – NDLR), puisqu’il manque au moins une grande confédération. Donc, on fait plus, malgré une division syndicale largement entretenue par le gouvernement. Au-delà, je pense qu’on a marqué des points dans la bataille idéologique sur le contenu de la réforme et sur nos propositions. Ils rament derrière nos arguments. Quand des ministres disent contre toute vérité qu’on ne veut pas discuter, ils cherchent à nous marginaliser. En fait, ce sont eux qui sont sur la défensive.

À la veille des annonces d’Édouard Philippe, avez-vous eu des contacts récents avec le premier ministre?

Philippe Martinez La dernière discussion avec Édouard Philippe était sur les retraites et remonte au 26 novembre. Depuis, je n’ai même pas eu affaire à un conseiller ou un sous-conseiller de Matignon.

Vous êtes prêts à discuter avec le gouvernement?

Philippe Martinez Mais nous y sommes allés! Ce qui leur déplaît, c’est que nous disons: c’est «projet contre projet». Nous les avons vus 24 fois en deux ans, cela fait une bonne moyenne! Ce qui nous est reproché, c’est de ne pas entrer dans le moule de leur réforme.

Cette concertation est étonnante. Vous participez, on vous laisse parler de ce que vous vous voulez, et vous n’avez pas de retour?

Philippe Martinez Non, pour la simple raison qu’ils n’ont pas d’arguments à nous renvoyer. Sur les inégalités hommes-femmes, Jean-Paul Delevoye sait que nous avons raison, mais sa réponse c’est: les inégalités salariales, ce n’est pas mon domaine. Leur projet de réforme est d’abord budgétaire: ils veulent économiser de l’argent.

C’est une réforme budgétaire ou un projet de société?

Philippe Martinez Ce sont les deux! Économiser de l’argent sur les retraites et sur le bien commun, c’est un choix de société. Un choix qui affirme qu’il faut faire moins de dépenses publiques, moins pour le social, etc. Leur prétendu régime universel, c’est dire: on ne dépensera pas plus de 14 % du PIB pour la retraite, même s’il y a davantage de retraités. C’est un système pour les premiers de cordée. Ceux qui ont une carrière sans encombre, avec un bon salaire, auront une retraite à peu près potable. Mais si on est mal payé, qu’on a des périodes de chômage, de précarité – les femmes, notamment –, eh bien on percevra ce qu’on a cotisé. Donc, pas grand-chose. Ça va encore aggraver le phénomène qu’on connaît aujourd’hui avec l’allongement des trimestres, c’est-à-dire qu’on devra continuer à travailler plus longtemps, sinon on n’aura rien à bouffer.

Mais le gouvernement et ses soutiens répètent, quant à eux, que la réforme n’est pas écrite…

Philippe Martinez Ce n’est pas moi qui ai inventé le projet d’un régime par points, ni la prise en compte de l’intégralité de la carrière dans le calcul de la retraite, ni la nécessité qu’il y aurait de travailler plus longtemps. Tout cela, on ne l’a pas inventé, la base de la loi est écrite. Et cela est dit et répété par le premier ministre et le président de la République.

Que répondre à l’argument de l’allongement de l’espérance de vie, brandi par le gouvernement pour justifier un nouveau recul de l’âge de départ à la retraite?

Philippe Martinez Est-ce un problème de vivre plus longtemps? C’est le symbole d’une société moderne. Du temps de Zola, on mourait bien avant l’âge de la retraite, qui n’existait d’ailleurs pas. Ceux qui nous expliquent qu’il faudra travailler plus longtemps ne prennent jamais en compte l’espérance de vie en bonne santé qui, elle, stagne, voire diminue. Il y a quinze jours, j’étais dans un Ehpad à Roussillon, en Isère. Quand j’ai demandé aux infirmières et aides-soignantes si elles se voyaient travailler jusqu’à 64 ans, elles m’ont répondu que ceux qui pensent ça n’ont jamais travaillé de leur vie et qu’elles étaient déjà cassées à 45 ans. Si on travaille plus longtemps, on accélère le vieillissement des travailleurs.

Le premier ministre doit rendre ses arbitrages ce mercredi. Que devrait-il annoncer selon vous, s’il tenait compte de la grève et des journées comme le 5 décembre, et celle qui s’annonce ce mardi?

Philippe Martinez La seule option sensée, c’est le retrait du projet. Et repartir sur une autre base. On peut améliorer notre système, qui est l’un des meilleurs au monde, mais qui connaît un problème de recettes. Il faut prendre en compte les nouvelles formes de travail: pourquoi Uber, Deliveroo ne cotiseraient pas? Les travailleurs du numérique ont droit à la santé et à la retraite. Il faut aussi s’occuper des jeunes, on ne peut pas sacrifier une génération. Aujourd’hui, on ne sort plus des études à 14 ans, mais plus souvent dix ans plus tard: ces périodes, il faut bien les prendre en compte, et la solidarité intergénérationnelle devrait le permettre. Pour les femmes, ce n’est pas une fois à la retraite qu’il faut corriger les inégalités qu’elles subissent, c’est maintenant qu’il faut agir sur les carrières. Faire évoluer dans le bon sens notre système de retraite, c’est aussi revenir en arrière sur certaines réformes négatives. Calculer les pensions sur la base des dix meilleures années de salaire par exemple (et non les vingt-cinq meilleures années), c’est la meilleure façon de neutraliser les années de galère, de précarité, de temps partiels subis, etc. Mais cela appelle des choix politiques. Il va falloir dire au Medef de sortir le carnet de chèques pour payer des cotisations sur les salaires pour les retraites plutôt que de rémunérer les actionnaires.

Mercredi, le premier ministre pourrait choisir de faire de petites concessions à certaines professions ou régimes spéciaux sans toucher au cœur du projet du régime à points. Ce stratagème peut-il fonctionner pour diviser et affaiblir la mobilisation?

Philippe Martinez C’est probablement ce qu’il a l’intention de faire. Mais alors, la réforme risque d’être compliquée à mettre en œuvre. Pour les enseignants ou les personnels de santé, comment va-t-il faire? Va-t-il donner aux uns et rien aux autres? En fait, vu le niveau de mobilisation, je ne vois pas comment il peut s’en sortir.

1,5 million de manifestants revendiqués le 5 décembre, c’est un chiffre très élevé. Est-ce la démonstration d’un regain du syndicalisme, que l’on disait très affaibli?

Philippe Martinez Quand il y a un tel niveau de colère, que les syndicats donnent des explications et font des propositions, qu’ils sont unis et proposent d’agir ensemble le même jour, le résultat est là. Le fait que même les gilets jaunes ont appelé à converger montre que l’organisation sert à quelque chose. Ce n’est pas le contraire de la démocratie, c’est organiser la démocratie.

Êtes-vous surpris du succès du 5 décembre?

Philippe Martinez Oui, même si on le sentait venir dans les entreprises. Ce qui m’a le plus étonné, c’est le nombre de salariés inorganisés qui demandaient comment ils devaient s’y prendre pour faire grève. Cela conforte l’idée que, quand un mouvement est structuré, les salariés se tournent vers le syndicat, car il reste une référence. Par contre, si les syndicats sont à côté de la plaque, les gens se débrouillent tout seuls, ce qu’ont fait les gilets jaunes, par exemple.

Est-ce un mouvement de défense des retraites ou de «coagulation des colères»?

Philippe Martinez La colère est là, la multiplication des mouvements sociaux le montre dans la santé, contre les fermetures d’entreprises, dans l’éducation, chez les gilets jaunes, les pompiers, les cheminots l’an dernier, etc. Le problème, c’est que ces mouvements s’expriment les uns à côté des autres. C’est le premier projet de réforme où tout le monde se sent concerné. C’est un peu le ciment de toutes les luttes antérieures, ce qui explique qu’il y a eu autant de grévistes le 5.

Ce n’est donc pas d’abord un mouvement de défense des régimes spéciaux, comme certains tentent de le faire croire?

Philippe Martinez Même avec 100 % de grévistes à la SNCF et à la RATP, il n’y aurait pas eu 1,5 million de manifestants le 5 décembre. 3500 personnes ont défilé ce jour-là dans les rues d’Aurillac: il y avait sûrement des cheminots, mais je ne crois pas qu’ils étaient 3500.

L’absence d’une plateforme revendicative commune aux syndicats qui appellent à la grève ne constitue-t-elle pas un handicap?

Philippe Martinez Nous travaillons à une plateforme commune, pas que sur les retraites d’ailleurs. Mais nous avons déjà une base commune. Premièrement, nous ne voulons pas de cette réforme des retraites par points. Deuxièmement, nous disposons d’un régime qu’il faut améliorer. C’est un socle important.

La CGT n’a-t-elle pas une difficulté à faire passer ses propositions dans le débat public?

Philippe Martinez Évidemment, nous ne sommes pas aidés par les stratégies de communication qui consiste à mettre d’un côté les «protestataires», et de l’autre les «réformistes». Les discussions avec le gouvernement ne prennent jamais comme point de départ nos propositions. Jouons projet contre projet. Ceux-ci relèvent de choix de société. L’un est solidaire. Pour l’autre, on a inventé un mot, universalité, qui fait beau, mais qui est tout sauf solidaire. Remarquons cependant que le discours sur nos propositions a évolué. On nous dit«Ce n’est pas crédible», «Vous ne voyez pas les évolutions du monde». Mais personne ne nie plus que nous avons des propositions.

La CFDT et l’Unsa se tiennent en dehors du mouvement. Cette division ne pose-t-elle pas un problème?

Philippe Martinez Même si la mobilisation du 5 était exceptionnelle sans l’ensemble des syndicats, cette division demeure un problème. Il s’est aussi posé à l’occasion de la réforme de l’assurance-chômage. La division nous a empêchés de parler d’une même voix. La grande différence entre nous réside dans le partage des richesses. Mais à l’Unsa comme à la CFDT, des syndicats sont dans l’action et disent que le projet de réforme ne leur va pas.

Quel est le rôle du Medef dans ce contexte?

Philippe Martinez Pour le moment, il n’a pas besoin de bouger. D’autres font le boulot. Ils râlent un peu dès que l’on parle de niveau de cotisation. «Ne touchez pas à notre argent», disent-ils. Le patronat, c’est un peu le Monsieur Plus du gouvernement.

Espérez-vous ce mardi un succès équivalent à celui de jeudi dernier?

Philippe Martinez Il y a une vraie dynamique. Tout le monde a été agréablement surpris par l’ampleur du 5. Mais, en face, ils ne sont pas restés sans rien faire, surtout au niveau patronal et dans le privé, où toute une artillerie a été sortie, qui va de la répression à la satisfaction de revendications – comme quoi c’est le moment de revendiquer – pour casser cette dynamique. Le gouvernement a quant à lui beaucoup changé de stratégie, en s’exprimant vendredi alors que ce n’était pas prévu, en se relayant tout le week-end, avec la restitution de Jean-Paul Delevoye d’hier soir, avec les annonces de demain. Même s’ils pataugent un peu, ils se défendent. Malgré cela, je pense que cette journée peut être d’ampleur équivalente à celle du 5, voire plus forte encore. Les échos de nos fédérations nous le font penser. On verra bien le niveau de grévistes dans le privé. Il y a des appels un peu partout. De nombreux préavis ont été déposés dans la fonction publique. Dans l’éducation nationale, ça s’annonce encore très fort.

Pensez-vous qu’une forte mobilisation ce 10 décembre contraindra le gouvernement à retirer son projet?

Philippe Martinez Nous voulons la satisfaction totale: le retrait de la réforme. Le président de la République a affirmé qu’il était dans un acte II de son quinquennat. Il a dit: on écoute, on prend en compte, on est plus proche des citoyens. Quand 1,5 million de personnes se retrouvent dans la rue, quand des grèves s’organisent partout et que sept Français sur dix soutiennent ce mouvement, cela devrait l’inspirer. Un sondage, la semaine dernière, montrait que 44 % des Français font confiance aux syndicats pour faire une bonne réforme des retraites. Et 25 % seulement au gouvernement. En matière de crédibilité, les syndicats ont marqué des points.

Le temps ne joue-t-il pas contre la mobilisation? Ce soutien pourrait s’effriter et le gouvernement jouer le pourrissement…

Philippe Martinez Pour l’instant, tout le monde considère que le gouvernement est responsable de la situation. D’autres gouvernements s’y sont frottés et ont payé cette stratégie. Quant aux sondages, le niveau de soutien était bien plus bas au départ du mouvement. Un tel niveau de mobilisation le 5 implique une réponse à la hauteur. On verra mercredi.

On a appris hier que Jean-Paul Delevoye n’avait pas déclaré ses liens avec le monde de l’assurance. Au-delà de la polémique, n’est-ce pas révélateur des intérêts en jeu derrière cette réforme?

Philippe Martinez Il était déjà là en 2003 pour nous expliquer que sa réforme des retraites était la dernière. Au-delà de la question de ses liens avec cet organisme de formation des assureurs, je note qu’il n’y a jamais eu autant de publicités – peut-être pas dans l’Humanité, mais partout ailleurs! – sur les systèmes de retraites par capitalisation, les assurances en tout genre. C’est bien le signe que les groupes privés d’assurances savent à quoi s’en tenir avec cette réforme des retraites.

Entretien réalisé par Stéphane Guérard et Sébastien Crépel

 

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Trente-deux voix pour les retraites.

9 Décembre 2019, 08:33am

Publié par PCF Villepinte

Dans l’Humanité du 9 décembre . 
Vendredi, 6 Décembre, 2019

Evénement. Plus de trente personnalités du monde artistique, intellectuel et littéraire prennent la parole et apportent leur soutien au mouvement social pour les retraites. Retrouvez-les dans l’Humanité du lundi 9 décembre!

 

Découvrez : 

« Soutien total » 

par Ariane Ascaride, Actrice

« Et si on faisait une révolution du sourire »

par Pierre Audin, Professeur de mathématique, fils de Maurice et Josette Audin

« La contre-réforme »

Ludivine Bantigny, Historienne, Université de Rouen-Normandie

« Une bataille décisive pour l’avenir du pays »

Etienne Balibar, Philosophe, enseignant à l’université Kingston de Londres

« Il ne peut y avoir d’équité basée sur une injustice »

Mireille Bruyère, Economiste atterrée

« La réforme ne doit pas être une simple question de budget »

par Sébastien Balibar, Physicien, membre de l'Académie des Sciences

« Ils sont dangereux »

par Laurence De Cock, Historienne et essayiste

« La violence de la vérité officielle »

par Laurent Binet, Ecrivain

« La retraite par points, c’est point de retraite »

par Chantal Jaquet, Philosophe, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Je solidaire pour les retraites »

par Philippe Corcuff, Maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon

« Renouvelons ce choix de société »

par Anne Jollet, Historienne université de Poitiers, coordinatrice des Cahiers d’histoire

« Un vulnérable président »

par Éric Fassin, Sociologue, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

« Cette grève est la nôtre »

par Isabelle Garo, Philosophe

« La réforme mystificatrice »

par Jean-Marie Harribey, Economiste, co-président du conseil scientifique d’ATTAC

« Face à la stratégie de la terreur »

par Sabina Issehnane, Economiste, Université de Rennes

« Horizontal/Vertical »

par Gérard Mauger, Sociologue, directeur de recherche émérite CNRS

« L’horizon de notre 3ème âge »

par Victoria Klotz, Artiste plasticienne

« Pénibilité et espérance de vie »

par Vincent Message, Ecrivain et enseignant de littérature comparée à l’Université Paris VII

« La désagrégation de ce qu’il reste de services publics »

par Frédérique Matonti, Politiste, Paris I-Panthéon-Sorbonne

« Un système ploutocratique»

par Marie-José Mondzain, Philosophe

« Un pouvoir pervers »

par Gérard Miller, Psychanalyste et réalisateur

« Dignité des travailleurs contre cupidité de l’oligarchie capitaliste »

Par Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, Sociologues, anciens directeurs de Recherche au CNRS

« La honteuse propagande gouvernementale »

par Gérard Mordillat, Cinéaste et auteur

« Une démocratie réelle est en jeu »

par Michèle Riot-Sarcey, Historienne du genre

« Au-delà de nous-même »

par Willy Pelletier, Sociologue, coordinateur général de la Fondation Copernic

« Avec ce pognon de dingue »

par Catherine Sinet, Actrice et directrice éditoriale

« Tonnerre-décembre »

par Sylvain Pattieu, Ecrivain

« Nous ne sommes ni dupes, ni manipulables »

par Shumona Sinha Ecrivaine

« La boîte à claques qui les démangent »

par Christian Rauth, Acteur et scénariste

« Néolibéralisme et injustice sociale »

par Emmanuel Renault, Philosophe, université Paris-X Nanterre

« Pas de protection durable des travailleurs sans protection de l’environnement »

par Philippe Torreton, Comédien

« Le déjà-là communiste »

par Bernard Vasseur, Philosophe

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L'HUMANITE : LA VERITE SUR NOS REGIMES DE RETRAITES

8 Décembre 2019, 08:14am

Publié par PCF Villepinte

Le mercredi 4 Décembre 2019, le journal l'Humanité, a publié un « quatre pages » précisant nombre d’informations concernant la réforme des retraites Macron/Delevoye, une réforme pour la finance, pour ceux qui s’enrichissent en dormant.

Après l’énorme journée de grèves et de manifestations dans tout le pays,  un millions et demi de personnes dans la rue, vous trouverez en cliquant  sur " Huma la vérité sur nos retraites" des éléments essentiels pour développer encore la mobilisation, imposer le retrait de cette réforme macroniste et montrer que des solutions de progrès social existent.

Bonne lecture et abonnez-vous à l’Humanité.

 

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Retraites: nous pouvons gagner en étant toutes et tous mobilisé-e-s le 10 décembre

7 Décembre 2019, 11:14am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 06/12/2019 par PCF

L'exceptionnel succès de la mobilisation du 5 décembre a commencé à modifier le rapport de forces dans le débat sur l'avenir de notre système de retraites.

Malgré leurs manœuvres pour diviser les français, le Président de la République et son Premier ministre doivent désormais tenir compte de l'ampleur de la riposte que le monde du travail, les organisations syndicales, la jeunesse ont commencé à leur opposer. Les Français ont parfaitement compris que la retraite Macron, c'était une retraite plus tardive et moins de pensions pour tout le monde !
Oui, le mouvement social, uni et déterminé, est aujourd'hui en capacité de faire renoncer le pouvoir à son projet rejeté par une très large majorité des français.e.s.
C'est un objectif prioritaire auquel le PCF entend contribuer, en appelant à participer aux nouvelles mobilisations sociales décidées par les organisations syndicales, avec la nouvelle journée d'action du 10 décembre.
Une vraie réforme est possible, si elle se donne pour objectifs, comme le propose le PCF, de garantir de nouveaux droits pour les salariés et les retraités et si elle s'appuie sur une logique juste et efficace pour leurs financements.
Le gouvernement doit aussi entendre la colère qui s'exprime concernant le pouvoir d'achat en augmentant dès le 1er janvier le SMIC de 20 % et convoquer une conférence nationale sur les salaires.

Il doit par ailleurs en finir avec ses politiques visant à favoriser toujours plus le capital et enfin mettre à contribution, au juste niveau, les revenus financiers, aujourd'hui épargnés de toute contribution au financement de la protection sociale.

Le 10 décembre dans la rue, avec les salariés et la jeunesse, le 11 décembre lors du meeting qu'il organise à Saint-Denis avec toutes les forces de gauche et écologistes, le PCF continuera à mettre toutes ses forces dans la bataille pour faire retirer cette réforme et construire, sans attendre, une alternative crédible à ses politiques.

 

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Énorme mobilisation contre le projet de réforme des retraites

6 Décembre 2019, 08:33am

Publié par PCF Villepinte

 

CGT 5 décembre 2019 | Mise à jour le 5 décembre 2019

Par Isabelle Avran, Frédéric Dayan, Dominique Martinez et Lincoln Netiele | Photo(s) : Lara Mattelart/ Bapoushoo

Manifestation contre la réforme des retraites à Angoulême le 5 décembre 2019

Partout, à Paris comme en régions, la grève unitaire reconductible de ce 5 décembre pour dire non à la contre-réforme des retraites d'Emmanuel Macron a été massivement suivie par les salariés du privé comme du public et partout, les cortèges ont été particulièrement étoffés.
Dès demain vendredi 6 décembre les salariés sont appelés à se retrouver en assemblées générales pour reconduire le mouvement. Reportages à Paris.

Mouvements de grèves dans de très nombreuses entreprises du privé et du public, cortèges nourris dans toute la France : le pays n'avait pas connu une telle mobilisation du monde du travail depuis plusieurs années.Dans presque tous les secteurs en effet des mouvements de grève ont été votés.

Plus de la moitié des enseignants, plus de 85 % des conducteurs de train, des salariés de nombreuses entreprises privées, ceux des raffineries (sept sur huit), près des deux tiers des agents de la RATP, ceux de musées, bibliothèques, et de nombreux sites, des urgentistes, infirmiers et infirmières, éboueurs, pompiers, journalistes ou techniciens de Radio-France…

Tous étaient en grève ce 5 décembre avec d'autres, de même que des dizaines de milliers de salariés de la grande distribution et du commerce, des transports, des services publics territoriaux, des finances, mais aussi de l'automobile, de l'énergie, de la justice, des piscines, de la restauration… L'université de Toulouse était également fermée.

Dans plusieurs entreprises, comme à la RATP, par exemple, les salariés ont déjà décidé de reconduire le mouvement au moins jusqu'à lundi. D'autres votes doivent avoir lieu le 6.

Dans près de 250 cortèges, de Châteauroux à Roanne, de Marseille à Troyes, de Périgueux à Toulouse, de Guéret à Perpignan, de Bordeaux à Rennes, de Toulouse à Montpellier, Lille ou Lyon, de Brest à Limoges… plus d'un million et demi de salariés de toutes générations, toutes professions et toutes catégories sont descendues dans les rues. À Paris, quelque 250000 manifestants ont été comptabilisés.

Unité

Le mouvement a été partout unitaire, à l'appel national de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires, des organisations lycéennes et étudiantes Fidl, MNL, UNL, Unef… . La CFE-CGC a elle aussi appelé à manifester et la CFTC a laissé ses syndicats libres de se rallier au mouvement.

 

Manifestation contre la réforme des retraites, cortège de Paris du 5 décembre 2019

Quant à la CFDT, elle demeure la seule confédération à ne pas avoir appelé à la mobilisation, contrairement à sa fédération des cheminots.

Les Gilets jaunes, réunis en «assemblée des assemblées» à Montpellier le 3 novembre, avaient eux aussi, au-delà de l'hétérogénéité du mouvement, voté pour rejoindre eux aussi la grève et les défilés.

Tous concernés

Les salariés l'ont compris : chacun est concerné. Et l'inquiétude sur l'âge de départ en retraite, sur le montant des pensions et sur le caractère aléatoire et risqué d'un système par points remplaçant un régime solidaire, s'ajoute aux colères accumulées contre les injustices sociale et fiscale, la croissance des inégalités, de la pauvreté, de la précarité, la fermeture de services publics, le démantèlement du droit du travail, la mise à mal de l'assurance chômage…

Massivement, le monde du travail rejette le projet Macron de contre-réforme de notre système de retraites.

Selon un sondage Viavoice pour Libération réalisé mi-novembre, 89 % des sondés estiment que nous vivons une crise sociale. 87 % sont favorables aux actions pour la défense de l'hôpital, 62 % soutiennent les mobilisations pour les retraites… Et 75 % souhaitent que le gouvernement change de politique économique et sociale…

Échec des tentatives de divisions

Les tentatives de divisions, largement relayées par les grands médias, n'ont donc pas fonctionné. Car le gouvernement aura tout fait pour diviser les salariés entre ceux qui relèvent des régimes spéciaux et les autres; diviser les générations, entre les très prochains retraités qui ne seraient pas directement concernés par sa contre-réforme, et leurs enfants. Cela n'a pas pris.

Droits dans leurs bottes

Le gouvernement pourtant continue de se déclarer déterminé à aller jusqu'au bout, tout en avançant l'idée selon laquelle il y aurait encore des marges de négociations, mais pas sur le fond de sa réforme. «Nous ne calerons pas» va jusqu'à affirmer Gilles Le Gendre, patron des députés LREM. Selon lui, «aucun syndicat ne pense sérieusement» que le gouvernement «renoncera». Il y a u quart de siècle, un certain Alain Juppé s'était dit lui aussi «droit dans ses bottes». La détermination durable d'un mouvement unitaire en aura eu raison.

Beaucoup va donc se jouer dans la capacité des salariés et de leurs organisations syndicales à poursuivre et à amplifier la mobilisation.

La suite de la mobilisation

«La CGT appelle celles et ceux qui ne se sont pas encore mobilisés à le faire», invite la confédération dans un communiqué au soir de cette première journée. «Dans les entreprises, les départements et les communes, des Assemblées générales doivent s'organiser afin de décider collectivement des suites de la mobilisation et de ses formes d'actions».

Une intersyndicale nationale CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU, syndicats d'étudiants et organisations de jeunesse se réunira ce 6 décembre au matin «afin d'analyser la situation et de proposer d'autres temps forts interprofessionnels, dès la semaine prochaine». C'est aussi le cas dans de nombreuses professions et dans la fonction publique. ..

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