Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Grèves et mobilisation du 29 septembre

8 Octobre 2022, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 05/10/2022 par PCF

 - Une éclaircie dans un ciel chargé

Inflation, crise énergétique, projets de réformes Macron… Les mauvais coups pleuvent sur le monde du travail et les familles populaires. En ce sens, la journée de grèves interprofessionnelles appelées par plusieurs organisations syndicales (CGT, FSU, Solidaires) et de jeunesse a constitué une première étape de mobilisation.

Plus de 250 000 manifestants et près d’un million de grévistes revendiqués par la CGT et autant de points d’appui pour construire la riposte à la politique de casse du pouvoir Macron. Mieux, avec cette première journée de mobilisation d’ampleur, c’est la question sociale qui revient sur le devant de la scène pendant que le camp gouvernemental se ridiculise dans un concours Lépine domestique à mille lieues des préoccupations populaires entre le col roulé de Le Maire, la doudoune de Borne, quand il ne s’agit pas du sèche-linge de Legendre.

À l’inverse, celles et ceux qui ont tenu le pays debout pendant la crise ont témoigné de leur combativité. On pense aux soignants déjà mobilisés le 22 septembre, aux travailleurs de l’agro-alimentaires chez qui les appels à la grève ont mobilisé des centaines de lieux de travail, aux personnels de l’Éducation nationale ou encore à ces aides à domicile du Calvados qui ont choisi de prolonger leur grève après la journée d’action.

La course de vitesse est désormais engagée entre les revendications sociales et un pouvoir Macron qui sans majorité compte sur la droite pour faire passer ses réformes toujours plus au service des puissances d’argent, de l’assurance chômage jusqu’aux retraites.

Sur ce dernier point, avec une réforme concentrée sur l’allongement de l’âge de départ et un brouillard de guerre sur la méthode, la proposition des communistes, par la voix de Fabien Roussel, d’un référendum accompagné d’un grand débat dans le pays peut être entendue. C’est un levier supplémentaire à mobiliser dans une bataille qui peut cristalliser les colères, favoriser les luttes et qui a suscité ces vingt dernières années des mobilisations sociales particulièrement importantes.

Les communistes français se sont jetés de toutes leurs forces dans cette bataille, dans un pays rongé par la hausse des prix sans hausses de salaires, dans une Europe où les électeurs suédois et italiens ont accordé aux forces d’extrême droite des succès supplémentaires.

Dans un tel contexte, la capacité de lutte et d’action à l’entreprise et la combativité des travailleurs, leur capacité à faire grandir le rapport de force par la mobilisation et la grève demeurent prioritaires. Et il appartient aux forces de gauche d’y contribuer dans l’action comme dans le débat d’idées, en envoyant notamment un message de confiance et de disponibilité dans le rassemblement aux forces syndicales qui affichent en cet automne une combativité particulière.

C’est tout le sens des décisions retenues par le Conseil national du PCF pour construire le plus largement possible les prochaines mobilisations en contribuant activement aux discussions en cours cette semaine dans le champ syndical comme dans le champ politique.

Aymeric Seassau

Membre du CEN, responsable national des relations avec les syndicats

 

Voir les commentaires

La montée des "incertitudes" et la question sociale...

8 Octobre 2022, 07:56am

Publié par PCF Villepinte

Expérience(s)

 

 Jean-Emmanuel Ducoin

Progrès. 

Les catastrophes naturelles, industrielles mais aussi politiques et sociales, qui, dans l’agenda de nos effrois d’une époque sens dessus dessous, relaient dans nos mémoires les désastres de la guerre et les pestes d’antan, donnent lieu à maints retours d’expérience(s).

Vous souvenez-vous de la formule de Paul Valéry concernant le royaume de France au temps de Montesquieu avant 1789? «Le corps social perd tout doucement son lendemain», analysait l’écrivain, poète et philosophe. Le bloc-noteur ne fantasme pas: nous ne sommes très vraisemblablement pas à la veille d’une révolution – au mieux évoquerait-il une (r)évolution, et la société française baignant dans le capitalisme libéral est fort différente de celle du XVIIIe siècle, dont les fabuleux soubresauts portaient de lourdes menaces tout en soulevant, comme un feu jaillissant, de grandes espérances.

Pour autant, le sentiment de «perdre son lendemain» n’a sans doute jamais été aussi puissamment perçu, intégré, redouté. Par là, admettons qu’une transformation considérable s’est opérée en une quarantaine d’années quant à la façon dont nous pouvons représenter l’à-venir et avoir prise sur lui.

Résumons: au début des années 1970 encore, cet à-venir se définissait, se «lisait» sous le signe du progrès social, que rien ni personne ne pourrait enrayer puisque cette construction conceptuelle et pratique ne prenait pas sens que dans la théorie simplement ancrée dans une téléologie de l’Histoire, mais bien dans les luttes, les conquêtes, etc., le tout en héritage des grandes théories qui changèrent les hommes.

Peurs. 

Depuis le mitan des années 1990, pour schématiser, nous portons le diagnostic d’un «effritement» de la société salariale pour caractériser les effets densemble des transformations en cours. Évidemment, la structure d’une formation sociale demeure, mais elle s’effrite, se détériore – ce qui, de fait, a suscité nombre de débats enflammés sur la «survalorisation» quasi hystérique de la «valeur travail», ce qui mérite d’être sondé sans relâche.

Le regretté sociologue Robert Castel avait prévenu, dès le milieu des années 2000: «Aujourd’hui, on peut et on doit s’interroger plus avant sur l’installation dans une précarité qui pourrait constituer un registre permanent des relations de travail, une sorte d’infra-salariat au sein du salariat.» Nous y voilà, ce qui explique en grande partie la fameuse «montée des incertitudes» qui lamine la société dans ses profondeurs: peurs du lendemain (on tourne autour), impression de «déclassement», nouvelles générations à la dérive sociale, dérégulations généralisées du travail, pauvreté, etc. D’autant que l’espérance d’une organisation alternative de la société, si elle reste fortement présente dans les esprits, paraît moins «collectivement» partagée dans ses grandes lignes qu’auparavant.

État.

 Pourtant, les signaux d’alarme sont là, bien réels. Avec les crises multiples (Covid, sociale, financière, énergétique, environnementale, etc.), le niveau de mécontentement général des citoyens de notre pays reste très élevé, comme le montre la dixième vague de l’étude «Fractures françaises», réalisée cette semaine par Ipsos & Sopra Steria pour le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et le Cevipof.

En résumé? Un corps social en colère. Grosse colère, même. Notons que les Français se disent plus préoccupés par les sujets économiques et sociaux que par les questions identitaires. Retenons ces chiffres: les difficultés liées au pouvoir dachat(54%) arrivent loin devant la protection de lenvironnement (34%) ou limmigration et la délinquance (seulement 18%).

Significatif aussi, les personnes interrogées sont largement conscientes des discriminations et jugent très majoritairement (80%) que le racisme est présent en France. Enfin, une courte majorité (55%), mais une majorité quand même, souhaite également un État interventionniste pour relancer la croissance. En somme, un État social «actif» est réclamé de-ci, de-là, comme promoteur du droit qui réaliserait la gageure de redéployer les protections dans les interstices de la société, jusqu’au monde du travail. La conscience est toujours là. La question de classe aussi, en vérité.

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 7 octobre 2022.]

 Jean-Emmanuel Ducoin

 

Voir les commentaires

Affaire Bayou, le grand n'importe quoi médiatique

7 Octobre 2022, 09:27am

Publié par PCF Villepinte

Voir les commentaires

Salaires, emploi, retraites :

7 Octobre 2022, 09:21am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 06/10/2022 par PCF

 amplifions la mobilisation sociale !

 

En cette rentrée, des millions de nos concitoyennes et concitoyens affrontent d’immenses difficultés : hausse des prix, salaires qui stagnent, délocalisations d’activités et plans de licenciements, précarisation de l’emploi, poursuite de la casse des services publics de santé et d’éducation.

La crise énergétique a de graves conséquences par la hausse des prix pour les usagers, les collectivités et les entreprises à forte consommation d’énergie. Les difficultés pour le monde du travail, pour les étudiant.es, la jeunesse, les salarié.es, les retraité.es, en particulier pour les femmes, sont plus fortes que jamais.

 La politique du pouvoir, faite de gros cadeaux aux profits, de petits chèques aux milieux populaires et de nouvelles régressions sociales, ne permet pas de répondre à l’exigence d’une vie digne pour chacune et chacun ni aux défis économiques, sociaux, énergétiques et climatiques. Réforme de l'assurance chômage, réforme des retraites, budgets d'austérité pour la sécurité sociale et l’État, restrictions énergétiques...

c'est un programme de classe, un programme de combat qui enfonce le pays dans la crise qu’annonce Emmanuel Macron en cette rentrée pour satisfaire aux diktats austéritaires du capital et de l’Union européenne.

 Dans ce contexte, le PCF se félicite du succès de la première grande journée d’action interprofessionnelle le 29 septembre dernier et appelle à poursuivre la lutte avec les organisations syndicales pour l’augmentation des salaires et à créer les conditions d’une large mobilisation pour les retraites.

 Un million de grévistes et 250 000 manifestant.e.s se sont mobilisé.e.s à travers tout le pays. Cette mobilisation unitaire des salarié.e.s, de leurs organisations syndicales, sur leurs lieux de travail, par la grève et toute forme d’actions, est un élément central du combat pour les salaires, l’emploi, la défense des retraites contre la domination capitaliste.

Dans toutes les mobilisations à venir, le travail en commun et le respect des organisations syndicales est un gage d’élargissement et de succès. C’est essentiel pour construire une mobilisation victorieuse contre la réforme des retraites du pouvoir et pour une réforme des retraites digne du 21e siècle.

 C’est pourquoi le PCF se félicite de la déclaration de l’intersyndicale du 3 octobre qui réaffirme que toutes les organisations représentées sont d’une part fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation et travaillent d’autre part à à porter des revendications communes.

 C’est dans le même état d’esprit qu’avec Fabien Roussel, le PCF a proposé à toutes les forces de gauche de travailler à un contre-projet unitaire de réforme des retraites et mettra en débat ses propres propositions pour une réforme de progrès social, cohérente et ambitieuse. En outre, puisque le pouvoir n’a clairement pas de majorité sur son projet, les députés communistes travaillent au dépôt d’une motion référendaire pour que le peuple s’exprime.

 Afin de créer les conditions d’un grand mouvement social porté par le monde du travail, le PCF appelle toutes les forces de gauche à respecter et soutenir le calendrier de l’intersyndicale et se joindre à toute date de mobilisation nationale décidée par elle. 

 Dans cette perspective, les communistes décident d’un mois d’actions politiques partout en France pour les salaires, l’emploi et les retraites. Nous prendrons des initiatives publiques pour mettre en débat nos propositions sur ces enjeux. Nous participerons aux différentes mobilisations d’ores et déjà annoncées par des forces politiques, syndicats ou associations.

En ce sens, les communistes participeront à la marche du 16 octobre contre la vie chère et l'inaction climatique. Nous appelons également à participer à la semaine d’action du 17 octobre organisée par la CGT, notamment aux mobilisations du 18 octobre des cheminots et des enseignants de l’enseignement professionnel.

 Toutes et tous ensemble, travaillons à la réussite des mobilisations pour mettre en échec les projets du pouvoir, obtenir des avancées sociales et construire l’alternative politique !

 Paris, le 6 octobre 2022.

 Parti communiste Français.

 

Voir les commentaires

Littérature 

7 Octobre 2022, 09:12am

Publié par PCF Villepinte

Annie Ernaux, le singulier universel

Récompensée pour «le courage et lacuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle», lautrice est la 17e femme à obtenir le prix Nobel.

Sophie Joubert L'Humanité

Vendredi 7 Octobre 2022

©Camille Millerand

On n’osait y croire, même si le nom d’Annie Ernaux, marraine des Amis de l’Humanité depuis septembre, figurait dans la liste des favoris. «Très heureuse» et «fière», comme elle l’a déclaré aux journalistes venus l’attendre devant chez elle, à Cergy, elle a confié à la télévision suédoise qu’il était de sa «responsabilité» de «témoigner () dune forme de justesse, de justice, par rapport au monde»

Rarement l’annonce d’un prix Nobel de littérature aura autant ému. Parce que son œuvre de mémorialiste subtile, initiée en 1974 avec les Armoires vides, fait entrer dans la littérature les classes populaires, explore l’injustice, la honte, l’appartenance sociale et la trahison. Parce que, à l’heure où le droit à l’avortement est remis en question dans plusieurs pays, dont les États-Unis, ce prix met en lumière le courage d’une femme, féministe, qui a toujours écrit depuis son expérience sur le corps des femmes, leurs désirs et les violences qu’elles subissent.

Dans les Années Super 8, le film qu’elle a écrit et réalisé avec l’un de ses fils, David Ernaux-Briot, on la voit jeune femme, mariée à Philippe Ernaux et mère de deux garçons. Sa mère, veuve, vit avec eux dans une maison près du lac d’Annecy. Si les images paraissent anecdotiques, elles disent à quel point Annie Ernaux a su capter ce que vivaient toutes les femmes de sa génération, l’aliénation et l’ennui dans le couple et la maternité.

On devine, derrière les sourires tristes et les regards fugaces à la caméra, l’abîme qui se creuse entre la vie et les désirs. Derrière l’épouse et la jeune professeure de lettres, se cache la «femme gelée», titre du roman qui signera la fin de son mariage et labandon prochain des doubles de fiction.

Car, depuis la Place, en 1984, Annie Ernaux a cessé d’écrire des romans et trouvé une forme singulière qui restitue au plus près le réel, à la croisée de l’intime et du collectif. «Quand mon père est mort (en 1967), jai ressenti un sentiment de trahison. Jai exploré la déchirure avec les Armoires vides, puis j’ai voulu parler. J’ai travaillé pendant dix ans sur la Place, le livre sur mon père, sorti en 1984.

Je voulais creuser l’injustice que j’avais vécue par mes origines. Le roman n’était plus possible et toute mon écriture en a été bouleversée, j’ai abandonné la fiction. (…) J’ai eu l’impression que l’écriture elle-même était une façon de me rapprocher du monde de mes origines. La réalité a un poids particulier quand on naît dans ce monde, on n’a pas sa place d’entrée de jeu», nous confiait-elle en 2016 .

Légitimer des mondes exclus

Ce monde, c’est celui du café-épicerie de ses parents, à Yvetot, en Normandie. Née Annie Duchesne en 1940, élevée comme fille unique (sa sœur aînée est morte avant sa naissance), elle grandit auprès d’une mère catholique pratiquante qui lui fait découvrir Margaret Mitchell et John Steinbeck. À 20 ans, après une première expérience sexuelle traumatique qu’elle racontera dans Mémoire de fille , elle commence à regarder son enfance avec une «certaine distance», à s’intéresser aux souvenirs comme matériau d’écriture. Tout se joue dans ces années où, après avoir quitté l’École normale d’institutrices, elle suit un double cursus de philosophie et de lettres. «Après ces deux années, il y aura dautres événements dans ma vie, dont l’avortement que j’ai raconté dans l’Événement, mais tout s’est joué là: mon désir d’écrire, d’être professeur de lettres», se souvient-elle. Irriguée par le thème de la mémoire, l’œuvre d’Annie Ernaux se divise en deux branches: dune part, les récits d’enfance et d’adolescence comme la Place et l’Événement ; d’autre part, les livres de l’âge adulte comme Passion simple et l’Occupation, descriptions cliniques et crues de la passion amoureuse et de la jalousie.

Écrire, pour Annie Ernaux, c’est légitimer des mondes exclus de la littérature, mettre au jour des tabous, le viol dans Mémoire de fille, l’avortement dans l’Événement, exhumer des secrets comme la mort de sa sœur aînée, dans l’Autre Fille. C’est aussi s’intéresser à la société de consommation, arpenter les allées des centres commerciaux (Regarde les lumières, mon amour), faire de Cergy, où elle vit depuis le début des années 1980, un matériau littéraire.

Un livre, peut-être, les contient tous: les Années (2008), où s’entremêlent les événements de sa vie personnelle et l’histoire collective en une traversée de la deuxième moitié du XXe siècle. Les Années, a écrit l’écrivain américain Edmund White dans le New York Times, «est un livre sincère, courageux, une Recherche du temps perdu  de notre époque contemporaine dominée par les médias et le consumérisme, pour notre époque de fétichisme absolu envers les produits de confort».

De son écriture, on a souvent dit qu’elle était blanche, sèche. Qu’elle raconte la maladie d’Alzheimer de sa mère dans Je ne suis pas sortie de ma nuit ou sa liaison avec un étudiant de trente ans de moins qu’elle dans le Jeune Homme, son dernier livre, elle n’élude rien, assume la frontalité, cherche la précision, la densité. «Jimporte dans la littérature quelque chose de dur, de lourd, de violent même, lié aux conditions de vie, à la langue du monde qui a été complètement le mien jusqu’à 18 ans, un monde ouvrier et paysan. Toujours quelque chose de réel. J’ai l’impression que l’écriture est ce que je peux faire de mieux, dans mon cas, dans ma situation de transfuge, comme acte politique et comme don», confiait-elle à Frédéric Yves-Jeannet dans l’Écriture comme un couteau.

Influencée par la pensée de Bourdieu, Annie Ernaux met au jour les silences et les mécanismes des dominations, au carrefour du genre et des classes sociales. «Jai toujours voulu que les mots soient comme des pierres, quils aient la force de la réalité. Tout le monde sait que cest une illusion mais les mots font agir», nous disait-elle encore.

Ces dernières années, elle est intervenue pour soutenir les gilets jaunes et ceux qui se battaient contre la réforme des retraites, pour les services publics ou, pendant l’épidémie de Covid, critiquer l’état d’urgence. Elle a évidemment accueilli le mouvement MeToo comme une «grande lumière, une déflagration». «On ne peut plus écrire de la même façon après Annie Ernaux», disait Édouard Louis, à l’occasion de la parution du Jeune Homme. «Quel grand jour pour la littérature de combat! » a-t-il réagi, ce jeudi. Une littérature de combat et une grande voix féministe qui résonnera à Stockholm, le 10 décembre, lors du discours de réception du prix Nobel.

Bibliographie sélective

Les Armoires vides, Gallimard, 1974; la Femme gelée, Gallimard, 1981; la Place, Gallimard, 1983; Passion simple, Gallimard, 1992; la Honte, Gallimard, 1997; l’Événement, Gallimard, 2000; lOccupation, Gallimard, 2002; les Années, Gallimard, 2008; l’Écriture comme un couteau. Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Stock, 2003; Écrire la vie, Gallimard, collection «Quarto», 2011, rassemble onze œuvres suivies dextraits de son journal intime, de photos et de textes; Mémoire de fille, Gallimard, 2016; le Jeune Homme, Gallimard, 2022.

 

Voir les commentaires

Déterminé·e·s pour nos retraites

6 Octobre 2022, 07:02am

Publié par PCF Villepinte

Déterminé·e·s pour nos retraites

L’intersyndicale, réunie le 3 octobre à Bagnolet, a pris acte de la volonté du gouvernement d’ouvrir des consultations concernant notre système de retraite.

Il faut que le gouvernement précise ses intentions, ses éléments de diagnostics, la méthode de concertation et ses objectifs.

Attachées au système par répartition, les organisations syndicales se disent ouvertes pour mener des concertations qu’elles souhaitent loyales et transparentes pour plus de justice sociale.

Celles-ci doivent porter sur :

  • les dispositifs de carrières longues,
  • de pénibilité et d’usure au travail, de transition emploi retraite et de fins de carrière,
  • d’emploi des séniors, de minimum retraite,
  • de financement du régime
  • et d’égalité femme/homme.

Sur ces questions, les organisations syndicales travailleront ensemble pour porter des revendications communes.

Les organisations syndicales réaffirment que l’ensemble de ces sujets ne nécessitent pas de réforme paramétrique.

Les organisations syndicales réaffirment ainsi qu’elles sont, comme la majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation.

Pour l’intersyndicale, des alternatives y compris financières existent et doivent faire l’objet de discussions. Dans ce contexte, nos organisations syndicales rappellent qu’un salarié sur 2 arrivant à l’âge de départ à la retraite n’est plus en activité (invalidité, chômage, minima sociaux…).

Ainsi, toutes mesures d’âge ne feraient que précariser encore les actuels et futurs travailleurs et travailleuses.

Cela ne générerait par ailleurs, aucune économie pour notre système car conduirait à un transfert financier vers l’assurance chômage et pour l’invalidité et les minima sociaux, vers notre système de protection sociale.

Nos organisations appellent les actuels et futurs travailleurs et les travailleuses à se réunir et débattre, et n’hésiteront pas à construire tous les moyens d’action nécessaires si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.

Dans ce contexte d’incertitude pour les travailleurs et travailleuses, l’intersyndicale a décidé de se réunir à nouveau courant octobre.

Bagnolet, le 4 octobre 2022Communiqué de presse commun des organisations syndicales CFDT, CGT, FO, CFE CGC, CFTC, Solidaires, FSU, UNEF, la voix des Lycéens, la FAGE, la FIDL et le MNL.

 

Voir les commentaires

L’ubérisation de la société -

6 Octobre 2022, 06:54am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 05/10/2022 par PCF

  L’ère du capitalisme de plateforme

Alimentation, transports, aides à domicile… de nombreux domaines économiques sont ciblés par l’ubérisation. En moins d’une décennie, les applis ont envahi nos vies, faisant de la politique du « clic » et de l’instantanéité la nouvelle norme. Derrière ces nouveaux modes de consommations, c’est un véritable capitalisme de plateforme qui a pris place avec des plateformes numériques de travail qui façonnent non seulement beaucoup de nos activités au quotidien, le monde du travail mais aussi notre modèle de société.

 Pascal Savoldelli, sénateur communiste du Val-de-Marne,rappelle que si les avantages de ce modèle semblent nombreux, il est important de s’interroger sur la façon dont notre société pourrait en subir les conséquences et pousse à réfléchir aux alternatives à ce capitalisme qui tend à nous vendre l’actualisation de ses formes de domination, d’exploitation et d’aliénation comme de nouveaux espaces de liberté.

L’aboutissement d’un rêve néo-libéral

En s’affranchissant des règles de concurrences et des règles sociales et fiscales, c’est une véritable offensive pour un acte fondateur qui s’opère avec l’ubérisation. Uber, Deliveroo, Docadom et consorts, avec la complicité de différents gouvernements, ont réussi à disrupter le marché avec succès en rendant leurs nouveaux standards de qualité de services et d’orientation client incontournables.

D’une part, les entreprises traditionnelles n’ont d’autres choix que de s’aligner sur ce modèle pour survivre. De l’autre, c’est le retour du travail à la tâche et du tâcheron enfermé dans la précarité. Ce même forçat qui devrait remercier ces multinationales d’être enfermé dans la boite noire de l’algorithme. Affectant le statut de l’emploi, les conditions de travail, le rapport à l’espace et au temps de travail, c’est une véritable casse du salariat et de ses protections qu’entraine la plateformisation de la société.

Une nécessaire organisation collective

L’une des premières stratégies pour lutter contre l’ubérisation repose sur l’organisation collective. Le travail ubérisé est par essence une forme d’emploi qui se veut rendre les mobilisations improbables. Cependant, entre actions collectives pour requalifier l’activité de ceux qui offrent leur service en emploi salarié, création de « mutuelle de travail associé » et mise en place de plateforme coopérative de communs numériques, l’uberisation doit constituer un terrain de lutte de classe sans merci.

Si les algorithmes nous enferment dans une bulle, il ne tient qu’à nous de nous ouvrir à nouveau au rassemblement. L’ubérisation relève bien évidemment d’une lutte syndicale qu’il convient d’adapter et d’organiser pour répondre aux nouveaux défis que pose le monde du travail numérique et l’ubérisation. Il ne tient qu’à nous de reconstruire un service commun qui porterait une institution de la valeur pour le travail des communes contre la seule qui existe à ce jour, celle du capital.

Pour un nouveau modèle de société

Ce qu’on appelait la “question sociale” doit opérer un retour en force dans nos réflexions. Remettant complètement en question le modèle économique traditionnel, le modèle du salariat et de l’emploi et, encore pire, le caractère interventionniste de notre État, l’ubérisation rappelle qu’il est urgent de penser la société que nous voulons, puis d’agir pour la construire.

C’est dans cette volonté d’impulser une nouvelle orientation politique que, dans le prolongement de sa proposition de loi sur la requalification en statut salarial, Pascal Savoldelli a, pour le groupe CRCE, récemment légiféré sur le rôle des algorithmes et leur seuil d’interférence à l’autonomie des travailleurs.

Car pourquoi faudrait-il adouber l’uberisation de l’économie sans en interroger l’idéologie et les effets délétères à long terme ? Ce monde-là n’est pas une fatalité. Le chantier est immense et à engager d’urgence. À penser sur le temps long, il est politique au sens premier du terme.

Héléna Laouisset-Royer

Collaboratrice du sénateur communiste Pascal Savoldelli  

 

Voir les commentaires

Guerre en Ukraine :

6 Octobre 2022, 06:51am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 05/10/2022 par PCF

 L’urgence du cessez-le-feu

est plus que jamais d’actualité

Plus de deux-cents jours après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, les perspectives d’un accord de paix semblent chaque jour s’éloigner davantage.

Vladimir Poutine porte la plus lourde responsabilité sur cette situation, en ayant fait le choix de violer la souveraineté territoriale d’un pays dont les frontières sont reconnues internationalement. Pour les deux camps, le conflit s’installe désormais dans la durée. Que ce soit pour l’Ukraine ou la Russie, seule la victoire militaire sur l’adversaire est envisagée pour une sortie de la guerre.

La mobilisation des réservistes et les sanctions en cas de refus de l’enrôlement imposé par Poutine font peser sur le peuple russe le poids de la guerre. Comme dans toutes les guerres, la jeunesse se retrouve prisonnière des logiques bellicistes, chair à canon de grandes puissances.

L’organisation de référendums et l’annexion de territoires occupés sont une provocation de plus de la part de Vladimir Poutine. En bafouant le droit international de la sorte, le dictateur russe montre sa volonté d’inscrire le conflit dans la durée.

Face à cela, les livraisons d’armes à l’Ukraine de la part de l’Union européenne et des États-Unis ainsi que les rivalités industrielles et les profits recherchés par les entreprises de l’armement participent elles aussi directement à la surenchère guerrière. Les puissances occidentales portent aujourd’hui une responsabilité dans cet enlisement guerrier, dont les peuples ukrainien et russe sont les premières victimes.

Les menaces de plus en plus claires d’usage de l’arme nucléaire de la part de Vladimir Poutine font planer un risque pour la sécurité mondiale et rendent urgente la réouverture des discussions pour un désarmement nucléaire à l’échelle mondiale.

La paix, bien que de plus en plus difficile à envisager, est l’unique solution raisonnable, pour les peuples ukrainien et russe, mais aussi pour la sécurité mondiale. Un cessez-le-feu est un préalable à cela.

La France devrait consacrer toute son énergie à la recherche de cette paix, plutôt que d’envoyer des armes et de durcir chaque jour les sanctions économiques qui font désormais toute la preuve de leur inutilité.

Le MJCF appelle la diplomatie française à agir au sein de l’Union européenne, mais également dans le cadre des Nations unies pour porter la proposition diplomatique de mettre tous les États d’Europe autour de la table afin de parvenir à un accord pour la paix et la sécurité collective.

Le MJCF apporte sa solidarité à la jeunesse ukrainienne et à la jeunesse russe qui subissent cette guerre. Le Mouvement jeunes communistes de France appelle la diplomatie française à organiser l’accueil sur le territoire des déserteurs russes.

Le MJCF demande à la France de ratifier le traité d’interdiction des armes nucléaires. Il s’agit d’une première étape vers un désarmement nucléaire multilatéral.

Jeanne Péchon

 

Voir les commentaires

Guerre en Ukraine : quelles voies pour des négociations ?

5 Octobre 2022, 07:08am

Publié par PCF Villepinte

Voir les commentaires

En cinq ans, comment la vague #MeToo a changé le monde

5 Octobre 2022, 07:02am

Publié par PCF Villepinte

En cinq ans,

comment la vague #MeToo a changé le monde

Sexisme. Fin 2017, l’affaire Weinstein déclenchait une libération massive de la parole des femmes victimes de violences sexuelles. Mais, en France, faute de volonté politique, la réponse judiciaire n’est toujours pas à la hauteur de cette révolution.

Alexandre Fache L'Humanité Mercredi 5 Octobre 2022

Depuis cinq ans, les slogans brandis dans les cortèges féministes sont marqués par l'onde de choc du mouvement MeToo. Hans Lucas via AFP

Une vague, une révolution, un séisme, une déflagration… Le mouvement, né en octobre 2017, des révélations sur le comportement de prédateur sexuel du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, a été affublé de bien des qualificatifs. Tous décrivent l’onde de choc massive qu’a constituée cette affaire, à l’origine d’une libération de la parole inédite et (quasi) planétaire des femmes victimes de violences sexuelles, symbolisée par le mot-dièse #MeToo.

Qu’en reste-t-il, cinq ans après, en France singulièrement, où un autre mot-clé a été lancé au même moment, #BalanceTonPorc, par la journaliste Sandra Muller? Les femmes se sentent-elles plus légitimes à dénoncer harcèlement, agressions ou viols? Et surtout, cette parole est-elle mieux prise en compte par la police et la justice? Plus largement, l’égalité femmes-hommes, instituée en «grande cause» du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, et la lutte contre les violences ont-elles connu des avancées à la hauteur de la déflagration d’octobre 2017?

Octobre 2017, une révolution s’enclenche

C’est la presse américaine qui allume la première mèche de ce feu qui brûle encore aujourd’hui. Le 5 octobre 2017, le New York Times publie de premières révélations sur la façon dont Harvey Weinstein utilisait sa position de producteur influent pour obtenir des faveurs sexuelles. Cinq jours plus tard, le magazine New Yorker enfonce le clou avec une enquête signée Ronan Farrow, dans laquelle Asia Argento et deux autres actrices accusent le producteur-prédateur de les avoir violées.

Le 15 octobre, un tweet de la comédienne Alyssa Milano lance définitivement la vague, en offrant à cette libération de la parole la puissance des réseaux sociaux, au-­delà du cas Weinstein. «Si vous avez été harcelée ou agressée sexuellement, écrivez me too (moi aussi) en réponse à ce tweet», invite l’actrice révélée par la sitcom Madame est servie.

Le mot-dièse #MeToo, créé dès 2006 par la militante afro-américaine Tarana Burke, discret jusque-là, devient alors viral et les témoignages affluent par milliers. «Ce nest que le début. Ce nest pas un moment, cest un mouvement», promet Tarana Burke à la télévision américaine, en décembre 2017. Elle avait raison.

En France, la journaliste Sandra Muller utilise aussi Twitter, dès le 13 octobre, pour encourager les victimes à dénoncer leurs agresseurs: «#BalanceTonPorc! Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot.» Avant, quelques heures plus tard, de pointer son harceleur, Éric Brion, l’ex-patron de la chaîne Equidia. Poursuivie pour diffamation, Sandra Muller sera d’abord condamnée en première instance, mais blanchie en appel et en cassation, au « bénéfice de la bonne foi ».

Interrogée par l’AFP, elle dit aujourd’hui ne pas regretter son tweet. «Ça a complètement ruiné cinq années de ma vie, mais quand on a les moyens de faire changer une société pour installer de meilleures règles, (…) oui, c’est une satisfaction», confie celle qui «commence à peine à retrouver sa vie davant».

De quoi #MeToo est-il le nom?

De fait, la vague lancée fin 2017 n’a pas cessé de déferler. Dans la foulée de l’affaire Weinstein, des mots-dièses ont été déclinés dans de nombreux pays, pour encourager les prises de parole: #EnaZeda (moi aussi) en Tunisie, #Cuéntalo (raconte-le) en Espagne, #QuellaVoltaChe (cette fois où) en Italie…

En France, ce sont les différents lieux de pouvoir qui ont vu, tour à tour, les témoignages affluer: #MeToo ­cinéma, théâtre, médias, politique… Pas du tout une coïncidence pour la sénatrice PS et ex-ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol. «Les violences sexuelles infligées aux femmes résultent de la facilité donnée aux hommes de pouvoir en abuser; mais cest aussi pour eux une façon de rappeler aux femmes que si elles évoluent dans ces milieux-là, cest à leurs risques et périls.» Pour l’élue, qui vient de cosigner un rapport choc sur « L’industrie de la pornographie », «#MeToo, cest la troisième révolution féministe, celle du corps. Celle qui permet de faire le lien entre ces violences et la persistance des inégalités».

Présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert salue, elle aussi, cette «révolution culturelle» qui a «touché en profondeur la société, dans tous les milieux». «Jusqu’à #MeToo, on avait beau dire aux femmes il faut porter plainte, cela ne marchait pas. Depuis, le sujet des violences sexuelles s’est imposé partout: à la machine à café, dans les repas de famille, dans les médias Et beaucoup de femmes nhésitent plus à témoigner.»

Elle aussi coautrice du rapport sur la pornographie, la sénatrice PCF Laurence Cohen y voit rien de moins qu’ «un mouvement historique». «En témoignant, en exprimant leur ras-le-bol face aux violences, des femmes du monde entier ont démontré quelles n’étaient pas des cas isolés, mais les victimes dun problème systémique. C’est un acquis fondamental.»

D’innombrables classements sans suite

Résultat: depuis cinq ans, le silence nest plus forcément la règle dans ces affaires. Selon un bilan présenté en début dannée par le ministère de lIntérieur, le nombre de signalements pour des violences sexuelles a progressé de 82 % depuis 2017.

Mi-septembre, la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, évoquait aussi un nombre de plaintes, pour ce type de violences, en hausse de 30 % dans la capitale en 2022, par rapport à l’an dernier. «Cette évolution peut avoir deux sources, une hausse objective des faits, mais aussi une hausse liée à la libération de la parole», précise la procureure, qui y voit un effet de la vague #MeToo.

LA FONDATION DES FEMMES ESTIME QUE MOINS D’UN AGRESSEUR SUR TROIS FAIT L’OBJET DE POURSUITES.

Le problème, c’est la prise en compte de cette parole ­libérée. «Face à cette vague, la justice reste encore bien trop lente et inefficace, faute dune réelle volonté politique», regrette Anne-Cécile Mailfert, de la Fondation des femmes. Selon les calculs de l’organisation, moins d’un agresseur sur trois fait l’objet de poursuites.

«On estime à 94000 le nombre de femmes majeures victimes de viol ou de tentative de viol chaque année. Le nombre de plaintes et de signalements progresse, mais les condamnations, elles, sont en baisse. On a atteint en 2020 un plus-bas historique avec seulement 732  condamnations… Cela s’explique en partie par la crise Covid, mais pas seulement. C’est une tendance lourde.»

En cause, le manque de moyens d’une institution submergée, qui conduit à d’innombrables «classements sans suite», faute de possibilités d’enquêter. Et quand des poursuites sont finalement engagées, les victimes doivent s’armer de patience: le délai moyen pour obtenir un premier jugement dans une affaire de viol sur majeur est de 77 mois, soit près de six ans et demi!

«Le délai le plus court auquel j’ai assisté, c’est trois ans. Comment inciter les femmes à se lancer dans des procédures aussi longues et coûteuses?» interroge Emmanuelle Piet, la présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV), qui gère la ligne d’écoute Viols Femmes Informations (0800 05 95 95), toujours sous-dotée par rapport au nombre dappels.

Si les associations féministes reconnaissent que certains progrès ont été réalisés depuis 2017 par la justice et la police, «la réalité que vivent les femmes, cest encore massivement des refus de dépôt de plainte, une minimisation des faits ou des viols requalifiés en simples agressions sexuelles», énumère Clémence Pajot, la directrice de la Fédération nationale des centres d’information des droits des femmes et des familles, qui a accompagné l’an passé près de 46000 femmes victimes de violences sexistes.

Un manque évident de volonté politique

Pour l’ex-ministre Laurence Rossignol, «il y a certes davantage de monde aujourdhui pour croire les femmes qui dénoncent des violences, mais la règle générale reste la suspicion». La sénatrice souligne la responsabilité du président de la République dans ce statu quo. «Le 25 novembre 2017, Emmanuel Macron réunit les associations féministes à l’Élysée et lance sa grande cause, en pleine affaire Weinstein. Et que dit-il? Je ne veux pas dune société de la délation.” Dès que des femmes parlent, on leur oppose l’argument de la “délation”.»

Des mots repris à l’identique, il y a tout juste une semaine, par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, affirmant sa volonté de «siffler la fin de la récré» dans l’affaire Bayou, fustigeant les cellules d’enquête mises en place par certains partis politiques, ou niant tout «problème de tempo de la justice» dans les affaires de violences sexuelles. Circulez, mesdames, y a rien à faire de plus contre ces violences!

«On ne demande pas la fin de la présomption d’innocence, mais simplement une présomption de crédibilité de la parole des femmes», précise Emmanuelle Piet, du CFCV, à l’unisson de l’ensemble des militantes féministes. Pour cela, il faut des professionnels dûment formés au recueil de cette parole, dans les commissariats, les gendarmeries ou les tribunaux, mais aussi des moyens plus conséquents octroyés aux associations, qui sont en première ligne auprès des victimes.

Or, sur ces deux points, le compte n’y est pas. «Dès la fin 2017, on a alerté sur l’afflux massif de témoignages qui déferlaient sur ces structures, mais les subventions n’ont été revalorisées que très faiblement», accuse Anne-Cécile Mailfert, qui dresse un constat similaire pour la police et la justice. «Au commissariat de Sarcelles, le nombre d’enquêteurs de la brigade de protection de la famille est passé de 5 à 10 en novembre 2021. C’est très bien… mais encore largement insuffisant pour traiter les 1000 à 1500 plaintes qui leur sont adressées», relève la militante.

La demande de tribunaux spécialisés

Pour améliorer le traitement judiciaire des violences faites aux femmes, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la mise en place de tribunaux spécialisés, comme en Espagne ou au Québec. «En France, les dysfonctionnements sont aujourd’hui trop nombreux, il faut en passer par là», plaide ainsi la sénatrice Laurence Cohen.

Des expérimentations existent dans certains tribunaux autour des violences conjugales (Reims, Rennes, Chartres) et une mission parlementaire doit être lancée sur le sujet à la demande d’Élisabeth Borne. Mais, au sein de l’institution, tout le monde ne soutient pas forcément cette idée. Pour la vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats, Cécile Mamelin, «cest la place quon accorde à la femme dans la société quil faut revoir, et ça passe dabord par l’éducation».

Depuis 2001, la loi qui prévoit trois séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les écoles, collèges et lycées est largement ignorée. Un immense chantier à rouvrir pour tuer dans l’œuf les violences sexuelles de demain.

 

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 > >>